𝐟𝐢𝐯𝐞
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Inheung ferma doucement la porte de chez lui, se déchaussa aussi silencieusement qu'il put et traversa le couloir de sa maison d'un pas de loups, grimaçant lorsqu'une des planches du parquet de son salon grinça lourdement, priant pour que ni sa mère ni sa sœur ne se rendent compte qu'il était rentré plus tard qu'à l'accoutumée.
Il avait bien dormi une heure dans cette bibliothèque, bercé par les pages que Jiae tournait et plongé dans son rêve -ou cauchemar, il ne savait pas-.
Inheung déglutit en entendant le son feutré des chaussons en forme de pingouin de sa sœur derrière lui alors qu'il fermait les yeux.
- Inheung ?
Lentement, le plus âgé de la fratrie se tourna vers sa sœur cadette qui avait encore les cheveux mouillés, sortant certainement de la salle de bain. Il l'observa un instant dans son pyjama, ses yeux innocents le détaillant et il se rendit soudainement compte de la futilité de ses soucis.
Il se rendit compte de combien Noeul lui manquait à cet instant précis. Parce qu'il se souvenait très bien de ces fois où sa meilleure amie venait dormir ici, rigolait avec Iseul, comme si elle lui apprenait, peu à peu, à mûrir. Et Inheung savait qu'il n'aurait jamais ce rôle pour Iseul ; ce n'était pas lui, il n'était pas fait pour montrer l'exemple, au contraire, lui, montrait ce qu'il ne fallait pas faire.
- Tu as pleuré ?
Iseul voyait bien les yeux rouges de son frère et ses cernes qui se creusaient un peu plus dans la pénombre. La plus jeune s'était inquiétée en voyant qu'il n'était pas encore rentré, mais elle s'était dit qu'il devait encore traîner avec Jinyoung et Jiwon.
Cependant, maintenant qu'elle le voyait devant elle, il ne semblait pas comme d'habitude. D'ordinaire, il aurait rigolé en lui disant que ses chaussons étaient toujours aussi ridicules, d'ordinaire il aurait eu son sourire en coin fier et arrogant, d'ordinaire ses yeux noirs auraient brillé de malice. Là, ils étaient atrocement ternes, comme si des nuages sombres venaient d'assombrir la nuit qui y régnait constamment.
Puis, les yeux de la plus jeune se plissèrent, compressant le cœur du plus vieux.
- Si c'est à cause d'une fille, tu devrais vraiment faire quelque chose. C'est la première fois que je te vois comme ça.
Et c'était vrai, d'ordinaire son frère ne montrait jamais que ses bons côtés. Ceux radieux, bien loin du petit enfant pleurnichard qu'il avait été avant de rencontré Noeul.
Un soupir s'échappa des lèvres du jeune homme qui sembla s'affaisser sous son souffle. Oui, il avait pleuré à cause de Noeul, parce qu'il se sentait con et qu'il s'en voulait toujours autant de ne pas l'avoir soutenu, parce qu'il avait brisé une promesse et que rien ne pourrait la réparer.
Parce que depuis celle-ci, il n'avait plus jamais rien promis à quoique ce soit.
Pourtant, à cet instant précis lorsque sa sœur évoqua une quelconque fille, son esprit ne put s'imagine que le visage concentré de Jiae qui lisait et il eut un sourire niais.
- Ouais, je me suis enfuis comme un lâche, sourit-il tristement.
- Sérieusement ?! Wouah, t'es vraiment incroyable Jung Inheung. Si tu crois que cette fille va toujours t'aimer après ça...
- Je ne crois pas qu'elle m'aimait vraiment de toute façon.
Son sourire sembla amer aux yeux de sa jeune sœur, mais elle ne préféra pas parler. Ils n'étaient pas aussi proches que cela, et Inheung était quelqu'un de bien mystérieux lorsqu'il s'agissait de lui.
Avec un soupir las, il se détourna d'Iseul pour monter les marches des escaliers, ignorant le regard inquiet qu'elle lui lançait.
- Dis à maman que je ne me sens pas bien, je vais dormis je pense. Dînez sans moi !
Quel mauvais menteur il faisait. Iseul savait mieux que quiconque que son frère ne dormait quasiment plus.
Pourtant, elle ne fit aucune remarque.
Son sac de cours tomba aux pieds de son lit tandis qu'il se laissa choir sur ses draps, ignorant la douleur dans son épaule là où un bleu s'était formé, la fois où il avait prit la balle dure de basket à la place de Jiae.
S'allongeant de tout son long, le garçon laissa un soupir fatigué lui échappa tandis qu'il se rappelait des yeux paniqués qu'elle lui avait offert. Un instant, Inheung se demanda pourquoi il semblait si intéressé par elle et, la réponse ne tarda pas à venir.
Jiae était intrigante, elle ne semblait pas céder comme les autres, et même si elle était d'une timidité maladive, il la trouvait vraiment mignonne. Et puis, il fallait qu'il lui rende son stylo lapin.
Demain, il devrait lui rendre, c'était décidé. Se tournant sur le dos, ses yeux se fixèrent sur le plafond bleu de sa chambre qu'il fixait souvent, la nuit, lorsqu'il ne trouvait pas le sommeil.
Et alors, il se demanda un vague instant s'il voulait réellement lui rendre son stylo lapin.
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- C'est donc grâce à vos connaissances sur Makasi que vous écrirez un poème sur l'hiver. Surtout, utilisez des alexandrins, les rimes peuvent être croisées, suivies ou...
Inheung n'écouta plus la voix monotone de madame Yi qui, un petit livre de poème à la main, continuait de dicter ses consignes à la classe de terminale. Le capitaine de l'équipe de basket du lycée Han tourna son visage vers la fenêtre à sa gauche et souffla par le nez, frustré.
Il ne l'avait pas fait.
Il ne lui avait pas rendu son stylo, il ne l'avait même pas cherché dans les couloirs. Rien qu'à l'idée d'affronter son regard curieux sur lui, à se demander pourquoi il avait pleuré sans osait lui poser la question, ça le foutait sur les nerfs. Inheung n'était pas habitué à se dévoiler si facilement. Peut être que la plupart des élèves féminines du lycée s'imaginaient qu'il était un être doux et attentionné, mais bien au contraire.
Inheung avait quelque chose de sombre qui planait au dessus de lui constamment lorsqu'on le connaissait bien. Jiwon, qui lui lança un regard curieux, le savait bien. Il connaissait ce garçon aux airs arrogants et joueurs, mais il connaissait aussi très bien le Jung Inheung aux airs de dépressif atterré.
Faisant tourner le stylo lapin aux couleurs pastels entre ses doigt, il soupira en se détournant de sa contemplation, le ciel était devenu inintéressant pendant un instant, il avait tourné la tête vers le tableau, s'efforçant de noter avec une quelconque application les dernières recommandations de madame Yi.
Alors qu'elle continuait son charabia insensé pour la plupart des terminales devant elle, la professeur de littérature se fit couper dans sa phrase par trois coups timides portés contre la porte coulissante de sa salle.
Légèrement agacée, ronchonnant en murmurant, elle s'exclama tout de même afin que la personne venant déranger son cours entre. Et, les yeux désintéressés d'Inheung s'écarquillèrent légèrement.
- Oh, mademoiselle Lee ! Entrez, entrez, en quoi puis-je vous aider ?
Devant toute la classe de terminale, Jiae baissa légèrement son visage, s'obligeant à faire plusieurs pas à l'intérieur de la classe sous quelques regards curieux, les autres profitant de cet événement pour chuchoter entre eux sans faire attention à l'élève de première.
Inheung faisait partis de cette petite minorité qui regardait la jeune femme devant eux s'approcher de leur professeur de littérature. Aujourd'hui, ses longs cheveux bruns ondulés étaient coiffés en une tresse lâche sur le côté de son crâne et Inheung se fit la réflexion que cette coiffure lui avait réellement bien.
Il l'observa triturer le bas de sa jupe de ses fins doigts, nerveusement, sûrement gênée de se retrouver ainsi devant une classe et le jeune homme ne put s'empêcher de la trouver adorable.
- Je... madame Han voudrait que je vous emprunter vos manuels de terminale.
- Oh, j'avais oublié de les lui laisser ! Suis-je bête ! Bien sûr, bien sûr, allez-y !
D'un vague signe de la main, madame Yi lui indiqua l'armoire au fond de sa salle, légèrement ouverte. Jiae s'empressa alors de traverser la salle d'un pas nerveux, gardant obstinément son visage baissé, cachant les rougeurs de ses joues.
Et, tandis qu'elle traversait la salle avec rapidité, Inheung entendit d'une oreille distincte quelques murmures.
« Elle est mignonne ! » « Les filles timides, ça a quand même un sacré charme! » « Eh, tu crois qu'elle a un copain ? »
Il n'en suffit pas de plus pour que le garçon fronce ses sourcils et, alors que ses mains devenaient moites, il se leva brusquement de sa chaise, faisant sursauter Jiwon à ses côtés qui le regarda comme s'il était devenu fou.
Ce même regard, madame Yi le lui adressa.
- Inheung ?
- Je peux aider Jiae madame ? Ces manuels sont super lourds.
- Hein ? Euh oui, je suppose, vas y, mais ne traînes pas, balbutia-t-elle, étonnée.
Elle n'avait pas réellement réfléchis, ça l'avait juste étonné de voir le regard menaçant qu'il lança à plusieurs garçons de sa classe alors qu'il rejoignait Jiae devant la porte.
D'un mouvement vif, il attrapa les manuels dans ses mains et lui fit un signe de tête d'avancer. Elle, étonnée aussi, le regarda un instant sans trop savoir quoi faire avant d'obtempérer sagement. Cependant, Inheung déglutit en voyant son regard dur.
Elle l'avait regardé droit dans les yeux, sans rougir ou baisser la tête. Elle était vraiment fâchée alors ?
Il réprimanda un sourire, parce que son cœur sembla se gonfler et il se traita d'imbécile. Pourquoi ça lui faisait autant plaisir ?
- Tu vas m'expliquer alors ou bien tu vas encore partir en courant comme un voleur ?
La voix blanche de Jiae avait claqué dans l'air et Inheung se sentit prit de court. Elle marchait devant lui en silence depuis qu'ils avaient quitté sa classe, désormais, elle s'était arrêté et tournée vers lui, l'obligeant à se stopper en plein milieu du couloir.
Les yeux dans les yeux, il se sentit légèrement soulagé de la voix agir ainsi ; les bras croisés, le regard sévère mais tout de même les joues roses, elle semblait ressembler à une petite fille qui tentait d'agir comme une adulte.
Adorable.
- Sérieusement ?
Il pouffa, amusé par son expression. Vraiment, elle était mignonne et Inheung crut être en plein rêve lorsque son cœur sembla louper un battement léger.
- Oui, je suis sérieuse, Jung Inheung, tu as peut être un sourire craquant, mais il ne me fera pas oublier que je suis en colère contre toi.
Ils écarquillèrent tout deux les yeux lorsqu'elle eut fini de parler, elle se rendant compte de ce qu'elle venait de dire, rougissante de honte, lui se raclant la gorge en sentant son estomac se tordre.
Il arbora son sourire en coin moqueur, celui que tout le lycée connaissait par cœur.
- J'ai un sourire craquant alors ?
- Heu... oui? Non ! Ne change pas de sujet !
Jiae avait soudainement serré ses pings, rouge de honte et de colère alors qu'il la regardait avec amusement sembler si peu sûre d'elle et pourtant, voilà qu'elle lui montrait une nouvelle expression, une nouvelle facette qui lui plu instantanément.
Ça lui faisait plaisir, de savoir qu'elle semblait s'habituer à lui, à tel point qu'elle se fâchait et se laissait aller à prendre ses aises et à hausser le ton sur lui.
Le sourire doux qu'il lui offrit l'ébranle légèrement au fond d'elle. Ce sourire était-il pour elle ?
- Très bien, j'ai compris. Je vais t'expliquer, mais pas ici. Madame Yi m'attends et tes camarades attendent leurs manuels, n'est ce pas ?
Il lui fit un léger clin d'œil en reprenant sa marche, le cœur léger sans trop savoir pourquoi mais sa bonne humeur était revenue.
Et elle traita son cœur d'idiot lorsqu'il loupa un battement en se souvenant du sourire du garçon.
🎀 ChaeRin567 🎀
🎀 ChapChapKo 🎀
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