464 | STEVE ROGERS

- Et bien ... comment tu as l'intention de t'en sortir Steven ? se murmure-t-il dans un soupir un brin découragé

Perdu, c'est le mot qui définit parfaitement l'état d'esprit actuel du Captain. Voilà un bon quart d'heure qu'il n'a pas bougé, planté là comme une statue de cire. Bien qu'il ne soit pas dans ses habitudes d'abandonner en plein milieu d'une mission cruciale non achevée, sa détermination caractéristique connaît quelques faiblesses à cet instant.

Et c'est cette mission qui l'a amené dans le rayon des protections périodiques d'une épicerie, habillé de son plus beau costume.

Les yeux bleus du blond ne cessent de naviguer d'un bout à l'autre de l'étalage, sans être pourtant plus avancer dans sa décision. Il faut dire que ce coin d'articles féminins ne fait pas exactement partie des choses qu'il maîtrise. Surtout qu'un choix monstrueux de produits s'offrent à lui, plus variés les uns que les autres sans pour autant qu'il n'y comprenne vraiment quelque chose. Il y en a de toutes les formes, de toutes les couleurs ... de quoi se sentir un peu déphasé.

Après un énième regard perplexe sur le linéaire, il ne sait toujours pas comment se dépêtrer de cette affaire. Il tente du mieux qu'il peut d'ignorer le coup d'œil inquisiteur que lui adresse une vieille dame, et se racle la gorge. Mal à l'aise, il se gratte machinalement la tempe et se dit qu'il aurait mieux fait d'enfiler une paire de lunettes ou un chapeau. Il ne manquerait plus que quelqu'un prenne une photo de Captain America entre une boîte de tampons et un paquet de serviettes, ça serait le pompon.

- Vous avez l'air de quelqu'un qui a besoin d'être aidé, lui dit une voix inconnue. Pour cette fois, en tout cas

Steve se tourne pour voir une femme s'avancer à ses côtés. La cinquantaine, une coupe courte de couleur poivre et sel, cette inconnue lui adresse un sourire plus que bienveillant. Aux vues de sa derniere phrase, elle n'a pas eu trop de mal à reconnaître l'identité héroïque du Captain.

- Euh ... oui, je dois avouer que je ne suis pas très familier de ... tout ça, admet-il en désignant l'impressionnant rayonnage
- Comme la plupart des hommes, se lamente-t-elle
- Pour ma défense, on ne parlait pas du tout de ça à mon époque. Beaucoup d'esprits trop étroits avaient classé des sujets comme étant tabous alors ..., se souvient-il en faisant un petite moue
- Heureusement que le monde a évolué ! À moins que vous ne préfériez avant ? Quand on ne se souciait pas du bien-être des femmes et qu'on ne parlait pas de leurs problèmes ? lui demande la femme sur un ton mordant qui ferait peur à n'importe qui
- Oh non, pas du tout ! Je suis content qu'on puisse parler plus librement de beaucoup de choses, lui assure-t-il

Et il le pense sincèrement. C'est pourquoi les lacunes qu'il a engendré en restant piégé sous la glace pendant soixante-dix ans l'embête souvent dans son quotidien, bien qu'il fasse tout son possible pour rattraper son retard.

- Pour tout vous dire, j'aimerais aider ma petite-amie. On devait avoir un rendez-vous ce soir mais elle m'a appelé il y a une heure pour décliner l'invitation. Elle ne m'a pas donné d'explications mais une de nos amies s'en est chargée pour elle. C'est pour ça que je suis ici, pour lui acheter ce dont elle a besoin et pour lui montrer qu'elle peut me parler de tout. De vraiment tout

Ceci explique le costume, et le rayon de protections périodiques.

- Et bien, un bon paquet d'hommes devrait prendre exemple sur vous ! s'exclame l'inconnue en hochant la tête
- Ce n'est pas grand chose, ça me paraît même plutôt normal, dit Steve en haussant une épaule
- Pourtant, vous n'imaginez pas le nombre de petits-copains qui ne sont d'aucune compassion pendant cette maudite période du mois. Ou pire : ceux qui détalent en faisant une grimace, comme si une serviette pouvait les dévorer tout cru. Vous êtes trop modeste, jeune homme, le félicite-t-elle

À nouveau, Steve balaye les compliments de cette dame d'un revers de main.

- Mais étant donné que je n'y connais rien ... vous pouvez me conseiller ?
- Ce n'est pas tous les jours qu'un héros a besoin d'aide, s'amuse-t-elle

Et d'aide, cette cinquantenaire lui en fournit une très précieuse. Elle lui explique la nuance entre chaque produit et l'accompagne au mieux pour choisir les articles de base, ceux qui seront une valeur sûre.

- Dans un autre registre mais tout aussi important, veillez à ce que votre petite-amie ait toujours son péché mignon sous la main. Chocolats, biscuits, petites douceurs ... il ne faut pas sous-estimer la puissance en réconfort d'une gourmandise
- Je sais déjà ce qui va lui plaire, sourit Steve
- Et le plus important : essayez de ne pas la chiffoner. Les émotions peuvent être horriblement traîtresses pendant cette période. Pour être sûr de ne rien faire de travers : dites oui à tout, ne la contredisez pas et offrez lui des câlins ... beaucoup de câlins
- J'y veillerai, c'est promis, lui assure-t-il avec un sourire amusé. Merci beaucoup pour votre aide madame, vous avez toute ma reconnaissance
- Oh de rien, jeune homme, c'était un plaisir. Maintenant ouste, filez retrouver votre petite-amie !

C'est ce que le super-héros s'empresse de faire. Une fois qu'il a tout ce qu'il faut dans son sac de course, il se dépêche de payer et file à travers les rues de New York. Il rejoint son quartier bien-aimé de Brooklyn, quartier qui est également le tien. Il remonte les allées et les ruelles familières jusqu'à rejoindre ton immeuble en briques rouges, dans le coin d'une longue rue d'habitations.

Heureusement pour lui, un de tes voisins sort de la résidence à ce moment là et le reconnaît, le laissant entrer sans soucis. En quelques minutes, Steve a grimpé quatre à quatre les escaliers jusqu'à ton étage. Il frappe aussitôt à ta porte et attend quelques secondes, avant que tu ne lui ouvres.

- Steve ? t'étonnes-tu, en tentant discrètement de te recoiffer. Qu'est-ce que tu fais ici ?
- J'ai une livraison spéciale pour une certaine Y/N, qui a décliné mon rendez-vous, te sourit-il

Pour illustrer ses propos, il te tend sa cargaison. D'abord hésitante et confuse, tu attrapes le sac et examines son contenu. En quelques secondes, un fin sourire reconnaissant et touché étire tes lèvres. Steve, très fier de lui, observe ta réaction avec tendresse en ne pouvant réprimer son sourire d'amoureux transit.

- C'est pour toi, se sent-il obligé de préciser en jetant un coup d'œil au sac

- Oh Steve, il ne fallait pas ...
- J'ai fait de mon mieux mais si ça ne te plaît pas, je peux-
- C'est parfait, c'est l'une des plus belles attentions que tu pouvais m'offrir, le coupes-tu

Toute émoustillée par son geste, tu plaques tes lèvres sur les siennes sans prévenir. Le blond n'a pas le temps de répondre à ton baiser mais il peut quand même savourer le fait que tu apprécies son attention.

- Je me sens encore plus nulle d'avoir annulé notre rendez-vous maintenant ! Surtout que je ressemble à un furet mal fagoté à côté de toi, te plains-tu en désignant ton sweat informe et ton jogging

C'est sûr qu'à côté du costume-cravate de ton homme ...

- Tu es magnifique, peu importe ce que tu portes, t'assure-t-il
- Tu deviens doué en mensonges, ris-tu. Entre, je ne vais pas te laisser planté là

Tu accueilles ton invité en remettant tant bien que mal tes cheveux pas coiffés en ordre, et l'emmènes dans le salon. La pièce n'est pas en meilleur état que toi, elle a plutôt adopté le mode opératoire « réconfort nécessaire » : une tonne de coussins recouvrent le canapé, enfouis sous des plaids duveteux; la table basse est jonchée de boîtes de médicaments ronds et roses qui ne servent à rien, de sachets de biscuits vides et de mouchoirs; sans oublier ta meilleure amie la télé toujours allumée sur le dernier dessin animé que tu as regardé. Quand on est dans le mal, c'est complet.

- Je suis désolée d'avoir annulé notre rendez-vous, ce n'était pas cool de ma part, t'excuses-tu en t'asseyant dans le canapé
- Ce n'est rien, je comprends que tu ne sois pas trop en forme aujourd'hui, te rassure Steve en prenant place à côté de toi

Tu arrêtes d'examiner le contenu du sac pour plonger ton regard désolé dans celui de ton homme.

- Je m'en veux, si tu savais ! Mais je préférais t'épargner de me supporter quand je suis dans ma semaine de la mort. Je ne suis pas tellement de bonne compagnie dans ces moments là ... je suis à fleur de peau, râleuse, parfois méchante et ma patience en prend un sérieux coup. Et puis, les crampes sont de sacrées emmerdeuses

Un petit rire échappe à Steve, mais il ne te réprimande néanmoins pas pour ton gros mot. Ne prenons pas de risque. Sa main dégage une mèche de ton visage, ses doigts caressent tendrement ta pommette. Tu te sens fondre à son contact mais une pensée te traverse, faisant se froncer tes sourcils.

- Comment tu as su ?
- Natasha, c'est elle qui m'a expliqué tes raisons, te répond-il
- J'aurais dû m'en douter, elle ne peut pas tenir sa langue pour certaines choses, soupires-tu en levant les yeux au ciel
- Elle a bien fait. Tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ? Il n'y a aucun sujet que tu dois éviter avec moi. Aucune raison d'être gênée ou mal à l'aise par rapport à quelque chose, d'accord ?
- Tu veux parler règles avec moi ? railles-tu
- Bien sûr, si c'est ce dont tu as envie ou besoin. Je suis là pour toi, pour toi toute entière et sans aucune exception. Tu n'as rien besoin de me cacher, mon ange. Je t'ai ouvert mon cœur, alors n'aie pas peur de t'ouvrir entièrement à moi, sur n'importe quel sujet

Une telle déclaration d'amour te touche en plein cœur et vu ton état émotionnel quelque peu instable, il n'en faut pas plus pour que des larmes te montent aux yeux. Steve fronce les sourcils, un peu inquiet.

- J'ai dit quelque chose de mal ?
- Non, tu as dit exactement ce qu'il fallait, souris-tu en te blotissant dans ses bras. J'ai le meilleur petit-ami de l'univers !
- De l'univers, carrément ? s'amuse-t-il en te serrant contre lui
- Tu as un autre mot pour qualifier un homme qui achète des Twix à sa copine et qui accepte de supporter ses sautes d'humeur pendant que mère nature fait des siennes ?

On est bien d'accord, il n'y en a pas. Et cette impression va se confirmer quand Steve va te laisser pleurer sur son épaule alors que vous regardez Bambi, puis le Roi Lion et enfin Rox et Rouky. Au final, tes larmes vont lui briser tellement le cœur qu'il va accepter que tu lui fasses regarder pour la première fois The Notebook ... il va vite comprendre l'entourloupe. Courage Steve !

*****
Je crois qu'on aurait toutes besoin d'un Steve pendant cette période, non ? 🙈

Je recommence à faire des trucs guimauves, désolée 😂
Ça ne va sûrement pas s'arrêter à l'approche de la Saint Valentin en plus 🤭👀

Je ne sais pas vous mais Steve me manque terriblement, encore plus après avoir écrit une guimauve pareille 🥲

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