Chapitre 16 : W H A T T O S A Y
Andrea baille doucement en sortant de sa douche et enfile son short de pyjama avant de se saisir de sa brosse à dents. Puis, tout en se brossant les dents, il retourne dans sa chambre et s'affale sur son lit, les yeux rivés sur son ordinateur et ses réseaux sociaux.
Ça fait tellement longtemps qu'il n'a pas été dessus que ça lui fait bizarre. Il hésite à poster quelque chose puis renonce et attrape son téléphone pour composer le numéro d'Alix. Il veut prendre de ses nouvelles, le bleu n'avait pas l'air au mieux de sa forme ces dernier jours. Mais il s'arrête au beau milieu de son action, manquant de faire tomber son cellulaire, au moment où il voit une notification qui fait immédiatement bondir son cœur dans sa poitrine.
Un nouveau message.
D'un numéro inconnu, mais au fond de lui, il sait très bien de qui il s'agit. Pourtant, il n'ose pas l'ouvrir. Il ne se sent pas capable de découvrir ce qui se cache à l'intérieur, trop effrayé que ce soit la fin de tout. Parce que si c'est le cas, si son histoire s'arrête ce soir, il ne sait honnêtement pas ce qu'il adviendra de lui, et de son cœur déjà pas mal en vrac.
Tremblant, il déverrouille son téléphone et plutôt que le numéro d'Alix, il compose celui de son frère. Parce que c'est le seul en qui il a assez confiance et ouais, Abraham est juste la seule option qu'il peut envisager. Personne d'autre ne saura le conseiller mieux que son frère.
Rapidement, il voit ce visage si familier et semblable au sien s'afficher sur son écran, rassurant, bien qu'un peu fatigué.
"Hey Bro' ! Que me vaut cet appel, en faceTime qui plus est ! Et pour voir ta tête avec du dentifrice tout autour de la bouche, une vraie princesse dit moi ! "
Andrea lâche un petit rire au ton jovial de son frère et lui dit :
"Merde, j'avais oublié le dentifrice. J'vais me débarbouiller je reviens."
Il pose son téléphone sur son lit et se rend dans la salle de bain où il se rince convenablement la bouche, rapidement car il ne supporte plus cette pièce, son sol de carrelage blanc qui autrefois était recouvert d'un petit tapis beige juste devant l'évier, on en voit encore d'ailleurs la trace sur le sol. Inutile de demander où est passé ce tapis, il se rappelle très bien des taches de sang qu'il a pu faire dessus.
Il secoue la tête pour ce sortir ces pensées de la tête et retourne dans sa chambre, saisissant de nouveau son téléphone -rose, c'était l'ancien de sa grand-mère, elle le lui avait prêté en dépannage et il n'allait pas s'en plaindre-. Il vérifie rapidement que son frère est toujours connecté et lance sans transition :
"Éos. Il m'a envoyé un message."
"Oh je vois ! Et tu as besoin des conseils de ton psychologue personnalisé pour faire face à cela ?"
"Ne parles pas de psychologues, ils me hérissent le poil." Grogne le châtain.
Le sourire d'Abraham s'efface un instant avant qu'il ne se reprenne, Andrea n'a pas besoin qu'il lui montre qu'il s'en veux encore, pour tout.
"Ab' t'm'écoutes ?"
"Euh ouais, j'pensais juste à un truc..."
"J'ose pas ouvrir son message. T'imagine s'il me dit que tout est fini, qu'il ne veux plus jamais me revoir ?"
"Et bien s'il te dit ça, il faudra juste faire avec, j'veux dire, tu pourras définitivement tirer un trait sur tout cela, et ouais, ce sera dur, mais tu te relèveras, comme toujours, et je serais là. Mais peut-être aussi qu'il va te dire qu'il veut retenter un truc avec toi, tu n'en sais rien, et s'il t'envoie un message c'est qu'il a lu ta lettre, il t'a laissé l'occasion de t'exprimer, et tu dois en faire de même pour lui, il a surement beaucoup à te dire lui aussi."
"Ouais, t'as raison. T'as toujours raison... J'aimerais être un peu plus comme toi parfois."
"Tu es parfait comme tu es. Et surtout tu es déjà cent fois mieux que moi."
"Ça c'est faux, tu le sais."
"Arrête de te fustiger, et ouvre ce putain de message, tu vois pas que tout le monde n'attend que ça !"
"C'que t'es curieux ! Et par tout le monde, tu sous entends qui d'autre ? Je ne savais pas qu'il y avait d'autres locataires dans ta tête !"
"Ne change pas de sujet, je ne te laisserais pas faire diversion."
"Bon ok, je l'ouvre..."
Plein d'appréhension, le châtain clique sur sa notification de message, réduisant la fenêtre de l'appel vidéo.
Et s'il s'attendait à un texte assez conséquent, puisqu'Éos aurait dû avoir des choses à dire, comme le lui a dit son frère. Il ne trouve que quelques mots, sans de réel sens, mais il reconnait bien là Éos et ces quelques mots le soulagent pourtant.
"Alors ?" Demande Abraham devant le manque de réaction de son frère, si ce n'est un petit sourire en coin qui vient doucement et peu à peu éclairer son visage.
"Euh... Je.. Tu sais quoi je te rappelles demain Ab'"
"Hein ? Quoi ? Non, tu ne peux pas me faire ça ! Dit moi au moins ce qu'il dit !
"Vraiment je te rappelle."
"Drea, t'es dégeula..." Se plains encore Abraham, mais Andrea a déjà raccroché.
Il plaque ses mains sur son visage pour s'empêcher de crier, mis dans tous ces états par ces simples mots, pas tellement gentils, ni très censées, mais écrits juste pour lui :
"Tu es le pire"
Ouais, ça le rendait tout simplement heureux... Éos lui a répondu, et s'il ne parle pas explicitement de rupture -meme s'ils ne sont plus vraiment en couple non plus-, c'est qu'il n'en n'est pas question. D'ailleurs, Éos serait plutôt du genre à couper les ponts, le simple fait qu'il ait envoyé ce message prouve à Andrea que tout n'est pas perdu.
Il y a pourtant un bémol à son plaisir, il ne sait absolument pas quoi répondre. Mais en réfléchissant quelques instants, il se dit que finalement ces quelques mots montrent qu'Éos prend les choses avec un certain détachement, alors qu'il devrait surement faire pareil. Alors il écrit simplement, sans chercher à trop expliciter :
A Éos :
Tu ne vaux pas bcp mieux que moi je te signale.
Envoyé à 21h36
A peine une minute après, son téléphone vibre et il saute dessus, comme un drogué en manque.
De Éos :
C'est vrai, je suis lâche et je t'ai abandonné...
Reçut à 21h37
Ce n'est pas sur cette voie qu'il veut aller, définitivement pas, il a bien compris qu'elle ne menait à rien qu'aux remords, et ça il en a assez. Alors en souriant doucement, le châtain renvoie :
A Éos :
Je l'ai fait aussi... 1 partout et on efface les ardoises ?
Envoyé à 20h37
La réponse tarde à parvenir, et il a peur que ce ne soit signe de refus. Puis son téléphone vibre une première fois puis deuxième juste après et quand il lit enfin les messages, surtout le second, il a l'impressions de revenir à l'époque des ses premiers émois, et ça lui fait du bien, tout semble à nouveau simple et sans enjeux.
De Éos :
Ok, on efface tout.
Reçut à 21h42
Enchanté, moi c'est Éos.
Reçut à 21h42
A Éos :
Moi c'est Andrea. Et je t'aime...
Il hésite et supprime la fin du message, avant de la réécrire, puis de finalement une nouvelle fois l'enlever et n'envoyer que le début, parce qu'au fond de lui, il a toujours peur de se faire rejeter s'il va trop loin...
Et sans qu'aucun des deux garçons ne le remarque, au fil des messages, la nuit passe, presque entière puisque le dernier message envoyé l'a été aux alentours de 5h du matin. Un simple bonne nuit -ironique à cette heure-là et encore plus quand on sait qu'aucun des deux n'a plus trouvé le sommeil, le brun se demandant ce qu'il foutait à s'approcher encore trop près du soleil, et Andrea se demandant si les messages envoyées l'avaient été en tout bien tout honneur ou si c'était une sorte de flirt dont il ne saisissait pas bien les règles.
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