Changbin se relève comme une tempête, un petit sourire au lèvre.

Ses yeux scrutent l'horizon comme la plus belle chose qu'il ai pu voir, le vent caresse sa peau, soulevant quelque mèches de ses cheveux noirs.

- Tu veux venir au 42 ?

Felix le regarde, étonné.

- Qu'est-ce que c'est le 42 ?

Changbin le regarde, se jette dans son regard, un sourire charmeur ornant le coins de ses lèvres.

- Là où tout commence.

                                   ̶l̶̶à̶ ̶o̶̶ù̶ ̶t̶̶o̶̶u̶̶t̶ ̶f̶̶i̶̶n̶̶i̶̶t̶̶.̶

Puis des pas résonnent dans le monde,

la façade du grand bâtiment avale leurs ombres tandis que le 42 ouvre ses portes.

Changbin rentre dans le petit studio rempli de fenêtre suivis de près par Felix.

Il attrape un vinyle qu'il trouve sur son chemin, par terre, et le place sur un gramophone plus vieux que l'univers.

- Va sur le canapé, t'avais l'air d'avoir encore mal tout à l'heure de ce qu'a fait Hae-Seong.

Felix est émerveillé. Émerveillé par le 42, par ses murs recouverts de pochettes de vinyle et de feuilles gribouillées, émerveillé par les deux guitares électriques traînant à côté d'un balcon, émerveillé par tout ce qui composaient cette pièce donnant sur la ville.

Il avance jusqu'au canapé presque naturellement.

Comme il l'avait fait pour changbin, le 42 l'avait fait rêver,

le 42 s'était refermé sûr lui.

C'est trop tard maintenant.

Une feuille se détache du mur, constituée d'un univers de mots.

- Tu écrit de la musique ?

Changbin le regarde, ce mot résume tout son petit monde;

𝐦𝐮𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞.

Il aime jouer de la musique au clair de lune, en regardant les étoiles brillantes et en tenant jusqu'au lever du soleil, jusqu'à en avoir mal.

Écrire, composer et toutes ces choses c'est ce qu'il fait quand il réfléchit, quand il lave son âme. En fait, pour lui, la musique, c'est ce qui le rend entier; ce qui rassemble tous ses morceaux d'âmes éclatées.

C'est mettre tous ses sentiments sur de la musique, se vider la tête pour laisser seulement place aux notes et aux larmes libératrices.

Et il ne sait pas pourquoi mais il écrit des textes jusqu'à en avoir mal, jusqu'à en pleurer. Mais ça le rassure, parce qu'il lui montre que même s'il a l'impression de ne plus rien ressentir, il peut encore pleurer.

Alors il se laisse porter. Submergé par le poids des notes et de ses regrets.

La peau éclairée par le clair de lune et les idées noires remplacées par des nuages.

Les mélodies l'emportent,

le temps est figé autour de lui.

La musique l'envahit,

Il a le monde au creux des mains.

Et sous les étoiles, les yeux fermés, il se sent vivant.

Dans ces moments là il a l'impression que même si le vent fait valser ses mots, que même si l'orage efface toutes ses inspirations, jamais il ne s'arrêtera.

Parce que ça le rend vivant.

Et que vivant, il ne l'ai pas souvent.

Une larme scie sa joue en deux,

la mélancolie foudroie son cœur.

C'est pouvoir ramasser les sentiments par terre, au plus profond de lui et les jeter contre son âme meurtrie, à l'infini.

Ses textes s'élève, avec la musique qui vient de ses tripes, dans les airs pour virevolter avec le vent passant par la fenêtre ouverte.

C'est se noyer dans les notes, se laisser submerger pour se défouler, pour oublier toutes ses pensées.

La lune les observe, éclairant leurs peaux; les étoiles se perdent dans leurs yeux.

Il fait de la musique dans l'espoir de faire sortir les choses, les sentiments qu'il recherche tant, les pensées qui brûlent, les pensées qui tuent en silence.

Son souffle s'élève dans les airs, ses yeux se ferment pour se laisser submerger complètement par la mélodie que laisse échapper le tourne-disque.

Il l'aime la musique. Jusqu'à en pleurer. Pour faire partir toutes ses peurs qui l'habitent pourtant. C'est s'armer contre les pensées noires et les faire disparaître de notre cœur le temps de quelques notes suspendues dans l'air.

Son cœur bat avec rage.

Comment exprimer tout ça à Felix? Comment lui dire que s'il tient c'est grâce à tout ça ?

- C'est toute ma vie.

Son cœur explose en un orage.

Attraper les mots volant dans nos têtes et en faire des textes qui nous donnent envie de rester en vie, de toucher des galaxies.

Le vinyle tourne inlassablement comme le monde tandis que Changbin s'enivre des mélodies qu'il dégage,

tandis que Felix s'enivre des constellations si bien cachées que constituent ses yeux.

Il pourrait écrire jour et nuit, sans aucune pause, juste pour cette sensation d'être vivant, d'avoir les pieds sur terre.

Il n'a pas dit grand chose, pourtant une tempête de pensées s'est emparée de lui, il en a le souffle coupé.

Le souffle court il s'assoit par terre en observant Felix,

Sans musique,

Seo Changbin

Ne se résume qu'à de l'éther.

Du vide.

𝐃𝐮 𝐫𝐢𝐞𝐧.

seo Changbin n'existerait pas.

- Et toi tu aimes ça ?

- Ouais, je fais de la danse.

Changbin le sonde du regard.

- Pourquoi tu danses ?

Felix ferma les yeux, pencha la tête en arrière et se laissa envahir. Il ne connaissait plus ce garçon, pourtant il avait réussi l'impossible,

Faire parler Lee Felix.

-Pour enfin avoir ma tête qui cesse son vacarme. Pour me laisser porter quand rester debout devient si dur. C'est oublier le temps d'un instant tout ce qui nous pèse et oublier, pour un moment, que la vie qu'on mène est terrifiante. C'est oublier pour un moment à quel point la mort est flippante.

Felix soupir. Il ne saurait quoi dire d'autre. Il est perturbé par Changbin en face qui coince une cigarette entre ses lèvres avant de l'allumer.

Il rapproche la petite flamme près de son oeil, la contemple.

Felix n'a jamais rien vu d'aussi beau que ce garçon inconnu qui se penche près de la flamme. Comme prêt à se faire engloutir.

Un léger souffle vient l'éteindre, ses yeux se détourne pour finir perdus dans les yeux de Félix.

Un sourire traverse ses lèvres,

- Crois moi Felix, la mort est beaucoup moins effrayante que ce putain de monde.

Fracassant.

Seo Changbin est fracassant.

Et Lee Felix en a le souffle coupé.

Et tout a coup, elle lui fait beaucoup moins peur.

Une pensée lui revient :

"𝐓𝐮 𝐦𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫 𝐅𝐞𝐥𝐢𝐱, 𝐭'𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧. 𝐌𝐚𝐢𝐬 𝐦𝐞̂𝐦𝐞 𝐜̧𝐚 𝐭𝐮 𝐬𝐞𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐚𝐩𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐞 𝐫𝐚𝐭𝐞́."

[T'as tord hae-seong. on est sûrement plus humain que toi.]

꒦꒷꒥꒷꒥

music just save.