Chapitre 15 : T H E W O R S T
Judy était passée ce matin chez les grands-parents d'Andrea, pour récupérer la lettre qu'elle avait accepté de transmettre. Au dernier moment, elle avait failli révéler à Andrea l'adresse qu'il convoitait, elle a vraiment failli, rien qu'à voir son petit visage triste, mais elle ne pouvait pas trahir son ami. Pas si rapidement.
Au moment où elle arrive devant l'immeuble, elle soupire un grand coup, pour se donner du courage.
Quand quelques coups frappés à ma porte retentissent, je me lève lentement du canapé, et passe une main dans mes cheveux sales. Ça va faire deux semaines que je ne suis pas sorti de chez moi. Je ne veux plus voir personne et c'est à peine si je me nourris...
Moi qui croyais que rien ne pourrait m'arriver de pire que de perdre Andrea, je me trompais. Le voir revenir et bien plus douloureux encore.
J'ouvre la porte palière, croyant trouver derrière l'un de mes voisins qui me demanderait encore une fois de payer ce que je dois pour la copropriété, mais avec stupéfaction, j'y découvre Judy. Et si je vais pour refermer la porte, je ne suis pas assez rapide puisqu'elle réussit à la bloquer avec son pied, et à pénétrer dans mon sanctuaire. Vaincu, je capitule, de toute façon ça fait un moment déjà que je n'ai plus la force de me battre.
"Judy... Qu'est-ce que tu veux ? Si c'est pour me dire d'aller voir Andrea, tu peux repartir, je l'ai déjà vu, contre mon gré, et c'était une erreur. Alors vraiment, si tu viens pour ça, sache que ce n'est verra vraiment pas la peine..."
"Je sais déjà cela. Et croit moi, ne pas lui dire où tu te terres n'a pas été chose facile. Mais passons. Il m'a donné ça pour que je te la transmette."
La jeune femme me tend un lettre que je regarde d'un œil méfiant.
"Tu peux la lui rendre. J'en veux pas."
Elle m'avise un instant, comme pour voir si je suis sûr de ma décision puis elle hausse les épaules, et étonnamment, elle fait demi tour, se dirigeant vers la porte sans rien dire d'autre.
"Bon et bien je lui dirai que tu n'en as pas voulu. Je devrai surement le consoler aussi parce qu'il risque d'en pleurer. Apres tout il a balancé toutes ses tripes dans cette lettre mais bon, tu fais tes propres choix."
Elle allait ouvrir la porte, quand je la retiens, paniqué :
"Non, attends, je vais la lire."
"Vraiment, ça ce voit que tu te forces, c'est pas la peine, je la ramène avec moi."
"Non !" M'exclamé-je. "Je la veux. Réellement."
"Ok."
Elle me la remet, et c'est comme si un poids s'envolait de mes épaules, mais pour être directement remplacé par un autre. Celui de la peur de découvrir ce qu'il y a dans cette lettre.
"Oh et Éos, une dernière chose : Tu devrais penser à mettre le nez dehors, et a aérer ton appart aussi."
Et elle arrive à m'arracher un petit rire nasal et sans entrain avant de partir.
Je regarde la lettre dans mes mains, et je tremble, pris de nausée. La dernière fois que j'ai eu une lettre d'Andrea entre les mains a été le jour le plus sombre de toute ma vie. Mais même avec la peur qui me broie les tripes je suis bien incapable de m'empêcher de déchirer l'enveloppe pour déplier la lettre, les larmes déjà montées jusqu'à mes yeux, irrémédiablement. Par précaution, je vais m'asseoir sur le bord de mon lit et prend une grande inspiration avant de commencer ma lecture.
"Parce que j'ai tout brisé avec une lettre, et parce que tu ne veux plus me voir, j'ai trouvé qu'en écrire une nouvelle pour réparer les choses était la meilleur alternative que j'avais. Premièrement, je t'en supplie, lis-moi jusqu'au bout."
Comme si je ne pouvais songer ne serait-ce qu'un instant à m'arrêter avant la fin. Il est ma drogue, et comme un kamé en manque, je s'abreuve de ses mots, tant et si bien que si je le pouvais, je me les injecterais en intraveineuse.
"La chose la plus importante que j'ai à te dire, si je ne devais en dire qu'une, c'est que rien n'est de ta faute. Ne t'en veux pas. Pour rien. Parce que même si tu étais responsable de quoi que ce soit, ça ferait bien longtemps que je t'aurais pardonné.
J'ai beaucoup hésité à t'écrire cette lettre, parce que quelque part, je me disais que peut-être tu m'as sorti de ta vie et que j'ai juste l'air d'un gros forceur, mais Élias m'a soutenu le contraire, a un tel point que j'ai commencé à m'en vouloir. A m'en vouloir d'avoir été, et peut-être d'être toujours, un frein pour toi. Et je doit de dire qu'actuellement je flippe. Parce que j'ai peur, oh oui tellement peur, d'avoir foutu ta vie en l'air en même temps que la mienne. J'ai cru que je pourrais influer ma vie sans impacter celle des autres, sans heurter qui que ce soit, sans te blesser. Et regard ou nous en sommes, tous deux le cœur en miettes, a la fois spectateurs et acteurs de ce désastre, ne sachant quoi faire pour nous arrêter de tomber, toujours de plus en plus bas, prenant de plus en plus de vitesse, sachant que tout ce que l'on peut faire c'est serrer les dents dans l'expectative de la douloureuse rencontre avec le sol... Pourtant moi tout ce que je voulais, envoler, déplier mes ailes et m'élever, tel un papillon au début du printemps. Je voulais voler jusqu'à toi, pas t'entraîner dans ma chute. Alors pardonne toi, c'est tout ce que je te demande, parce qu'au fond de moi, j'te connais trop bien, et je sais que tu t'en veux a en crever. J'aimerais te revoir, même si de toute évidence ce n'est pas réciproque. Et quelque part, c'est peut-être mieux ainsi. Peut-être que comme ça j'arrêterais enfin de te faire souffrir parce que je sais que tu souffre, même si tu ne me le dit pas. Et j'aimerais que ce ne soit plus le cas. Plus jamais. Alors à partir de maintenant, je ne chercherais plus à te contacter, parce que même si j'aurais aimé que ça ce passe différemment, j'estime que j'ai au moins remis les choses au clair. Je te laisse tout de même mon nouveau numéro de téléphone parce que, j'en sais rien, j'ai peut-être l'espoir que tu ais pitié et que tu m'appelles, je sais c'est absurde, tu as tiré un trait sur tout cela, sur moi, sur l'éphémère nous. Et puis j'habite de nouveau chez mes grands-parents, toujours la même adresse, 15 impasse du val fleuri, alors comme ça, tu as toutes les cartes en main si tu veux que... Enfin du vois ce que je veux dire, que l'on se revoit, même si c'est seulement pour être amis. Je fais sans doute cela pour me donner bonne conscience, et puis aussi parce que quelque part parce que je sais que tu ne m'appelleras pas, alors c'est peut-être plus facile. Et je sais que ça fait beaucoup de peut-être, mais la vie n'est-elle pas faite sur cela, les incertitudes et les concours de circonstances ? Alors le choix te reviens, je pense que c'est plus juste ainsi. C'est juste à toi de décider si nous deux c'est déjà fini, on si ça peut continuer. Moi j'pense que ça peut faire quelque chose de beau. Et puis tout seul, je sais que je vais droit dans le mur, et je ne veux pas t'entraîner là-dedans, juste que quitte à aller dans le mur, je préférerais que ce soit avec toi, je suis sur que tu comprends. Je vais m'arrêter là avant de me mettre à pleurer comme un débile, et puis je te laisse faire ton choix, juste sache que même si c'est dans un mois, un an ou dix ans, je serais toujours à toi, toujours. Toujours.
Et je veux te dire que je t'aime, parce que c'est peut-être la dernière fois que je le pourrais alors ouais, je t'aime."
Et putain c'que je l'aime moi aussi...
Pourtant il n'a pas le droit de faire ce qu'il fait, c'est horriblement fourbe. Presque malsain. Parce qu'il sait, en faisant ça que je vais me sentir coupable, et devoir résister à l'appeler. Et je sais que je vais finir par craquer, tôt ou tard, et quitte cela, autant le faire maintenant et désamorcer la bombe. Alors je me saisi de mon téléphone et lui envoie ces simples mots :
A Andrea :
Tu es le pire.
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