chapitre trente-quatre
CHARLES AVAIT TOUT JUSTE eu le temps de rejoindre son garage avec sa famille avant que les qualifications ne commencent. Giada, Charlotte et Mathilde l'avaient aidé à cacher la trace bleutée qui se formait sur sa pommette pour paraître plus présentable, mais ce pansement sur l'arcade lui rappelait chaque instant ce qui venait de se passer. Et qu'est-ce que c'était cruel. Le monégasque prit le temps de saluer toute sa famille avant d'attraper son casque avec une détermination que peu avaient vu auparavant. Une main se posa alors sur son épaule, ce qui le fit se retourner vivement. Mattia. Le Team Principal ne trouvait même pas les mots face à la situation. Le pilote se contenta de sourire en lui offrant une accolade, signe qu'il avait compris et reçu ce geste.
- Montre-leur Charles. ces trois mots suffirent au brun. il mit son casque et se dirigea vers sa monoplace.
Dans le regard du jeune pilote, il y avait cette lueur qui ne trompait pas. Ce désir d'aller de l'avant malgré toutes les difficultés. Et cela avait été bénéfique pour le monégasque. À l'aube de la Q3, Charles sentait qu'il allait le faire. Il avait dominé la Q1 puis la Q2, et maintenant c'est le moment de montrer qui il était.
- Allez Charles, va la chercher celle-ci, fit Xavi à la radio.
- Si je n'ai pas le meilleur chrono je donne le droit à n'importe qui de me défoncer l'autre arcade. Je la laisserai à personne cette pôle.
Il appuya sur la pédale d'accélérateur dès que la voie était libre dans la pitlane, et il était alors parti pour affronter son destin. Dans la monoplace, en faisant son tour chrono, il songea à son père, à Jules, à Anthoine. Puis à Lance Stroll, et aux deux inconnus qui l'ont insulté et frappé. Cette haine, il la transformait en force. Et comme à son habitude, il détruisait la concurrence dès son premier run. En rentrant au stand, il se concentra pour le deuxième run qui allait arriver. Provisoirement, il allait partir en tête demain, mais connaissant ses rivaux, il comptait bien réitérer un bon tour. Alors qu'il partait pour un tour d'anthologie, il vit surgir les drapeaux rouges aux abords de la piste. Un soupir de soulagement sortit de sa bouche alors que Xavi le félicita à la radio.
- Let's go ! Let's gooo ! il salua brièvement la foule avant de tout de suite rentrer dans la voie des stands.
Charles sortit de sa voiture en levant le poing pour montrer à quel point il était fier de ce qu'il avait fait. Un énorme poids s'était enlevé de ses épaules après cette séance de qualifications. Le pilote apprit alors les crash sans gravité de Perez puis de Sainz, ce qui avait bloqué Verstappen et il comprenait mieux pourquoi il était si esseulé dans la voie des stands. Étant le seul présent, la première interview lui fut consacré et tout le monde, ou presque, était heureux de voir un immense sourire sur son visage. Il entendait au loin quelques sifflets mais il se savait plus fort que ça.
- Charles, félicitations pour cette pôle position ! Êtes-vous satisfait de ce que vous avez produit aujourd'hui ?
- Oui énormément, je pouvais pas rêver mieux qu'une pôle à la maison et j'espère que je saurai la convertir en victoire demain.
- Après les derniers week-ends compliqués de la Scuderia, vous avez à cœur de réussir pour la course ?
- Évidemment, à Imola et Miami les Redbull étaient bien au-dessus, puis à Barcelone malheureusement le moteur n'a pas suivi quand je menais, alors là on met toutes les chances de notre côté pour réussir, je crois en l'équipe.
- Nous connaissons la situation délicate dans laquelle vous vous trouvez actuellement, puis cet incident inadmissible avant les qualifications... toutes ces critiques, puis cette terrible agression physique, qu'en faites-vous ?
- J'en fais une force, oui j'en fais une force parce que la dernière chose que je souhaite c'est de me laisser submerger par ces émotions, il y a les courses et le reste, je dois être focus sur mes objectifs. Mais... je crois que les gens n'ont pas encore compris ce qu'ils viennent de créer en moi avec toute cette haine.
Il remercia le journaliste avant de saluer une dernière fois la foule et de retourner dans son garage pour féliciter tous les ingénieurs et les mécanos, un par un : ça l'importait beaucoup puisque chacun ajoutait sa pierre à l'édifice pour amener l'écurie vers le haut. Il rejoignit ensuite ses amies qui le prirent dans leurs bras, heureuses de voir un réel sourire sur son visage. Comblé, voilà ce qu'il était. Affreusement comblé par un sentiment de satisfaction totale, encore plus que l'année dernière lors de sa pôle position qui malheureusement, ne l'avait pas amené à la victoire à cause des raisons que l'on ne connaît que trop bien. Le médecin prit quelques minutes alors pour vérifier que la plaie restait correcte sur son arcade, ce qui était chose faite. Charles chercha ensuite du regard sa mère et ses frères, qui arrivèrent quelques minutes plus tard en le félicitant comme la plupart des gens qu'il avait croisé ces dernières brèves minutes.
- Bravo mon fils, si tu savais à quel point je suis fière de toi, déclara-t-elle en ébouriffant ses cheveux.
- Bon demain mets pas ta voiture dans le mur s'il te plaît, blagua Lorenzo en posant chaleureusement sa main sur son épaule.
- Je vais éviter quand même.
Le pilote de la Scuderia souriait en voyant tous ses proches être fiers de ce qu'il avait accompli. Il était là, son moteur, son essence, ce qui lui permettait d'avancer au quotidien. À chaque fois qu'il faisait un mauvais résultat, c'était cette impression de décevoir qui revenait brutalement en lui. Alors que peu importe l'issue, ils étaient tous impressionnés de le voir ici. Charles grimaça en frôlant de ses doigts la plaie encore fraîche de deux bonnes heures. Dans l'euphorie de l'instant, il en avait presque oublié son agression.
- Je ne comprends pas comment tu peux te sentir si détaché de ce qu'il s'est passé il y a quelques heures.
- J'en ai assez d'être peiné pour chaque mot que je peux recevoir. J'en recevrai toujours plus au fil des semaines, mois, années. Je dois apprendre à devenir nonchalant à ce sujet, je suis sûr que ça me fera avancer.
Pascale sourit grandement, touchée par les paroles de son fils qui semblait avoir eu le déclic. Ce mois de mai, interminable soit-il, avait quelque peu chamboulé la manière de vivre et de penser du monégasque. Oui, il était un homme nouveau, oui sa détermination était à présent toute autre. Bien qu'il essayait de se convaincre qu'il était complet, il sentit toujours ce même vide présent depuis quelques semaines en son cœur. Matteo. Le brun aurait tant aimé sentir son odeur emplir ses narines pendant que le blond l'aurait félicité en embrassant à de multiples reprises sa joue. Il aurait souri en l'embrassant avec une douceur dont lui seul avait le secret, et serait parti pour la zone de presse avec un sourire encore plus grand sur son visage.
Mais l'italien n'était pas là.
- Faut que j'aille en interview, on se voit tout à l'heure ?
Tout le monde finit par se disperser afin de discuter avec d'autres personnes du garage ou tout simplement entre eux. Giada, comme une enfant, tira sur la manche du monégasque afin de lui montrer son téléphone. Il le prit dans ses mains afin de lire le message qui était écrit. Si un simple sourire pouvait décrocher une mâchoire, Charles en serait une énième victime en cette fin d'après-midi. C'était Matteo qui avait envoyé un message à la blonde.
- tu diras bravo à charles de ma part pour sa pôle position, il le mérite amplement !
Le cœur lourd, il grimaçait en fixant sa meilleure amie, qui aurait tant souhaité prendre sa peine en cet instant précis. Mais, impuissante, elle le regarda se rendre vers la presse, sa casquette vissée sur la tête. Elle espérait au fond d'elle que la situation entre les deux amants change. Et ce, rapidement.
•••
on s'approche bientôt de la fin, j'ai tellement pas hâte :(
-alcools
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top