- Summers, Alexander

Alex s'avance d'un pas ferme, sous le regard de ses supérieurs haut gradés de l'armée américaine. Les deux hommes lui faisant face ne lui adressent qu'un court regard vaguement blasé par leur tâche répétitive, l'un d'eux coche quelques cases sur le formulaire qu'il tient dans les mains tandis que l'autre lui tend une pile de linges de lit.

- Vos draps, lui indique ce dernier d'un ton bougeon. Allez vous installer sans plus tarder. Au suivant !

Le nom d'un énième jeune soldat est annoncé, Alex s'empresse de récupérer ses draps et de débarrasser le plancher. Son enregistrement désormais fait, il peut se diriger vers la sorte de grande tente qui sert de dortoir commun aux hommes volontaires à défendre leur pays, tout comme lui. Machinalement, il agrippe fermement l'anse de son sac à dos avant de s'engouffrer dans cet espace précaire, au confort oublié et à l'intimité inexistante. Et où la testostérone emplit l'air avec une lourdeur tenace.

En même temps, il savait en s'engageant que la guerre du Vietnam ne serait pas franchement un club de vacances.

Ignorant les regards braqués sur lui des soldats ayant déjà pris leurs quartiers dans le dortoir, Alex s'avance jusqu'à l'un des lits vides. Là, il exécute les ordres en mettant les draps sur le matelas à moitié défoncé pour avoir de quoi dormir ce soir. Ensuite, il s'assoit dessus dans un grincement inquiétant de ressorts et ouvre le sac à dos d'affaires personnelles que les soldats ont droit d'emporter avec eux. Et à la vue de tous ces souvenirs, un petit sourire orne ses lèvres. Ses pensées se tournent évidemment vers toi, ton visage s'imprime dans son esprit et soudain, une grande vague d'émotion secoue tout son corps.

Ses mains trouvent l'exemplaire d'une œuvre d'un grand nom de la littérature, ce même livre que vous avez étudié en cours au début de votre formation dans l'école de Charles Xavier. Pour ce cours-ci, des binômes avaient été formé et Alex s'était retrouvé à travailler avec toi, alors que vous ne vous connaissiez pas du tout. Dans un sens, ce livre est la première page de votre histoire, c'est là que tout a commencé. Depuis, il a gardé ce livre précieusement tel un trésor valant de l'or et l'a lu tant de fois que les pages sont cornées et que la couverture rebique sans cesse.

Ensuite, à côté du livre, il dépose un ruban jaune pâle, que tu aimes nouer dans tes cheveux quand les beaux jours sont là. Imprégné de ton odeur, ce morceau de tissu brillant était déjà glissé dans tes mèches lors de votre première session d'étude en tête-à-tête. Pour mieux travailler sur le livre, vous aviez décidé de vous retrouver dans l'immense parc du manoir Xavier, c'était en quelque sorte la première fois que vous avez pu faire vraiment connaissance en dehors du cadre protocolaire des cours.

Et pour finir, les doigts d'Alex s'emparent d'un galet, à la surface polie par les remous marins. Vaguement en forme de A, cette petite pierre de couleur blanchâtre t'avait tapé dans l'œil le jour où vous êtes sortis du manoir pour votre premier rendez-vous, vous retrouvant sur la plage pour un après-midi mémorable. La forme t'avait amusé et tu l'avais offerte à Alex avec un grand sourire. C'est aussi cette fois-là que vous avez partagé votre premier baiser, un souvenir toujours aussi vif dans l'esprit du mutant.

Toutes ces choses lui apportent du réconfort, lui donnent l'impression de t'avoir tout près de lui même à des kilomètres de distance. Mais paradoxalement, il ressent aussi un pincement au cœur en regardant les objets de votre histoire. Tu lui manques déjà énormément, c'est un fait.

Soudain, les pans de la tente s'écartent et laissent entrer le colonel de leur régiment. Tout le monde se met au garde à vous, leur supérieur murmure un vague « repos, soldats » sans même lever la tête. Pas un regard dans leur direction, le colonel continue d'avancer à travers la tête en examinant l'objet placé dans la paume de sa main.

Un objet qu'Alex a déjà vu à plusieurs reprises, c'est ce qui l'interpelle aussitôt.

L'objet qui brille dans la main de son supérieur militaire, c'est un bracelet doré, en forme d'anneau, orné de symboles. Le blond reconnaît l'aspect patiné par les années de ce bijoux, ainsi que ces dessins de traits et de ronds alternés.

- Ce n'est pas possible ..., se murmure-t-il

Mais c'est plus fort que lui, il se lève et fait quelques pas en direction de l'homme.

- Colonel ! Attendez une seconde
- Ah Summers, c'est justement vous que je cherchais, dit-il en se tournant vers lui
- Pardon ?

Alex fronce les sourcils, le colonel redresse enfin la tête pour le fixer étrangement. Le mutant ne peut s'empêcher de faire des va-et-vient entre son supérieur et le bracelet avec ses yeux.

- On m'a demandé de vous donner ça, lui explique le colonel
- On ? Mais-

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase, le colonel plaque le bracelet sur son torse et immédiatement, une lumière vive avale tout son corps dans une pluie de picotements très familière. Le sol se dérobe sous ses pieds, l'impression de chuter à travers le vide lui arrache un cri de surprise.

Puis tout s'arrête en un éclair, ses pieds retombent sur le sol et la lumière redevient normale. Bien qu'un peu dérouté par ce voyage non annoncé, il n'a par contre pas besoin de longtemps avant de reconnaître la pièce autour de lui. Ni la personne assise en tailleur sur le lit juste en face, qui redresse la tête dans sa direction.

- Et ben quand même ! Je me demandais quand tu allais recevoir mon colis justement. On ne peut pas dire que ce soit rapide, dis-tu en affichant un large sourire
- Y/N ? Qu'est ce que je ... tu m'expliques ? te demande ton petit-ami, confus

Ton sourire s'affaisse brusquement tandis que tes sourcils se haussent, par dessus ton regard désabusé.

- Surtout cache ta joie, répliques-tu en croisant les bras, vexée. Ne me montre pas que je t'ai manqué

Alex se radoucit de suite, ses lèvres se fendent d'un sourire en coin amusé et taquin. Il s'avance vers le lit et s'assoit juste en face de toi.

- Pardon, je reprends depuis le début : Y/N, mon ange, l'amour de ma vie, l'autre moitié de mon cœur, tu ne peux pas savoir combien tu m'as manqué ! soupire-t-il de manière théâtrale

À ton tour de t'autoriser un sourire amusé, tu décroises les bras pour te jeter dans les siens.

- Je préfère ça, ris-tu
- Évidemment que tu m'as manqué, comment tu peux en douter ? te murmure le blond en te serrant fort contre lui

Vous vous enlacez tendrement, étroitement. Les caresses de vos mains viennent démontrer combien la présence de votre partenaire était douloureuse, vos corps pressés l'un contre l'autre veulent rattraper le manque physique qui s'est fait ressentir douloureusement.

- Je suis si content de te voir ..., avoue-t-il en laissant volontairement sa phrase en suspens
- Mais j'ai compris, tu te demandes pourquoi je t'ai fait venir, complètes-tu en t'écartant de lui pour le regarder
- C'est ce que je me suis demandé dès que j'ai vu ton bracelet. Je sais que tu aimes imprégner les petits objets de ton pouvoir de téléportation plutôt que de te déplacer directement, mais pourquoi maintenant ?
- D'abord, parce que je n'avais pas envie de me matérialiser en plein milieu d'un campement militaire. Ce n'est pas vraiment une destination qui fait rêver

Tu réponds ça avec une telle désinvolture, l'air de dire « c'est évident, non ? » qu'Alex éclate de rire.

- Et après ... parce que j'ai pensé que ce serait plus simple de te convaincre en te faisant venir chez nous, ajoutes-tu en te mordillant la lèvre inférieure
- De me convaincre de quoi, au juste ?
- De rester ici. De ne pas repartir à la guerre

Le mutant commence à comprendre où tu veux en venir, enfin c'est ce qu'il croit.

Quand la guerre du Vietnam a éclaté, elle a appelé à mobiliser les jeunes hommes américains. Comme beaucoup d'entre eux, Alex s'est senti le devoir d'y prendre part et même si une part de toi s'opposait à cette idée, une autre, plus raisonnée, a compris ses motivations. Le sujet est forcément sensible étant donné qu'il touche à la sécurité de ton petit-ami mais après en avoir discuté longuement, le blond pensait le problème mis de côté.

- Y/N, on en a déjà parlé ... on était d'accord d'ailleurs. Si je ne sers pas mon pays, je ne saurais plus quoi faire de ma culpabilité. Et tu sais bien que j'ai un avantage sur les autres, j'ai mon arme secrète pour me défendre si-
- Je sais tout ça, et je crois en tout ce que tu me dis, le coupes-tu en posant ta main sur sa poitrine. Mais ... les choses ont changé

Les yeux dans les yeux, vous vous jaugez pendant plusieurs longues secondes qui mettent un temps fou à s'écouler. Les prunelles d'Alex se font de plus en plus interrogatrices, alors tu prends une profonde inspiration.

- Je suis enceinte, déclares-tu

Cette annonce percute ton petit-ami en pleine face, le choc est nettement visible sur son visage. Ses yeux sont arrondis par la surprise, ses sourcils arqués très hauts tandis que sa bouche entrouverte ne sait pas quoi formuler.

- Et avant que tu ne me poses la question stupide : oui, c'est le tien. Je l'ai appris une semaine après ton départ pour la guerre, avoues-tu
- Ce ... ce n'est pas ce que j'allais dire, je ...

Les balbutiements d'Alex sont maladroits, il cherche vainement ses mots sans parvenir à les trouver. Et c'est ce qui t'inquiète un peu, ce n'est pas dans ses habitudes de se laisser submerger par ses émotions à tel point qu'il n'a plus contrôle sur lui-même.

Tu fronces les sourcils, soudain envahie par une bouffée d'angoisse.

- Je sais qu'on en a jamais parlé, enfin si mais jamais pour dire qu'on s'y mettait là maintenant tout de suite et qu'on-
- Y/N, te coupe-t-il

Ton homme prend ton visage entre ses mains, le blanc des yeux brillant d'émotion.

- Je suis absolument fou de joie, t'avoue-t-il avec un grand sourire
- C'est vrai ? lui demandes-tu, entre l'étonnement et le soulagement
- Évidemment ! Je vais être papa, aux côtés de la femme de ma vie, comment ça pourrait en être autrement ?

Prise par l'instant et par ton bonheur, tu lui sautes au cou. Ne s'attendant pas à cet élan, Alex bascule en arrière et vous fait tomber à la renverse sur le lit, l'un sur l'autre, dans une effusion de rires joyeux et de larmes de bonheur.

- On va avoir un bébé, un petit mutant tout mignon, s'enthousiasme ton copain
- Qui aura certainement du mal à contrôler ses pouvoirs et qu'il faudra surveiller de près, ris-tu
- Ça n'en sera que plus adorable

Tu te redresses pour t'imprégner du beau visage d'Alex, rayonnant de joie. Tu te penches pour déposer tes lèvres sur les siennes, tandis qu'il enroule ses bras autour de toi. Ce baiser a un goût particulier, celui de futurs parents, mélangeant douceur et amour concret.

- Qui d'autre est au courant ? te demande-t-il
- Je ne l'ai dit à personne, réponds-tu. Mais pour des raisons évidentes, Charles est au courant. Et puisque Charles est au courant, il en a parlé à Erik et Raven, qui en ont parlé à Hank et ...
- Je vois. Tout le monde est au courant en fait
- C'est ça, confirmes-tu

L'intimité chez les mutants, ce n'est pas une chose facile !

*****
Vous me l'aviez demandé et le voilà : le retour d'Alex Summers !

J'espère que cette histoire - un poil guimauve - vous aura plu 😉

Et c'est en écrivant cette partie que je me suis rendue compte combien ça m'avait manqué d'écrire sur les X-Men, en particulier sur Alex qui est un personnage que j'adore 🥰🙈

Avec la sortie de Deadpool, attendez vous en voir les mutants un peu plus souvent. D'ailleurs, un nouveau trailer bien intriguant est sorti cette semaine :

Est-ce que c'est un film que vous attendez ?

Je vous avoue que je n'ai jamais réussi à regarder Deadpool en entier et que mon seul véritable intérêt avec la sortie de celui-ci est le retour de Hugh Jackman 🤭

Si ce film peut sauver le MCU et faire revenir les mutants, je suis prête à lui donner sa chance !