42 | 𝓫reathe.

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| CHAPITRE 42 |

i am terrified by this dark
thing that sleeps in me.

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LA FATIGUE N'APPARAÎT
que lorsqu'on lui laisse le temps de se montrer, au même titre que la peine ou que la douleur, c'est un mécanisme qu'Allanah avait perfectionné avec le temps. Lorsqu'elle sentait à quel point elle allait mal, elle se se laissait jamais le temps de s'asseoir et de risquer d'y penser. Elle bougeait, constamment, sans arrêt jusqu'à finalement se coucher le soir et recommencer le lendemain.

En une semaine; elle s'était débarrassé de tous les dossiers au département des aurors qui n'avaient plus leur place dans leur bureau, elle avait trié avec Anaidéia toutes les affaires non classées sur lesquels ils allaient enfin se pencher, elle avait passé du temps avec sa soeur pour acheter pleins de choses avant l'arrivée du bébé. Elle prenait le temps de garder un environnement sain pour Lyssa, elle était restée présente pour Druella ainsi que pour Walburga. En toute une semaine, elle avait fait plus qu'elle n'aurait en un mois si elle avait été heureuse. Elle avait fait tout cela, comme sous apnée, sans jamais sortir la tête de l'eau. Elle étouffait si l'air pénétrait ses poumons, elle préférait se noyer et rejoindre le fond, elle préférait tout plus que de voir le soleil éclairé toute cette vérité.

  - Allanah, qu'est-ce que t'en penses ?

La jeune femme releva rapidement la tête et réalisa une nouvelle fois qu'elle avait cessé d'écouter ce qui se disait autour d'elle, elle s'excusa auprès d'Anaidéia et se sentit à nouveau étudiante sous le regard déçu de sa chef. Elle lui pria de répéter en chassant de ses pensés ses autres priorités.

  - Virgil pense que la tentative de braquage de Gringotts et le cambriolage des Yaxley sont liés, que ça pourrait les mêmes personnes.

Allanah se pencha sur la table devant elle pour avoir une vue d'ensemble sur toutes les photos qu'ils avaient, et sur les objets trouvés sur les lieux. Elle réfléchit longuement, ne se laissant pas presser par les regards de tous sur elle. Elle pinça ses lèvres lorsque son regard heurta les images des scènes où des meurtres avaient eu lieu.

  - Les deux affaires comportent une violence réelle, le meurtre de Ginstern à la banque et celui de Aileen Yaxley montrent bien qu'ils ne voulaient pas que quiconque garde la moindre trace qui ils sont. Rien ne nous prouve que les affaires sont liées; nous n'avons pas assez de preuves.

Lorsqu'elle eu fini de parler, elle ne put relever la tête et voir ses collègues hocher la tête. Elle gardait ses yeux rivés sur les photographies mouvantes su la table, une goutte de sang s'écoulait encore du corps inerte de cette femme, qui avait presque son âge. Elle avait connu sa soeur à Poudlard, elle l'avait détesté. Aujourd'hui, elle voyait son corps sans vie et elle ne parvenait pas à ressentir quoi que ce soit. Elle devrait être submergé par l'émotion, cela aurait pu être sa soeur à elle. Cela aurait pu être n'importe qui d'autre, dont quelqu'un à qui elle tenait. Cela aurait pu, mais ça ne l'était pas.

  - Très bien, déclara Caraweall, Virgil et Elizabeth, vous restez ici pour interroger les témoins de Gringotts qui vont bientôt arrivé. Allanah et moi, on va chez les Yaxley. On ne fait rien de plus sans se prévenir les uns et les autres. Thomas est encore à Gringotts, rejoignez le si vous avez le moindre indice sur cette affaire.

Ils hochèrent tous la tête, Allanah se leva lentement, sachant très bien que partir seule avec Anaidéia lui donnerait toutes les occasions de lui demander ce qui lui arrivait. Elles quittèrent côte à côte la pièce en se demandant quand commencerait l'interrogatoire. Leurs talons résonnaient sur le tapis rouge qui s'étendait dans les couloirs, le bruit restait étouffé par la matière, amoindrit et leurs pas désaccordés donnaient à cette mélodie une saveur de respiration haletante, de sursaut dans la nuit. Allanah n'entendait que cela, elle n'entendait que ces crises répétitives. Elle releva brutalement les yeux, elle ne devait pas y penser, pas même une seule fois.

Elles débouchèrent rapidement sur le hall principal, et croisèrent Ernest qui les arrêta évidemment. Il jeta un regard étrange à Allanah qui ne l'avait qu'à peine regarder, ni même saluer. Il discutait avec sa femme, Allanah regardait au loin, le visage fermé.

Il n'était pas étonnant de le croiser ici, après tout, Le'o travaillait aussi au ministère, au même titre qu'elle. Il avait le droit d'être ici, mais à ses yeux, il n'avait plus le droit de la regarder, de poser son regard sur elle depuis qu'il l'avait trahi. Peu importe s'il avait agi sous la pression, sous l'obligation terrifiante de ne pas vouloir contredire Tom; il avait mis en danger Alphard et Lyssa par son simple acte, elle ne pourrait pardonner ses choix.

- Alors, Allanah, lança finalement Ernest à son égard, c'est ce soir le rendez-vous amoureux ?

Elle sourit distraitement avant de hocher la tête, abandonnant l'observation du jeune Avery qui s'éclipsait dans la foule. Le long regard que son supérieur lui lançait en disait bien assez, elle rétorqua rapidement :

- Ne nous imagine pas déjà marié, je suis trop jeune pour ces bêtises, marmonna finalement la blonde, déclenchant l'hilarité de ses collègues.

- Je croyais que toutes les jeunes filles rêvaient de se marier jeune et de vivre une vie comblée leur mari, taquina Ernest en enlaçant tendrement sa femme, comme elle.

- Tu sais très bien que je t'ai épousé aussi tôt pour favoriser mes finances !

Allanah pouffa de rire devant la mine déconfite d'Ernest, elle fit face au regard méchant de celui-ci. L'éclat de rire qui s'éteignait dans sa gorge état le premier depuis longtemps, et cela lui avait fait un bien immense. Anaidéia murmura quelque chose à l'oreille de son mari qui le fit doucement sourire. Le couple démontrait rarement leurs affections en public mais cela n'avait jamais étonné l'américaine. Pendant des années, elle s'était elle-même demandé si ses parents s'aimaient encore tant ils ne s'approchaient plus en leur présence, c'était peut être vrai. Ici, cela paraissait plus être une pudeur, plus on expose nos sentiments, moins ils nous appartiennent, ils deviennent ce que les autres voient et ils peuvent faire ce qu'ils veulent de nos propres relations.

Ils se séparèrent finalement, leurs deux femmes rejoignant les cheminées pour transplaner jusqu'à la demeure des Yaxley.

C'était une maison entourée d'un vaste hectare de forêt, comme l'était toujours les maisons des sangs-purs, assez éloigné de la populace pour ne pas que chacun sache qu'ils sont comme eux finalement. Allanah fixait le manoir avec détachement, sans même un léger pincement au coeur. Aileen Yaxley allait bientôt se marier, c'était ces derniers mois dans cette maison, ces derniers auprès de ses parents. La jeune Green pénétra la demeure sans plus de pensées à cela, la mort n'est jamais juste, autant que la vie.

- On sait que les meurtriers sont rentrés par la seule fenêtre non protégé de la maison, Aileen a été tué puisque que cette fenêtre donnait sur sa chambre, commença à énumérer Anaidéia en traversant le grand salon des Yaxley.

La maison était silencieuse, ne supportant pas de vivre ici, les parents en deuil s'étaient réfugiés dans une demeure secondaire à l'autre bout du pays.

- Après avoir tué Aileen, ils ont volé toutes sortes d'objet de valeur dans sa chambre; tous ses bijoux et tout ce qui avait un minimum de valeurs à leurs yeux, continua Allanah en cherchant le moindre indice laissé sur place; ils ont réussi à ne pas réveillé les parents, à descendre jusqu'au salon où ils ont volé à nouveau bijoux, quelques tableaux, mais, pas ce balai.

Allanah fixait le balai enfermé dans une élégante cage de cristal qui le protégeait de toute sorte de saletés. Anaidéia fronça les sourcils et rétorqua à sa collègue :

- Ce n'est qu'un balai, Allanah, ce n'est pas vraiment le genre de choses qu'on vole.

- C'est un brossdur 1, un des premiers balais à avoir révolutionné ce sport, et sûrement un provenant de leur toute première commercialisation, expliqua-t-elle en en quittant pas l'objet des yeux.

Anaidéia se rapprocha de sa collègue en jetant quelques regards désintéressés au balai de course.

- Tu n'as jamais réellement aimé le Quidditch, comment tu sais tout cela ?

- Mon père en avait un, il nous en parlait souvent.

L'héritière Green secoua la tête et se tourna complètement vers sa supérieure qui l'interrogeait déjà du regard, elle pinça ses lèvres avant d'expliquer :

- C'est quelque chose de très dur à trouver désormais, ce modèle là n'est plus produit, donc pour en obtenir un dans cet état, il faut débourser énormément d'argent, tenta d'expliquer sa pensée, en vain devant le regard impartial de Caraweall.

- Allanah, où veux-tu en venir ? Questionna finalement l'auror, s'ils sont débiles pour passer à côté de cela, c'est leur problème.

La concernée soupira. Son instinct ne pouvait pas crier aussi fort en elle si elle avait tord.

- Ils ont tué Aileen avec un couteau, ils lui ont tranché la gorge dans son sommeil. Ensuite, ils n'ont pas pris le temps ne serait-ce que de prendre les baguettes de ses parents pour leur empêcher toutes défenses. Ils n'ont pris que les tableaux moldus selon les Yaxley, ils n'ont touché qu'à ce que pour eux aurait de la valeur.

- Tu penses que c'est des moldus, conclut Anaidéia.

- C'est évident ! Les affaires ne sont pas liées, la violence dès deux n'a aucun lien et ici, il n'y aucune trace de magie. Quels sorciers prendraient le risque de tuer au lieu de simplement endormir profondément la personne ou voler sa baguette ?

Lentement, alors qu'elle cherchait son soutien dans cette hypothèse, la chef de son équipe se détourna d'elle et observa les tableaux mouvants, tous les artefacts magiques présents dans la pièce tandis qu'Allanah poursuivait de lier tous ses arguments :

  - La fenêtre d'Aileen a simplement été brisé et ouverte ensuite de l'intérieur, ils sont choisi de ce passage puisque l'aile de la maison où elle dormait donner directement sur la forêt où ils ont pu arrivé sans être vu par quiconque. Ils n'ont plus de sortilèges repousse-moldu depuis deux mois, ça a donc laisser le temps aux meurtriers d'analyser les lieux.

Anaidéia finit par hocher la tête sous le victorieux regard d'Allanah. Elle prononça ensuite lentement :

  - L'affaire est donc classée, nous n'avons aucune juridiction sur les moldus.

Le ciel tomba brutalement sur la tête d'Allanah, aussi rapidement que l'éclair, aussi destructeur que le coup de tonnerre. Étaient-ils entrain d'abandonner ?

  - Alors, on part ?! s'égosilla-t-elle alors qu'Anaideia quittait déjà le salon pour le hall, on abandonne comme ça ?

  - On abandonne pas, Allanah, on est des sorciers et en tant que tels, on combat et emprisonne des sorciers, rien d'autre.

- C'est stupide ! s'écria-t-elle, consternée, c'est une sorcière qui a été tué donc les moldus ne pourront jamais s'occuper de cette affaire et les meurtriers ne seront jamais arrêtés !

Anaidéia s'arrêta quelques mètres devant la porte pour se retourner vers sa coéquipière, elle soupira et précisa à son égard :

- Ça ne sera pas le premier meurtre non élucidé et sûrement pas le dernier, ne crois pas que je veuille agir comme cela, mais c'est la loi, Allanah !

- La loi, je l'emmerde, cracha Allanah, se laissant plus emportée qu'elle ne le devrait, cette fille a été assassiné dans sa propre maison sans aucune pitié, quels genres d'aurors serions-nous si on ne lui rendait pas grâce en punissant ses meurtriers ?

L'empathie d'Anaideia pour cette jeune femme prit l'ascendant lorsqu'elle perçut la fêlure dans la voix de l'américaine. Elle s'approcha d'elle pour rendre plus intime leur discussion malgré leurs solitudes dans cette grande demeure.

- Je sais bien pourquoi cela te tient tant à coeur mais les injustices comme cela sont inhérentes à l'être humain, être auror nous permet de les amoindrir parfois mais dans ce cas-ci, nous ne pouvons rien faire.

La rage prenait peu à peu possession d'Allanah malgré le mal qu'elle se donnait pour la contenir. Elle resserra plus fort encore ses ongles contre ses paumes de quoi crée de nouvelles cicatrices sur celles-ci. Allanah était blessée de la pitié que sa supérieure portait sur elle. Peut être son entêtement avait-il un rapport quelconque avec la mort de son frère, mais il y avait bien plus que cela, elle ne pouvait décemment abandonner son sens de la justice pour les lois stupides du ministère.

Anaidéia voyait bien ce qui brillait dans le regard de l'auror et elle n'appréciait pas cette lueur de défi.

- C'est un ordre, Allanah, va te préparer pour ton rendez-vous et ne remet plus les pieds dans cette maison.

Elle n'eut le temps de dire plus que Caraweall avait déjà ouvert la porte et transplanait probablement jusqu'au ministère. Allanah sourit légèrement, elle n'avait jamais été très friande d'être sous le contrôle d'autrui. Mais aux fils des années, comme beaucoup, Anaidéia accordait une immense confiance à la jeune Green. Tout semblait qui elle avait affrontée à l'âge de seize ans, et qui l'avait forgé en cette guerrière. Allanah faisait ce qu'elle voulait et traquerait bien ces monstres jusqu'à les avoir fait payer un par un.

Elle se dirigea lentement vers un des murs du salon et éleva la voix en direction d'une des peintures :

- Dis-moi tout ce que tu sais, le moindre détail, la moindre parole.

Les sorciers oublient parfois que les tableaux sont des parts de ceux qu'ont a représenté, qu'on laisse encore vivre à travers les coups de pinceaux. Les murs entendent, les peintures voient, il ne reste qu'à savoir les écouter. Allanah passa alors le temps nécessaire dans cette demeure, à arpenter les pièces où le moindre vol avait eu lieu, elle usa de tout ce qu'elle avait repoussé jusque là. Grindelwald ne lui avait pas simplement appris à être forte, il lui avait enseigné tous les arts rudimentaires, tous les usages possibles de la magie, du plus simple sort à ceux dont beaucoup avaient oublié l'existence.

Elle se plongea dans cette affaire pendant des heures, oubliant tout le reste, se perdant elle-même dans les raisons qui la poussaient à s'entêter. Méthodiquement, elle notait chaque élément qu'elle détenait dans un carnet trouvé au hasard dans la maison, les notes qu'elle prenait était brouillon mais il était mieux cela que de partir et abandonner, il était mieux cela que de se plonger dans la recherche vaine de comment détruire un horcruxe.

Lorsqu'elle quitta le manoir, le soleil déclinait déjà et elle se retrouvait bien plus en retard pour son dîner qu'elle ne le pensait. Allanah transplana rapidement jusqu'à son appartement, elle crut faire une crise cardiaque lorsqu'elle vit Aleksander installé sur son canapé, en pleine discussion avec Lyssa. Les deux braquèrent son regard sur elle et elle sentit le rouge lui monter aux joues, honteuse, elle murmura :

  - Je suis aussi en retard que cela ?

  - Tu peux même pas imaginer à quel point, répondit Alphard en sortant de la cuisine, un sourire taquin aux lèvres.

Elle regarda Aleksander qui souriait également et ne semblait pas vexé, c'était déjà cela. Elle s'approcha de lui en essayant d'ignorer le plus possible la présence de ses deux meilleurs amis qui les épiaient.

  - Je vais devoir aller me préparer, j'essaierais de me dépêcher, lui promit la jeune fille alors qu'elle sentait la honte s'accentuer sous les iris du jeune homme.

Il hocha la tête lentement la tête en souriant devant le rouge des joues de la jeune femme, il était rare de la voir dans cet état, c'était donc d'autant plus à savourer. Elle se débarrassa de son manteau pour se diriger avec hâte dans sa chambre et s'y enfermer loin de tous regards. Cela n'empêcha pas pour autant la jeune Wilzem de la rejoindre peu de temps après.

La jolie blonde ôtait déjà ces vêtements de la journée tout en balayant son armoire du regard pour trouver la moindre chose à mettre, elle savait bien qu'elle aurait du prévoir une tenue à l'avance. Elle se tourna vers Lyssa et lui indiqua la démarche à suivre, elle cherchait la tenue qu'elle mettrait tandis qu'Allanah refaisait un maquillage plus adaptée pour sa soirée. Sa meilleure amie hocha la tête et Allanah s'installa en sous-vêtement sur son lit, le corps entouré d'une tonne de produits esthétiques. Alors qu'elle faisait son teint, Allanah prit le temps de refuser trois choix de robes pour cette soirée ce qui consterna Lyssa :

- Mais tu adores le rouge, et le vert d'ailleurs ! C'est littéralement tes deux couleurs préférées et elles te vont si bien !

- Peu importe, une autre couleur s'il te plait, répondit-Elle en unifiant son teint aussi parfaitement que l'aurait fait sa mère.

Et si possible, aucune qui lui rappellerait un quelconque moment avec Tom, pensa-t-elle. Lyssa opta pour du bleu ce qui satisfit assez la concerné qui hocha la tête. Elle accorda à cela un rouge à lèvres plus discret qu'à son habitude et éclairait ses yeux d'un fard à paupières bleuté le long de sa paupière. Ce n'était sûrement pas la meilleure version d'elle même, mais en vingt minutes, cela avait le mérite de la faire sourire.

Elle se redressa dès qu'elle eut finit et fit passer longuement la robe sur ses jambes jusqu'à forcer un peu plus au niveau de ses hanches et finalement laisser se dessiner sa silhouette en passant les manches. Le long de son corps, la robe était simplement resserré contre sa peau dans une teinte plutôt foncée. Elle ne contenait pas de bretelles et ses manches commençaient au niveau de ses biceps dans une matière plus légère et bouffante qui donnait un aspect plus chic à la robe, la suite de ses bras était recouverte d'un tissu pareille à son corps qui accentuait la finesse de ceux-ci. Les manches se terminaient au milieu de sa paume, de quoi couvrir la moitié de son pouce et donnait une telle élégance à une simple robe.

Elle s'observa rapidement dans le reflet de sa glace et se dit qu'elle laisserait ses cheveux comme cela, n'ayant de toute manière, pas le temps de les arranger d'une quelconque manière. Elle leur jeta un sort pour les rendre parfaitement lisse et quitta finalement sa chambre, prête mais toujours aussi en retard. Elle pénétra le salon avec appréhension du regard que lui porterait Aleksander. Elle accorda donc d'accord un coup d'œil à Alphard qui avait toujours cette même face hilare qu'elle ne supportait pas.

- Fais pas trop de bêtises et surtout, fais attention à toi, lui lança son colocataire en se tournant ensuite vers le jeune Almánzar, toi, tu la ramènes à minuit, pas une minute de plus, compris ?

Les deux hommes se serrent la main tandis qu'Allanah soupirait bruyamment, elle savait bien qu'Alphard plaisantait mais elle ne supportait toujours pas ce comportement chez les hommes. Il y avait bien longtemps que plus personne ne décidait des hommes qu'elle pouvait fréquenter, à son grand malheur parfois. Sous le sourire tout excité pour elle de son amie, Allanah claqua la porte de son appartement, et le silence qui prit place alors qu'ils descendaient les escaliers refit naître la gêne en elle. Elle se rendait alors compte qu'elle n'avait jamais eu de rendez-vous et qu'elle n'avait aucune idée de comment elle était censée agir.

Lorsqu'ils sortirent enfin de l'immeuble, elle se tourna vers lui, espérant que le soleil bientôt couché camouflait ses rougeurs et demanda :

- Où est-ce qu'on dîne ?

À cela, il sourit simplement et enfonça sa main dans la poche de son manteau noir avant de la ressortir avec un simple briquet dans sa paume. L'habitude d'en utiliser conduisit rapidement Allanah à la conclusion, c'était un portoloin. La question était encore où comptait-Il l'emmener ?

- Une idée ?

  - Tu nous emmènes aux États-Unis, déclara-t-elle d'un ton certain.

Aleksander haussa les sourcils, visiblement surpris par sa logique implacable, il hocha la tête tout en l'interrogeant du regard :

  - Nous n'avons pas grand chose en commun mis à part notre pays natal et notre profession, expliqua-t-elle en resserrant son manteau contre elle, à moins que tu ne veuilles nous faire dîner au milieu des bureaux, je penche plutôt pour le continent américain.

Elle souriait légèrement à son collègue alors qu'il camouflait ses yeux de sa main, hilare. Elle ne comprit pas tout à fait pourquoi il riait mais son bonheur était plus communicatif qu'elle ne le pensait et elle se laissa aller à un léger ricanement.

  - Allez viens, Sherlock Holmes, lança-t-il, taquin, prends ma main.

Quelques secondes passèrent alors que le mécanisme du portoloin s'enclenchait. Elle sentait la magie les entourer et elle planta ses yeux dans les siens; c'était étrange de partager cet instant avec quelqu'un, c'était comme tomber et ne jamais savoir si quelqu'un nous rattrapera à l'arrivée.

La magie leur fit traverser l'océan en un temps ridiculement court et leurs deux corps arrivèrent doucement dans une ruelle calme aux Etats-Unis. Allanah n'eut qu'à jeter un léger regard autour d'elle pour comprendre dans quelle ville elle se trouvait. Elle laissa le sourire envahir son visage devant la splendeur de New-York, la ville de son enfance. Elle y revenait occasionnellement mais trop peu à son goût, elle s'assurerait que sa tante n'apprenne jamais sa présence ce soir là. 

  - Où est-ce qu'on va ?

Allanah avait finalement reposé son regard sur Aleksander qui n'avait, lui, pas détourné les yeux de la jeune femme. Il avait rarement eu l'occasion de voir ses pupilles se rétrécir aussi promptement, de voir la joie dévaler ses yeux, c'était étrange de la voir ravie par une action si anodine et cela lui fit un léger pincement au coeur. Il se reprit afin de répondre à la jeune femme :

  - J'ai pensé que tu n'aurais pas aimé passer deux heures en face de moi en cherchant toujours un sujet de plus, émit-il en laissant Allanah pousser un soupire de soulagement qui le fit rire, alors on a qu'à aller dans un bar, on boit quelques coups, on danse, et on part quand on est lassé.

La jeune Green hocha la tête, plutôt satisfaite des projets de cette soirée. Être aux États-Unis la rassurait déjà énormément, elle n'avait plus cette impression constante d'être épiée et que tous sachent où elle était, elle était juste libre ce soir. Ils marchèrent quelques minutes dans les rues où quelques groupes s'amassaient sous des abris, espérant contrer le froid et leur sociabilité avec les gens à l'intérieur. Aussi têtus qu'ils étaient, les deux aurors avaient du mal à se décider, la pression jouait sur leurs esprits. Ils voulaient tout deux que cette soirée se passe au mieux et craignait de faire un mauvais choix.

Finalement, Allanah se détacha du jeune homme sur un coup de tête et pénétra dans un des bars qui longeait la rue. Elle se retourna pour voir le sorcier la rejoindre et se dirigea ensuite directement vers le bar pour commander une bouteille de vodka. Elle savait que ce n'était pas aussi fort que le whisky pur-feu mais elle se contenterait de cela.

  - Peut être que je voulais de la tequila ?

Allanah se retourna, faisant se rabattre ses cheveux sur son dos, la bouteille déjà en main, et sourit en avouant :

  - La bouteille n'était pas pour nous deux.

Il leva directement les yeux au ciel avant de se commander personnellement un verre, il profita de l'attente de sa commande pour se tourner vers la sorcière qui buvait déjà au goulot.

  - Allanah, t'as un vrai problème avec l'alcool.

La ton dur qu'avait employé le jeune Almánzar avait braqué Allanah dans son mouvement. Son bras était longuement retombé le long de son corps. Alphard et elle avaient un problème avec l'alcool, Abraxas également, tous le savaient et tous riaient. Mais à cet instant, Aleksander ne riait pas du tout, il était consterné, il la jugeait même. Elle haïssait cette déception qu'elle voyait dans les iris de son collègue, il n'avait pas le droit de la juger.

  - C'est bien toi qui m'a invité à boire des coups nan ?

  - Boire quelques verres, danser, parler, et pas se bourrer la gueule, rectifia-t-il avec ce même ton condescendant qui irritait l'américaine.

Elle resta silencieuse, et se contenter de refaire basculer la bouteille jusqu'à ses lèvres.

- Depuis quand tu bois autant ? C'était pas comme ça à Ilvermorny, j'imagine que ça a commencé à Poudlard, supposa le jeune homme avant d'ingurgiter le verre déposé devant lui.

Elle hocha la tête avant d'avouer :

- C'est plus facile de s'endormir bourrer, sous le regard interrogateur de son collègue, elle expliqua, on se souvient moins bien des cauchemars, on oublie plus vite, on se distrait. C'est plus facile de vivre comme ça.

- C'est plus facile de se bousiller le cerveau et la vie ?

Allanah pouvait sentir la colère émaner de la voix d'Aleksander, elle ne pouvait pas lui en vouloir et pourtant elle le faisait. Elle lui en voulait terriblement, elle pinça ses lèvres et s'approcha un peu plus de lui.

- La manière dont je gère mes problèmes me regarde, Aleksander, je ne dirais pas que tu n'as pas de raison de t'inquiéter mais je ne veux simplement pas que tu le fasses.

Allanah avait prit sur elle pour ne pas plus s'énerver. Elle avait enfermé cette envie grandissante de faire du mal au jeune homme, cette envie qui ne venait pas réellement d'elle mais d'un mal bien plus profond.

- Tu préfères qu'on parle de ce qui s'est passé dans la forêt de Dean, ou de Grindelwald peut être ? Proposa-t-il, le sourire taquin aux lèvres, comme si les dernières minutes avaient disparues.

- T'as pas de sujets plus joyeux ?

Il ricana tandis qu'elle prenait place à ses côtés et commandait un apéro pour eux deux, il la regardait discuter avec le barman, soudainement polie, joyeuse et émanante de bonté, elle s'était transformée en une seule seconde.

- Tu n'est plus du tout la fille qui a quitté Ilvermorny en quatrième année, affirma-t-il en ne la lâchant pas des yeux. Je voudrais juste avoir pourquoi.

- J'ai changé, comme tout le monde avec le temps. C'est la vie, Aleksander.

Allanah avait plongé ses yeux dans les siens, poursuivant son mensonge à la perfection, ses yeux montraient bien la même légèreté naïve que ses paroles. Elle savait bien qu'il ne la croyait pas et il avait tout à fait raison. Elle s'en voulut de s'être confié à lui le soir du dîner, sur le retour, de s'être montrer si faible devant quelqu'un. Elle soupira et lança simplement :

- J'ai rencontré quelqu'un à Poudlard.

- Un homme ?

Plus qu'un homme encore, pensa-t-elle. Elle était figée dans ses pensées, elle avait laissée ses mots glisser naturellement de sa bouche puisque c'était vrai, tout avait commencé avec Tom, et tout finirait dans cette même allure.

- Je crois que le simple fait de l'avoir rencontrer à changer toute mon existence et tout ce que j'étais, expliqua-t-elle, le cœur battant si fort, la main tremblante cachée sous le bar.

  - En bien ou en mal ?

Elle prit quelques secondes pour réfléchir, le cœur battant jusque dans ses oreilles, la plongeant dans une trans détestable à la simple pensée de Tom.

  - Je crois qu'il ne pouvait pas me rendre pire que je ne l'étais déjà, tout ce que je suis est juste différent quand je suis avec lui.

- Peut être que tu as peur d'être toi même avec lui, essaya Aleksander, ne souhaitant pas brusquer son interlocutrice qui s'ouvrait peu à peu. Donc, tu changes quand il est là.

Elle voyait bien ce que le jeune Almánzar essayait de faire, il était un homme et dans cette qualité qu'ils possédaient tous, il ne voulait pas qu'un autre la fasse se sentir complètement elle-même. Pourtant c'était le cas, Tom l'avait toujours fait sentir comme elle était réellement et c'était également vrai qu'elle avait peur de se montrer comme cela près de lui. Puisqu'elle n'était pas sûre d'encore pouvoir mentir aux autres après avoir été aussi vraie avec lui. Elle hocha longuement la tête et décida d'abandonner cette conversation.

- Tu ne m'avais pas proposer de danser ?

Aleksander sourit, comprenant qu'elle souhaitait s'éloigner des discussions comme celle-ci. Il la força à déposer la bouteille d'alcool et l'entraîna dans le fond du bar où une piste de danse avait prit forme au cours de la soirée. Il commença par la faire tourné pour entendre son rire se répercuter dans tous les coins du bar. Ils dansaient maladroitement, les effets de l'alcool altéraient déjà leurs mouvements. Mais après tout, ils riaient, ils se détachaient de leur vie en Angleterre et se contentait d'apprécier la compagnie d'inconnus et celle d'une danse anodine qui importait bien plus dans le cœur de l'un que de l'autre.

Allanah s'amusait, mais le plus risible était qu'Aleksander croit encore après tout cela que ce sourire était le sien, et qu'Allanah croit qu'il était véridique.

La soirée passa rapidement, ils ne parlaient pas, du moins, pas de ces mots qui marquent. C'était un moment simple qui restait gravé en Aleksander, il partageait cet instant banale avec quelqu'un qui le rendait bien plus spécial. Il apprit la manière dont les yeux d'Allanah brillaient lorsqu'elle entendait une musique qu'elle aimait, comment son corps répondait naturellement à cette envie de danser. Il réalisa que son corps bougeait avec une élégance qui éblouissait les alentours, il réalisa qu'il avait de la chance de partager de ce moment avec elle et Allanah savait ce qu'il pensait d'elle.

Cela brillait dans ses yeux, mais les éclats ne faisaient que se refléter dans les siens, rien ne se mêlait étroitement, simplement une illusion comme son sourire.

Les gens avaient peu à peu disparus et la musique avait perdu de sa splendeur jusqu'à n'être qu'une légère symphonie qu'on chantonne aux bords des lèvres. Aleksander et Allanah se retrouvaient à nouveau au bar, ils riaient avec le barman qui insistait pour les revoir bientôt pour une nouvelle soirée comme cela. La jeune Green remettait son manteau sur ses épaules, se préparant au froid de la nuit sans avoir aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. Ils quittèrent la chaleur du bar en saluant certaines personnes qui avaient participé au bonheur de cette soirée. Les deux sorciers s'engouffrèrent dans la brume que laissait s'abattre le froid sur New-York, naturellement, ils se rapprochaient l'un de l'autre pour chercher la chaleur humaine.

Aleksander s'engouffra rapidement dans une ruelle vide, il regarda Allanah et lui intima :

  - Est-ce que tu me laisses t'emmener quelque part avant de rentrer ?

- Est-ce qu'il fera plus chaud qu'ici ? Quémanda-t-elle, le nez rougie par les basses températures.

Il grimaça ce qui entraîna le soupir de le jeune femme. Elle le laissa tout de même prendre son bras pour transplaner. Elle réalisa qu'elle avait bien trop bu lorsqu'elle arriva à destination, elle avait sentie son estomac bien trop vide se retourner et la laissait patraque à l'arrivée. Après s'être assurée qu'elle tenait encore debout en s'accrochant aux avant-bras de l'auror, elle releva la tête pour découvrir qu'ils étaient sur une falaise, que le ciel reflétait jusqu'à eux des millions d'étoiles et qu'il faisait tout aussi froid qu'à New-York. Ils étaient sur une des falaises qui faisait face au château de granite et à l'école de magie Ilvermorny, qu'ils avaient tout deux fréquentés.

Elle restait à observer le vieux château qui n'avait pas changé alors qu'elle avait été transformée par les années.

- Tu étais déjà revenue pendant ta cinquième année, durant les vacances de Noël.

Elle hocha la tête tout en s'approchant du bord de la falaise et du château, c'était si étrange de se revoir faire face à cet édifice. Elle était partagée entre son lien pour lu et le sentiment de n'y être plus qu'une étrangère.

- J'ai jamais réellement aimé cette école donc ça m'a surpris que tu prennes le temps d'y retourner, expliqua-t-il, en scrutant son ancienne école, les sourcils froncés.

- Pourquoi tu ne l'aimais pas ?

Il soupira tout en se grattant l'arrière du crâne puis finit par expliquer :

  - J'ai jamais été très esprit d'équipe, camaraderie tout ça, j'ai jamais ressenti cette école comme une deuxième maison. C'était juste...mon école. On venait souvent ici la nuit avec mes sœurs, c'était le bon côté de cette école.

Bien qu'elle comprenait l'avis d'Aleksander, Allanah avait toujours vu en Ilvermorny et Poudlard un moyen d'échapper à sa propre demeure, aussi horrible aurait pu être son école, ce n'était pas chez elle et c'était donc bien mieux. Elle prit une grande respiration et prit la parole à son tour :

  - Je me sentais protégée quand j'étais à Ilvermorny, bien plus que n'importe où, murmura-t-elle en s'asseyant sur l'un des rochers qui ornait la falaise, j'avais la sensation que tout ce qui pouvait m'atteindre ne franchissait jamais les portes du château.

Elle n'osait encore une fois affronter le regard du jeune homme, car il était normal de se questionner sur ce qui peut assaillir une petit fille de onze ans pour qu'elle ne veuille que fuir. Aleksander n'était pas idiot, il avait vécu lui aussi aux États-Unis pendant que Grindelwald arpentait le pays. Plus elle parlerait, plus il comprendrait la vérité sur sa fuite en Angleterre.

  - Et Poudlard alors ? On dit qu'il n'y a pas de lieu plus sûr que Poudlard.

  - Sûrement pour beaucoup, répondit-Elle simplement, pour moi, Poudlard est la meilleure et la pire chose qui me soit arrivée, et c'est sûrement le lieu le plus sûr pour ceux que le pouvoir n'a jamais approché.

Les deux restèrent silencieux, Aleksander réfléchissait et Allanah savait qu'elle en avait beaucoup trop dit.

  - Et tu vois toujours Andrew et Freya, c'étaient tes meilleurs amis, nan ?

La honte envahit légèrement la gorge de la jeune femme à l'entente de cela. Allanah avait abandonné beaucoup de gens en quittant les États-Unis mais c'était sûrement ceux qui méritaient le moins son départ. Ils avaient tout deux été de très bons amis pour la petite fille qu'elle était, au même titre qu'Ilvermorny lui manquait parfois. Il fallait avancer et elle n'avait aucune intention d'avancer en trainant des fardeaux du passé derrière elle quand la guerre s'annonçait à l'horizon.

  - Pas depuis mon départ, Freya est devenue journaliste, je crois, et Andrew poursuit sa carrière de Quidditch. Ils vivent leurs vies de leur côté.

  - Pas de regrets donc ? Demanda-t-il, intrigué par son détachement complet.

  - Aucun, assura-t-elle, en souriant, les regrets, c'est pour ceux qui prennent le temps de penser.

Allanah donna un coup dans ses cheveux qui s'étaient regroupés devant ses yeux, elle voyait bien qu'Aleksander n'aimait pas sa façon de pensée. Ses yeu s'étaient plissés et son visage avait laissé entendre qu'elle agissait de la mauvaise manière. Il n'y avait aucun doute, Allanah et Aleksander n'étaient pas fait pour se comprendre.

  - Tu penses pareils de tes parents ?

  - Et toi, alors ? Rétorqua la blonde, toi aussi tu as quitté les États-Unis et laissé ta mère et te sœurs seules ici. Des regrets ?

Allanah avait toujours eu horreur qu'on lui reproche ses choix, comme si tous s'imaginait que cela avait été simple de quitter son pays et d'abandonne toute cette vie derrière.

  - Ce n'est pas pareil, grommela-t-il, moi, je n'ai pas conduit mes sœurs et mes cousins à me suivre sur un autre continent, ma mère n'est pas seule, elle.

Allanah fut paralysé par le culot dont Aleksander osait faire preuve alors qu'il ne savait rien de sa vie, et bien sûr, elle était la coupable à ses yeux.

  - Je te conseille de faire attention à ce que tu dis, et surtout de réfléchir plus intelligemment à ce qui a pu poussé toute une fratrie à fuir aussi loin de ses parents.

Elle vit s'étendre la honte dans les yeux du jeune homme, il savait bien qu'il avait fauté et elle fut satisfaite de le sentir coupable.

  - Tu disais voir m'analyser, alors je te donne un conseil, proposa-t-elle en essayant de calmer sa colère montante. Arrête de parler de mon passé, sinon tu n'arriveras jamais à rien si ce n'est à disparaître de ma vie.

- Qu'est-ce que tu caches avec autant de crainte qu'on ne le découvre, prononça-t-il longuement, faisant accélérer les battements du coeur d'Allanah.

Elle se contenter de le fixer, sans jamais lui accorder de réponse, jusqu'à ce qu'il poursuive :

  - Je t'ai analysé toute la soirée, j'ai provoqué toutes les situations que je savais dangereuse à aborder. Mais il me semble que ce que tu caches vraiment n'as rien à avoir avec tout ce que j'ai pu abordé.

La seule chose qu'Allanah retenu de sa tirade fut qu'elle s'était laissée avoir comme une idiote. Elle n'avait pas songé une seule seconde qu'Aleksander puisse agir comme cela alors qu'il était prêt à l'analyser depuis leurs retrouvailles. Elle n'arriva plus qu'à s'en vouloir à elle même.

  - Toute cette soirée, c'était que de l'analyse.

La voix de la jeune femme avait légèrement tremblée, sous la colère ou la déception, elle l'ignorait. Elle s'en voulait mais elle se sentait tout aussi blessée.

  - Tu me plais vraiment, Allanah, rectifia-t-il en posant un regard sincère sur la sorcière, et bien sûr que cette soirée n'avait pas que le but de t'analyser, je voulais te cerner pour mieux de charmer ensuite.

Il déclenche un léger rire qui détendit l'atmosphère, il finit par avouer :

- Je ne cherche pas à te faire du mal en parlant de tout ça, j'essaye juste de te faire comprendre que ce n'est pas en n'y pensant jamais que tu régleras tes problèmes.

Il avait raison mais cette pensée saine gravitait à la surface tandis qu'elle avait passé toute cette soirée à s'enfoncer peu à peu dans le mensonge. Tout était sombre autour d'elle, la voix d'Aleksander était lointaine et qu'un murmure de ceux à qui on accordera jamais l'attention qu'ils méritent, ni la place qu'il veulent réellement dans nos vies.

- J'ai du mal à comprendre ce qui t'empêche d'être heureuse après toutes ces années.

Allanah écarquilla légèrement les yeux mais la brusque prise de parole du jeune homme, elle fronça les sourcils et le laissa poursuivre :

- Ça va faire sept ans qu'on travaille ensemble, sept ans qu'on se côtoie et peu importe le moment, que tu es pu rire aux éclats la minute d'avant, tu finis toujours par regarder dans le vide et perdre tout expression; comme si tu n'étais plus qu'une coquille vide.

Une coquille vide ? C'était donc ce qu'elle était devenue.

- Et ces temps-ci, c'est tout le temps, tu peux nous gâcher des choses tu sais mais pas si ça te met en danger.

Elle resta sans voix quelques secondes, entrouvrait la bouche et finissait par la refermer sans trouver les mots justes pour le rassurer.

- Je n'aime pas demander de l'aide.

Les mots de Grindelwald tournaient encore en boucle dans son esprit, demander de l'aide nous asservie, Allanah, sois toujours celle qu'on quémande et jamais l'inverse.

Elle ne laissa pas l'occasion au jeune homme de rétorquer les belles paroles qu'elle connaissait déjà sur les bienfaits de s'ouvrir aux autres, elle s'approcha de lui et attrapa le briquet transformé en portoloin dans sa poche. Il sourit et accepta de mettre fin à leur soirée. Le mécanisme magique se remit en marche et après plusieurs heures aux États-Unis, les deux sorciers étaient revenus dans cette ruelle vide du Londres moldu. Ils se faisaient toujours face bien que les alentours étaient moins alléchants que la falaise bordant Ilvermorny.

- Allanah ?

Elle releva les yeux vers le jeune homme qui souriait d'un air taquin ce qui la fit directement froncer les sourcils.

- Tu ne m'as jamais dis si je te plaisais.

Allanah sourit à son tour et se mit à scruter plus attentivement le jeune homme. Aleksander était plus grand qu'elle, légèrement mais pas trop tant elle ne se sentait pas dominer par lui. Il avait un teint naturellement allé qui contrastait avec les anglais, il avait de magnifiques pommettes, et une mâchoire carré qui semblait faite pour être entre ses mains. Aleksander était un homme incroyable beau, et aussi intrigantes étaient ses prunelles noires, ses lèvres étaient la plus belle partie de lui. Physiquement, il lui plaisait plus encore qu'elle ne le devrait.
Lorsqu'il ouvrait la bouche, il était difficile pour elle de ne pas s'énerver, il était irritant, blessant, indélicat, mais il la faisait se sentir désirée, comme on désire une égale.

- Tu me plais, affirma-t-elle, en alternant son regard entre ses lèvres et son sombre regard.

D'un seul coup, elle détourna les yeux, et recula légèrement pour signer la fin de cette soirée. Elle le salua, ils se promirent de refaire cela le plus tôt possible tandis que la jeune femme resta statique suite à son départ, complètement immobile. Elle avait sentie cette dangereuse énergie près d'elle, mais elle avait sentie autre chose en elle.

- Pourquoi tu ne l'as pas embrassé ?

La voix de Tom avait serpenté jusqu'à elle, fait frissonner ses membres malgré les couches les protégeant. La simple sensation de sa présence lui avait rappelé qu'elle avait damné son entière existence le jour où elle avait posé ses lèvres sur les siennes.

- Tu m'as attendu toute la soirée ici ? Ironisa-t-elle pour ne pas avoir à répondre à cette question.

Elle le sentit longer ses côtés, calculant la manière dont son manteau pouvait frôler le sien et son ombre devenir plus menaçante pour elle. Elle se sentait misérable dans cette position, misérable d'avoir espéré qu'il vienne à elle comme il le faisait. Ils se faisaient face comme Aleksander et elle le faisaient il y a peu. Rien n'était cependant comparable; l'énergie qui émanait des deux sorciers se mêlaient diablement bien et ils se retrouvaient liés par quelque chose qui dépassait les humains de ce monde.

- Allanah, regarde moi dans les yeux.

Elle se sentait ensorcelée tant les paroles de Tom noyaient la volonté même de la jeune femme, rien n'avait changé, il contrôlait chaque battement de son cœur jusqu'au dernier. Elle releva sa tête pour affronter son regard déstabilisant, elle affronta bien pire lorsqu'il se mit à parler.

- Regarde moi et cesse de te noyer dans le déni, juste, regarde moi.

Elle se laissa porter par le velours que contenait la voix du sorcier, par la perfection de ses traits, Tom était le pire des anges que l'Enfer ait porté jusqu'à elle.

- Je te laisserais le temps qu'il te faut pour réaliser quel est le bon choix pour toi, mais je ne suis pas quelqu'un de patient, menaça-t-il mais d'une voix si douce qu'elle caressait l'ouverture de ses lèvres.

- Tu n'auras pas ce que tu veux de moi, Tom, c'est trop dangereux, murmura-t-elle, prenant peur qu'Alphard n'entende leur discussion.

Tom laissa se placer un sourire sur son visage, condamnant les espoirs de la jeune femme. Elle jouait vainement contre lui, elle le sentait depuis qu'il était revenu, le jeu était différent.

- J'ai déjà tout ce que je veux de toi, et maintenant que tu as toutes les cartes en main, Allanah, c'est à toi de savoir si tu veux enfin marquer ton nom au fer rouge dans les esprits de tous, devenir ce pourquoi tu es venue au monde.

Il plaça sa main derrière sa nuque, le contact l'électrisa et elle se laissa aller à la passion.

- On va devenir des légendes.

Comme un supplice dont on ne connaît ni le début ou la fin, Tom posa ses lèvres sur les siennes et toutes ses années s'envolèrent dans un brasier ardent. Elle rapprocha leur corps, elle voulait le sentir contre elle autant qu'il était possible, et même plus encore. L'effet grisant de cette erreur emplit sa bouche d'un délice malsain. Des légendes, des murmures craintifs et des odes à leurs craintes, leurs noms comme la mort que tous fuient, cela ressemblait à la réalité qu'elle avait toujours fuit.

Tom se sépara d'elle dans un hoquet de sa part, le souffle encore coupé par leur échange, il la laissa seule dans cette rue comme il avait l'habitude de le faire. Il chamboulait l'univers entier et disparaissait comme la douceur de ses lèvres sur les siennes. Il ne restait plus que ses lèvres gonflés par le mal, sa gorge étranglée par le doute, ses yeux vides de sens.

Maintenant le déni paraissait plus dure, et c'est la vérité qui était alléchante, lâcher prise et savoir qu'elle ne pouvait pas échouer puisque qu'il était avec elle. Elle avait en possession toutes les cartes, tout ce qu'elle devait faire, c'était affronter ses plus noirs démons, et réaliser de quel côté elle se battait réellement.

bonsoir à tous !
je m'excuse encore une fois de leurs tardive à laquelle je poste mais je ne pouvais pas faire autrement, j'ai du me dépêcher pour finir mon chapitre pour aujourd'hui. avec la reprise, le rythme risque d'être plus espacé mais j'essaierai tout de même de poster toutes les deux semaines !

alors tout d'abord, avez-vous aimé ce chapitre ?
qu'avez-vous pensé de l'affaire dans laquelle s'est plongé Allanah ? pensez-vous que c'est une mauvaise idée ?
le rendez-vous avec Aleksander (je vous dis je le déteste) ?
la fin ? des avis sur la suite ?

je tiens aussi à m'excuser des nombreuses fautes que vous auriez pu trouver dans ce chapitre, je n'ai absolument pas eu le temps de le corriger mais j'essaierai au plus tôt !

merci d'avoir lu, à la semaine prochaine !

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