⠀⠀⠀⠀: ̗̀➛,, 𝟷𝟻 ⸺ ℒ𝑜𝓃𝒹𝓇𝑒𝓈


─── ❝ jͤäͬgͤᶰer ❞ ───

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永遠に,, -ˋˏ 𝘔𝘦𝘳𝘳𝘺𝘟𝘮𝘢𝘴 ˎˊ-

3 ans déjà.

3 ans que je me bats contre mes pulsions, mes démons et mes peurs.

Depuis 3 ans, je me bats contre ma voix intérieure, celle qui me hurle de succomber et de replonger dans les tréfonds de l'addiction et de la débauche qui, pendant longtemps, a fait partie intégrante de ma vie.

Mais je ne céderai pas. Je serais fort.

Pour eux, pour tous ceux qui m'ont abandonné en pensant que je serais, et pour toujours, un déchet irrécupérable.

Alors depuis 3 ans, déjà, je me bats comme je le peux pour leur prouver qu'ils avaient eu tort de me considérer de la sorte.

Mais plus Noël approche, plus j'angoisse. Je suis, à quelques exceptions près, un des seuls de mon âge à absolument haïr cette période. Ces temps synonymes de rassemblement, de partage et d'amour, je n'en avais plus le goût à présent. Il n'y avait plus qu'une amertume et de la solitude dans ma vie.

Je suis seul et isolé, prêt, encore une fois, à attendre le froid de l'hiver et des cœurs.

Oui, même à 22 ans, l'alcoolisme fait des ravages.

Oui, à 22 ans, il est possible de tout perdre alors que je n'avais déjà pas grande chose d'acquis.

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˗ ˏ ˋ 𝓣𝓲𝓶𝓮 𝓢𝓴𝓲𝓹 ˎˊ ˗

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J'aime bien Londres, non en fait, j'adore Londres.

Moi, tout juste sortie de sa campagne, a su voir en Londres un synonyme de renaissance, de renouveau.

Une nouvelle vie, un nouveau pays pour un nouveau départ.
Mais les démons, eux, m'ont suivi dans ce déménagement précipité, bien déterminé à ne me laisser aucune minute de répits, même les plus insignifiantes d'entre elles.

Alors ce soir, comme 2 fois par semaine, je me rends à une réunion des Alcooliques Anonymes, seul véritable point d'ancrage à ma réalité et mon combat. Bien qu'essentiellement composées d'anciens poivrots notoires de la région, toxico ou encore sdf, ces réunions me sont indispensables, nous sont indispensables.
Un moyen de garder une vie sociale, un contact avec les autres. Un moyen de sortir quelque gigantesque appartement à Oxford Street.

C'est donc d'un pas déterminé et plutôt pressé que je traversai la foule, me rendant dans les locaux d'un ancien restaurant de Chinatown, lieu de ces fameux rendez-vous.

En arrivant, visiblement encore à l'heure, je me vis dans la vitre, je voyais ce que les autres voyaient et pourtant que je n'arrivais pas à admettre.

Un homme séduisant, assez grand, fumant une cigarette emmitouflé dans son énorme doudoune noire hors de prix. Ma main gauche dans la poche de mon jeans bleu marine, l'autre occupée à tenir ma cigarette de manière nonchalante.

Je me voyais et en tournant la tête, je vis que je n'étais pas le seul à regarder dans cette direction. Une jeune femme, à peine plus vieille que moi, le regard vide et pourtant tourné vers moi.

Une femme magnifique, comme rarement j'avais pu en avoir. Magnifique, mais profondément tourmentée.

En pénétrant les lieux, réconforté par la chaleur humaine et celle de la pièce, je décide de m'asseoir au fond de la salle, sur l'une des deux chaises qui étaient positionnées à côté de la fenêtre. Chaque échappatoire était bonne à prendre, et j'avais pris cette fâcheuse habitude de m'isoler des autres, bien que leur présence me soit nécessaire.

J'étais surtout toujours intriguée par cette femme que j'avais aperçu, non plutôt bien observé dehors et qui à son tour ne tarda pas à rentrer dans la pièce, choisissant le premier rang.
Sans doute, notre référent, John, lui avait-il désigné ces sièges, simple habitude pour les nouveaux venus.

Et ça ne tarda pas, car à peine tout le monde était assis à sa place, John prit la parole et invita la jeune femme à prendre place sur l'estrade pour se présenter.

Elle souffla et se leva de sa chaise en traînant les pieds sur le sol, se plantant devant l'assemblée, fuyant le regard de toutes les personnes présentes. Par honte ou par manque de considération, je laisse l'interprétation à qui voudra. Je mentirais si je disais que je ne me sentais pas profondément agacé par ce manque de volonté.

Se rendre aux Alcooliques Anonymes relève d'un choix personnel et si elle n'était pas prête à faire celui-là, qu'elle laisse sa place à quelqu'un de vraiment motivé à s'en sortir. John à déjà assez à faire avec tous les membres pour en plus devoir materner une jeune fille qui n'en avait strictement rien à faire d'améliorer son existence sur terre.

Je tournais ma tête vers la fenêtre, contemplant la neige tombant sur les dalles en béton du trottoir, quand elle se décida enfin à prendre la parole.

Elle passa les prochaines minutes à expliquer son histoire, ce qui l'amenait ici, pourquoi avait-elle commencé à boire.

Je détournai enfin le regard vers elle, surtout interpellé par les sons de sa voix sur sa dernière phrase, une voix emplie d'émotions et de tourments. Mon regard fut inexorablement attiré par le sien, qui ne devait laisser personne indifférent.

Les autres y verraient sans doute une beauté incroyable, mais je n'y voyais que de la peine, que le dégoût pour tous ceux qui la prenaient en pitié alors qu'elle devait sans doute détester ça. C'est alors presque naturellement que son regard, à son tour, se dirigea vers le mien, comme galvanisée par mes yeux qui refusaient de la trouver pathétique, de la prendre en pitié.

Sa langue se délia une nouvelle fois, la machine s'était enclenchée. Elle parlait, racontait, tout, comme si avoir enfin en face d'elle une assemblée d'oreilles attentives était tout ce qu'elle avait attendu ces dernières années.

Elle mit fin à son récit rapidement cependant, sans doute trop méfiante pour entrer dans les détails de sa vie et de son addiction. Elle n'était pas prête et c'était tout à fait compréhensible. J'étais passé par là aussi, par le déni et le refus d'assumer à voix haute que cet événement en particulier avait suffi à causer ma perte.

Elle avait fini son récit, mais pas notre contact visuel. Je n'arrivais pas à enlever mes prunelles de ce visage, cette expression si douce et violente à la fois. Je n'arrivais pas à me raisonner, me convaincre que je devais arrêter d'analyser une femme dont je ne savais rien, qui sans doute après ce soir ne reviendrait jamais et que je ne reverrai plus jamais.

Mais je n'y arrivais pas, tout ça, c'était plus fort que moi, ça n'avait pas d'importance.

Je voulais savoir d'où il venait, pourquoi elle en était arrivée là, ce qu'elle aimait dans la vie et si, elle aussi, voulait apercevoir la lumière au bout du tunnel. Je voulais ne faire qu'un avec ce corps, ne faire qu'un avec cette âme aussi tourmentée et désespérée que la mienne.

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˗ ˏ ˋ 𝓣𝓲𝓶𝓮 𝓢𝓴𝓲𝓹 ˎˊ ˗

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La réunion s'était rapidement terminée, j'ai reçu mon badge dès 3 ans symbolique d'arrêt, été félicitée par les dizaines d'autres, plus jaloux que véritablement fiers et contents de l'exploit que je venais d'accomplir. Je n'avais pas besoin de leurs éloges, j'étais fier de moi et ça me suffisait.

Je pensais que ça suffisait.

-"Bravo, 3 ans, c'est énorme" énonça une voix, des bruits de pas se dirigeant peu à peu vers moi.

C'était justement elle.

Je me suis senti un peu bête au début, je ne savais pas vraiment quoi répondre en vérité. J'étais impressionné par cette prestance, ce charisme et ce petit sourire en coin qu'elle affichait en se plantant juste devant moi, la lumière du seul éclairage du hall de l'ancien restaurant réfléchissant sur mon visage.

- Oh, et bah merci. Bravo à toi d'être venu ce soir, je sais que ce n'est pas facile."

Elle sourit, mais cette fois, c'était clairement ironique. Elle ne croyait pas un seul des mots que je venais de lui dire et c'était plutôt évident.

-Je suis sérieux, ai-je repris, rien que de venir à une de ces réunions, c'est un pas vers la guérison.

Elle leva les yeux au ciel.

- On croirait entendre ma psy, dit-elle à son tour, rejoignant l'extérieur et le froid glacial.

Je lui emboîtais le pas, cherchant vivement un nouveau sujet de conversation.

Visiblement, elle était agacée à l'idée de parler de son alcoolisme, surtout avec quelqu'un qui en était sorti. Elle était tendue, ses muscles l'étaient, autant que le climat qui venait de s'instaurer entre nous.

Dis quelque chose bordel.

Elle marchait, vite et comme un idiot, je le suivais sans vraiment savoir pourquoi, sans vraiment avoir de but précis. Voulait-elle que je la suive ? Voulait-elle, elle aussi, savoir qui j'étais ?

Tant de questions habituelles, inutiles, que je me posais simplement pour me rassurer.

- Comment fais-tu ? Demanda-t-elle, tournant sa tête pour étudier ma réaction à cette question soudaine.

Je subis ma jolie, je souffre, j'ai mal, je pleure, je crie, je tremble et je pleure encore. Je pleure mes troubles passés, ceux qui viendront encore et qui ne s'arrêteront jamais. Je pleure sa mort et celles qui viendront encore, je pleure la mort de mon âme et de mes espoirs.

Je crie, mais personne ne m'entend, je hurle, mais personne ne remarque.
Voilà comment je fais, je vis, je subis. Mais je suis toujours là.

-Je suppose que j'apprends à m'accrocher un peu plus chaque jour, avais-je répondu, voulant rester le plus évasif possible face à la complexité de mes pensées.

Elle ne répondit rien, continuant à avancer, sans doute elle aussi, ne savait pas où aller, beaucoup trop occupée à regarder autour d'elle pour ne pas se perdre. En fait, je crois que mes paroles ne l'avaient pas convaincu, son regard, sa démarche, les émotions traversant son visage. Tout portait à croire qu'elle n'avait pas cru à un mot de ce que je lui avais raconté.

Serait-elle l'exception ?
Serait-elle celui qui arrivera à me sauver ?

- Et la vraie version ? Demanda-t-elle subitement, en s'arrêtant, son bras gauche me tenant fermement la main sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit, m'arrachant au passage, un sursaut.

Je n'étais pas du tout à l'aise avec cette poigne, ce blocage de son corps chaud contre le mien. Ses yeux me transperçaient, semblaient vouloir lire en moi et y déchiffrer la quelconque émotion qu'elle réussirait à me voler, ce même regard, celui qui m'avait tant bouleversé lors de discours.

- Lâche-moi, tout de suite.

- Alors arrête de mentir. Ça, c'est juste des belles paroles, en l'air, tu ne le penses pas. Tu souffres autant que je souffre et je le vois. Arrête de te mentir aux autres et à toi-même. Énonça-t-elle, me rendant plus que furieux au passage.

Je tirais sur ma main, dans le seul et unique but d'arrêter ce contact physique beaucoup trop intime. Mais je mentirais si je disais que je n'aimais pas ça, cette proximité, son souffle contre ma joue, ses doigts délicats essayant de stopper mes mouvements brusques pour m'échapper.

Je connaissais ce bout de femme depuis 2 h et elle avait déjà percé le secret de mon existence. Je mens, je fuis. Je ne sais faire que ça.

- Tu ne sais rien de moi ! Rien, tu parles, tu jacasses, tu juges alors que tu ne sais rien. C'est qui l'alcoolique ici ? C'est toi que je sache. Alors garde tes leçons de morale pour le jour où tu iras mieux ! Lui avais-je craché violemment en plein visage.

Mais je n'en démordais pas, je voulais qu'elle comprenne qu'il était hors de question qu'elle se permette de me juger de la sorte sans même me connaître.

- Mes parents sont morts. Il y a 4 ans. C'était mes piliers, mes modèles. Ils sont morts et j'ai tout perdu. Alors, oui, j'ai picolé, passé mes nerfs sur n'importe qui passe par là, je m'en prenais à ceux qui ne le méritent pas. Mais j'essaie au moins, je me bats. Alors tout ce que tu viens de dire là, c'est dégueulasse. Tu ne sais pas ce que c'est !

C'est ce que je lui avais dit, sans même la regarder, sans même porter la moindre attention sur son visage décomposé et effaré.

J'avais fait une connerie, moi aussi, j'avais jugé trop vite.

À son tour, elle m'expliqua le drame de sa vie, tentant d'expliquer normalement la raison de son alcoolisme, essayant de contrôler les sanglots et le flot de larmes qui la submergeait alors que je restais là, pantois, sans ne rien pouvoir dire où faire quoi que ce soit.

Elle était en détresse, autant que je l'étais.
Le silence était de retour, j'avais fait volte-face, prenant cette fois-ci, le bon chemin à emprunter pour rentrer chez moi.

J'avais été trop loin. Encore une fois, j'avais laissé cette colère inexplicable et violente prendre le dessus sur le travail que je faisais tous les jours.

Pourtant, elle me suivait. Je sentais sa présence dans mon dos, entendais ses sanglots arrivés jusqu'à mes oreilles, me rendant moi-même, bien trop mélancolique, laissant un énorme sentiment de culpabilité m'envahir.

Je ne la connaissais pas et pourtant, j'avais envie de la serrer contre moi, la protéger et lui rendre le sourire qu'elle avait dû avoir aux lèvres à un moment donné de sa vie.

L'immeuble se profilait juste devant nous alors que je n'avais encore pas prononcé un seul mot.

Mais armé d'un courage que je ne soupçonnais pas, je me lançai dans le grand bain, quitte à prendre le plus gros vent du siècle.

- Ça te dit de venir boire un verre, enfin que du jus de fruit hein. Dis-je en passant ma main sur l'arrière de la tête en rigolant.

Elle rit à son tour, le rire mélodieux de cette jeune femme se perdant avec le mien.
Elle répondit à l'affirmative d'un signe de tête distinct, et je l'invitai à rejoindre le troisième étage du bâtiment, lieu de mon appartement.

Honnêtement, même-moi, je ne savais pas ce qu'il me prenait. Je la connaissais à peine, et la conversation que nous avions eue n'avait pas vraiment porté sur un sujet joyeux ou même indicateur de la moindre chose charnelle, mais mes iris perdus dans les siens, je ne pouvais réfréner ce désir pressant.

Mes iris perdus dans les siens, je voulais oublier, mon calvaire, mon quotidien, et surtout lui faire oublier les siens.

Pensait-elle seulement la même chose ?
Avait-elle envie de la même chose ?

C'était mon genre à moi, de me perdre entres les cuisses d'une femme pour oublier, de me perdre dans un attirail de mouvements rythmés, de gémissements résonnants pour oublier, mais était-ce seulement son genre à elle ?

En la faisant entrer à l'intérieur, je ne pouvais réprimer un sourire en la voyant observer instinctivement ce qui l'entourait, allant à l'encontre du moindre meuble se trouvant sur son chemin.

À ce que j'avais compris, elle ne roulait vraiment pas sur l'or, ce qui n'était pas mon cas. La mort de mes parents m'avait en effet conféré un assez gros héritage, me permettant de m'installer et de vivre plutôt confortablement.

Une vie riche pour une existence misérable, tel était le choix que j'avais fait.

Je pris l'initiative de nous débarrasser de nos manteaux, avant de me diriger vers la cuisine pour mettre de l'eau à bouillir. Je ne pouvais certainement pas me mettre à présenter mon attirail de bouteille de vin devant elle, puis cela ne me ferait sûrement pas de mal.

Il faut bien commencer son sevrage quelque part.

- Tu vis ici depuis longtemps ? Tonna une petite voix provenant du salon, me faisant frissonner au passage.

Je ne me lasserai jamais de cette voix.

- 3 ans environ, pas longtemps après la mort de mes parents.

- Je vois, ajouta-t-elle en me rejoignant dans la cuisine, prenant place sur une des chaises hautes positionnée devant le grand îlot central.

- Du thé, ça te va ? Demandais-je en positionnant deux mugs en face d'elle.

- On est vraiment là pour siroter alors ?

J'arque un sourcil, prenant peu à peu conscience du sens de sa phrase.

Ses mèches de cheveux retombant juste devant ses yeux, elle les replaça derrière ses oreilles d'un coup de main pour mieux m'analyser, analyser ma réaction, celle de mon visage, mais aussi de mon corps.

Une partie de moi voulait foncer tête baissée à l'entente de ce signal presque significatif, mais l'autre ne voulait pas la brusquer. Pour la première fois, je voulais faire les choses bien et avec les formes.

Quelque chose chez elle avait piqué ma curiosité, m'avait donné envie de la connaître avant même qu'elle n'émette le moindre son.

J'avais envie d'elle et c'était une certitude, le bout de mes doigts me brûlaient tant l'envie d'explorer son corps et d'y découvrir le moindre secret était devenu une obsession, mais je voulais qu'elle partage ce sentiment.

Je voulais qu'elle me veuille autant que je le voulais.

Des mois que je ne m'étais pas donné à quelqu'un avec une telle conviction, des mois que j'avais passé à courir après la gent féminine sans pouvoir éprouver un quelconque désir pour toutes ces femmes que j'avais mis dans mon lit.

Mais j'étais heureux, presque fier que, ce soir-là, 10 jours avant Noël, j'avais laissé le soin à cette femme d'essayer de me guérir, avec la ferme intention de la guérir elle aussi.

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Hopejnn

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