chapitre trente-trois

LE GRAND PRIX DE MONACO en cette fin du mois de mai était enfin le moment pour Charles de montrer ce qu'il valait. Après l'impossibilité de rivaliser avec Redbull à Miami, et son abandon à cause du moteur à Barcelone, le brun était déterminé à terminer pour la première fois son grand prix à domicile, mais surtout à le gagner. C'était son plus grand objectif depuis le début de la saison. Les séances d'essais libres s'étaient d'ailleurs divinement bien déroulées, et à une heure et demie de la séance de qualification, il sentait qu'il pouvait faire quelque chose de bien.

Ce mois de mai avait été relativement long pour lui, malgré tout. Ses journées avaient été égayées par Giada qui lui donnait des nouvelles constantes de Matteo. Ce n'était pas la meilleure technique pour l'oublier, mais ce n'était pas réellement ce qu'il souhaitait après réflexion. L'unique chose positive de ce mois est que, grâce à ses séances de psychologie extrêmement rapprochées, le monégasque était parvenu à enfin mettre un mot sur ses ressentis et ses sentiments. Oui, comme l'avait évoqué son psychologue, Charles se sentait pansexuel. Se rendant compte que ce n'était que la personnalité chez quelqu'un qui l'attirait, il n'avait pas été chercher bien loin pour enfin se mettre dans une case. Pour certains, ce n'était pas la solution de se définir, mais pour lui, c'était important. Alors il s'était senti grandement apaisé, et avançait petit à petit. Son envie de se blesser physiquement disparaissait jours après jours, et après une légère rechute après Miami, il n'avait pas réitéré et était extrêmement fier de lui.

Après une discussion avec ses ingénieurs et ses mécanos sur la dernière séance d'essais libres, Charles rejoignit ses amies qui le supportaient depuis le garage. Il avait décidé d'inviter Charlotte, son "amie" prénommée Mathilde, et Giada, alors que ses autres amis, comme depuis des années, le supportaient depuis les balcons des appartements. Il avait parfaitement vu la banderole "Leclerc" et il l'adorait, puisque chaque année elle était présente. Arrivé dans le garage, il prit chaleureusement la brunette dans ses bras. Leur relation avait nettement changé depuis cette nuit en boîte. Ils étaient réellement devenus de bons amis, même si selon lui, elle ne serait jamais à la hauteur de Giada.

- Charles, je te présente Mathilde, déclara-t-elle avec timidité alors que la rousse fit la bise au pilote.

- Enchantée, j'suis content que Charlotte me fasse enfin rencontrer sa copine.

- Oh, on est seulement amies ! fit Mathilde, les joues rougies par la gêne.

- Oh... Charles arbora un immense sourire en coin avant de serrer sa blonde favorite dans ses bras. Ça va Gia ?

- Très bien, mais ça ira mieux quand tu iras nous chercher la pôle cet après-midi.

- Évidemment que j'irai la chercher. C'est mon jardin ici, enfin...  seulement pour les qualifications. Bon on sort sur la pitlane ?

Les trois filles le suivirent en discutant de tout et de rien, se baladant à travers la pitlane alors que le pilote de la Scuderia signait des casquettes, drapeaux, t-shirts... et faisait ses centaines de photos avec des fans. C'était de loin ses moments préférés, être aussi proche de sa communauté. Parce qu'au fond, il savait que pour certains, il représentait bien plus qu'un simple pilote de formule un.

En continuant sa route, il croisa Max, son ennemi numéro un en course, avec sa compagne Kelly. Les journaux adoraient créer une rivalité entre les deux pilotes, mais respectivement ils s'appréciaient, pas delà à être les meilleurs amis du monde mais Charles adorait la manière de penser de Max et inversement. Alors ils parlaient énormément pendant les week-end de course. Le monégasque vérifia que ses amies étaient toujours là et continua sa route tout en parlant avec le néerlandais.

Soudainement, au loin, il vit une agitation se créer et quelques personnes s'écarter. Un jeune homme courait à travers toute la voie des stands, et semblait se diriger tout droit vers lui alors que des gardes lui couraient après. À quelques mètres, il s'arrêta de courir afin de simplement marcher vite avant de fondre sur le pilote monégasque pour lui asséner un coup de poing au visage plutôt violent, provoquant un chaos général. Les cris de stupéfaction poussés par tous les invités de grande marque étaient insupportables à entendre, et encore plus les insultes homophobes sortant de la bouche de l'agresseur. Assis par terre, un peu sonné par ce qu'il venait de se passer, il se fit relever par Giada et observa sans un mot Max attraper par le col du t-shirt l'inconnu avant de le jeter aux membres de la sécurité en hurlant de le faire quitter la voie des stands et même la ville si possible.

Charles toucha son arcade sourcilière et regarda, dégoûté, ses doigts couverts de rouge. Charlotte prit un mouchoir de sa pochette pour appuyer sur la plaie créée, totalement désemparée par la situation.

- C'était quoi ce bordel ?! cria-t-elle en laissant le brun faire pression lui-même avec le mouchoir sur son arcade ouverte.

- Charles, on va jusque l'infirmerie, déclara fermement Max.

- Giada, reste avec les filles et trouvez ma mère et mes frères pour leur dire que je vais bien, s'il te plaît.

La blonde hocha la tête, encore choquée par la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux alors que Charles quitta la voie des stands avec le pilote Redbull pour se diriger vers l'infirmerie. Le mouchoir était devenu inutile tant le sang coulait, et il dut rapidement être pris en charge avec les moyens du bord. Cela demandait des points de suture et par miracle, il y avait de quoi faire ici ce qui lui permettrait peut-être de ne pas rater les qualifications.

- Ça fait combien de fois que tu subis quelque chose comme ça depuis que tout le monde est au courant ?

- Je pense pas qu'il ait fait ça parce que j'aimais un homme, ça se trouve c'était juste un anti-fan frustré par Bahreïn et Melbourne, fit-il alors qu'il avait parfaitement entendu les insultes.

- Sois pas naïf s'il te plaît, jamais ça n'arrive ce genre de trucs, sinon l'année dernière Lewis et moi on se serait pris des poings dans la figure tous les week-ends ! Puis on a bien entendu les insultes. Combien de fois ? demanda une nouvelle fois le néerlandais.

- Troisième. il grimaça alors que le médecin commençait silencieusement à le recoudre. Je peux juste serrer ton bras ? Il hocha la tête et le brun serra fortement l'avant-bras du pilote Redbull pour essayer d'évacuer la douleur.

- C'est immonde, vraiment je comprends pas.

- Si tu crois que moi je comprends...

- Tu vas porter plainte au moins ?

- Pourquoi ?

- Il t'a agressé Charles ! Et que ça soit à caractère homophobe ou non, c'est interdit par la loi d'agresser comme ça. Le monégasque souffla de soulagement quand le médecin lui annonça qu'il avait terminé après quelques minutes.

À peine le brun eut le temps de préparer la phrase qu'il allait dire à son concurrent dans sa tête, que la porte s'ouvrit à la volée sur un Pierre totalement paniqué, mais soulagé de voir son meilleur ami. Il se dirigea vers lui et lui fit une brève accolade avant de faire un signe de tête à Max qui le lui rendit.

- Putain j'ai tout vu depuis mon box mais j'avais pas terminé mon debrief avec la team. J'avais envie de tous les envoyer se faire foutre. Il t'a pas raté le salaud.

- Ça va, c'est qu'une arcade.

- Je suis vraiment choqué, je pensais pas que ce genre de choses pouvait arriver dans un paddock de formule un. Le rouennais se gratta la tête, pensif.

- Moi non plus honnêtement. Je me suis retenu de le frapper quand je l'ai chopé par le col, sa joue me faisait des appels de phare pour que mon poing atterrisse dessus. Les trois pilotes riaient légèrement à l'intervention de Max.

- Vraiment les gars, merci mais ça va aller. Je m'en fous de ce mec. J'attends juste de vous démonter aux qualifications là. Je peux participer aux qualifications hein ? demanda soudainement le pilote au médecin présent dans la salle.

- Ça ne serait pas préférable, mais-

- Hors de question que je n'y participe pas. Je vous promets que je reviendrai ici dès que possible mais je ne peux pas manquer ça ! Pas ici, il supplia presque le médecin du regard, qui semblait très réticent. Néanmoins, il céda en sachant à quel point c'était important pour lui.

- J'aurais besoin de voir la plaie entre chaque séance d'éliminations alors.

- Vous viendrez jusqu'aux stands avec moi en sortant d'ici. ils hochèrent tous deux la tête, signe d'approbation.

- Bon en tout cas, je te laisserai pas la pôle par pitié, le pilote Redbull sourit.

La porte s'ouvrit à nouveau, mais cette fois sur six autres personnes : ses trois amies, puis sa mère et ses frères. Charles remercia Max et Pierre d'être venus et les deux pilotes quittèrent la pièce, après que ce dernier ait fait une accolade à la mère du brun qui prit ensuite son deuxième fils dans ses bras, en larmes.

- Arrête de pleurer maman, je t'assure que tout va bien.

- Regarde ce qu'il t'a fait, c'est inadmissible... elle renifla en se décalant légèrement. Pourquoi ? Juste... pourquoi.

- Si on avait la réponse ça irait plus vite pour qu'on lui refasse le portrait mais on ne l'a pas, déclara Lorenzo qui se fit approuver par Arthur.

- Vous deux vous n'allez cogner personne, je vous ai pas élevé comme ça. Est-ce que tu peux participer aux qualifications Charles ? On sait à quel point tu y tiens.

- J'ai eu l'accord du médecin, je crois que je ne lui ai pas vraiment laissé le choix, il riait doucement. J'ai quelque chose à prouver.

Dans son regard, il y avait une immense lueur de détermination, et Giada était fière de son meilleur ami. Puisqu'un mois auparavant, sa réaction aurait pu être tout autre. Elle se rendait compte qu'il avait nettement changé et qu'il s'était forgé une mentalité hors du commun, notamment pour résister à ce genre d'événements tout bonnement... immondes, et le terme n'était pas assez péjoratif.

•••

je vous avais dit que parmi les 14 000 0007 événements possibles (vous avez la réf ?), j'allais prendre les pires possibles. ceci est une possibilité ;)
j'espère que vous avez aimé !

-alcools

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