b
Et pourtant, Cette prochaine fois ne semblait pas vouloir arriver, Erwin.
Depuis la première fois que je t'avais renversé à vélo, tu n'avais plus réapparu.
Et deux semaines s'étaient écoulées, comme ça, comme si je ne t'avais pas connu et que tu n'avais jamais existé.
Je me demandais souvent où tu étais passé. Je n'avais pas d'amis, alors même si je ne l'avais clairement pas exprimé la dernière fois, J'avais été heureuse d'échanger quelques mots avec une personne extérieure au foyer des orphelins.
Et puis, tu m'intriguais aussi.
Pourquoi est ce que tu avais l'air si faux ?
Pourquoi les sourires que tu t'évertuais à afficher me donnaient cette impression de déjà-vu ? Pourquoi j'avais l'impression que derrière ceux-ci, il y'avait cette tristesse incommensurable qui jadis m'avait animée à mon tour ?
Cette façade, qui avait l'air parfaite aux yeux du monde, était totalement translucide pour les gens qui partageaient le même vécu. Et cette tristesse, je l'avais vu dans tes yeux, Erwin.
Je soupirai en m'étirant dans mon lit de fortune. Le temps était plutôt monotone, aujourd'hui. Pour ne pas dire totalement déprimant. Les nuages grisâtres dans le ciel témoignaient sûrement de la prochaine pluie qui s'abattrait sur Ragako. Ma sœur était sortie avec ses amis du foyer.
J'étais heureuse qu'elle ait des amis.
Moi, pour ma part, je n'en avais pas et je n'en voulais pas. Tout ce que je voulais, c'était d'atteindre la majorité et d'entrer à l'université pour nous sortir toutes les deux d'ici. Je levai les yeux vers le plafond de ma chambre... Aaah. Et dire que c'était ma faute si nous étions retenues ici.
Je fermai les yeux.
Des Flashbacks.
Je les rouvris immédiatement avant de soupirer.
Aujourd'hui était un nouveau jour, [T/p].
Tu as intérêt à te remuer.
J'enfilai un jean noir oversized et un sweat de la même couleur.
Je me brossais les dents et sortis rapidement du foyer, à vélo. Je sortis mes écouteurs de la poche de mon sweat ainsi que mon téléphone. Il faisait frisquet, aujourd'hui, bien que nous soyons en été. Qu'est ce qui irait avec une telle météo ? Je souris, Windspeaks de Uyama Hiroto. C'était la chanson préférée de ma mère. Je pédalais, pédalais sans vraiment savoir où j'allais. Le vent me portait, je fermais les yeux, espérant encore tomber sur toi, Erwin. Mais les routes étaient désertes, vides. Les touristes comme toi ne devaient pas vraiment aimer la grisaille.
( ̄^ ̄)ゞ
Il y'avait cet endroit sur les plages de Ragako, que seuls les habitants connaissaient. C'était notre petit coin de paradis, épargné par les brouhahas continus des touristes. Les arbres avaient l'air d'arranger leur feuillage de sorte à former une zone d'ombre, près de la plage. les feuilles mortes étalées à même le sol sur le sable blanc de la plage semblaient inviter à s'asseoir. Qu'est ce qu'il y faisait bon !
Je posais mon vélo non loin de la plage avant de continuer mon chemin à pied.
L'air était de plus en plus froid. Il ne devait y avoir personne à cette heure. En tout cas, personne d'assez fou pour venir à cet endroit par un temps aussi mauvais.
Pourtant je fus surprise de constater qu'il y'avait bel et bien quelqu'un. Quelqu'un qui y faisait carrément un feu ? wow.
Je m'approchais en silence.
Il faisait froid et s'il y'avait un intrus qui faisait un feu dans mon endroit préféré autant que celui ci se rende utile.
Et, comme le destin faisait bien les choses, il s'avéra que cet intrus, c'était toi, Erwin.
Tu avais le dos tourné, voûté. Tu avais l'air de te tenir le visage entre les mains.
Peut-être que tu t'étais endormi ? C'est ce que je pensai au début. Mais les spasmes saccadées qui secouaient les courbes de ton dos témoignèrent d'une chose que je n'aurai jamais voulu voir, la tristesse incommensurable qui t'habitait. Pourtant, c'était un fait. Tu pleurais, Erwin.
__ « Erwin ? - m'exclamai-je, doucement.
Tu te tournas lentement vers moi.
Ton expression était horriblement horrifiante. L'affliction dont tu souffrais s'était accaparée de ton visage, que j'avais trouvé si beau, le déformant.
Tu souffrais terriblement, Erwin.
Pourtant, tu voulais encore changer de masque, troquer ta tristesse, vraie, contre ce sourire, cette fausse joie que tu t'appliquais pourtant si bien à exhiber. Toutefois, tu ne trompais plus personne. Tu ne pouvais me tromper. Ta tristesse, cette fois-ci, l'avait emporté sur tout le reste.
__ « Arrêtes de sourire, bon sang ! - Te hurlais-je dessus. Tu te faisais du mal, encore plus de mal à prétendre ce que tu n'étais pas.
Le tonnerre gronda.
Je m'approchai soudainement de toi, posant une main sur ton épaule. Mais, en réponse, tu me fis basculer et me serra dans tes bras. Diantre, que j'aurai aimé recevoir cette étreinte ce jour-là, ce jour révoltant où mes parents perdirent la vie, sur ces collines.
Sans crier gare, mes larmes franchirent les barrières de mes paupières. Pourquoi je pleurais ? parce que je t'avais trouvé dans cet état lamentable ? ou parce que ton étreinte était celle que j'attendais depuis ce jour d'été de l'an surpassé ? Tout mes sentiments de perdirent dans un tourbillon confus de pensées. Nous étions dans le même bateau.
Tu t'étais détaché de moi, m'avait simplement regardé, puis, plus rien.
(>人<;)
J'ouvris les yeux doucement.
Il faisait moins froid, soudainement. J'entendis le bruit des flammes crépiter au gré du vent. Je levai la tête, la vue quelque peu embuée par les larmes que j'avais versé plusieurs (minutes ? heures ?) plus tôt.
Tu étais là toi aussi.
Tu semblais paisible, endormi comme ça.
il y'a quelques instants, j'avais la tête posée sur ton torse et toi la main posée contre mes hanches. Qui étais-tu réellement, Erwin Smith ? D'où venais-tu ? Comment connaissais-tu cet endroit ? Pourquoi t'avais-je retrouvé dans cet état ?
Ces questions s'entrechoquaient entre elles. Il était tard, bien tard. La nuit noire planait au dessus de nous, et contre toute attente il n'avait pas plu. La lune, ronde et claire éclairait le ciel et la mer.
__ « Et merde, comment est ce que je vais expliquer mon retard à Madame Shadis, maintenant ? - murmurai-je.
__ « Hey, [T/p], tu pourrais faire moins de bruits ? j'ai mal au crâne, moi. - Entendis-je derrière moi.
__ « on voit bien que c'est pas toi qui vas te faire trucider-
__ « Pourquoi tu te ferais trucider ?
__ « J'ai un couvre feu, idiot ! - Hurlai-je alors que tu te tins la tête soudainement, comme embêté par mes cris. - Oups, désolée. - Rigolai-je légèrement.
Alors, nous allions continuer à parler comme si rien ne s'était passé ? Comme si je n'avais pas assisté à ce épouvantable spectacle tout à l'heure ? comme si nous n'avions pas fondu en larmes l'un contre l'autre avant de sombrer dans un profond sommeil ? comme dans les films ?
__ « [...]- J'ai la dalle, moi, on pourr-
__ « Erwin. - L'interrompis-je.
__ « hum ? - Tu te tournas vers moi avec toute l'innocence du monde, comme si tu avais oublié tout ce qui venait de se passer.
__ « Pour tout à l'heure...
__ « Ah, ça. - Tu souris encore une fois.
À se demander si tu n'utilisais pas ces faux sourires comme un bouclier pour te protéger.
__ « oui, ça ! C'est vrai qu'on ne se connaît pas assez, ou même pas du tout, mais ça m'a vraiment inquiété, tout à l'heure. Pourquoi, Erwin ? Pourquoi tu souris tout le temps alors que tout va mal pour toi ? Pourquoi tu t'efforces à faire comme si tout allait bien ?
__ « Qu'est ce-
__ « Laisses moi finir. Je l'ai bien vu qu'il y'avait quelque chose qui clochait chez toi depuis la dernière fois, à la plage. Mais j'étais loin de me douter que c'était à ce point. C'était terrifiant, Erwin. Alors dis-moi, dis moi pourquoi tu es ici, pourquoi tu pleurais. Dis moi tout, comme si nous étions de vieux amis, comme si l'on se connaissait depuis des dizaines d'années, comme si nous n'étions pas de parfaits inconn-..
__ « Ça suffit ! Moi aussi je l'ai vu chez toi, [T/p]. Cette tristesse, je l'ai tout de suite perçue. Je ne suis pas le seul ici qui est affligé, alors, de grâce, ne te prends pas pour Mère Theresa et ne me demande pas de parler de mes problèmes à quelqu'un qui n'arrive pas à gérer les siens. Bonne soirée. - Sur ces derniers mots, tu avais vite fait de partir, Erwin. Tu t'étais levé, sans un dernier regard pour moi et tu étais parti.
Et pourtant, bien que tes mots m'avaient blessé, je savais que tu avais raison. Je savais que je n'avais pas le droit de vouloir t'aider, d'essayer de te comprendre. Je n'avais pas le droit de te demander de m'en parler.
__ « Pardon, Erwin. - Mais tu étais déjà parti.
crédit photo : ???
found on
pinterest ;)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top