482 | PETER PARKER

suite et fin du n°471, toujours avec Tom Holland ;)

***

Un silence de plomb, lourd et très embarrassant, règne dans l'immense salle à manger. Seuls les « tic-tac » redondants de la pendule accrochée au mur dans ton dos viennent emplir la pièce, tandis que ses trois occupants gardent les lèvres scellées, pour trois raisons très différentes.

D'abord, il y a Peter : assis bien droit sur sa chaise comme s'il était au garde à vous, se tripotant nerveusement les mains et qui se ronge la lèvre en ne parvenant pas à fixer son regard sur un seul point précis. Sur la chaise à sa gauche, il y a ta personne : plus détendue et nullement impressionnée, tu ne caches pas que la situation t'ennuie mortellement tandis que tes doigts pianotent sur le plateau verni de la table en ébène. Et pour finir, en face de vous deux, se trouve ton frère Harry : parfaitement à l'aise et conscient de l'effet qu'il suscite, les mains dans les poches de son pantalon pour incarner à la perfection son attitude nonchalante de coutume, il garde les yeux braqués sur Peter.

Alors qu'un énième balancier de pendule allait te faire vriller complètement, c'est finalement ton frère qui amorce le début de la conversation. Il se penche lentement en avant, posant ses avant-bras sur la table pour adopter une posture formelle, sérieuse, qui ne lui ressemble pas du tout.

- Donc ... c'est toi le fameux Peter Parker ? lance-t-il d'une voix claire

Tu lèves les yeux au ciel, bien consciente du petit numéro à venir. Tu connais Harry comme ta poche, si bien que tu sais déceler immédiatement la pointe de malice joueuse dans sa voix. Peter n'en a pas conscience, c'est pourquoi il déglutit avec peine avant de prendre la parole :

- Ou- ... oui, c'est bien moi. Même si ... et bien, je ne suis pas sûr que « fameux » me définisse bien, répond-il en ponctuant sa phrase d'un petit rire gêné
- Je crois que cet adjectif te correspond très bien étant donné que tu fricotes avec ma sœur, réplique ton frère
-

Oh pour l'amour du ciel, Harry ! interviens-tu

N'y tenant plus, tu exploses en laissant libre cours à ton exaspération. Ton frère reporte ses prunelles vertes sur toi et arque un sourcil, feignant l'innocence.

- Un problème, frangine ?
- Ne joue pas à ça, le mets-tu en garde en le pointant du doigt. Tout mais pas ça, frangin
- Jouer à quoi, au juste ?
- Au grand frère protecteur qui prend son rôle très au sérieux. Franchement, tu crois vraiment que je vais gober ça ? railles-tu

À côté de toi, Peter ne sait plus quoi faire de lui-même. Ses yeux font des vas-et-vient entre les deux enfants Osborn, comme s'il assistait à un match de tennis oral.

- Je m'intéresse à tes fréquentations, c'est tout. Et vu que tes fréquentations se résument à une personne ... pardon de vouloir y faire gaffe, dit Harry, l'ombre d'un sourire au coin des lèvres
- Ta dévotion me touche énormément, autant de gentillesse risque de t'étouffer, rétorques-tu sur un ton chargé de sarcasme
- Je sais, mon âme est trop généreuse, acquiesce-t-il en mimant une auréole au-dessus de sa tête

Tu pouffes de rire sans pouvoir te retenir. Du coin de l'œil, tu constates que Peter semble un peu confus et qu'il n'a pas l'air de savoir comment appréhender ce moment. Alors pour le sauver et abréger ses souffrances, tu reprends la parole en regardant ton frère droit dans les yeux.

- Et bien merci pour ta sagesse mais elle n'est pas nécessaire et encore moins souhaitée, déclares-tu pour clore le débat
- Tu plaisantes, j'espère ? C'est la première fois que je rencontre un de tes petit-amis, je suis obligé de le martyriser au moins un quart d'heure ! décrète ton frère
- Peter n'est pas mon petit-ami ! répliques-tu en sentant malgré toi tes joues s'enflammer. Et puis d'abord, occupe toi de tes affaires !
- Mais dis donc, qu'est-ce que tu peux être sur la défensive ! Depuis qu'on est revenus à New York, je ne t'ai jamais vu exprimer autant d'émotions. Je crois que tu y es pour quelque chose, Parker

La mâchoire de Peter se décroche, deux tâches roses apparaissent sur ses joues. À l'évidence, il n'a aucune idée de quoi répondre face à cette accusation. De ton côté, le côté intrusif de Harry ainsi que ses mots ont de quoi titiller ta patience. D'ordinaire, ça ne t'enflamme pas autant mais là, étant donné que ça implique Peter ...

- Émotions ... qu'est-ce que tu y connais, hein ? lui lances-tu en croisant les bras, narquoise
- Un rayon, figure-toi. Les émotions ne sont rien de plus qu'une réaction chimique complexe de notre cerveau en réaction à quelque chose, une sorte d'expérience psychophysiologique intense, te répond ton frère
- N'importe quoi ! Une émotion, ça ne s'explique pas scientifiquement : ça se vit. Tant qu'on ne l'a pas ressenti, on ne peut pas imaginer ce qu'elle peut procurer, contredis-tu

Dubitatif et ne voulant pas se défaire de sa vision rationnelle des choses, Harry secoue la tête de gauche à droite.

- Un avis sur la question ? lance-t-il, en direction de Peter

Un peu surpris d'être consulté sur le sujet, ton ami met quelques secondes à trouver les mots qu'il cherche.

- Euh ... je crois que ... on peut dire que vous avez tous les deux raisons, admet-il

Le nez plissé, tu fronces les sourcils en lui jetant un regard signifiant « tu ne prends même pas mon parti ! ».

- C'est vrai que ça paraît bizarre de vouloir définir une émotion comme un groupe d'informations ou un théorème de maths mais quand on s'intéresse à certains travaux, ce n'est pas si délirant, ajoute-il pour se justifier
- Carrément ! Je valide tout ce que tu viens de dire à deux mille pourcents ! s'exclame Harry en tapant la table du plat de la main
- Votre vision savante et dépourvue de poésie des choses m'attriste, lâches-tu

Une part de toi n'est pas surprise que Peter et Harry partagent cet avis, tu sais combien l'un et l'autre sont férus de sciences. Et les voir de connivence sur un sujet, quel qu'il soit, te fait plaisir, même si c'est à ton encontre. Ça ne fait pas tes affaires, mais c'est déjà ça.

- Pardon de te faire de la peine frangine, mais on est entourés de sciences. On est toujours en réaction à quelque chose, comme un procédé chimique ou une expérience répétitive, surtout quand on écoute nos émotions. Prends Spider-Man : ce mec ressent la détresse des gens, le besoin d'agir et de faire le bien ou d'aider son prochain et hop ! Il débarque et fait son taff de sauveur. Regarde le schéma : problème - réaction. Et ça, à chaque fois ... ce gars-là doit être un sacré cérébral

Intrigué, Peter tourne vivement la tête en direction de ton frère, les sourcils froncés.

- Ce mec est un fou, ce qu'il fait est dingue alors c'est forcément un génie ! renchérit Harry

S'appuyant sur la table avec intérêt, un petit sourire orne les lèvres de Peter tandis qu'il hoche lentement la tête.

- Je n'y avais jamais pensé comme ça avant mais c'est super malin, approuve-t-il. C'est même carrément ça !

Et sans que tu ne l'aies vu venir, la discussion s'emballe entre eux, mêlant Spider-Man, sciences et autres points communs que se trouvent les deux jeunes hommes. Tu as l'impression de tenir la chandelle mais la partie positive de toi préfère bien le prendre, ravie que ton frère s'entende finalement bien avec ton seul ami de New-York.

Mais voilà, cette impression d'être une vieille chaussette oubliée au fond d'un placard poussiéreux ne va pas te quitter. Elle va même s'amplifier au fil des jours et semaines qui suivent, te laissant un goût amère en bouche.

Plus le temps passe, moins tu vois Peter. Au lieu de ça, il traîne en compagnie de ton frère et tous deux semblent être devenus les meilleurs amis du monde. Au-delà de la jalousie que tu ressens, c'est avant tout le manque qui se manifeste et te plonge dans une drôle d'humeur. Sans être complètement dévastée, tu restes la plupart du temps mélancolique. Tu es bien moins enjouée que d'ordinaire, tu préfères rester seule chez toi au lieu de découvrir la grosse pomme et tu te sens un peu à cran.

Au final, tu t'es tant habituée à l'amitié de Peter que ne plus l'avoir à ton quotidien te met les nerfs en pelotes. Et ce trou béant laissé par ce garçon maladroit mais bourré de charme, il s'enfonce en toi avec tellement de dureté que tu réalises une chose. Tu ne souffrirais pas autant de son absence si tout n'était que platonique entre vous ...

Un dimanche matin, alors que le soleil illumine la ville de ses rayons chauds et agréables, tu t'es réfugiée dans ton repère secret, le petit coin de toit près de la terrasse accolée à ta chambre. Alors que tu étais paisiblement en train de lire un bon roman policier, adossée au toit pentu derrière toi, tu entends un râclement de gorge. En tournant la tête, tu vois Peter rejoindre ta cachette, comme tu lui avais montré.

- Salut Y/N, te sourit-il maladroitement
- Salut Peter, lui réponds-tu. Harry n'est pas là, il est sorti en ville
- Ça tombe bien, c'est toi que je voulais voir
- Oh. Tu t'es souvenue que j'existais, moi aussi ? répliques-tu, sur un ton un peu plus acerbe que tu ne l'aurais voulu

Mais tant pis, il fallait bien que tu exprimes ta rancœur. Peter s'assoit timidement à côté de toi, son visage affichant une moue coupable.

- Je la méritais celle-là ..., approuve-t-il
- Désolée, je ne voulais pas être aussi dure avec toi, lui dis-tu malgré tout
- Non, tu as raison de m'en vouloir. Je me suis laissé emporter par mon amitié avec ton frère et ce n'était pas juste pour toi. Je crois ... je crois que Harry avait autant besoin d'un ami que moi, c'est sûrement ce qui nous a rapproché aussi vite

La partie raisonnable de ton cerveau accepte complètement ce constat, tu en es arrivée à la même conclusion plusieurs fois. N'empêche que tu ne comptes pas l'écouter, pas tout de suite du moins. Alors tu te tournes brusquement vers Peter, la mine très sérieuse :

- Est-ce que tu comptes sortir avec mon frère ? lui demandes-tu, de but en blanc

Les yeux de ton ami s'arrondissent tandis qu'un pli se forme entre ses sourcils, une expression de confusion et de choc s'empare de ses traits.

- Quoi ? Non, bien sûr que non ! te répond-il aussitôt
- Et ben, on dirait pourtant
- Bien sûr que non ! Harry est mon ami, il demande beaucoup d'attention, peut-être même un peu trop puisque je ne t'ai pratiquement plus vu mais non, je ne veux pas sortir avec lui
- Alors tu devrais te rappeler qu'il n'était pas le premier Osborn à être ton ami ..., dis-tu faiblement

Avec cet aveu, Peter prend la mesure de combien la situation t'affecte personnellement. Alors il se doit de te rassurer tout de suite.

- Mais je ne l'oublie pas, jamais en fait, déclare-t-il. Depuis le moment où on s'est foncés dedans, après les vacances de Noël, je n'arrive plus à penser à autre chose. Depuis que je t'ai conseillé de prendre le donut à la noisette et pas celui à la framboise, je ne pense qu'à toi Y/N

Ton cœur manque un battement, tes prunelles trouvent les siennes avec stupéfaction. Un instant, tu crains d'avoir imaginé ses dernières paroles, seulement parce que c'est ce que tu avais envie d'entendre. Alors tu dévisages Peter, dont le visage a pris une couleur rosée adorable.

- C'est vrai ? murmures-tu, la gorge nouée par l'émotion
- Ce jour-là, tu as été le rayon de soleil qui a percé à travers les nuages de ma vie. Et depuis, j'ai enfin retrouvé la lumière ... je ne vois plus que toi

Face à un déclaration aussi tendre, tu ne peux plus résister. Tu te jettes à son cou et déposes tes lèvres sur les siennes. Surpris par ton soudain élan, Peter ne se fait en revanche par prier pour répondre à ton baiser. Tendre, un peu timide et pourtant empli d'espoir, votre premier baiser vous transporte très loin. Vous vous trouvez peut-être sur le toit de ton immeuble mais là, vous avez l'impression de survoler le ciel.

Lorsque vous vous écartez, vos mains se tiennent fermement et vos regards restent liés l'un à l'autre.

- Au moins, Harry devrait approuvé notre relation cette fois, rit-il
- Tu rêves ! Maintenant, c'est à moi qu'il va faire passer un sale quart d'heure pour être sûr que je sois digne de sortie avec son meilleur pote

La suite des événements ne s'annoncent pas de tout repos ...

*****
Et voilà pour la dernière partie de cette petite histoire avec l'inclusion de la famille Osborn dans l'univers de Tom Holland ! J'espère que ça vous a plu parce que j'ai pris du plaisir à ajouter Harry dans ces chapitres 🤩

À défaut de savoir ce qui arrivera dans un potentiel Spider-Man 4, j'aime bien imaginer ce que Peter peut ressentir après les épreuves qu'il a traversé. Alors vu que je doute qu'on verra un jour les Osborn dans son univers, je m'en occupe moi-même 😂

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