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𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞

Le silence de la chambre d'hôpital semblait renforcée encore plus l'ambiance distante qu'était instaurée par les murs d'un blanc agaçant. Plongée dans l'obscurité, Yerin gardait ses yeux plantés sur son grand-père, couché dans ce lit d'hôpital, endormi, des fils en plastique dans osn nez lui permettant de respirer un peu mieux. Seuls les légers tressauts sonores de la machine à sa gauche, entre deux perfusions de poche remplie de liquide transparent, mettaient un terme à la quiétude de la pièce.

Assise dans un fauteuil qu'elle aurait normalement qualifié de confortable si elle n'y était pas assise en attendant que son grand-père se réveille, Yerin grelottait. Pourtant, elle savait pertinemment que les radiateurs de la chambre étaient poussés sur une température convenable, heureusement pour elle, elle s'était emmitouflée dans la doudoune blanche que Xukun lui avait donné alors qu'elle s'apprêtait à s'engouffrer dans les longs couloirs de cet hôpital de malheur.

Yerin avait bien vu son regard protecteur sur elle, et ce simple souvenir lui réchauffa tendrement le cœur.

En quelques temps à peine, le garçon s'était plus soucié d'elle que son propre père. Il avait découvert une des pires choses qu'elle cachait aux yeux de tous, et pour une raison qu'elle ignorait encore, ça ne l'angoissait pas au point de ne plus rien vouloir à faire avec ce garçon chinois un peu trop curieux. Il était attachant, elle ne pouvait pas le nier : il dégageait une aura rassurante qui la mettait à l'aise, même après toutes les promesses qu'elle s'était faite de ne plus faire confiance à personne. Pourtant, lui, semblait être différent.

Lentement, elle pouffa, amenant sa main à son front avec frustration. Elle se croyait dans un drama pour croire que comme par hasard un garçon s'intéressait à elle et semblait différent? Non, il fallait qu'elle reste réaliste, elle avait déjà assez vu ça dans les films et la réalité pour savoir comme ça se finirait. Au bout d'un moment, l'un des deux finiraient par décevoir l'autre, et Yerin n'avait vraiment pas le temps pour ça. Xukun en pouvait décidément pas s'intéresse à elle comme ça, mystérieusement, d'un coup. Il devait avoir une raison cachée et la jeune femme se mordit la lèvre.

Ça y est, elle recommençait à douter d'elle-même et des personnes qui tentaient désespérément de l'aider.

Sous la manche de la grosse doudoune blanche qui devait porté l'odeur de Xukun, la jeune femme caressa son avant-bras où les marques gonflées créaient des sillons boursouflés sur sa peau auparavant nette. Du bout de son autre index, elle en retraça quelques unes, se souvenant de la raison de l'existence de chacune.

Ryosuke et Miho avaient essayé, eux aussi, d'en savoir plus, de comprendre. ils n'étaient pas méchants, Yerin le savait, et elle les portait dans son cœur. Mais ils étaient tout aussi meurtris qu'elle, si ce n'était plus. Pourtant, encore une fois, elle s'était éloigné d'eux, avait fait l'école buissonnière pour qu'elle ne les fasse pas souffrir.

Elle avait trop de raison de les faire souffrir. Qu'est-ce que les autres devaient pensés d'eux lorsqu'ils les voyaient avec la pire élève du lycée Han? La réputation de Yerin était aussi minable que celle de ce foutu hôpital qui lui avait tant coûté était prestigieuse. On la pointait du doigt lorsqu'on la voyait dans les couloirs du lycée Han, on pointait sûrement du doigt son grand-père, pourtant, il ne l'avait jamais abandonné. Au contraire de son père, lui, avait fait face. Il s'était démené pour obtenir la garde de Yerin, pour trouver un appartement plus grand, dans lequel la jeune femme pourrait avoir une grande chambre.

Et voilà où il en était.

À force de vouloir la défendre, de se battre becs et ongles pour son bien être, il avait été foudroyé d'une crise cardiaque.

Yerin n'était sûrement pas une bonne personne.

Les larmes aux yeux, la jeune femme renifla bruyamment, observa les traits paisibles de son cher grand-père, endormi entre les draps propres de sa chambre, la légère lumière des lampadaires à l'extérieur de l'hôpital étant la seule lumière qui éclairait la chambre.

Jusqu'à ce que la porte s'ouvre lentement sur le couloir allumé, créant un sillon de lumière dans la chambre qui obligea Yerin à plisser les yeux, obligeant ses larmes à s'échapper de ses yeux et à couler le long de son visage fin. Devant s'habituer à cette lumière, Yerin cligna plusieurs fois des yeux avant de distinguer la silhouette d'une femme qui devait avoir la cinquantaine, les mains rentrées dans les poches de sa blouse blanche.

Par réflexe, la jeune femme se redressa dans son fauteuil, souriant tristement à ce qui semblait être un docteur qui devait être venu pour son grand-père.

- Il dort encore, chuchota-t-elle.
- Je vois ça, mais ce n'est pas pour lui que je suis venu ici, il est entre de bonnes mains avec les infirmières, sourit doucement la femme.

Elle s'approcha tendrement de Yerin, et la jeune femme se sentit rassurée par cette aura de mère qu'elle dégageait. Elle devait sûrement avoir des enfants et s'en occuper à la perfection. Yerin en était presque jalouse.

De sa grande poche, la femme au chignon strict sortir une bouteille de lait à la fraise et la tendit vers la jeune femme, un petit sourire aimable sur ses lèvres.

C'est à ce moment que Yerin revint à la réalité, détournant ses yeux de ce visage aimant qui lui inspirait un peu trop confiance. Son visage se ferma sévèrement et, Lieiming sourit, amusée, en se rappelant des mots de son fils aîné. Oui, il avait raison, cette petite avait l'air d'avoir un caractère de cochon.

- Si c'est mon père qui vous envoie, c'est pas la peine. Il ferait mieux de venir lui-même pour être au chevet de son père.
- Oh, non, ce n'est pas ton père qui m'envoie, loin de là.

La femme à la blouse blanche attrapa le deuxième fauteuil dans la pièce, le tirant en douceur pour qu'il ne fasse aucun bruit et ne dérange monsieur Yoon dans son profond sommeil. Avec délicatesse, elle s'y assit, croisant ses longues jambes pour être plus à l'aise alors que Yerin se ratatinait dans son fauteuil, serrant la doudoune blanche de Xukun contre elle, comme si elle avait été un bouclier capable de repousser le pire dragon du monde.

Attendrie, Lieiming sourit.

- J'ai acheté cette doudoune à Xukun pour ses vacances au ski l'année dernière, il ne l'a jamais mise. Je pensais qu'il allait la jeter, mais apparemment il lui a trouvé une meilleure utilité.

En entendant les paroles douces de Lieiming, qui retranscrivaient le souvenir heureux qu'elle en gardait, Yerin se détendit, tournant son visage vers elle en comprenant rapidement qu'elle avait en face d'elle la mère de Cai Xukun. Légèrement gênée, Yerin déglutit, pendant dans sa main tremblante la petite bouteille de lait à la fraise de la femme plus âgée lui tendait doucement, comme si elle tendait une brindille d'herbe à un faon apeuré.

Avec calme, Lieiming plongea ses yeux sur la silhouette du grand-père de Yerin tandis que la plus jeune plantait la petite paille en plastique dans l'endroit prévu à cet effet.

- Xukun va arriver, il a dit que tu n'avais pas mangé alors il est parti vous cherchez quelque chose à manger. La cuisine de l'hôpital n'est pas fameuse, rigola Lieiming, il t'attend dans le réfectoire. Prends ton temps, ton grand-père doit être heureux de savoir que tu es là.

Yerin avala une gorgée du lait sucré, en appréciant la douceur légère sur son palais, et, les mots de la mère de Xukun la touchèrent plus qu'ils n'auraient dû, parce que pour la première fois depuis longtemps, elle sentit qu'elle avait le droit enfin de pleurer et de se montrer faible. Alors, baissant honteusement la tête, Yerin laissa ses larmes couler le long de ses joues, bloquant sa jolie bouche de sa fine main.

Avec une tendresse de mère, Lieiming posa une main sur le crâne de la jeune fille à côté d'elle alors qu'elle se levait pour la laisser un peu seule, souriant doucement, attendrie par son fils qui devait prendre l'état de sa camarade beaucoup trop à cœur.

𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞

Assit derrière l'une des tables en bois peint dans une couleur crème apaisante, Xukun pianotait avec concentration sur son téléphone, la casquette sur son crâne assombrissant le haut de son visage. Sa mère était parti rejoindre Yerin dans la chambre où son professeur de physique devait se remettre de sa crise cardiaque, aussitôt, il était sorti de l'hôpital pour rentrer chez lui, se changeant rapidement. Hésitant, il avait prit un gros sac de sport pour y fourrer plusieurs de ses vêtements qui ne lui allaient plus, trop petits, supposant que Yerin aimerait peut-être se changer, elle portait toujours l'uniforme du lycée Han après tout.

En allant dans la cuisine, il avait attrapé deux tupperware, les remplissant de nouilles sautées au poulet qu'il savait pouvoir réchauffer dans le réfectoire de l'hôpital Yoon Saerin, ils avaient mit un micro-onde à disposition du personnel et des patients.

Désormais changé dans un jeans noir, un t-shirt blanc et sa casquette vissait sur ses cheveux sombres, Xukun attendait que Yerin daigne venir le rejoindre pour avaler quelque chose. Le soleil s'était déjà levé depuis un bon moment, et il remercia le ciel d'avoir une mère aussi compréhensive. Elle avait prit la peine d'écouter son fils lui racontait combien Yerin était seule, et Lieiming n'avait pas hésité à appeler le lycée Han pour les prévenir de l'absence des deux jeunes en cours.

Ce n'était sûrement pas à la mère de Xukun de faire cela pour Yerin, mais après voir entendu la discussion de sa camarade avec ce qu'il supposait être son père, il en avait rapidement conclu que leur relation ne devait pas être aux beaux fixes.

Grognant légèrement lorsque le petit personnage habillé d'une salopette rouge tomba du champignon sur lequel Xukun avait eu tant de mal à le faire tenir, tomba, le garçon décida qu'il avait assez joué. Ses yeux le piquaient légèrement, il n'avait pas dormi de la nuit et se sentait de plus en plus fatigué. Posant son front contre le bois frais de la table, Xukun inspira doucement.

Il aurait bien aimé rentré chez lui et se laisser tomber sur son lit, mais il ne pouvait vraiment pas laisser Yerin seule. Pas après ce qu'il avait vu sur ses bras. Il se souvenait encore du touché rugueux de la peau mal cicatrisée de ses bras, les boursouflures laissées par ses cicatrices créant de petites montagnes sur son bras. En y repensant, il se demanda s'il avait réellement fait le meilleur choix en décidant seul qu'il allait aider cette jeune femme.Il n'était peut-être pas le mieux placer pour cela, il ne comprenait pas bien ce qu'elle pouvait ressentir en passant une lame tranchante sur son bras, mais peut-être qu'elle se sentait libérée?

Mais il y avait tellement d'autre moyen de se sentir libre de tout poids. Et Xukun avait bien vu combien elle avait l'air sereine lorsqu'elle était au café : elle avait ce petit sourire sur ses lèvres lorsque Kuro s'asseyait devant sa caisse pour quémander des caresses.

- Il dort...?

S'il ne s'était pas retenu, ses yeux écarquillés de surprise, Xukun se serait rapidement redressé en entendant la voix tremblante de Yerin. Elle chuchotait sûrement pour ne pas le réveiller, et sa voix était légèrement cassée, signe qu'elle avait dû pleurer. Tel l'imbécile fini qu'il était, Xukun sourit doucement en se disant qu'elle était quand même venue.

Il en avait douté ; après tout ils ne se connaissaient pas plus que cela, et peut-être que Yerin avait pu envoyer bouler sa mère. Mais au fond, il avait espéré qu'elle fasse le premier pas : ça lui montrait qu'elle avait envie d'être un peu choyée et ça, Xukun préféra ne penser qu'à ça.

Il entendit distinctement les pieds de la chaise grincer timidement alors qu'elle la tirait doucement en arrière pour essayer de ne pas le réveiller et le garçon se retint de ricaner. Elle était adorable.

Hésitante, Yerin pinça ses lèvres en voyant les deux conteneurs en plastique posés dans un sachet sur la table. Elle en sortit un avec délicatesse, essayant de faire le moins de bruit possible. Il devait être fatigué s'il l'avait attendu ainsi tout ce temps, il était déjà presque huit heures et Yerin souffla doucement, se levant pour aller réchauffer le petit plat, serrant contre elle la grosse doudoune qu'elle avait fini par mettre. Elle lui arrivait aux genoux tant elle était plus grande que la taille que Yerin portait, mais au moins, elle lui tenait chaude et cachée à la perfection son uniforme de lycéenne.

Et elle sentait Xukun.

Pendant qu'elle pleurait comme une gamine pourrie gâtée qu'elle était, Yerin se sentait apaisée à chaque fois que le col de la veste chatouillait ses narines, l'odeur forte du garçon la réchauffant sans qu'elle ne sache pourquoi.

Quand Yerin revint rapidement à la table, sortant les baguettes en métal du garçon, elle sourit doucement, appréciant l'odeur épicée de poulet qui se mélangeait à la sauce soja enrobant les fines nouilles. Xukun n'avait pas eu la main légère sur les portions, mais Yerin avait le ventre vide depuis la veille au soir, elle avait vraiment faim. C'est donc avec une impatiente fringale qu'elle attrapa une bonne poignée de nouilles avec ses baguettes, les portant avec gourmandise à sa bouche, les fourrant toutes au fond de sa cavité buccale, en appréciant le goût. Lieiming était décidément une bonne cuisinière, aussi, les joues remplies de son plat, la jeune femme sourit encore plus, retenant les nouilles qui n'avaient pas put tenir dans sa bouche d'une baguette tremblante.

Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu aussi faim. D'ordinaire, elle ne mangeait que très peu et sautait carrément certains repas, au grand désespoir de son grand-père, mais l'envie n'y était vraiment plus.

Yerin mâcha avec délice son repas, soufflant par le nez alors qu'elle mangeait avec joie.

- Eh bah, j'aurais peut-être dû te prendre un deuxième tupperware rien que pour toi.

La jeune femme manqua de s'étouffer alors que la voix moqueuse qu'elle entendit la fit sursauter. Toussant légèrement, rougissante de honte que le garçon l'ai vu mangé comme un porc, elle foudroya Xukun du regard, lui qui s'était redressé discrètement, le visage désormais posé sur son poing, un sourire narquois aux lèvres tandis qu'elle avalait difficilement ce qu'il lui avait ramené.

Et même si elle avait honte qu'il l'ai vu comme ça, le spectacle lui avait fait plaisir. Comme ça, dans sa doudoune blanche qui lui allait bien, les joues pleines, elle avait l'air d'une jeune femme normale et juste heureuse de manger.




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𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞
ChaeRin567

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