𝐭𝐞𝐧
(le chapitre le plus long que j'ai jamais écrit!)
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- Tu es en train de me dire que tu as perdu Yeeun?
La voix froide de son grand-père paralysa Shin sur place, glaciale et menaçante. Son tique nerveux apparut et elle mordit doucement sa lèvre, enroulant son doigt autour du câble tortillé du vieux téléphone fixe poussiéreux que ses parents avaient laissé après leurs morts. C'était le seul moyen qu'elle avait de contacté son grand-père au Japon.
Le chef de la famille Ryu soupira, dans sa grande ville au bord d'Osaka, laissant tomber sa main à plat contre le bureau en bois de cerisier. Genryusai Ryu sentit un mal de crâne soudainement l'attaquer, une angoisse certaine prendre son ventre alors même qu'il prenait conscience de la situation enière. La ligne que Shin venait d'utiliser pour l'informer de la disparition de Yeeun était spécifiquement prévue à cet effet : en cas d'urgence, elle n'avait qu'à décrocher le combiné du téléphone et ils seraient mit en communication.
Shin n'avait jamais utilisé cette ligne, jamais en presque 26 ans d'existence. Si elle l'appelait pour cela, il avait tout de suite su, lorsque le téléphone avait sonné, que quelque chose était arrivé.
La jeune chasseuse s'était bien gardé de lui raconter tout les détails de l'histoire, à commencer par sa morsure et les conséquences qui en découlerait. Son grand-père était un vieux de la vieille, après tout, leur famille était encore la seule à utiliser des armes blanches comme les katanas pour se battre, à contrario des autres qui se servaient déjà des armes à feu. S'il apprenait que sa petite fille travaillait désormais main dans la main avec leurs proies, elle ne donnait pas chair de sa peau et encore moins de celles des vampires.
Elle fit abstraction de ses pensées angoissées et se racla la gorge, encore plus nerveuse maintenant qu'elle avait entendu cette voix froide qu'elle ne connaissait que trop bien.
- Il y a autre chose, dit sa petite fille à l'autre bout du fil d'une voix timide.
Genryusai fronça ses sourcils broussailleux, passant une main dans sa longue barbe blanche. Son kimono d'un gris argenté brilla sous les rayons du soleil qui passaient à travers la baie vitrée face à son bureau et, l'un de ses gardes du corps frissonna devant le charisme que dégageait le vieil homme au crâne chauve. Il n'avait pourtant pas besoin de faire grand chose pour placer sa supériorité, Genryusai était un chasseur à la réputation déjà toute faite.
Le chef de la famille de chasseur avait toujours été proche de ses enfants et de ses petits-enfants, Shin était l'exception.
Elle avait toujours été spéciale, elle et son caractère froid, ses sauts d'humeur. Pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, leur relation avait toujours été distante et cela avait empiré après l'incident qui avait coûté beaucoup trop à trop de gens.
Pourtant, Genryusai mentirait s'il disait que Shin n'était pas une des meilleures chasseuses qu'il n'ai jamais vu. Et il en avait vu pendant sa longue vie.
- C'est Taeyong.
Derrière la chasseuse, Kun inspira un grand coup, ignorant le regard que Lucas lui jeta. Les deux vampires entendaient distinctement que le sang de Shin battait dans ses veines et que le rythme de son cœur s'était accéléré soudainement, dès que le vieil homme avait répondu. De leur ouïe fine, ils avaient écouté la discussion entre les deux chasseurs depuis qu'elle l'avait coupé dans ses salutations hypocrites pour lui dire que Yeeun avait soudainement disparue la nuit dernière alors que sa sœur aînée surveillait les abords du village qu'on lui avait confié. Shin avait préféré exposer son incompétence plutôt que de dénoncer Ten et son clan.
Et il ne fallait pas être devin pour comprendre que leur relation n'était pas des plus fusionnelles.
- Taeyong? Il est en Europe, ta tante le surveille en ce moment même.
- Grand-père, avec tout le respect que je vous dois, je ne me trompe pas.
- Tu insinues que Yuna ne fait pas son travail correctement?
La voix de son grand-père gronda dans son oreille et Shin avala lentement sa salive, fermant intensément les yeux. Comme pour faire disparaître cet embarras qu'elle ressentait à chaque fois que la voix de Genryusai apparaissait.
Elle se souvenait encore de toutes ces fois où il était venu du Japon pour observer son entraînement. Il observait pendant des heures la jeune fille se battre contre Ten, il ne disait rien et disparaissait sans même lui adresser la parole. Jamais il n'avait eu aucun mot pour elle, pas même lors des réunions de famille pour Noël où il noyait ses cousins et cousines sous les compliments.
Même Yeeun y avait droit, mais jamais elle.
Dans son dos, Kun fit un pas en avant, faisant craquer une des planches de la pièce et la jeune femme se tourna, s'asseyant nerveusement sur le bureau sur lequel le combiné était posé. Ses yeux rencontrèrent ceux du garçon, sans savoir pourquoi, elle sentit son angoisse se calmer et inspira.
- Je n'insinue rien, j'expose les faits. Nous savons tout les deux que Yeeun est la clé des agissements de Taeyong, et mon registre de ses déplacements a disparu.
- Comment oses-tu mettre en doute le travail de ta tante alors que toi-même tu n'es pas capable de garder un simple carnet?!
Encore une fois, la voix de Genryusai se fit tonnante et, cette fois, il frappa avec rage le bois de son bureau. Il s'était retenu de lui pointer son incompétence du doigt : ce n'était en aucun cas sa faute, Shin faisait ce qu'on lui demandait et c'était Genryusai lui-même qui lui avait donné une aussi grande zone à surveiller. Mais ce carnet était si précieux pour la famille Ryu!
Cette petite idiote!
- Votre petite-fille fait un travail incroyable dont vous ignorez tout, alors ne la croyez pas si vous voulez, mais si par votre faute Yeeun disparaît et Shin avait raison, c'est vous qui aurez mal fait votre travail.
Genryusai ne reconnaissait pas cette voix d'homme grave, et l'intervention de cette personne inconnue lui fit froncer les sourcils. Pendant un instant, toute sa colère contre sa petite fille, muée à l'angoisse de la disparition de Yeeun disparue instantanément lorsque cet homme lui raccrocha au nez d'un coup.
Bouchée bée, Genryusai observa le combiné avec effarement avant de reprendre ses esprits et de faire signe à son garde du corps de s'approcher, son visage fermé et ses dents serrées.
Shin, les yeux écarquillés, ne pût même pas esquisser le moindre mouvement pour empêcher Kun de lui retirer le téléphone des mains et de parler. Son ton était froid et ferme, presque arrogant, pourtant il savait très bien à qui il s'adressait. La famille Ryu n'était pas inconnue aux vampires. C'était une des familles de chasseurs les plus prestigieuses qui soit, et pourtant, lorsque Kun avait vu l'expression blessée de Shin et entendu les paroles du vieil homme derrière son téléphone, il avait instantanément réagit.
Il était sûr que certaines répercussions allaient lui tomber sur la tête si Genryusai apprenait son identité, on ne parlait pas à un chef de famille de sa trempe sans rien risquer.
Pourtant, Kun s'en fichait à ce moment précis.
Face à Shin, il se sentit mieux lorsqu'il vit le soulagement présent sur le visage de la jeune femme lorsqu'il raccrocha ce foutu téléphone. Il n'en savait rien, mais il se doutait que Genryusai faisait parti des nombreux traumatismes de la jeune femme. Leurs cuisses se touchaient tout comme leurs torses, tant Kun était proche lorsqu'il fit taire le vieil homme. Son souffle court se mélangea à celui de la chasseuse et, un instant leurs yeux se perdirent dans ceux de l'autre. Le temps s'arrêta soudainement et Kun se sentit spécial dans les yeux de la chasseuse. Il était mort, et c'était ironique pour lui de se sentir vivant pour la première fois depuis tout ce temps maintenant qu'il était lié à une chasseuse. L'ironie de la situation n'enlevait en rien le fait qu'il se sentait de plus en plus tomber sous le charme de cette femme, et pourtant, dans un coin de sa tête, il doutait que tout ceci soit de son propre chef.
Sa morsure et leurs sangs qui s'étaient malencontreusement lié devait avoir quelque chose à voir avec leur soudain rapprochement.
Sans savoir pourquoi, il posa une main sur la taille de la femme et, sa bouche s'ouvrît doucement :
- Faut qu'on y aille, l'aube arrive.
Yangyang s'arrêta dans son mouvement, en plein milieu de l'embrasure de la porte alors que Lucas se tournait vers lui, le regard noir du grand vampire le paralysant sur place tandis que Kun s'éloignait rapidement de Shin, et s'il était encore humain, il aurait parié que ses joues seraient aussi rouges que celles de la jeune femme.
Malgré cela, le plus âgé se tourna vers Yangyang, son visage fermé de toute expression, alors qu'il le rejoint près de la porte.
- Ouais, allons-y.
Sans attendre une quelconque réponse, il sortit de la pièce, dépassant Yangyang qui lui en profita pour entrer dans le laboratoire dont la tension presque sexuelle que Lucas avait subit pendant ces courtes minutes entre Shin et Kun était rapidement retombée, perplexe, avant de se tourner vers Shin et de froncer les sourcils, la voyant les yeux fixés au sol, l'air perdu et la main posée sur son cœur.
- J'ai fais quelque chose de mal?
- Sérieux Yangyang... souffla Lucas, roulant ses yeux au ciel.
Lui, avait été bien spectateur de la scène, et même si Lucas avait vu un bon nombre de film à l'eau de rose lorsqu'il était encore humain, quelques semaines auparavant, il n'avait encore jamais vu une connexion aussi forte entre deux personnes. Quelque chose entre la jeune femme et le plus âgé se perdait dans leurs yeux lorsqu'ils se regardaient, quelque chose que Lucas n'avait pas encore connu. C'était comme si chacun des deux apportaient un souffle froid à l'autre, leur permettant de respirer sous l'eau qui les noyait.
C'étant invraisemblable pourtant, une chasseuse et un vampire, mais il en était témoin. Kun faisait de l'effet à Shin, tout le monde pouvait voir ça et c'était totalement réciproque. Mais quelque chose s'était passé pour que Kun l'ignore ainsi et s'enfuit. Son ami n'était pas du genre à faire ça, au contraire, alors Lucas fronça ses sourcils.
- Lucas, aide moi à préparer mon sac. On arrive Yangyang.
Le dernier ne demanda pas son reste, il se dépêcha de sortir de la maison où Shin l'avait invité à entrer malgré le pentagram, s'y sentant comme mal à l'aise pour une raison qu'il ignorait. Lucas, lui, attrapa le sac en cuir au pied de la chasseuse avant de se relever, le posant sur le bureau.
Un instant, les deux s'échangèrent un regard que Shin ignora rapidement, gênée en se rendant soudainement compte que le jeune vampire avait assisté à toute la scène. Les doigts encore tremblants de ce qu'elle avait ressenti, entre désir, peur et affection cachée, elle attrapa ce qui semblait être un poignard à la lame étrangement courbée.
- Faut vraiment que vous parliez. De ce que t'as lu aussi.
Ses paroles la firent relever brusquement la tête, tandis que ses doigts se resserraient sur le poignard en argent béni. Le froid de l'arme blanche la fit étrangement revenir sur terre un instant alors qu'elle se perdait dans ses pensées, attrapant une petit flacon d'argent liquide.
Ils se regardèrentt à nouveau et Shin détourna encore une fois le regard, le posant sur les livres qu'elle voulait absolument emmener.
Alors il avait lu...
Et son regard se fit soudainement triste sous les yeux sévères de Lucas.
𝐟𝐮𝐥𝐥 𝐦𝐨𝐨𝐧
La planque des vampires de Ten étaient bien dissimulées dans le creux de la falaise, entre les vieux pins sombres et les buissons fleuris. Elle était faite de telle sorte que seuls des vampires pouvaient y entrer : le seul moyen d'y accéder était par un passage sous terre qu'on n'ouvrait à partir d'une petite grotte humide qui débouchait sur la planque, une caverne dans la falaise où le bruit des vagues qui frappait celle-ci se répercutaient dans l'ensemble. Il fallait prouver qu'on était un vampire et, la seule manière était d'y faire couler quelques gouttes du sang qui leur restait entre les veines.
C'était Kun qui s'y était collé. En tête du groupe depuis qu'ils étaient partis de la maison de Shin dans un silence pesant, le plus âgé n'avait pas prononcé un mot et, son visage était aussi silencieux que sa voix, même lorsque Shin promenait ses yeux dessus pour essayer d'y déceler quelque chose, ne serait-ce qu'un signe de dégoût de colère.
La pierre en face d'eux gronda et, comme si elle n'était formée que d'un gros bloc de pierre en forme de cercle, la porte roula sur le côté en faisant trembler les murs autour d'eux. Légèrement déstabilisée sur ses appuis, la semelle de ses bottines glissant sur le sol rocheux, la chasseuse se rattrapa au bras de Lucas qui avait été à côté d'elle depuis leur départ.
Le grand vampire blond à la peau mate lui adressa doucement un sourire rassurant et sa grande main froide sur la sienne
- Allons-y.
Yangyang suivit les pas de Kun avec un certain entrain, content de rentrer dans la planque. Elle était beaucoup plus accueillante que leur cave souterraine ; des lumières étaient accrochés au plafond formé par la roche et, lorsque les quatre compères entrèrent, Shin fut surprise d'y voir plusieurs canapés et coussins, placés dans un coin, derrière une immense table vide, rendant la planque de Ten aussi chaleureuse qu'un cocon.
La caverne était immense et elle ne savait pas vraiment où regarder, pourtant, les vampires et les loups étaient assis dans un silence affreusement pesant qu'elle ne remarqua, trop obnubilée par une seule pensée : Yeeun.
Avec un enthousiasme qu'elle ne cachait même pas, elle qui d'ordinaire semblait si froide, Shin se défit du bras de Lucas, dépassant Yangyang et Kun qui s'avançaient calmement vers les autres. Le cœur battant d'excitation dans sa poitrine, ses yeux bruns se promenèrent dans la caverne, tandis qu'à chaque fois qu'elle se tournait d'un côté puis de l'autre, ses longs cheveux d'un blond cendré d'envolaient derrière elle, ignorant les regards de Jaemin et Jeno sur elle, ceux des autres vampires et de Ten.
Ses yeux la cherchèrent mais plus elle observait les visages tristes et coupables des autres êtres présents dans la caverne, plus son cœur battait lentement et son ventre se tordit, pourtant elle ne voulut pas y croire.
Où était Yeeun?
Cherchant sa réponse, Shin s'avança vers Ten et le regarda avec espoir. Peut-être qu'il l'avait laissé se reposer dans une des autres crevasses de la caverne, elle devait peut être épuisée par tout ce cirque.
- Shin...
Assit sur la table, les pieds posés sur une des chaises en bois, Ten déglutit difficilement, sa gorge sèche et sa tête remplie de penses contradictoires, sa voix moins assurée qu'elle ne l'avait jamais été.
Depuis que les groupes de loups et de vampires étaient rentrés de leurs recherches, aucun d'eux n'avaient échangé une seule parole. Même Johnny, adossé dans un coin contre la paroi froide de la caverne n'avait lancé aucune pique dans l'air.
Ten se sentait minable. Les yeux plongés dans ceux illuminés d'espoir de Shin, il se sentait pitoyable. Encore une fois, ce serait à lui de lui annoncer une mauvaise nouvelle, encore une fois c'était devant ses yeux qu'il verrait ceux de Shin se remplir de tristesse. Son être entier se sentait vide de toute sorte, il ne sentait plus rien de concret. Il voulait les protéger, toutes les deux, il avait cette mission, au fond de ses tripes, son instinct lui grondait de s'enfuir mais il ne bougea pas. Il se l'était juré et voilà où il en était. Il n'en était même pas capable.
En retrait, sentant la situation se tendre de multiples sentiments, entre la culpabilité et la tristesse, Jaemin fit un pas protecteur vers la chasseuse qu'il avait toujours apprécié plus que de raison, au grand désarrois de Johnny. Il voulut directement la rejoindre, la prendre dans ses bras pour lui montrer qu'il était là et l'aimait, lui, qu'il ne l'abandonnerait jamais et ne la décevrait d'aucune sorte.
Mais le jeune loup en fut incapable lorsque Ten parla :
- C'était trop tard. On a mit trop de temps.
- Qu'est-ce que tu racontes?
La jeune femme aux cheveux cendrés ricana doucement, comme si elle devenait folle. Le gros sac en cuir qu'elle portait depuis qu'ils avaient quittés sa maison tomba au sol lorsqu'elle le lâcha, perdant toute envie de l'avoir dans son dos. Ses épaules étaient déjà bien assez lourdes, entre la disparition de Yeeun, l'arrivée de Taeyong, son appel avec Genryusai et ce qu'elle ressentait avec Kun. Elle souriait toujours, comme une grimace horrible, malgré les larmes qui attrapèrent ses yeux. Sa gorge se serra comme si un poids sortit de nulle part appuyait de tout son saoul sur la petite gorge fine.
Rapidement, elle attrapa le col de la chemise noire de Ten et le tira vers lui avec rage, les phalanges de ses doigts blanchissant sous la force.
Le vampire se fit secouer mais il ne réagit pas, les bras ballants, le cœur serré. Ou du moins, ce qu'il en restait.
- Qu'est-ce que tu dis?!
- Elle est en train les mains de Taeyong, Shin.
- Tu mens!
Cette fois, elle ne riait plus comme une détraquée et ses larmes coulaient le long de ses joues, à une vitesse que Ten n'avait jamais observé chez une personne. Les larmes salées de rage coulaient le long de ses joues, créant des sillons dans son cou, l'eau froide de ses yeux noyant les cicatrices de la morsure de Kun, d'un torrent de colère et de tristesse.
C'était douloureux pour elle, pour lui, pour tous. Elle était blessée, perdue, triste. Elle venait de perdre la chose qui comptait le plus pour elle. Et dans le silence morbide de la caverne, seuls ses hurlements douloureux résonnèrent :
- C'est de ta faute Ten! Tout est de ta faute! C'est à cause de toi que j'ai perdu Yeeun! Si tu n'avais pas voulu jouer à Dieu en essayant de me la prendre on ne serait pas dans cette merde incroyable! C'est de ta faute si Kun et moi on va mourir!
Cette fois, elle hurla de tout son cœur, et même son souffle se bloqua dans sa poitrine, comme si sa colère créait un barrage à sa respiration. La dernière phrase finit d'achever Ten et le thaïlandais détourna son regard peiné de celui inondé de la chasseuse.
Ce qui le tua douloureusement, c'était qu'elle avait raison sur toute la ligne.
S'il n'avait pas été égoïste, poussé par son dessein personnel de récupérer Yeeun, il n'aurait pas fait tout ça. Il n'aurait pas utilisé Kun pour distraire Shin et elle ne se serait pas fait mordre, il ne serait pas rentré dans cette maison maudite et n'aurait rien dit à Yeeun, la jeune femme serait resté dans la maison, à l'abris de Taeyong. Et s'il n'avait pas été blessé, des siècles auparavant, aucun d'eux ne seraient présents.
Aucun des jeunes gens autour de lui n'auraient été des vampires. Aucun n'auraient risqué une deuxième mort en se fourrant dans cette histoire.
Les mains de Shin se firent soudainement arrachées du col de Ten lorsque des bras entourèrent sa taille, doucement, tendrement, et la tirèrent en arrière. Ses sanglots se firent soudainement plus forts alors que les mains fortes du garçon la firent se tourner et qu'il la plaqua contre son torse anormalement chaud pour elle. Avec le désespoir d'une enfant qui venait de tout perdre, elle s'accrocha au t-shirt noir qu'il portait. Naturellement, l'une de ses mains se plaqua contre ses cheveux cendrés, les emmêlant entre ses doigts, obligeant la jeune femme détruite à enfouir son visage contre son torse.
Les sanglots de Shin se firent étouffer par le torse de Kun alors qu'il posait son autre main sous ses cuisses galbées par son épaisse combinaison en cuir de chasseuse, y passant son avant bras, la soulevant contre lui comme si elle ne pesait rien du tout.
Recroquevillée contre lui, Shin se sentit flotter légèrement, ses larmes froides coulant contre la clavicule dénudée du garçon alors qu'elle tirait avec force sur son t-shirt, essayant tant bien que mal de se calmer, sentant l'odeur musquée et froide du vampire contre elle.
Il avait été si froid avec elle après leur départ de la maison, pourquoi la gardait-il contre lui?
Kun ne le savait pas lui-même. Il avait agit sans réfléchir, encore une fois, mais il s'était senti si impuissant contre la souffrance de la femme à qui il était lié, qu'il avait voulu que tout cela cesse, ignorant ses dernières paroles sur leurs possibles morts. Pourtant, son regarda changea férocement de couleur et ses yeux blancs comme des perles immaculées foudroyèrent Ten.
La tension monta d'un grand dans la caverne et, alors que les vampires aux yeux cyans faisaient un pas vers leur chef, sentant un danger contre Ten, les loups-garous reculèrent, sauf Jaemin qui observait la scène d'un mauvais œil, son cœur se serrant alors qu'il voyait Shin dans les bras forts du vampire blond aux yeux blancs, sa main plaquée contre ses cheveux, l'autre la gardant dans ses bras, les deux jambes de la chasseuse d'un côté de son flanc.
- Tu parles comme si on l'avait perdu, grogna le vampire.
Kun savait pertinemment que montrer les crocs ainsi contre Ten était presque du suicide. Le thaïlandais était un chef de clan, faire cela revenait à mettre son autorité en doute. Surtout qu'ils n'étaient pas du même sang, leurs yeux étaient différents et Kun serait considéré comme un ennemi plus rapidement qu'un autre aux yeux cyan. S'ils se battaient, Kun serait chassé et mettrait Lucas en danger, lui qui avait aussi des yeux différents.
Pourtant, actuellement, Kun ne voyait pas un chef de clan vampire, il ne voyait qu'un mauviette qui avait baissé les bras.
- Taeyong l'a emmené. Et? On peut très bien la lui reprendre. Ne parle pas à sa sœur comme si elle était déjà morte.
Ten observa Kun. Il observa le visage sévèrement fermé du vampire en face de lui, se demandant s'il était inconscient. Sa prise de position face au chef de son clan méritait une correction, mais Ten se ressaisit : il n'avait jamais vu Kun prendre position ainsi, et le thaïlandais s'adoucit, comprenant finalement ce qui liait le vampire et sa chasseuse. Il ne réagit pas avant que ses propres yeux s'illuminent d'un bleu cyan. Il avait plusieurs questions à leur poser à tout deux, pourquoi avaient-ils l'air soudainement si proches? Que voulait dire Shin en disant qu'ils allaient tout les deux mourir?
Et pourquoi avait-il eu un moment de vide ainsi? Kun avait raison. Et Ten était un faiblard froussard, il devait l'avouer.
Mais la perspective de mettre tout le clan et surtout Shin en danger ne lui plaisait pas.
- Si ce n'est pas Taeyong qui te tue lorsque tu essaiera de récupérer Yeeun, c'est elle qui te tuera si tu ne fais rien.
La voix de Kun était glaciale, comme si Ten avait en face de lui un loup qui protégeait sa meute. Et, lorsque ses yeux d'un cyan clair se posèrent sur le corps désormais calme de Shin qui s'était endormie d'épuisement et de colère, dans les bras de Kun, comme si sa vie en dépendait et qu'elle avait trouvé le seul endroit paisible qu'elle connaissait, le thaïlandais sauta de la table et se tourna vers les autres :
- Il a raison. Et je n'ai vraiment pas envie de mourir de la main de Shin.
𝐟𝐮𝐥𝐥 𝐦𝐨𝐨𝐧
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