chapitre seize

LE TRAJET EN AVION ÉTAIT toujours long lorsque Charles rentrait d'un grand prix épuisant, d'autant plus lorsqu'il était impatient d'arriver à destination. Le grand prix de Bahreïn avait signé la parfaite rédemption de Ferrari après deux années de galère sans nom. L'écurie italienne s'était non seulement imposée, mais en plus, ils avaient effectué un sublime 1-2 avec leurs deux pilotes. Le monégasque, après avoir combattu durant quelques tours le néerlandais Max Verstappen, avait finalement pris le large pour remporter le troisième grand prix de sa carrière. Pour lui. Carlos, son coéquipier, avait terminé deuxième après l'abandon des Redbull.

Ils ne pouvaient pas rêver mieux pour commencer cette nouvelle saison pleine de promesses. Le prochain rendez-vous était en Arabie Saoudite, même pas une semaine après le dernier, mais Charles souhaitait vraiment rentrer, même si ce n'était que pour deux petites journées.

Depuis la petite altercation avant son départ, la relation entre Matteo et lui était plutôt tendue. Le brun avait surtout peur que le blond finisse par se lasser si jamais le fait d'assumer prenait du temps. Mais il devait aller à son rythme. Déjà, il se trouvait très courageux et était fier d'avoir pris conscience d'avoir en quelque sorte des sentiments pour l'italien, ce qui n'était pas anodin. Le reste, il fallait que cela vienne en douceur. Une étape après l'autre. Les deux amants s'étaient peu appelés, avaient peu échangé, néanmoins Charles était un adulte et allait parler honnêtement avec lui dès son retour dans la principauté.

En quelques heures, il était de retour dans sa ville natale et surtout, de retour devant la porte de l'appartement de son blond. Qui, bien évidemment, ne tarda pas à lui ouvrir. Le contact visuel entre les deux sembla durer une éternité. Ils s'analysaient, se demandaient ce qu'il fallait faire dans ce genre de moment. Charles s'avança pour pénétrer dans le domicile et ainsi pouvoir fermer la porte d'entrée. Ce dernier se rapprocha lentement du blond et sentit simplement son souffle sur son visage, alors qu'ils restaient tous deux silencieux. Il brisa les derniers centimètres afin d'embrasser le bel italien qui soupira de soulagement en approfondissant durant quelques infimes secondes ce baiser.

- J'aurais pas dû te dire tout ça il y a deux semaines, je sais que tu fais de ton mieux Charles.

- C'est bon, c'était maladroit. Je comprends. Mais tu devrais peut-être me dire réellement pourquoi tu souhaites autant assumer...

- Non, non non. il se recula et avança jusque dans son salon, évitant cette conversation. Félicitations pour Bahreïn, j'ai regardé entièrement la course.

- Merci, mais je t'ai demandé quelque chose Matteo.

- Hmm.

- Hey. il posa lentement ses mains sur ses joues pour le forcer à le regarder. Tu peux tout me dire, ce n'est pas qu'à toi de jouer les héros quand je vais mal. Ça va dans les deux sens.

Matteo souffla en s'asseyant sur son sofa. Jamais il n'aurait pensé devoir se confier sur son passé qu'il pensait avoir enfoui au plus profond de lui-même, mais pourtant, quand cela refaisait surface quelques fois... cela faisait mal. Le blond prit une grande inspiration et se lança dans l'inconnu, alors que le pilote s'était assis à ses côtés, prêt à l'écouter attentivement.

- J'ai découvert que j'aimais les hommes quand j'avais seize ans. Ça ne me posait pas de problèmes à l'époque, mis à part le fait de l'avouer à ma famille par la suite. Ma mère allait certainement y prêter peu attention, mais mon père était plutôt pointilleux à ce sujet, puis surtout, il ne croyait qu'en l'amour entre un homme et une femme. Il était très violent, et je crois l'avoir vu frapper ma mère quand je devais avoir huit ans. À l'aube de ma majorité, j'en pouvais plus alors j'ai décidé de tout raconter à mes parents. Comme prévu, ma mère était indifférente, mais mon père... c'était terrible. Si terrible qu'il m'a giflé à plusieurs reprises, violemment, avant de m'annoncer que j'avais une heure pour quitter la maison. Pour un adolescent, c'était inimaginable. Ma mère était impuissante parce qu'elle savait qu'en contestant cette décision, elle allait se faire violenter également, voire... j'en sais rien, peut-être tuer. Alors elle m'a laissé partir. Pendant deux mois jusque mes examens j'ai dormi chez un ami à moi, puis j'ai cherché du travail, que j'ai trouvé à Sanremo. Alors j'ai pu m'inscrire à la fac avant de me retrouver je ne sais comment... à Monaco.

- C'est pour ça que tu ne me parles jamais de ta famille.

- Non, j'ai perdu ce contact avec ma mère même si nous étions en de bons termes, et mon père est en prison pour violences conjugales. Et moi, je restais ici, à tenter de vivre normalement, alors que mon propre père n'a pas su m'accepter tel que j'étais..

Il renifla en essuyant doucement les larmes qui roulaient sur mes joues.

- Voilà pourquoi je ne voulais pas en parler. Non seulement c'est difficile, mais en plus, tu vas peut-être croire que ta famille réagira de la même façon, mais je suis certain que non. Sois courageux, ça va porter ses fruits.

- Je ne sais pas quoi te dire Matteo... j'espère que ça ira de mieux en mieux avec ta mère.

- C'est juste ça qui m'énerve. Autant les actes de mon père envers moi-même je les ai oublié, autant ceux envers ma mère c'est plus compliqué, je me sens coupable. Et c'est pour ça aussi que j'ai envie d'assumer, pour montrer que même si on m'a foutu dehors ça ne m'a pas atteint. Je suis heureux maintenant.

- Je suis fier de toi, moi. On y arrivera ensemble.

Le blond remercia tendrement son brun en embrassant chastement ses lèvres avant de se blottir contre lui. Charles n'était pas habitué à se retrouver dans cette position : d'habitude, c'était lui qui était allongé entrain de se faire réconforter par Matteo. Aujourd'hui, c'était totalement l'inverse. Sa main se perdit dans les cheveux de l'italien alors qu'il continuait de lui répéter à quel point il était fier de lui. Ces douces paroles leur fit perdre la véritable notion du temps.

•••

La nuit était pratiquement tombée en Europe, ils avaient passé des heures entières enlacés, à se rassurer comme ils le pouvaient dans ce long combat. Cela faisait du bien. Ensemble, ils ne s'inquiétaient pas de ce qui pourrait leur arriver. Ils se sentaient tellement invincibles et heureux. Ils s'étaient parfaitement bien trouvés et espéraient que rien ne gâcherait cette amour naissant.

- J'ai envie de me balader, dit alors le blond en se redressant légèrement.

- Maintenant ?

- Oui, il est que vingt-deux heures, j'ai envie de voir la mer. Allez !

En se levant, il tira sur les bras du monégasque pour l'aider à se relever alors qu'il soufflait en voyant Matteo mettre ses chaussures avec détermination.

- Il fait froid dehors.

- On a des pull, et tiens, il prit le plaid qui traînait sur son canapé pour le lui lancer, comme ça si tu as froid tu le mets sur tes épaules.

Peu convaincu, il abdiqua néanmoins sous la volonté de fer de l'italien, qui était très têtu, un peu comme lui finalement. Lorsqu'il avait une idée en tête, il ne la lâchait pas. Charles se prépara alors, mit un sweat supplémentaire, ses chaussures, et prit le plaid dans ses bras avant de quitter l'appartement du blond, que ce dernier ferma à clefs. Ils traversèrent rapidement les rues monégasques qui étaient presque désertes, mais ils préféraient ne pas prendre de risque. Bien que rien dans leur apparence ne laissa paraître à un statut au-delà de l'amitié, le pilote avait... la flemme, de faire des photos avec les fans de formule un. Alors en quelques minutes de marche rapide, ils arrivèrent sur la plage.

Le vent soufflait, le ciel n'était pas dégagé donc les étoiles étaient cachés par les nombreux nuages. L'air était vraiment frais, mais Matteo fit déposer le plaid sur le sable pour que Charles et lui aillent au plus près de la mer, presque les pieds dans l'eau, qui, à cette époque de l'année, était gelée. D'un air joueur, l'italien fit quelques pas en avant pour tremper ses pieds, avant de se retourner et d'éclabousser subitement le brun en explosant de rire. Tétanisé par le froid, il ne savait même plus quoi faire, alors que le blond était plié en deux. Sans plus attendre, il brava la fraîcheur de l'eau pour y mettre le bas de ses jambes afin ďéclabousser encore plus Matteo. S'en suivit une interminable bataille dans cette mer Méditerranée aux températures loin d'être estivales, et sur le moment, le jeune pilote semblait avoir oublié tous ses soucis.

Grelottant et soudainement pris à leur propre jeu, les deux amants se précipitèrent vers le plaid qu'ils avaient emporté pour se réchauffer un peu. Matteo s'asseya dans le sable et s'entoura de la couverture en y invitant le monégasque qui ne put s'empêcher de regarder partout autour de lui.

- Il n'y a personne Charles, rassura l'italien. On agit comme si on était potes.

Toujours réticent, il finit par s'asseoir sur le sable à ses côtés sans pour autant réclamer le plaid. À croire que ses craintes le forçaient à trembler de froid tellement il ne voulait pas approcher de trop le blond pour ne pas éveiller les soupçons. Mais Matteo se décala et entoura les épaules du brun pour qu'ils soient tous les deux emmitouflés dans la couverture. En rigolant légèrement, l'italien sortit son téléphone pour immortaliser ce moment à deux. Pour respecter le souhait du pilote, il regarda plusieurs fois partout autour de lui avant de poser ses lèvres sur sa joue avant que la photographie ne soit prise. Ils étaient si heureux, assis là, à observer malgré la pénombre la mer. Charles ferma les yeux. Il n'entendait que la plénitude des minuscules vagues qu'offrait la Méditerranée.

- Juste toi et moi, murmura Matteo en portant son regard vers l'horizon.

Charles sourit paisiblement. Juste eux. Seulement eux.

•••

petite fin de chapitre mignonne ! j'espère que vous aimez toujours autant <3

-alcools

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