𝐞𝐥𝐞𝐯𝐞𝐧


𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞

- Tu aimerais un dessert ?

Yerin venait de terminer de manger goulument, la fatigue et l'angoisse qu'elle avait accumulé en silence avait aggraver sa faim et, même Xukun avait fini par lui donner la moitié de son plat, souriant doucement, presque avec une moquerie tendre, alors qu'il observait la jeune femme vider le deuxième tupperware devant eux. La jeune femme aux cheveux décolorés devant lui releva des yeux ronds, les joues rougies, soudainement embarrassée.

Le chinois sourit à nouveau, la regardant alors qu'elle avait l'air d'une petite fille dans sa doudoune trop grande pour elle, elle qui d'ordinaire avait l'air d'avoir grandit trop vite et d'être une adulte emprisonnée à son insu dans un corps e lycéenne. Xukun ne prit pas la peine d'entendre une réponse de la part de la jeune fille qui l'accompagnait, sa réaction lui confirma qu'elle avait encore faim et il se leva sans rien dire de plus, les yeux fatigués de Yerin suivant son corps.

Elle l'observa de loin, toujours assise à la table de la cafétéria de cet hôpital qu'elle connaissait comme sa poche. Devant l'employée debout derrière le comptoir rempli de pâtisseries sucrées, Xukun semblait batailler contre lui-même pour choisir quelque chose qui plairait à Yerin. Cette dernière, de sa chaise, sembla prendre conscience des derniers événements qui s'étaient produits comme une énorme blague dans sa vie. Son grand-père avait faillit mourir, heureusement, son état s'était stabilisé dans la nuit, alors que la main fine de sa petite-fille serrait la sienne, ridée et rendue rugueuse par les années, dans son inconscience, il avait senti une chaleur qu'il avait vaguement reconnu. Le garçon devant elle, désormais connaissait son secret le mieux caché, celui dont elle avait si honte qu'elle aurait aimé disparaître sous les yeux protecteurs que Xukun lui avait gentiment adressé, sincères et réconfortants. Il avait effleuré ses cicatrices avec une douceur fragile dont elle était encore étrangère contre sa peau malmenée, c'était le premier à les avoir vu, le premier à s'en être approché, et sûrement aussi le premier à être aussi proche de la vérité derrière la situation de Yerin.

Sa grand-mère lui avait souvent dit, les lèvres à demi-closes, dans un murmure lointain mais qui pourtant semblait l'envelopper dans des bras réconfortants, que souvent, lorsqu'une présence s'absentait, une autre venait la remplacer. Parfois, elle repartait lorsque la première était à nouveau là, et parfois, elle restait, douce et chaude, pour aider la première à la protéger.

La grand-mère de Yerin lui avait à moitié mentit : lorsqu'elle était décédée, personne ne l'avait remplacé pour Yerin. Personne n'arrivait à lui chuchoter ces mots doux qui avaient pourtant tellement de sens dans ses oreilles, personne n'avait remplacé sa mère aussi. Personne ne remplaçait les bras fins qui s'entouraient contre ses flancs et la faisaient râler d'embarras, personne n'avait remplacé leurs rires qui se mélangeaient, telle une symphonie faite juste pour Yerin. Et peut-être, Yerin ne le voulait pas à l'époque.

Tout s'était détruit autour d'elle, tout était parti en petit morceau, petit à petit, envolé dans un trou noir qu'elle avait du mal à comprendre. Elle ne voulait pas qu'on remplace sa mère et sa grand-mère ; c'était trop dur, ça faisait encore trop mal entre ses entrailles qui se serraient de douleur. L'idée même que ceux qui viendraient pour rire ainsi dans ses oreilles et lui chuchoter des mots doux s'en iraient aussi, tout comme les femmes qui l'avaient choyés toute sa vie, lui faisait mal au cœur à une point qu'elle ignorait encore. Elle avait tenté, pourtant, de se raccrocher à quelqu'un qui l'illuminait doucement, comme le soleil sur sa peau chauffait son cœur.

Mais Bangchan aussi avait détruit son monde.

S'était-il servit d'elle à ce moment là ? Pourquoi n'avait-elle pas réagit quand il avait crié son prénom avec ce faux air surpris ? Pourquoi ne s'était-elle pas défendu devant les yeux accusateurs qui s'étaient tournés vers elle ?

- J'espère que ça te plaît.

Comme une main qui plongeait derrière elle dans l'eau salée d'un océan froid dans lequel elle se noyait langoureusement, petit à petit, Xukun l'empêcha de tomber trop profondément dans ses idées noires. Déjà, lorsqu'elle releva le visage vers lui, son air d'enfant s'était volatilisé et, cet air dur d'adulte avait réapparu dans le fond de ses yeux tremblants.

Intérieurement, le garçon se sentit déçu mais n'en laissa rien paraître.

Devant les fines mains immaculées de la jeune femme, il fit glisser une petite assiette blanche sur laquelle les couleurs de la part de gâteau qu'il avait choisi contrastait avec douceur. Le glaçage bleu foncé sur le morceau de gâteau vanillé la charma instantanément, et Yerin apprécia la vision des myrtilles coupées en deux dans le moelleux, le jus bleu imbibant ici et là le gâteau. Directement, elle retrouva l'appétit qui lui avait manqué quelques minutes auparavant alors que, les yeux dans le vide, elle repensait à ce qui s'abattait sur elle. Ses yeux se firent ainsi plus pétillants quand Xukun lui glissa la cuillère en argent entre ses doigts.

- Du gâteau à la myrtille ?
- Quoi ?! T'aimes pas les myrtilles ?!

Le garçon s'affola instantanément, jetant un coup d'œil paniqué à la part de fraisier dans sa propre assiette. Peut-être qu'il aurait dû prendre la même chose à Yerin, mais lorsqu'il avait vu le gâteau, il avait directement pensé à elle. La couleur lui correspondait bien, il trouvait le bleu foncé aussi froid et rugueux qu'elle, alors que c'était une couleur réconfortante, parfois chaleureuse dans son esprit.

La jeune femme secoua la tête, passant une de ses mèches décolorées derrière son oreille, découvrant la boucle d'oreille bleu à son lobe.

- J'adore les myrtilles, merci.

Sa voix douce disparut dans ses lèvres lorsqu'elle prit une première bouchée du gâteau qu'il avait choisit pour elle. Et, doucement, les fruits fondirent sur sa langue, contentant tendrement son palais avec tendresse, comme le chuchotement doux et lointain de sa grand-mère.






𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞





Monsieur Yoon s'était réveillé dans l'après-midi, une des infirmières que Xukun connaissait pour s'occuper de son cadet était venu chercher Yerin, un doux sourire rassurant aux lèvres. La jeune femme s'était levé, encore emmitouflée dans la doudoune que Xukun lui avait prêté, les yeux paniqués, presque affolés. Le garçon l'avait regardé alors qu'elle en faisait de même, comme pour attendre son approbation et, assit sur la chaise qu'il occupait à côté de celle qu'elle avait prit, il lui avait sourit doucement, se voulant encourageant. Et, à nouveau, elle s'était échappé, montant les escaliers en compagnie de l'infirmière au sourire bienveillant, le cœur tremblant d'émotion.

Le jeune homme d'origine chinoise s'était dit qu'il n'avait plus vraiment besoin de rester dans l'hôpital, alors, il s'était levé de sa chaise, remettant la casquette correctement sur ses cheveux, prenant la décision qu'il allait passer au lycée Han, se décidant à aller chercher ses cours auprès de Hyunjin et ceux de Yerin auprès de la fille gothique avec qui elle semblait proche.

Le trajet en métro s'était fait rapidement, la main accroché à la barre au-dessus de sa tête, Xukun avait regardé les paysages défiler devant lui dans le silence des chuchotements des autres passagers. Il s'était demandé, en ignorant la musique d'ambiance dans le wagon, s'il était assez fort pour être présent pour Yerin, s'il se sentait apte à la sauver alors que personne ne semblait faire attention à elle. Les images du visage de poupée aux traits fins de la jeune femme passèrent devant ses yeux, floutant les immeubles rendus orangés par les rayons du soleil qui descendait derrière eux. Quelque chose chez cette fille l'attirait comme un aimant, la fragilité qu'il y décelait avait du mal à faire son chemin hors de l'esprit du garçon et, il s'attarda un instant à essayer de se comprendre.

Mais c'était sûrement peine perdue.

C'était chimique, c'était une des facettes de sa personnalité, celle d'essayer de sauver les autres, de ne pas les voir plonger comme il avait plongé au fond de ses entrailles, comme son cadet plongeait peu à peu dans la maladie alors que leur mère se noyait dans son travail pour oublier un peu, légèrement, la douleur qui la parcourait lorsqu'elle posait les yeux sur eux.

Comprendre Yerin semblait bien loin d'être achever, elle cachait quelque chose qu'il n'était pas sûr de bien vouloir comprendre lui-même. Et le serpent qui se mangeait la queue traversa son esprit.

Qui le sauverait, lui ?

Qui porterait le poids de ses doutes, de ses peurs, de ses douleurs, lorsqu'il porterait ceux de Yerin pour elle? Avec elle.

Ses baskets noires effleurèrent le sol terreux de la cour intérieure du lycée Han. Il était déjà arrivé ? Il ne s'en était pas rendu compte, trop happé par ses pensées qui déferlaient comme les vagues qui emmenaient Yerin loin d'elle-même, la lame qu'elle utilisait formant les sillons d'eau qui coulaient sur sa peau.

Relevant les yeux, Xukun fronça légèrement ses sourcils, ses yeux plissés alors qu'il sentait ses poids se fermer d'eux-mêmes contre ses cuisses, les bras le long de son corps. Il imaginait Yerin, pleurait de douleur, les larmes coulant silencieuses contre ses joues blanches, se mélangeant doucement avec les gouttes de sang sur le sol de sa chambre, nuançant les pointes de rouge carmin avec lassitude. Il la voyait clairement, dans son esprit, seule dans un coin de sa chambre, s'empêchant de sangloter pour ne pas réveiller son grand-père qui dormait, affaibli, dans leur petit appartement qu'il avait du mal à payer si sa petite fille ne travaillait pas. Xukun voyait la douleur dans le fond de ses yeux, et, ce qu'il avait prit pour de la fragilité, s'était évanouit de ses yeux doux lorsque la lame avait coupé un peu trop profondément sa peau.

Et, alors que son esprit embué s'imaginait la douleur de la jeune femme qu'il venait de quitter, ses yeux étaient plantés sur le visage rieur de Christopher Bangchan, ses éclats de rire se mélangeant aux rires de ses amis alors qu'il s'éloignait du terrain de football, l'air fatigué mais épanouit.

Pourquoi Xukun n'avait jamais vu Yerin avec cet expression là ? Pourquoi Bangchan avait le droit de rire ainsi, alors qu'elle souffrait autant, silencieusement.

D'un pas rapidement déterminé, Xukun s'approcha de l'australien qui perdit légèrement son sourire goguenard lorsque le garçon chinois s'était planté devant lui, son air décidé le prenant de court.

- Christopher Bangchan c'est ça ? Cai Xukun.

Le chinois sentit son poing se fermer un peu plus, ses phalanges devenant blanche alors que son avant bras se pliait et que son bras se levait sous l'action de la colère qui prenait son esprit, l'image de Yerin, assise dans un coin de sa chambre, seule, une photo de son grand père et elle, lors de son entrée au lycée Han dans ses mains.


𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞



ChaeRin567

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