479 | DRUIG
- Et bien et bien ... vous tous, réunis chez moi pour mon anniversaire, c'est bien la première fois que cet exploit se produit, railles-tu
Ton regard balaye le salon de ton appartement new-yorkais, qui n'est pas habitué à recevoir autant de convives en même temps.
- Peut-être que le fait qu'on ne possède pas réellement de date de naissance et donc d'anniversaire est l'une des raisons probables, s'amuse Sersi
- Il me fallait une couverture de qualité pour me fondre dans la vie humaine, évidemment que j'avais besoin d'une date de naissance ! te justifies-tu
- Alors j'imagine qu'on n'a pas intérêt à dire trop fort que tu n'es pas venue au monde comme le commun des mortels mais que tu as été fabriqué dans une sorte de forge cosmique super bizarre, réplique Kingo
- Et qu'il faudrait plus ou moins un milliard de bougies sur le gâteau, enchaîne Ikaris
Les deux copains de très longues dates se tapent dans les mains, fiers d'eux, tandis que tu les toises d'un œil noir.
- Pourquoi est-ce qu'on est les seuls invités à ton anniversaire ? Ne te méprends pas, j'adore les réunions de famille mais je pensais que tu avais des tonnes de relations ..., insinue l'acteur passionné de bollywood
- Y/N n'avait certainement pas envie que tu fasse fuir tous ses amis, lui répond Thena sur le ton implacable qui lui offre tant de classe
- Pardon ?!
- Ben, vu ce que tu viens de dire sur notre « conception », on peut s'estimer heureux qu'il n'y avait pas d'oreilles innocentes à la ronde, ajoute Phastos
Tu réprimes un sourire, amusée par les chamailleries si fréquentes au sein de votre drôle de fratrie. En revanche, tu ne peux t'empêcher de remarquer qu'il y en a un qui reste volontairement en retrait, près du buffet généreusement garni par tes soins. Et ça ne te surprend pas outre mesure, ça fait même naître un discret sourire à la commissure de tes lèvres.
Accoudé à la table, près de Gilgamesh qui a visiblement décidé de faire un sort aux toasts à la mozzarella et au pesto, Druig te fixe du coin de l'œil comme si de rien n'était. Son visage a beau être complètement impénétrable, tu sais ce que cette expression signifie. Et une partie de toi, la partie un peu vicieuse, apprécie un peu trop le voir mariner de la sorte.
Makkari et Sprite déposent leurs cadeaux sur la pile colorée qui s'est accumulée sur la table basse, pile que tu as hâte de voir se réduire.
- J'aurais cependant pensé retrouver au moins une personne extérieure à notre cercle, sous-entend Ajak avec un fin sourire
- Une personne extérieure de sexe masculin, à tout hasard, approuve Ikaris
- C'est vrai qu'on a pas l'habitude de te voir non accompagnée, confirme Sprite
- Ton petit copain du moment a eu un empêchement ? demande Gilgamesh, la bouche à moitié pleine
- Ou peut-être que tu t'es déjà lassée de lui, propose Thena
Du coin de l'œil, tu remarques que Druig lève les yeux au ciel. Intérieurement, tu jubiles mais le camoufles à merveille. Alors tu reportes ton attention sur tes amis et croises les bras en adoptant une petite moue.
- Qu'est-ce que vous insinuez, au juste ? leur demandes-tu en feignant l'innocence
- Rien, à part ta grande expérience en matière de roucoulades amoureuses, ricane Kingo
- Il faut bien admettre que tu as su mettre à profit ta longue existence pour avoir de la compagnie, enchaîne Sersi
- Et dire que je pensais pouvoir compter sur toi pour me défendre ! t'offusques-tu en jouant à la perfection la trahison
Sersi hausse les épaules en pinçant les lèvres, le regard chargé de mille excuses.
- Désolée Y/N, mais elle a raison, approuve Makkari dans la langue des signes
- Disons qu'à travers les décennies, tu es passée de bras en bras ..., admet Phastos
- Est-ce que vous êtes tous en train de me traiter de gourgandine dépourvue de vertue ? Le jour de mon anniversaire ?!
- Mais tu l'as fait avec classe, et énormément d'élégance ! s'empresse de dire l'inventeur du groupe
- En même temps, tu es une bombe atomique. Pas étonnant qu'ils se soient tous jetés à tes pieds, confirme Sprite
Bien que leurs compliments t'adoucissent efficacement, tu préfères ne pas t'attirer la couverture pour calmer l'image qu'ils projettent de toi.
- Je crois que vous exagérez un peu le nombre de mes relations ...
- Frank Sinatra, D'Artagnan, Thomas Edison, commence à énumérer Ikaris
- Shakespeare, Charlie Chaplin, poursuit Thena
- Sans oublier mon préféré, James Dean ... vous étiez adorables tous les deux, reprend Kingo avec un sourire rêveur
- On en a sûrement oublié pas mal mais je trouve déjà que c'est un bon CV, confit Phastos
Tu te mords la lèvre inférieure pour réprimer un petit sourire, mise aux pieds du mur. Pour ce qui est de l'image qu'ils projettent de toi ... on repassera, tu ne peux pas prétendre le contraire de ce qu'ils viennent d'exposer.
- Vu comme ça ... mais vous ne pouvez pas entièrement me jeter la pierre ! te défends-tu. Notre existence est tellement longue, il fallait bien que je trouve une occupation
- Et autant le faire en bonne compagnie, t'accorde Sersi
- Notre chère Y/N ... l'incarnation de la femme fatale, tout en discrétion élégante et charmes, sourit Ajak
- Je n'aime pas être seule alors je préfère bien choisir la personne à mes côtés, déclares-tu en coulant un regard vers un certain éternel près du buffet
- Ça c'est bien vrai ! Pas vrai Druig ? Tu n'es pas d'accord ? lance la star du bollywood
La tête de Druig pivote dans votre direction, comme s'il venait de se souvenir de votre présence. Il feint la décontraction totale, espérant tous vous berner avec son indifférence apparente.
Ce n'est pas ton cas, tu es loin de te laisser avoir par son masque. Surtout lorsque ses prunelles se posent sur toi et trahissent son amertume.
- Pour être honnête, je n'ai pas d'avis sur la question, répond-il platement
- Ah oui ? Pourtant, tu as toujours semblé savoir mieux que quiconque avec qui je devais passer du temps, répliques-tu, une pointe acérée dans la voix
- Si je me souviens bien, écouter mes conseils n'était pas ton fort au bout du compte, renchérit-il en perdant peu à peu son détachement mensonger
- J'ai arrêté d'écouter tes conseils quand j'ai compris que ça ne m'empêcherait pas de finir seule et que j'en souffrais encore plus, assènes-tu avec froideur
Le ton est brusquement monté entre vous, l'air du salon s'est tout à coup alourdit de plusieurs centaines de kilos. Les autres balancent leurs têtes de gauche à droite au rythme de votre joute verbale, comme s'ils assistaient à un match de tennis.
- Ce n'est pas de ma faute si tu n'as été pleinement satisfaite par aucune de tes relations amoureuses au cours de l'Histoire, affirme-t-il
- Tu ne manques pas d'air ! Tout ça ne serait pas arrivé si tu avais eu un peu plus de courage, rétorques-tu
Tes prunelles s'embrasent sous le coup de la colère et le bombardent d'un regard des plus meurtriers. Druig ne trouve rien à répondre à ton accusation, tu sembles même avoir réussi à lui clouer le bec. Ses mâchoires se contractent, un muscle tressaute sur sa tempe gauche.
- Oulah ... j'ai l'impression qu'il y a pas mal de rancœur entre vous, observe Phastos
- À l'évidence, vous avez des problèmes qui n'ont pas l'air réglé du tout, confirme Kingo
- À l'évidence, acquiesces-tu
- À l'évidence, confirme Druig
Il s'écarte du buffet et se tient bien droit, le dos raide et les muscles tendus. Pendant un instant, tu crois qu'il va s'avancer vers toi pour enclencher une discussion et enfin pouvoir dénouer des siècles de
Mais au lieu de quoi, il préfère quitter la pièce en s'éloignant de toi. Encore une fois.
D'un geste, tu balayes le conflit de la main et te concentres pour chasser les émotions néfastes qui t'assaillent. Tu calmes tout ce qui bouillonne en toi pour ne pas gâcher ce moment, ainsi que ton plaisir à recevoir ta famille.
Pendant le reste de la journée, vous faites comme si rien ne s'était passé. Vous reprenez vos discussions, vous vous taquinez comme d'ordinaire avec enthousiasme et complicité. Vous décimez le buffet que tu as préparé avec voracité et jouez à des jeux idiots. Après l'ouverture des cadeaux, tu ressens le besoin d'aller te rafraîchir dans la salle de bain.
En sortant de celle-ci, tu passes devant ta chambre et remarques que la porte menant au balcon filant attenant est entrouverte. Druig se trouve là, accoudé à la balustrade en fer forgé, le regard perdu dans la ville en contrebas.
Un soupir franchit tes lèvres, l'envie d'enterrer la hache de guerre survient au fond de toi. Alors tu t'insuffles une bonne dose de courage pour le rejoindre.
- Il paraît que savoir pardonner est une qualité, peut-être qu'on devrait essayer, dis-tu doucement
Druig tourne la tête dans ta direction et te regarde t'appuyer sur la balustrade, à côté de lui. L'espace d'une courte seconde, de la tristesse passe sur son visage mais cette expression disparaît aussi vite qu'elle est apparue.
- Oui, j'imagine que ce serait une bonne chose, admet-il
- Ce serait plus simple en tout cas
- Rien n'a jamais été simple dans notre histoire Y/N ..., souffle-t-il
- Mais ça aurait pu l'être
Tu redresses la tête pour plonger tes yeux dans les siens, dans lesquels tu ne sais pas quelle émotion déchiffrer en premier. Il est aussi troublé que toi, ça te paraît flagrant à présent.
- Écoute Druig ... je n'ai jamais caché les sentiments que j'éprouvais pour toi. C'est vrai, je n'ai jamais réussi à faire semblant. Et je comprends que tu ne m'aimais pas aussi fort que moi je t'aimais. Tu avais des sentiments mais certainement pas aussi intenses que les miens vu que tu n'as jamais fait le moindre pas vers moi. Mais ça ne te laissait pas le droit de faire fuir tous les hommes qui s'intéressaient un peu à moi et, encore aujourd'hui, de juger mes relations amoureuses. Ni de partir sans dire au revoir
- Tu te trompes, te contredit-il
- Pardon ?
Tu ne sais pas à propos de quelle phrase il pense que tu as tort alors, confuse, tu préfères le laisser s'expliquer.
- Quand tu dis que mes sentiments n'étaient pas aussi forts que les tiens à mon égard. Tu te trompes : ils l'étaient, déclare-t-il. Mais je ne voulais pas que tu gâches ta vie avec moi
Ton estomac se retourne, tu le dévisages à présent d'une toute autre manière. Toi qui croyais qu'il n'avait jamais fait de pas vers toi par manque de courage ou par arrogance, voilà que c'était en fin de compte par dévotion. Par sacrifice. Par amour.
Cette déclaration te fait l'effet d'une claque en plein visage. Si bien que c'est toi qui lui en assènes une avant même que tu n'aies pu contrôler le geste de ta main.
- Aïe !
- Ça fait des siècles qu'on se connaît et tu ne me l'avoues que maintenant ! râles-tu
- Je pensais que tu avais compris que j'avais des sentiments pour toi ! se récrie-t-il en se tenant la joue
- J'avais compris ! Mais je pensais que tu te voilais la face ou que tu ne voulais juste pas d'une relation avec moi
Druig continue de masser sa joue douloureuse avant de laisser retomber sa main le long de son corps. Toi tu tentes de contenir le flot d'émotions en ébullition à l'intérieur de toi pour ne pas flancher maintenant.
- Tu as entendu ce qu'ils ont dit : tu es une bombe atomique. Et ils ont raison, tu es une femme extraordinaire. Tu mérites mieux que moi, tellement mieux, te confesse-t-il
- Ceux qui sont passés dans ma vie n'ont jamais pu rivaliser avec toi. Ton ombre planait toujours au-dessus de moi, c'est pour ça que je ne suis jamais retombée amoureuse aussi fort ...
- Mais tu mérites mieux qu'un homme qui part se réfugier dans la forêt Amazonienne pendant des siècles
- Si tu m'avais laissé le choix, j'aurais couru te suivre dans la forêt Amazonienne. Et je le ferais toujours aujourd'hui
Druig hausse les sourcils d'étonnement, plus vulnérable que jamais. Son masque s'effondre, te laissant voir ses failles et ses faiblesses. Inconsciemment, vos corps se rapprochent l'un de l'autre, comme attirés par le manque à combler de trop longues années d'éloignement.
- Mais je ne suis toujours pas assez bien pour toi ..., murmure-t-il avec fébrilité
- Ça, c'est à moi d'en juger, lui affirmes-tu avec un petit sourire en coin
Ton front se pose contre le sien et immédiatement, tu le sens se décontracter à ton contact. Un discret sourire fleurit sur son beau visage, qui affiche enfin un semblant de joie. Un petit rire s'autorise même à franchir ses lèvres et prouve que votre moment d'honnêteté a touché son cœur.
- J'ai merdé, pas vrai ? se lamente-t-il
- Oui, complètement, ris-tu
- Tu penses pouvoir me pardonner un jour ?
- Tu es sur la bonne voie mais si j'étais toi, je redoublerais d'effort. Étant donné qu'on est immortels, je peux te faire ramper très, très, très longtemps
*****
Plus j'écris sur les Éternels et plus j'ai envie de les revoir. Mais plus j'ai envie de les revoir et plus j'ai envie d'écrire à propos d'eux ... c'est un sacré cercle vicieux 😂🙈
Surtout quand on est à ce point dans le flou quant à leur avenir 🥲
À défaut, je me fais plaisir avec une petite histoire sur Druig, qui s'est révélé être mon éternel préféré 🤩
Et vous, vous avez aussi un petit chouchou parmi notre super équipe d'immortels ?
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