𝟏𝟎 ¦ 𝐓𝐇𝐄 𝐆𝐈𝐑𝐋 𝐖𝐈𝐓𝐇 𝐓𝐇𝐄 𝐔𝐌𝐁𝐑𝐄𝐋𝐋𝐀

SHINGEKI NO KYOJIN
ᴀʀᴜᴀɴɪ
réalisé pour un concours

Dᴇʀɴɪᴇ̀ʀᴇ Sᴇᴍᴀɪɴᴇ ᴅᴇ Jᴜɪʟʟᴇᴛ

     L'océan était des plus agité, en cette fraîche matinée. Les vagues frappaient contre les rochers avec une force insoupçonnée, poussées par le puissant vent qui soufflait. Une légère pluie s'était également abattue sur le paysage, achevant de peindre le tableau d'une mer déchaînée. Les conditions météorologiques en avaient rebuté plus d'un à venir se prélasser sur la plage, ainsi l'étendue de sable fin restait vierge de toute âme.

     Plus loin au-dessus de la mer, on apercevait pourtant un parapluie de couleur sombre. Là-bas, sur les rochers, la silhouette d'une jeune fille se tenait. La posture bien droite, les cheveux blond et les yeux verts, vêtue d'une parka jaune poussin et de bottes en caoutchouc noires. Son regard était fixé sur ce monde d'eau salée qui s'étendait à ses pieds. Le spectacle que lui offrait l'océan était le plus beau qu'il lui eut jamais été donné de voir. Posée sur son rocher depuis près d'une heure, Annie ne pouvait se lasser de la vue.

     Voilà seulement quelques jours qu'elle était ici, en vacances avec ses parents et son petit frère. Mais déjà, elle n'en pouvait plus. Les vacances d'été n'avaient jamais été source de bonheur et de plaisir pour elle. Elle détestait le soleil, et celui-ci le lui rendait bien en lui brûlant la peau. L'été amenait la chaleur, la chaleur les moustiques, et les moustiques lui pompaient le sang jusqu'à plus soif. Sans compter les guêpes qui la terrifiaient, les touristes qui lui faisaient tout autant peur et le besoin irrépressible de ses parents d'aller visiter chaque recoin de ce manifique lieu.

     Cependant, cette année, le soleil n'était visiblement pas au rendez-vous, pour le plus grand plaisir d'Annie. Sitôt qu'elle avait remarqué la pluie qui tombait et l'air dépité de ses parents, elle avait déclaré vouloir aller à la plage. Son père et sa mère l'avaient regardée d'un air ahuri avant de décréter qu'ils n'allaient sûrement pas y aller par ce temps. Annie avait haussé les épaules, enfilé sa parka et ses bottes, et était partie en emmenant son parapluie qu'elle trainait partout. Profitant de sa liberté, elle s'était rendue à la plage qui se trouvait à seulement quelques centaines de mètres de leur location, bien décidée à y passer quelques heures.

     Ce même manège se répétait depuis maintenant quelques jours, le temps ne s'améliorant décidément pas. Annie se retrouvait tous les jours seule sur son rocher, à observer cette mer en colère avec fascination.

     — Tu sembles bien sereine, pour quelqu'un qui observe la rébellion de l'océan, cria une voix derrière elle.

     Sursautant face à cette présence qu'elle n'avait pas remarquée, et manquant de glisser sur les rochers humides, Annie se retourna brusquement. Elle découvrit devant elle un garçon de son âge, affublé de deux grands yeux bleus et de cheveux blond, coupés au niveau de sa nuque. Il tenait au dessus de sa tête une serviette de plage, tentant vainement de se protéger de la pluie. Les yeux d'Annie glissèrent sur son corps pour voir qu'il n'était habillé que d'un short de bain, et que surtout, il était trempé jusqu'aux os.

     — Tu es tout mouillé, lui lança-t-elle.
     — Rien de tel qu'un plongeon dans l'eau pour se réveiller le matin, répondit-il avec un sourire.

     La jeune fille leva un sourcil, se demandant s'il avait réellement été dans l'eau par un temps pareil. Ce garçon n'avait peut-être pas toute sa tête. Le concerné nota l'air dubitatif de la blonde au parapluie et enchaîna en haussant les épaules.

     — Toi tu observes la mer de ton rocher, moi je plonge dedans. Quelque part, on est un peu pareils, non ? On apprécie la sauvagerie de l'océan.

     Ces quelques mots étaient peut-être les plus beaux qu'Annie avait pu entendre. Il émanait de ce garçon un sentiment étrange. Celui d'être enfin comprise par quelqu'un. Le quittant des yeux afin de se retourner vers l'horizon, elle ne dit rien. Durant quelques instants, ils ne firent qu'observer tous les deux en silence. Annie hésita un peu, avant de sentir le blond éternuer et de se souvenir qu'il était trempé.

     — Tu voudrais... commença-t-elle d'une voix douce. Venir sous mon parapluie ?
     — D'accord. Moi, c'est Armin.
     — Annie, souffla-t-elle.

Pʀᴇᴍɪᴇ̀ʀᴇ Sᴇᴍᴀɪɴᴇ ᴅ'Aᴏᴜ̂ᴛ

     Le vent faisait virevolter ses cheveux blonds alors qu'elle sautait de rochers en rochers. Sans glisser une seule fois, elle rejoignit son endroit, son rocher, et attendit. Elle ne patienta pas bien longtemps, puiqu'elle sentit à ses côtés une présence. Tournant doucement la tête, elle tomba sur deux grands yeux bleus, et leur propriétaire.

     — Bonjour, lui dit Armin.
     — Bonjour, répondit-elle. Tu es encore trempé. L'eau est bonne ?
     — Un peu froide, il faut bien l'avouer, lui confia-t-il en riant.

     Armin retourna son regard vers l'océan, et ses yeux bleus parûrent se teinter de tristesse. Les deux jeunes gens avaient appris à se connaître un peu, à travers leurs brèves conversations. Ainsi Annie savait que le garçon habitait à quelques pas de cette plage, dans une petite maison où il avait toujours vécu, avec son grand-père. Dès son plus jeune âge, il avait aimé l'océan et son goût salé, les êtres qui peuplaient ce monde d'eau et la sauvagerie que la nature lui donnait. Armin était une personne mature et calme, qui aimait lire quand il faisait trop beau dehors, plonger dans l'eau glacée de l'hivers et prendre soin de son grand-père qui l'avait élevé. C'était tout ce qu'elle savait, et c'était tout ce qu'elle avait envie de savoir.

     Le garçon connaissait le tempérament froid mais doux de la jeune fille au parapluie et son air paisible lorsqu'elle observait la mer. Il savait qu'Annie était en vacances pas très loin d'ici, et qu'elle ne voulait pas parler de sa famille. Il lui semblait également qu'elle n'était pas du genre à beaucoup parler, et il s'en accomodait. Ils se contentaient de parler un peu, d'apprécier le bruit des vagues et d'observer en silence. Mais, pour combien de temps ?

     — Tu sais, on dit qu'il fera beau la semaine prochaine, lança Armin dans un murmure. Ce ne sera pas les grandes chaleurs, certes, mais il ne pleuvra plus.

     Annie ne lui répondit pas. Après tout, elle ne pouvait guère contrôler la pluie ou le beau temps. Ce n'était pas quelque chose contre lequel ils pouvaient lutter. Il y eut de nouveau un silence, avant qu'elle puisse sentir le regard d'Armin sur elle. Quittant des yeux le bleu de l'océan, elle se plongea dans celui des iris du garçon, entrant dans une nouvelle contemplation. Ce dernier lâcha enfin les mots qui lui brûlaient les lèvres.

     — Tu ne voudrais pas aller dans l'eau avec moi ? Pendant qu'il pleut encore.

     Puis, voyant qu'elle ne répondait pas :

     — Je sais que tu portes ton maillot de bain en-dessous de ta parka. Tu le portes toujours, sans jamais te baigner. Pourquoi ?

     Annie réfléchit en silence. Elle mettait effectivement sa parka par-dessus son maillot de bain, sans trop savoir pourquoi. Alors même qu'elle n'aimait pas qu'on la voit, elle aurait aimé se baigner rien qu'une fois. La jeune fille se mordit l'intérieur de la joue, ne sachant quoi répondre. Au lieu d'attendre des paroles qui n'arriveraient jamais, Armin lui tendit sa main, dans une invitation simple à la prendre pour le suivre. Lentement, la main d'Annie s'approcha pour laisser leurs doigts s'entremêler avec douceur.

     Ils regagnèrent le sable de la plage, afin que la jeune fille puisse enlever bottes et parka. Elle refusa par contre de laisser son parapluie, continuant de le serrer fort contre elle. Armin souria, n'y trouvant rien à y redire. Les pieds d'Annie touchèrent avec timidité le sable froid sur lequel elle marchait, se dirigeant vers l'étendue d'eau. Arrivée à quelques mètres, elle tourna la tête vers Armin, qui lui proposa sa main. Elle hésita à peine avant d'y joindre la sienne, la chaleur du garçon la rassurant.

     Il faisait froid, il était presque vingt-deux heures après tout. La nuit tombait en ce moment même, et si la mer s'était quelque peu calmée pour ne produire que de légères vagues, des gouttes de pluie tombaient encore sur le parapluie noir. Annie resta là quelques instants, à observer les derniers rayons du soleil se coucher. C'était vraiment joli, les couchers de soleil sur la mer, toutes ses couleurs qui naissent et meurent en si peu de temps. Mais la lune, à ses yeux, était bien plus belle que le soleil.

     C'est sous sa lueur, qu'elle se décida à avancer de quelques pas, marchant désormais sur le sable mouillé. Lorsqu'une vague engloutie ses chevilles, elle fut frappée par la température de l'eau. Plus que froide, celle-ci était gelée. À quelques mètres d'elle, elle sentit Armin rire de sa réaction. Sans lâcher sa main, il entra lui-même dans l'eau avant de la tirer gentiment.

     — Si tu restes sans bouger à ce stade, tu en perdras tes orteils, s'amusa-t-il.

     Cet argument qu'elle savait vrai la força à avancer un peu plus. L'eau arriva bientôt à ses genous, puis à sa taille, à sa poitrine et enfin au-desous de ses épaules. Elle avait froid, elle ne pouvait pas le nier. Mais elle ne pouvait également pas nier qu'elle aimait cette sensation. Sentir l'eau autour d'elle était un sentiment incroyable, d'autant qu'elle savait qu'on ne pouvait pas distinguer clairement son corps avec cette obscurité. Petit à petit, ils n'eurent tous les deux plus pieds et se mirent à nager pour se réchauffer. Annie se demanda combien de temps ils pourraient rester ici sans risquer de mourir de froid. Dans le noir, elle plissa les yeux pour distinguer Armin qui s'approchait d'elle.

     — Ferme les yeux, lui murmura-t-il à l'oreille.

     Il la saisit par les deux bras, et les enfonça tous les deux dans l'eau sombre. Annie se retrouva dans un cocon de calme, complètement immergée dans la mer glacée. Elle se sentait bien, sereine. Jusqu'à ce que les mains sur ses avant-bras ne disparaissent, et qu'elle regrette aussitôt cette chaleur que lui apportait le contact humain. À tatons, elle chercha Armin dans le noir et s'accrocha à son cou lorsqu'elle le trouva enfin.

     La seconde d'après, le blond les ramena à la surface. Reprenant tous deux leurs souffles, ils s'observèrent. Annie était quelque peu gênée, elle n'avait pas vraiment réfléchie lorsqu'elle était sous l'eau. Armin affichait un sourire qui la faisait d'autant plus rougir. Peut-être bien l'avait-il lâchée exprès, dans le but qu'elle s'y accroche. Elle choisit pourtant d'ignorer son trouble, et de lui poser une question simple.

     — Pourquoi tenais-tu à ce que j'aille dans l'eau ?
     — Je savais que tu aimerais autant que moi, c'est tout. Ç'aurait été dommage de ne pas le faire, n'est-ce pas ?
     — Oui, avoua-t-elle.

     Ils restèrent quelques instants dans cette même position, les bras d'Annie autour de la nuque d'Armin et ceux du garçon dans le dos de la blonde, se serrant l'un contre l'autre. Mais la fraîcheur de l'eau leur revint bien vite en mémoire, ainsi ils se hatèrent de regagner le rivage. Grelottants, tous deux s'enroulèrent dans des serviettes qu'Armin avaient amenées. Mais leurs corps s'arrêtèrent réellement de frissonner lorsqu'ils se collèrent l'un à l'autre pour se réchauffer, dans une douce étreinte.

Dᴇᴜxɪᴇ̀ᴍᴇ Sᴇᴍᴀɪɴᴇ ᴅ'Aᴏᴜ̂ᴛ

     Comme il l'avait été prévu, le temps s'était amélioré. Il ne pleuvait plus, le ciel était bleu et le soleil tapait fort contre la peau pâle d'Annie. Adieu les vagues déchaînées, la mer qui s'étendait devant elle était calme et claire. La jeune fille pouvait encore se souvenir de la force avec laquelle les vagues se soulevaient au-dessus de leurs têtes, quelques jours auparavant. Mais ce souvenir appartenait au passé, comme le lui rappelaient le soleil, et les dizaines de touristes qui avaient envahis la plage, munis de leurs serviettes et parasols multicolores. Toute cette foule la mettait mal à l'aise, elle ne se sentait plus à sa place, dans cet endroit rempli de vie et de bruits. Annie n'aimait pas ce qu'elle voyait.

     Dans la plus grande douceur, des bras vinrent s'enrouler autour de sa taille et elle sentit un souffle chaud sur sa nuque. Son corps se défendit lentement et elle laissa sa tête reposer en arrière sur l'épaule d'Armin. À l'abris des regards, en retrait par rapport aux vacanciers, tous deux savaient être sur la même longueur d'onde. Cette plage qui avait été la leur pendant deux semaines se retrouvait assiégée par tous ces gens bruyants qu'ils ne connaissaient pas. Annie souffla, agacée et déprimée, serrant plus fort contre elle son parapluie noir, qui la protégeait désormais de l'astre de feu.

     — J'en veux au soleil, de m'avoir volé le seul endroit où je me sentais libre.
     — Des endroits, il en existe un millier, murmura Armin contre son oreille. Suis-moi.

     Lui prenant la main, il l'entraîna en direction d'un amas important de rochers, qui se situaient au bout de l'étendue de sable. Sans hésiter, il commença à y grimper. Le garçon avait l'air de connaître le terrain, puisqu'il posait ses pieds avec assurance sur des appuis sûrs. Parfois, il aidait Annie lorsqu'elle peinait à avancer sur les rochers escarpés. Au bout d'une quinzaine de minutes, Armin se retourna et afficha un grand sourire un peu gêné.

     — Voici mon petit bout de paradis.

     Annie s'émerveilla devant la beauté du spectacle. La petite crique où ils venaient d'arriver était vraiment minuscule. Cachée entre deux parties rocheuses, sur une largeur de vingt mètres, cette plage était déserte et silencieuse. Le sable était fin et chaud au toucher, rempli de petits et gros coquillages que la mer avait déposés. L'eau était claire, et reflétait le bleu du ciel. Annie n'aimait certes pas le soleil, mais pour une fois, elle trouva que les rayons qu'il projetait sur la surface de l'océan étaient superbes. Armin la laissa observer en silence, se délectant lui-même de ce paysage qu'il avait pourtant tant vu, mais dont il ne parvenait jamais à se lasser. Il se permit un commentaire, en se penchant vers elle.

     — Et tu la verrais en colère ! soupira-t-il. Cette eau est plus belle que tout, lorsqu'elle se déchaîne avec passion et cruauté.
     — Je l'aime beaucoup.
     — Ils peuvent être à nous. Cet endroit, ce bout d'océan, ces quelques rochers et ces milliards de grains de sable. Rien qu'à nous.
     — Ce serait beau, murmura-t-elle.

     Il sourit, et Annie lui sourit aussi, se disant secrètement que le sourire d'Armin était aussi beau que le paysage. Tous deux abandonnèrent vêtements et chaussures sur le sable, avant d'aller toucher l'eau de leurs pieds. Celle-ci était chaude. Rien à voir avec l'eau glacée dans laquelle ils s'étaient baignés une semaine auparavant. Si la jeune fille hésitait encore, son ami s'était presque aussitôt jeté dans les vagues la tête la première. Annie était tentée, très tentée même. Elle s'était déjà laissée aller avec Armin, mais il faisait nuit noire. Or, il faisait jour cette fois-ci, et le soleil tapait fort pour le lui rappeler. Ses doigts se crispaient sur le bas de son t-shirt bien trop grand, qui lui arrivait à mi-mollets. Voyant qu'elle ne le rejoignait pas, le blond s'approcha et remarqua son trouble. Il encercla alors ses poignets de ses mains, avant de poser sa tête sur son épaule.

     — Annie... commença-t-il d'une voix suppliante.
     — Tu vas mouiller mon t-shirt, bougona la jeune fille.
     — Enlève-le alors.
     — Et si je dis non ?
     — Je te jette à l'eau, avec ou sans t-shirt.
     — Essaie pour voir, ricana-t-elle.
     — Je vais me gêner.

     Elle le sentit sourire contre son cou. À ce moment, elle sut qu'il serait tout à fait capable d'exécuter sa menace. Le temps qu'elle s'en rendre compte, Armin avait déjà entouré sa taille de ses bras et la soulevait au-dessus de lui tel un poids mort. Elle poussa immédiatement un cri aigû et lui ordonna de la faire descendre, ce qu'il ne fit pas immédiatement. Lorsqu'elle rendit les armes, il posa au sol une Annie qui ronchonnait et jurait des mots pas très jolis. Elle pointa un doigt vers lui.

     — Je garde mon parapluie.

     Il leva les mains en l'air, signe de soumission. Après avoir retiré son t-shirt, et gardé en main son cher rempart contre le soleil, elle entreprit de rentrer dans l'eau qui était effectivement très bonne. Le temps de chercher une tête blonde à la surface, son propriétaire lui tomba dessus par derrière. À partir de là, ce ne fut que rires et jurons pendant deux bonnes heures, ainsi que quelques coups malencontreux de canne du parapluie.

     Après cette épuisante baignade, ils s'étalèrent de tout leur long sur leurs serviettes, profitant du soleil de fin d'après-midi pour sécher. Et réfléchir, dans le cas d'Annie. Elle appréciait la compagnie du garçon. Il était simple et enfantin, mais il y avait quelque chose de mature qui émanait de lui. Elle se fit la remarque qu'elle ne savait presque rien de ce garçon, rien de concret du moins. Pourtant, c'était ce flou qui subsistait entre eux qu'elle appréciait. Il ne posait pas de questions compliquées, elle ne lui en posait pas non plus. Ils ne cherchaient pas à connaître leurs vies quotidiennes, leurs tracats, leurs démons respectifs. Annie avait le sentiment qu'ils avaient bien plus en commun qu'ils ne se le disaient, mais qu'aucun ne désirait en parler. Et pour ça, elle aimait cette relation. Peut-être un peu trop.

     Il y avait cette proximité entre eux. Ces gestes doux, ces contacts répétés, ces sourires en coin. Cette douceur, cette tendresse silencieuse. Il y avait quelque chose qu'ils n'avaient jamais avoué, et qu'ils n'avoueraient pas aujourd'hui encore. Annie avait ses raisons, Armin également. Au lieu d'obtenir plus pour une période limitée, l'affection qu'ils s'offraient l'un et l'autre étaient suffisante. Pourquoi gâcher l'éphémère ? Il habitait là, pas elle. Le bonheur et la liberté n'étaient que de courte durée. Leurs démons finiraient toujours par les rattraper.

     — Ce jour-là, commença Annie, les yeux clos.

     « Ne me dit pas je t'aime » pensa-t-elle très fort.

     — Ce jour-là, je viendrais te dire au revoir.

     Armin acquiesça en silence. Puis, étendant son bras, il l'attira contre lui dans une étreinte qu'ils savaient vaine. Le parapluie noir d'Annie était planté dans le sol derrière eux, seul témoin de leurs coeurs qui battaient à l'unisson.

L'éphémérité du bonheur fait couler l'eau salée de nos larmes.

Les amours de vacances, c'est quelque chose que je n'apprécie pas trop.

J'ai tendance à ne pas aimer les relations vouées à l'échec, l'amour est pour moi quelque chose pour lequel on s'investit et non un passe-temps. Mais pour l'affection, c'est une autre histoire...

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