ᴀʟʟᴀɴᴀʜ ɢʀᴇᴇɴ | 𝓽𝘩𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘰𝘴 𝘪𝘴 𝘩𝘦𝘳.

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| CHAPITRE SPÉCIAL |

she wears strength and darkness equally well.
the girl has always been half goddess, half hell.

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𝘛𝘏𝘌 𝘏𝘖𝘜𝘚𝘌 𝘖𝘍 𝘎𝘙𝘌𝘌𝘕
❝ᴡᴇ ᴀʀᴇ ᴡᴀʀʀɪᴏʀs, sᴜʀᴠɪᴠᴏʀs,
ᴜɴsᴛᴏᴘᴘᴀʙʟᴇ ᴀɴᴅ ʙʀᴀᴠᴇ❞

















AMÉRIQUE.
Manoir des Green.
10 Mars 1928.


Les Green étaient une grande famille, installés en Amérique aussi loin que la magie avait pris possession de cette terre. Ils étaient réputés pour être de puissants sorciers autant que des orateurs hors paires. Ils avaient eu leur place au sein du gouvernement magique au delà de toutes les révoltes qu'avaient connu le Macusa. Ils avaient perduré dans les quatre coins des États-Unis, demeurant forts et braves, une ligne directrice pour tous les sorciers les côtoyant. De nombreuses figures des Green ornaient les portraits de l'école de sorcellerie Ilvermormy, gardant leurs influences marquées même chez les plus jeunes sorciers.
Ils étaient de puissantes personnes, gardant comme objectif de perdurer, à travers les siècles, à travers les époques.

Leur emblème avait alors évolué, aux rythmes des changements des sorciers, aux différents désirs qui avaient ébranlés les héritiers Green. Au XVIème siècle, le loup rouge a marqué le blason de cette famille ancestrale. Prouvant avec cet aspect, leur force et leur habilité aux combats mais aussi, comme cette race de loup, leur capacité à se débrouiller seul, à vaincre même sans appui. Sous Torence Green, un illustre ancêtre du XVIIème ayant par ailleurs contribué à l'instauration du Code International du secret magique en 1689, le symbole de cette famille s'est transformé pour prendre la forme d'un aigle. Défendant cette fois-ci avec ferveur l'animal emblématique de sa patrie, l'impériale animal s'est révélé une des plus fidèles représentations de cette famille. Noble, puissante, intouchable, et si élevée qu'on songe à ne jamais la voir toucher le sol.
Et enfin, au début du XXème siècle, Magnus Green prit la décision de permuter cet emblème inchangé depuis des siècles. La tapisserie des Green était à présent orné par une puissante araignée noire, agrippant ses huit grandes pattes autour d'un fond sphérique. Les mains de toute la famille ancestrale, entourant le monde, le surplombant, le dominant.
Ce blason respirait la férocité de l'arachnide, transpirait la puissance des héritiers de ce siècle.

Leur devise, durant plusieurs décennies, fut : « I will fight with you », qui se retranscrit par : « Je vais me battre avec toi ». Démontrant leur force de famille, leur bravoure et leur incontestable détermination, ces mots définirent durant plusieurs générations, au même titre que l'aigle impérial, les membres de cette famille. Mais les nouveaux sorciers qui portaient l'emblème de l'araignée voyaient un tout autre dessein que la bataille. Car selon eux, la guerre était terminée, tout était fini, mais ils avaient gagnés et demeurés.
After the chaos, it's just us.

Pourtant, beaucoup de sorciers de cette famille ancestrale demeuraient attachés à leur principe originel. Intimement toujours vaillants et forts dans toutes les batailles qu'ils pouvaient affrontés, ils étaient à la fois l'araignée et l'aigle, la bataille et le chaos.

Cela se confirma à sa naissance.

Le 10 mars 1928, au sein du manoir familial de la branche principale de cette famille, un puissant cri de bébé perça entre ceux de sa mère, les poussant à s'arrêter brusquement. Sous les glaciales températures que son pays subissait encore, Daphné Green donna naissance à son premier enfant.
Allanah Green naquit sous l'attention des flocons et la tendresse de ses parents. Elle anima soudainement le manoir de sa famille d'un soupçon de royauté, car cette enfant était à coupé le souffle. Son père soupira de joie lorsqu'il la tint pour la première fois entre ses bras, sa famille avait une héritière qui avait le pouvoir d'un jour supportée cela. Car, dans les yeux de ce bébé, à travers ceux de ses parents, brillaient encore l'espoir de faire de ce monde, un endroit meilleur.

- Magnus, comment veux-tu l'appeler ? murmura sa femme, non loin, à bout de force mais le sourire aux lèvres.

Son mari ne répondit pas tout de suite, il attendit. Observant, sa petite fille, il ne trouvait rien à dire, mis à part qu'elle était parfaite. Elle possédait de toutes petites mèches blondes qui irradiaient ses yeux et lui faisaient encore plus aimer ce petit ange si cela était possible. Il réfléchit, comment donner un nom à la perfection qu'il possédait devant lui ? Aucun ne semblait à la hauteur, son coeur voulait lui donner le nom de toutes les reines afin que le monde comprenne qui elle était. Mais il se reprit, il devait être raisonnable. Sa petite fille était unique, elle devait l'être à travers tout ce qu'elle montrerait au monde. Il se souvint soudainement de la légende d'une femme, du murmure d'un conte que son père lui racontait étant enfant. Celle d'une femme qui était devenue héritière de leur famille, dans des temps immémoriaux, une femme qui avait su se battre dans des guerres sanguinaires. Une reine, une héritière qui s'était élevée devant tant d'adversaires, sans jamais montrée la moindre faiblesse.
Elle s'était fait une place dans ce monde, on racontait que son nom variait selon les peuples mais que tous admettaient la puissance qu'elle avait. Il ne sut à cet instant s'il eut envie de croire une dernière fois à ce vieux conte, mais il voulut croire que sa fille aurait cette force de guider le monde.

- Allanah, Allanah Isabella Nótt Green, clama-t-il alors que sa femme se redressait non loin, sa joie balayant ses larmes.

Elle observait son mari et sa fille, elle observait son avenir se profiler comme un bonheur sans fin. Les Green avaient une héritière, et le monde la connaîtrait comme la plus vaillante des femmes. Elle n'avait plus peur, sa fille était née, et elle serait incroyable.



AMÉRIQUE.
Manoir des Green.
10 août 1930.


Les petits pas d'Allanah Green résonnaient depuis maintenant deux ans dans son manoir, inondant de joie toute personne qui pouvait l'apercevoir. Sa mère répétait inlassablement qu'elle était un ange descendu pour leur bonheur. Mais la jolie blonde ne pensait jamais à sourire, elle trouvait simplement le monde incroyable. Elle s'émerveillait devant toute chose car tout lui paraissait exceptionnel. Elle se passionnait des choses les plus banales, ne tenait plus en place à l'idée de nouveauté. Elle aimait la pluie, tout autant que le soleil. S'accommodait en riant du vent qui balayait ses cheveux devant ses yeux et s'exclamait de joie devant la neige. La nature et elle ne semblaient formés qu'une seule et même entité.
Elle était la petite fille qui souhaitait toujours aller se coucher pour rêver encore plus de tout ce qu'elle avait découvert dans la journée. L'enfant qui rêvait de pouvoir lire, qui fixait durant de longues minutes les lignes de textes en espérant déchiffrer la moindre chose. Elle riait, embrassait ses parents à la moindre occasion. Allanah était un rayon de soleil.

Et Allanah était cette petite fille dont les pieds se balançaient d'avant en arrière dans un mouvement parfaitement harmonique. Ses mèches blondes camouflaient son visage mais en vérité, un immense sourire creusait ses joues dans de profondes fossettes. Elle était impatiente, mais elle savait qu'elle devait attendre. Tout le monde autour d'elle attendait. Soudainement, un bruit attira son attention et ses deux billes d'émeraudes se plantèrent dans celles de l'inconnu.

Elle ne sut quoi dire et prononça alors avec simplicité :

- Bonjour !
- Bonjour, lui répondit l'homme avec un sourire amusé, tu dois être Allanah, c'est un honneur de te rencontrer, tout en tendant une main ferme vers la petite chose.

La petite fille ne comprenait pas tout des paroles que l'homme prononçait mais elle se contenta de sourire. Elle trouva cela plus poli que de froncer les sourcils, c'était ce que sa mère lui répétait. De ne pas montrer son incompréhension, de juste attendre de comprendre. Elle tendit ensuite sa main et celle de l'héritière se retrouva enfermée dans des crochets immenses, qui pourtant paraissaient accueillants. Suite à cette poignée de main, Allanah se redressa sur sa petite chaise en bois, tentant d'apercevoir du mouvement dans la foule d'adultes qui attendait tout comme elle.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle doucement, appuyant sur toutes les syllabes comme un enfant voulant bien parler le faisait.
- Un ami de tes parents.

Elle ne rétorqua rien, la jolie blonde était bien trop jeune pour reconnaître un mensonge d'une vérité. Elle n'avait jamais vu ce monsieur mais il y avait encore tant de choses qu'elle n'avait pas vu.

  - Tu attends la naissance des jumeaux ? questionna-t-il, observant dans ses billes émeraudes la lueur de l'impatience.

Cette fois-ci, Allanah avait très bien perçu le sens des paroles de son interlocuteur, elle hocha la tête vivement. Son coeur ne tenant plus en place tant l'excitation gagnait les sens de cette petite fille. L'héritière des Green allait bientôt voir sa famille s'agrandir et l'idée d'être enfin accompagnée d'autres enfants la rendait folle de joie.

- Et, tu n'as pas peur d'être remplacée, que tes parents t'aiment moins ?

Allanah fronça cette fois-ci les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle devrait avoir peur de perdre l'amour de ses parents à la naissance des jumeaux.

- Nan, s'exclama-t-elle vivement en ancrant un peu plus ses petites mains dans le bois de sa chaise, plus de famille, plus d'amour.

Gellert Grindelwald sourit face à cette petite fille amusante, il se dit que Magnus n'avait pas mentit, elle semblait si innocente. Comme un ange. Mais le mage noir ne croyait pas au paradis, simplement à la puissance et à ceux qui ne l'avaient pas. Il se redressa lorsque la porte de la salle où était enfermée les cris de Daphée Green s'ouvrît. Il observa cette petite enfant paniquée devant la douleur de sa mère, il se détourna d'elle et clama en s'éloignant de l'héritière :

- On se reverra très vite, petite princesse.
  - Mais...et les jumeaux ? s'égosilla Allanah, ayant momentanément oubliée tout le reste.

Il ne répondit pas, Allanah n'eut jamais de véritable réponse. Mais au fils des années, elle s'en forgerait une. Ce n'avait jamais été sa famille, ça n'a toujours été qu'elle.

Ce fut la première rencontre d'Allanah Green et Gellert Grindelwald, cela se déroula dans le même salon où leur dernière interaction aurait lieu, quatorze ans plus tard. Mais à cet instant, rien n'était encore arrivé. Pourtant, les âmes de ces deux grands êtres furent liés à jamais, inéluctablement, dans un destin tragique.


AMÉRIQUE.
Manoir des Green.
10 juillet 1934

Allanah avait six ans, Aaron et Allison en avaient quatre et la dernière perle de leur famille, Isaac, en avait deux.
La famille Green vivait un quotidien incroyable, le manoir était rythmé par les joies des quatre enfants y habitant. Ils dessinaient à chaque endroit qui semblait apte à recevoir leurs crayons gras, jouaient avec les lourdes épées qui ornaient les armures dans le hall de leur demeure. Ils jouaient partout, principalement là où elle n'en avait pas le droit pour la jeune héritière. Elle s'attirait toujours les plus gros ennuis, menaçait la patiente de ses parents et assumait toujours pleinement sa faute. Mais en riant de s'être fait prendre, elle donnait une si grande difficulté à ses parents de gronder un ange comme elle. Son rire cristallin avait effacé tant d'erreurs, autant qu'on la croyait irréprochable, mais Allanah était excessive. Elle voulait toujours plus, rien ne lui suffisait. Elle avait du se faire à l'idée qu'elle n'aurait plus de petits frères, que le coeur de la forêt n'était pas un terrain de jeu adapté pour une petite fille.
Mais ce qui caractérisait tant l'esprit vif et borné de la blonde était sa ruse, rien n'y faisait, elle parvenait à chaque instant à obtenir ce qu'elle souhaitait. Elle impressionnait ses parents, toute sa famille, les réceptions auquel elle se rendait la faisait encore plus comprendre qu'elle était exceptionnelle.

Mais ce jour là, elle découvrit sa véritable force, sa magie.

Allanah se baladait dans tout son domaine, arpentant les recoins les plus oubliés par les siècles et découvrant toujours plus de choses. Toute sa famille était présente dans son manoir, une énième réception donnée par sa famille. La jolie blonde n'aimait pas ces moments, ils y avaient trop d'enfants. Ses frères et sa sour avaient le droit de courir dans tous les sens et de jouer avec les autres, et elle devait rester sagement aux côtés de sa mère, pour montrer l'héritière, disait-elle toujours.
Mais, à vrai dire, la petite sorcière ne comprenait rien de ce qu'être une héritière signifiée, mis à part lui empêcher de s'amuser comme les autres. C'était assez barbant. Elle avait l'étrange impression que dès que le monde sorcier s'invitait chez elle, elle ne devenait plus que son nom de famille et la première née de Magnus Green, ancien héritier avant elle.
Elle frappa avec ennui dans un jouet quelconque que sa fratrie avait du laisser à la nature par mégarde. Elle soupira, laissa tomber le noeud en soie qui maintenait ses cheveux en une jolie queue de cheval, ses cheveux blonds tombèrent en cascade dans son dos.
Ce moment lui paru être assez pour se sentir libre, sa mère aurait appuyé que cette coiffure respirait le manque de tenue et d'entretien. Mais elle se sentait mieux ainsi, la petite fille sourit et se mit à courir à travers son jardin, s'éloignant un peu plus à chaque instant de la fête.

Elle s'orienta près de la forêt, confrontant dans sa tête la voix de sa mère qui lui disait avec force de s'arrêter. Mais elle avançait encore, elle n'aimait pas être restreinte, elle n'aimait pas les ordres.
Elle se détourna du sentier battu qui l'a guidé depuis plusieurs minutes déjà, longeant les abords de la forêt elle ne préférait pas y pénétrer. Ses jolies chaussures blanches la haïraient si elle s'aventurait sur un sol de terre battue par la pluie. Elle marchait simplement, plus loin qu'elle ne l'avait jamais fait.

Soudainement, Allanah aperçut un homme non loin, prêt d'un arbre, et près d'une étrange bâtisse en pierre où était placé un aigle en son sommet. Elle s'approcha, confrontant à nouveau les voix de ses parents dans son esprit. Si cet homme était sur leur domaine, ces parents le connaissaient forcément.
La petite fille dut tout de même se stoppé lorsqu'elle aperçut d'autres hommes avec le premier inconnu, tous observaient l'arbre avec un certaine attention, comme s'il renfermait un secret. Ce n'est pourtant pas cela qui fit véritablement s'arrêter l'américaine, elle voyait une lueur. Une lumière qui se reflétait même à travers celle du soleil, elle émanait de la baguette du premier homme. Allanah connaissait la magie, elle était une sorcière. Mais c'était la première fois qu'elle l'a voyait distinctement devant elle. Ce n'était pas des objets qui lévitaient, pas une tasse qui se réparait devant elle. C'était une lumière qui provenait de la force de ce sorcier, une pure représentation de magie.

Elle était tant fascinée que ses pas l'amenèrent encore plus proche, elle voulait atteindre cette magie. Elle aussi, voulait être une sorcière comme cet homme.

Les autres sorciers finirent par remarquer cette étrange enfant qui s'approchait et, soudainement, la lueur s'arrêta. Brusquement, la lumière ne se reflétait plus dans ses billes d'émeraudes et Allanah n'avait que pour bonheur le souvenir de cet instant. Elle releva les yeux, Tous ses inconnus l'observaient, elle se sentit honteuse tout d'un coup. Bien plus qu'elle ne l'avait jamais été, non pas car on l'avait surpris à un endroit où elle n'était pas censée être. Mais bien plus car tous avaient vu dans ses yeux la fascination qu'elle avait découvert pour cette puissance. On ne se sent jamais plus vulnérable que lorsque notre coeur est vu par autrui.

Étonnement, ce fut la première à prendre la parole, malgré sa gêne incontrôlée :

- Qu'est-ce que c'était ?

L'homme à l'origine de sa découverte se détourna de l'arbre et lui fit finalement face. Un éclat de souvenir remonta à elle et elle comprit que ce sorcier étrange était là le jour de la naissance des jumeaux, son visage était marquant. Ses traits fins et aristocratiques donnaient à sa vieillesse une plus grande beauté, et un sourire planait sur son visage. En effet, ses lèvres s'étiraient longuement, démontrant aux yeux d'Allanah, toute la sympathie dont pouvait faire preuve d'un humain. On ne ment pas sur un sourire, se disait-elle.

- De la magie, Allanah, répondit simplement l'homme, sachant très bien que ce n'était pas une réponse satisfaisante pour elle, que fais-tu ici, il y a une fête en ton honneur, tu devrais y être.
- Ça m'ennuyait, rétorqua-t-elle, fermement, avec même une force qu'il est rare de voir chez les petites filles.

Gellert Grindelwald sourit, peut être était-il temps de mettre en place le jeu ?
Il s'approcha alors de la petite sorcière qui ne prit pas peur, n'arqua même pas un mouvement de recul devant ce grand monsieur. D'un mouvement de main discret, il ordonna aux autres hommes de partir, elle ne le remarqua pas, elle ne regardait que lui.
Il s'accroupît à sa hauteur, mettant au même niveau leurs deux visages intrigués. Dans un lent mouvement, il tendit sa baguette à la petite fille. Tout parut alors fade à Allanah comparé au bout de bois qui se trouvait devant elle. Elle ne regarda pas plus son interlocuteur et attrapa de ces petites mains la source de magie. Allanah tenait dans ses mains la plus puissante baguette de monde et se sentait à cet instant comme la plus forte des sorcières.

Elle souriait, enfermait fermement la matière entre ses doigts et sentait simplement la magie déferlée en elle. Elle se sentait vivre, pour la première fois véritablement. Elle ne voulut plus que connaître ce sentiment immense de se sentir puissante. Et que personne, mis à part elle, ne le ressente un jour. À cette enfant dont le goût de la démesure emplissait chaque jour le coeur, le diable donna un soupçon de force qui construirait alors la battante qu'elle serait un jour.

- Sais-tu qui tu es, petite princesse ?
- Allanah Green, indiqua-t-elle, avec un brin de moquerie dans sa voix.

Grindelwald sourit à nouveau.

- Tu es l'héritière d'une famille de puissants sorciers, la descendante de guerrières et de guerriers qui se sont battus pour la paix, tu es la parfaite représentation du loup, de l'aigle et de l'araignée.

La mage noir ne disait pas des choses qu'elle ignorait, il lui répétait même ce que ses parents lui répétaient tout les jours. Mais Gellert Grindelwald lui disait mieux, il faisait naître en elle un sentiment de puissance, pas d'héritage. Avec lui, on ne lui transmettait pas ce pouvoir, elle le créait.

- Veux-tu devenir comme tes ancêtres ? clama-t-il en posant sa main sur celle de la petite fille, refermant un peu plus la baguette dans sa paume.
- Nan, répondit-Elle avec force, je veux être encore plus forte.

Elle dépassait ses espérances, elle semblait avide de tout. Et il avait fait germé dans son esprit un poison si fort qu'il savait qu'elle ne s'en déferait jamais. À présent, elle serait contraire à rechercher encore plus de force, toujours un plus grand écart avec les autres. En quelques phrases, il avait fait d'Allanah Green une arme incontrôlable, inassouvie. L'héritière de six ans à peine penchait plus vers le chaos que vers sa famille.

- Et, veux-tu que je t'apprenne ?

Elle hocha vivement la tête, s'enfermant volontairement dans le cauchemar de sa vie. Songe dont elle ne pourrait jamais se réveiller, étant pleinement consciente de l'enfer autour d'elle.



AMÉRIQUE.
New York, Maison familiale des Mortensen.
15 Octobre 1937.


Les Mortensen étaient la famille maternelle d'Allanah. Grace Mortensen n'ayant mis au monde que deux filles, sa mère, Daphné et sa tante, Cassiopeia, le nom de cette famille aurait du tombé dans l'oubli. Mais la mort de son mari poussa Cassiopeia à reprendre son nom de jeune fille, pour la survie de sa famille, pour que ses deux fils l'obtiennent également et le fassent perduré à travers leur mariage. Dans une énième réunion familiale, la fratrie Green se retrouva à New-York où les températures se rafraîchissaient déjà bien plus que dans leur domaine.
Allanah était assise sur une balançoire, elle avait à présent neuf ans et son angélique visage ne semblait pas en être changée. Elle arborait toujours le magnifique sourire que tous lui avaient déjà connu.

La petite sorcière récitait des formules dans des murmures incompréhensibles par les autres, inlassablement, elle ancrait dans son esprit tous les sorts qui lui étaient possibles de retenir. Elle tentait par ailleurs d'ignorer les cris de sa fratrie qui l'empêchaient de complètement se concentrer, elle avait quitté le salon car les nombreuses discussions des adultes l'empêchaient de se focaliser également sur sa mémorisation. Elle soupira une énième fois et referma un peu plus le manteau qui la protégeait du froid, du moins qui était censé le faire. Elle adorait venir à New-York mais cette ville semblait toujours aussi glaciale, comme si elle n'était pas véritablement la bienvenue.
Elle orienta son regard quelques instants vers ses frères et sa sœur. Ils jouaient bruyamment mais aucun danger ne semblait se profiler près d'eux. Elle put sereinement replongée la tête dans ses pensées et se couper du monde. Du moins, elle aurait pu si une voix ne l'avait pas coupée dans l'une de ses fameuses incantations.

  - Qu'est-ce que tu fais à marmonner toute seule dans un coin ? demanda soudainement son cousin, Julian Mortensen.

Julian avait sept ans, comme les jumeaux. Mais à contrario des enfants adorables qu'étaient son frère et sa sœur, le jeune sorcier penchait bien plus dans une insolence qui tordait Allanah de colère plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle se prit d'envie de ne pas plus répondre, orientant un peu plus son regard dans le vide pour l'ignorer complètement. Elle ne le sut pas, mais ce geste scella la fin de cette scène dans un tragique accident.

  - Ça ne sert à rien ce que tu fais, rétorqua-t-il avec dédain ce qui capta enfin l'attention de sa cousine. Apprendre des sorts et essayer d'être plus forte, tu restes une fille.
  - Pardon ?

Le petit garçon ricana, ne sachant pas la tempête qu'il allait bientôt déclencher en sa cousine.

  - Il y a jamais eu de puissantes sorcières, c'est que des légendes pour vous faire espérer, et puis, une fille peut pas être héritière, parce qu'elles finiront par se marier.

Allanah observait Julian avec une certaine attention, elle ne comprenait pas ce qu'il essayait de lui dire, ce qu'il essayait de faire. Elle était l'héritière, depuis toujours et à jamais.

  - Les femmes sont faibles, ça sera toujours les hommes qui décideront.

Comment tant de méchanceté pouvait couvrir les lèvres d'un enfant de son âge ? Tant d'agressivité et de jalousie. Mais naquit en la jolie blonde un sentiment étrange, elle sentit à quel point le monde était injuste. Elle ressentit le poids de tout écrasait ses frêles épaules. Elle apprenait depuis trois ans, elle se battait depuis trois ans. Cette petite fille pourtant déjà si forte se retrouva à songer qu'aux yeux du monde, elle serait toujours faible. Ses yeux larmoyants rencontrèrent ceux rieurs de son cousin, elle ne comprenait pas pourquoi mais elle eut mal. Si mal, comme si des chaînes lui enserraient le coeur. Allanah Green comprit ce jour là que peu importe les batailles qu'elle mènerait, elle serait une fille qui espérait un peu trop.
Elle trouvait cela injuste, tellement cruel. Elle ressentit cette cruauté s'insinuant dans son corps, comme un lent poison. Tous les efforts qu'elle avait fourni pour devenir plus forte ne mènerait alors à rien. Pourquoi ? Qui avait clamé la supériorité des hommes, pourquoi sa supériorité devait se stopper net ?

Elle ne voulait pas que ce soit sa vérité, le monde entier pouvait bien l'accepter, mais pas elle.

  - Tu vois, tu pleures, démontra-t-il comme une preuve de ses dires, il n'y a que les faibles pour pleurer.

Les enfants sont démesurés, et leurs sentiments sont disproportionnés. Allanah avait toujours été excessive, mais ce jour-ci, la rage pénétra son coeur. Elle se redressa machinalement de sa balançoire, elle faisait face à son cousin. Comme Gellert lui avait appris, elle le regardait dans les yeux, ne permettant jamais à son adversaire de quitter sa vision.
Elle se concentra soudainement, à quoi ? Elle l'ignorait, mais une idée planait dans ses yeux brisés. Jusqu'alors elle n'avait jamais connu la douleur, aujourd'hui, elle décida de la transformer en rage. Elle voulait qu'il est mal, elle ne savait pourquoi, mais il fallait qu'il souffre.
Un jour, un homme lui avait murmuré au coin de son oreille qu'elle pouvait tout obtenir avec la force, et cette petite sorcière sentait la magie affluer dans tout son corps, cherchant indéfiniment une porte de sortie, un exutoire.
Les yeux d'Allanah furent la ligne directive de sa magie, elle déferla en dehors d'elle, sans un bruit, sans une lueur.

Simplement son corps qui tombait à terre, s'était-Elle qui venait de crier ? Elle se sentait épuisée, elle se sentait incroyablement vide. Elle releva les yeux, des lueurs d'étoiles brillaient devant elle, mais ce n'était pas de la magie, c'était chacune des lumières qui venait d'exploser sous l'impulsion de magie. Et le bruit du corps n'était pas le sien, le cri était celui de sa sœur. Le corps, celui de son cousin.
Elle resta quelque secondes sans bouger, ses yeux clignaient rapidement. Les bruits affluaient tout autour d'elle, elle ne contrôlait plus rien. Pourtant, elle avait sentit à cet instant toute la puissance dont elle était capable, elle observa ses mains, incrédule. Elle avait perçu sa magie, déferlant de sa colère, elle n'avait jamais senti quelque chose d'aussi fort.

  - Allanah, Allanah ! s'écria sa mère en la secouant, qu'est-ce qui s'est passé, tu n'as rien ?

Elle ne s'était jamais sentie aussi bien que lors de cet instant d'euphorie. Et jamais aussi mal que lorsqu'elle perçut les cris plaintifs de Julian qui souffrait d'un mal qu'elle avait provoqué. Ses yeux se perdaient dans le vide et elle ne sut répondre à sa mère, elle ne parvenait pas à parler. Elle la sentit simplement prendre sa main et murmurait des choses incompréhensibles. Ses parents criaient, mais en elle, la magie sifflait dans un bruit strident. Comme une entité se détachant d'elle, elle pouvait sentir dans son corps une rage avide qui bouillonnait. Elle ne sut ce qui était mal, mais elle le savait à présent, Gellert lui avait répété tant de fois, il n'y avait pas de bien ou de mal, il n'y avait que le pouvoir.

La voix de son père la sortit de son songe :

  - Mais c'est notre fille, ce n'est pas à lui de l'élever !

Elle n'entendit jamais la réponse de sa mère, elle vit simplement ce jour là dans les yeux de celui qui l'avait élevé une tristesse si grande qu'elle se demanda comme le monde pouvait faire souffrir un homme comme lui. Sa mère et elle transplanèrent jusqu'à leur domaine, elle ne prit pas le temps d'attendre que sa jeune fille soit remis de ce soudain choc qu'elle traversait déjà les couloirs vides de leur manoir. Allanah titubait plus qu'elle ne marchait, elle suppliait à sa mère de ralentir, elle avait mal. Elle voulait juste s'arrêter quelques secondes.
Et soudainement, sa mère la lâcha, pénétrant dans une pièce sans elle, aussitôt les frêles jambes de la jeune sorcière ne soutinrent plus son poids. Elle lâcha aussitôt toute sa fatigue, son corps s'écroula sur le sol. Les sanglots perlèrent de sa silhouette en détresse au même instant. Allanah voulait comprendre ce qui n'allait pas chez elle. Pourquoi semblait-Elle aussi mauvaise ? Pourquoi voulait-Elle toujours plus ? Allanah avait neuf ans, et cette petite fille se demandait pourquoi le monde était aussi compliqué.

Soudain, ses épaules ne soutinrent plus à leur tour le poids de sa famille, ses petits poings frappèrent le sol. Elle avait mal, sentait le dévastateur pouvoir qui la possédait plus qu'elle ne le faisait. Car cette petite sorcière apprenait la magie trop jeune, son avidité à la développer bien trop vite. Son corps ne supportait pas, son esprit craquait. Elle pleurait comme une enfant de choses qui ne touchaient que les grands.
Elle voulait juste être forte, à la hauteur des espérances de ses parents. Le monde entier semblait l'a regardé à chaque instant, et elle voulait prouver au monde qu'elle était capable de réussir.

Mais comment pouvait-Elle encore croire cela alors que les pleurs secouaient son pauvre corps, alors qu'elle était une fille, qu'elle était faible.

Elle n'entendît pas la porte devant elle s'ouvrir, mais elle perçut la douce voix de Gellert, à travers ses sanglots :

  - Allanah, il faut que tu te relèves, lui murmura-t-il comme une douce caresse, allez, petite princesse.
  - Mais...j-j'ai si mal, Gellert...j'ai v-voulu le...lui faire du mal, avoua-t-elle, comme le plus dur des péchés, comme si l'être devant elle lui ferait pénitence.

Allanah garda ses yeux ancrés dans le sol, ses deux billes d'émeraudes brillaient de tant de culpabilité. Tout son corps ressentait des sentiments inverses qui lui faisaient perdre la notion de santé. Elle serra ses poings, les appuyant contre le sol avec une force qui lui fit poussée un gémissement plaintif. Tout autour d'elle le monde semblait lui crier ses tords, lui montrer à quel point elle était inhumaine. Les pensées qui n'atteindraient jamais l'esprit d'Allison poussait sa sœur à se demander ce qu'elle avait fait pour mériter cela, pourquoi elle ?

  - La douleur n'est une entrave que si tu la laisses t'atteindre, Allanah. Tu dois te montrer plus forte que ce qui te blesse.

Un puissant sanglot éclata dans le couloir de son manoir, elle ne sut contrôlée sa douleur. Sa magie semblait frapper les parois de sa peau, ne demandant qu'à sortir, encore et encore.

  - Mais c'est moi qui me fait du mal, condamna la petite fille, c'est moi le problème.
  - Tu peux contrôler cette puissance, tu en es capable, tu es bien plus forte que tu ne le crois.
  - Nan, nan, nan, c'est faux, clama-t-elle avec force, je suis faible, je serais toujours faible.

Elle détacha enfin ses yeux du sol, elle les planta dans ceux de Grindelwald. On y décela toute la rage qu'elle avait en elle. Une puissance sourde dont elle ne voyait pas l'étendue. Et si son pauvre petit corps se confrontait à sa limite, elle ne survivrait probablement pas, car sa magie s'était développée si vite, avec tellement d'intensité, tellement de volonté. L'héritière des Green poussa un cri, perçant et douloureux, les fenêtres bordant le couloir de sa demeure explosèrent, comme les lumières l'avaient fait. Mais ce qui surprit réellement l'homme fut cet étrange voile noir qui se souleva dans l'air, débordant de la puissance de cette petite fille. S'étendant dans l'espace, prônant sa supériorité comme la mort, développant l'intérêt du mage noir. Le cri d'Allanah s'amoindrit et petit à petit cette ombre à la vie quitta leur réalité.

Elle se retrouva à nouveau chancelante, à même le sol, comptant les secondes qui la séparaient de s'évanouir.
Mais son ami attrapa sa main, la relevant doucement du sol, et tenant miraculeusement sur ses jambes, il attrapa tendrement son bras. Un fin tissu s'enroula autour de son poignet, surmonté d'un pendentif de rouge gorge. Allanah ne comprit pas, mais elle n'eut pas la force de demander. Il prit ensuite en coupe son frêle visage, doucement, pour ne pas plus briser la porcelaine.
Il murmura au creux de son coeur des paroles qui resteraient gravés à jamais.

  - Tu es incroyablement puissante, Allanah, encore plus que tu ne le vois, et à présent c'est à toi de décider, sois tu cèdes et devient cette personne faible qu'ils croient voir en toi, soit tu contrôles la chaos que tu détiens entre tes mains. Détruis les, sinon ils le feront inévitablement.

Ces mots n'étaient pas doux, ils étaient même emplis de violence. Ils ne laissaient la place qu'à l'anarchie, dépassant un idéal de paix qu'ils n'obtiendraient jamais. Allanah laissa l'air quitté son corps, elle aurait voulu que tout ses maux la quittent  par la même occasion. Mais au contraire, elle se sentait toujours aussi emplie d'un monstre de puissance.

  - Allanah, clama-t-il pour obtenir à nouveau sa totale attention.

Elle détourna les yeux du vide, oubliant les bouts de verres jonchant le sol et le froid de l'automne qui s'insinuait dans le couloir.

  - N'oublie pas que tu seras à jamais plus forte qu'eux, tu survivras, encore et encore, car ça ne sera jamais pour toi le moment de mourir.

Cette phrase demeura gravée dans son esprit, comme la promesse d'une éternité qu'elle n'aurait jamais, la confiance d'une force qu'elle se promettait de chérir. Elle s'écroula ensuite de fatigue dans son lit, sans savoir que la rage n'avait pas cessé de bouillir en elle, que son être ne ternirait que plus en plus en présence des ténèbres. Car le mal avait prit possession de son esprit, qu'elle avait elle-même ouvert la porte au chaos.


AMÉRIQUE.
Manoir des Green.
21 juin 1939.


Allanah avait onze ans, elle était entrée à Ilvermorny, dans la maison de l'Oiseau-Tonnerre. Elle avait rencontré Andrew et Freya, elle avait enfin connu le sentiment d'avoir des amis, des personnes qui ne savaient rien, qui l'aimaient, pour elle. Mais l'héritière Green ne marquait pas cette année à jamais dans son esprit pour cela, mais plutôt car à tout jamais, serait gravée en elle la date du 15 décembre 1938, le jour où elle sut qui était véritablement Gellert. Lorsqu'elle apprit que l'homme qu'elle avait aimé, dont elle avait tout appris, qu'elle tenait comme plus fidèle allié pour faire face au monde, était Gellert Grindelwald, le mage noir qui détruisait dans le monde entier la paix et la sécurité des sorciers.

Elle se souvint avoir pleurée, seule, étouffant silencieusement ses sanglots à des heures où nul autre qu'elle était éveillée. Elle se souvint avoir hurlée, dans des coins oubliés du château de granite. Elle se souvenait imperceptiblement de la souffrance qu'elle avait enduré durant de longs mois, dans le mensonge le plus complet. Mais, elle avait du faire face, comme toujours. Allanah avait transformé toute cette tristesse en rage. En haine bouillonnante à chaque coin de son cerveau, elle avait ressentit la même chose que ce soir d'automne, mais chaque jour que le monde faisait, sa colère devenait plus forte. Elle perçu la trahison comme elle ne l'avait jamais vu, elle vit à travers toutes ses années le jeu dans lequel elle s'était laissée aller. Sa qualité d'enfant soldat, sa puissance et sa dépendance, tout pour servir sa cause un jour. Allanah avait haït le monde entier, mais aucun de ses sentiments ne s'étaient amoindris.

Durant de longs mois, elle avait attendu, elle avait patienté, comme elle avait toujours fait. L'héritière Green avait nourrit cette haine pour qu'un jour, elle lui fasse face, que leurs yeux se croisent à nouveau, et qu'elle montre la rage qu'elle avait à présent.

Et pourtant, elle ne l'avait revu à Noël, ni aux autres vacances scolaires. Elle avait attendu et cet instant de confrontation ne semblait jamais arrivé. Elle avait vu les sorciers autour d'elle le craindre, les larmes coulées sur les joues de Freya lorsqu'elle avait du accepté qu'elle ne reverrait jamais son oncle, qu'elle devrait affronter le regard de ses cousins à présent orphelin de père. Faire face, elle avait tenu à le faire toute l'année. Elle avait appris, encore et encore, emmagasiné tellement de savoirs, continué de se battre pour être plus forte. Chacun de ses sorts s'étaient gorgés de haine et elle avait trouvé sa force dans la vengeance. Elle n'avait pas décidé de se tenir du côté du bien, ou du mal, Allanah avait décrété qu'à présent, elle se battrait pour elle-même. Pour sa famille, pour sa survie et la leurs.

Et puis, elle était rentrée, avec toujours cette même haine contre le monde. Elle n'avait rien dit à ses parents, elle n'avait rien dit à ses frères et à sa sœur. Elle avait mentit, encore. Elle avait fait face et montrait le doux sourire qu'on connaissait à l'héritière des Green. Allanah avait rendu fière ses parents toute l'année en arborant des notes excellentes, camouflant son comportement insolent et provocateur qu'elle ne pouvait amoindrir. La première année scolaire de la sorcière ne se passa ni bien ni mal, elle passa simplement sous le gré des saisons, sous l'attente de l'américaine.
Et enfin, l'été frappait à son esprit, et elle sentit cette force l'appeler. Les hommes comme Grindelwald ont une aura, magnétique, puissante et incontrôlable. Elle démontre leur force magique et leur aisance de manipulation. Et Allanah était assise près de sa sœur lorsqu'elle l'a perçut. Sa petite sœur releva les yeux, elle aussi avait sentit cette puissance. Ses yeux verts se teintèrent de peur alors que ceux d'Allanah brillaient de détermination. Elle n'écouta pas les plaintes incessantes d'Allison, les bruits se désagrégeraient sous les cris de sa rage dans sa poitrine.

Elle marcha le long de son jardin, traversa le sentier qu'elle avait mille fois prit pour le rejoindre, mais cette fois-ci, se serait la dernière fois. Allanah était encore jeune, mais elle paraissait si grande à cet instant. La petite sorcière avançait rapidement, saisissant enfin sa chance de montrer à cet homme qu'elle avait comprit, qu'elle voulait se battre, mais pour elle.
Elle aperçut l'arbre au loin, où elle avait pour la première fois aperçue la magie, où elle avait construis son besoin de puissance. Elle serra violemment les dents, sa mâchoire se contracta sous l'effort de ne pas hurler sa colère. Comment avait-elle pu être aussi stupide ?

Elle se planta, les pieds ancrés dans un sol qui lui appartenait, mais dont subitement elle se sentait si éloignée. Le caveau de sa famille resplendissait sous le soleil, les rayons de l'astre traversaient le feuillage de l'arbre et venait se refléter sur le sol prêt d'elle. Elle trouva cet instant beau, elle devant le diable, la nature sublimant cet affrontement.

Grindelwald lui faisait face, arborant le plus fier des sourires, car il savait. Il savait toujours tout. La fille devant lui grogna, ne retenant que très peu sa colère, elle serrait ses points avec une force abrupte, faisant perler le sang de ses paumes.

- J'imagine que tu as beaucoup de choses à me dire, souffla-t-il, dans un rictus amusé, comment est Ilvermorny ?
- Tu dois le savoir, tu l'as attaqué il y a quelques années, cracha-t-elle en contrôlant du moins qu'elle pouvait son désir de souffrance.

Il ria, devant elle et avec une expression de véritable humour. Il semblait heureux, de confronter l'arme qu'il avait créé et qui se tenait fière devant lui. Elle ne comprenait pas, ne voulait d'explication, elle voulait la vengeance. Elle arqua son visage un peu plus vers le sol, se contentant de voir les brins d'herbes se faire balayés par le vent, elle espérait que cela la détende, elle devait se calmer. Car elle ressentait à nouveau cette force en elle qu'elle ne contrôlait pas, qu'elle avait cru maintenir sous son chef. Mais elle s'était trompée, encore. Dans son sang pulsait sa mage, désirante de quitter son corps et de se diffuser en torrent dans l'air, elle savait que c'était mal, elle connaissait les risques de cette force. Mais dans son esprit résonnait les cris de l'homme qu'elle pourrait percevoir si elle se laissait submergée, si elle perdait encore un peu le contrôle. Son cousin avait survécu, lui ne le ferait pas.

- Tu es encore plus puissante que je ne l'imaginais, ce qui fait de toi quelqu'un de bien trop instable.

Elle ne répondit rien, se contentant d'attendre. Il avait raison, elle le savait.

- Et, il n'y a que moi qui connaît l'étendue de ta puissance, qui t'ai vu grandir et évolué, déclara-t-il, se rapprochant d'elle ce qui la fit instantanément reculée, et tu as besoin d'une force qui te contrôle, une force bien plus grande, il n'y a que moi qui p-
- Tu te trompes.

Son ton avait été ferme, fort et indiscutable. Allanah avait dit ses mots comme s'ils étaient les plus importants de son existence. Elle avait clamé cela tel les relents de la haine qu'elle avait accumulé toute cette année. Car elle n'était plus cette petite princesse, cette enfant soldat, elle avait grandi, avait évolué. Mais bien plus qu'il ne l'imaginait.

- Je n'ai pas besoin de toi, je serais cette force, je serais moi-même cette puissance qui me dépassera encore et encore, relevant ses yeux pleins de rages, elle les planta dans les siens, je survivrais seule au chaos.

Ils restèrent quelques secondes sans rien dire, et sans que le mage noir ne détruise ce sourire de son visage, elle était impressionnante. Puis, il regarda plus attentivement l'être qui était devant lui. Son corps se soulevait irrégulièrement dans un rythme saccadé, ses yeux menaçaient d'expulser toute sa puissance et ses lèvres tremblaient. Oui, elle était impressionnante, mais elle était également si instable. Une bombe à retardement, elle semblait mener une guerre en elle-même. Mais la petite fille perdait peu à peu face à ses pouvoirs.

- Cela te détruira, Allanah, inévitablement, précisa-t-il, comme lassé par la tournure des évènements, tu ne vaincras jamais le chaos, toi et lui ne forment qu'une seule et unique entité. Tu te pousseras toi-même à la damnation, ton pouvoir est trop grand, et toi tu es trop faible.

Sa respiration se coupa momentanément, comme un violent coup dans le ventre, Gellert Grindelwald transplana après cela. Allanah était seule, face au néant. Ses mots tournaient pourtant en boucle, se jumelant aux mots de son cousin. Se confondant à travers le regard du monde qui lui murmurait au plus profond de sa tête les mots du mage noir.
Allanah respirait difficilement, chancelante, elle voulait s'accrocher à quelque chose, mais il n'y avait rien. Sa famille était loin, encore bien plus loin qu'elle ne le pensait. Son salut s'éloignait d'elle, inexorablement, mais elle ne le voyait même pas.
Elle observait le vide, fixait l'herbe se faire balayée par le vent. Elle eut envie d'hurler, mais n'y parvint pas. Les larmes coulaient le long de ses joues, elles étaient brûlantes. Elle incendiaient sa peau du feu qui brûlait en elle. Elle voulut appelée à l'aide, sa mère, son père. N'importe qui, mais il n'y avait personne, elle était seule.

Son ombre sur le sol porta son regard sur l'arbre. Elle avait appris au fils des années qu'il était là depuis des siècles, aussi longtemps que ce manoir leur appartenait. On racontait qu'il avait poussé seul, au côté du caveau de sa famille pour représenter leur pouvoir.
Il était grand, fort et si détestable. Les écorces de cette verdure montraient son erreur, elles montraient sa stupidité, elles lui montraient sa faiblesse. Elle resta de longues minutes à fixer cette chose, ses yeux injectés de rage, son coeur pervertit par sa fureur. Le feu trouva la sortie de son corps, sa magie fondit sur l'arbre, comme le diable qui s'empare d'une âme. Un voile noir entoura toute cette écorce, ces feuilles, cette erreur. La noirceur compressa l'arbre, contractant ses branches tel des os. Encore et encore, sa puissance faisait disparaître de sa vue cette nature, la rendant inexistante.

Ce voile noir s'étendait dans le ciel, électrisant l'air d'un soupçon d'apocalypse. Et soudain, il disparut.

La couleur du ciel reprit la lumière du soleil comme chef, mais il n'eut plus le reflet des feuillages de l'arbre sur le sol. Une trace noir demeurait sur le sol, comme le cendres de sa magie, comme la marque du chaos sur le monde. L'air quitta ses poumons brusquement et son corps s'écrasa sur le sol.

[...]

La famille Green était rassemblée dans le salon, le soleil avait quitté la surface de cette partie du globe. Allanah venait de se réveiller. Elle n'avait pas prit longtemps à se remémorer les événements qui l'avaient conduit à s'évanouir. Elle pouvait encore sentir toute la puissance qui lui avait échappé et avait détruit en quelques seconde l'arbre. Elle observait le sol, sans rien dire, elle ne saurait même pas depuis combien de temps ils étaient comme cela. Mais elle sentait la peur qui planait autour d'elle. Aaron tenait fermement Allison contre elle pour la protéger, de quoi ? Ils ne le savaient même pas. Isaac était à côté des jumeaux, la main de sa plus jeune grande sœur fermement enfermée dans la sienne.
Allanah ne le savait pas encore, mais sa magie s'était perçue dans tout le domaine, comme une force irradiante, un chaos imminent. Ils avaient senti une aura, si forte, si puissante.

La famille Green fut irrémédiablement changée après ce jour-là. Leur dynastie menaçait de s'effondre sous la peur et l'effroi. Car l'héritière de leur famille menaçait de faire s'effondrer l'ordre des choses, son pouvoir était trop grand, elle était bien trop jeune. Daphné Green laissait ses sanglots bercés le silence, elle était assise, regardait sa petite fille et se demandait quand avait-elle perdu le contrôle.

Et dans le regard de la jeune sorcière, brillait une lueur, que pour la première fois, elle ne voulait pas cacher. Elle montra toute sa rage à sa famille, se tenant face à eux tous, comme le monstre qu'ils semblaient voir en elle. Alors que son père s'apprêtait à prendre la parole, elle le devança :

  - C'est de votre faute, fulmina-t-elle, le feu grondant en elle.
  - Arrête, Allanah, je t'en prie, murmura sa sœur, dont la douleur se lisait sur le visage.

Mais l'ainée n'écouta pas les demandes de sa sœur une nouvelle fois, elle se releva, se tenant face à ses parents.

  - C'est de votre faute !! Vous avez laissé cet homme m'atteindre, vous l'avez laissés me rendre comme ça !!
  - Mais tu étais heureuse, s'écria sa mère, désespérée, tu apprenais tant de choses, tu étais constamment joyeuse. C'est tout ce qu'on a toujours voulu, pleura-t-elle, dans un murmure. Ma princesse...

Allanah resta un moment silencieuse, elle articula ensuite ces mots, de la manière la plus tranchante possible :

  - Vous m'avez laissés tomber, vous m'avez laissés au diable ! J'étais une enfant, votre enfant, et vous m'avez abandonnés !!
  - Allanah, arrête.

Son père semblait tout autant désespéré que sa mère, si ce n'est plus. Et pourtant, lorsqu'elle ancra ses yeux dans le siens, elle ne voulut plus ressentir cette pitié déchirante pour cet homme. Ses yeux s'armèrent une fois de plus de sa haine.

  - J'étais ta fille, j'étais ton héritière, répéta-t-elle avec violence. Et tu l'as laissé devenir mon père.

Le coup de poignard que venait de lui assénait sa descendance se longea un peu plus profondément à chaque seconde dans son coeur. Allanah regretterait ses mots, elle le savait, mais à cet instant, elle ne le faisait pas.

- Je n'attendrais pas que vous compreniez que suivre cet homme est une erreur, car le court de vos vies ne concernent plus la mienne, clama-t-elle avec hargne, je protégerai mes frères et ma sœur, je me protégerai moi. Je survivrais, même si c'est moi qui menace ma propre vie, parce que je le dois.

Elle se détoura du monde et s'apprêta à quitter la pièce, son regard s'accrocha sur le reflet d'un portrait de famille, elle serra les dents et rejoignit le vide des couloirs. Elle marchait vite, bien plus vite que sa fatigue ne lui permettait. Elle courrait presque, rejoignant sa chambre, elle se laissa tombée sur le sol. Elle était désolée. Elle aurait tant voulu ne pas ressentir tout cela.
Elle aimait sa famille, plus que la raison ne lui permettait encore, mais elle avait tellement mal. Elle avait besoin de fautif, elle avait besoin qu'elle ne soit pas encore la coupable de tout ce mal. Allanah observa son reflet à travers les vitres teintées de noirceur, elle ne voulait plus jamais ressentir cela. Plus jamais, elle ne voulait perdre le contrôle à ce point.

Allanah allait devoir être forte, elle allait devoir se battre. Car elle ne serait jamais plus la même, à présent la marque du chaos enserrait son cou, condamnée son âme. Elle devrait être celle qui survivrait, malgré tout, elle allait devoir le faire. Son coeur se serrait un peu plus à chaque battement, elle sentait les chaînes l'attirer en enfer. Allanah pouvait voir sa vie défilée devant ses yeux, une existence où elle ne devrait cesser de combattre. Elle n'avait pas le choix, elle devait survivre.



La jeune fille se redressa soudainement de son lit, les cheveux collants à son visage, la sueur suintant de ses pores et les larmes qui coulaient. Allanah Green respirait difficilement, le goût du passé bloqué en elle. Elle était à Poudlard, elle était loin de tout cela. L'héritière observa ses mains, ses ongles s'y étaient plantés avec force. Le sang coulait de ses plaies.
Elle se rallongea, fixant le plafond sans le voir, observant son passé dans des bribes destructrices de souvenirs. Allanah avait réussi, elle avait survécu, elle le ferait encore.














Bonjour, bonsoir !
J'espère sincèrement que ce chapitre vous a plu malgré qu'il soit véritablement plus long que les autres !

Alors, tout d'abord, avez-vous aimé ce chapitre ?
Que pensez-vous de l'enfance d'Allanah ?
Et surtout, un avis sur ce mal qui la ronge ?

On se retrouve à Poudlard pour le prochaine chapitre ! Avec Tom également !

Merci d'avoir lu, à la semaine prochaine !

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