45 | 𝓻olling in the deep.

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| CHAPITRE 45 |

there's a fire starting in my heart, reaching a fever pitch and it's bringing me out the dark finally, I can see you crystal clear. go ahead and sell me out and I'll lay your ship bare, see how I'll leave with every piece of you, don't underestimate the things that I will do.

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ALLANAH NE PARVINT
pas à comprendre ce qui se passait autour d'elle et ce même lorsque ses yeux se furent adaptés à la faible lueur de sa chambre. La jeune femme sentait l'air empli de cet odeur habituel, le mélange de son parfum ainsi que de celui d'Alphard comme devenu un seul et unique. Elle voulut se redresser bien trop vite et la douleur fut un puissant rappel de ces dernières heures sur terre. Elle geint bruyamment en rabattant son corps sur son matelas. En soulevant la couverture de son corps, la sorcière put apercevoir à la fois son ventre bandé mais sa main nue, simplement engourdie. Et la vue de ses plaies soignées lui rappela douloureusement qui avait été le premier à apaiser sa douleur. Un geignement d'une douleur différente franchit la barrière de ses lèvres, une vive brûlure au souvenir du regard de Tom sur elle la nuit dernière, de sa main parcourant les trainées de sang de son corps pour les faire s'amoindrir.

Il est temps que tu choisisses un camp.

Allanah referma les yeux, sous le lent rappel de la voix de Tom lui prononçant ses mots avant de l'abandonner sur la berge. Elle pinça ses lèvres, incapable de réfléchir ou de s'avouer que tout ce qu'elle avait fui durant ses huit dernières années était à sa porte et attendait simplement qu'elle ne l'affronte.

- Je ne pense pas que tu aides la cicatrisation en gigotant comme cela, avouant la voix endormie à ses côtés, et tu n'aides pas mon sommeil non plus...

L'entente du timbre si plaisant de Walburga ramena l'esprit d'Allanah encore plus loin dans les évènements passés. Elle laissa sa tête tomber sur le côté, trouvant un contact visuel déchirant avec son amie, ses pupilles rougies par les larmes et le manque de sommeil évident. Si elle ignorait au combien la douleur pouvait transformer, l'américaine assumerait que cela faisait bien plus de quelques heures qu'elles ne s'étaient pas vues.

- Je dois avoir besoin de dormir plus aussi, je ne t'avais même pas remarqué.

Elle ricana, ravivant la douleur cuisante dans tout son torse mais satisfaite d'avoir pu faire naître un soupçon de sourire sur le visage de son amie.

- Dis-moi au moins que si t'es dans mon lit, c'est ce que t'as décidé d'abandonner ton sale rat de mari.

- Allanah...soupira la jeune femme, les yeux encore quasiment clos, ce n'est pas comme ça que ça marche les relations, encore moins dans ma famille.

Bien que la jeune blonde comprenne la pensée de Walburga à travers ses paroles, un léger pincement s'ajouta à tant d'autres à son corps. A vingt-six ans, Allanah ne connaissait rien à l'idée même d'une relation durable, même passagère, tout ce qu'elle avait pu vivre n'était qu'attraction et déchirement perpétuel. Encore aujourd'hui, encore après dix ans, comme une boucle intemporelle, un cercle vicieux qu'elle se contentait de haïr mais de rester passive.

À cet instant, la jeune Black eut le loisir de voir l'auror plongée longuement dans ses pensées, ses iris fixaient un point qui n'existait que de son esprit, et son visage comme cela, privait de tout masque et de tout contrôle était tout simplement vide. Les yeux vitreux, les traits de sa bouche retombant, comme fanés sur les deux côtés de son visage.

Walburga, elle, sentait à quel point chacune de ses respirations, chacun de ses coups d'oeils pouvaient transpirer de tristesse. Mais rien ne s'échappait d'Allanah, même dans cet état d'absence, si ce n'est le manque de vie.

- Allanah ?

Et bien qu'elle ne s'attende à rien, Walburga éprouva une vive douleur de ne pas voir plus de vie s'élever du regard d'Allanah lorsqu'elle revint à la réalité. Le vert puissant de ses yeux n'avait plus que la teinte de l'attente trop longue, le goût de la lassitude et du manque de tout, et de rien à la fois.

- Où étais-tu hier ? Alphard n'a pas voulu m'en toucher un mot.

Une honte implacable se mit à saisir Allanah, comme si elle était à nouveau face à sa mère, enfant et à son regard réprobateur dont elle avait fini par se moquer. Face à Walburga dont la douleur lui était inconcevable, sa perte de contrôle et sa mise en danger lui semblait si ridicule. La culpabilité enserrait sa gorge comme une bête s'en repaissant lentement.

- Je suis partie à la recherche de ces moldus, ceux qui ont tué Aileen.

Comme une condamnée à mort, Allanah patienta sous le regard de son bourreau mais l'attente et l'inaction ne sied pas aux battements effrénés de son cœur et à son besoin constant de se justifier.

- J'ai agis sous l'impulsion, comme toujours, Alphard doit me haïr à l'heure qu'il est mais je ne sais pas, je te jure..., sa respiration s'accéléra sans raison, ses yeux lui piquèrent.

Elle n'osait lui parler de Tom. De l'ultimatum qu'il lui avait posé, du fait que ce soit lui qui l'ait incité à y aller en lui offrant le sort, qu'il soit venu la voir...Elle n'osait avouer tout cela, comme lorsqu'ils n'avaient encore que seize et dix-huit ans et que ce n'était qu'eux deux. Que le silence et les secrets rendaient tout plus puissant. Maintenant, tout était trop fort pour oser en parler. Mettre des mots sur lui, cela la serait la conduire à ses sanglots incontrôlables qu'elle ne se permettrait plus.

- Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. J'avais besoin d'évacuer mais je n'avais pas imaginé de me retrouver aussi...

À elle s'arracha sa fierté face au dernier mot qu'elle devait prononcer : faible. Allanah Green avait été si faible face à chacun d'entre eux. Elle aurait pu briser leur crâne si facilement.

- Je crois que j'avais bien trop idéalisé les moldus, j'avais trop vu d'horreurs perpétués à leur égard que je n'imaginais qu'ils étaient capables de plus encore, elle sentit le tremblement de sa main accentuée sa douleur.

Pourtant, sa main ne portait plus aucune trace de l'impact de la veille, tout était dans sa tête et dans les malheurs qu'elle se poussait toujours à revivre.

- Et ils ont eu beau me pousser à bout, j'étais simplement...passive ; quand j'aurais pu les...

- Comment peux-tu t'en vouloir de ne pas avoir tuer des hommes ? rétorqua Walburga, les sourcils froncés,

- Puisqu'eux ont voulu me tuer, et ils pensent l'avoir fait et n'en ressentent probablement aucune once de culpabilité, pourquoi serait-ce différent pour moi ?

La noiraude demeura silencieuse bien après qu'Allanah ait clôt ses lèvres, elle ignorait où se positionnait mais elle savait pourtant où son amie l'aurait fait. Où la jeune Green n'avait jamais cessé de perpétuer sa parole. Elle se défendait, défendait ceux qui ne pouvaient le faire seuls. Mais cette rage froide dans ses yeux n'avait plus rien de l'instinct presque maternel qu'elle avait toujours eu pour ce monde.

Comment pouvait-elle la contredire sur la haine qui grandissait en elle ? Mais comment ne pouvait-elle pas la blâmer de ce besoin de sang et de meurtre effréné ?

Ce n'était pas elle.

Allanah avait passé des années à déconstruire pierre par pierre la muraille de haine de l'autre que les Black avaient fait dans son esprit. Pour l'ouvrir aux autres, à la tolérance. Et maintenant que dire à une personne qui lui avait tant appris durant des années lorsque celle-ci se retrouve à balayer d'un revers de la main toutes ses belles paroles ?

Elle était pétrifiée par son imagination, elle craignait l'image qui se représentait d'Allanah, aux côtés des monstres qu'elle avait essayé de contrer toute sa vie.

- Laisse toi le temps de redescendre, Allanah, avant de faire des choix ou des actions que tu regretteras. Te venger ne sera jamais une bonne idée, prononça-t-elle doucement, essayant de camoufler l'inquiétude qui perturbait son timbre de voix.

Allanah pinça ses lèvres, et avoua qu'elle ne pouvait pas simplement laisser couler cette affaire dans l'oubli, que sa vengeance n'était pas son seul moteur. Elle avait promis à Clarisse de faire tout ce qui était possible pour apporter un peu de justice dans le sort de sa sœur.

Walburga relâcha un soupir désespéré en expulsant toute sa déception à travers son regard :

- Allanah, rien ne te retient à cela, tu as déjà fait tout ce que tu pouvais. Faire plus ne sera que faire pire pour toi.

Elle murmura que son honneur la retenait à cette promesse.

- Je ne crois pas qu'il y ait d'honneur à tuer, et tu ne le crois pas non plus, Allanah.

Ce fut à la jeune Green de ne plus bouger durant un temps, pétrifiée par toutes les pensées qui lui traversaient l'esprit, les constants nouveaux chemins qui s'ouvraient à elle, sans savoir lequel avalerait tous ses espoirs de paix.

Elle ne répondit rien, et finalement, repoussa la couverture de son corps pour la rabattre correctement sur son amie. En silence, Allanah borda la jeune femme comme une enfant, les yeux et les pensées perdus bien loin d'elle.

- Tu devrais te reposer, Walburga.

Elle s'approcha finalement de la porte, laissant le loisir à Walburga de détailler la posture droite qu'elle arborait, bien que sa blessure au ventre dût en pâtir. Par cela, elle put en déduire qu'elle non plus n'avait pas fini de détruire le mur de manière et d'endoctrinement qu'on avait enfoncé en elle. Elles n'avaient jamais été si différentes que cela et même plus semblables qu'elle ne l'aurait pensé.

- Tu sais où plaçait le bien et le mal, Allanah, la barrière a toujours bien existé en toi, et tu sais pertinemment qui n'est pas à suivre.

À cet instant, elle avait sa main fermement agrippée au poignet de la porte, incapable de la tourner ou de la relâcher. Les mots de Walburga faisaient difficilement écho à ceux de Tom il y a seulement quelques heures. Et quelle surprise pouvait-il y avoir dans cela quand ces paroles avaient dû être ramené encore et encore aux oreilles d'Orion par sa femme.

- Ne t'inquiète pas pour moi.

Elle sortit finalement de cette chambre et respira longuement, appuyée sur le mur. Elle ignorait pourquoi son corps semblait en ébullition de la sorte, chacun de ses muscles tendus, en attente. Comme si l'attaque était imminente, comme si une nouvelle fois, elle n'avait pas le choix de se positionner, seulement de se défendre croc et griffe.

Elle s'aventura enfin jusqu'au salon, bien que la voix d'Alphard l'en repoussait, rien que dans l'intonation de ses paroles, elle pouvait entendre sa rancœur en transparaître. Lorsqu'elle apparut, Lyssa accourut vers elle et la prit dans ses bras :

- Comment est-ce que tu vas ? Tu ne devrais pas t'être lever aussi tôt !

- Elle va très bien, rétorqua-t-il, soupirant d'agacement, la tête rabattue sur le dossier du canapé.

Lyssa leva les yeux au ciel ce qui fit sourire sa meilleure amie, elle lui assura alors que tout allait très bien et qu'elle faisait mieux de se lever pour permettre à Walburga un meilleur repos.

Durant quelques secondes, elle refusa de s'éloigner d'elle et surtout de se soustraire du champ de vision entre Alphard et elle. Lorsqu'elle finit par le faire en se dirigeant vers la cuisine, Allanah fut frapper par la froideur de son regard.

Leurs disputes à travers toutes ses années ne s'étaient jamais étendues, ou n'avaient jamais touchés des points aussi sensibles. Ce jour-ci, Allanah pouvait sentir qu'il lui en voulait pour tout ce dont il s'était retenu depuis sa cinquième année.

- Qui t'a soigné au préalable, Allanah ?

Sa voix était tranchante. Elle n'avait que pour but de lui faire mal, de lui rappeler quel pouvoir son opinion pouvait avoir sur elle. Leur si saine relation venait de s'éparpiller en morceau dans la monstruosité que représentait Allanah pour lui à présent. Ses lèvres tombantes montraient sa déception, sa jambe frénétique était sa colère difficilement réprimée.

- Ça n'a pas d'importance.

- Oh, tu crois ?! Je pense que si, il se redressa rapidement et commença à s'approcher d'elle, elle recula vivement quand Lyssa faisait l'inverse vers eux, je pense même que ça a toute son importance !

- Alphard, le réprimanda la jeune Wilzem, calme-toi et baisse d'un ton, s'il te plaît.

Il se détendit légèrement, du moins extérieurement.

- Alors dis-m-

- Je t'ai dit que cela n'avait pas d'importance, soit tu es débile soit tu es sourd, mais haïs-moi si tu veux pour l'avoir laissé m'empêcher la mort.

Alphard ricana froidement à sa remarque et secoua la tête, lorsqu'il reposa ses yeux sur elle, ce fut encore plus douloureux à subir pour la jeune femme. La déception n'était visible qu'à travers une colère sourde qui variait l'intensité de ses pupilles. Ce n'était pas à elle qu'était destinée toute cette haine, mais de tout son corps transpirait la présence de Tom non loin, il était là où elle posait les yeux, dans sa tête, dans son odeur. Il pouvait le voir comme il n'avait cessé de le faire durant leurs années à Poudlard.

- Cesse donc de faire l'innocente.

Il avait déposé ses paroles dans l'air, lentement, un vent glacial qui avait ébranlé Allanah. Les deux meilleurs amis se fixaient sans rien dire, et la violence de leurs pensées brûlaient leurs lèvres pour être prononcé. La jeune Green voulait faire plus, elle souhaitait qu'il sente ce qu'elle ressentait, que son visage se torde de douleur et de honte.

Elle ne dit rien sur l'instant, elle prit sur elle et encaissa.

- Tu as tout donné de toi pour contrer Grindelwald mais face à Tom, tu la fermes et tu le laisses faire, c'est ça ?

Elle encaissa jusqu'à cela.

- Et qu'est-ce que tu as fait toi durant toute ta vie ? Hein, Alphard ?! Mis à part attendre, laisser tous tes amis croulés vers le mal, fuir ta famille, ta sœur, laisser absolument tout le monde se démerder et te cacher ?! Son ton s'était légèrement élevé mais surtout aiguisé au fil de ses mots. Tu n'as jamais agi, les seuls conseils que tu m'as prodigués ont été de tout laisser tomber, et maintenant, tu me juges ?!

Elle passa sa main tremblante de colère dans ses cheveux pour ne pas penser au fait qu'elle sentait son obscurius palpité à la surface de sa peau, prêt à exploser.

- J'essaie, moi, de toutes mes forces de faire quelque chose, alors je n'accepterais pas une seule remarque de ta part.

Ce fut au tour d'Alphard de demeurer silencieux face au froid et à la tension grandissante entre eux. C'était électrique mais les trois sorciers rassemblés dans cette pièce savaient bien que cela ne pouvait provenir que de l'américaine. Allanah put voir le regard de Lyssa se teinter de peur, elle recula légèrement.

Et à nouveau, face à cela, à l'effroi de son amie et aux pupilles inquisitrices d'Alphard sur les minimes particules de magie qui s'élevaient de ses bras, elle se sentit un monstre de foire.

Elle ne leur ferait jamais de mal, ils le savaient. Mais cela n'avait pas d'importance, le pouvoir qui n'était le nôtre fait peur, peu importe qui le détient. Le regard d'Allanah se mura alors lentement, pour ne plus laisser transparaître la colère mais surtout la tristesse qui l'éprenait.

Alphard déglutit lentement, comprenant que tout était aller bien trop loin :

- Très bien, murmura-t-il comme conclusion amère à leur dispute. Alors la prochaine fois, je te laisse te vider de ton sang dans le salon.

Pour aider à cette fin, une main puissante toqua à deux reprises à leur porte, et ce fut Alphard qui fuit ce face à face pour aller ouvrir.

Il ne dit rien à la personne à la porte, se contenant de se tourner à nouveau vers Allanah :

- C'est ton copain auror.

Il abandonna la pièce suite à cela, se rendant au côté de sa sœur, pour fuir à nouveau se dit la sorcière. Elle secoua la tête, regardant son pyjama composé d'un ensemble à carreau d'Alphard. Le haut était noué au-dessus de son ventre pour ne pas appuyer de quelconque sorte sur sa blessure.

S'attendant à Aleksander, elle s'approcha de la porte peu mal à l'aise de se montrer de la sorte. Ce fut pourtant Ernest qui se tenait devant elle, une mine plus que contrariée qui ne la rassura pas. Il s'invita seul comme si sa supériorité hiérarchique lui permettait et salua Lyssa d'un sourire en entrant.

Celle-ci s'éclipsa également du salon, n'ayant aucune intention de prendre part à une nouvelle conversation épineuse, Allanah était du même avis quand elle ressentit le regard intense que son chef lui portait. Il savait d'où elle tenait ses blessures.

- Bien que je le sache déjà, mais aussi au vu de tes blessures, ton escapade n'a pas été aussi concluante que tu l'aurais souhaité, pas vrai ? moqueur, mais visiblement moins colérique qu'elle ne l'aurait pensé, il s'installa dans son canapé sans la quitter des yeux.

- C'est le moins que l'on puisse dire...

Elle ricana et le regretta vite quand cela souleva sa blessure et la lui rappela douloureusement.

- Première fois que tu rencontres une arme à feu ?

- Tu étais là, s'insurgea-t-elle.

Il secoua négativement la tête ce qui la rassura, il émit un simple coup d'œil à sa main où elle put remarquer une légère cicatrice qu'Alphard n'avait pas réussi à effacer. La forme reprenait celle de l'impact de la balle, et cela raviva légèrement son dégoût, ils avaient réussi à la marquer.

- Tu les a sous-estimés, Allanah et tu t'es surtout attaqués aux mauvaises personnes.

- Ils ont tué Aileen, assura-t-elle provoquant un soupir de l'auror.

Elle claqua sa langue contre son palais, agacée de la manière dont il la faisait se sentir si idiote.

- Ce n'était pas cette justice que tu venais chercher, cesse de mentir, Green.

Elle resta silencieuse cette fois-ci, haussant simplement les sourcils face à la sûreté de l'auror et de ses paroles incohérentes.

- Ne me force pas à rappeler ce qui est arrivé à Walburga, dit-il, d'une voix basse et plus grave.

- Ça n'a rien à voir.

- Tu mens, Allanah et tu mens très mal.

Elle souffla, et se dirigea vers sa cuisine pour s'éloigner de lui et de son toupet. De son regard inquisiteur, comme s'il parvenait à lire en elle si facilement. Lui tournant le dos, elle plaça ses mains de chaque côté de son corps, fermement accrochées à son plan de travail.

- On ne peut pas laisser se développer une nouvelle vague de terrorisme, Allanah, tu dois-

Les paroles d'Ernest s'éloignèrent de plus en plus de son esprit, elle ne l'écouta plus. Sa respiration se fit plus rapide, les yeux clos, plongée dans un passé qui n'existait plus que dans son esprit tourmenté.

Certains de ces hommes, ces terroristes, avaient ri avec elle, passé des années à ses côtés, l'avaient épaulé. Aujourd'hui, tout s'effondrait, les barrières n'avaient plus rien d'imaginaires. Et le monde hurlait de se mettre à couvert ou de prendre les armes, Tom la poussait le faire, le susurrant un peu plus à chaque seconde dans ses oreilles.

- Allanah, s'impatienta son collègue, t'es toujours avec moi ?!

- Cesse donc de crier, balança-t-elle en retour.

Elle se retourna à nouveau vers lui, qui s'était depuis levé et rapproché. Seul l'ilot central de sa cuisine les séparait, ce fut à son tour de soupirer en l'observant :

- On ne sait pas ce qu'ils veulent, ni jusqu'où ils pourraient aller. Il nous faut agir au plus vite pour éviter tout engouement autour d'eux.

Elle hocha la tête, mais ne fixait que le sol de sa cuisine. Elle avait l'identité de ses hommes, chacun d'entre eux. Allanah n'avait qu'à les prononcer et tout serait terminé alors pourquoi ne le faisait-elle pas ? Pourquoi était-ce aussi difficile de dénoncer Tom même après toutes ses années ?

- Anaideia veut te voir suspendue d'une durée indéterminée.

Un pincement la saisit à cette information et cela la fit se raccrocher au regard de son chef. L'avis des hommes sur ses actions l'atteindraient toujours moindrement que celui des femmes. En particulier Anastasia. Elle pinça alors ses lèvres, les joues légèrement plus rouges de honte.

- Je ne suis pas d'accord avec elle. Cela nous desservirait plus qu'autre chose. Il marqua une pause et l'étudia comme une affaire insoluble. Mais tu n'auras plus le droit d'être seule durant des missions et ce à durée indéterminée.

Bien que le sentiment d'être grondée et punie comme une enfant la répugne, elle ne pouvait pas se révolter comme ce traitement déjà généreux face à ses actions. Elle s'apprêta pourtant à s'insurger lorsqu'il lui annonça l'intention première de l'assigner à résidence en dehors du cadre de ses fonctions.

- Ne t'énerve pas si vite, cela n'arrivera pas.

- J'espère bien, s'exclama-t-elle, je ne suis pas non plus une criminelle.

À cette affirmation, l'auror fronça légèrement les sourcils ce qui éveilla l'attention d'Allanah et son indignation. Elle entrouvrit alors les lèvres, prête à contre-attaquer sur le doute que portait Caraweall à son égard.

- Ne commence pas, intervint-il plus rapidement qu'elle.

Cela la fit mordre l'intérieur de sa joue plus fort qu'elle ne l'aurait souhaité. Le fer emplit sa bouche autant qu'une colère sourde faisait briller ses yeux. Elle ne supportait plus cette infantilisation de sa part.

- Tu as beau ne rien avoir fait de mal concrètement, tu n'as agi dans le bien de quiconque si ce n'est de toi et tes affaires personnelles.

- Venger une sorcière sauvagement assassinée n'est pas une affaire personnelle mais une justice nécessaire.

Le coup d'œil qu'il lui lança fut d'une lassitude profonde qui ne l'aida pas à se détendre, bien au contraire. Allanah était sensible à cet instant à chaque fluctuation de son humeur et son obscurius s'y alignait. Elle sentait déjà autour d'elle l'air s'électrifiait et elle ne doutait pas que l'incroyable sorcier devant elle le percevait également.

- Allanah, tu n'as plus seize ans, tu n'es plus l'élève de Poudlard qui a quitté seule son école pour aller affronter Grindelwald et venger son frère.

Il n'y avait aucune douceur dans son ton, ni considération envers elle. Pas de pitié, simplement des faits qu'il exposait.

- Tu es auror, et ton action en tant que tel est de former un front uni avec nous tous, de défendre et de combattre ce qui nous est dit de défendre ou de combattre. L'individualisme mènerait à un chaos sans nom si chacun se mettait à agir comme toi, est-ce qu'au moins tu arrives à t'en rendre compte ?!

Le ton grondant d'Ernest la surprit tant il était rare de le voir perdre son sang-froid. il sembla lui-même s'en rendre compte puisqu'il souffla un coup et passa sa main dans ses cheveux pour se détendre.

- Des choses terribles arrivent tous les jours, Allanah et nous essayons d'agir contre chaque lorsque nous le pouvons mais l'affaire Yaxley est maintenant entre les mains d'autres personnes.

Allanah resta silencieuse mais elle n'en pensait pas moins. Son regard prouvait son doute face à cela, rien de suffisant ne serait fait pour cette affaire.

- La justice a des règles, comme nous en avons. Foncer dans le tas et répondre le mal par le mal n'est pas une justice. Pas pour nous.

- Et si je ne m'accorde pas avec ça, rétorqua-t-elle du tac au tac, surprenant Ernest qui s'apprêtait à reprendre.

- Alors...Tu n'as rien à faire au bureau des aurors.

Un long moment passa pour la jeune femme qui ravala difficilement les paroles de son chef.

- Mais je doute de cela, Allanah. Tu as beau être une insupportable tête brûlée, tu es aussi très intelligente et incroyablement douée en tant qu'auror.

Ce fut comme sentir l'épée s'abattre à quelques centimètres de sa nuque. Puisque la jeune Green n'avait aucune autre volonté qu'être auror, mis à part cela, dans quoi excellait-elle réellement ?

- J'ai pourtant besoin d'être sûr que tu as compris cette mise en garde, car tu n'auras plus aucun autre laisser-passer à présent.

- J'ai compris, affirma-t-elle en gardant le contact visuel avec lui.

Il souffla alors, comme soulagé d'une tâche draconienne. Mais cette conversation ne semblait pas complètement finie puisqu'il ne se dirigea pas vers la sortie et resta face à elle, l'air encore plus sérieux qu'auparavant.

- Je ne prétends pas comprendre ni même connaître tout ce qui a pu t'arriver avant de devenir auror comme tu ne peux le faire pour moi. Mais l'enjeu aujourd'hui ne nous concerne ni toi ni moi, ni aucune personne en particulier.

Des murmures lointains leur rappelèrent la présence d'autres personnes ici, à cela, Ernest contourna l'ilot central et vint se placer juste devant Allanah, réduisant la portée de ses paroles, et les gardant plus secrètes.

- Cela concerne la sécurité du monde sorcier face à un nouvel ennemi, qu'il vaut mieux faire taire maintenant avant que tous nos efforts depuis des années ne soient vains.

Allanah songea en quelques flashs douloureux à Grindelwald, à ses sbires et aux cicatrices qui perlaient sur son corps de ses différentes rencontres avec eux. Est-ce que ceux qui avaient été à ses côtés depuis tant d'années la blesseraient de la sorte ? Entre eux, n'y avait-il eut que l'hypocrisie et une latente haine camouflée ?

Tom la tuerait-elle si elle se plaçait finalement sur son chemin ?

Elle se reconnecta à la réalité après avoir chassé l'image du jeune homme de son esprit, et vit qu'Ernest avait cessé de parler et avait étudié les différentes émotions sur son visage.

- Nous devons faire notre possible pour maintenir la paix et pour cela, il ne te faut avoir aucun doute, tu dois savoir pour qui et pourquoi tu te bats avant chaque action.

Allanah déglutit mais hocha une nouvelle fois la tête à ses paroles. D'un ton plus enjoué, il lui annonça qu'il l'attendait dès demain au bureau pour sa reprise et très vite après des au revois brefs, ce ne fut à nouveau qu'elle.

Seule au milieu de son appartement avec ses deux meilleurs amis l'ayant fui. Elle rejeta sa tête en arrière et pinça ses lèvres.

La guerre...À nouveau, comme une douloureuse routine et une roue diabolique qui prenait un malin plaisir à broyer ses os et ses espoirs de paix à chaque fois.

Et elle ne put le chasser bien longtemps, très vite, les traits du Jedusor revinrent la hanter. Leur dernier baiser échangeait se répétait en boucle dans son esprit, et ses mains la veille, qui l'avaient sauvé. Tout cela, tout ce sur quoi elle devait faire une croix.

Ils n'étaient plus à Poudlard et Ernest avait raison, il ne s'agissait plus d'elle et de sa revanche contre Grindelwald.

Et Tom et elle seraient finalement ce qu'il lui avait promis, ils seraient liés jusqu'à la fin, destinés à devenir des légendes. Deux entités qui s'étaient toujours fait face, et Allanah comme l'entité vengeresse qu'elle avait toujours été, porterait l'espoir d'une paix en ce monde sur son dos comme son propre fardeau, seule s'il le fallait, mais le mal ne gagnerait pas cette terre tant qu'elle la foulerait.

À cet instant, le mal qu'elle s'entêterait à décrocher était celui que Tom représentait sur sa peau, pour cela, elle alla finalement se préparer, après avoir indiqué à Walburga qui ne trouvait pas le sommeil qu'elle lui promettait d'être revenu ce soir, si elle lui assurait de dormir un peu, Allanah se dirigea vers la sortie.

Un dernier regard à Alphard à nouveau assis devant la télévision lui fit plus de mal qu'elle ne l'aurait pensé, mais elle ne s'y attarda pas et une fois la porte close derrière elle, transplana jusque dans la rue d'Aleksander.


bonjour à tous, un immense pardon pour le retard, j'essaye au mieux de trouver du temps pour écrire mais mes vacances ne seront malheureusement pas de tout repos avec mes partiels à la rentrée. le premier chapitre réécrit est pourtant enfin là avec des semaines d'hésitation, j'espère qu'il vous aura plus ! 

alors, avez-vous aimé ce chapitre ? que pensez-vous de la dualité qui se joue en Allanah tout le long de celui-ci (j'ai essayé le plus possible de montrer sa difficulté émotionnelle) ? et comment avez-vous trouvé les différentes conversations de ce chapitre : Walburga, Alphard et Ernest ?

et finalement, que pensez-vous qu'il adviendra pour la suite ?

merci d'avoir lu, à bientôt !

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