suite du n°260

*****

Reprenant son souffle, Natasha se lève en observant l'autre femme, qui vient apparemment de perdre son masque. La rousse plisse les yeux tandis qu'elle reconnaît immédiatement l'identité de son adversaire.

- Y/N ?!
- C'est qui ça, Y/N ? demandes-tu

Tu te réveilles en sursaut, t'extirpant brutalement de ce rêve que tu fais depuis des années. Rêve, pas vraiment ... tu sais très bien que c'est un souvenir. Un souvenir qui te hante chaque nuit et qui déclenche la même sensation de malaise à l'intérieur de ta poitrine.

Cette rencontre avec cette rousse douée en combat n'est pas anodine et soulève des interrogations que tu ne t'étais jamais posée jusqu'à lors. Elle savait ton nom, chose qu'Hydra avait effacé de ta mémoire. Est-ce que ça signifie qu'elle te connaissait avant que l'organisation de l'enfer ne mette la main sur toi ? Oui, tu en es convaincue.

Et c'est une idée qui te met dans tous tes états. Ça a réveillé une lueur de conscience en toi qui t'a permis de te défaire peu à peu de l'emprise qu'Hydra exerçait sur toi. Quelqu'un là dehors sait comment tu étais avant et tu dois bien avouer que ça t'effraye un peu. Après les nombreux lavages de cerveau qu'Hydra t'a fait subir, celle que tu as été est anéantie, tu n'es plus du tout la même. Que se passe-t-il si tu n'arrives pas redevenir comme avant ?

Bien que tu sois complètement perdue par tout ça, tu as quand même pris la décision de t'échapper des griffes d'Hydra il y a quelques années. À ta grande surprise, ils ont arrêté de te chercher plutôt rapidement, se contentant sûrement du soldat de l'hiver qu'ils tenaient toujours comme une marionnette. Même si tu es toujours un peu en cavale et que tu préfères rester discrète, tu as réussi à trouver un refuse à Budapest, dans un appartement qui t'est étrangement familier.

Tu as fait quelques recherches sur toi, sur ton passé ou sur les bribes de souvenir qui remontent en toi parfois. Rien. En revanche, tu as rapidement trouvé l'identité de la rousse qui n'est autre qu'une Avenger. Mais les informations s'arrêtent là, tu n'as jamais su comment vous auriez pu vous rencontrer par le passé. Ce que tu retiens, c'est l'étrange sentiment qui s'empare de toi à chaque fois que tu vois une photo d'elle à la télé ou dans le journal où ses exploits ainsi que ceux de son équipe sont décriés, même ici en Hongrie. Comme si ton cœur essayait de te dire qu'un lien vous unissait dans le passé, qu'il y a une chose beaucoup plus profonde que ce que tu imagines.

D'un geste vif, tu écartes la couette et te lèves du lit, n'ayant pas du tout la tête à te rendormir. Par la fenêtre, tu constates que le jour vient à peine de se lever et que les faibles rayons jaune clair du soleil éclairent le ciel d'une nuance bleuâtre. En jetant un œil à ta montre, tu vois qu'il n'est que 7h02 mais tant pis, tu n'arriveras pas à te rendormir. Après être passée dans la salle de bain pour te préparer et t'habiller, tu décides d'aller faire un tour pour prendre l'air et t'aérer la tête.

Budapest est vraiment une jolie ville, à force de sortir en pleine nuit ou tôt le matin, tu as découvert plein de petits recoins et de rues secrètes qui font le charme de cette ville. À cette heure là, les rues sont encore calmes et peu de gens s'aventurent en dehors de leur lit à part ceux qui partent travailler. Marcher t'a toujours aidé à faire le vide dans ta tête, à oublier tout ce que tu as fait par le passé, à l'oublier elle.

Mais aujourd'hui, même ça n'est pas suffisant puisque tu as l'impression de la voir au bout de la rue que tu traversais.

- Ce n'est que mon imagination, rien que mon imagination, souffles-tu

Pourtant, la rousse ne s'efface pas, elle tourne même la tête en ta direction et marche vers toi. Prise de panique, tu tates machinalement l'intérieur de la poche de ta veste pour t'assurer que le pistolet que tu prends toujours avec toi est bien là. Ta gorge se serre et le souvenir de tout ce que t'a fait subir Hydra te submerge de nouveau. Tu ne peux faire confiance à personne, surtout pas à elle.

Alors tu te retournes et cours dans la direction opposée.

- Y/N, attends !

Tu dévales la rue et passes par un étroit passage entre deux blocs de maison, débouchant sur un cul-de-sac. Là, tu grimpes à l'escalier extérieur d'un appartement et atterris sur le toit et d'ici, tu sais très bien où sauter pour retomber sans dommage. Un balcon un peu plus bas sur l'immeuble d'en face permet de descendre en deux temps.

- Je ne te veux aucun mal Y/N, tu le sais au fond de toi ! s'écrie-t-elle

Lançant un regard par dessus ton épaule, tu constates que la jeune femme n'a eu aucun mal à te suivre alors tu fonces à nouveau, prête à sauter du toit.

- Tu étais ma meilleure moitié ! ajoute-t-elle

Ses mots font jaillir une image dans ta mémoire, un étrange souvenir de cette femme et de toi, légèrement plus jeunes qu'aujourd'hui, dans une pièce rouge où des entraînements en combat s'enchaînent sans merci. C'est une image si saissante que tu manques ton saut et te rattrapes de justesse par les bras au balcon sur lequel tu devais atterrir entièrement.

- Y/N !

Secouée par l'impact que les paroles de la rousse ont eu sur toi, tes mains tremblent et n'arrivent pas à te maintenir. Tout ton corps est pris de tremblements, impossible pour toi de te redresser sur le balcon. Tu ne peux plus tenir davantage et tombes de trois bons mètres, tes jambes se dérobeant sous ton poids. Une douleur cuisante écrase ta jambe droite, tu t'effondres au sol en étouffant un cri.

Chacun de tes membres te fait souffrir, tu peines à te redresser pour évaluer les dégâts de ta jambe. Une forme se pose gracieusement à quelques mètres de toi, tu sursautes et tournes la tête pour voir la rousse s'approcher de toi avec précaution. Instinctivement, tu tâtonnes ta poche à la recherche de ton arme mais celle-ci est tombée lors de ta chute et a roulé sur le sol à plusieurs mètres de toi.

Voyant ça, la rousse lève un bras pour te prouver qu'elle ne te veut pas de mal et qu'elle ne profitera pas de ton état.

- Hey, ne bouge pas ... tu viens de faire une sacrée chute

Une grimace de douleur déforme tes traits, tu serres la mâchoire pour retenir un grognement plaintif. Tu ne peux rien faire, ni te relever, ni t'écarter sans souffrir atrocement alors tu la laisses s'approcher lentement de toi.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Pourquoi tu es là ? lui demandes-tu sèchement
- Ça fait des années que je te cherche, j'ai été assez occupée mais je n'ai pas cessé de vouloir te retrouver, répond-elle en s'accroupissant

Elle se penche au-dessus de toi en te faisant un sourire bienveillant avant de mesurer l'état de ta jambe. Une partie de toi veut se méfier désespérément de cette inconnue mais une autre te souffle qu'elle est loin d'en être une.

- Ne crains rien, tu es en sécurité avec moi, t'assure-t-elle

N'y tenant plus, tu chasses tes peurs et lui demandes :

- On se connaît, pas vrai ?
- Oui, on se connaît, acquiesce-t-elle. On est même venues ici à Budapest, dans l'appartement que tu occupes juste avant que tu ne disparaisses. J'imagine que c'est le moment où Hydra t'a enlevé avant de passer ton cerveau au mixer et d'effacer tous tes souvenirs de nous
- De nous ?

Le sentiment que tu ressentais à chaque fois que tu voyais son visage quelque part se ranime en toi, faisant battre plus fort ton cœur.

- On ... on était amies ?
- Tu étais tout ce qu'il me restait une fois enfermée dans la Red Room, et inversement. On a grandi ensemble pendant qu'ils faisaient de nous des espionnes hors-normes et une fois adultes, on avait l'habitude de se dire qu'on était la meilleure moitié de l'autre. Ça nous a aidé à tenir, à ne pas abandonner ... je ne sais pas comment j'aurais fait sans toi

D'abord en un geste hésitant, elle pose sa main sur la tienne et la serre comme si t'avoir retrouvé était une bouée de sauvetage pour elle. Et étrangement, tu ne penses pas un seul instant à te dégager. Sa main t'apaise instantanément, tu as même l'impression de revivre une vieille habitude dont tu n'avais plus connaissance.

- Je suis tellement désolée de ne pas t'avoir trouvé plus tôt, dit-elle tandis que ses yeux se remplissent de larmes. J'aurais dû me rendre compte que c'était toi et te sortir des griffes d'Hydra ... tu n'aurais pas eu à subir tout ça si j'avais été plus vigilante

Un sanglot interrompt sa phrase, des larmes roulent sur ses joues et cette vision te fend le cœur, sans réellement comprendre pourquoi.

- J'espère que tu arriveras à me pardonner un jour, termine-t-elle en essuyant rapidement ses larmes
- Ce n'est pas de ta faute, lui assures-tu en pressant sa main. Tu ne peux pas te blâmer alors que c'est Hydra qui a fait ça de moi, tu m'as retrouvé au final
- Je ne pouvais pas vivre en sachant que tu étais là dehors, conditionnée comme un robot. Je suis soulagée que tu aies réussi à leur échapper et j'aimerais t'aider à retrouver tes souvenirs

Tu hoches la tête, une vague d'émotions se déverse dans ta poitrine.

- Je vais avoir besoin que tu me sauves oui, tu es la seule qui sait comment j'étais avant alors ... aide-moi à redevenir moi-même

Un sourire étire son beau visage, elle acquiesce et pose son front contre le tien. Soulagée, tu fermes les yeux et ressens au plus profond de toi qu'un verrou vient de sauter. Ce simple contact vient de faire une brèche dans le mur qui t'empêche d'accéder à ton vrai toi, et tout ça grâce à elle.

- J'ai besoin de ma meilleure moitié, Natasha ...

*****
Merci pour vos réponses à ma question dans la partie précédente, en effet j'ai l'impression que le soucis d'images a été réglé 😉

Aujourd'hui, c'est la sortie du premier épisode de Ms Marvel ... qui va regarder ?

Perso, je passe mon tour pour ce coup là alors désolée mais pas de débrief avec moi 😂