39 | 𝓪chilles, come down.
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| CHAPITRE 39 |
where you go I'm going so jump and I'm jumping since there is no me without you soldier on Achilles
Achilles come down won't you get up off, get up off the roof?
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L'HÔPITAL DE ST-MANGOUSTE
était toujours calme, d'un naturel discret, comme pour fondre dans la masse la douleur des sorciers d'Angleterre. Pourtant cette matinée de Novembre, un arrivage de sorciers donna un brouhaha que les couloirs de ce bâtiment n'avaient depuis longtemps pas connu. Deux groupes n'en formaient plus qu'un, et les deux distinctes vies d'Allanah se retrouvaient mêler dans un étrange pactage. D'un côté, ses collègues aurors qui avaient bien plus l'habitude de voir leurs proches dans un hôpital, ayant donc l'habilité de cacher leur panique. D'un autre, ses amis et sa famille, obsédés par l'idée de la voir et de la savoir en sécurité.
Allanah fut doucement réveillée par ses élévations de voix non loin d'elle qui la fit grimacer plus encore que sa douleur physique. Elle percevait distinctement la voix fluette de sa sœur, qui répétait à tord et à travers qu'elle devait voir sa sœur, celle-ci lui dirait bien de se calmer et que c'était diablement mauvais pour le bébé qu'elle portait, mais elle nécessiterait plus de soin après cela. La jeune femme planta ses paumes sur le lit blanc et se redressa difficilement en soupirant une fois calée contre ses oreillers. Sans étonnement, elle vit Alphard, sur la chaise à ses côtés, comme une rengaine qu'aucun d'eux n'appréciaient.
- Tout le monde est là, demanda-t-elle en imaginant déjà la réponse, suite au hochement de tête de son ami, elle ajouta, comment va Joline ?
- Mieux, répondit simplement Alphard, Aaron la ramenait chez eux et est revenu aussitôt pour attendre ton réveil.
La jeune femme hocha lentement la tête en se remémorant peu à peu les événements avant qu'elle ne s'évanouisse. Elle ressentait encore les effets de la magie qui avait frappé son corps et elle était persuadée de devoir supporter une énième cicatrice sur son corps, une énième trace de magie noire qui enlaidissait la guerrière du bien. Elle passa sa fine main sur le long de son visage, voulant effacé cette fatigue que même le sommeil n'avait pas atteigné, que rien ne pourrait amoindrir. Sa propre âme était épuisée, depuis si longtemps, quand échapperait-elle véritablement à ses démons ? Pourrait-elle espérer partie en paix avec elle-même ?
- Tu t'es bien battue, avoua son ami, voulant la rassurer.
- Tu n'étais même pas là.
Allanah avait affiché un léger sourire tandis que son interlocuteur restait sérieux.
- Tu es en vie, ça suffit à le montrer, lui assura le jeune Black, se relevant pour se rapprocher d'elle.
La sorcière ne sut quoi rétorquer, elle accorda simplement un sourire sincère à Alphard qui se démenait tellement pour être toujours à ses côtés, elle ignorait ce qu'elle ferait sans lui. Il dévoilait toujours au monde une mine sûre et confiante qui laissait croire qu'il contrôlait tout même lorsque ce n'était pas le cas, c'était rassurant face à une jeune femme colérique qui ne sait contrôler ses émotions.
- Dis Alphard, interpella la jolie blonde en souriant déjà de sa bêtise, tu crois qu'on pourrait s'enfuir en transplanant avec toutes mes affaires sans prévenir les autres ?
- Attrape ma main, princesse !
Les deux amis ricanèrent dans une douceur qui lui rappela d'autant plus à quel point elle aimait ces moments simples qu'elle partageait avec Alphard, Cet aspect d'un amour qu'elle n'avait que le droit d'espérer, Allanah adorait l'idée d'aimer Alphard malgré qu'elle n'en aurait jamais le courage, la force ou même la possibilité. Elle se souvenait à chaque instant de sa vie, tu t'es damnée pour moi, Allanah, la voix du serpent et les murmures des anges à sa chute, le bruit de l'amour fait écho au chant des tambours de guerre, dans son cas, l'attraction de leurs âmes, à elle et à Tom, rythmaient avec l'apocalypse.
- Mon dieu, Allanah ! Tu es brûlée ! C'est une horreur, un scandale !
Sa petite soeur était rentrée dans sa chambre d'hôpital, enceinte jusqu'aux os et le comportement mutait en celui de son jumeaux et de sa soeur, irritant, colérique et violent. Elle s'affolait déjà en se précipitant vers l'aînée de sa fratrie, elle vit en arrière plan son mari secoué la tête en s'excusant du regard. Elle ferma les yeux, attendrie, avant de les rouvrir vers Alphard, le questionnant du regard.
- Des restes de magie noire probablement, supputa-t-il en haussant les épaules, dévoilant son manque d'inquiétude, ça partira avec le temps, ne t'en fais pas !
- Cet hôpital est censé soigner les gens, les soigner ! appuya-t-elle d'une voix fluette qui irritait souvent Alphard. Non simplement camoufler la magie noir sous une BRÛLURE !
Vector attrapa le bras de sa femme pour essayer de la garder entre les siens afin qu'elle arrête d'hurler sur Alphard qui l'observait d'un œil rieur. De cette scène, profita Walburga Black pour pénétrer à son tour sa chambre d'hôpital, accompagnée sans grande surprise par Abraxas qui soupirait déjà à vu d'œil. La jolie Black se faufila jusqu'à son lit et se pencha vers elle pour rapidement l'enlacer, sans trop grande attention à si elle la faisait souffrir ou non, elle lui balança :
- Tu pourrais prévenir quand tu fais des coups comme ça ! Que je me prépare mentalement et physiquement à être en deuil !
Allison afficha une mine mortifiée alors que tous riaient autour d'elle, Alphard ne manqua pas une seconde pour rétorquer à sa soeur :
- T'es constamment en noir, ça devrait pas être difficile pour toi de porter le deuil, Lilith.
Walburga foudroya son frère du regard et l'ignora tout aussitôt. Elle attrapa un chaise et par la même occasion le dossier médicale laisser sans surveillance mais qui devrait évidemment ne pas être ici, avait-elle seulement conscience que des choses pouvaient lui être refuser ? Abraxas s'approcha de la jeune blonde et lui frotta la tête, provoquant instantanément un rictus d'énervement chez elle, il ria et déclara :
- Tu comptes nous faire ça jusqu'à ce que tu puisses plus marcher toute seule !
- Tu crois ?! Même sur mon lit de mort, je chasserais les mages noirs, rétorqua l'auror en riant légèrement.
- Et ton enterrement viking, alors ?
La voix faussement attristée de son colocataire l'a détendu un peu plus encore, l'ambiance pesante évoquant sa présence ici disparut de son esprit et elle fit le vide dans sa tête.
- D'accord, alors je chasserais les mages noirs sur mon drakkars, c'est mieux ?
Comme un enfant, Alphard agita sa tête de haut en bas en souriant vivement, sous le regard incompris de tout ceux qui étaient à leur côtés. Suite à cela, son frère ainsi que ses coéquipiers aurors pénétrèrent sa chambre d'hôpital, elle eut le sentiment d'être étouffée par tous, mais ne leur en tenu pas rigueur, elle n'imaginait pas l'inquiétude qui les éprenait lorsqu'elle se retrouvait dans cet état. Allanah les rassura tous, et accorda plus personnellement une étreinte à Le'o dont elle voyait la panique encore présente dans le regard.
Le jeune Avery avait légèrement changé, ayant comme eux tous pris les dernières germes que la vie adulte donnait. La jeune femme ne pouvait pourtant que discerner les cernes qui se noircissaient sur son visage et les joues qui se creusaient. Il allait mal, bien particulièrement depuis quelques semaines, peut être plusieurs mois, il était dur d'éclairer la souffrance de quelqu'un qui nous est cher, Allanah voulait simplement être en paix, elle et le monde sorcier.
- Allez, allez, Allanah va bien, tout va bien, déclara subitement son meilleur ami, les poussant à s'en aller, maintenant, sortez tous avant que je vous en colle une !
Walburga ainsi que tous les anciens serpentard de la pièce haussèrent un sourcil à l'entente de ses mots et Abraxas ne se gêna pas pour lui accorder un adorable doigt d'honneur en quittant la pièce. Avant qu'elle ne parte, Allanah put apercevoir Anaidéia lui faire un sourire réconfortant qu'elle lui rendit aussitôt, mais elle avait bien vu que son inquiétude était toujours là. La jeune femme se mordit la lèvre, elle avait bien trop de secrets à garder, et bien trop d'attaches envers elle pour lui faire subir les conséquences de son passé. Aujourd'hui, le passé n'existait plus, elle avait vaincu les relents de ses souvenirs destructeurs, elle allait pouvoir vivre, se mentit-elle à elle-même.
Une fois seuls, elle invita Alphard à se blottir contre elle dans le minuscule lit qu'elle occupait, ils passèrent le reste de son temps sous surveillance à l'hôpital à dormir emmitouflée dans les bras l'un de l'autre, à se blottir dans les rires enfantins qu'ils émettaient. St-Mangouste était plongée dans une fixation du temps que les deux sorciers savouraient, l'instinct d'Allanah lui tordait le ventre. Quelque chose de terrible allait arrivé, et elle ne pourrait rien faire pour l'arrêter. Elle serrait si souvent sa main dans la sienne pour se rappeler qu'elle n'était pas seule, mais ces temps-ci, l'aspect de leurs étreintes respiraient le goût des dernières fois. Elle avait peur et son attachement à ce monde, et à Alphard lui faisait craindre d'autant plus la suite des événements.
Trois jours plus tard, les deux anciens serpentards avaient investis un parc non loin de chez eux où ils aimaient s'allonger et se rappeler au combien Poudlard et son parc leur manquaient. Ils avaient amener quelques mets qui étaient en réalité bien plus destiner au jeune homme, bien qu'Allanah savourait la saveur de son café pour la motiver dans ses recherches.
- Tu dis que tu n'as rien trouvé à Poudlard ? Répéta le jeune Black, assimilant les données, même dans les réserves ?
- J'ai quelques pistes, rectifia la jeune femme, fouillant à travers les parchemins qui ornaient la couverture sur lequel ils reposaient, mais rien d'assez précis, peu importe ce que c'est, Tom savait que je chercherais à savoir, il le savait à la seconde où il m'a laissé en possession du journal...
Alphard contracta sa mâchoire à la vision de son amie, aussi désespérée, et lui-même, souhaitant à tout prix empêcher les plans de Tom de se réaliser.
- Cette chose, pointant le journal d'un œil mauvais, est liée à lui d'une manière ou d'une autre, elle est comme lui, ça signifie bien quelque chose, nan ?
Allanah soupira, son ami était adorable d'essayer de l'aider mais toutes ses suppositions sans dénouements lui donnaient des envies de meurtres.
- Alphard, ça peut signifier mille choses et aucune à la fois, j-je sais pas, écoute, ça fait des années que je cherche et il est évident que je ne trouverais pas aujourd'hui !
- Mais, s'opposa-t-il en se redressant de sa cuisse où sa tête reposait, c'est ton travail de débusquer les projets des méchants avant qu'ils n'agissent, enfin, je sais pas moi !
Elle pinça l'arête de son nez et déclara avec assurance :
- Tom n'est pas un des stupides sbires de Grindelwald, murmura-t-elle, son intelligence et sa puissance magique dépasse de bien loin l'entendement.
Le silence prit le contrôle de la verdure tout autour d'eux, et de leur propre esprit. Les deux amis n'osaient plus évoquer le futur mage noir, Allanah avait honte. Après toutes ces années, elle aurait souhaité perdre cette soumission, que Tom ne soit qu'un sorcier ambitieux parmi tant d'autres. Mais il y avait tant de choses que même le temps n'avait pas effacé, qui restait statique et patient dans son coeur. Cela dépassait l'entendement également, la raison, la morale et la bienséance n'avaient pas sa place dans un monde régit par Tom, et ce monde s'était forgé en elle.
- Tu pourrais utiliser la bibliothèque des Black, celle chez Walburga ?
Allanah releva la tête, étonnée mais surtout intriguée par cette proposition. Alphard ne la regardait pas, il scrutait le ciel et en vérité, il fuyait son regard. Lui, au contraire, avait préféré se berner d'illusion toutes ces années et espérait que plus jamais Tom ne ferait irruption dans sa vie, soudainement, tout s'effondrait autour de lui et il réalisait qu'il avait eu tord. Il revoyait à présent le regard de tout ceux qui l'entouraient se noircir à nouveau, comme à Poudlard, l'emprise du diable revenait, irrévocablement, comme si elle n'était jamais partie. Il aimerait pouvoir sauver Allanah de tout cela.
- Tu crois qu'elle me laisserait y jeter un œil ? questionna-t-elle, l'air dubitatif en ce qui concernait des livres aussi anciens.
- Bien sûr ! Se reprit le jeune homme en se redressant correctement face à elle, elle t'aime bien plus que moi ! Le problème c'est...
- Orion.
En effet, la relation tumultueuse entre Orion et Allanah n'avait pas évoluée et c'était même restreint dans une plus grande adversité. Orion Black ne cachait pas sa tendance vers la magie noire et Allanah ne se lassait pas de l'empêcher constamment d'agir contre elle. À ses yeux, il restait le même petit garçon qui avait tenté de la soumettre honteusement durant Poudlard, tandis qu'elle s'était élevée aussi haut qu'il ne pouvait qu'observer son ridicule.
- Il n'aura pas à le savoir, rétorqua-t-elle tout en rassemblant ses affaires dans un sac en toile. On devrait rentrer, je dois me préparer pour ce soir !
Alphard soupira et marmonna des choses incompréhensibles en l'aidant à ranger leurs affaires. Allanah savait bien ce que pensait son meilleur ami, et à vrai dire, elle n'en pensait pas moins. Le bureau des aurors, plus précisément Anaidéia et Ernest, adorait organiser des dîners où tous les aurors se retrouvaient, dans une soirée calme et reposante en échange de leur quotidien mouvementé. La jeune femme n'avait jamais rien eu contre cela, mais cette fois-ci, elle savait avec certitude pourquoi il était organisé.
Depuis la sortie de l'hôpital et son congé pour son rétablissement, la jeune Green n'avait donné aucune nouvelle au ministère anglais, à quiconque si ce n'est Thomas qui était venue la voir chez elle. Mis à part cela, elle s'était terré dans le silence et n'osait affronter les différents regards de ses coéquipiers. Tous connaissaient le scandale du meurtre de son jeune frère par Grindelwald, du procédé honteux visant à accuser sa famille, de son combat avec le mage noir, ils savaient les apparences, la surface ridicule de l'iceberg. Car en vérité, sous la mer, elle coulait implacablement, son passé la tenait prisonnière de ses tourments et elle ne voudrait pour rien au monde qu'ils apprennent toute son enfance.
Elle secoua la tête, ignora le regard interrogatif d'Alphard et prit la route avec lui jusqu'à chez eux, le chemin fut silencieux, malgré ses désirs, Allanah restait plongée dans ses pensées et n'arrivait pas à défaire le noeud à son estomac. Parfois, elle lançait un regard tout autour d'elle, comme s'il serait là, dans un coin de la rue. Il lui semblait qu'elle redevenait cette adolescente craintive de le croiser dans les couloirs du château, s'enfuyant avec Alphard, puis s'enfuyant de toutes ses erreurs.
- Allanah, on est arrivé, lui murmura le sorcier pour doucement la sortir de sa trans.
Elle releva brutalement les yeux vers lui, le vert de ses iris reflétaient toute sa panique qu'elle n'avait plus essayé de retenir. Devant leur appartement, les deux sorciers restaient plantés, Allanah était paralysée par une peur irrationnelle.
- Allanah..., eh, eh, c'est bon, calme toi, la prenant dans ses bras, il caressa son crâne tendrement, prenant soin de ne pas la brusquer, je suis là, je suis là...
- Il va revenir...
Fut les seuls mots qui traversèrent ses lèvres, enfermée dans les bras d'Alphard, elle était prisonnière d'un plus grand tourment encore.
Ils montèrent les escaliers qui menaient à leur appartement, souhaitant simplement oublier la vérité inébranlable. Lorsqu'elle ouvrit finalement la porte de chez eux, une tornade rousse fonça sur elle et l'encerclera de ses bras. Elle prit quelques secondes à assimiler les événements, clignant des yeux et ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. Elle bafouilla finalement :
- L-Lyssa ?
À cette interpellation, la jolie rousse avait fait un pas en arrière et dénouait ses bras d'autour de la fine taille de la jeune Green. Cela faisait des années qu'elles ne s'étaient pas vu, manque de temps, et la voir brutalement comme cela était un choc nostalgique. Lyssa Wilzem avait énormément changé, ses traits enfantins avaient eux aussi cédé la place à un visage plus adulte. Lorsqu'elle souriait, on pouvait tout de même voir se dessiner ses fidèles taches de rousseur qui parsemaient son teint, sous le maquillage. Allanah clignait des yeux, tout comme Alphard, et ne parvenait pas à comprendre la présence soudaine de sa meilleure amie dans son appartement.
- Mais qu'est-ce que tu fous là, Wilzem, déclara soudainement le noiraud, frustré de ce silence.
Le manque de tact de l'ancien serpentard pétrifia la douce femme et Allanah ne manqua pas de le réprimander du regard. Il ne s'excusa pas pour autour et lança un coup d'œil suspicieux à la rousse.
- J'ai besoin d'un endroit où dormir..., tout en pointant de la tête les valises à leurs côtés qu'ils n'avaient pas encore remarqués, Wilhelm, il...il est parti...
Petit ami de Lyssa depuis qu'elle était retournée en Allemagne après Poudlard, Wilhelm n'avait jamais prit une place quelconque dans le coeur d'Allanah, il n'avait jamais cherché à l'avoir. À présent, elle avait une diable envie de lui arracher la vie. Elle accepta l'étreinte que sa meilleure amie désirait, elle la serra fort et frotta son dos comme le ferait une mère aimante. Le bercement de son amie lui permit de faire face à son colocataire sans que Lyssa ne le sache. En ouvrant la bouche sans pourtant faire de bruit, Alphard lui indiquait qu'il n'avait pas la place ni même l'envie de recueillir Lyssa chez eux, son interlocutrice demeurait statique, prouvant son désaccord envers lui.
- C'est...p-parce que, murmura-t-elle difficilement, parce que je suis enceinte...
Les yeux des deux sorciers s'écarquillèrent violemment, Allanah jeta un regard rapide à leur modeste appartement et ignora s'ils avaient la place nécessaire pour élever un bébé, si leurs murs n'avaient pas été infectés par l'ivresse et la drogue. Lyssa n'aurait pas pu trouvé pire pour son enfant, ils étaient irresponsables et instables. Allanah n'avait plus penser depuis des années à avoir un enfant avec quiconque, comment pourrait-elle faire ? La jeune femme n'ignorait pas que la fortune Black et Green et son salaire leur permettraient un plus grand espace, mais c'était chez eux ici, et nul part ailleurs.
Elle caressa le crâne de sa meilleure amie comme Alphard l'avait fait quelques minutes auparavant et lui murmura doucement :
- Tout va bien se passer, on va élever cet enfant ensembles, tout en la faisant reculer et plantant leurs regards l'un dans l'autre, tu ne seras pas seule, Lyssa.
Un léger sanglot s'enferma dans la gorge de la jeune femme alors qu'elle souriait doucement, de la paume de sa main, elle essaya d'effacer les larmes qui couvraient son visage, en vain. Dans une douce avancée, elle conduit l'allemande jusqu'à sa chambre afin qu'elle puisse se reposer un peu, et ne plus penser à rien. Lorsqu'elle l'eut couchée, elle attrapa la robe, les chaussures et tout ce dont elle aurait besoin pour la longue soirée qui l'attendait le soir-même.
À peine fut-t-elle revenue dans le salon qu'un serpent acharné lui avait sauté à la gorge, Alphard lui lança violemment :
- Nan ! Nan, Allanah ! Bordel, on a plus de bouteilles d'alcools que de bouteille de lait dans cet appartement !
- Je sais, je sais, dit-elle calmement, essayant de calmer sa panique personnelle et la sienne.
Il passa ses mains dans ses cheveux pour les rabattre en arrière, avant de s'affaler dans son fauteuil.
- Il y a un paquet de clopes sur ta table de nuit et sur la mienne, je t'ai jamais vu dormir plus de six heures, et puis...Réfléchis, tu travailles, elle travaille aussi donc après la naissance du bébé, ça sera m-moi ? Nan, nan, nan, juste nan !
Le monologue de son colocataire la fit finalement sourire, ce n'était que l'inquiétude qui parlait, ils savaient tout deux qu'il aideraient leur amie de la meilleure des façons, même si ça stipulait s'enfermer dans la cage d'escaliers pour fumer et boire. Elle soupira, et s'approcha du fauteuil pour s'affaler à son tour sur les genoux d'Alphard.
- Pour l'instant, tout ce qu'on va faire, c'est attendre, écouter Lyssa, savoir ce qu'elle veut et l'aider dans cette situation, déclara doucement la jeune auror.
Elle plaça un de ses bras autour de la nuque du jeune homme et posa tendrement sa tête sur son torse, cette étreinte le calma légèrement au vue des battements de son coeur qu'elle pouvait sentir.
- Je vais me préparer, tu vas haïr chaque chose que je fais parce que tu détestes que je me fasse belle pour ce genre de dîner, quand je serais partie, tu en profiteras pour expliquer à Lyssa à quel point tu hais le bureau des auros dans son intégralité, ensuite, je rentrerais.
- J'adore tes cousins, précisa-t-il ce qui la fit sourire, c'est Ernest que je déteste...
Tout en se redressant, elle lui accorda un léger coup dans l'épaule pour le réprimander. Elle se dirigea vers la robe verte qu'elle porterait ce soir, longue, lui arrivant jusqu'à ses cheville et traînant sur le sol si elle ne l'accompagnait pas de grands talons. Ces dits talons aiguilles étaient argentées, et de ce fait, elle représentait à nouveau la parfaite serpentarde qu'elle avait toujours été. Les manches n'étaient que deux bretelles fines et sa robe possédait le col bénitier qui lui rappelait les robes en satins qu'elle aimait tant. Son dos était nu jusqu'à la limite de l'indécence et des bretelles de part en part de son dos désireux, s'étendaient des chaînes argentées qui rejoignaient le serpent faisant course sur son dos. Elle était alléchante, enfilant lentement le tissu sur son corps et laissant se dessiner la silhouette d'une femme. Allanah n'avait jamais connu le doute de sa beauté, mais son assurance la sublimait encore plus, c'était cet aspect divin qui avait toujours attiré les hommes et femmes vers elle, tant qu'ils oubliaient que le divin pouvait être démoniaque.
Après avoir glissé ses pieds dans ses jolis talons, elle se tourna vers Alphard qui la scrutait depuis le départ et qui souriait de l'incroyable femme qui se trouvait devant lui.
- Alors ?
- Je suis jaloux de l'œuvre d'art que ces connards pourront contempler toute la soirée, lança-t-il, d'un sourire mesquin.
Après une mine réprobatrice à son colocataire, Allanah s'assît sur le canapé près de lui, attrapa son maquillage et commença à dessiner avec le luxe et le talent ses traits fins et aristocratiques. Elle ne couvrait que très peu sa peau, la trouvant bien assez belle, mais adorait jouer avec les nuances de couleur, le maquillage était un camouflage bien pratique et un jeu d'enfant pour elle. Prenant tout son temps, Alphard avait vite pris la décision de faire autre chose tandis que la jeune femme s'attelait à n'accorder son attention qu'à elle. Suite à son visage, la sorcière s'était occupée de légèrement onduler ses mèches blondes pour leur donner un peu plus de volume, sans trop pour ne pas se montrer extravagante.
Sa baguette dessinait ses mèches élégamment alors qu'elle se perdait dans son esprit, pensant à cette soirée, aux mensonges qu'elle pourrait bien raconter à ses collègues, aux mensonges qu'elle pourrait se répéter à elle même.
Que tout allait bien, qu'elle allait bien, qu'elle ne ressentait pas comme une déferlante d'émotions à la seule pensée de Tom, et un vague de peur immense à l'idée qu'il soit de retour. Allanah était paniquée et pourtant, elle souriait devant son miroir de l'apparence angélique qu'elle donnait.
Elle se redressa pour se diriger vers le même miroir où elle s'était contemplée le jour de son entrée officielle au bureau des aurors, elle avait fait un long chemin depuis, il y a à peine quelques jours encore, elle avait changé du tout au tout. Replongée inexorablement dans son passé, Allanah avait du reprendre son existence comme si de rien n'était, aux yeux de tous, cette journée n'avait été qu'une de plus et un séjour supplémentaire à l'hôpital. Elle souffrait intensément, la course dans la forêt de Dean, les cris fous de ceux qui la poursuivaient, la vie qu'elle avait ôté sans merci. Elle n'arrivait plus à détacher l'image qu'elle renvoyait de la meurtrière qu'elle était réellement. Allanah mentait très bien, mais plus assez à elle-même.
Elle ne souriait plus face à son reflet, au combien elle se trouvait belle dans cette robe ne comptait pas, elle se trouvait hideuse en vérité. Un peu plus proche de Tom qu'elle ne l'était auparavant, un peu plus loin de la guerrière qu'elle aurait souhaité être.
- Où est-ce que tu vas ? Questionna la légère voix fluette de Lyssa.
La jeune femme était à l'embrasure de la porte menant au salon, revêtue d'une des robes de chambre d'Allanah, ses cheveux en pagaille, cela lui rappelait leurs années à Poudlard et l'insouciance dont sa meilleure amie brillait et qu'elle ne possédait plus. Elle lui sourit, attendrie par sa main qui frottait doucement son œil droit, et lui répondit aussitôt :
- J'ai un dîner avec les autres aurors, je serais rentrée avant minuit, précisa-t-elle, en se détournant du miroir, mais tu dormiras déjà j'imagine.
Elle hocha distraitement la tête, visiblement déçue de ne pas pouvoir passer la soirée avec son amie. Elle lui sourit tout de même, et la complimenta sur sa tenue, au même moment, Alphard franchit la porte de leur appartement ce qui empêcha son remerciement. Il tenait de ses deux mains des sacs remplis de courses dont dépassaient toutes sortes d'aliments qui avaient peu vu le jour dans cette demeure, Allanah ricana et lui balança :
- Tu as acheté des endives ?
Il plissa ses yeux en retour, d'une fausse contrariété et alla poser ces courses sur le plan de travail.
- Que veux-tu ? Tu ordonnes, j'agis, chef, expliqua-t-il en se tournant vers les deux femmes, on allait pas nourrir une femme enceinte avec des pizzas et du café !
- Il suffisait que je tombe enceinte pour manger sainement ?
L'exclamation de la jolie blonde fit éclater de rire ses deux amis, Alphard ne perdit pas de temps pour contrattaquer :
- C'est pas faute de t'avoir courtiser, lançant un clin d'œil pour appuyer ses paroles.
- Bas les pattes, goujat !
Elle lui adressa par la suite un joli doigt d'honneur et un sourire agréable dont il fit mine d'être touché au coeur. Leurs rires égaillèrent le salon jusqu'à accorder quelques secondes de lumière à ce jour et un instant de bonheur singulier à des âmes n'ayant vécus que la guerre et la terreur. Allanah s'accrochait à cela, comme s'il lui semblait qu'elle n'avait plus que cela, peut être qu'un jour, ça serait le cas.
Alphard invita ensuite la jolie rousse à le rejoindre dans la cuisine pour discuter du repas du soir, de ses préférences, tout en riant et en se moquant toujours de sa petite taille. Elle les observait en se couvrant d'un des longs manteaux d'Alphard, le sien étant resté inerte dans la forêt de Dean, elle décoinça ses cheveux de l'emprise de l'épais tissu et les balança dans son dos. Elle attrapa sa baguette, les clés de son appartement et son sac à main assortis à sa robe. La jeune femme allait enfin se décider à quitter l'endroit mais une phrase l'interpella :
- Ils ont déjà deux filles ! Mais Dru' est retombée enceinte selon elle !
- Dru' est enceinte ! s'exclama Allanah en manquant de faire tomber ses affaires, mais comment ça se fait que je ne sois pas au courant ?!
Soudainement, Alphard pinça ses lèvres et sut qu'il avait fait un bêtise, il se retourna vers sa colocataire et chercha à se justifier :
- C'est pas encore sûr, ils doivent se rendre chez le médecin bientôt, elle ne voulait pas te déranger après ce qu'il s'est passé...
- Et qu'est-ce qu'il s'est passé ? rétorqua Lyssa, la voix inquiète.
- Rien !
Les deux sorciers avaient réagis d'une même voix, d'un mensonge qui pouvait se sentir dans l'air, elle plissa les yeux et ne les questionna pas plus. Allanah fronçait les sourcils mais n'en tenue pas rigueur à Druella et Cygnus, elle irait la voir dès qu'elle pourrait. Le jeune couple avait déjà deux enfants, dont une de trois ans qui était une véritable monstre et une tornade, Bellatrix Black. Allanah l'adorait, mais bien moins lorsqu'elle essayait de lui subtiliser sa cigarette et son verre d'alcool. Andromeda, sa cadette, n'avait qu'un an mais était déjà très espiègle et en constante guerre avec sa soeur. Une guerre qui s'arrêtait très vite quand les deux sœurs se couchaient l'une à côté de l'autre et dormaient en se serrant dans leurs bras. Elle les trouvait adorable, mais elle trouvait d'autant plus Druella incroyablement forte et courageuse. Elle savait d'or et déjà que ces filles seraient des battantes comme leur mère.
- Et qui d'autres a des enfants ?
Les regards d'Alphard et Allanah se connectèrent directement, une pensée bien précise en tête, très rapidement, elle s'exclama :
- Ma soeur est enceinte, le bébé devrait naître fin février ! C'est un garçon !
Lyssa se réjouit avec elle, avant que sans aucun tact, Alphard ne balance ce qu'elle aurait voulu lui cacher toute sa vie :
- Et Abraxas a eu un fils il y a quelques mois.
- Oh.
Fut la seule réponse qui quitta les lèvres de Lyssa, brutalement ramenée à un passé qu'elle avait fuit. Elle détourna les yeux et se concentra à couper les oignons déjà sortis, un stratagème pour camoufler ses yeux larmoyants. Alphard lui expliqua pour distraire sa tristesse qu'eux deux étaient son parrain et sa marraine, mais tout ce qu'elle rétorqua fut :
- Il s'appelle Lucius, nan ?
Le coeur d'Allanah se brisa, de voir le désespoir remplir à nouveau les iris de sa meilleure amie après tant d'années à le camoufler, l'amour et l'histoire qu'elle avait vécu avec Abraxas ne s'étaient pas détruits, pas en elle. La blonde songea que dans une autre vie, ils auraient été heureux, au même titre qu'elle et Alphard, au même titre que tant d'autres. Mais il y avait les hommes, donc il y avait la guerre et les souffrances, les choix et ceux qui choisissent de ne rien faire, mis à part prendre la facilité.
Alphard fit preuve d'une douceur qu'elle ne lui connaissait que très rarement et prit doucement Lyssa dans ses bras, ce qui lui prouva que lui aussi avait énormément changé depuis Poudlard, malgré qu'il y ait des souffrances qui n'avaient jamais quittés leurs cœurs. Il lui fit signe de partir, ce qu'elle fit dans le plus grand silence, laissant sa meilleure amie entre de bonnes mains et se préparant à une longue soirée.
Les aurors dînaient dans un prestigieux restaurent moldu qui leur permettaient d'avoir une grande salle sans personne d'autres qu'eux et décorée sous le luxe et l'extravagance qui décrivaient ces soirées. Elle avait toujours trouvé que le couple Caraweall en faisait trop au sujet de cela, mais elle n'avait rien à redire sur ce qui faisait leur bonheur. Très rapidement, en transplanant dans un coin de rue sombre, elle arriva devant le bâtiment dont les lumières remplaçaient le soleil couchant. Elle avança, faisant claquer ses talons sur le goudron de la rue, elle poussa la porte et reconnaissant des bruits de pas derrière elle, la jeune femme voulut maintenir la porte. Tournant légèrement son visage alors qu'elle posait ses doigts manucurés sur le bois, elle reconnu rapidement la main qui tenait déjà cette porte, la chevalière dont deux A s'entremêler élégamment appartenait à Aleksander Almánzar.
- Remise sur pied, Green ?
Sa voix grave s'écoulait jusqu'à elle pour tordre son estomac d'un sentiment indescriptible qu'elle haïssait. Elle posa ses yeux sur son collègue et ancien camarade à Ilvermorny, et lui lança aussitôt :
- Parfaitement, mais plus que toi, vu tes cernes, sa langue roulant sur ses lèvres scia ses paroles en deux, c'est dur sans moi ?
Aleksander sourit et les deux aurors avancèrent côte à côte jusqu'à leur salle personnelle.
- Prépare toi à une ovation, ils te voient tous comme une héroïne !
- Et pas toi, affichant une moue faussement triste, elle entraîna le ricanement diabolique de l'homme.
Son rire n'était qu'un ressentissent du diable à ses yeux car elle n'arrivait pas à accepter l'effet qu'il produisait sur elle, c'était un constant affrontement grisant entre eux, mêlés à une attirance indéniable. Qu'est-ce qui la retenait ? Si ce n'est elle-même.
- Tu as eu du cran, mais pas de là à te comparer à Achille !
- Tu as sûrement raison, je n'ai rien d'une héroïne, avoua la jeune femme, poussant cette fois-ci la porte de la salle avec son dos, mais tout d'une déesse...
La jeune femme s'engouffra dans l'espace luxueux sans accorder plus de temps à son collègue, le laissant sourire en observant les courbes de son corps. Beaucoup était déjà présent mais ses cousins manquaient encore à l'appel, la sorcière se dirigea naturellement vers Elizabeth et Virgil, les deux autres membres de son équipe, qui la saluèrent aussitôt.
- Tu es splendide, Allanah ! s'exclama son coéquipier en lui accordant une puissante poignet de main, alors qu'elle le remerciait.
- J'ignore réellement comment tu fais pour autant porter de robes, de jupes ou de talons, Allanah, c'est si confortable ! Se plaint à son tour Elizabeth.
Comme réponse, la jolie blonde ne fit qu'hausser les épaules et sourire doucement. Allanah avait bon s'appuyer souvent sur la puissance et la stratégie de sa collègue, elle avait beaucoup de mal à la supporter. Ces plaintes incessantes et son besoin de se sentir différente l'agaçaient, elle était pourtant dans l'obligation de la fréquenter plus qu'elle ne le voudrait, Anaidéia était rarement présente lors de leurs missions, elle était la seule femme près d'elle, malheureusement.
- Tu t'es vite rétablie en tout cas, ça fait plaisir de te voir après ces jours de silences...
La pique de Virgil était accompagnée d'un sourire léger, il ne le prenait pas personnellement mais ses yeux attendaient sans aucun doute une explication.
- Il s'est passé plein de choses dans ma vie ces derniers jours, expliqua la jeune Green, en gardant une mine fermée, j'avais besoin de temps pour intégrer tout ça !
- Prends tout ton temps, on s'occupera de tout pour toi jusqu'à ce que tu te sentes prête à revenir !
Peut être partait-Elle d'une bonne intention en disant cela, mais la remarque d'Elizabeth poussa Allanah à raccourcir ses jours de congés, si elle souhaitait devenir la prochaine Anaidéia ou un jour prendre la relève d'Ernest, elle ne devait pas se laisser doubler par une fausse blonde. Elle lui sourit et lui répondit simplement que cela ne serait pas la peine, qu'elle comptait très bientôt revenir travailler, suite à cela, Allanah avait bien vu dans les yeux de la jeune femme une lueur de déception, le monde du travail était une mer agitée, pleins de requins. Mais comment pouvaient-ils seulement rivaliser, pauvres animaux qu'ils étaient, contre le chaos qu'elle était ? Elle s'étendait, s'appropriait et dominait tout ce qu'elle approchait, son pire ennemi était elle-même, aucun d'entre eux ne lui faisaient peur.
- Allanah.
Et pourtant, une goutte de sueur traversa le néant pour couler le long de son échine au son de la voix d'Anaidéia. Lentement, elle se tourna vers son chef, en souriant malgré le stress de l'affronter. La noiraude affichait une mine frustrée, mais elle était toujours inquiète pour l'américaine, elle lui fit signe de la suivre, ce qu'elle fit sans attendre. Elle se dirigèrent vers un coin de la pièce, sous le regard amusé d'Aleksander qui leva son verre à la blonde comme un encouragement. Très vite, elle se retrouva bloquée devant la Caraweall, elle ou le mur comme seules visions. Les iris sombres de la sorcière ne le confortaient pas à la regarder plutôt que le papier-peint aux motifs antiques.
- Explique-moi.
- Ils me croyaient responsable de la chute de Grindewald, c'est tout, affirma la blonde, sûre d'elle.
Anaidéia haussa un sourcil, et une goutte supplémentaire refroidit le dos de sa collègue. Que pourrait-elle lui dire ? Qu'elle a été le disciple de Grindelwald, que le MACUSA avait entièrement raison de poursuivre sa famille pour allégeance au mage noir, qu'elle était une meurtrière bien avant de rejoindre l'Angleterre, qu'elle était un obscurius ? Elle ne souhaitait aucunement détruire tout ce qu'elle avait rebattue d'elle en cette terre, elle ne voulait plus être regarder comme un monstre.
- Alors qu'évoquaient-ils lorsqu'ils ont mentionné « le pouvoir qu'il t'a concédé » et qu'à leurs yeux, tu ne méritais pas.
Allanah se figea, sentant d'un seul coup la peur grouillait en elle et cherchant à s'enfuir par les pores de sa peau, elle ressentait le pouvoir qu'elle possédait, comme à Poudlard. Elle percevait à nouveau sa force comme une tare, car aux yeux de celle qu'elle estimait tant, elle serait un monstre. Elle ferma quelques secondes les yeux, tout en soupirant, essayant par la même occasion d'évacuer son stress.
- Je veux simplement t'aider, avoua la jeune femme devant elle, d'un ton doux.
- Je ne crois pas que tu puisses, en rouvrant les yeux, elle sourit légèrement, c'est du passé, et la seule personne que ça devrait hanter, c'est moi.
- Alors, tu me caches des choses ?
Anaidéia n'était pas indignée, au contraire, elle paraissait bien plus inquiète encore, à la seule idée qu'Allanah puisse souffrir sans que quiconque ne le sache.
- Ça va aller, Anaidéia, mentit-Elle habilement, alors que la peur gravissait en elle.
Elle hocha longuement la tête, laissant la sorcière rejoindre la soirée qui poursuivait son cours, ils étaient maintenant au complet et se répartissaient dans l'entièreté de la salle, tout naturellement, la jeune Green se dirigea vers ses cousins qui accompagnaient désormais Aleksander. Elle arriva et reprit la discussion en cours sans réagir au regard interrogatif de Thomas.
- J'essaie encore de rendre plus stable mon balai pour les prochaines missions ! C'est plus compliqué que je ne le pensais, mais je pense y arriver avant qu'un nouveau mage noir surgisse et veuille détruire le monde !
Les trois sorciers ricanèrent à cette remarque malgré l'idée sous-jacente en Allanah que cela ne devrait pas prendre longtemps. Aleksander faisait parti de l'équipe d'Ernest mais était surtout spécialiste du vol sur balai et de l'utilisation et la conception d'armes magiques qui pourraient les aider. Elle avait toujours été fascinée par cela et par le talent qu'il possédait dans ces domaines, il était même époustouflant lorsqu'il volait et combattait, tout cela avec une agilité et une puissance déconcertante.
- En espérant qu'Allanah soit là pour sauver le coup si tu tombes, avoua Julian, en lançant un léger clin d'œil à sa cousine qui le remercia d'un sourire.
- Aucune raison qu'elle ne soit pas là.
Les regards des deux américains se connectèrent étrangement, le ton du jeune Almánzar était suspicieux, il la regardait profondément comme s'il essayait de deviner ses secrets à travers le vert de ses iris. Elle détourna rapidement le regard lorsqu'elle perçut des bruits de pas à sa droite, la sortant d'un cauchemar pour la replonger dans un autre. Joline Vandeleer se tenait devant elle, la mine fermée et l'observait. Ici, mis à part ses cousins, elle était la seule à connaître la vérité. Elle avait peur, elle était même terrifiée de la manière dont ses monstres avaient tournés l'histoire de sa vie aux oreilles de la blonde. Allanah souria et Joline lui rendit son sourire tout en s'approchant d'elle pour la prendre dans ses bras. L'américaine fut au départ énormément surprise par cette étreinte mais la reçu plus agréablement au fil des secondes. Elle lui murmura au creux de son oreille, tendrement :
- Je suis désolée pour tout...
L'héritière Green savait bien qu'elle ne s'excusait pour rien d'autre que ce qu'elle avait vécu étant plus jeune, chose dont elle n'était aucunement responsable. Elle lui sourit lorsqu'elles s'écartèrent chacune de l'autre et caressa doucement son épaule de sa main qui y était encore posée. Légèrement rassurée, elle reprit sa discussion et sa soirée en réprimant le noeud dans son estomac, persuadée qu'il ne s'agissait que de sa paranoïa. Peu à peu, ils prirent tous le chemin de la grande table au centre de la pièce et s'installèrent à leur place habituelle. Comme deux gardes du corps, ses cousins se plaçaient de part et d'autre d'Allanah tandis qu'en face d'elle reposait évidemment Aleksander qui s'amusa toute la durée du repas à faire se rejoindre leurs pieds dans une danse qui ressemblait plus à un combat contre son emprise.
À la fin de cette soirée, Allanah mentirait si elle disait ne pas s'être amusée, elle avait bien trop tendance à oublier le bien que cela faisait de ne penser à rien et simplement discuter, de sport, de politique ou même des différents tatouages de Virgil et Aleksander. Allanah enfila son manteau, souhaitant une bonne fin de soirée à ses cousins, leur promettant de ne pas mourir sur le chemin.
- On pourrait faire la route ensemble ? J'habite quelques rues plus loin de ton appartement, s'exclama le jeune Almánzar, souriant légèrement.
Sous l'entrain de Thomas à cette nouvelle, la blonde n'eut pas le choix d'accepter et d'entreprendre cette route avec son collègue. À l'instant où ils furent sortis du restaurant, Allanah lui balança :
- La prochaine fois que tu essaies de me faire du pied, je te les fais bouffer !
- T'es aussi charmante qu'un volcan toi !
Sous leurs rires, les deux aurors s'engouffrèrent dans les rues moldus jusqu'à leurs appartements, ils pouvaient évidemment transplaner mais aucun d'eux n'en avaient véritablement envie. Ils étaient silencieux, mais leurs pensées s'exprimaient facilement. Au fil de la soirée, le soleil avait décliné, guidant ces deux êtres dans l'obscurité, vers un chemin hasardeux à travers les rues londoniennes. Aleksander tenait d'une main le manteau qu'il portait originalement, laissant sa sombre chemise visible par la jeune femme, et l'autre était enfoncée dans une des poches de son sombre pantalon. Le jeune homme avait la tête toujours quelque peu relevé vers le ciel et pourtant il observait avec dédain tout ce qui était lié à cette terre.
Aleksander Almánzar aimait la supériorité de son esprit sur les autres, il aimait le contrôle, la sensation même de se voir briller dans les iris des personnes qui lui faisait face. Lorsqu'il déposa ses yeux sur Allanah, il n'arrivait pas à déceler ce qui brillait réellement dans son regard.
- T'es un vrai mystère, Allanah.
Elle sourit, jeta un léger et court regard à son interlocuteur.
- Merci ? Émit-Elle, ne sachant pas si elle devait considérer cela comme un compliment de sa part.
- C'est vrai quoi, tout ce que je sais véritablement de toi, c'est ton nom et ton prénom. Rien d'autre, et pourtant, on se connaît depuis pas mal de temps, expliqua le jeune homme, le ton lent et calculé, alors, qu'est-ce qui te pousse à te cacher autant ?
- Je ne me cache pas, répondit-Elle bien trop rapidement.
Le sorcier sourit avant de passer sa langue sur ses lèvres.
- Tu es très intelligente, tu es stratège, puissante, courageuse et téméraire, et tu as surtout ce sens du sacrifice qui naît chez ceux qui ont bien trop souffert pour laisser les autres souffrir à leur tour, n'est-ce pas ?
- Arrête d'essayer de m'analyser, rétorqua-t-elle, évitant sa question.
- Parce que j'y arrive ?
- Parce que tu en souffrirais.
Allanah n'osait plus détourner les yeux du chemin qu'ils empruntaient pour le regard tortueux du jeune américain. Il était incroyablement dur pour elle de lui faire face, il ressemblait au minuscule homme capable de défaire une armée entière, un esprit invaincu contre celui fermé depuis des années d'Allanah.
- Je sais que tu as perdu ton frère, mais il y a d'autres choses en toi qui ne s'expliquent pas par cela, des choses dans ton comportement qui te poussent à avoir cet instinct de survie et de guerrière, tant d'autres choses que tu ne dis pas...
Elle resta silencieuse après ces mots douloureux, d'autant plus pour son esprit torturé. Tout revenait en elle, tout ce qu'elle avait intériorisé pendant des années, Tom..., brusquement, la peur, l'effroi même. Cela bloquait sa respiration, tant qu'elle espérait que son interlocuteur ne le remarque pas dans l'obscurité. Elle fut plus qu'heureuse de voir se dessiner sa rue à l'horizon, dans quelques minutes, elle n'aurait plus à lutter contre la vérité. Aleksander était fort, et bien plus fort qu'elle à cet instant de vulnérabilité.
Elle marcha plus vite, tandis qu'il accélérait simplement sa cadence, sans amoindrir son intérêt pour cette conversation. Il la fixait à présent, face à face, devant la lune et les étoiles. L'émeraude se teintait d'obscurité et la lueur dans ses yeux disparaissaient peu à peu. Allanah savait ce qui brillait dans les yeux d'Aleksander. Ce désir brûlant, autant pour elle que pour ce qu'elle cachait au monde, connaître ce qui la rongeait, ce qui avait poussé le cataclysme à se rendre à nouveau dans la calme forêt de Dean. Aleksander était silencieux à présent mais son regard parlait son intérêt, elle luttait le contact violent de leurs regards, mais tout était obscur autour d'eux et il était son seul rempart à la solitude et à la fois l'armée qui menaçait cette armure psychologique qu'elle avait forgé. Le vent balayait ses cheveux, et elle referma plus encore son manteau sur son corps.
- Que fuis-tu, Allanah ?
- Le passé, avoua-t-elle difficilement avant d'ajouter, moi, mon propre esprit, mes propres pouvoirs.
Elle craqua légèrement et sa voix chancela sous ces mots. Elle avait parlé sans réfléchir, laisser s'exprimer sa souffrance comme elle ne l'avait pas fait depuis longtemps. Le retour de Grindelwald et sa lutte, l'arrivée de Lyssa, tout sonnait comme un retour brusque au passé, il courrait derrière, et elle n'avait plus la force d'avancer pour le fuir.
- C'est pour cela que tu as quitté l'Amérique ? questionna-t-il, lentement.
- Mais..., ça n'a pas suffit, conclut-Elle en plantant ses yeux vides dans les iris du sorcier.
Aleksander leva doucement sa main vers elle et caressa de sa paume sa joue, dans un tendre geste qui étonna l'américaine et lui fit pourtant un bien immense. Il releva en même temps les yeux vers une des fenêtres de son appartement et déclara :
- Je crois qu'Alphard t'attends.
Cela ne l'étonna pas mais lorsqu'elle détourna les yeux jusqu'à cette fenêtre, elle ne put que voir son ombre s'écarter de celle-ci.
Il retira sa main de son visage et quitta la rue, lui lançant un dernier regard. Allanah prit une grande respiration avant de pénétrer le bâtiment et gravir les marches jusqu'à chez elle. Elle était épuisée, et tout ce à quoi elle pouvait songer était se reposer enfin. Elle franchit la porte de son appartement, s'attendant à ce qu'Alphard ne l'attende sur le canapé, son regard se confronta aux bougies qu'ils aimaient allumés le soir, semblant être éteinte depuis plusieurs heures. Son regard balaya le salon et ses affaires lui échappèrent des mains.
Le souffle d'Allanah se coupa brusquement, comme si une déferlante s'était abattue sur elle. Pourtant, les forces de la nature ne pouvaient décrire l'odieux sentiment qui la possédait, à la vue de Tom, près de sa fenêtre, le regard plongé dans le sien. Le vent soufflait fort en dehors, mais la tornade en elle brouillait tout. Était-ce seulement un rêve, ou un cauchemar ? Elle vit le sourire de Tom s'étendre à la vision de sa perte de repère, elle le savait. Rien au monde n'était semblable à Tom, ses rêves même n'étaient pas aussi réels. Il n'y avait que lui pour la faire se sentir autant en Enfer qu'au Paradis. Elle était brûlée par sa seule vision et paralysait par ses sens qui ne répondaient plus. Tom se répandait dans l'air comme du poison, une substance corrosif dont elle ne guérirait jamais.
Ici, ce banal jour, se jouait un enjeu de taille.
Les rayons du soleil avaient quittés cette part de la Terre pour laisser la lune seule spectatrice de cet échange titanesque, de la retrouvaille des deux amants. Deux âmes paraissants vulgaires dans une lutte acharnée pour la fin ou la survie. Tom était près de sa fenêtre, il aimait soigner la façon dont sa proie entrevoyait son sourire et sa jubilation, comment elle entrevoyait la fin de son règne de paix. Éclairé par l'astre divin, la lumière d'un dieu se reflétant sur l'une des puissances infernales que la Terre avait porté pour sa vengeance, Tom se délectait de l'effroi qu'il lui provoquait.
Il lécha ses lèvres, et brillait dans son regard la damnation qu'il souhaitait pour elle.
- Bonsoir, Allanah.
•
bonjour, bonsoir à tous !
j'espère que ce chapitre un peu plus calme vous aura plu et que vous aurez apprécié la découverte des nouveaux personnages ! principalement, j'espère que vous êtes aussi excités que moi à l'idée du retour de Tom !
tout d'abord, avez-vous aimé ce chapitre ?
qu'avez-vous pensé de l'arrivée et de la nouvelle fracassante de Lyssa ainsi que du dîner des aurors ?
une pensée à Tom ?
merci d'avoir lu, à la semaine prochaine !
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