52 | 𝓱eaven and hell.
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| CHAPITRE 52 |
heaven and hell were words to me. when my time comes around, lay me gently in the cold dark earth. no grave can hold my body down, i'll crawl home to her.
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LE NOIR N'AVAIT JAMAIS
été sa couleur et elle n'avait plus porté que cela depuis près d'un an. Elle passa le col roulé autour d'elle, rejoignant son pantalon à pince. Son reflet était sombre, ses cheveux tressés en arrière, l'hiver et le mois de janvier 1955 les avait rendus si terne qu'ils ne réussissaient même pas à rehausser son apparence.
Elle était faite de noirceur, et n'en avait finalement plus aucune échappatoire.
Elle attrapa son long manteau en cuir, apanage des aurors, afin de le revêtir quand elle partirait. Allanah rejoint le salon où une grande partie des aurors était rassemblée. Il s'agissait de faire le point avant de se rendre au ministère où leur journée à tous serait remplie.
La Green s'installa sur l'accoudoir, près d'Alphard et repris en route ce qu'Anaidéia leur livrait. Elle en saisit le point principal : cette journée était un enjeu à ne pas rater et à tout pris une bataille à remporter.
Elle hocha la tête, comme tous le firent. La sorcière déglutit, et fixant le sol d'un air absent, elle maudit le monde. Son état empirait de plus en plus, venant à atteindre sa mémoire. Sa culpabilité enserrait sa gorge puisqu'Allanah n'avait aucune idée de ce que cette journée représentait.
Elle regardait ceux qui l'entouraient, leurs mines préoccupées, la manière qu'Aleksander avait de répéter que ce qui était advenu avec Virgil ne se reproduirait plus. Elle voulait aider, puisque dans leurs yeux, elle le voyait : ils semblaient compter sur elle.
Combien de temps lui restait-elle avant que l'arme en elle soit aveugle dans ses châtiments et dans ses ennemis ?
Ils ne devraient pas compter sur elle.
Elle prétexta refaire un peu de café pour s'enfuir plus loin dans la cuisine. Allanah s'adossa directement au mur, plaçant instantanément une main sur sa bouche, de peur que ses sanglots ne la surprennent. La jeune femme ne fut pas surprise de voir Alphard la rejoindre. Elle n'essaya pas de camoufler son état.
Il se plaça jusque devant elle, alors qu'elle posa sa tête sur la naissance de son épaule, il sut quoi dire :
- Aujourd'hui est le centenaire d'un massacre de né-moldu, le massacre de Birmingham.
Elle hocha la tête, ne sachant si sa connaissance de ses pertes de mémoire aussi poussée était une inquiétude ou une bénédiction. Il ne s'arrêta pas là et poursuivit ses dires :
- Vous allez honorer leur mémoire au ministère sous la forme d'une journée de commémoration. C'est une cérémonie ouverte qui a pour but de montrer que, contrairement à ces merdes, laissa-t-il échapper, le gouvernement soutient et protège également tous les sorciers.
Elle le remercia, passant ensuite ses bras autour de lui, et marmonna :
- J'ai l'impression de tout oublier, elle ferme les yeux si fort, retenant des larmes de colère contre elle et tout.
- Ça va aller, la rassura-t-il, mentant terriblement.
Alphard essayait de les soulager tous les deux, en vain et ce depuis des mois. Il n'avait cessé d'ignorer les marques de son obscurius sur son corps, la manière dont elle se figeait en milieu de phrase, perdue autre part qu'avec lui.
Il ne disait rien lorsqu'elle disparaissait dans la nuit, et qu'il la retrouvait endormie, le journal de Jedusor ouvert à côté d'elle.
Il n'avait rien dit et ils essayaient tous deux de vivre comme s'ils avaient fui, comme s'il n'y avait qu'eux.
- Comment est-ce que tu t'appelles ?
Elle ricana, surprise de sa soudaine prise de parole, et de sa question.
- Allanah Green, son assurance la rassura étrangement.
Il enchaine, en demandant son prénom à lui.
- Alphard Black, son prénom avait glissé aisément de son esprit à sa langue.
Elle gardait ses yeux fermés, mais la panique s'était dissipée.
- Est-ce que tu as besoin que je te rappelle autre chose ? s'inquiéta le jeune Black, d'une attention si touchante.
Allanah lutta contre sa honte et sa culpabilité, qui n'avait pas lieu d'exister près d'Alphard.
- Ils parlent souvent de quelqu'un, et... Je crois me rappeler son visage, mais le reste m'échappe.
Alphard, dans un silence terrible, ferma les yeux, comprenant qu'elle parlait de Virgil, un auror de sa propre équipe, décédé il y a moins d'un an. Si l'absence entrainait l'oubli, il doutait même qu'elle se rappelle de Druella, ou même de sa sœur.
- Virgil, il attendait et la sentant hocher la tête, il avoua, c'était un auror, il a été tué lors d'une attaque.
Allanah ne rétorqua rien. Elle fut même trop calme. Sa bouche s'était entrouverte, et une seule pensée la hantait. Si les morts perdaient leur place, serait-elle poussée à en oublier son petit frère ?
L'agitation dans le salon les fit se séparer, comprenant qu'il était désormais l'heure de se rendre au ministère.
- J'espère que personne ne revoulait vraiment du café, avoua Alphard ce qui eut le mérite de la faire sourire.
Ils rejoignirent le groupe d'aurors auquel Ernest répétait des directives données déjà une dizaine de fois. Ils l'écoutèrent tout de même patiemment. Cela permettait à Allanah de se donner une pause, loin de tous ses regards emplis de déterminations, elle avait l'air d'un artifice. Elle fut muée par un désir ardent à défendre ses causes, elle mentirait en disant qu'elle ne l'était plus.
C'était ce qui l'avait poussée à se battre. À présent, elle combattait pour rester en vie plus longtemps.
Tout le monde commença à transplaner, un à un par leur cheminée. Allanah leur tourna le dos et se dirigea vers Alphard, légèrement en arrière.
- Si une attaque se produit et que cela dégénère, je veux que tu partes directement.
Il hocha la tête, tous deux sachant pourtant très bien qu'il ne pourrait partie en la laissant. Il se pencha vers elle et déposa un baiser auquel elle répondit instantanément. C'était la douceur incarnée, un instant même de paix.
Les baisers d'Alphard étaient une caresse, elle se sentirait presque s'endormir doucement contre ses lèvres, c'était si naturel, et bon.
Il n'y avait pas le feu qui gravissait son corps et contrôlait ses gestes, qui s'alimentait plus encore de chacun de leurs contacts. Il n'y avait la douleur, la haine, la colère, le désir fou et si stupide.
Il n'y avait la jalousie, l'idée qu'il pourrait être vu par le monde alors qu'elle voudrait le garder pour elle seule.
Il n'y avait le mal.
C'était elle et Alphard, allant parfaitement ensemble et lui qui n'avait fait qu'essayer de la rendre heureuse depuis leur première rencontre et qui y était parvenu.
Être avec Alphard était la vie dont elle aurait rêvé.
Les gens ne veulent pas ce qui est bon pour eux, Allanah.
La nuit passée, l'écriture de Tom s'était invitée à ses yeux. Incurvée, lisse et parfaite pour lui faire apparaître ce message. Ce qu'elle lui avait dit avant était flou dans son esprit mais la suite de la conversation ne l'était pas.
Tu n'es bon pour personne.
Qu'importe.
Alors qu'elle allait lui répondre, le mot s'effaça, se succédant lentement de nouveaux dires.
Est-ce qu'Alphard est véritablement bon pour toi ou pour ta conscience ?
La question était restée sans réponse, jusqu'à lentement s'effacer. Allanah n'avait rien écrit de plus cette nuit, retournant dans son lit.
Aujourd'hui, Allanah ne devait songer à tout cela, et tenta de l'abandonner derrière elle en transplanant.
L'apparence du ministère en ce jour n'avait rien à voir avec les luxueuses décorations accordées au gala ou aux réceptions de la haute. Le hall était sobre, et l'atmosphère était sombre dû aux grandes toiles représentant certaines victimes de part et d'autre du hall.
Une estrade était au centre, une chorale semblait se préparer plus loin dans le hall. À cet instant, cette journée de commémoration était exactement comme elle devait être.
Puisque le ministère était ouvert à tous, entre les différents représentants du gouvernement, Allanah put reconnaître certains visages. Difficilement, elle croisa le regard de nombreuses victimes rescapées des attaques. Elle aperçut Charlus Potter au loin, toujours en compagnie de Septimus.
L'image philanthropique de cette commémoration n'était évidemment qu'une façade. Il y avait, évidemment, une volonté de protéger tout le monde au sein du gouvernement mais cette journée avait surtout pour but de montrer qui soutenait toujours le ministère par leur simple présence.
Allanah devait, comme Thomas, patrouillait dans tout le hall, entre les civils même tandis que le reste de leur force se tenait soit près de la ministre ou autre représentant, soit aux extrémités du hall. L'auror devait s'assurer de reconnaître tout comportement étrange.
Puisqu'ils savaient que quelque chose allait se produire, tout le monde le savait et la fausseté de cette journée la rendait nauséeuse. Une attaque était presque attendue par la ministre. Selon les paroles et les directives rapportées par Ernest il y a peu, leur mission n'était pas d'empêcher l'attaque mais d'empêcher le plus de dégât.
Le but était de les laisser attaquer le ministère afin qu'ils menacent officiellement l'ordre et la paix que le gouvernement sorcier représentait. Après près d'un an et demi d'attentats, tout cela n'avait jamais été appelée par ce que c'était par la voix de la ministre. Il le serait, le lendemain à neuf heures.
Un discours serait donné par Wilhelmina Tuft où la guerre serait déclarée contre Lord Voldemort et ses partisans. Les journaux paraitraient, titrant cela en boucle.
Allanah posa son regard sur la ministre, et ses yeux qui brillaient d'une légère impatiente la rendait folle. Une centaine de vie était en danger pour cette mise en scène, comme si les affrontements antérieurs n'avaient été suffisants.
Dans son mouvement permanent, elle finit par apercevoir Abraxas. Cela ne la surprit pas réellement, compte tenu de sa place au sein du ministère, il devait faire bonne figure. En société, il était la vitrine philanthrope des sangs purs. Il discutait avec un juge, qui n'aurait que faire de savoir que l'homme en face de lui faisait partis de ceux à craindre, tant qu'il restait un Malfoy. Il croisa son regard, visiblement peu intéressé par les dires de son interlocuteur.
Elle n'avait le droit de lui adresser la parole, il était mieux même qu'elle ne parle à personne. Elle n'aurait été le saluer de toute manière. Ils n'avaient plus à se dire, depuis des années déjà. Sa visite l'avait apaisé, mais lui avait surtout rappelé tout ce à quoi elle se refusait en repoussant Tom.
Cette nuit-là, elle les avait longuement listés ; une dernière fois.
Perdue une nouvelle fois dans le flot de ses pensées, Allanah ne sentit pas le regard sur elle. Il était plus loin dans le hall. Le'o la regardait et ne fit pas surpris qu'elle ne le voie pas. Simplement tourmenté.
Le jeune Avery fixait l'auror qui marchait sans but dans le hall. Il la scrutait et ne voyait que la porte de sortie qui avait refusé d'emprunter. Son cousin, Thomas Mortensen, vint à elle, et les yeux d'Allanah s'élevèrent d'un peu plus de vie en lui parlant.
Il aurait pu être à sa place, s'il l'avait suivi elle et non Tom, comme Alphard l'avait fait. Il serait devenu quelqu'un de bien, et quelqu'un qui méritait d'être près d'elle. Sa simple présence lui rappelait constamment qu'il avait choisi sa voie et qu'elle aussi, loin d'eux tous.
Cela l'enrageait. Qu'elle semble si intacte par leurs absences, tant il en avait été dévasté, jour après jour, année par année, de ne plus l'avoir près de lui. Il était seul à blâmer mais il préférait l'en accuser. Allanah Green et sa manie de faire les bons choix, de faire les choix courageux.
Les rendant lâche, indigne.
Indigne d'elle.
Il s'en détourna, pour de bon, et lança un signal discret à un autre.
Le hall fut soudainement parcouru de plusieurs explosions qui eurent pour effet de plonger l'endroit dans une fumée sombre et opaque. Une multitude de sorciers arrivés par les cheminées du ministère, sans qu'ils ne puissent agir ni même les voir. Même alors, les aurors se faufilaient dans la foule pour se placer autant qu'ils pouvaient entre les assaillants et les civils.
Allanah ne put rien faire, projetée sur le sol par une explosion, elle fut prise d'une quinte de toux qui l'empêchait de se redresser. Lorsque la fumée se dissipa enfin, et que l'auror se redressa, on ne lui laissa le temps de voir.
Un bras entoura sa taille, et ils transplanèrent loin de la bataille qui s'annonçait.
Elle se dégagea aussitôt de Tom, l'environnement lui était inconnu. C'était un grand appartement, typiquement londonien, sobre, épuré et vide d'émotions. Elle n'eut besoin de réfléchir longtemps avant de comprendre qu'il s'agissait de l'appartement de Tom.
Il se tenait devant elle, n'avait cherché à la garder sous sa poigne, à lui retirer sa baguette, à l'attaquer. Il était étrangement calme.
- Laisse-moi partir, s'exclama-t-elle, comprenant qu'elle ne pourrait transplaner.
- Reste ici, et reste avec moi, ignorant sa détresse, ignorant ce qui ne comptait pour lui.
Le ministère devait être à des kilomètres d'ici, mais ce fut comme si elle sentait la chaleur étouffante du champ de bataille. Ses poumons se contractaient difficilement sous la panique. Elle pouvait déjà voir les corps dans ses esprits et elle devait à tout prix les empêcher de réellement exister.
Allanah projeta un sort sur lui, qu'il para aisément. Son regard lui intimait de ne pas commencer ce jeu-là. Elle réitéra :
- Laisse-moi partir, Tom !
Son nom était sorti de sa gorge avec une puissance disparue depuis longtemps, mais accompagnée d'une détresse qu'elle portait en bagage depuis tant. Son prénom, sans trou de mémoire, sans aucun doute. Près d'un an était passé depuis leur dernière conversation, depuis la dernière fois qu'elle avait senti ses yeux se poser sur elle. Son visage, pourtant, n'avait quitté son esprit, tandis que tant de choses l'avait déserté.
Elle avait gardé la sensation lointaine de ses lèvres, celle de ses mains.
La sensation entière de Tom était intacte. À mesure qu'elle se détruisait, il devenait clair qu'il resterait l'une des seules choses entières d'elle.
Tom la regardait avec la terrible et similaire impression qu'elle était la seule part de lui qu'il ne voudrait complètement brisée, mais qui, ironiquement, était en mille morceaux.
- Que veux-tu, demanda-t-il brusquement, s'approchant d'elle, un peu plus encore lorsqu'elle ne recula pas.
Allanah le regardait en silence, ne comprenant pas réellement ce qui lui était demandé.
- Qu'est-ce qu'il te faut pour cesser de te battre vainement ? Pour rester ici ?!
Ici, avec lui.
Pour la première fois, il n'était plus question de guerre, de pouvoir. Il était question d'être ensemble. De croire que c'était encore possible.
- Tu sais que tu ne peux rien me donner pour ça, et je ne cherche plus à obtenir la moindre chose de ta part, exprimant principalement le regret, et une résignation déchirante.
Si la colère était sa seule porte vers l'émotion alors Tom débordait de tout ce qu'un humain pouvait ressentir. Incapable d'abandonner, de reconnaître l'échec. Comme si les dieux, jaloux et craintifs de sa puissance, n'avaient pu lui accorder pouvoir et...
Et elle.
Il ne le reconnaitrait pas. Puisqu'elle était là, qu'il s'approcha un peu plus et qu'elle ne reculait pas. Allanah, à mesure que la distance s'amoindrissait, levait la tête pour continuer de le regarder. Ils étaient proches à présent, plus qu'ils ne l'avaient été en tant de temps.
- Tu te caches derrière tant de choses, Allanah, avoua-t-il, plaçant sa main lentement sur son visage, suivant sa coupe, la sublimant.
Oh, comment le monde pouvait bien compter lorsque le doute que le corps de Tom soit une sensation habituelle demeurait en elle.
- Tu as honte de m'aimer toujours autant maintenant que je ne suis plus qu'à toi, alors tu te caches derrière tes valeurs, tes combats, dont on le sait, il passa sa main à la base de son cou, la saisissant plus encore, la rapprochant, ne compteront jamais autant que moi.
- Non, tu-
- Le mal que je représente pour toi aujourd'hui est le même qu'avant tout cela, mais avant, il était à toi.
La peau d'Allanah sous sa main brûlait, et ses yeux dans les siens provoquaient la même chose chez Tom.
- Tu as honte et peur que le monde sache que tu ne te bats pas contre ce que tu méprises, mais plutôt contre ce que tu veux réellement.
Elle était silencieuse, n'avait la possibilité de nier, ne le voulant tout simplement plus. Elle l'observait calmement, et dans un moment d'absence, chuchota :
- J'aurais tellement voulu t'oublier toi, et non tout le reste.
Allanah prendrait plusieurs minutes avant de se rappeler du deuxième prénom de sa sœur. La culpabilité la saisirait lorsqu'elle réaliserait d'une autre part qu'elle avait oublié le rire de son petit frère, ou même le son de sa voix. La couleur des yeux d'Aaron lui échappait légèrement aussi.
Elle avait lentement perdu le tracé exact des montagnes qui entouraient son manoir, avant de voir disparaître le nom de ce massif ou sa simple vision dans son esprit. Elle ne pourrait transplaner à Ilvermorny, oubliant le lieu, et les personnes. Le nom de ses deux meilleurs amis là-bas étaient flou.
Lentement, sans même le remarquer, tout avait disparu. Avec le temps et l'espace, elle perdrait des morceaux d'elle.
Et du même instant, Allanah se souvenait aussi clairement que possible de la première fois où elle avait vu Tom, et ce moment, dans la volière où ils s'étaient adressés la parole et avaient commencé quelque chose qui les avait dépassés.
Qui les dépassait encore.
Tom était resté intact, immuable. Il était cette part d'elle qu'elle reconnaîtrait toujours. Au toucher, à l'odeur, elle le reconnaîtrait aveugle et même morte.
Il était ce qui la faisait tenir et l'avait poussé à tout perdre.
Ses paroles prononcées s'étaient égarées hors de ses pensées et elle ne fut surprise de voir Tom la regarder empli d'incompréhension.
- Quelle importance a cette conversation au final, Tom ? elle fit un pas en arrière, et il ne la retint pas de se soustraire à lui, combien de temps me reste-t-il réellement ?
Il détourna les yeux durant un instant, fuyant. Mais elle reprit aussitôt :
- Tout au plus un an si je cesse de me battre maintenant, à peine le quart si je poursuis.
Le silence était terrifiant et Tom ne souhaitait qu'elle s'arrête de parler. Sa voix qui s'abaissait lentement, et qui disparaissait. Cette préfiguration de ce que cela serait, un monde où elle n'est plus.
- Il n'y a plus rien à chercher en moi, conclut-elle.
Il n'en voulait pas de ce monde. Et Allanah ne pouvait comprendre ce qu'elle voyait dans les yeux de Tom. Il ne pouvait de même. Une colère sourde en surface, mais ce n'était ça qui vibrait dans ses yeux.
Tom ne voulait pas qu'elle parte, il ne pouvait laisser cela se produire. Une forme de peur primitive, on le trouverait sûrement cruel de la préférer souffrante, mourante que définitivement partie loin de lui, et en paix.
Mais elle était à lui. Elle était lui.
Une once de détresse se montra lorsque sa main s'approcha d'elle. Il avait saisi son poignet, et cracha, dans sa haine de ce moment, de sa perte, de tout :
- Pourquoi est-ce que tu cherches tant à mourir ? Pourquoi ne pas chercher un moyen d'arrêter tout cela ?
Allanah le savait et l'avait toujours su. Elle ne pourrait vivre avec Tom. Elle ne reconnaîtrait le sentiment de plénitude de se réveiller dans ses bras, de s'y endormir. De l'embrasser chaque jour et non seulement lorsque le manque devenait suffoquant.
Et pourtant, de la même manière, elle ne pouvait vivre sans lui. C'était égoïste, d'agir comme s'il n'y avait qu'eux deux mais le reste ne pourrait comprendre.
- Je pourrais te soigner, Allanah, s'exclama-t-il, peu importe le coût, je peux t'empêcher de mourir.
À quel prix, pensa-t-elle, mais surtout :
- À quoi bon ?
Son abandon enrageait Tom, obstinée à le laisser seul.
- Combien de temps m'accorderais-tu ? Et quelle valeur aurait-il vraiment face au temps que toi, tu prévois de passer sur cette terre ?
Allanah le prononçait à demi-mot tout ce qu'elle savait de lui, comme incapable de réellement accepter qu'elle ne fût une bribe de moment dans l'éternité que la magie avait octroyé à Tom et qu'il pensait toujours comme une faveur.
Il tenait toujours son poignet, et elle fit de même, comme prêts à faire un pacte. Elle aurait voulu qu'il promette de ne pas l'oublier.
- Tu vas vivre encore longtemps après nous, Tom, une éternité sans moi, son timbre se brisa, tu peux encore te cacher derrière ce monde de haine que tu veux créer, mais lorsque tu chercheras dans tout ceux que tu amèneras à te suivre quelque chose qui, pendant un instant, me ramènera à toi : tu réaliseras à quel point tu seras seul.
Allanah était persuadée que ce jour signait leur fin, du moins la sienne. Elle serrait un peu plus son poignet, une pointe de désir qu'il l'arrête, qu'il ne la laisse pas poursuivre.
Il ne fit rien, mise à part la regarder. La contempler.
- Tu finiras par trouver le temps long et tes nuits étrangement vides, comme une promesse, et ses larmes sur ses joues, Allanah avait tout l'air de le maudire, mon nom et mon souvenir ne seront succédés que de longs silences et tes victoires, ton pouvoir, te seront amers.
Il ne voulait plus l'entendre, mais elle poursuivit :
- Le peu que tu es capable de ressentir, tu l'enfermeras sûrement dans le déni et dans ta grande confiance en toi, tu continueras à t'assurer que tu as fait les bons choix.
- Et tu penses, que toi, tu as fait les bons choix ? lança-t-il, niant tout ce qu'elle venait de dire.
Il était plus simple pour Tom d'ignorer les choses. Cela ne dura pas longtemps puisqu'Allanah confirma, d'un simple mouvement de tête.
- Pour ma mémoire, et le monde, oui, ajouta-t-elle.
Tom manqua de lui assurer que cela n'avait pas d'importance, et qu'elle le pensait tout autant que lui.
- Si j'avais abandonné mes valeurs, je me serais abandonnée avec.
Dans le soupir de ses paroles, son pouce caressait le poignet du jeune homme, dans le plus doux des gestes, pourquoi fallait-il que ce soit le seul qu'il connaisse d'elle ?
- Alors, tu as préféré m'abandonner moi.
La colère le saisit, contre elle. Contre tout ce qu'elle avait choisi qui n'était pas lui. Contre lui qui n'était pas toutes ses choses. L'incompréhension, presque, qu'un amour aussi puissant que celui qu'elle lui vouait puisse finalement ne pas être suffisant pour qu'elle le choisisse.
- Laisse-moi partir, Tom, répéta-t-elle comme si toute cette conversation n'avait pas existé.
- Tu peux partir, accepta étrangement le mage noir, alors qu'elle enlevait sa main de son poignet, lui resserra légèrement sa prise, je viendrais te chercher, Allanah.
Il laissa ensuite son bras retombé sur cette promesse, transplanant loin d'elle.
Elle regarda quelques secondes autour d'elle, l'appartement qui aurait pu être le sien. Cela aurait été bien.
Allanah transplana à son tour.
La rupture dans le temps qu'avait provoqué sa conversation avec Tom la frappa alors qu'elle retrouva le ministère. Des combats semblaient prendre place tout autour d'elle, la laissant étrangement statique au milieu de la bataille.
Ce ne dura pas, et très vite, les sorts fusés, les siens, ceux de ses ennemis ou des autres aurors. Le combat faisait rage. A chaque moment de répit, Allanah cherchait tout le monde du regard. Personne ne semblait blesser pourtant elle avait beau poser ses yeux partout, il lui était impossible de trouver Alphard.
Il était sûrement en sécurité comme le reste des civils, il devait l'être.
Un véritable chaos s'étendait de chaque part du ministère. Les partisans de Tom n'avaient jamais été aussi nombreux, l'air, aussi peu respirable. Allanah continuait de se battre, lorsque l'un des aurors tombait, elle se plaçait devant lui et combattait à sa place jusqu'à ce qu'il ne se relève.
Elle était épuisée, et la totalité de ses forces était ici, sur ce champ de bataille. Lorsque la charge fut trop lourde, et que sa baguette devenait un poids, Allanah abandonner sa forme humaine et se transforma en un chaos innommable. Elle en fit tomber plein, et gracieusement traversée le ministère pour, d'une colère divine, les faire ployer.
Allanah était face à Tom, un des seuls encore debout. Elle ne le voyait pas, mais elle ne pouvait que le sentir. Comme une pression familière sur son esprit.
Lord Voldemort semblait avoir donné des directives à ses forces car peu à peu, elles se replièrent, transplanant. Il ne restait que très peu, alors la plupart des aurors était tournée vers le mage noir. La véritable menace, qui, silencieusement, observait le chaos en plein cœur. Elle avait l'air intouchable.
Elle ne l'était pas.
Une voix s'éleva, déformé par le masque, mais jamais assez pour ne pas être reconnaissable. Un des derniers ennemis présents, un qui ne l'avait pourtant pas toujours été.
Allanah ne put décrire la violence du sort lorsque celui-ci la percuta de plein fouet. Son obscurius était informe, et de fait, la douleur se répartit sur tout son corps.
Lorsque son corps, à nouveau humain, frappa le sol, elle respirait le feu, et se cambrait sous le supplice. Allanah voulait s'arracher la peur pour s'apaiser, sortir ses poumons de sa poitrine pour s'aider à respirer.
Autour d'elle, le combat avait repris, elle restait au sol, Anaidéia l'avait rejoint. Elle essayait de la soigner en vain. Elle ne savait vraiment ce qui était source de sa souffrance.
Les veines de la sorcière étaient noires, son teint étrangement pâle. Son apparence humaine ne semblait plus convaincante de sa véritable humanité. L'auror ne s'en soucia pas pour autant, lui apportant tous les sorts de guérisons et d'apaisement qu'elle pouvait.
Cela finit par se calmer, la douleur était lancinante mais ouvrir les yeux ou respirer n'étaient plus une épreuve. Elle se redressa, elle n'était en état de se transformer à nouveau, mais sa baguette était introuvable.
Allanah, dans ses derniers instants de puissance, ne pouvait que se défendre sans baguette. Ses sorts de protection se succédaient dans sa tête, elle tenait à peine debout mais elle tenait encore.
Un sort fut dévié de sa trajectoire, elle l'évita de justesse mais ce fut le mur derrière elle qu'il frappa de plein fouet, provoquant une explosion. Allanah, comme d'autres, en avait été projetée sur le sol. De la même manière, quelques pierres en avaient été propulsés violemment, la structure en avait été fragilisée. Alors, sur le sol, incapable de se relever par l'épuisement et la douleur, incapable de transplaner, Allanah regarda tout un pan de mur se détachait et tombait dans sa direction.
Camouflé par la fumée et les combats qui se poursuivaient, il n'hésita pas à transplaner jusqu'à elle et Allanah se retrouve loin de tout cela, un peu plus loin dans le ministère.
- Tâche de rester en vie jusqu'à ce soir, lui avait murmuré Tom avant de retransplaner loin d'elle.
La fumée se dissipa lentement, par les multiples sorts des autres aurors. Tous étaient devant elle, à une certaine distance, et plus loin encore, Tom se tenait seul en maître de cette guerre. Le reste de ses partisans était maintenant parti.
C'était fini, il allait se replier également et camouflé par la distance, il ne regardait qu'elle, lui confirmant dans cette attention, qu'ils allaient se retrouver bien assez tôt.
Les aurors ne souhaitaient pas le laisser partir, déterminés à le stopper s'ils le pouvaient, à tout arrêter. Ils encerclèrent Tom, Allanah se tenait maintenant bien en arrière, protégée par un sort, alors que les autres sorciers étaient déterminés à recommencer le combat.
Son prénom fut appelé derrière elle, et ses yeux rencontrèrent rapidement ceux d'Alphard qui n'était définitivement pas parti sans elle.
Aucun combat n'avait repris, les aurors tentaient simplement de pousser Tom à abandonner. Un jet fusa pourtant devant ses yeux.
Il y eut un silence étrange. Ainsi qu'un bruit étrange. Allanah était tombée au sol, sans un éclat.
Son sang teintait le noir de son vêtement. Son abdomen n'était plus qu'une mare de douleur.
Il n'y eut aucun mouvement, durant un temps. Alphard était paralysé, les aurors, occupés à se battre.
Tom ne combattait pourtant plus, il fixait le corps d'Allanah, allongée dans son propre sang.
Finalement, les cris et la panique, Alphard se précipita au corps d'Allanah, étrangement calme, et immobile. Il lui parla, mais elle n'entendait réellement ce qu'il se passait. Ses oreilles bourdonnaient, il semblait lui prier de lui parler mais elle ne pouvait pas.
Il appela à l'aide, quelques aurors vinrent et l'autre tenait la menace loin d'elle, mais leur sort ne pouvait refermer cette plaie et même alors, ils ne pourraient guérir le mal qui la saisissait, remplacer toutes les forces qui l'avaient quittée.
- Elle respire, s'époumonait Alphard, s'il vous plait, faites quelque chose, elle respire encore !!
Elle respirait encore, un peu.
Allanah voulait leur dire mais elle n'était plus capable de parler. Elle voulait leur dire de le laisser venir jusqu'à elle.
Dans toute leur tragédie, il leur fut aussi retiré leurs adieux.
Allanah, entendit-elle au plus profond de son esprit, elle ne sut si elle imaginait la voix de Tom, si la mort elle-même se moquait d'eux.
Allanah, et son nom fut succédé du silence. Allanah, un calme terrible.
Allanah, il le prononça seul, répercuté dans son propre esprit.
Il avait été dépouillé d'elle, à la toute fin et pour toujours.
•
bonjour, bonsoir !!
j'espère sincèrement que ce chapitre et surtout que cette histoire vous a plu ! ça a été une véritable aventure de venir à cette fin et d'en être enfin satisfaite !
je suis ravie de l'avoir écrite et j'espère tellement que la fin d'Allanah vous a plu ! elle représente une grande part de moi, que je suis heureuse de vous avoir livré.
alors, pour la dernière fois, avez-vous aimé ce chapitre ? que pensez-vous de cette fin ?
merci infiniment, on se retrouve pour la prochaine histoire !
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