𝐩𝐚𝐫𝐭 17
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Yoongi et Xia marchaient côte à côte dans la rue déserte, la lune éclairant légèrement les cheveux de la jeune femme, donnant l'impression à Yoongi qu'elle avait des paillettes dans ses cheveux brillants. Les mains dans les poches de son gros gilet gris, le garçon jetait quelques coups d'œil en biais à la jeune femme, comme pour s'assurer qu'elle allait bien et, ses regards volés commençaient légèrement à agacer la jeune femme.
Qu'est-ce qu'il avait à la fin?
Légèrement frustrée par son air pincé alors qu'elle voulait juste prendre l'air avec lui, Xia gonfla grossièrement ses joues, le faisant doucement pouffer.
Elle s'arrêta soudainement de marcher, l'obligeant à faire de même alors que Yoongi se forçait à arrêter de rire.
« — Tu vas me dire pourquoi tu me regardes comme si j'allais mourir dans 30 secondes?! S'exclama-t-elle. »
Le garçon roula ses yeux au ciel sans pour autant lui répondre, la frustrant davantage. Alors, soufflant doucement en détournant les yeux de son faux air vexé, ses yeux furent attirés par un petit muret qui prenait le côté du trottoir.
Sans attendre, elle s'approcha rapidement de celui-ci et posa une de ses bottes en cuir dessus avant d'y monter, mettant un pied devant l'autre, ses deux bras tendus comme si elle se tenait sur une corde raide à plusieurs mètres du sol.
Elle fit quelques pas tandis qu'il la rejoignait, marchant à ses côtés sur le trottoir, ses yeux plantés sur elle en attendant qu'elle tombe ou perde l'équilibre.
Mais Xia ne perdit rien du tout. Un sourire amusé sur ses lèvres, elle lui jeta un regard amusé alors qu'il semblait encore plus agacé qu'avant par son comportement de petite fille.
« — Sérieux Yoongi, qu'est-ce que t'as? Je vais bien!
— Tu vas bien pour le moment, grommela-t-il.
— T'es vraiment grognon comme mec, pas étonnant que tu sois toujours célibataire.
— Tu peux parler hein! Puis qu'est-ce que t'en sais si je suis célibataire ou non? »
Un instant, elle s'arrêta de marcher. Le garçon releva ses yeux intrigués vers elle, l'observant faire mine de réfléchir, son index posé sur son menton. Et puis, son visage sembla s'illuminer comme si elle venait de trouver la solution contre la famine dans le monde.
« — Si t'étais en couple, tu te serais pas occupé d'une toxico en manque que t'as rencontré dans un bar crados. »
Yoongi sembla réfléchir sérieusement à sa réponse.
Certes, il aurait eu du mal à expliquer à sa quelconque moitié qu'une jeune femme était couchée dans son lit, inconsciente, parce qu'elle était en manque. Mais, dans un autre cas, sa supposée moitié aurait pu comprendre son besoin de sauver une vie, pour rattraper celle qu'il n'avait pas pu sortir de la drogue.
En y repensant, le visage de Yoongi eut l'air de prendre un air lugubre qui sonna faux aux yeux de Xia.
La jeune femme sauta légèrement du muret sur lequel elle était perché, avec une précision qu'elle n'aurait pas eu, quelques jours auparavant, la drogue dans ses veines ne l'aurait pas autorisé à faire de mouvements aussi fluides. Petit à petit, elle retrouvait des réflexes qu'elle n'avait pas, et son corps semblait l'en remercier. Son équilibre était plus stable et, elle comprenait plus vite ce que les autres lui cachaient jusqu'alors.
« — Hey, c'est pas grave si j'ai raison. T'as pas besoin d'avoir l'air si triste. On trouve tous une moitié un jour, toi aussi tu trouveras. »
Yoongi, encore nostalgique de ses souvenirs douloureux, sourit légèrement, de bon train, devant celui sincère qu'elle lui offrait au clair de lune.
« — Hm, pas sûr que quelqu'un soit assez fou pour te supporter, cingla-t-il.
— Yah, je suis une fille bien monsieur!
— Ah ouais? C'est pas ce que tu disais à Jimin au bar.
— D'ailleurs, pourquoi tu fais ça? »
Prit de court, le garçon l'observa avec un sourcil arqué alors qu'ils avaient reprit leur marche vers un lieu qu'ils ne connaissaient pas. C'était rafraîchissant, pour tout deux, d'être en présence de l'autre. D'apprendre à se connaître comme s'ils se redécouvraient à travers leurs paroles.
« — Faire quoi?
— Tu sais, tes raps.
— Oh... C'est pour payer mes études et mon loyer. C'est pas trop mal payé, et le propriétaire est le père de Jin.
— Des études de quoi?
— Médecine, souffla Yoongi. »
D'ordinaire, les gens étaient enjoués de parler de leur futur, de parler d'eux mêmes, de se sentir écouter et important. Mais la perspective de son avenir semblait amener plus de tristesse que de joie à Yoongi.
Est-ce qu'on l'obligeait à poursuivre ce genre d'études?
« — T'as pas l'air très content de devenir médecin.
— Disons que je fais ça pour un ami, je le lui dois.
— C'est un des garçons du hangar? »
Oui, ça l'était.
Mais Yoongi sourit doucement, enfonçant un peu plus ses poings serrés dans la poche de son sweat gris.
« — Non, il est plus à Séoul.
— Ah je vois! Il a de la chance! J'aurais bien aimé voyager aussi! En Russie par exemple, ou en Pologne! »
Le garçon la regarda trottiner devant lui, virevoltant un instant avant de lever son visage vers le ciel. C'était un spectacle qu'il voulait graver dans sa mémoire. Si elle devait elle aussi partir un jour, ce qu'il ne souhaitait pas, il voulait garder cette image insouciante qu'elle lui offrait.
Jungkook aussi devait voyager. Son esprit devait se rendre à tout les endroits que les garçons avaient évoqués dans leur souvenir, peut être à Busan, ou encore en France comme ils devaient aller.
« — Tu veux vraiment aller dans ces endroits? Il fait hyper froid la bas et avec ta manie de te promener juste en culotte et soutien gorge, tu vas vite mourir de froid, sourit il, moqueur.
— T'es qu'un espèce de connard, Min Yoongi! S'exclama-t-elle. »
Son regard furibond alors qu'elle se tournait vers lui, arrêtant sa petite danse au milieu du trottoir comme pour l'attendre et lui mettre un dérouillé dont il se souviendrait, le fit rire malicieusement.
Elle était attachante, il ne pouvait le nier.
Mais chacun de ses pas, suivis par la lumière de la lune, semblaient émergés de l'ombre de Jungkook que Yoongi n'arrivait pas à faire disparaître de son esprit.
Il la sauverait elle, au moins, comme les garçons le lui avaient dit.
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« — Elle est trop mignonne, sourit Jin.
— Mouais, je la connais assez pour dire que tu te trompes largement sur la bestiole, fit Jimin, sur la défensive.
— Tu veux que je te frappe, Park Jimin? »
Le concerné secoua la tête, entendant la voix calme avec laquelle Yoongi venait de le menacer. Recroquevillée sur un des poufs rouges que les garçons avaient amenés dans leur hangar, Xia semblait dormir à poings fermés. Yoongi pouvait le comprendre, après ce qu'elle avait faillit vivre, elle avait bien droit à du repos.
La chaleur du feu central se propageait dans le vieux hangar aménagé des parents de Namjoon. Celui-ci, assit sur un des canapés qu'ils avaient amenés ici, lorsque ses parents avaient consentis à lui laisser ce hangar, sourit doucement en observant l'air protecteur de Yoongi. Posé sur le canapé en face de celui de Namjoon et Jin, le rappeur du groupe sirotait sa bière en glissant certains coups d'œil à la jeune femme, s'assurant qu'elle dormait toujours.
C'était inhabituel de voir Yoongi ainsi avec quelqu'un, mais tous se doutaient, après l'explication éloquente d'Hoseok qui avait assisté à la querelle entre Xia et Yoongi, que Yoongi faisait ça pour se racheter de quelque chose que chacun d'eux regrettaient amèrement.
Certains plus que d'autre, Jimin le premier.
Mal à l'aise, le petit dealer blond était tourné dos à la jeune femme, affaissé sur l'accoudoir du canapé. Hoseok, à côté de lui, souriait doucement en échangeant un regard avec Namjoon.
Et puis, ce fut Yoongi qui lâcha la bombe qui le taraudait.
« — Tu continues de vendre, Jimin?
— Ça dépend, grommela l'intéressé.
— T'avais pas dit que t'arrêterais?
— J'ai besoin de thunes Yoongi. Mes cours et mon appartement se paieront pas tout seuls.
— Et trouver un travail comme tout le monde c'est trop difficile pour toi? »
Malgré le calme de sa voix, les garçons qui le connaissaient par cœur, entendaient la petite nuance de colère qui se cachait au fond de ses paroles. Oui, Jimin aurait dû arrêter, il aurait dû arrêter dès que Jungkook avait commencé à lui en prendre plus, mais il ne pouvait pas se résoudre à entendre le plus jeune gémir, chaque soir, dans l'appartement qu'ils partageaient, parce que la drogue manquait à ses veines.
Non, Jimin n'avait pas arrêter de vendre. Par culpabilité, par sympathie, il ne savait pas. C'était la seule chose qu'il savait faire et les garçons savaient tous, les uns comme les autres, que c'était le seul moyen pour Jimin de payer ses études et l'appartement qu'il habitait désormais seul. Sa grand-mère ne pouvait pas l'aider financièrement, ses parents encore moins d'où ils étaient. Alors non, il ne pouvait pas arrêter.
Et Xia était sa meilleure cliente.
« — Et toi alors ? Pourquoi tu t'occupes d'elle ?
— Ça te regarde, Park ? »
Namjoon se releva sur le canapé, son dos se remettant droit alors qu'Hoseok fronçait ses sourcils. Le ton montait, et si Yoongi commençait à utiliser leurs noms, ils savaient qu'ils étaient en train de dépasser les limites du petit rappeur.
« — Ouais, ça me regarde. T'es amoureux d'elle ou quoi ?
— Et si c'était le cas ? Cracha celui aux cheveux désormais noirs, se levant de l'endroit il était assit. »
Un petit grognement de malaise l'arrêta dans ses mouvements et il lança un regard en coin à la jeune femme qui venait de l'interrompre, comme si elle avait su, dans l'inconscience de son sommeil, qu'il s'apprêtait à faire une grossière erreur en enfonçant son poing dans la belle gueule de Park Jimin.
Les deux garçons se defièrent du regard, sous ceux inquiets de leurs amis, avant que Yoongi ne soupire, calmant la rage au fond de lui, se rasseyant confortablement cette fois, buvant une gorge de sa bière, en appréciant le goût amère. Comme le goût qu'il avait eu, lorsque Jimin leur avait avoué. Lorsqu'il avait avoué qu'il avait tué leur ami.
Yoongi ne s'y ferait sûrement jamais. Et il était le dernier à ne pas pardonner à Jimin son erreur, son égoïsme. Mais il n'avait jamais rien dit, parce qu'il n'avait jamais rencontrer les clients de Jimin, parce qu'aucun d'eux ne ressemblaient à Xia. Parce qu'aucun d'eux ne lui rappelaient Jungkook comme elle le faisait.
Et oui, peut-être qu'il ne faisait pas ça seulement pour alléger sa conscience. Peut-être que son cœur, lui, s'était alourdi.
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y'a pas longtemps j'écoutais why'd you only call me when you're high de artic monkeys et ça m'a fait penser à cette fiction, du coup voilà :) ChaeRin567
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