chapitre 5
Quelques feuilles tourbillonnent encore lorsque la porte de l'église se referme dans leur dos dans un claquement qui fait grimacer Alice. Le moindre bruit paraît décupler tant ce silence est lourd. Il ne reste pratiquement rien et ce qui reste est retourné et saccagé. Un long frisson remonte le dos de la rouquine.
— On dirait bien que quelque chose s'est passé ici, murmure Lucy.
— Restez sur vos gardes, prévient Caspian.
Alice s'approche de vieux livres déchirés qui gisent sur le sol et remarque un dessin dans l'un d'eux. C'est un dessin d'enfant encore en apprentissage. Le coup de crayon est tremblant et les bonhommes sont de simples barres tracées comme une croix, surmonté d'un rond pour la tête.
— Qu'avez-vous trouvé? demande Caspian qui s'est approché.
— Pas grand chose, dit Alice. C'est un vieux livre de prière et chansons. Il y avait ce dessin coincé entre les pages.
Elle tend la petite feuille à Caspian et il prend, observant le dessin avec un air inquiet. Relevant les yeux, il les posent sur Alice et elle y remarque une inquiétude profonde.
— Lucy a raison, murmure-t-il. Quelque chose s'est passé ici. Mais je n'ai jamais entendu parler de ...
Alice sursaute en entendant un énorme bruit et soupire en voyant Edmund sur les fesses. Le jeune homme grogne contre le banc renversé qu'il n'a pas vu et Alice s'approche, lui tendant une main. Il regarda sa paume ouverte et se relève sa's aide, provoquant un autre soupire de la jeune femme.
— Je ne mords pas, soupire-t-elle, vous pourriez apprendre à mettre votre ego de côté.
Edmund marmonne quelque chose et la contourne, bousculant son épaule. Alice se pince les lèvres, ne comprenant pas pourquoi il est aussi malveillant. Qu'il soit méfiant est une chose mais son comportement commence à lui taper sur les nerfs. La rouquine s'approche d'une table en marbre recouvert de poussière et ouvre un livre à la couverture de cuire. En parcourant les pages, elle sont son estomac se retourner.
— Il faut partir d'ici, dit-elle. Tout de suite.
Les trois autres tourne la tête vers elle, surpris par le tremblement de sa voix. Ils se rapprochent et Lucy de penche sur les pages remplies de noms, dont certains sont barrés, des chiffres à côté.
— Ce nom, dit Alice en tapotant l'un d'eux, je le connais. C'était le fils de notre grand sorcier. Il n'est jamais revenu. Frère Lancelot, le grand sorcier, a eu une vision.
— Vous pouvez avoir des visions? souffle Lucy impressionnée.
— Non, pas tous, nous avons chacun des capacités différentes en plus de nos pouvoirs, explique Alice. Il a vu ce qui est arrivée à son fils. Les visions sont assez vagues, il ne savait pas où était son fils mais il a vu son destin. L'île n'est pas une île fantôme.. C'est une île assiégée par des marchands d'esclaves.
Un hurlement à glacer le sang s'élève après le silence qu'ont laissé les paroles d'Alice. La porte s'ouvre sur Eustache, maintenu par un homme dont la dague est placée contre la gorge du garçon. Caspian tire son épée, prêt à se battre.
— Si j'étais vous, je ne ferai pas ça, dit l'homme. Pas très futé de laisser cette fillette seule à faire le guet.
— Je ne suis pas une fillette, rétorque Eustache. Mère dit que ..
La dague s'enfonce légèrement dans sa peau, lui clouant le bec. L'homme s'approche, protégé par le corps de Eustache qui tremble tellement qu'Alice est certaine d'entendre ses dents claquées. La jeune femme bouge discrètement la main et un simple courant d'air lui répond.
Pitié, ce n'est pas le moment de perdre ses pouvoirs, pense-t-elle. De nouveau, sa main bouge et le courant d'air devient un peu plus fort mais pas suffisamment pour que l'homme se doute de quelque chose. Caspian s'approche, l'épée devant lui.
— Je suis ton roi, dit-il, tu me dois fidélité et loyauté.
Un simple rire lui répond. L'homme lève les yeux vers le plafond et Edmund suit son regard. Des hommes sont accrochés aux cordes qui retiennent les cloches. Son cœur raté un battement alors qu'il les voit descendre.
— Attention! crie-t-il.
Il se jette sur Alice et la pousse avant qu'un homme je jette sur elle. La jeune femme tombe à quatre pattes dans un grognement et tourne la tête vers Edmund, aux prises avec un assaillant. La rouquine serre son poignard et elle ferme les yeux. Elle se concentre est visualise la puissance de l'arme. Lorsque ses paupières s'ouvrent de nouveau, elles sont violettes mais Caspian surgit devant elle.
— Non, souffle-t-il. Ils ne doivent pas savoir.
Alice entrouvre la bouche, elle pourrait les sauver, elle en est certaine pourtant, au regard de Caspian, elle sait que c'est l'ordre d'un roi et bien que dans les montagnes, la royauté n'a aucune valeur, la rouquine montre son obéissance par un hochement de tête. Un homme se rue sur Caspian qui esquive le coup de poignard.
Alice fait tourner le sien dans sa main à l'approche d'un homme dont les dents sont manquantes et elle fouette l'air de son arme afin de garder de la distance avec lui. Il y a trop d'assaillants et à quatre, ils ne peuvent pas grand chose. Eustache ne compte pas, il est recroquevillé dans un coin et elle est certaine qu'il pleure.
Elle évite un coup au ventre et projette son bras en avant, entaillant le bras de son adversaire, ne faisant que renforcer sa colère puisqu'il lui attrape le poignet, la tire vers lui et lui donne un coup de tête. La jeune femme sent la douleur vriller tout son crâne et chancelle.
— Bon sang, grogne-t-elle, vous avez été élevé chez les sauvages!
Il la pousse sur le sol et Alice sent son dos heurter la pierre. Lançant ses jambes en avant en plein dans l'estomac de l'homme, elle le projette plus loin et se relève. Elle rejoint Edmund pour l'aider en le voyant aux prises avec deux rivaux.
— Vous m'avez poussé, dit-elle.
— Je vous ai évité un coup, réplique Edmund.
— Je sais, sourit Alice, merci.
Troublé par ce sourire, Edmund baisse la garde et reçoit un coup en plein visage. Il jure dans sa barbe et Alice se place devant lui, envoyant son poing en plein nez d'un des deux hommes. Elle sent l'os de briser mais ne s'y attarde pas, se retournant vers Edmund, elle le dévisage.
— Est-ce que ça va? demande-t-elle.
— Derrière ... vous, grogne le brun.
Alice sent des bras l'entourer, lui bloquant les siens et ses pieds quittent le sol. La rouquine bat des jambes, essayant d'atteindre celles de son agresseur. Lucy appelle son frère, emprisonné elle aussi par une poigne ferme. Personne ne semble porter d'attention à Eustache, bien trop terrifié pour être une menace.
— Je vous conseil de lâcher vos armes, dit celui qui est entré avec Eustache. Où leur sang s'étaleront sur ce sol.
Alice sent une lame froide appuyer contre sa gorge par le second homme. Caspian et Edmund hésitent mais finissent par lâcher leurs épées qui tombent dans un choc sourd. Le roi foudroie l'homme qui semble être le chef.
— Vous payerez pour ça, tonne Caspian. Je suis votre roi!
Un poing s'abat sur son visage, le laissant silencieux. Lucy hurle le prénom de son frère tandis qu'elle est emmenée en dehors de l'église. Alice regarde Caspian mais de nouveau, il lui fait comprendre qu'elle ne doit pas utiliser ses pouvoirs. La rouquine gigote, essayant de se dégager des bras de cette brute mais il la serre plus fort et l'éloigne des garçons.
L'homme la soulève et la jette sur son dos comme un sac à patates puis traverse la rue déserte avant d'entrer dans un bâtiment sombre. Elle entend la voix de Lucy résonner, se rapprocher de lui en plus et elle est jeté dans une cellule. Retombant sur le sol, Alice jure dans sa barbe et se relève.
— Espèce de vieux troll baveux! lance-t-elle alors que l'homme s'éloigne.
— Vous êtes blessé? demande Lucy en s'approchant.
— Non, je vais bien, et vous? s'inquiète Alice.
Lucy secoue la tête et s'approche de la minuscule fenêtre pour regarder à l'extérieur. Trop petite, elle se met sur la pointe des pieds et pousse un soupir désespéré.
— J'espère que les autres vont bien, dit la brune.
— Ce sont des marchands d'esclaves, répond Alice. Ils ne vont pas les tuer. Du moins, pas votre frère mais pour ce qui est de Caspian .. Il est roi, ils peuvent en profiter.
Alice s'accroupie devant la porte et observe la serrure. Peut-être réussir à l'ouvrir? Dans l'église, elle n'a pas réussit à faire autre chose qu'un léger vent et une boule se forme dans sa gorge. La jeune femme ferme les yeux et se concentre avant d'inspirer profondément puis, elle ouvre les paupières et pose sa main sur le verrou.
La serrure tremble légèrement, secouée par un frémissement puis retombe lourdement, provoquant un écho glaçant. Alice se fige, écoutant si quelqu'un, alerté par le bruit, décide de venir mais le silence retombe. Lucy se rapproche et s'agenouille à côté.
— Vos pouvoirs diminuent, constate la brune.
— Je vais y arriver, assure Alice. Il me faut simplement un peu plus de temps.
Lucy lui offre un sourire encourageant et la rouquine se retourne vers le verrou. Reposant sa main dessus, elle ferme les yeux et se concentre. De nouveau, le verrou se met à trembler et elle sent qu'il va céder. Cependant, Lucy attrape son poignet et, troublée, Alice se déconcentre.
Elle entend alors les pas qui s'approchent. Attrapant la main de Lucy, elles se reculent jusqu'au fond de la cellule. Deux hommes entrent et l'un d'eux s'approche de Alice. Il lui attrape violemment le bras et accroche des menottes en ferrailles autour de ses poignets. L'autre inconnu réserve le même sort à Lucy avant qu'ils ne les attrapent pour les faire sortir de la cellule.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top