𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞

La porte d'entrée s'ouvrît lentement sur le petit couloir déjà chaleureusement de la
maison aux couleurs claires. Xukun fit un pas à l'intérieur, retirant de son index le talon de ses baskets noires, les posant délicatement au sol. Madame Zhoui avait raison : il était déjà tard, la nuit avait gagné le ciel et le jeune homme ne s'était pas rendu compte qu'il était resté aussi longtemps dans le petit café.

Il n'avait pas aperçu la silhouette fine de Yerin, elle devait déjà être partie pour sa livraison ou être tout simplement rentré chez elle. Pourtant, Xukun aurait voulu échanger quelques mots avec elle, lui dire qu'il n'était pas venu pour se moquer.

- Tu es rentré mon chéri?

La voix douce de sa mère le fit sourire alors qu'il entrait dans le salon, son sac encore sur son épaule. Xukun ne remarquait déjà plu la couleur des meubles : il les connaissait depuis son enfance.

- Oui maman.

Il s'inclina doucement, observant la fatigue présente sur les traits de sa mère, sûrement muée par les nombreuses heures de travail qu'elle avait passé devant son microscope. Les nombreux papiers et classeurs qui couvraient la table à manger le confortait dans cette idée qu'elle travaillait trop.

- Je t'ai laissé une assiette dans le microonde. Tu rentres bien tard, et où est passé ton blazer?

Posant son sac sur le fauteuil rouge du salon, Xukun écarquilla les yeux, se rendant soudainement compte qu'il n'avait effectivement plus le blazer rouge de son uniforme scolaire sur lui. Il jura sous cape, manquant de se frapper lorsqu'il se rappela l'avoir laissé sur la table d'examen lorsque madame Zhoui lui avait demandé de s'occuper de Yukino.

Clignant des yeux, le jeune homme avala sa salive avant de rapidement répondre, un faux sourire prenant ses lèvres.

- Je l'ai laissé dans mon casier au lycée. Il a fait chaud aujourd'hui.
- J'espère que tu ne me mens, répondit-elle après un silence. Si quelqu'un t'embête n'hésite pas, le principal a dit-
- Je sais maman, t'en fais pas.

Pour la rassurer doucement, Xukun se pencha vers elle, plus petite que son fils aîné, et ses lèvres touchèrent tendrement le front de sa génitrice. Celle ci soupira doucement de contentement avant qu'un petit sourire serein n'effleure ses lèvres.

Heureusement qu'elle avait Xukun, sinon, elle ne s'en sortirait pas.

𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞

Yerin souffla, les formules de mathématiques devant elle ne voulaient plus rien dire à ses yeux. Elle avait manqué trop de cours, avait laissé tomber. Auparavant, elle adorait ça, les cours.

Maintenant, ce n'était plus qu'une corvée de plus dans sa journée grise.

- Mademoiselle Yoon, le devoir est-il trop compliqué pour que je ne vois pas écrire quoique ce soit?

La pique de son professeur d'algèbre sembla ricocher douloureusement contre elle cependant qu'elle levait les yeux vers les siens. Une minute, ils se jaugèrent du regard et, un rictus affable sortit des lèvres de Yerin.

Rapidement, agacée par l'air étouffant de la classe, elle attrapa sa copie encore blanche de réponses et son sac, se leva et traversa la salle de classe sous les regards de ses camarades. La plupart avaient l'habitude de la voir faire ce genre de choses, ils n'étaient plus surpris, et l'envie ne leur manquait pas de faire pareil.

- Bonne journée, monsieur, grinça-t-elle des dents.

Ses doigts fins dirent glisser la feuille vierge sur le bureau du professeur qui, les sourcils froncés, s'apprêtait déjà à lui hurler dessus. Yerin ne lui en laissa pas le temps : sans un regard en arrière, pas même pour Miho ou Ryosuke, la jeune femme claqua la porte de sa salle de classe.

Elle se retrouva seule dans le couloir du bâtiment des terminales.

Un soupir franchit ses lèvres, soulagés, et tandis que son ventre brûlait l'intérieur de son corps parce qu'elle n'avait rien avalé depuis la veille au midi, Yerin commença à se diriger vers l'une des machines à sucrerie.

Sur son chemin, les élèves qui n'avaient pas cours ne faisaient pas attention à elle : ils étaient en train de discuter sur les bancs extérieurs, d'autre jouaient au foot en se passant la balle en riant, certains lisaient consciencieusement, d'autres encore étaient dans leur coin à écouter de la musique. Au milieu de la cour, un petit groupe attira tout de même son attention.

Kim Noeul, Hwang Hyunjin et le nouveau qu'elle avait vu la veille par deux fois dans des circonstances qu'elle n'appréciait pas, semblaient en grande discussion tout en avançant vers le bâtiment dont Yerin venait de s'enfuir.

D'ordinaire, Yerin n'en aurait eu rien à faire et aurait continué sa route comme si de rien n'était. Mais par un sentiment qu'elle ne s'expliquait pas, elle baissa la tête, ses longs cheveux d'un bleu délavé cachant son visage fin.

Ses doigts serrant la bretelle de son sac, elle traversa les quelques mètres qui la séparait de là précieux machine à délices.

Devant l'automate, elle hésita un instant avant d'enfoncer quelques pièces que son très cher grand père lui avait laissé, posé dans une enveloppe sur sa table de chevet. De son doigt vernis de noir, elle appuya sur les chiffres, faisant tomber une canette de soda et ce qui semblait être un sandwich au poisson.

- T'es sûr que personne ne te l'a volé? 

La voix de Kim Noeul résonna dans le dos de Yerin. Ils ne l'avaient peut être pas encore remarqué, elle ferait mieux de continuer à regarder les quelques articles dans cette vieille machine avant de se retourner.

- Je vous dit que mon, je l'ai simplement laissé chez moi.
- Mouais... Un blazer comme ça ça vaut bien 30,000 yens, le perd pas sinon tu devras le payer de ta poche, souffla Hwang Hyunjin.

Yerin leva un sourcil, son reflet se projetant sur la vitre de la machine silencieuse face à elle.

Le nouveau avait perdu son blazer rouge? Non, il l'avait hier soir et Yukino avait saigné dessus, elle l'avait vu, elle aurait pu en mettre sa main à couper. Ou l'avait-il laissé au café?

Si c'était le cas, il allait devoir repasser au seul endroit où Yerin se sentait bien, isolée des autres élèves du lycée Han et de tout ses problèmes. Non, il ne devait pas, il fallait qu'elle trouve un moyen de l'en empêcher et...

- Excuse moi, t'as besoin d'aide?

Noeul appuya une fois de plus sur l'épaule frêle de Yerin, se demandant si l'élève devant elle avait bientôt fini. La déléguée des terminales B avait rêvé de ce lait à la fraise toute la matinée pendant laquelle elle avait eu cours avec monsieur Yoon, alors Noeul s'impatientait réellement.

Yerin en profita alors pour récupérer ses articles avant de se tourner vers Noeul, son visage fermé faisant froncer ses sourcils à la déléguée.

- Yerin? Ça va?

En entendant le prénom de la jeune femme, Xukun se tourna vers Noeul, et ses yeux croisèrent ceux de Yerin.

Pendant un instant, il fut paralyser par leurs couleurs d'un brun clair qu'il n'avait jamais vu, des paillettes d'or dans ses prunelles vives, l'extérieur de son iris d'un brun tirant vers le jaune clair. On aurait dit des yeux de chat et, Xukun aurait pu les admirer, déceler chaque petite nuance colorée qu'il n'avait pas vu pendant encore des heures et des heures.

Mais la jeune femme en décida autrement et Yerin se tourna rapidement, s'enfuyant presque loin des trois lycéens qui sombrèrent dans un silence morne.

Noeul, qui observa Yerin passer le portail du lycée pour aller dans un lieu inconnu, soupira lentement, récupérant la petite brique de lait à la fraise qu'elle convoitait tant.

- Bangchan et elle doivent rapidement parler, cette situation est idiote.
- C'est pas nos affaires, Noeul, lui répondit Hyunjin.
- Bien sûr que si, Yerin était une bonne camarade avant, elle me manque.
- Yerin était votre camarade avant?

Xukun venait de parler, sa curiosité reprenant le dessus. C'était incroyable pour lui d'être aussi attiré par cette histoire, en règle générale, il ne se mêlait pas de la vie des autres. Mais après ce qu'il avait vu la veille, il ne pouvait pas s'en empêcher. Peut être devrait il s'abstenir.

- C'est une longue histoire, hésita Noeul.
- Et c'est pas notre place de te la raconter, continue Hyunjin. C'est entre Bangchan et Yerin.

Les deux amoureux se lancèrent un regard hésitant et, Xukun hocha doucement de la tête, leur signifiant qu'il comprenait à moitié.

Ses yeux, pourtant, ne quittèrent pas le lourd portail gris par lequel Yerin s'était envolé.

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ChaeRin567