𝐩𝐚𝐫𝐭 4
Son regard d'un brun chocolat était toujours planté sur le rappeur aux cheveux délavés avec sa casquette noire à l'envers, son vieux sweat de la même couleur et son jeans tâchés de peinture blanche. Il était maintenant penché vers les gens et hurlait presque dans le micro, cherchant à se faire entendre.
Xia sentit à ce moment là son corps vibrer à nouveau du haut de son crâne jusqu'au bout de ses pieds. Elle avait l'impression que quelqu'un parlait à sa place, que quelqu'un lui parlait de sa propre vie.
Mais il n'y avait qu'elle qui écoutait ce mec cracher son venin sur les gens autour.
« La première fois que je suis allé chez le psy, mes parents sont venus avec moi
On a assisté à la séance ensemble, et ils ont dit qu'ils ne me comprenaient pas vraiment
Je ne me comprends pas moi-même, alors comment quelqu'un d'autre pourrait me comprendre ?
Un ami ? Ou toi ? Peu importe qui c'est, personne ne me connaît vraiment »
Xia frissonna de tout son être ; mais la boîte entière était plongée dans une chaleur digne de celle du Sahara.
Il avait tourné ses yeux perçants vers elle, ses yeux noirs étaient plantés dans les siens, comme si la dernière phrase lui était totalement adressée. Son regard sombre devenait lourd mais Xia ne flancha pas ; elle soutenu son regard charbon sans cligner des yeux une seule fois.
Alors il reprit ; cracha toujours ses paroles avec cette haine. Cette haine du monde entier et de lui-même.
« Un jour, le docteur m'a posé la question
Sans hésitation, j'ai répondu que ça m'était déjà arrivé
"Je m'en fous, je m'en branle", mes répliques habituelles
Rien que des mots qui me permettent de me cacher, moi et ma faiblesse
Je veux gommer tout ça, ouais, je veux effacer les souvenirs de cette nuit floue où je devais faire un concert
Mais j'avais peur des gens, alors je me suis planqué dans les toilettes et j'ai fait face à mes propres démons »
Xia se sentit conne lorsqu'un rictus amer fendit les lèvres sèches du rappeur qui les humidifia d'un coup de langue.
Il la regarda longuement en plongeant son regard entier dans celui de la jeune femme face à lui.
Mais elle se retourna, sentant ses joues soudainement rougir, ses cheveux valdinguèrent derrière elle, fouettant le bras de Taehyung qui ne remarqua rien, trop occupé à diriger sa main sous la jupe, enfin le bout de tissu sur les cuisses de sa blonde, tripotant ses cuisses et sa culotte en fine dentelle.
Xia posa son front dans la paume de sa main, complétement deboussolée par ce moment court, qui avait duré qu'un seul eclair, elle avait chaud et ricanna de sa connerie.
C'était idiot.
C'était totalement con de s'attacher à un mec dont elle ne connaissait rien, et pourtant, elle sentait qu'ils se ressemblaient.
Ils avaient beau avoir l'air forts et avoir un sale caractère, ce regard froid, ils appelaient à l'aide et personne ne voulait entendre. Les gens autour d'eux jouaient tous aux sourds.
« - Ça te dérange si je te laisse seule une petite heure ? »
Xia se tourna, encore déboussolée, vers Taehyung. Mais elle ne lui montra pas et lui fit simplement un signe de la main vague ; il avait une main sur les fesses de sa pimbêche et cette dernière gloussait comme un dindon en s'accrochant au bras du blond.
« - Tu me donnes envie de gerber Taehyung. »
Pour toute réponse, il lui sourit et tourna les talons. Mais la jeune femme aux cheveux noirs ne le suivit pas du regard, de peur de tomber sur le rappeur aux cheveux délavés qui la regardait toujours.
Parce qu'elle sentait son regard brûlant sur sa nuque et que les frissons qu'elle ressentait dpeuis le début de sa chanson ne semblait pas vouloir s'arrêter.
Son corps et son âme entiers étaient attirés, comme un aimant mal polarisé, vers ce garçin mystérieux à la voix grave.
Se concentrant un maximum sur son verre de vodka désormais pure, elle tenta de faire abstraction de tout les sons autour d'elle, de ces bruits de talons, de ces rires et ces murmures entre tout ces cons qui n'entendaient pas leurs cris à l'aide, elle fit abstraction de tout.
Il n'y avait plus qu'elle, la musique, sa voix, et lui.
Pendant un long moment ; elle resta concentrée sur son verre limpide, le faisant tourner entre ses doigts, ses sourcils froncés, ses oreilles pendues aux lèvres du jeune homme sur scène. Elle se concentra, se remémora sa vie merdique et comment, surtout pas penser au pourquoi, elle en était arrivé là.
« Ce jour-là, ce jour-là
J'ai cru que le succès réglerait tous mes problèmes
Sauf que tu vois, sauf que tu vois
Le truc c'est que plus le temps passe, plus j'ai l'impression de devenir un monstre
Ce monstre il s'appelle succès ; c'est contre lui que j'ai échangé ma jeunesse, mais maintenant il demande plus
Avant, l'avidité c'était mon arme, maintenant ça me dévore et m'étrangle
Même quand je veux m'arrêter, ils essayent de me faire avaler le fruit défendu
Mais j'en veux pas, ils veulent juste que je me fasse virer du jardin d'Éden »
Elle frissonna à nouveau ; son appartement merdique, poussiéreux et puant, ses cicatrices sur ses cuisses et ses avant-bras, sa dépendance à la drogue, son corps beaucoup trop maigre, ses moments de vertige lorsqu'elle se réveillait le matin, ses parents décédés, sa soeur qui était partie, Taehyung qui n'était qu'un pseudo ami pour se donner bonne figure, ce verre d'alcool qu'elle faisait remplir pour la septième fois, cette voix qui la faisat vibrer, cet égoïsme auquel elle s'était abandonné, sa petite personne qui était la seule chose qui lui importait maintenant.
Elle se sentit soudain comme malade ; sa tête tournait.
Et soudain ; la musique se stoppa nette.
Et Xia releva la tête.
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