9

Plus le temps passait et plus la petite fille avait peur ; sa mère l'avait laissée dans un endroit où il y avait beaucoup d'autres gens comme elles, mais elle n'était jamais revenue.
Au milieu de toutes ces personnes qui pleuraient la mort d'un proche parti se battre, qui pleuraient la faim et la soif qui les accablaient, qui pleuraient l'indifférence d'un monde qui les entourait dans une écrasante froideur, elle se sentait très, très seule.

***

YOKOHAMA
Jour -2 920
(8 ans plus tôt)

Odasaku était mort.

Dazai avait l'impression de lui aussi mourir de l'intérieur.

Du haut de ses 18 ans, il avait connu la mort, avait joué avec elle, et l'avait donnée tant de fois qu'au cœur même de la mafia on le surnommait démon.

Mais jamais il ne l'avait subie comme ça.

C'était tellement violent qu'il lui semblait qu'on le déchirait intérieurement.

Voilà pourquoi, quand il avait 14 ans et qu'il venait tout juste de rejoindre la mafia, il avait instinctivement décidé de ne pas s'attacher à qui que ce soit. Il avait déjà vu, par le passé, ce que la mort de quelqu'un pouvait engendrer dans son entourage -tout ce chagrin et toute cette douleur.

Alors dans un milieu où la mort s'était si profondément enracinée, c'était indispensable de ne pas se laisser aller au sentimentalisme.

Mais il est tellement facile de penser ça, quand on n'a jamais rencontré qui que ce soit qui vaille la peine de s'y laisser aller.

La vérité, c'est qu'un jour, des personnes (trois en particulier) sont apparues dans sa vie, se sont imposées et qu'il n'a rien pu faire. Il s'est attaché.

Et aujourd'hui, voilà où il en était : l'une de ces trois personnes était morte, une autre l'avait trahi et il se tenait devant la porte de la troisième, le cœur battant.

Il devait parler à Chuuya de ce qui était arrivé et de la décision qu'il avait prise.

En effet, au moment où Odasaku allait lâcher son dernier souffle, quand Dazai a cru que son âme déjà noire et impure allait se briser pour toujours, une faible lueur d'espoir y a été apportée.

Odasaku lui a clairement fait comprendre que quoi qu'il fasse il ne sera jamais heureux, mais il lui a demandé d'aider les gens au lieu de les détruire.

Il a apporté un objectif dans sa vie. Pas une raison profonde, pas de pourquoi vivre, simplement un objectif qui lui permette de faire quelque chose de cette vie.

Même s'il ne doit pas voir la différence entre le bien et le mal, au moins désormais il aura un fil à suivre, auquel se raccrocher quand il ne sait pas quelle décision prendre -un fil autre que les exigences de Mori et les attentes de la mafia. Peut-être que s'il le suit, il pourra devenir ce qui se rapproche le plus possible pour lui d'une 'bonne personne', et qu'il pourra ressembler un peu à Odasaku -du moins de l'extérieur.

Il écoutera donc le dernier conseil d'Oda. De toute façon il n'a plus rien qui le retienne à la mafia. Mori est un connard, la plupart des autres mafieux sont des idiots à la recherche d'argent ou de pouvoir et pour les autres, Dazai n'a jamais tissé de lien réellement profond avec eux.

À part avec Chuuya. Et c'est quelque chose que Dazai n'aurait jamais pensé s'avouer auparavant, mais aujourd'hui, il avait tellement mal qu'il fallait qu'il s'ouvre à quelqu'un.

La porte de Chuuya s'ouvrit.

"- Qu'est-ce que tu veux ?"

Il était quatre heures du matin et Chuuya avait l'air de terriblement mauvaise humeur.

Dazai se tordit nerveusement les mains dans le dos, l'expression confuse. Il ne savait pas quoi dire. Ça lui était déjà arrivé plusieurs fois avec Chuuya dans le passé, ce qui était très agaçant, mais la plupart du temps ils restaient sur des sujets que Dazai savait traiter. Mais cette nuit-là, il était là pour s'ouvrir et se montrer d'une vulnérabilité tellement grande qu'il sentit son estomac se tordre sous le coup de la tension soudaine.

"- Quoi, est-ce que mon chien est contrarié que je le réveille ?" dit-il maladroitement.

Par rapport à d'habitude, la pique manquait terriblement d'assurance : la voix de Dazai tremblait, il se sentait mal, il n'osait même pas regarder Chuuya directement dans les yeux.

Malgré cela, elle eut beaucoup plus d'effet que l'énervement superficiel avec lequel Chuuya réagissait d'habitude.

"- N'ose même pas me traiter de chien'', aboya-t-il avec colère. "Qu'est-ce que tu veux, bon sang ? Ça n'aurait pas pu attendre plus tard ? On a une mission ensemble aujourd'hui, je te rappelle. Tu crois que ça ne me suffit pas de me coltiner ta tête presque tous les jours ? Il faut aussi que tu viennes m'emmerder pendant la nuit, maintenant ?"

Dazai n'avait plus aucune idée de comment réagir. Il fallait qu'il apaise Chuuya pour pouvoir le mettre de son côté, mais Chuuya avait toujours été beaucoup plus difficile à manipuler que les autres -du moins quand ça comptait.

Quand il commença nerveusement à se gratter les avants-bras par-dessus ses bandages pour essayer de se calmer, Chuuya sembla enfin comprendre que quelque chose n'allait pas.

"- Entre, souffla-t-il sèchement en se décalant pour le laisser passer."

Il fit signe à Dazai de s'asseoir sur le canapé après avoir fermé la porte, mais resta lui-même debout, le regardant pour une fois de haut.

"- Je te préviens, gronda-t-il d'un ton menaçant, je viens de passer une semaine de merde et je n'ai pas du tout le temps pour tes conneries, alors ça a intérêt à être vraiment important.

- Je... Chuuya, je... Odasaku est mort, souffla Dazai d'une voix inhabituellement faible, ne sachant pas comment dire les choses autrement."

Chuuya broncha à peine.

"- Oh. Et alors ? Tu sais qu'on vit dans la mafia, et que des gens meurent tous les jours, n'est-ce pas ?"

Il sembla cependant regretter légèrement ses paroles quand il vit l'expression de Dazai.

"- Écoute, souffla-t-il en s'asseyant enfin à côté du brun, je... désolé. Je sais ce que ça fait, tu sais. De perdre quelqu'un. C'était qui, exacte...

- Tais-toi, le coupa Dazai sans pouvoir s'arrêter. Il n'aurait jamais envisagé que Chuuya puisse réagir comme ça. Des gens meurent tous les jours ? Mais Odasaku n'était pas ''des gens !"

- Je viens de m'excuser, rétorqua Chuuya d'une voix qui avait retrouvé toute sa mauvaise humeur. Et c'était qui, alors, si ce n'était pas ''des gens'' ? Il était mieux que tout le monde, cet Oda-je-sais-pas-quoi ?

- Oui ! fit Dazai d'une voix plus forte qu'il ne l'avait anticipé. Bien sûr qu'il l'était. Meilleur que toi, en tout cas, c'est sûr. Meilleur que tout le monde ici !"

Une expression de sincère surprise fit surface sur le visage de Chuuya. Apparemment, il ne s'était pas attendu à se faire réveiller à quatre heures du matin pour être rabaissé en faveur d'un type qu'il n'avait jamais connu et venait de mourir.

"- Très bien, lâcha-t-il d'une voix qui contenait une sorte de colère froide, beaucoup plus intimidante que ses excès d'humeur habituels. Donc, je te repose la question : qu'est-ce que tu fous là et qu'est-ce que tu attends de moi ?

- Je..." Dazai déglutit, sentant son momentané regain d'énergie se dégonfler." Il faut que je... Je quitte la mafia, Chuuya.

Cette fois-ci Chuuya eut l'air stupéfait.

"- C'est une putain de blague ?

- Non ! Il faut vraiment que je parte. Odasaku me l'a demandé.

- Et donc tu vas le faire ? Tu te fous de ma gueule ?

- Chuuya, c'est... c'est vraiment important pour moi.

- Et ben, siffla-t-il, ça alors ! Et moi qui pensais que le grand Osamu Dazai n'obéissait à rien ni personne ! En fait il suffit de mourir pour lui faire faire n'importe quoi ? Ah non, j'oubliais ! Ça ne compte que pour ''Odasaku'', vu qu'il est tellement mieux que tout le monde."

Il attrapa Dazai par le col, les yeux lançant des éclairs.

"- Et donc tu vas dégager d'ici ? Le mec qui avait l'air tellement déterminé à me faire rentrer dans la mafia, quitte à ce qu'on me plante un couteau dans le ventre pour ça, n'en a en fait rien à foutre ?

Dazai essaya de ne pas se laisser déconcentrer par leur soudaine proximité et par la force avec laquelle Chuuya l'avait agrippé.

"- Tu pourrais venir avec moi ! lâcha-t-il enfin, d'un air beaucoup plus désespéré que ce qu'il avait imaginé en venant.

Le regard de pure haine qu'il reçut en échange le laissa sans voix.

"- Moi, venir avec toi ? Tu t'entends parler ? Et pour aller où, d'abord ? Mori ne laissera jamais partir deux de ses meilleurs subordonnés. La mafia est tellement puissante qu'on serait retrouvé en même pas un jour ! Crois-moi, j'ai déjà essayé de lui échapper.

- Mais Chuuya, nous sommes soukoku ! Quand on est ensemble, personne ne peut nous...

- Tais-toi ! Mais tais-toi, bon sang ! Tu n'as aucun droit de me demander ça. Tu m'as déjà séparé une fois de tout ce que j'avais pour me faire venir dans la mafia, et maintenant il faudrait que j'en parte sur ton bon vouloir ? J'ai une vie maintenant, ici, et elle ne se limite pas à toi ! Pourquoi exactement je voudrais la quitter pour partir avec un mec qui n'est capable de montrer de vraies émotions qu'une fois son meilleur ami mort ?"

Dazai eut l'impression qu'on lui plantait un couteau dans le ventre. Ce n'est que justice, lui dit son for intérieur.

"- Dégage d'ici, fit froidement Chuuya en se relevant. Je ne veux plus te voir.''

Dazai vit dans ses yeux que ce n'était pas tout à fait vrai. Il vit que Chuuya se battait intérieurement avec lui-même. Qu'il agissait sur le coup de la mauvaise humeur et du fait qu'il était quatre heures du matin, et qu'il laissait ressortir tout ce qu'il avait comme animosité envers Dazai en lui -quelque chose qui s'accumulait depuis des années, malgré une relation de confiance qui s'était tissée en parallèle.

Il vit que cela le faisait souffrir de laisser partir Dazai.

Il s'en alla quand même.

***

YOKOHAMA
Jour -2 190
(6 ans plus tôt)

Dazai était assis dans un cimetière.

C'était celui où était enterré Odasaku.

Il s'y rendait une fois par mois depuis deux ans maintenant. Il n'avait jamais manqué son rendez-vous. Pas qu'il ait grand-chose d'autre à faire de toute façon : du haut de ses 20 ans, il était toujours au chômage technique depuis qu'il avait quitté la mafia portuaire.

Il vivait sous l'aile de Taneda, qui avait la gentillesse de le garder avec lui. Il accomplissait parfois quelques tâches que l'homme lui demandait de faire pour lui, mais à part ça il n'avait pas beaucoup d'autres occupations.

Aider les gens, c'était bien beau, mais comment ? Son visage étant bien connu des autorités, il était plus que difficile pour lui de trouver du travail. De plus, au vu de sa formation passée, il ne voyait pas dans quel autre milieu utile pour les civils que celui des forces de l'ordre s'engager, ce qui était bien évidemment impossible.

À la limite, il aurait pu s'essayer à la médecine grâce aux connaissances apportées par Mori, mais l'idée lui donnait plus envie de vomir qu'autre chose.

Ce qui lui aurait fallu, c'est un endroit où l'on est prêt à donner une seconde chance aux gens. Quelque part entre la police et la mafia, un endroit qui fasse l'équilibre entre le jour et la nuit, avec comme ambition profonde d'aider les gens.

Cependant, un tel endroit n'existait pas.

Alors, il se releva de l'endroit près de la tombe d'Odasaku où il s'était assis, épousseta son manteau et commença à marcher vers la sortie du cimetière.

(Ce qu'il ne remarqua pas, c'est que parmi toutes les tombes autour de lui, il passa devant une qui portait comme épitaphe "Fukuzawa Yukichi, aussi surnommé "le loup argenté" - décédé à l'âge de 22 ans suite à une tentative d'assassinat sur un haut fonctionnaire de l'armée".)

***

Jour -1 460
(4 ans plus tôt)

Dazai avait maintenant 22 ans.

Il n'en pouvait plus.

Cela faisait quatre ans qu'il avait quitté la mafia portuaire, et il n'avait rien fait depuis. Rien qui fasse de lui une meilleure personne, ou qui l'aide à trouver ce bonheur qu'Odasaku lui avait de toute façon prédit inatteignable.

Quand il rentra ce jour-là chez Taneda, il était trempé, revenant tout droit d'une rivière après une énième tentative de suicide ratée.

L'homme était en train de faire à manger dans la cuisine. Il jeta un rapide coup d'œil à Dazai, avant de lui demander d'une voix égale :

"- Comment était le travail, aujourd'hui ?"

Ah oui, parce que Dazai avait fini par se dénicher de petits boulots ennuyeux et mal payés de temps à autre. Il avait insisté auprès de Taneda pour se payer sa propre nourriture, et maintenant il lui versait même un petit loyer.

Il pouvait au moins faire ça : ne pas être un fardeau complet pour celui qui l'avait accueilli.

"- Long et ennuyant, comme d'habitude, soupira-t-il d'une voix dramatique. J'ai dû faire un petit saut dans la rivière en revenant pour me changer les idées."

Taneda le regarda d'un air songeur avant de leur servir deux bols de ramen. Il s'assit à la table de la cuisine, puis demanda :

"- Veux-tu vraiment mourir, Dazai ?"

Le brun releva la tête avec surprise. Cela faisait quatre ans qu'il vivait ici, et jamais l'autre homme ne l'avait interrogé sur ses tendances suicidaires. De temps en temps, il lui déconseillait gentiment des idées innovantes que Dazai avait eu sur une nouvelle façon de mourir, mais il n'avait jamais posé de question aussi frontalement.

Il fit un effort pour détendre ses épaules et garder un sourire joyeux plaqué sur le visage. Il était doué pour ça.

"- Bien sûr que je veux mourir, répondit-il d'une voix trop joyeuse. Sinon, pourquoi est-ce que j'essaierai en permanence ?

- Tu es un jeune génie qui a décroché le titre de plus jeune capitaine de l'histoire de la mafia portuaire et qu'on surnommait démon prodige. Si tu le voulais vraiment, Dazai, rien ni personne n'aurait pu t'en empêcher.

- Mais c'est que c'est si difficile de trouver un moyen à la fois efficace et sans douleur, gémit-il.

- Tu ne me feras pas croire que c'est hors de ta portée."

Dazai se rembrunit.

"- Je fais des tests, expliqua-t-il simplement en haussant les épaules.

- Des tests ?"

Taneda avait l'air perplexe.

"- J'essaie des centaines de façons différentes de mourir. Je pousse suffisamment loin ma tentative pour avoir une idée de ce que ça fait ressentir, mais je le fais de façon à avoir une chance de survivre.

- Tu laisses le hasard choisir si tu vas mourir ou non ?

- D'une certaine façon, oui."

Sauf que ce monde était si cruel qu'il ratait toutes ses tentatives.

"- D'accord. Mais cela ne répond pas à ma question. Veux-tu mourir, Dazai ?"

Il ne s'attendait pas à ce que Taneda soit si insistant. C'était embêtant.

La vérité, c'est que Dazai ne voulait pas mourir.

Il n'aimait juste pas vivre.

Il détestait cette apathie qu'il avait envers la plupart des choses, cette lassitude profonde qu'il ressentait la plupart du temps.

Dans la mafia, il avait appris à cacher les sentiments qu'il ressentait très, très profondément : aujourd'hui, il avait beaucoup de mal à les faire ressortir.

Ce n'était pas qu'il ne ressentait absolument rien depuis son adolescence, bien au contraire. Quand cela en valait la peine, il pouvait ressentir les choses très, très fort.

Au décès d'Oda, il avait cru mourir de l'intérieur. Pour de vrai, cette fois. C'était une sensation très différente d'être à deux doigts de mourir d'une tentative de suicide ratée. Ensuite, au rejet de Chuuya, il lui avait semblé se prendre un coup de couteau dans le ventre.

Avant cela, il lui était arrivé de se sentir proche du bonheur, aussi. Quand il buvait un verre avec Oda et Ango, par exemple. Chuuya aussi était capable de le faire passer par toutes sortes de sensations différentes.

Il pouvait se sentir content pour de grands événements, heureux pour de petites choses aussi, parfois. Il pouvait être en colère, satisfait, mécontent, dégoûté, déçu, de rares fois surpris.

C'était juste que la plupart du temps, il ne trouvait rien qui lui fasse ressentir tout cela. C'était déjà vrai quand il était dans la mafia, encore plus aujourd'hui quand la seule personne qu'il fréquentait était Taneda. Son quotidien était toujours le même et il était tellement, tellement las.

"- Dazai ?"

Il releva la tête, sorti de ses pensées en un instant. Il afficha son plus grand sourire.

"- Bien sûr que je veux mourir, répondit-il."

Il ne mentait qu'à moitié. Mourir n'était pas exactement ce qu'il recherchait, mais c'était le moyen le plus simple d'échapper à l'apathie de la vie.

La mort ne lui faisait pas peur. Elle l'attirait.

"- Je vois, répondit pensivement Taneda. Et bien, je te souhaite de trouver quelque chose ou quelqu'un qui te permettra d'avoir envie de vivre, Dazai."

***

Jour - 1 457

Trois jours après sa conversation avec Taneda, Dazai se tenait devant la porte d'une personne qui hantait ses pensées depuis quatre ans.

Il avait joué et rejoué les paroles de l'homme dans sa tête, et il en était arrivé à plusieurs conclusions.

Déjà, ce n'était pas continuer à squatter chez Taneda qui allait lui donner envie de vivre. Cela faisait quatre ans, et il appréciait beaucoup l'homme, mais sa vie était trop monotone et il ne se sentait que comme un fardeau.

Ensuite, trouver un emploi qui lui permette d'aider les gens était tout simplement trop dur. Il n'avait pas de diplôme et aucune envie de commencer à étudier à 22 ans, même s'il avait très certainement les capacités pour.

Et puis, il devait faire profil bas pour ne pas être repéré par la mafia. Ango avait certes fait effacer les preuves des crimes qu'il avait commis, mais son visage restait connu des autorités et il ne disposait d'aucune protection gouvernementale pour se protéger de la mafia.

Alors, il avait conclu qu'avant d'essayer d'aider les gens, il devait essayer de s'aider lui-même.

Pour cela, puisqu'il n'avait jamais trouvé d'occupation qu'il apprécie, il devra trouver quelqu'un qui le fasse se sentir vivant.

Vu sa situation actuelle, les nouvelles rencontres seraient compliquées, alors il se tournera vers son passé.

Vers la seule personne au sein de la mafia qu'il regrette d'avoir laissé derrière lui.

Il prit une profonde inspiration, et frappa à la porte de Chuuya.

***

Ce soir-là, Chuuya était allongé sur son canapé, les yeux rivés au plafond.

Il était fatigué.

La mafia prospérait, mais dans une situation terriblement instable.

Il n'y avait aucun équilibre entre l'organisation illégale et les autorités, et cela se ressentait de plus en plus. Tout ne se jouait toujours qu'à un fil.

Pour désamorcer cette situation, il aurait fallu un troisième pouvoir. Une autre organisation qui fasse contre-poids, qui se tienne entre le jour et la nuit.

Mais une telle organisation n'existait pas.

Alors, cela faisait plusieurs mois, peut-être même plus longtemps, que tout le monde vivait dans un état de stress permanent. La pression était énorme.

De plus, dernièrement, de plus en plus de mafieux perdaient la vie dans des affrontements violents contre les forces de l'ordre, qui se laissaient de moins en moins amadouer ou intimider par l'organisation.

Cette semaine, Chuuya avait encore perdu un grand nombre de subordonnés, et il était tellement, tellement fatigué.

À cause de toutes ces morts qu'il supportait de moins en moins, sa relation avec Mori s'était détériorée.

Et avec tout le travail supplémentaire, il voyait de moins en moins les lézards noirs, et même Kouyou. La jeune femme était de plus très mécontente de la situation de l'organisation, et ils passaient de moins en moins de bon temps ensemble.

Aussi, quand il entendit frapper à sa porte, il eut un instant d'étonnement.

Qui pouvait être là à cette heure-ci ?

Après quelques instants d'hésitation, il se releva péniblement et vint ouvrir sa porte.

Devant lui se trouvait Dazai.

***

“Il n’y a rien de plus facile à dire ni de plus difficile à faire que de lâcher prise. Il ne s’agit là ni d’un mol abandon de soi ni d’une obéissance aveugle. Dans ce lâcher-prise réside la paix de l’esprit”

- Santoka Taneda

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Chapitre publié depuis Yokohama ✌️

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