Rencontre (Arthur)



  Lorsque je sortais du métro, comme tous les soirs, il était 18 heures. 18 heures et pourtant, la nuit était déjà tombée.  En plein mois de décembre, quelques flocons tombaient du ciel, mais fondaient instantanément, lorsqu'ils rencontraient le sol. J'avais l'impression de perdre 10 ans d'âge mental lorsqu'il neigeait (comme tout le monde j'imagine). 

  Les lampadaires illuminaient le passage, et là, mon attention se focalisa sur un banc. Précisément sur une fille. Elle devait avoir aux environs des quinze ans, soit comme moi. Au début, je ne compris pas en quoi elle m'intriguait. Peut-être étais-ce du au fait qu'elle sursautait dès qu'une voiture passait, ou bien qu'elle ne faisait que jeter des coups d'oeil craintifs aux alentours. 

  Je m'apprêtais à passer mon chemin, mais rien qu'à l'idée de l'abandonner ici, mes jambes se figeaient. Paris n'est pas une ville sure, la nuit. Je rassembla toutes mes forces, et m'approcha de la jeune fille. Elle posa ses yeux bleus sur moi, et je demandai:

-Tu...tu es perdue?

  Elle ne répondit pas toute suite. Pas du tout, à vrai dire. Elle n'avait que haussé ses épaules. Je demanda:

-Tu...tu parles français?

Elle jeta un regard apeuré aux alentours, et répondit:

-Oui...

Rien qu'au son effrayé de sa voix, je voulais l'aider. Je continuai:

-Et...comment tu t'appelles?

-Je...

Elle frissonna, et dit:

-Je ne m'en souviens plus...

J'en rester immobile de stupeur. Comment pouvait-on oublier son propre nom? 

-Tu...ne t'en souviens pas? Tu habites à proximité?

Elle haussa de nouveau les épaules. Elle devait être amnésique. Mais comment avait-elle fait pour se retrouver là?

-Combien de temps que tu est ici?

-Ce matin. 

J'étouffa une exclamation. Une journée entière qu'une petite fille était sur un banc, effrayée, et aucune personne saine d'esprit n'est allée la voir! Le monde est sans pitié, pensais-je intérieurement. Je proposai alors:

-Tu...veux venir t'abriter chez moi? Je veux dire...

  La jeune fille me regardait d'un air effrayé. C'est vrai, les jeunes filles ne devraient pas accepter d'aller dans le foyer d'inconnus le soir (ni n'importe quand, d'ailleurs), mais je me demandais ce qu'elle allait faire, dans le cas où elle refuserait. Passer une nuit dehors, en hiver, n'est jamais une très bonne idée. 

  Soudain, j'eu une idée. Je pris mon téléphone (enfin, un vieil appareil à touches, qui me sert de téléphone), et composa le numéro de ma mère. La sonnerie vibrait, et mes mains commençaient à geler. 

-Allô?fit la voix de ma mère. 

-Oui, c'est Arthur. Écoute...

-Ne me dit pas que tu vas encore sortir avec ton ami! Il fait nuit, et...

-Maman, ce n'est pas ça! Écoute, il y a une fille sur le banc, qui ne sait pas qui elle est, ni rien d'autre. Je crois qu'elle est amnésique. Elle n'a pas l'air de me faire confiance, et je crains que la laisser sur le banc cette nuit n'est pas une option. 

-Une fille? Je...elle n'a pas de parents?

-Je n'en sais rein! rétorquais-je. Elle ne se souvient de rien. 

-Où est tu?

Je m'efforça de répondre d'une vois posée:

-À la sortie du métro. 

-J'arrive. 

  Puis, elle décrocha. Je me tournai vers le fille, qui me regardait avec des yeux ronds. Elle murmura:

-Qu'est ce que c'est?

Je compris qu'elle parlait de l'appareil. 

-Un telephone.

 Je le lui tendit, et elle le pris, tremblotante. Elle l'examina dans tous ces sens, et chuchota:

-C'est merveilleux...

J'eu un petit rire:

-Ça, ce n'est rein, si tu voyais le nouveaux iPhones...

-Qu'est ce que c'est?

-Des sortes de...planches électroniques tactiles où tu peux faire des tas de choses pendants des heures...

-Je crois que je préfère ceci...déclara-t-elle en me rendant mon téléphone. 

  À ce moment, j'aperçut ma mère arriver presque en courant. Ses cheveux roux (comme moi) et courts n'avaient pas étés coiffées, et lorsqu'elle arriva au banc, elle demanda tendrement à la jeune fille:

-Alors c'est vrai? Tu ne te souviens vraiment de rien?

Elle secoua de la tête. 

-Ma pauvre chérie...murmura-t-elle. 

Elle s'assit à côté d'elle et proposa:

-Ça te dirais de dormir chez nous, cette nuit? On fera des recherches pour essayer de trouver d'où tu viens. 

  Elle hésita, et confirma d'un simple signe de tête. a mère la prit alors par la main, et l'accompagna jusqu'à chez nous. 

***

  Lorsque nous rentrâmes dans notre appartement, ma mère me murmura:

-Arthur, va te doucher, s'il te plait. 

-Nan, moi d'abord! s'écria une voix que je connaissait malheureusement bien. 

Élie, ma soeur de 17 ans, fonça alors dans la salle de bain. Ma mère soupira:

-Ah, celle-là...  Bon, va préparer les draps dans la chambre d'ami, dans ce cas. 

Je me dirigeait vers la chambre d'ami, lorsque j'entendit une petite voix demander:

-Est ce que je peux l'aider?

-Bien, sur, si ça te fait plaisir...

Nous entrâmes dans la chambre, et sans mot, je sortit les draps de l'armoire. Pendants que je les mettais, afin d'entretenir une conversation, je lui demanda:

-Si tu ne te souviens pas de ton nom, tu ne veux pas t'en inventer un temporairement? Beaucoup d'enfant le voudraient.  

-Pourquoi ils ne le font pas, dans ce cas?

Je fonçais les sourcils, ne comprenant pas trop sa question:

-Eh bien...c'est les parents qui décident du prénom. 

-Ce n'est pas juste, déclara-t-elle alors. Tu veux dire que ce sont tes parents qui ont décidé de t'appeler Arthur?

-Euh...oui. 

Elle eu une longue réflexion, avant de dire à haute voix ce qui mijotait dans sa tête:

-Alors ça serait à toi de décider comment je m'appelle. 

Je m'immobilisa de stupeur. 

-Alors?insista-t-elle. 

-Mais enfin, je ne peux pas!

-Si tu ne me donnes pas de nom, je m'appelle Arthur aussi. 

Là, j'éclatait de rire:

-Mais c'est un prénom de garçon!

-Et alors?

Je repris mon sérieux, et balança:

-Nalia. Tu t'appelleras Nalia. Ça te va?

-Nalia, répéta-t-elle. C'est joli, j'aime bien! 

C'est à cet instant que je la vit pour la première fois sourire. La première fois que je fondais devant ce sourire. Je m'apprêtait à lui demander quelques chose, lorsque ma soeur glapit:

-C'est libre!

Je finis vite de mettre les draps, et sans mot, je sortait de la chambre. 

Dans le couloir, ma sœur me questionna:

-C'est qui?

-Pas tes oignons...grognais-je. 

Elle ricana:

-C'est ta petite amie, n'est ce pas? La pauvre...

-Laisse-moi passer...

-Comment s'appelle-t-elle?

-Nalia, répondis-je avec fierté. 

Elle réfléchit un instant avant de répliquer:

-Ça va...c'est joli. 

Je n'osa pas lui avouer que c'était moi qui l'avait baptisé ainsi. 

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