𝐗𝐕𝐈𝐈 | 𝐄𝐮𝐩𝐡𝐨𝐫𝐢𝐚
Oui, bon, le titre n'est toujours pas « The heir », mais c'est le prochain :')
Attention, ce chap est particulièrement sensuel dans les ¾ ~
Enjoy < 3
☾
Dans toute la capitale, les deux jours et nuits suivants étaient dédiés aux élucubrations festives, avec une kermesse organisée par les habitants eux-mêmes, leur façon de remercier et de célébrer cet événement annuel.
La nuit, un relâchement se ressentait chez les visiteurs comme chez leurs hôtes. Dans l'euphorie des retrouvailles et des confidences partagées, les cœurs s'étaient ouverts, laissant les esprits se dévoiler un peu plus.
Tous goûtaient à la douceur de vivre de la capitale.
Écartant l'ombre des leçons et des examens, les étudiants se lâchaient, s'amusaient et s'adonnaient à l'art de séduire.
Inséparable de la ravissante, mais fougueuse Hye-Jin, Hoseok ne la quittait plus d'une semelle. Yoongi avançait sereinement, chaque geste savamment calculé pour gagner les faveurs de la voluptueuse Minseo. Prêt à sacrifier toutes ses économies, Seokjin trouvait son bonheur dans le sourire de la douce Hana, la jeune propriétaire du Daedongjeong. Mingyu, en revanche, avait vu son orgueil ébranlé par une jeune fille insensible à son charme pourtant réputé magnétique et irrésistible.
Les rues habituellement calmes débordaient de stands colorés, de vendeurs criant leurs marchandises. Des lanternes éclairaient les étals du marché, projetant des lueurs dansantes sur les visages joyeux des passants. L'odeur de mets succulents et l'arôme des brochettes de viande grillée, des raviolis frits, des bonbons de riz flottaient dans l'air, que de senteurs promettant des délices à chaque coin de rue.
Namjoon suivait et observait avec amusement Jungkook qui bondissait d'étal en étal, ses cheveux complètement lâchés ondoyant autour de sa tête, disséminant joyeusement plus de pièces d'or que la prudence ne le permettait.
Peu importait, répondait Jungkook à chaque regard inquiet de Namjoon, c'était une journée de fête, et lui, Jeon Jungkook, était résolu à en savourer chaque instant avec lui jusqu'à l'aube.
« Tiens, hyungie. »
Il présenta une brochette de poulet grillé, nappée d'une sauce brune, sucrée et onctueuse, sous le nez de Namjoon, qui soupira doucement. Il accepta néanmoins le présent avec un léger sourire. Malgré la simplicité du geste, son cœur s'embrasa d'une joie inattendue.
« Jungkook...
— Ouiii ? », répondit-il en traînant volontairement sur les voyelles.
L'alcool l'avait rendu un peu plus gai.
Ils venaient de quitter une petite échoppe où ils s'étaient attardés pour savourer de l'alcool fruité. Amateur de cette liqueur, Jungkook n'avait pu résister à un second verre, juste assez pour le rendre joyeux sans être ivre. Un seul verre avait suffi à Namjoon pour oublier la foule environnante. Tant que Jungkook était là, tout devenait supportable.
Surtout lorsqu'il le voyait si plein de vie, un sourire radieux aux lèvres.
...Et lui offrir des mets.
« Tu as vraiment décidé de dilapider ton argent, dit-il en mordant dans sa brochette.
— Mais c'est un jour de fête !
— C'est pour me flatter ? sourit-il en mâchant. Je n'ai pas besoin de ça.
— Je veux te faire plaisir. Et avec moi, tu n'es pas privé de délices », susurra-t-il avec sourire espiègle.
Il lui adressa un clin d'œil charmeur, parfaitement conscient du double sens de ses paroles.
Namjoon évita de justesse d'avaler de travers, et stoppa net sa marche, amoureux, embrasé, charmé. Ces mots avaient éveillé en lui un trouble qu'il ne pouvait dissimuler.
Il s'approcha, enlaçant le cou de Jungkook de son bras. Ses lèvres effleurèrent l'oreille dissimulée sous les mèches soyeuses, qu'il replaça doucement, avant de murmurer à son creux.
« Jeune homme, vous êtes délicieusement cruel, répondit-il d'une voix exagérément grossière, les yeux à la fois sombres et pétillants de malice. Vous savez bien que vos propos mettent ma retenue à rude épreuve.
— Arrête tes bêtises et mange », répliqua Jungkook en riant, ses joues légèrement empourprées.
D'un geste prompt, Jungkook attrapa la main de Namjoon et fit heurter le reste de la brochette contre ses lèvres. Namjoon protesta, déclenchant entre eux une petite querelle, attirant les regards amusés des passants. Certains les reconnurent, ayant assisté aux tournois de la journée.
Chaque fois qu'il s'approchait de Namjoon, Jungkook en avait oublié de guetter les regards autour de lui, cette nuit. La peur s'était évanouie, dissoute dans l'allégresse qui l'enveloppait. Il ne ressentait plus que la douce présence de Namjoon, comme si le reste du monde n'avait jamais compté.
Ce dernier se sentait allègrement grisé par la joie contagieuse de Jungkook, qui répandait un baume apaisant sur son cœur. Il chérissait son côté rayonnant, éclatant de bonheur. Conscient que Jungkook avait délaissé ses amis pour lui offrir un moment d'évasion à sa demande, Namjoon lui en était infiniment reconnaissant.
Il avait presque oublié la présence de sa mère.
Presque.
Soudain, son regard se posa sur une ruelle déserte et ombreuse, perpendiculaire à l'agitation du boulevard. En plissant les yeux, il remarqua qu'elle était suffisamment longue et étroite pour lui permettre de s'y glisser et de disparaître à l'abri des regards.
Un sourire narquois creusa une fossette discrète.
« Jungkook, viens voir. »
Son ton était presque impatient.
Son cœur battait si fort qu'il en sentait les pulsations dans sa poitrine, le souffle légèrement court. Il n'attendait plus qu'une chose. Le sentir enfin contre lui.
Intrigué, Jungkook abandonna l'étal de petites marionnettes qui l'avaient captivé. Les mains jointes derrière le dos, il s'approcha, les yeux agrandis par la curiosité.
« Tu t'es enfin décidé à acheter quelque ch... Ah ! », s'exclama-t-il, surpris.
Sans comprendre ce qui venait de se produire, Jungkook se retrouva plaqué contre le mur froid dans le fond d'une ruelle. D'un geste rapide, Namjoon brisa la distance qui les séparait, son corps fermement pressé contre le sien. Le souffle lui manqua un instant, tandis que ses paupières papillonnaient, l'esprit embrouillé par la rapidité de l'action.
Tout avait été si soudain.
Namjoon le dévorait des yeux, une lueur intense, mais tendre dans le regard, comme s'il contemplait une œuvre précieuse qu'il désirait et chérissait à la fois.
Le silence. Leurs respirations se mêlèrent. Puis un léger rire échappa à Jungkook. La chaleur monta à ses joues, son cœur battant plus vite encore.
Namjoon sourit.
« Je n'ai rien acheté, mais j'ai trouvé bien plus précieux... toi. »
Amusé et touché, Jungkook leva les yeux vers lui. Ses mains glissèrent timidement sur le dos de Namjoon. Il se laissa aller contre lui, enivré par cette tension délicieuse qui les enchaînait l'un à l'autre.
« Quelle audace... murmura-t-il, un sourire espiègle. Tu ne pouvais pas attendre qu'on soit à l'abri, dans nos chambres ?
— L'attente aurait été insoutenable. J'avais deux choix : te kidnapper sur-le-champ ou perdre la raison sans toi à mes côtés, susurra-t-il, près de son oreille.
— Me kidnapper ? Tu es donc un malfrat ? dit-il, ses mains glissant le long de son dos.
— Si c'est le prix à payer pour t'avoir, je le deviendrai volontiers... »
Jungkook pouffa, élargissant le sourire taquin de Namjoon.
« Mais je ne suis coupable que de te désirer. »
Son timbre était caverneux. Il glissa lentement son nez sur la courbe douce de la pommette de Jungkook, descendant délicatement jusqu'au coin de ses lèvres, où il déposa un léger baiser. Les paupières mi-closes, Jungkook esquissa un sourire en coin.
« Tu ne peux pas me résister, souffla Jungkook d'un ton taquin, se détendant sous la chaleur de ses bras.
— Impossible », répondit-il avec une sincérité désarmante.
Les joues de Jungkook s'empourprèrent légèrement sous l'effet de cette confession. Il se sentait vulnérable et heureux. Ses bras montèrent doucement pour s'enrouler autour de la nuque de Namjoon, le tirant encore plus près de lui, réduisant à néant la distance qui séparait leurs corps. Leurs visages étaient maintenant si proches que leurs souffles se confondaient. Son impatience grandissait sous le regard amusé de Namjoon, qui se délectait de cet instant où tout pouvait basculer.
Namjoon ne bougea pas. Il resta là, les yeux rivés sur lui. Il était envoûté, fasciné par la façon dont les lumières pâles des lanternes s'accrochaient aux grands yeux sombres de Jungkook.
Un instant, il se demanda si contempler le ciel nocturne étoilé pourrait encore lui apporter cette même sensation d'émerveillement après avoir découvert une constellation plus belle, plus vivante, nichée dans ces perles noires si profondes, si expressives.
Et expressives...
Oh, elles l'étaient.
Namjoon se surprit à se demander si Jungkook avait conscience de l'intensité de son propre regard, de la manière dont il capturait le sien parfois, comme s'il devenait le centre d'un univers qui n'appartenait qu'à eux.
Ce même univers dans lequel Namjoon s'était perdu depuis bien des années.
Pourquoi aurais-je besoin d'admirer la beauté de la Création, quand j'ai devant moi mon propre univers ?
« Tu m'as kidnappé ici pour me regarder à souhait, hyungie ? C'est flatteur... », souffla-t-il, malicieux.
Il fit glisser ses doigts sur la joue lisse de Namjoon.
« Mais je m'attendais à quelque chose de différent... »
Le ton de Jungkook était léger, taquin, mais la profondeur de son regard trahissait cette une envie dévorante que Namjoon pouvait presque toucher du doigt. Il en fut un instant charmé. Les mots lui échappèrent. Ses pensées se troublèrent sous l'effet de ce jeu de séduction de Jungkook, hypnotisé par cette œillade si intense.
Leurs prunelles étaient solidement ancrées l'une à l'autre, transies d'adoration. Chez Namjoon, cette sensation était décuplée, visible dans la dilatation de ses pupilles. Il était totalement envoûté, incapable de détourner le regard.
Et il ne pouvait nier aimer ce qu'il voyait lorsque le regard de Jungkook glissait vers ses lèvres avec une lenteur calculée. Namjoon pouvait y lire toute l'envie contenue.
C'était dans ces instants précis que Namjoon aimait tant le regarder. Les yeux si expressifs de Jungkook lui insufflaient l'espoir. Ils lui murmuraient que ses sentiments n'étaient peut-être pas vains, qu'un écho existait de l'autre côté. Qu'il pouvait croire en eux.
Espérer une issue où leurs cœurs trouveraient ce qu'ils cherchaient l'un chez l'autre.
« Naaam... », geignit Jungkook, la moue contrariée, quémandeuse.
Il était frustré de cette attente délicieusement insupportable.
Le sourire de Namjoon se fit plus joueur, presque cruel dans son plaisir de faire durer l'instant. Puis, un rire grave et profond résonna de sa gorge, tordant le ventre de Jungkook, y provoquant un frisson d'émerveillement. Ses lèvres restèrent légèrement étirées en un sourire narquois, tandis que ses paupières se fermaient à demi, accentuant encore ce charme mystérieux qui émanait de lui.
Il approcha son visage du sien, juste assez pour attiser son impatience.
« Qu'est-ce que tu attends ? », murmura Namjoon contre ses lèvres, la voix caressante.
Puis, lentement, il se pencha à son oreille.
« Tu es libre de prendre ce que tu veux », susurra-t-il, avant de se redresser avec une grâce maîtrisée.
Le cœur de Jungkook bondit, comme si le monde avait soudain chaviré sous ses pieds. Un vertige le saisit, mêlant l'élan de son cœur à l'envoûtement de son âme pour cet être à la fois provocateur et séduisant.
Dangereux.
Namjoon était dangereux.
Ses gestes, son regard, sa voix. Tout en lui constituait une invitation à se perdre. Et Jungkook savait qu'il n'y avait rien de plus enivrant que de succomber à cette tentation.
Il glissa une main sur la joue de Namjoon. Sa peau était chaude, douce comme de la soie tiédie par le soleil. Ce contact éveilla en lui un amalgame de sensations qui l'électrisèrent.
Ses doigts effleurèrent lentement la joue jusqu'au cou de Namjoon, Il ne pouvait détacher son regard de ces lèvres, celles-là mêmes qui, à chaque baiser, l'abandonnaient à une ivresse indicible. Il s'humecta instinctivement les lèvres, tentant de chasser la sécheresse soudaine de sa bouche.
Il releva les yeux vers ceux de Namjoon.
Et ses jambes faillirent le lâcher, tant l'intensité de ce qu'il y trouva le déstabilisa.
Il tomba sur deux perles d'onyx qui le fixaient avec une telle révérence.
Profondes.
Tentatrices.
Dévoreuses.
Il en resta un instant paralysé.
Jamais il ne se ferait à cette lueur d'adoration dans les yeux de Namjoon, à cette passion qui le faisait vaciller. Comment un être aussi parfait pouvait-il l'aimer avec une telle intensité ? Devant ces regards, son souffle s'éteignait, submergé par la beauté et la pureté de cet amour.
Pour ne pas plonger trop vite dans la gueule du loup, Jungkook approcha sa bouche de sa pommette. Il y déposa le plus doux des baisers, aussi agréable que la caresse d'une brise. La poitrine de Namjoon se souleva sous l'effet de cette tendresse. Mais Jungkook ne s'en contenta pas. Il s'approcha davantage, ses lèvres se posant plus fermement dans le creux du cou de Namjoon, là où il savait que son corps lui répondrait.
Namjoon laissa échapper un souffle rauque, ses doigts se crispant sur les hanches de Jungkook, l'attirant contre lui. Un sourire naquit sur les lèvres de ce dernier, une fierté malicieuse l'envahissant. Cette fois, c'était lui qui faisait vaciller Namjoon, éveillant en lui ces frémissements incontrôlés qu'il savourait en silence.
« Alors, hyungie, qu'est-ce que ça fait d'être à ma merci ? », murmura-t-il contre sa peau.
Pris dans ce tourbillon d'allégresse, Namjoon ne put que lâcher un souffle amusé, vaincu, tandis que son regard brûlait encore plus intensément, captif de cette douce torture.
Lorsque Jungkook effleura délicatement la jointure entre sa mâchoire et son cou, Namjoon émit un petit rire grave, presque involontaire. Le cœur de Jungkook battit un peu plus fort. Il sourit tendrement. Ce son aussi chaleureux qu'éphémère le combla d'une joie inexplicable, ravi à l'entente de cet éclat vulnérable.
Jungkook savait combien il faisait chavirer Namjoon. Sous le charme de ses gestes mesurés, ce dernier était à sa merci, prisonnier de chaque caresse savamment orchestrée. Un souffle plus rapide s'échappait des lèvres entrouvertes de Namjoon, tandis que ses paupières, alourdies par le désir, se fermaient à demi. Maître de ce jeu, Jungkook laissa ses mains glisser lentement sur les épaules larges, puis se perdirent dans la chevelure de son amant.
Namjoon ferma les yeux sous cette caresse, ajustant légèrement son corps pour qu'ils soient parfaitement imbriqués, comme si leurs formes étaient faites pour s'emboîter avec une précision troublante.
Le moindre contact entre eux faisait naître une décharge électrique, un frisson de plaisir pur qui les liait encore plus étroitement.
Jungkook tira doucement sur les cheveux de Namjoon, exposant son cou avec maîtrise.
Il aimait tant chérir cette peau, mais ce qu'il préférait par-dessus tout, c'était l'effet qu'il provoquait sur Namjoon. Dans un souffle à peine audible, il murmura son nom avant de parsemer sa gorge de baisers, s'enivrant des soupirs qui s'échappaient de ses lèvres. À chaque respiration saccadée, un sourire naissait sur ses lèvres, savourant le frémissement du pouls affolé de Namjoon sous sa caresse.
Ses lèvres glissèrent lentement jusqu'aux clavicules, là où le hanbok noir de Namjoon s'entrouvrait, dévoilant le haut de sa poitrine. La vision de cette peau nue, si proche, si tentante, fit naître en Jungkook une vague de désir brut. Il déglutit, son regard fixé sur cette chair exposée et mouvante. C'était audacieux, terriblement suggestif, et un sentiment inattendu monta en lui.
La jalousie.
L'idée que d'autres aient pu poser leurs yeux sur ce corps, sur cette peau, fit bouillir son sang.
Une brusquerie soudaine le saisit. Poussé par cette velléité, il s'abaissa pour mordiller la peau de Namjoon qui inspira profondément. Un frisson parcourut son corps, attisant davantage l'élan de Jungkook. Encouragé, ce dernier déposa une pluie de baisers sur son épiderme, suçotant ici et là, goûtant le sel de sa peau, s'imprégnant de son parfum floral et boisé qui l'enivrait, appréciant la texture veloutée.
Il était pris dans un tourbillon de sensations, étourdi par la proximité de Namjoon. Totalement emporté par l'urgence de le posséder. De le marquer comme sien. De s'assurer que nul autre ne puisse jamais contempler ce qu'il voyait, toucher ce qu'il touchait.
Subitement emporté par une vague de désir irrépressible, Jungkook renversa la situation d'un geste vif. En un instant, Namjoon se retrouva plaqué contre le mur. Un sourire audacieux aux lèvres, Jungkook savourait la lueur de contrariété qui flamboyait dans les yeux de son amant.
Pourtant, derrière ce fin déplaisir perçait une allégresse bien plus intense, témoignant l'ivresse secrète que Namjoon éprouvait sous l'audace de Jungkook.
Ils le savaient. Si Namjoon choisissait de reprendre le contrôle, Jungkook se soumettrait sans résistance, désarmé par cette autorité innée. Mais en cet instant, Namjoon lui offrait les rênes, un fragment de ce pouvoir qu'il maîtrisait si bien. Ce simple geste en disait long ; toujours en pleine autorité, il lui accordait une confiance intime dans cet abandon.
Jungkook lui souffla un petit merci du bout des lèvres.
Namjoon se détendit, son corps se délestant de cette tension forgée par son besoin de contrôle.
Jungkook sentit des mains douces et tendres glisser sur son dos. Les caresses de Namjoon étaient comme un brasier dont la combustion débutait et qui promettait un ardent toucher. Il frémit.
Bien qu'il lui cédât la direction de leur étreinte, Namjoon conservait cette lueur dans le regard, une fierté inviolée. Jamais il ne supplierait, jamais il ne quémanderait. Ses yeux tendres se posaient sur lui avec condescendance. Ils lui rappelaient que ce pouvoir n'était qu'un prêt fugace. Car en vérité, il restait le maître incontesté de leur dynamique dans toute sa splendeur.
Le message dans ses yeux était clair : Je te laisse mon rôle pour un temps, mais n'oublie jamais... c'est toi qui te soumets à moi.
Cette lueur irrita l'orgueil de Jungkook. Mais contre toute logique, il fut davantage ensorcelé par la certitude inébranlable de Namjoon, par ce pouvoir qu'il exerçait sur lui, même en feignant la cession de pouvoir.
Le souffle coupé, Jungkook se fit violence pour se libérer de cet enchantement, sentant peu à peu qu'il s'y abandonnait malgré lui.
Il se souvint soudain de ce qu'il désirait ardemment, ce feu qui le consumait depuis leur séparation derrière cet arbre centenaire à l'école, en fin de matinée. La tension, le vide laissé par son absence, tout se cristallisait en un besoin urgent.
Namjoon sentit son ventre se tordre lorsque le regard de Jungkook se fit plus sombre, se posant sur sa bouche. Il aimait la façon qu'il avait de faire durer l'attente, de distiller le désir. Jungkook savait parfaitement comment attiser cette impatience. La confiance qu'il dégageait en prenant le dessus était pour Namjoon terriblement séduisante.
Il savait que plus il attendait, plus le baiser promettait l'euphorie.
Jungkook entoura sa mâchoire de ses mains fortes, au toucher tendre et délicat. En réponse, Namjoon laissa ses doigts glisser lentement des hanches à sa nuque, s'enfonçant dans ses cheveux détachés, frais et soyeux. Ce contraste entre la fraîcheur de ces mèches et la chaleur incandescente de leurs corps si proches affola les sens de Namjoon.
Et enfin, leurs lèvres se rencontrèrent.
Ils soupirèrent à l'unisson. Leurs corps se pressèrent davantage, si proches que Namjoon se sentait délicieusement comprimé entre le mur froid et la chaleur du corps de Jungkook.
Ce contraste entêtant le fit vaciller.
Une sensation troublante.
Leurs lèvres s'ouvrirent, se caressèrent lentement, s'apprivoisant au rythme de leur souffle. Un vertige familier se raviva en eux, les enveloppant. Jungkook savourait enfin ce qu'il désirait. Un baiser long, lent, passionné. La chaleur monta en lui lorsqu'il sentit la langue de Namjoon glisser habilement dans sa bouche, effleurant la sienne avec une tendresse audacieuse.
Même dans cet instant de soumission apparente, Namjoon ne pouvait s'empêcher de prendre des initiatives.
Jungkook esquissa un sourire qu'il n'essaya même pas de dissimuler, leurs lèvres toujours scellées, lui offrant sa langue. Dans un geste presque désespéré de contrôle, Namjoon agrippa les cheveux de Jungkook, tirant légèrement, sans jamais rompre la douceur de leur échange.
Jungkook savait qu'il se retenait. Il pouvait le sentir dans la tension de ses muscles, dans cette maîtrise qui bridait son instinct de domination. Chaque fibre de son corps appelait à céder, mais Namjoon résistait, lui cédant le contrôle du rythme, de l'intensité.
Cette lutte silencieuse rendait l'instant plus précieux encore.
Jungkook lui en était reconnaissant de ne rien lui imposer, de lui offrir cet espace où il pouvait s'approprier le moment à son gré, explorant chaque frisson, chaque souffle, libre de ses propres désirs.
Sa prévoyance instinctive, sa capacité à l'écouter sans un mot, à saisir ses désirs les plus muets... Tout cela faisait de Namjoon un être si parfait à ses yeux.
Ses mains glissèrent doucement des joues de Namjoon, suivant la courbe de ses épaules pour s'attarder sur la fermeté de son torse. Chaque contour lui était familier, il en connaissait les moindres reliefs. La douceur féminine avait depuis longtemps perdu son attrait face à cette solidité qui lui paraissait à présent plus attirante que tout, ayant éveillé en lui un désir presque inavoué.
Il songeait au fait qu'il aimait laisser ses mains explorer cette poitrine avec une audace nouvelle lorsque le désir l'emportait, effaçant sa timidité sous l'impulsion du moment.
Et ce, uniquement quand le regard pénétrant de Namjoon ne le paralysait pas, ne le clouait pas sur place. Quand ce sourire à la fois arrogant et doux ne le rendait pas incapable de réfléchir, incapable de bouger sans que la voix rauque et envoûtante de Namjoon vienne guider chacun de ses gestes.
Sous l'emprise d'une pulsion irrépressible, Jungkook écarta les pans du hanbok pour dévoiler les larges épaules de Namjoon, puis sa poitrine développée. Il cueillit les lèvres de Namjoon une dernière fois dans un baiser vertigineux, le laissant pantelant, avant de s'écarter légèrement.
Leurs regards sombres de désir se croisèrent, leurs respirations saccadées, et l'effervescence qui bouillonnait dans leurs âmes s'intensifiaient à chaque battement de cœur.
Namjoon se pinça les lèvres, tentant d'étouffer un gémissement, mais un soupir langoureux lui échappa lorsque les mains larges de Jungkook, fébriles et pourtant sûres, se posèrent plus fermement sur sa poitrine. Chaque caresse lente et sensuelle éveillait en lui des frissons qui se propageaient jusqu'à son bas-ventre, désormais secoué de spasmes sous la douceur de cette stimulation.
« Jungkook... », haleta-t-il, sa voix rauque et vacillante.
Sa poitrine était l'un des endroits où il était le plus vulnérable. Les doigts de Jungkook s'y attardèrent, taquinant ses boutons de chair avec une douceur savamment dosée. Un râle discret lui échappa. Le sourire de Jungkook s'étira, effronté, savourant cette réaction. Il aimait voir le plus fort faiblir sous son emprise, vacillant, à sa merci.
C'était tellement inédit.
« Tu te rends compte à quel point tu es magnifique comme ça ? », susurra Jungkook, la voix suave, presque moqueuse.
Les éloges.
Namjoon se surprit à en vouloir davantage. C'était enivrant.
« Continue... », murmura-t-il, les mots lui échappant malgré lui, le trahissant.
Jungkook arqua un sourcil, son sourire devenant plus malicieux, presque carnassier.
« Je vois que tu aimes ça. »
Il se pencha encore plus près de ses clavicules, son souffle effleurant la peau frémissante de Namjoon.
« Tu deviens tellement irrésistible quand tu te laisses aller. Quand tu me cèdes... »
Namjoon grinça des dents, la gorge sèche. Le corps de Jungkook se pressa davantage contre le sien, l'étouffant dans une chaleur délicieusement oppressante. Des doigts glissèrent vers sa hanche, traçant des cercles paresseux sur sa peau brûlante. Le simple contact de ces mains chaudes fit vibrer chaque nerf, réveillant des envies qu'il tentait encore de contenir.
« Arrête. »
Sa voix n'était qu'un murmure rauque. Même lui n'y croyait pas. Ses yeux se perdirent dans ceux de Jungkook, qui le fixait avec une intensité dévorante.
« Que j'arrête ? », répéta Jungkook, l'air faussement innocent.
Ses lèvres frôlèrent l'épaule de Namjoon, y déposant un baiser aérien, qui embrasa pourtant sa peau.
« Tu te contredis, hyungie. Ton corps te trahit. »
Son souffle se perdit contre son épiderme, tandis qu'il murmurait ces mots comme une douce provocation, comme une victoire.
Namjoon ferma les yeux, incapable de supporter plus longtemps cette tension qui s'électrisait à chaque contact. Ses mains, jusqu'alors figées, se crispèrent sur la taille de Jungkook, l'attirant de nouveau contre lui dans un élan désespéré.
Jungkook lui mordilla la lèvre inférieure.
Ce simple geste embrasa davantage Namjoon, coupant net son souffle qui reprit aussitôt, plus fiévreux encore.
Dans le même mouvement, les mains de Jungkook remontèrent sur sa poitrine. Les ongles de ses pouces raclèrent délicatement la chair sensible qui durcit aussitôt, déclenchant un frisson qui le fit se cambrer sous l'intensité du plaisir. Son bas-ventre se crispa, sa respiration s'emballa, irrégulière, luttant pour suivre cette vague effrénée de sensations folles.
« Je crois que je deviens dépendant à l'idée de te voir ainsi », haleta Jungkook, sa bouche frôlant à peine la sienne.
Je perds peu à peu l'esprit.
Ses paroles se perdirent dans un baiser qui ne demandait qu'à être donné. Il mordilla à nouveau la lèvre de Namjoon, qui se cambra, avant de se tortiller sous le choc interne que cette morsure lui provoquait.
Son corps tout entier répondait à la moindre simulation de Jungkook.
« Tu vas me rendre fou... », grogna Namjoon.
Il luttait pour reprendre son souffle, son regard noir de désir se noyant dans celui tout aussi expressif de Jungkook.
« C'est le but, hyungie. »
Il se pencha, ses lèvres effleurant l'oreille de Namjoon, son souffle chaud y déclenchant une nouvelle vague de frémissements.
« J'essaye de toutes mes forces de résister, mais tu ne m'aides pas », articula difficilement Namjoon.
Pourtant, son corps trahissait ses paroles. Chaque fibre de son être hurlait le contraire.
« Alors, arrête-moi. »
Ses mains glissèrent dangereusement plus bas, un défi clairement imprimé dans son regard. De ses ongles, il griffa doucement ses abdominaux qui se contractèrent aussitôt.
Submergé, Namjoon ferma les yeux, incapable de faire autre chose que de se laisser emporter. S'abandonner aux soins de Jungkook avait quelque chose d'agréable. C'était inédit pour lui. Nouveau. Étrange, certes, mais loin d'être déplaisant.
« Jamais. »
Avant qu'il n'eût le temps d'inspirer, les lèvres de Jungkook s'abattirent sur les siennes avec une ardeur dévastatrice, tandis que les mains caressantes sur son torse redoublèrent d'intensité. Une chaleur l'incendia, le dévorant de l'intérieur. Son corps entier se tendait sous l'assaut grisant de ces attaques corrélées. Ce baiser fougueux et intense, ces caresses qui laissaient des traces ardentes sur sa peau le laissaient tremblant, traversé par une vague d'énergie brute, comme foudroyé par un éclair.
Jamais Namjoon n'avait été aussi exalté par de simples caresses.
Peut-être était-ce parce qu'elles venaient de Jungkook, l'homme qu'il aimait.
Ou peut-être parce qu'il s'abandonnait à l'homme qu'il aimait, sans crainte.
Soudain, Namjoon renversa vivement la tête en arrière dans un souffle saccadé, tandis qu'il agrippait instinctivement les mèches de Jungkook. Une paire de lèvres chaudes et mouillées s'étaient renfermées sur cet endroit sensible et dressé sur sa poitrine.
Oh, bon sang.
La bouche occupée, Jungkook le contemplait d'un regard assombri par la luxure. Il entama une forte succion suivie d'une douce morsure, maltraitant délicieusement son bouton de chair. Il se délecta du faible son rauque et plaintif qu'il arracha à Namjoon, du vif frisson qui le secoua. Ce son s'infiltra jusqu'au bas-ventre de Jungkook, éveillant une fièvre nouvelle, l'électrisant, attisant davantage son désir de le voir se tortiller sous lui.
Instinctivement, Namjoon plaqua son bassin contre celui de Jungkook, déclenchant une friction aussi douce que brûlante. La vague de plaisir qui les traversa leur coupa le souffle, les fit frémir. Namjoon soupira de satisfaction en accentuant les frottements. Un geignement rauque et saccadé trahit l'onde d'électricité qui envahit Jungkook, saisi par cette friction troublante qu'il connaissait si peu.
Il interrompit ses gestes, pris au dépourvu, presque en transe.
Jungkook posa sa tête dans le creux du cou de Namjoon, le souffle erratique, le corps frémissant, pris dans cet entrelacs confus de désir et de surprise, tandis que Namjoon poursuivait ses légères ondulations. Chaque sensation se mêlait à l'autre, le laissant à la dérive, incapable de distinguer ses pensées. L'intensité le submergeait. Il se demanda s'il pouvait encore tenir.
« Arr... arrête... », haleta-t-il d'une voix étranglée.
Namjoon obéit aussitôt, s'immobilisant, le libérant de l'emprise de ses mains.
À bout de souffle, il sourit tendrement en sentant Jungkook reculer son bassin, puis demeurer immobile et tendu, son corps frémissant par vagues contre le sien. Ses poings agrippaient nerveusement le tissu défait de son hanbok. Son souffle lourd s'échouait contre sa poitrine.
Il n'avait plus rien de l'audacieux Jungkook qui le submergeait de vagues exaltantes, le défiant, et le laissant à bout de souffle et ivre de désir.
Il mordit son sourire, attendri.
De simples frictions, et le voilà redevenu fragile et docile.
Saisi par l'agitation qui rongeait son amant, Namjoon glissa ses doigts dans ses cheveux d'une main tremblante, les effleurant avec douceur. Tout comme lui, il tentait de maîtriser les battements précipités de son cœur, de contenir ce feu qui avait menacé de les consumer.
« Ça va aller, mon doux. On s'arrête là, si tu veux », souffla-t-il d'une voix rauque, habité par sa dernière once de retenue qui l'immobilisait.
Jungkook se détendit aussitôt, acquiesçant doucement, la tête toujours nichée contre son cou, le souffle encore erratique.
D'un geste d'une infinie douceur, Namjoon releva son menton du bout des doigts. Leurs regards se croisèrent à nouveau. Il se perdit dans les yeux larmoyants de Jungkook, submergé par l'émotion, incapable de retrouver son calme aussi vite que lui. Il semblait le supplier du regard de faire quelque chose, n'importe quoi.
Namjoon retint un sourire carnassier, réfréna l'éclat cruel dans ses yeux, et dompta l'ombre de sa nature impitoyable et joueuse.
Pauvre petite âme... Je t'ai pourtant averti que mon terrain de jeu te sera hostile.
« Respire. »
Il colla leurs fronts, ses bras glissant autour du cou de Jungkook, les ramenant dans une étreinte plus intime, apaisante, où les battements de leurs cœurs ralentirent avec quiétude. Jungkook enroula ses bras autour de sa taille, se blottissant davantage, puisant paradoxalement une sérénité dans ce corps qui l'avait pourtant enflammé.
Leurs paupières se sont closes. Un frisson les parcourut à nouveau, leurs corps encore marqués par l'ardeur du désir. Mais ils s'apaisaient peu à peu, leur respiration trouvant enfin un rythme bien plus doux.
L'air autour d'eux était encore saturé de l'intensité de ce qu'ils venaient de vivre. Pourtant, alors que la tension s'apaisait doucement, un petit rire discret fendit le silence. Surpris, Namjoon ouvrit les yeux et tomba immédiatement sur le sourire de Jungkook.
« Est-ce le moment où tu perds la tête ? », sourit Namjoon.
Sa voix rauque et basse berça Jungkook qui détacha doucement leurs fronts. Il leva ses perles scintillantes et s'engouffra dans l'infiniment noir de celles de Namjoon.
Ce dernier se sentit aspiré, englouti par un univers tout entier, une constellation où l'intensité du regard de Jungkook effaçait toute notion de la réalité.
Perdu dans les méandres de ses émotions, Jungkook demeura silencieux, incapable de trouver les mots. Il était encore prisonnier de cette douce ivresse, cette exaltation qui le tenait à l'écart du monde réel, malgré un début de retour à la lucidité.
Ce n'était en rien comparable à la compagnie, certes charmante, de Sunhi ou de n'importe quelle autre fille.
Avec Namjoon, tout prenait une dimension différente.
Le vertige qu'il éprouvait ne s'évanouissait pas aussitôt après leurs étreintes. Il durait, le laissant dans un état second, flottant dans un espace entre rêve et réalité où plus rien d'autre n'avait d'emprise que Namjoon qui l'enveloppait d'une telle manière que Jungkook se sentait ensorcelé. Il lui fallait toujours un moment pour redescendre et se reconnecter avec la terre ferme, tant cet enchantement persistait en lui.
Ce fut exactement ce qu'il se passa.
Leurs yeux se caressèrent, s'abreuvant de chaque parcelle des traits de l'autre. Ceux de Jungkook brillaient d'une lueur particulière. L'apparence débraillée de Namjoon le captiva, le laissant sans voix. Il avait cet air légèrement décoiffé, les joues encore rosies, les cheveux en bataille, les yeux mi-clos et brillants, portant sur lui un regard à la fois intimidant et infiniment doux. Un sourire délicat persistait sur ses lèvres, un vestige heureux de leur étreinte fougueuse contre ce mur, dans cette ruelle sombre et cachée, défiant l'interdit.
Jungkook secoua légèrement la tête, profondément happé par ses pensées, absorbé dans sa contemplation.
Comment peut-il être encore plus magnétique ?
Son cœur cognait presque douloureusement, emporté par ce charme d'un puissant envoûtement.
Il se demandait comment une seule personne pouvait le bouleverser ainsi. Comment Namjoon pouvait redéfinir, à chaque fois, ce qu'il croyait être le désir, la tendresse et l'amour.
Namjoon lui paraissait encore plus séduisant.
Encore plus irrésistible.
Cette beauté sauvage adoucie par l'amour qui émanait de lui...
Le cœur de Jungkook s'emballa, porté par des ailes invisibles.
Namjoon était lui aussi fasciné par l'apparence débraillée de Jungkook. Il leva ses mains, ses doigts se faufilant dans les longues mèches indisciplinées de Jungkook, les lissant doucement du front à la nuque.
Ce geste tendre contrastait avec la passion brûlante de leur échange précédent.
Il sourit en voyant Jungkook fermer les yeux, savourant les caresses dans ses cheveux avec une expression de pure béatitude, presque comme s'il ronronnait de plaisir.
Aucun mot n'était nécessaire. Ils s'arrangèrent mutuellement, leurs gestes lents et affectueux, tout en échangeant des sourires timides – pour Jungkook – et complices qu'ils ne pouvaient effacer.
Ils étaient encore bercés par la trace de ce qu'ils venaient de vivre. Là où rien ne pouvait les atteindre, ils flottaient dans leur bulle, leurs âmes réunies.
Un peu plus lucide à présent, Jungkook baissa les yeux vers le torse de Namjoon. Il sursauta, son visage s'empourprant soudain face aux traces violacées que ses lèvres avaient laissées, marquant son cou et sa poitrine.
Il était partagé entre une pudeur soudaine et un étrange sentiment de fierté face à cette vision à la fois audacieuse et troublante.
« Oh, bon sang... », geignit-il, détournant rapidement le regard.
Il tira vivement sur les pans du hanbok de Namjoon pour cacher ces marques, ses rougeurs descendant jusqu'à ses clavicules, refusant de contempler davantage son œuvre.
Le doux souffle rieur de Namjoon lui fit froncer les sourcils, alors qu'il leva la tête vers lui.
« Tu as été d'une audace rare... Est-ce l'alcool ? La fête ? Moi ? dit Namjoon, taquin.
— Pas de remarques », grommela-t-il, luttant pour ne pas détourner les yeux.
Le regard de Namjoon ne cessera jamais de l'intimider.
« Je te rendrai la pareille, sois-en sûr », susurra ce dernier, feignant d'ignorer sa réplique.
Ses yeux glissèrent sur la poitrine de Jungkook, un éclat malicieux et prometteur dans le regard. Ce dernier rougit furieusement et, prit au dépourvu, il s'échappa en marmonnant, terriblement gêné.
Il laissa derrière lui un Namjoon qui émit un rire grave et rauque. Ce son résonna encore dans ses oreilles alors qu'il sortait de la ruelle, son visage toujours en feu, pour retrouver la rue festive, bondée et animée.
Leurs déambulations reprirent, comme si rien n'avait troublé leur errance.
Un éclat grisant dans leurs yeux trahissait l'audace de leur étreinte que nul n'avait perçue. Revigorés par cette transgression, ils se laissaient porter par le frisson d'avoir défié l'interdit en pleine lumière.
Sans que le monde s'en doute.
« Heureusement qu'on porte des hanboks. Les gens nous prendraient pour des prédateurs sexuels », lança Namjoon contre son oreille avec un sourire en coin, la voix légèrement moqueuse
Avec le brouhaha ambiant, aucun risque qu'il se fasse entendre.
Le regard de Jungkook glissa instinctivement vers le bas-ventre de Namjoon. Rien ne le trahissait, tout était habilement dissimulé. Il réprima un rire, adoptant une moue faussement innocente.
« Parle pour toi. Moi, je n'ai rien à me reprocher. »
Namjoon fixa son profil en arquant un sourcil arrogant.
« Et ce que j'ai senti contre ma hanche, c'est un morceau de bambou que tu gardes dans ta poche ? »
Les coins des lèvres de Jungkook frémirent, contenant un rire. Puis, il se souvint de ces frictions, ces douces et grisantes ondulations qui l'avaient profondément ébranlé. Namjoon avait mimé l'acte avec tant de sensualité. Il ouvrit la bouche pour rétorquer, rougissant...
« Et le revoilà qui rivalise avec une tomate bien mûre », s'amusa Namjoon, un sourire en coin.
...Puis la referma aussitôt, abdiqua, et s'éloigna précipitamment à travers la foule animée, ses poings serrés le long de son corps, grommelant des paroles inintelligibles.
Namjoon lui emboîta aussitôt le pas afin de ne pas le perdre de vue, et ne put réprimer un petit rire tendrement moqueur.
Ils flânaient parmi la foule joyeuse, riant à chaque bousculade, se délectant des étals colorés qui jalonnaient le boulevard festif. Vibrant de vie, le marché résonnait des clameurs des marchands mêlées aux conversations animées des passants et aux rires d'enfants.
Namjoon jetait fréquemment des regards en biais vers Jungkook, un sourire malicieux sur les lèvres chaque fois que leurs épaules se frôlaient. Maladroitement, Jungkook essayait de dissimuler ses joues rougissantes, hésitant entre un regard audacieux et une fuite face à celui trop intense de Namjoon. Ce dernier savourait son embarras, semblant vouloir percer son masque d'assurance.
« Je te bats encore au jeu du cerf-volant si tu veux retenter, le provoqua Namjoon, la voix teintée d'amusement.
— Un simple coup de chance ! Tu sais bien que je te surpasse », répliqua Jungkook, piqué au vif, mais incapable de dissimuler son sourire heureux.
Ils s'arrêtèrent un instant devant une échoppe de friandises, attirés par les odeurs sucrées qui flottaient dans l'air. Jungkook s'empara d'un morceau de pâte de riz avec un air faussement innocent, avant de le tendre à Namjoon qui l'accepta sans hésiter. D'un croc lent, presque indécent, il planta ses dents dans la friandise, accrochant le regard de Jungkook.
Un silence lourd de sous-entendus s'installa entre eux.
Bientôt, la tension qui grondait en leur sein depuis le début de la soirée devint insoutenable. Ce n'était plus simplement de l'amusement, et ils le savaient. Ils se frôlaient trop souvent, se cherchaient du regard avec une ardeur qu'ils ne pouvaient plus ignorer.
« Je crois qu'on a besoin d'un verre », souffla Jungkook.
Ses yeux évitaient désormais résolument ceux de Namjoon, conscient que l'agitation qui l'animait ne se dissiperait pas s'il croisait son regard pour la énième fois.
« Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, contra Namjoon, goguenard.
— Yah, il me faut quelque chose de fort ! »
Namjoon s'esclaffa tandis que Jungkook le tracta jusqu'à une taverne d'alcool. Ils cédèrent à l'envie de calmer leurs esprits enfiévrés. Namjoon commanda deux coupes de soju, les yeux légèrement plissés, fixant Jungkook avec un sourire que ce dernier savait calculé. Mais à mesure qu'ils buvaient, la chaleur en eux ne fit que grandir. Leur breuvage brûlait leurs gorges sans pour autant éteindre l'incendie qui dévorait leurs corps.
« Bon... tu avais raison. Ce n'était pas une bonne idée », murmura Jungkook, en posant doucement son verre, ses doigts tremblant légèrement.
Il cherchait ses mots, mais tout lui échappait. Pourtant, une étrange légèreté s'éveillait en lui. Il se sentait plus audacieux, moins timoré, plus confiant.
Namjoon ricana et se penchant vers lui. Leurs visages étaient si proches que Jungkook sentait son souffle chaud contre sa peau.
Peu leur importaient les éventuels regards sur eux. Cette nuit, ils savouraient cette étrange insouciance qui les habitait.
C'était doux, comme illusion.
Illusion pourtant déjà promise à disparaître au matin.
« Est-ce mal, après tout ? », répliqua Namjoon, la voix basse.
Ses yeux brillaient d'une lueur salace. Son timbre promettait bien plus que ses mots.
Jungkook, qui quelques instants plus tôt était encore timide, esquissa un sourire effronté qui surprit Namjoon.
« Non, tu as raison. Puis, ça ne partira pas, Nam, tu le sais », répliqua-t-il, ses yeux pétillants d'un éclat nouveau.
Il n'était plus gêné. Enivré non seulement par l'alcool, mais aussi par le jeu de séduction qui s'était subtilement installé entre eux, son contrôle sur lui-même s'érodait peu à peu.
Namjoon ne pouvait détacher ses yeux de lui. Fasciné, il contemplait son sourire insolent, cette arrogance charmante qu'il aimait tant. Autrefois rougissant, Jungkook avait renoué avec le séducteur téméraire qui sommeillait en lui, celui qui alimentait les rumeurs à Sungkyunkwan. Namjoon lui faisait face pour la seconde fois de la soirée.
Un sourire carnassier fendit ses lèvres. Et Jungkook perdit un instant de sa superbe avant de reprendre contenance.
Sans prévenir, Jungkook attrapa de nouveau sa main et l'entraîna à l'écart, loin des regards curieux qui, sans doute, n'auraient pas saisi la nature subtile et brûlante de ce jeu entre eux.
Ils émergèrent de la taverne, glissant dans une ruelle étroite et sombre où les bruits de la fête s'estompaient, devenant des murmures lointains. L'air y était plus frais, mais la chaleur entre leurs corps ne faisait qu'augmenter. En un éclair, Namjoon fut plaqué contre le mur de pierre, le froid saisissant de la surface contrastant avec la chaleur incendiaire qui irradiait de son corps. Son cœur battait si fort qu'il lui semblait prêt à imploser.
« Encore toi qui prends l'initiative ? lança-t-il, un sourire narquois.
— Remercie l'alcool. »
Namjoon pouffa.
« Ne bois pas tous les jours, alors. »
Le visage à quelques centimètres, Jungkook esquissa un sourire amusé. Puis le fixa intensément, ses yeux s'attardant sur ses lèvres. Avec une grâce féline, il se rapprocha lentement, délibérément, jusqu'à ce que son corps se presse doucement contre le sien.
« Inverse les rôles si tu en as envie », susurra Jungkook, sa voix rauque frôlant son oreille.
Il le défiait, attisant le désir.
Namjoon esquissa un sourire, mais l'étreinte de la tentation le consumait. Son corps tout entier réclamait de répondre à cette provocation, mais il résistait encore, s'accrochant à ce jeu dangereux qui les liait. Il feignait une indifférence qu'il ne pouvait maintenir plus longtemps.
« Qu'est-ce que tu cherches à prouver, Jungkook ? », murmura-t-il, ses yeux brillant d'un mélange d'affront et de fièvre, bien qu'il connût déjà la réponse.
La question semblait plus être un prétexte pour prolonger ce moment, pour tester un peu plus l'audace de son amant.
Jungkook approcha ses lèvres de son cou, effleurant à peine sa peau brûlante.
« Je repousse mes limites... et les tiennes », répondit-il avec un sourire en coin, sa voix douce, mais assurée.
Namjoon frémit à ce contact, le souffle de plus en plus lourd. Ses doigts se crispèrent contre le mur. Le contrôle lui échappait, il le savait. Mais il n'allait pas le lui céder si facilement.
« Tu joues avec le feu. Souviens-toi de ce qui arrive à ceux qui s'y risquent », murmura-t-il, sa voix basse et rauque, teintée d'un avertissement menaçant.
Un éclat de malice traversa le regard de Jungkook qui le toisait, son sourire se faisant plus provocateur.
« Je n'ai jamais eu peur de me brûler », dit-il en lui faisant un clin d'œil.
Le souffle de Namjoon se fit plus court. Malgré l'ardeur du désir qui montait en lui, il le dévisagea avec une arrogance glaciale, ses yeux s'enflammant d'une flamme dangereuse, mais toujours avec cette lueur plus douce, aimante.
« Tu ne maîtrises que peu ce jeu dangereux, Jungkook, tu me l'as prouvé, tout à l'heure », insista-t-il dans le but de le déstabiliser, son timbre caverneux.
Le regard brûlant d'assurance, Jungkook s'approcha encore, son sourire se faisant plus insolent.
« Peut-être. Mais hyungie... susurra-t-il, ses lèvres frôlant les siennes. Tu sais que j'ai toujours eu un faible pour le danger. Sinon je ne serais pas ici à te défier. »
Namjoon se mordit la lèvre, le désir pulsant dans ses veines, tandis que son bas-ventre se tordait. Leurs regards s'ancrèrent. Malgré le battement frénétique de son cœur, Jungkook n'hésita pas une seconde, son sourire devenant plus effronté.
« Alors que je sais... »
Son murmure se fit langoureux, tandis qu'il rapprochait encore leurs visages. Lentement, sensuellement, sa langue passa sur les lèvres de Namjoon. Il savoura l'effet qu'il produisit. Le souffle de Namjoon se coupa, avant de devenir plus chaotique. Jungkook pouvait sentir la chaleur émaner de lui, l'électrisant.
« ... que tu es capable de me réduire à néant si tu le voulais. »
Il lui répondit sans une once d'hésitation, le regardant droit dans les yeux, son sourire s'étirant davantage, provocateur.
L'air entre eux devint encore plus dense. Déstabilisé, Namjoon perdit toute contenance, vacillant sous l'effet de cette provocation. Son regard s'assombrit davantage. Ses doigts agrippèrent les hanches de Jungkook et s'y resserrèrent. Leurs souffles étaient entremêlés. Un simple geste aurait suffi pour que l'espace entre eux disparaisse complètement.
Namjoon le fixait avec une intensité dévastatrice. Le sourire insolent de Jungkook ne faiblissait pas, son regard ancré dans le sien. Alors, sans ciller, provoqué, Namjoon esquissa un rictus narquois, lui répondant avec une assurance froide, faisant allusion à la fuite de Jungkook quelques semaines plus tôt.
« Ne me tente pas, Jungkook. Tu risques encore de prendre peur et fuir. »
Mais au moment où il crut que Jungkook allait flancher face à son aplomb, ce dernier s'écarta brusquement. Ses yeux brillaient d'un éclat malicieux, reflétaient une satisfaction presque moqueuse.
« Je me suis déjà excusé, hyungie, inutile d'en reparler. Et si tu penses me troubler ainsi... »
Il se pencha une dernière fois et l'embrassa chastement.
« ... Ça ne fonctionne pas », susurra-t-il, contre ses lèvres.
Il recula, et s'en alla, avant d'émettre un ricanement espiègle à l'entente du grognement mécontent de Namjoon.
« Reviens ici !
— Je m'enfuis, comme tu l'as si bien dit ! », rétorqua-t-il, mutin.
Il sortit de la ruelle, le laissant seul. Il était grisé par son pouvoir éphémère, savourant chaque seconde de cette torture qu'il infligeait à Namjoon.
Amusé malgré sa frustration, ce dernier ajusta ses vêtements et ses cheveux avant de partir à sa poursuite, le regard rivé sur la silhouette de Jungkook qui s'éloignait sous les lumières chatoyantes des lanternes.
Il aimait ce jeu où chacun poussait l'autre aux confins du désir sans jamais s'y abandonner entièrement. Ce côté insaisissable de Jungkook le fascinait. Ce jeu du chat et de la souris les rapprochait autant qu'il leur faisait perdre la tête.
Pour la troisième fois, alors qu'ils s'étaient longuement amusés à tenter de pêcher des carpes dans un stand de jeu, sans grand succès, Jungkook lança un appel qui éveilla aussitôt l'attention de Namjoon.
« Hyungie, viens voir ! »
Ils se regardèrent. Puis se sourirent. Et Namjoon le rejoignit dans une ruelle.
Encore.
Leurs corps s'attirèrent avec une aisance instinctive, leurs bras se nouant sans hésitation. Très vite, leurs lèvres se rejoignirent dans une ferveur familière, chaque baiser se faisant plus avide, plus brûlant, comme s'ils cherchaient à emprisonner à jamais cette sensation exaltante en eux. Leurs doigts se perdaient dans leurs chevelures, ébouriffant les mèches au rythme de leurs étreintes fiévreuses. À chaque instant, ils frôlaient dangereusement les frontières du contrôle, emportés par un désir beaucoup plus impétueux que les précédents.
Mais cette fois, un bruit inattendu les interrompit.
Ils se détachèrent vivement, puis se figèrent. Leur sang se glaça et leur âme sembla sur le point de s'échapper de leur corps. Le souffle court, ils tournèrent la tête vers l'origine du son. La mine curieuse, un petit garçon mâchouillant un bâton de sucrerie les observait de loin, innocent et intrigué par ce qu'il percevait comme un moment étrange entre deux adultes dans une ruelle.
L'esprit vif, Jungkook réagit aussitôt.
Sans réfléchir, il attrapa Namjoon par le bras et le poussa doucement contre le mur.
« Vite, bagarre », souffla-t-il, retenant un rire.
En une fraction de seconde, ils passèrent d'amants secrets à adversaires en pleine rixe improvisée. Leurs gestes, pourtant habiles et rapides, trahissaient à peine l'éclat rieur qui subsistait dans leurs yeux. Namjoon se prêta au jeu, feignant de repousser Jungkook avec vigueur, tout en essayant de ne pas éclater de rire.
Amusé par ce qu'il pensait être une simple bagarre de rue, le petit garçon perdit rapidement son intérêt et s'éloigna en trottinant.
Une fois assurés que l'attention n'était plus sur eux, ils s'effondrèrent de rire, leurs corps se jetant l'un sur l'autre. Jungkook se laissa aller contre le mur, riant à s'en tenir les côtes, tandis que Namjoon, le visage niché au creux de son cou, s'esclaffait tout en essayant de reprendre son souffle.
« Quittons cet endroit, il est moins sûr que je l'imaginais », finit par dire Jungkook, la voix encore vibrante de son hilarité.
— Je te suis », dit-il sur le même ton.
Ils erraient à nouveau, insouciants, le cœur léger.
Heureux.
En d'autres circonstances, la présence de cet enfant les aurait sans doute freinés dans leurs ardeurs. Éveillé la méfiance de Jungkook. Ravivé la colère de Namjoon contre une société qui les reléguait à l'ombre.
Mais aujourd'hui, rien de tout cela n'importait.
Ils étaient simplement emportés par l'euphorie de la liberté.
Ils se cachèrent dans une ruelle, encore. Ils ne se lassaient pas de cette audace, de ce plaisir grisant de braver l'interdit.
D'exister hors des regards.
Cela devenait une source d'adrénaline, un défi aux règles tacites du monde qui les entourait.
« Je vous trouve bien plus laxiste cette nuit, Kim Namjoon-ssi, lança-t-il, un sourire provocateur. Un brin permissif. Est-ce l'effet de l'alcool ? La fête ? Moi ? Devrais-je m'en inquiéter ? »
Namjoon sentit la pique atteindre son ego. Bien que légère, cette remarque le titilla d'une manière qui éveillait en lui quelque chose de plus primal. Il grinça des dents.
« Tu ne dis plus rien ? », le taquina Jungkook, ses lèvres frôlant les siennes.
Sans réfléchir, poussé par une impulsion, Namjoon lui agrippa les poignets avec une fermeté maîtrisée, les ramenant habilement derrière son dos. Avant que Jungkook ne puisse protester, il le plaqua face contre le mur, son torse épousant son dos dans un geste de dominance totale. D'une manière douce, mais péremptoire, il mordilla son cartilage d'oreille, comme le ferait un félin pour maîtriser sa femelle.
Jungkook était paralysé, frissonnant. Il brûlait sous l'assaut imprévu et brutal de Namjoon. Son corps le trahit. Il ne saisit pas l'intensité de sa réaction. Il s'était senti presque capable de s'exalter en étant ainsi malmené par Namjoon.
Son ego était fortement titillé. Il voulait fuir, s'échapper de cette emprise. Pourtant, il se délectait d'y être enchaîné.
Face Namjoon, il ne se reconnaissait pas.
Il se découvrait.
Mais c'était quoi, ça ?
« Un petit rappel, Jungkook : c'est moi, et uniquement moi qui t'accorde cette liberté. Alors, ne sois pas ingrat », murmura Namjoon, le timbre profondément rauque et bas.
Jungkook frémit vivement au souffle chaud glissant dans son oreille. Ses paupières se closent fermement, pris entre l'envie de se soumettre et le besoin de répliquer à cette humiliation.
Mais avant qu'il ne pense à réagir, Namjoon relâcha brusquement son emprise dans une démonstration de contrôle absolu. Un sourire narquois et arrogant étira ses lèvres alors qu'il observait Jungkook vaciller, ses jambes fléchissant légèrement alors qu'il s'agrippait au mur d'une main pour ne pas flancher.
« Regarde-toi... Il suffit d'une petite bousculade pour que tu deviennes aussi fragile qu'un poulain chancelant. Absolument adorable. »
Jungkook ne put que se retourner, le dos collé contre le mur, le fusillant d'un regard à la fois noir de courroux et brillant de luxure. Ce regard si chargé de désir refoulé fit serrer les poings de Namjoon, sa mâchoire se crispant sous l'effet de la tentation.
Il voulait lui faire payer son affront, là, maintenant.
L'envie de succomber encore une fois à cet être irrésistible, si malléable et pourtant si fier, le prit vivement.
Mais au lieu de céder, Namjoon se détourna brusquement, quittant la ruelle avec une certaine précipitation. Pourtant, il ne fit que quelques pas, s'arrêta et attendit près de la sortie. Son cœur battait à tout rompre, toujours bouillonnant de désir de ce jeu qui le consumait.
Quand Jungkook finit par sortir à son tour, son visage affichait une mine mécontente. Les bras croisés, les joues gonflées de frustration, il semblait presque bouder. Namjoon arqua un sourcil amusé et ne put empêcher de ricaner, absolument satisfait du pouvoir qu'il détenait sur cet homme à la fois si enclin à la soumission et pourtant tellement orgueilleux.
Alors qu'ils reprenaient leur marche dans la rue animée, Jungkook traînait encore derrière, ses bras toujours croisés, essayant de dissimuler sa gêne.
Namjoon ne pouvait s'empêcher de sourire.
Le voir ainsi le poussait à titiller Jungkook, juste pour le plaisir de le voir se débattre contre l'agacement mêlé à la rougeur qui lui montait si facilement aux joues.
« Pourquoi cette petite mine boudeuse ? », s'enquit Namjoon d'un air faussement innocent, jetant un regard par-dessus son épaule.
Jungkook lui lança un regard noir.
« Je n'ai pas de petite mine boudeuse, grognonna-t-il, le regard fermement ancré dans le sien.
— Suis-je l'origine de tes tourments ? plaisanta-t-il en poursuivant sa marche, le ton nonchalant.
— À ton avis ? », siffla-t-il.
Namjoon arqua un sourcil, amusé.
« Moi ? Pourtant, je suis sûr que si je te coinçais encore dans une ruelle, il ne te faudrait que quelques instants pour te montrer bien plus docile... et me céder. »
Le visage de Jungkook se froissa sous l'impact brutal de ses mots. Son souffle se coupa, comme s'il venait de recevoir un coup en plein ventre. Il s'arrêta net, la gorge nouée.
C'en était trop pour son ego qui se fissura.
« Arrête de me provoquer ! », s'exclama-t-il, son ton oscillant entre l'agacement et la gêne totale.
Imperturbable, Namjoon stoppa sa marche et se tourna vers lui, une lueur faussement dangereuse au fond des yeux.
« Du calme, répondit-il d'un ton tranquille, comme si ses paroles n'avaient pas frappé si fort.
— Que je me calme ? Tu cherches à me reprocher ce que tu as autorisé, alors ne fais pas semblant de me sermonner !
— Ne te donne pas en spectacle, murmura-t-il, la voix basse, presque tranchante. Je n'aime pas ça. »
Jungkook trembla sous l'effet de ces quelques mots. Son esprit se battit contre l'influence qu'il sentait croître en lui. Il inspira profondément, mais l'intonation, l'octave précise, la douce autorité qui vibrait dans la voix de Namjoon s'insinuait dans ses pensées, détruisant ses dernières résistances.
Malgré lui, son corps céda.
Il baissa la tête, comme terrassé par une force plus grande que lui, incapable de lutter contre l'autorité naturelle de Namjoon.
Satisfait, ce dernier s'approcha, esquissant un rictus en coin.
« Et je ne te sermonne pas. Je ne fais qu'énoncer les faits. »
Namjoon s'était légèrement penché vers lui, sa voix se faisant plus basse, plus suave, presque envoûtante, s'insinuant directement dans le cœur de Jungkook qui papillonna.
« Tu ne nies même pas le fait que tu me provoques », bougonna Jungkook, les bras croisés dans une posture défensive.
Il esquissait une moue boudeuse, le regard fuyant, refusant de rencontrer celui de Namjoon.
« Bien sûr que non, j'y prends un plaisir fou, répliqua-t-il, mutin, un sourire charmeur.
— Tu es un démon, Kim Namjoon », grogna Jungkook, mi-agacé, mi-intimidé.
Sa voix manquait d'assurance, trahissant l'impact que les paroles de Namjoon avaient eu sur lui.
Ce dernier s'approcha encore d'un pas, ses mots effleurant presque la peau de Jungkook d'un ton caressant.
« Toujours à dramatiser, roucoula-t-il. Tu te souviens de la sensation de mon corps contre le tien quand je t'ai maîtrisé ? Je sais que tu aimes ça. Alors, ne fais pas semblant de t'énerver. »
La gorge de Jungkook se serra sous cette évocation. Son cœur s'emballa, et il détourna la tête avec plus de véhémence, tentant désespérément de masquer l'effet que ces mots avaient sur lui. En vain.
« Tu vois que tu recommences ! », lança-t-il en le fusillant du regard, la voix légèrement tremblante, cherchant un refuge dans sa colère feinte.
Et Namjoon éclata d'un bref rire tendrement moqueur, qui résonna dans l'air comme un coup porté à l'orgueil de Jungkook.
Ce dernier resta interdit, son esprit pris dans un tourbillon de confusion. Il voulut répliquer, mais les mots s'échappèrent de sa bouche avant même qu'il puisse les formuler. Sa mâchoire se contracta sous l'effort de maintenir une façade de résistance, mais la rougeur envahissait déjà ses joues, trahissant ce trouble qu'il ne pouvait plus contenir.
Plus il s'enlisait dans ses efforts maladroits pour reprendre le dessus, plus il se sentait glisser sous l'emprise de Namjoon, incapable de masquer la gêne et le désir mêlés qui le dévoraient.
Il se rendit à l'évidence.
Il ne pouvait l'affronter d'égal à égal qu'avec le consentement de Namjoon.
Cette pensée le troublait.
Le charme et la domination innée de Namjoon sur lui éveillaient à la fois une docilité naturelle et une irritation étouffante. Jamais il n'aurait imaginé qu'un homme puisse ainsi le bousculer, mêlant habilement douceur et insoumission.
Il ne pouvait abandonner l'idée de comprendre pourquoi il avait cette emprise sur lui.
Pourquoi il s'y soumettait volontairement, le temps que son ego vacille avant de se redresser et rugir d'indignation.
« Tu es... tu... tu m'énerves ! », finit-il par brailler.
Son regard se fit de nouveau fuyant, sa voix à peine audible, ses mots bien loin de l'impact qu'il espérait leur donner.
Le sourire de Namjoon se fit plus triomphant que jamais.
« Peut-être, répondit-il avec un air amusé. Mais en attendant, tu ne me résistes jamais.
— Toi non plus ! », aboya-t-il, piqué au vif, le fusillant du regard.
Jungkook grinça des dents. Même sa propre défense manquait d'aplomb.
« Oui, mais moi j'assume, contrairement à toi. Et ne crie pas, s'il te plaît. »
Namjoon ancra son regard dans le sien, ses yeux brillant de cette confiance inébranlable qui désarmait toujours Jungkook.
« Pas du t..., commença-t-il, ses mots se perdant dans l'incertitude.
— Ne me mens pas, Jungkook. »
Son ton péremptoire coupa court à toute réplique, comme un ordre qui forçait à la soumission. Jungkook ouvrit la bouche pour répondre, mais seul un grognement frustré lui échappa, ses pensées embrouillées par la proximité de Namjoon, cette force tranquille qui le déstabilisait à chaque instant.
D'un geste affectueux, Namjoon glissa un bras autour de ses épaules, l'attirant contre lui sans effort. La chaleur de son corps rassurante et puissante enveloppa Jungkook. Ils reprirent leur marche. Le monde autour d'eux semblait disparaître, réduit à l'espace clos de leur intimité.
« Allez, mon doux, je veux te voir sourire », murmura Namjoon contre son oreille.
Un frisson parcourut l'échine de Jungkook. Namjoon le sentit, se délectant de cette réaction qu'il savait inévitable.
« Je te trouve adorable quand tu rougis, tu sais ? »
Sa voix basse glissa sur Jungkook comme du velours. Ce dernier n'eut même plus la force de protester contre cet adjectif.
Adorable ? Il ne l'était pas !
« Mais je préfère mille fois ton magnifique sourire. »
Sous cette tendre provocation, les résistances de Jungkook fondirent une fois de plus. Malgré lui, malgré l'agacement qu'il feignait à moitié, un petit rictus timide finit par étirer ses lèvres. Sa bataille était déjà perdue. Il était irrémédiablement charmé, captif de cette douce emprise que Namjoon exerçait sans même forcer.
Namjoon le contempla avec toute la tendresse du monde, épris, envoûté. Il n'avait d'yeux que pour lui.
« Voilà », murmura-t-il d'une voix douce et profonde, satisfait.
Incapable de résister, Jungkook soupira.
Il se laissa emporter par cette affection réciproque, l'âme baignée d'euphorie.
Il avait beau être conscient d'avoir, encore, succombé à Namjoon, échappant à tout contrôle de lui-même...
...il ne pouvait nier une vérité qui scandalisa son ego.
Il aimait leur dynamique unique.
☾
Namjoon rit de sa propre pensée lorsqu'il compara Jungkook à un lapin insouciant à l'énergie débordante, se fondant parfaitement dans ce décor animé.
Il savourait le spectacle d'un Jungkook bondissant d'un trottoir à l'autre, les yeux brillants devant le marchand de beignets, dégustant ici une brochette de viande grillée, là une friandise sucrée, tout en échangeant des plaisanteries avec les marchands.
Son rire cristallin résonnait au-dessus de la clameur environnante.
Il captivait les regards.
Même s'il réfrénait le désir de leur arracher les yeux, Namjoon comprenait aisément les étincelles dans les yeux des femmes qui le croisaient.
Jungkook était magnifique. Un astre radieux illuminant une foule d'étoiles pâles et sans éclat.
Les yeux captivés par son soleil échoué sur terre, Namjoon esquissa un sourire tendre. D'un commun accord, ils ne cédèrent plus à la tentation de se cacher dans une ruelle. Ils sentaient qu'ils avaient assez bravé le danger.
Il ne put s'empêcher de s'esclaffer encore une fois en le voyant s'arrêter devant un stand de marionnettes colorées et de petites sculptures en bois. Les yeux de Jungkook brillaient d'excitation lorsqu'il le regarda.
« Hyungie ! Regarde ces miniatures ! », s'écria-t-il joyeusement.
Namjoon le rejoignit. Il sourit lorsque, d'une maladresse charmante, Jungkook saisit une marionnette et la fit danser.
Ils flânèrent encore, jusqu'à ce que leurs pieds protestent de fatigue. Ils s'engouffrèrent dans une petite échoppe, attirés par le parfum du thé fraîchement infusé, pour déguster quelques mets savoureux et légers. À cette heure avancée de la nuit, la foule se faisait moins dense, bien que toujours assez fournie, et l'écho des voix résonnait doucement contre les murs anciens.
Jungkook fouilla dans sa poche avec un petit sourire en coin.
« Regarde... »
Il sortit une petite figurine en bois, la tendant à Namjoon avec une douce hésitation.
« C'est un loup. Il me fait penser à toi. Je voulais que tu l'aies... pour que tu penses à moi, même quand tu es pris dans tes interminables sessions d'étude. »
Un léger rire, timide, franchit ses lèvres, tandis que ses yeux brillaient d'une affection indéniable.
Touché au plus profond de son âme, Namjoon reposa sa tasse fumante et prit délicatement la figurine. Son regard se posa sur l'œuvre minutieuse, chaque détail du loup respirant la vie et la force.
Mais c'était plus que cela.
Ce cadeau représentait tout ce que Jungkook n'osait pas toujours dire à voix haute.
« Quelle en est ta signification ? », murmura-t-il, la gorge nouée par l'intensité de l'affection qu'il ressentait à cet instant.
Jungkook se gratta timidement l'arête du nez.
« Eh bien... Un... un loup, ou plutôt un alpha, veille sur sa meute. Et la protège. Voilà... », balbutia-t-il, embarrassé.
Bien qu'amusé devant sa gêne, Namjoon sentit son cœur prêt à éclater d'amour.
Il contempla longuement la petite œuvre, finement taillée dans le bois sombre. Nichée dans la paume de sa main, elle représentait un loup en posture de vigilance, ses yeux vifs et ses griffes délicatement gravées insufflant vie à la créature. Chaque poil de sa fourrure semblait animé, témoignant du talent exceptionnel de l'artisan.
« Tu n'as aucune idée de ce que ça représente pour moi », souffla Namjoon.
Sa voix faillit se briser, emportée par l'émotion.
Merci. Merci d'alléger mon fardeau.
Il brûlait de clamer ces mots, de les laisser s'échapper avec l'ardeur de son amour. Il rêvait de l'embrasser au cœur de cette échoppe, de l'étreindre et de lui révéler, encore et encore, la profondeur de sa gratitude infinie.
Mais cette liberté demeurait hors de portée.
Jungkook devina les pensées nichées dans son regard. Il vit ses yeux s'embuer légèrement, illuminés par cette tendresse coutumière qu'il lui prodiguait à chaque instant où leurs sentiments devenaient trop intenses au point de déborder dans leurs regards.
Une douce chaleur parcourut sa main, un frisson d'anticipation. Jungkook voulait l'étreindre, sentir leurs doigts s'entrelacer tandis qu'ils flâneraient ensemble dans les rues animées et illuminées.
Mais ce rêve demeurait hors de portée.
Sa langue se manifesta également, picotant sous le désir de prononcer des mots provenant de l'impatience de son cœur. Alors qu'il contemplait Namjoon, son souffle devint plus court, sa gorge se noua sous l'intensité de ce qu'il tentait de réprimer.
Les mots étaient là, prêts à exister, mais la crainte l'empêchait de les libérer.
Tu es plus que ce loup. Tu es celui qui me fait sentir en sécurité, même quand tu n'es pas là.
Mais il ne le pouvait pas.
Cela reviendrait à lui avouer ce qu'il ne voulait pas affronter.
« Jungkook. »
Namjoon murmura son nom, son regard s'attardant sur chaque détail de son visage.
« Je peux presque entendre ce que tu ne dis pas. »
Jungkook se pétrifia. Puis détourna le regard. Il brisa le contact comme on tenterait de fuir une vérité trop lourde à porter.
Namjoon frissonna en sentant une distance qui semblait soudain s'installer entre eux. Jungkook fuyait encore.
Pourquoi ? Pourquoi est-ce si difficile de verbaliser ce que tu ressens alors que tes yeux et ton corps me le crient ?
Jungkook baissa la tête, évitant son regard, ses doigts jouant nerveusement avec la lanière de sa ceinture.
Namjoon se pencha doucement vers lui.
« Excuse-moi. »
Il réduit davantage l'espace entre eux, son souffle effleurant à peine sa peau.
« Merci pour ce cadeau. Chaque fois que je le verrai, je penserai à toi et à tout ce que je ressens quand tu es là. »
Ces mots allégèrent la lourdeur de l'atmosphère. Le petit sourire de Jungkook allégea son âme. Mais la tristesse alourdissait leurs cœurs, même au milieu du tourbillon effervescent de leurs sentiments qui électrisait chaque parcelle de leurs corps.
Reprenant son vagabondage vif et énergique, Jungkook avançait avec une insouciance captivante.
Oublié le petit moment douloureux.
Namjoon le suivait d'un pas serein, le cœur allègre, serrant contre sa poitrine le petit sachet en soie. Il chérirait ce précieux cadeau comme si l'âme de Jungkook y résidait. Depuis la destruction de sa famille, plus personne ne lui avait offert un tel trésor.
Alors qu'il rangeait son présent contre son torse, dans l'ouverture de son hanbok, Namjoon l'observa soudainement animé d'une discussion vibrante avec Sunhi, marchant à ses côtés.
Sérieusement ?
Sa démarche ralentit, son visage se ferma, et son cœur se comprima, rongé par la jalousie.
Ses yeux perçants fixaient la jeune femme, ressentant toute la douceur et la bienveillance qu'elle avait pour Jungkook. Il détesta le regard amoureux qu'elle posait sur lui. Il savait qu'elle ne contrôlait pas ce qui se reflétait dans son regard. Elle l'aimait, c'était indéniable. Pourtant, elle ne faisait rien pour approfondir une relation déjà trop intime aux yeux de Namjoon. La seule consolation pour lui était que Jungkook ignorait peut-être les sentiments qu'il éveillait en elle.
Cet imbécile.
Plein de détermination, Namjoon s'élança vers eux, mû par le désir d'éloigner Jungkook d'elle sous un prétexte habile et le garder près de lui.
Mais soudain, son élan fut brisé net, tel un vent subitement arrêté par une montagne invisible.
Une voix.
Il crut que son cœur s'était définitivement arrêté.
« Namjoon. »
Il frémit en entendant l'appel tout près. Une voix féminine, légèrement voilée, qu'il avait tenté d'oublier pendant de longues années sans jamais y parvenir. Une voix qui avait résonné tant de fois à ses oreilles d'enfant, douce et moqueuse, inquiète et amusée, colérique ou dans la réprimande, mais toujours tendre et aimante...
La voix de sa mère.
Celle qui un jour avait lancé de funestes accusations contre l'homme qu'elle prétendait aimer et chérir plus que sa propre vie.
Il tourna lentement la tête.
Et une fissure profonde se créa en lui.
Cette rupture ébranla son être tout entier : son esprit s'obscurcit, son souffle devint erratique, de légers tremblements le traversèrent. Son cœur empli de colère et de haine semblait prêt à se consumer et à disparaître en cendres.
Elle était là, dissimulée dans une ruelle étroite entre l'ombre de deux maisons, à l'abri des regards.
Sooyeon se tenait droite, enveloppée dans un hanbok militaire royal, symbole de son rang.
La soie de son jeogori*, richement brodée de fils d'or, évoquait les insignes de la royauté, tandis que sur les manches, le délicat motif d'un paon aux ailes déployées représentait fièrement l'emblème de sa famille.
Une ceinture finement ornée de boucles de métal ceignait sa taille, soulignant la silhouette ferme de la commandante. Sous la veste ajustée, une jupe chima d'un pourpre profond tombait en larges plis, conçue pour allier liberté de mouvement et protection contre les intempéries.
Son armure légère en cuir, finement décorée des marques de son grade, enveloppait ses épaules et sa poitrine, accentuant sa posture assurée et l'autorité naturelle qui émanait d'elle. À ses pieds, des bottes de cuir souple, pensées pour les longues marches et les chemins escarpés, complétaient l'ensemble.
Enfin, un binyeo* scintillant de pierres précieuses maintenait ses longs cheveux relevés en un chignon bas, ajoutant une touche de grâce à cette figure guerrière, aussi imposante que raffinée.
« Je suis contente de te savoir en bonne santé et épanoui », dit Sooyeon d'une voix douce, s'approchant avec grâce.
Ses pas effleuraient à peine le sol, comme si elle évoluait sur un fil invisible. Pourtant, chaque mot qu'elle laissait échapper s'abattait lourdement comme une pierre dans le cœur de Namjoon. Un froid glacial s'insinuait en lui, moins douloureux encore que le poids de ces paroles.
« Contente ? Épanoui ? », cracha-t-il, ses mots tranchants comme des lames de glace.
Il rit. Un rire vibrant de désillusion et de rancœur, un rire qui résonnait avec une amertume déchirante.
« Ne t'approche surtout pas de moi », avertit-il d'un ton bas, le regard lourd de fureur et de menaces.
Son corps tout entier tremblait sous l'effort de se contenir.
« J'aimerais te parler. Pouvons-nous avoir un moment entre mère et fils ? », demanda Sooyeon, sa voix tremblante à peine audible face à la déferlante de haine de son fils.
Namjoon se demanda s'il n'hallucinait pas.
Mère... et fils ?
Il vit rouge.
Depuis le boulevard baigné de lumière, il s'engouffra dans la ruelle, son pas ferme et chargé de colère. Elle recula, déconcertée, sans qu'il ait besoin de lever la main.
En un instant, ils se retrouvèrent tous deux plongés dans l'ombre.
« Tu n'es plus ma mère ! vociféra Namjoon, sans pouvoir contrôler sa fureur. Quant à ce blason... tu es indigne de le porter ! Tu as perdu ce droit le jour où tu nous as anéantis, nous, ta propre famille ! »
Ses mots étaient des coups de poignard, chacun visant à déchirer le cœur de Sooyeon. Elle recula légèrement, comme si les paroles de son fils la frappaient physiquement.
« Je s...
— Non ! Je ne veux pas t'entendre », l'interrompit-il en levant la main avec une force déchaînée.
Ses mains tremblaient sous l'effort ardu de tempérer la force de ses émotions.
« Disparais de ma vie avant que je sois contraint de te faire disparaître moi-même », ajouta-t-il.
Il exulta en observant la surprise éclore et une ombre de peur scintiller dans les yeux de sa mère.
« Tu n'es plus qu'une traîtresse à mes yeux. Tu n'as plus rien de la mère que je connaissais. Tu es morte en même temps que l'exécution de papa. »
Ses mots étaient un verdict, une sentence que Namjoon avait prononcée avec une dureté désespérée. Sa voix était devenue plus rauque, presque étouffée.
« Je suis désolée. Je n'ai jamais voulu... Je n'ai jamais voulu... »
Sa voix mourut, laissant sa phrase inachevée. La suite de ses propos portait le poids d'une douleur sincère.
Ou d'une culpabilité feinte.
Namjoon secoua la tête, ses yeux brillant d'une rage qui l'anéantissait un peu plus.
« Désolée ? C'est tout ce que tu as à dire ? Des excuses après tout ce que tu as fait ? »
Namjoon la foudroyait du regard, son visage marqué par le chagrin et la confusion. Le doute s'insinuait doucement dans son esprit. Était-ce là un véritable regret ou une énième manigance ? Ses émotions vacillaient, déchirées entre la colère brûlante et une fragile compassion, mais le poids de son incertitude le paralysait, l'empêchant de trancher.
Il glissa une main tremblante dans sa manche, frôlant le métal froid du couteau caché.
« Va-t'en ! », vociféra-t-il.
Ses émotions déferlaient maintenant comme un torrent incontrôlable.
« Va-t'en avant de faire de moi un assassin ! »
Il recula de deux pas.
« Et cesse de t'approcher de moi ! Je ne veux ni entendre tes justifications, ni tes excuses. Tu m'as détruit, tu comprends ? Non seulement tu m'as laissé, mais tu m'as plongé dans une solitude si profonde que... »
Sa voix se brisa.
« Bon sang, disparais ! », hurla-t-il.
Des passants intrigués s'étaient arrêtés, leurs regards irrésistiblement attirés par la scène tumultueuse qui se jouait devant eux. Tous les reconnurent. Certains chuchotaient, d'autres se taisaient, captivés par le drame de cette famille jadis éminente et respectée, désormais sous le joug de l'opprobre.
Sooyeon recula d'un pas, ses yeux étincelant d'une lueur inhabituelle. Elle se tourna avec une lenteur poignante et s'éloigna, chaque pas semblant arracher un morceau du cœur de Namjoon. Figé, il la regarda s'effacer, son esprit embrouillé par une douleur sourde, dévoré par le doute.
Sur le point de tourner à l'angle de la ruelle, elle s'arrêta, le regarda, et Namjoon vit ses joues scintiller.
Était-ce le reflet des lanternes lointaines sur ses joues...
Ou des larmes scintillantes ?
Il ne le saura jamais. Et peut-être préférait-il ainsi.
Alors qu'elle s'évaporait lentement de son horizon, Namjoon vacilla. Ses jambes, trahissant sa volonté, cédèrent sous son poids. Il se laissa glisser contre le mur. Encore affolé, son cœur battait avec une frénésie douloureuse. Il ignora les questions inquiètes des passants soucieux, attendant qu'ils s'en aillent.
Il aurait tant aimé se réfugier dans les bras de Jungkook, là, maintenant, et s'apaiser progressivement au rythme de sa respiration, de ses battements de cœur.
Il était épuisé. Vidé, par la confrontation et l'afflux de sentiments contradictoires.
Il sentait l'empreinte du regard de Sooyeon s'ancrer profondément dans son esprit, un mystère brûlant qu'il ne se sentait pas encore prêt à affronter.
Pourquoi maintenant... ?
Il fouilla dans son hanbok et serra le cadeau de Jungkook contre sa poitrine. Sa seule consolation. Il se leva difficilement et s'élança, désorienté, dans les rues animées.
Il heurtait les passants, aveugle à leur présence, cherchant désespérément à échapper à l'emprise de sa mère.
Il voulait fuir loin de cette femme dont la trahison avait brisé le sanctuaire sacré de l'amour maternel.
Ce lien indéfectible entre une mère et son fils.
À suivre...
Voilà voilà 👀
Tu aimes leur dynamique ? (je te dis pas comment je fangirl ptdr)
ANYWAY
J'espère que t'as aimé ce chapitre assez léger, si on oublie la fin, je mets un point d'honneur à décrire leurs moments, puisque c'est tout de même une romance, avant tout ^^
Je vous aime ♡
𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤
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