398 | BUCKY BARNES

- On peut savoir pourquoi tu souris comme un idiot ? demande Sam de son habituel ton narquois quand il est adressé à Bucky

Ce dernier redresse la tête vers son coéquipier, les coins de ses lèvres s'affaissant aussitôt. Il dépose son portable, à plat contre la table en se recomposant une expression plus neutre, moins enjouée.

- Rien du tout, répond durement Bucky

Sam hausse un sourcil, avec un air de conspirateur que Bucky déteste tant. Pour ne pas sentir sa bonne humeur de dégonfler entièrement comme un ballon percé, il détourne le regard et se retient de récupérer son téléphone pour voir si une nouvelle réponse s'affiche sur l'écran.

- Aller, tu peux bien me le dire ! Après tout ce qu'on a vécu, tu peux bien me dire pourquoi tu as décidé de respirer la joie de vivre aujourd'hui, insiste Sam. Ce n'est pas comme si ça arrivait tous les jours, normal que je me pose des questions
- Tu sais que tu aggraves ton cas, là ? Ça ne me donne absolument pas envie de t'en parler, réplique le brun
- Me parler de quoi ? renchérit son acolyte sur un ton traînant très agaçant

L'ancien soldat de l'hiver lève les yeux au ciel, une fois de plus excédé par l'attitude du Falcon. C'est à se demander comment ils font pour travailler ensemble ... les miracles existent, apparemment !

- Je finirais par le savoir de toute manière alors autant que tu passes aux aveux maintenant et comme ça-
- Bon d'accord, cède Bucky. Y/N et moi, on ... se parle beaucoup en ce moment. On discute toute la journée par messages et-
- Attends, quoi ? le coupe Sam en écarquillant les yeux. Est-ce que mes oreilles fonctionnent bien ? Toi, l'homme des cavernes qui ne sait pas faire fonctionner une machine à laver, tu envoies des messages depuis ton téléphone portatif à Y/N ?

Bucky ne sait pas ce qui l'exaspère le plus dans la réplique de son presque-ami. Tout bien réfléchit, c'est toute sa phrase qui met à rude épreuve sa patience. Il soupire en fixant Sam d'un air las, tandis que ce dernier se marre comme une baleine, à priori très fier de lui.

- Je plaisante ! se défend-il en se calmant un peu. C'est cool que tu discutes avec Y/N, c'est vraiment une chouette fille. Et depuis le temps que vous vous tournez autour, ça va peut-être vous permettre de passer la seconde
- Ça reste à voir, je ne sais pas si un mec comme moi pourrait lui aller ...

Au tour de Sam de lever les yeux au ciel, et il le fait très théâtralement en amplifiant son geste.

- C'était une Avenger, elle a connu des situations mille fois pire que ça. Crois-moi, ce n'est pas toi qui vas lui faire peur, rit-il

Cédant à la tentation et galvanisé par les mots de Sam, Bucky soulève son portable et vérifie l'écran. Son cœur fait un bond incontrôlable, son sourire reprend sa place.

- Elle me propose de venir chez elle, dit-il
- Et ben vas-y, cours, vole ! s'exclame Sam. Laisse-toi porter par les ailes de l'amour !

Cette fois, Sam parvient à lui arracher des rires. Écoutant le conseil de son partenaire, Bucky se lève en remettant son portable dans la poche de son pantalon.

- Tu as raison, j'y vais tout de suite
- Je ne veux pas savoir ce qu'il va se passer dans la soirée, je suis trop innocent pour ça, plaisante Sam

Il n'en faut pas plus à Bucky pour s'élancer à travers les rues de New York, en direction d'un appartement et d'une personne qu'il connaît bien.

Ça, pour vous connaître, vous vous connaissez. Vous vous êtes rencontrés il y a des années et encore, tu étais une super-héroïne bien avant qu'il ne soit sauvé par Steve des griffes de Hydra. Et ça fait presque aussi longtemps que vous vous « tournez autour », comme dit Sam.

Après Thanos, vous avez tous senti qu'une page était en train de se tourner. Tu as donc décidé de tirer ta révérence et de ranger le costume de justicière au placard. Bucky t'a encouragé à prendre ta retraite, t'assurant que tu en avais déjà fait beaucoup pour le monde et que tu méritais bien un peu de repos. En te disant ça, il pense surtout que ça te permettra d'être plus en sécurité, de ne plus risquer ta vie à chaque mission et chaque jour. Il espère surtout que cette retraite te fera accéder au bonheur, tu le mérites tant.

C'est certainement pour cette raison que Bucky hésite de plus en plus à passer le pas avec toi. Il aimerait vraiment goûter à un morceau du bonheur qui est tien mais il craint encore de ne pas y avoir droit. Cette satanée ombre de noirceur qui ne le lâche jamais plane au dessus de lui sans cesse et lui murmure d'une voix glacante qu'il ne mérite pas d'être heureux après tout ce qu'il a commis dans son passé. Il sait qu'Hydra était la véritable main meurtrière derrière toutes ces tueries mais il ne peut s'empêcher de sentir que ses mains sont couvertes de sang.

Et jusqu'à maintenant, il ne voulait surtout pas risquer de te tacher. Mais une petite flamme qui brûle au fond de son cœur lui crie que tu ne vas pas attendre éternellement, c'est ça qui le pousse à arriver en un rien de temps chez toi.

Il sort le double des clefs de ton appartement - oui, on en est là quand même - et déverrouille la porte d'accès à ta résidence. Il monte quatre à quatre les escaliers, atteignant le troisième étage en quelques petites secondes seulement. Comme un automatisme tant ce geste a été répété, il marche vers la gauche du palier pour rejoindre ton chez toi.

Mais un détail qui est loin d'être habituel le fige sur place, interrompant sa marche. Ta porte d'entrée est entrouverte, laissée entrebaillée. Même lorsqu'on attend quelqu'un, ce n'est pas le genre de pratique courante et ça ne peut être que le signe d'un mauvais présage. Un frisson désagréable court le long de sa colonne vertébrale, son malaise va grandissant.

Prudemment, il s'approche de ton appartement et passe la porte. Étrangement, rien ne semble avoir changé depuis sa dernière venue. Tout est calme, à sa place. Aucune voix ne trouble le silence, aucun bruit suspect. Bucky ne baisse pourtant pas sa garde, certain que quelque chose est arrivé. Et ça lui fait très peur pour toi.

- Y/N ? appelle-t-il, la voix emplie d'inquiétude

Ses pas sont lents, mesurés. Alors qu'il attend une réponse qui ne semble pas vouloir venir, son cœur se met à marteler contre sa poitrine. Sa bouche s'assèche, respirer devient une épreuve.

Quand enfin, il entre dans le salon, il te trouve allongée au sol, inconsciente.

- Oh non ...

Il s'approche aussitôt de toi, s'agenouillant pour évaluer ton état.

Un nœud s'est formé dans sa gorge tandis qu'il implore toutes les forces de l'univers pour que tu sois toujours vivante. Malgré tes yeux clos, ta poitrine se soulève toujours doucement, ce qui détend un peu le brun.

Il relâche la respiration qu'il retenait, mais son soulagement n'est que de courte durée. Les stigmates évidents d'un combat marquent ton visage ainsi que ton corps. Une plaie ouverte sur ta tempe laisse couler ton sang le long de ton visage avec abondance, un bleu prend place sur ta mâchoire légèrement gonflée et un filet de sang s'échappe de ta narine gauche. La manche de ton pull est trouée, révélant un coupure faite au couteau en-dessous.

Un morceau de papier dépasse de la poche de ton pantalon, Bucky s'en saisit et lit ce qui est inscrit en des lettres grossières impossibles à identifier pour reconnaître son auteur.

« Elle n'est qu'un début.
Vous avez fait beaucoup de mal, soldat de l'hiver. Il est temps pour vous de payer toutes les vies que vous avez prises. »

D'un geste vibrant de rage, Bucky froisse le papier en une boule qu'il jette à travers la pièce. Il reporte son attention sur toi et avec une grande délicatesse, il soulève ta tête afin de la déposer sur ses genoux. D'un geste tendre, il écarte une mèche de cheveux de ton visage, collée par le sang. Sans détourner le regard, il veille sur toi et attend.

Lorsque tu reprends connaissance, tes yeux rencontrent immédiatement ceux de Bucky qui sont débordant d'inquiétude.

- Tu vas bien ? te murmure-t-il
- J'ai l'impression d'être passée sous un bus mais à part ça, je vais bien, réponds-tu d'une voix rauque

Tu essayes de te relever mais ton regard vague se perd, ta tête se met à tourner.

- Doucement, tu es blessée alors ménage-toi, te conseille Bucky en t'aidant à t'asseoir

Tu peines à rester assise sans pencher d'un côté, ce sont les mains de Bucky, posées sur ta taille, qui t'empêchent de tanguer.

- Désolé de te le demander aussi vite mais, est-ce que tu te souviens de quelque chose ? te demande-t-il

Tes yeux s'étrecissent au moment où des souvenirs ressurgissent dans ton esprit. Un feu de colère s'éveille en toi, te faisant subitement oublier tes maux de tête.

- C'est cette femme, elle s'est faite passé pour une livreuse de colis et a frappé à ma porte ! Elle m'a injecté une drogue bizarre dans le bras et a commencé à m'attaquer. J'ai essayé de la repousser du mieux que je pouvais, je me suis battue contre elle mais la drogue a vite fait effet, ça devenait trop difficile et trop flou de bouger. J'ai dû finir par m'évanouir

Plusieurs détails t'échappent, des points que tu ne comprends pas. Tu serres la mâchoire mais arrêtes aussitôt dès que tu sens une vive douleur t'envahir la mâchoire. Prudemment, tu tâtes cette partie de ton visage et constates qu'une bosse est déjà en train de se former. En continuant ton inspection, tu prends conscience de tes blessures et grimaces, essuyant machinalement le sang sous ton nez.

- Pourquoi est-ce qu'elle ne m'a pas tué ? Et d'abord, pourquoi est-ce qu'elle a voulu me faire du mal ? Ce n'est pas comme si j'avais agressé quelqu'un récemment, ni même dans ma vie, railles-tu. Enfin, personne qui ne l'avait mérité
- C'est à cause de moi, déclare Bucky

Tu ne sais pas si c'est encore l'effet de la drogue qui embrume ton cerveau ou si cette femme t'a frappé plus fort que tu ne le pensais mais les mots de ton ami ne prennent pas sens pour toi. Silencieusement, tu le dévisages tandis qu'il peine à soutenir ton regard. Tous les traits de son visage sont contractés, ses yeux trahissent une douleur mêlée à de la peine, ses mains - toujours sur ta taille - se resserrent pour former des poings.

- Qu'est-ce que tu racontes ? souffles-tu
- C'est de ma faute, répète-t-il dans un murmure plein de culpabilité. C'était pour me faire du mal que cette femme t'a attaqué, pour m'atteindre. Elle a laissé un mot, disant qu'elle s'en prenait à toi pour me faire payer les crimes que j'ai commis
- Mais ce n'était pas ta faute, tu-
- Tout le monde n'est pas de cet avis. Et maintenant, je t'ai mis en danger juste parce que je tiens à toi

Sa dernière phrase fait s'envoler des papillons dans ton ventre mais c'est bientôt une vague de colère qui s'empare de toi.

- Tu crois que je vais accepter ça ? rétorques-tu
- Je comprends que tu sois en colère contre moi, je me doute que tu n'as plus envie de me voir après ça, dit-il en essayant de contrôler ses émotions. Je t'ai attiré des-
- Je ne t'en veux pas du tout Buck', c'est à cette femme que j'en veux, lui assures-tu

Quelque peu soulagé, Bucky hoche lentement la tête en prenant une inspiration.

- D'accord. Je ... il faut que je la retrouve, c'est de ma faute donc c'est à moi de gérer ça
- Oh n'y pense même pas ! Je peux bien supporter de me faire blesser, enlever et presque tuer mais si c'est dans le but de te faire du mal, c'est un non ! Moi vivante, personne ne tentera de faire du mal à ton cœur ... je la trouverai moi-même pour lui apprendre une bonne leçon

Et tu penses chacun de tes mots. Ce n'est pas la première fois de ta vie que tu es l'objet de la haine d'un fou furieux aux envies de vengeances, tu peux donc encaisser ça sans problèmes. Mais que cette attaque ait été commise dans le but de faire de la peine à Bucky, de le manipuler pour qu'il se voit à nouveau comme un monstre, tu ne peux pas le supporter.

Les beaux yeux bleus de Bucky se mettent à briller d'émotion, ses lèvres s'entrouvrent mais ne trouvent pas de mots pour répondre à cette phrase qui en dit long sur toi.

Et comme il ne trouve pas de mots, il ne lui reste plus qu'à passer à l'action. Il se penche et dépose ses lèvres sur les tiennes. Tu mentirais si tu disais ne pas être surprise qu'il fasse preuve de ce courage là maintenant, mais tu mentirais également si tu prétendais que ce geste ne te fait pas plaisir.

Tu réponds à son baiser en agrippant son bras comme si sa présence représentait une bouée de sauvetage pour toi. Quand vous mettez fin à cet échange, vous ne vous quittez pas des yeux, dévorés par cette passion longtemps réprimée.

- Rassure-moi, tu ne vas pas attendre que quelqu'un me tabasse pour m'embrasser la prochaine fois ? plaisantes-tu
- J'ai déjà bien trop attendu, je risque de ne plus vouloir m'arrêter ..., murmure-t-il

Cette fois, tu sens tes joues se réchauffer et tu ne peux contenir ton sourire. Bucky prend ton visage entre ses mains avec douceur pour ne pas te faire mal.

- Assis-toi sur le canapé, je vais m'occuper de toi, te dit-il. Et après-
- Après, je botte les fesses de cette folle qui n'aurait pas dû vouloir s'en prendre à toi, complètes-tu avec un sourire désinvolte

Bucky t'aide à te relever en te regardant, une admiration touchée et amoureuse à peine voilée se reflétant dans ses prunelles. Il te mène jusqu'au canapé et s'apprête à aller chercher une trousse de soins, il s'interrompt pour te glisser :

- J'en connais un qui ne va pas me lâcher avec ça
- Laisse-moi deviner, Sam ?
- Tu as tout compris

*****
Et voilà pour cette première histoire de volume 3, j'espère que le choix du personnage fait des heureuses 😉

Première partie spéciale puisqu'elle est postée le jour de la sortie de Black Panther : Wakanda Forever !

Pour être honnête, je ne sais pas quand je vais le voir au cinéma mais dès que ça sera fait, on en discutera ensemble 😌

Et vous, vous y allez quand ? Et si vous l'avez vu, qu'en avez-vous pensé sans spoilers évidemment ?

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