38 | 𝓽oday, i almost died.


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| CHAPITRE 38 |

we're all killers. we've all killed parts of ourselves to survive. we've all got blood on our hands. something somewhere had to die so we could stay alive.

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LA JEUNE FEMME AIMAIT LA SYMPHONIE
que représentait l'écho de ses bottines sur le sol de son ministère. Elle appréciait détruire le néant et le silence en avançant peu à peu à travers le vide de son environnement. En dehors de la grande bâtisse qui abritait le gouvernement magique anglais, le soleil combattait la nuit pour reprendre sa place dans le ciel. Allanah n'avait pourtant pas la chance de beaucoup de demeurer encore entre de chaudes couvertures, sa présence ici avait réduit sa nuit à de faibles heures qui ne se voyaient pourtant pas sur son visage. L'habitude lui avait fait revêtir un joli masque de maquillage pour masquer les cernes qui emplissaient son visage. Allanah avait l'habitude, ses nuits étaient toujours courtes. Entremêlés par les cauchemars ou par l'ivresse, la vie adulte de la sorcière n'avait pas de grandes différences avec son adolescence.

Allanah avait vingt-six depuis quelques mois, et rien n'avait changé en apparence. Elle avait un métier, le même appartement, les mêmes amis, les jumeaux ainsi que Julian avaient rejoints son quotidien il y'a de cela plusieurs années. Mais dans le fond, alors qu'elle observa son reflet dans les murs sombres de son ministère, elle se demanda ce qui changeait véritablement chez elle si ce n'est son âge. Était-elle la même qu'il y a bientôt dix ans ? Loin d'elle l'idée même de l'imaginer, Allanah avait été transformée par les années. L'air de conquérante et de guerrière était inscrit sur son visage qui lui avait prit la maturité que les années accordent aux Hommes. Elle avait légèrement grandi, son corps n'avait plus l'aspect de l'enfance, ses formes avaient prit l'apparence de celle d'une femme, d'une déesse se déplaçant gracieusement entre les humains hébétés, elle était plus belle encore avec les années; et plus éloignée encore de ce qu'elle avait été à Poudlard.

Tout était si loin, et à présent, elle était là.

La sorcière, à chacun de ses pas, faisait s'élever le long manteau noir qui couvrait son corps.  Le mois d'octobre 1954 venait de commencer et les températures anglaises se rafraîchissaient déjà intensément. Malgré que son corps se soit finalement habitué, après dix ans à côtoyer le territoire anglais, aux normals de saisons, le début de la période glaciale peinait toujours Allanah. Regrettant de ne pas avoir choisi un pays plus chaud que celui-ci. Finalement, la blonde atteint la porte dorée refermant l'ascenseur qui la mènerait à ses collègues.

Alors qu'elle s'installait, seule, dans la cage mouvante à travers l'immensité de son lieu de travail, elle s'autorisa un long soupir. Pourquoi fallait-il toujours que son équipe soit obligée de travailler lors de leurs jours de repos ? Allanah était auror, depuis sept ans à présent, mais ses supérieurs n'avaient pas semblé comprendre à travers les années ce que signifiait un véritable jour de repos, tant elle ne se souvenait pas en avoir déjà passé un sans devoir se rendre au ministère tout de même, que ce soit pour aider Anaidéia pour des broutilles qu'elle pouvait en réalité faire seule, ou même tenir compagnie à Thomas lorsqu'il devait remplir des rapports interminables.

Anaidéia, Thomas, Elizabeth et Virgil et elle formaient tous les cinq la même équipe depuis sept ans, sans possibilité de changer, ils se présentaient au ministère comme victorieux de chacune de leur mission. Et malgré cela, les sbires de Grindelwald menaçaient encore le monde, à chaque fois qu'ils le croyaient sauf, ils avaient tord. Selon leurs dernières recherches, ceux qui restaient encore à défendre sa cause venaient d'Amérique et Allanah le savait, elle savait qu'ils étaient ceux qu'elle avait voulu affronté des années durant, et qu'elle avait hâte de détruire jusqu'à la racine. Mais elle savait tout aussi personnellement, qu'un jour prochain, cette menace serait moindre compte tenu de ce qui s'annonçait à l'horizon.

Le chaos ne s'était évidemment pas résumé à Grindelwald, beaucoup le pensait mais au contraire la guerre ne s'était qu'effritée à son arrestation. La paix n'avait pas sa place en Angleterre, l'important n'était pas là, mais plus dans le fait que les civils devaient croire que leur pays était en paix totale. Allanah l'avait comprit au fil des années, tant qu'il y aura des Hommes, il y aura la guerre. Plus encore que les fidèles de Grindelwald qui se battaient pour lui, pour le souvenir de sa puissance, il y avait à nouveau tant de monstres qui naissaient et menaçaient la sécurité d'âmes n'ayant que le désir de prospérer. Des personnes qui se soulevaient au nom d'un but qui n'était le déguisement à nouveau de la suprématie d'un peuple, son équipe démantelait ce genre de faux mage noir dans l'oeuf et ne laissa pas s'éparpiller à nouveau le chaos.

Allanah Green n'avait jamais fini de combattre, elle l'avait toujours su que sa vie serait rythmée par les combats. Elle avait fini par s'avouer que c'était normal, que quelqu'un devait se battre et souffrir pour le bonheur des autres. Comme elle l'avait toujours fait avec sa famille, elle le faisait à présent avec l'Angleterre.

Et alors qu'enfin la grille de l'ascenseur la dévoilait au monde, elle se dit que le mal devait effectivement être ancré à la racine pour qu'on la fasse venir durant un de ces jours de repos, et aussi tôt, son corps était encore traversé de toute part par l'alcool de la veille, Alphard n'avait jamais su être raisonnable lorsqu'il s'agissait de drogue. Ses pas se firent plus rapides jusqu'au bureau des aurors, elle avait la bien trop fâcheuse habitude d'arriver en retard. Et bien que cela ne changerait rien au déroulement de sa journée, elle se disait qu'elle aurait besoin d'un café pour assurer sa mission aujourd'hui.

Finalement, après un temps qui lui parut être une éternité, elle poussa la sombre porte qui la séparait de ses coéquipiers et entra dans la grande pièce circulaire qui lui était devenue aussi familière que sa propre chambre. Avec étonnement, elle put remarqué qu'elle n'était pas la dernière à arriver, mais avec plus de surprise encore, qu'il n'y avait pas que son équipe présente sur les lieux. Certains sorciers avec qui elle n'avait pas l'habitude de travailler s'y trouver, comme David McLaggen affalé sur l'une des chaises présentes.

Elle se confronta inévitablement en premier aux sombres yeux d'Ernest Caraweall qui affichait continuellement une mesquinerie à son égard. Il lui tendait déjà une sombre substance qu'elle imaginait être ce qu'elle désirait expressément à cet instant. La blonde s'avança directement vers lui et ingurgita sans attendre le café noir qui lui accorderait les remerciements de son système vital. Elle put entendre un léger ricanement peu camouflé qui couvrait les lèvres de son collègue et alors qu'elle mit fin à sa première gorgée, elle se tourna vers lui.

- Un problème, Caraweall ? s'exclama-t-elle, ce qui le fit sourire de plus bel.

- Aucun, Allanah, rétorqua-t-il alors qu'il appuyait de sa langue le roulement de son prénom dans sa gorge, nous avions simplement parier avec ma femme de ton état lorsque tu pénétrerais cette pièce.

La concernée par ce pari laissa le côté gauche de ses lèvres se redresser devant ces paroles, avant qu'elle ne puisse accorder la moindre réponse, une électrisante mélodie vint à ses oreilles :

- Disons simplement que je croyais en toi pour faire taire mon mari mais qu'encore une fois, ton ivresse m'a fait perdre un pari.

Une longue chevelure noire se plaça au côté du jeune homme déjà devant Allanah.

Anaidéia venait de s'installer aux côtés de son collègue et mari en emportant avec elle l'écho de la femme que toutes les petites filles aspiraient à devenir, elle sonnait comme une reine sans roi, bien plus puissante. Les deux sorciers paraissaient dignes du monde côtes à côtes comme cela. Anaidéia et Ernest avaient respectivement trente-deux et trente ans, ils étaient les membres les plus puissants des aurors et cela expliquait le poste de chef du bureau des aurors accordé au jeune homme, comme tous le pressentait depuis des années déjà.

Pourtant, bien plus que leur âge qui ne se devinait que très peu, c'était leurs puissances qui se lisaient à travers leurs sombres mèches et leurs iris qui frôlaient la noirceur absolue. Les Caraweall faisaient alors face à l'américaine avec une prestance dans un moment aussi anodin qui impressionnait toujours quelque peu la jeune femme. Pourtant, elle resta de marbre et au contraire, fit claqué sa lange sur son palais pour démontrer son profond agacement.

- Je me demande véritablement qu'est-ce qui vous rend aussi obsédés par moi ?

Ses mots s'articulaient avec un dédain qui fit à nouveau émettre un ricanement à Ernest. Tout portait à croire que le sérieux prônait ses paroles mais les deux noirauds n'ignoraient pas que c'était tout bonnement faux. Depuis que leurs équipes s'étaient formées, Allanah s'était toujours placée du côté d'Anaidéia ce qui la rendait directement rivale de son mari. Une fausse rivalité s'était installé entre les trois sorciers, un conflit qui en amusait beaucoup mais qui agaçait parfois les plus sérieux d'entre eux, une pensée particulière à l'équipe d'auror d'Ernest qui ignorait seulement la définition clinique de s'amuser. Alors que les deux femmes brillaient d'une étrange complicité et d'un cynisme destructeur; Ernest bataillait pour garder l'ascendant face à ces deux femmes d'exception. Mais elles étaient plus fortes, car leurs visages parlaient avec elles, et qu'elles parlaient bien mieux que lui.

  - Laisse, lui indiqua Anaidéia en s'approchant d'elle, les hommes sont toujours mauvais avec les femmes qui les surpassent, ça brise leur égo.

Elle sourit légèrement à sa chef, sa journée démarrait avec un sentiment de satisfaction bien mérité.

Ils ne bougèrent pas durant de longues minutes, patientant silencieusement qu'une présence s'invite à eux et les délivre de l'ennui. Mais rien ne vint encore, ils restaient quatre devant l'attente insoutenable de connaître la raison de leur présence. Bien plus encore, Allanah se questionnait sur la présence de leurs deux chefs d'équipes ici, du chef du bureau des aurors, sans qu'aucun d'eux ne semblent connaître la vérité, cela signifiait que l'ordre venait de plus haut encore. Une certaine appréhension attrapa l'esprit de la jeune femme et lui fit imaginer le pire.

- Et as-tu au moins pris le temps de ramasser Black de son vomi avant de venir ? balança Ernest pour remettre en jeu la victoire de ce matin. Il serait regrettable que quelqu'un le trouve comme cela.

- Tu imagines bien ça, Ernest, entaché comme cela l'honneur de la grande et ancienne maison des Black, ça te plairait ? Poursuivit Anaidéia, se liguant comme toujours contre son mari dans un même esprit taquin.

Durant quelques instants, Allanah se contenta de sourire, était-ce de la jalousie qui brillait dans sa voix ou de la simple moquerie ? Elle l'ignorait, ce matin, elle avait décidé que cela l'était.

- Alphard pourrait t'entendre siffler ton venin d'ici tant tu cherches à capter son attention, claquant sa langue contre son palet, elle ajouta, tu peux médire autant que tu le souhaites, Alphard reste un Black et tu n'as que ta rage comme compensation.

Un sifflement se fit entendre derrière elle, il paraissait empli d'un ricanement camouflé.

- J'aurais pas dit mieux là, cousine.

Les regards des Caraweall se déconnectèrent de la jeune femme qui venait de violemment détruire tout possibilité de jeu. Allanah, quant à elle, se retourna lentement vers le nouvel arrivant. Un membre de sa famille qui respirait tout autant qu'elle la grâce américaine et le cynisme habituel de ses paires.

Julian Mortensen était un esprit vif et incontrôlable. Il avait vingt-quatre ans mais ses yeux rieurs et sa mine amusée le bloquaient indéfiniment dans l'insouciance de l'adolescence. Ses cheveux, d'un blond cendré, se teintait au soleil de sa familiarité avec Allanah. Il était son cousin de part sa mère, et un soutien quotidien pour vaincre Ernest dans leur constant affrontement, malgré qu'il fasse parti de son équipe et non de la sienne.

- Que veux-tu ? Notre patrie ne sait se contenter du minimum, confirma-t-elle en humidifiant ses lèves d'amusement, il faut frapper jusqu'à ce que ça casse.

Un énième ricanement de part son cousin augmenta le sourire qui se profilait sur ses joues. Peut être ne le sentait-elle pas mais Allanah avait diablement changé. Son insolence et sa dureté s'étaient forgés autour de sa rage, la galvanisant et lui donnant une portée que nul autre n'avait un jour vu en elle. Sans même le voir, l'adolescente qu'elle avait un jour été, était morte, laissant les ressentiments du départ du serpent créés un relent de haine incontrôlable. Sans même le savoir, Tom avait crée une arme qui se débattait à présent si ce n'est pour elle seule, contre lui.

- C'est toujours comme ça avec vous, les jeunes, vous confondez véritables arguments et pics acerbes et infondés. 

Suite à aux paroles de son mari, Anaidéia laissa un soupir gravir son environ. Elle sourit ensuite et lança à l'attention de celui-ci :

  - Oh, mon chéri, tu veux que je te défende de ces méchants américains ? Faisant légèrement rire son mari, elle enterra cette énième affrontement.

Allanah se dit qu'elle paraissait presque crédible comme cela, avec la fausse pitié de ses paroles. La jeune femme savait que la plus âgée des Caraweall ne se laissait touché par rien, et avait une habilité déconcertante à manipuler les autres. Ni la tristesse, encore moins la rage ne s'étaient un jour vus sur son visage. Elle se murmura intérieurement que cela devait lui accordé une force incommensurable, de se contrôler à tout instant. Cela faisait bien longtemps que l'américaine n'avait pas connu ce sentiment de maîtrise, elle préférait au contraire enfouir en elle tout ce qui pouvait la faire exploser.

La jeune Green avait grandit comme tous bons sangs-purs en apprenant à cacher ses émotions, à restreindre ses réactions. Mais la plupart de ses jeunes enfants n'avaient pas connu le diable comme elle l'avait fait. La majorité des élèves de sa promotion n'avait vu en Tom que le meilleur élève que Poudlard n'eut jamais connu. Mais, elle non. Depuis sa rencontre et sa séparation avec l'héritier de Serpentard, Allanah n'avait plus connu ce sentiment de contrôle d'elle-même, et elle se demandait si elle le connaîtrait à nouveau un jour.

- Où est Joline ? questionna soudainement Julian qui avait pris le temps d'observer autour de lui, elle arrive toujours avant nous d'habitude.

- Ce n'est pas difficile d'arriver avant vous de toute manière, murmura Ernest ce qui lui valut un sombre regard de la part de l'américain.

Allanah soupira, elle se demandait toujours ce qui se passait dans l'esprit des hommes pour ne pas connaître le sens du mot s'arrêter, principalement lorsque leur dispute ne ressemblait à rien. Cela faisait cinq ans qu'elle observait Ernest et Julian se lancer mille pics, remarques et regards embaumés de haine sans que jamais pourtant il n'est de raisons à cela. Elle ancra son regard dans celui de son cousin en ignorant le noiraud.

- Elle doit être avec Thomas, ils font souvent le chemin jusqu'ici ensemble, ils doivent être passés prendre un meilleur café que celui-ci.

Sa mine dégoûtée la poussa à reposer la tasse qui était jusqu'à alors entre ses mains. Comme une réponse satisfaisante, Julian hocha longuement la tête mais le bureau des aurors ne resta pas longtemps dans le silence. Le plus jeune Caraweall ne put s'empêcher d'énoncer une énième remarque vis à vis d'Allanah.

- Et ton frère ne craint pas de se faire voler sa douce et tendre par ton cousin.

Elle ne put s'empêcher de lever les yeux aux ciels et de craquer ses doigts pour se détendre à la mention du couple formé par Aaron et Joline. Peut être que l'heure matinale lui donnait bien plus des envies de meurtre mais elle peinait à contrôler son agacement vis à vis du chef de son département. Elle songea pourtant quelques instants à la jalousie maladive qui couvait depuis toujours le coeur de son petit frère. Il est vrai que s'il apprenait la complicité de sa fiancée et de son cousin, il y avait des chances pour qu'il détruise le ministère pour simplement expulser sa haine. Elle se souvenait encore de la réaction qu'il avait eu lorsqu'Allison lui avait officiellement annoncé son mariage avec Vector.

Elle espérait tout de même qu'il ait gagné en maturité à travers ses quelques années. Surtout qu'il s'agissait de son cousin, Thomas Mortensen, la moindre romance entre eux paraissait tout droit sortir d'un roman peu crédible. Joline aimait Aaron plus que tout, essayant depuis leur rencontre de combattre l'attachement irrationnel qu'il avait pour Allison, sous le regard peiné de tous les Green, et d'Allison devenue une Bulstrode.

- Pour ta gouverne, Caraweall, sa douce et tendre a un prénom et tu devrais un jour la combattre pour goûter à sa dite douceur, prononça-t-elle longuement pour accentuer sur la bêtise de l'homme qu'elle estimait pourtant énormément, et il ne s'agit pas de mon cousin, mais de ton collègue.

Il resta silencieux suite à cela, mais arborant toujours un sourire satisfait dans le creux de ses joues. Comment peut-on être aussi énervant, songea-t-elle en se détournant finalement de son regard. Elle sentit le regard bienveillant d'Anaidéia sur elle et se retenu de ne pas lui retourner cette attention, le temps passé ensemble les avait tous irrévocablement rapproché, mais une relation maternelle avait prit le dessus entre les deux femmes, une proximité qui la rassurait toujours.

Soudainement, mettant catégoriquement fin à ses pensées, la porte s'ouvrît avec précipitation et une unique silhouette quitta l'inconnu pour se confronta aux cinq sorciers, faisant rapidement se relever le jeune McLaggen. Thomas Mortensen avait, comme ses paires, une certaine prestance et un charisme qui inquiétait souvent ceux qui ne savent pas manier leurs émotions. Mais à cet instant, il paraissait simplement fatigué. Odieusement irrité par tout, ses cernes traversaient son visage et accentuait son mécontentement. On pouvait difficilement entrevoir ses lèvres tant elles étaient pincées par la colère. Ceux qui l'avaient vu la veille pouvait témoigner qu'il ne s'était pas changé et si une âme vivait avec lui, elle pourrait affirmé que son esprit n'avait pas rejoint sa demeure.

- Ça va, Thomas ? murmura Anaidéia dans une tentative d'apaiser le trop plein de sentiments qui traversaient ses pupilles.

Avant même qu'il ne puisse répondre, une autre personne pénétra la pièce, et le choc de voir leur ministre de la magie, Wilhelmina Tuft, ici, fit entrouvrir les lèvres de beaucoup. Elle prit place, un air grave sur le visage qui les étonnait tous, et ne perdit pas de temps avant de s'exprimer :

- Je n'ai pas beaucoup de temps pour vous expliquer, l'auror Joline Vandeleer était hier en mission avec Thomas, et...et a été kidnappée.

Le choc paralysa le corps d'Allanah à l'entente de ces mots mais la reprise immédiate des informations ne lui permit pas d'assimiler réellement cette surprise.

  - Le reste des aurors la cherchent activement depuis douze heures, sans résultat, certains d'entre eux sont à présent à St-Mangouste, précisa-t-elle difficilement, faisant s'écarquiller les yeux des aurors présents. C'est sûrement une attaque des derniers sorciers ayant suivis Grindelwald durant la guerre, nous ignorons encore l'état actuel des choses, ou même d-de Joline...

Les pensées d'Allanah se bousculaient, tantôt vers sa collègue et future belle soeur, tantôt vers ces aurors également blessés et à l'hôpital. Tous connaissaient bien leur ministre, c'était une femme très douce et plein de vie, elle gouvernait l'Angleterre durant une période de paix qui ne la confrontait que rarement à ce genre de situation, elle était paniquée et tous voyaient bien qu'elle essayait de le camoufler.

- L'auror Mortensen et tous les aurors disponibles la veille ont cherché toute la nuit à la retrouver, expliqua-t-elle en lançant un regard attentif à Thomas qui luttait contre un épuisement évident, nous avons enfin une piste et c'est vous cinq qui seront chargés de retrouver Joline et de la ramener, saine et sauve.

Tous hochèrent la tête, le coeur battant de la crainte de perdre l'une de leurs coéquipières. Allanah, plus encore, craignait de devoir infliger une énième souffrance à son frère.

  - Nous savons tous que la paix ne signifie pas l'absence de danger, alors restez prudent, tous, un regard appuyé sur Julian et Allanah, leur interdisant de perdre le contrôle. Si vous parvenez à arrêter ces hommes, cela signera la fin totale de Grindelwald.

Elle quitta précipitamment leur bureau, les laissant seuls quelques secondes. Dans un geste commun, tous rassemblèrent leurs affaires et se dirigèrent vers le lieu de transplanage habituel. Un rythme incroyablement rapide s'était déjà installé entre les aurors. Ils ignoraient ce qui allait se passer autour d'eux bientôt, mais le risque était important et cela demandait leur constante attention. Allanah tenait fermement sa baguette dans sa main droite, l'adrénaline galvanisant sa magie.

Tous se stoppèrent, ils étaient arrivés à l'endroit où ils transplanaient habituellement. Thomas, seul connaissant les instructions, prononça de simples mots :

- Forêt de Dean, je ne sais où elle est, vous devez la retrouver.

Ernest hocha la tête et reprit le contrôle de son département en accordant un regard déterminé au jeune homme

- Nous transplanons dans un trop grand endroit pour nous retrouver, on sera seuls là-bas.

Il se tourna lentement vers ses coéquipiers.

- Elle a disparu depuis plusieurs heures, vous la retrouvez et vous lancez un signal dès que c'est fait.

  - La première préoccupation est de retrouver Joline, ensuite, occupez vous de ses enfoirés, ajouta Anaidéia d'une voix ferme.

Tous hochèrent simultanément la tête et dans la destruction de leur enveloppe charnelle, ils quittèrent tous le ministère anglais.

Ce n'était pas la première fois qu'Allanah se rendait dans la forêt de Dean. Elle avait déjà opéré ici contre des sbires de Grindelwald. Elle serra un peu plus sa baguette à l'idée du mal qu'ils avaient pu faire endurer à Joline. Autour d'elle, les bruits de la forêt lui murmuraient à quel point elle était encerclée alors qu'elle savait tout bonnement qu'elle était seule. Il n'y avait que sa respiration qui rythmait ses pas dans une démarche de sûreté. La symphonie de la nature sonnait comme le glas de son existence, à tout instant, cela pouvait être la fin. Les bottines d'Allanah s'enfonçaient dans la terre battue par la pluie, elle pesta contre ce choix de chaussures, elle pesta contre la vie qui l'avait conduit à se trouver une nouvelle fois ici.

Les grands arbres de la forêt lui donnaient le sentiment d'être enfermée, elle ne voyait pas le bout de l'infinie verdure et son corps paraissait ridicule à côté de la puissance de mère nature. Mais elle avançait malgré cette pensée, à travers les arbres, son manteau frappait à plusieurs reprises les buissons envahissants le sol autour d'elle. Elle gardait fermement sa baguette dans ses mains, la sensation du bois contre sa paume lui donnait le sentiment d'avoir tout pour survivre. Sa magie débordait des pores de sa peau, et à cet instant, c'était elle qui la contrôlait, et non l'inverse. Car la solitude lui accordait le droit d'être calme, de simplement sentir l'air emplir ses poumons et quitter son corps avec sérénité. Le chant des oiseaux s'incorporait aux rythmes de ses pas et elle gravissait l'étendue vaste de la forêt sans apercevoir le moindre humain.

Elle savait pourtant qu'ils étaient là, tout proche. Allanah avait une profonde confiance en Thomas, s'il disait que Joline était là, ils la retrouveraient ici, saine et sauve. Soudainement, un détail étrange attira son attention. Une trace légère sur le pied dans un arbre, et s'étendant drastiquement sur l'herbe aux abords. Du sang détruisait la beauté de la nature. Il était encore visqueux et respirait la douleur qu'avait du ressentir son propriétaire. À cette pensée, l'esprit d'Allanah se mit encore plus en route. Il pouvait s'agir du sang de sa belle-sœur, de sa coéquipière, de son amie. Ses pas s'accentuèrent, suivant les traces de sang. La victime avait rampé, avait tâtonné les arbres à la recherche d'un appui. Silencieusement mais le murmure d'un sort à la portée de ses lèvres, la blonde continuait d'avancer, comme le sang le faisait à travers la forêt.

Allanah n'était pas anxieuse, elle était déterminée. Son cœur rythmait le besoin irrépressible qu'elle avait de retrouver Joline. Car personne ne devait encore souffrir de la terreur de Grindelwald, plus aucun Homme en cette terre ne devait ressentir la terreur qu'elle avait perçu plus jeune, si jeune. Elle était utopique, mais l'américaine n'avait jamais eu de problème avec la démesure. Elle voyait au contraire en elle un moyen plus propice d'arriver à ses fins.

Le soleil reflétait le liquide rougeâtre, s'élevant peu à peu plus haut dans le ciel, il lui permettait de garder sa route claire. Elle marchait à vive allure, mais méthodiquement. Elle savait où elle se trouvait. Ce n'était pas qu'une forêt et l'Angleterre n'était pas qu'un pays. C'était un endroit où elle pouvait mourir, et un lieu où elle devait survivre, comme elle l'avait toujours fait.
Un aspect pourtant l'a fit brusquement s'arrêter, le sang avait disparu. Plus aucune trace n'était visible à travers la terre, le soleil ne pouvait plus l'aider à avancer. Elle inspecta alors méthodiquement la route qu'aurait du prendre ce liquide avant de disparaître étrangement. Son regard se braqua directement sur une trappe à peine camouflée dans le sol, refermée avec hate, brisée en son milieu par la violence de l'acte. Ell accourut sans réfléchir près de l'endroit et plus elle se rapprochait, plus elle percevait des bribes de conversations. Mais elle connaissait ses vois. Le timbre rauque d'Ernest et la légèreté de la voix de Joline. Elle était là, elle allait bien, tout était fini maintenant.

Sans hésiter, elle s'engouffra dans le tunnel sombre qui menait à ses coéquipiers. Ses bottines résonnaient contre le sol, éclaboussant les parois d'un liquide qu'elle ne souhaitait même pas connaître. Elle ne voyait rien, mais elle avançait tout de même, ne doutant pas que la sortie de sa noirceur serait récompensée par la retrouvaille de Joline. Finalement, elle confronta la faible lueur de la sortie de ce tunnel, elle se confronta également aux deux sorciers qu'elle avait entendu.

Ernest maintenait le frêle corps de Joline Vandeleer debout. La jeune femme était grande, plus grande qu'Allanah, ses cheveux blonds brillaient continuellement d'un éclat de soleil. Joline avait toujours été incroyablement belle, souriante, une femme d'une force incomparable et d'un puissant sang froid. Aujourd'hui, pour la première fois, elle voyait cette sorcière souffrante, tenant le tissu de sa robe dont émanait une importante quantité de sang. Elle entrouvrit les lèvres mais ne trouva rien à dire, elle ne voulait même pas imaginé ce que ces monstres lui avaient fait subir. D'un élan de rage, sa baguette se resserra entre ses doigts, condamnant ses phalanges à blanchir et ses longs ongles à pénétrer sa peau, comme ils avaient tant eu l'occasion de le faire.

La voix d'Ernest la sortit pourtant de sa torpeur :

  - Anaidéia est sortie lancer le signal, je vais devoir partir, murmura-t-il comme un secret, Jo' a besoin de soin.

Reconnaissante, la jeune Vandeleer adressa un sourire à son chef, elle ancra tout de même rapidement son regard dans celui d'Allanah. Les replongeant dans leurs esprits toutes les deux. L'américaine ne voyait plus vraiment ce qui l'entourait, comme si sa vision se troublait. Tout était bien trop facile, Joline avait été laissé là sans l'ombre d'une surveillance, au fin fond d'une cave trouvable par tous.

  - C'est ridicule, ils ne sont pas si idiots, murmura Allanah, comme si sa voix la restreignait dans l'évocation de cette idée.

Et soudainement, elle vit le regard de Joline, véritablement. Il était empli de pitié, de peur et d'inquiétude. Il n'était pas le regard d'une femme sauvée, il était les iris qu'on porte à quelqu'un qui va devoir encore combattre. Comme si la fiancée de son frère avait arpenté son coeur et découvert tout les travers de sa sombre vie. Comme si elle connaissait tout, même ce qu'Allanah ne percevait pas encore.

  - Pourquoi t'ont-ils kidnappé, Joline ?

La voix d'Allanah résonna autour d'eux, laissant monter l'appréhension dans le coeur de la sorcière, laissant planer le doute et l'incertitude dans son esprit.

  - Ce n'était pas moi qu'ils voulaient, avoua-t-elle dans un chuchotement terrible, ils se sont trompés.

La bouche de Joline se referma dans un cri silencieux, elle lui demandait de fuir, cela se lisait dans ses yeux. Sur la terre ferme, ils perçurent tous les exclamations d'Anaidéia, les sorts fusant et tant de voix inconnus au dessus de leurs têtes. Les pas d'Ernest restèrent longtemps en écho dans son esprit. Longtemps ? Peut être quelques secondes, cela lui parut infini. Allanah quitta le regard suppliant de Joline, elle courut à travers l'étroit couloir sombre, elle ne fuyait pas, elle s'apprêtait à combattre de toutes ses forces.

La lumière se présenta à elle comme la lueur la plus sombre. Anaidéia, Ernest et elle étaient encerclés. Une dizaine de personne était autour d'eux, baguettes pointées en leur direction. Leur bêtise fit grincé des dents l'américaine.
Mais elle ne comprenait toujours pas, quelle était la raison du regard de Joline ?

  - Comment avez-vous pu vous tromper ? clama brusquement une voix devant elle, on pourrait presque lire le mal dans ses yeux.

À cet instant, Allanah se reconnecta complètement à la réalité, elle braqua son regard dans celui de l'homme qui venait de parler. Elle pouvait percevoir les iris de tous sur elle, la dévisageant. Ernest et Anaidéia n'existaient plus, il n'y avait qu'elle contre eux. Elle scruta longuement le visage de l'homme à quelques mètres d'elle, il respirait les traits du passé, comme ceux d'un souvenir oublié, d'un aspect de sa vie qu'elle aurait voulu feindre la connaissance à jamais.
Elle raffermit sa prise sur sa baguette, l'orienta encore plus dans la direction de l'inconnu.

  - Je vois que nos visages te paraissent familiers, annonça un autre homme à sa droite.

  - Peut être que si on mettait le feu à cette forêt, cela nous replongerais dans de bons souvenirs ?

L'épée de Damoclès se matérialisa dans le creux de sa nuque, reprenant sa place, lui murmurant qu'elle n'était jamais partie. Ses yeux se fermèrent et se rouvrirent brusquement avec terreur. Les mots restaient dans son esprit, comme finalement l'écho de ces flammes lointaines. Le souvenir de cette nuit.
Tout revint, tout revit alors en elle, comme une bourrasque de vent.

  - Oh, enfin, sourit son bourreau en voyant éclaté la rage dans ses yeux, le monstre se montre.

Elle pouvait discerner leurs sourires à tous, sentir l'excitation couler dans leurs veines. Mais tout se faisait happé violemment par la rage qui grondait en elle, tout était détruit. Les images de cette soirée tournoyait en boucle dans son esprit, le souvenir du démon, le souvenir de son frère. Chacune de ses personnes avaient été présentes, elle le savait. Chacun de ses hommes l'avait vu enlevé la vie, chacun d'eux lui avait prit une part d'elle, lui avait pris son jeune frère. Elle mordit aussi fort qu'elle put l'intérieur de ses joues, sa rage mordait plus fort son coeur. Elle sentait perlé aux coins de ses joues les relents de sa haine.

  - Mais, bordel, qu'est-ce que vous racontez ?! s'exclama brutalement Ernest, observant Allanah avec incompréhension.

  - Allanah, s'écria Anaidéia, essayant de capter l'attention de celle qui était sous sa responsabilité, peu importe ce qu'ils disent, ne les écoute pas ! Allanah !!

Ils ignorèrent tous les remarques des Caraweall, leur lançant au mieux, un regard désintéressé. L'action n'était pas à eux, cette scène était réservée à Allanah. Elle songea que la petite fille n'était peut être plus, mais que la guerrière se souvenait tout autant.

  - Ta faiblesse d'esprit est une des causes de l'arrestation de Grindelwald, tu n'as pas su voir l'étendu de ce qu'il t'offrait, s'indigna à nouveau l'homme à sa droite, tu ne mérites pas de vivre avec le pouvoir qu'il t'a concédé, stupide gamine !

La mâchoire d'Allanah se contracta, elle laissa se dessiner les veines sur sa nuque. Son regard permuta, elle l'ancra dans l'être abjecte qui était à sa droite. Elle laissa le feu brillait dans ses iris verts, elle se laissa envahir par toute sa haine. Elle pouvait presque sentir sa magie bouillir en son sein. Tout paraissait plus fort, elle semblait prêt à détruire chaque chose sur cette terre. La rage l'animait.

  - Allons, allons, calma l'homme devant elle, chef de cette stupide mission, nous ne sommes pas là pour parler, souriant à nouveau, laissant se dessiner la folie sur son visage.

Le chant des oiseaux semblaient avoir quittés la forêt, ils étaient seuls, Allanah était seule, à nouveau.

À nouveau, le sorcier devant elle marqua son attention, il humidifia sa lèvre supérieure. Sa main se leva brusquement, deux autres sorciers esquissèrent un mouvement dont l'homme à sa droite. En une seconde, ses deux êtres disparurent à travers la forêt, courant maintenant loin d'eux.

Allanah n'avait pas bougé, elle demeurait à fixer le sorcier, elle patientait.

   - Dis-moi, Allanah, te rappelles-tu de ta course, ce soir là, murmura-t-il, comme à son unique adresse, tes pas résonnaient dans tout ton manoir, les cris de tes frères et de ta sœur aussi, le tonnerre, l'éclair et puis tes cris de douleurs lorsque tu as finalement trouvé le corps de ton frère. Mort.

Allanah pouvait tout percevoir, comme elle ne l'avait jamais fait, son coeur battait lui même contre l'idée de rester statique. Elle voulait le détruire, le faire quitter la surface de la terre. Son regard se teintait de rage tant sa haine emplissait son être. Peut être était-ce l'obscurius en elle qui parlait, qui hurlait bien plus, mais le chant mélodieux de la vengeance était divin à ses oreilles.

  - Mais, peut être qu'aujourd'hui, personne ne t'entendra.

Il sourit une dernière fois avant que son visage ne disparaisse dans sa course, il murmura d'ultimes mots :

  - C'est l'heure de mourir, petite fille.

Les cris d'Anaidéia et Ernest tentèrent de l'arrêter mais elle se sentait guidée par quelque chose de bien plus fort. Rien n'était en capacité de contrôler sa rage. Elle courut à leur poursuite, elle courut pour sa vengeance.

L'élan qui l'avait propulsé à la poursuite de ces hommes dépassaient de loin sa simple force physique. Elle s'était élevé au delà de ça, Allanah courrait comme elle ne l'avait jamais. Les larmes perlants aux coins de ses yeux avaient été consumés par le feu qui animait ses iris. Elle voulait les voir brûler, aussi durement que possible, elle voulait qu'il comprenne la douleur qu'elle avait enduré durant des années. Ne pas voir son frère lui présenter ce garçon si cher à ses yeux, ne pas le voir être diplômé, ne pas le voir quitter l'Amérique, rejoindre sa famille en Angleterre. Ne plus jamais le voir, bloquant son être à tout jamais dans cette nuit. Ne demeurant plus qu'un souvenir.

L'américaine serra encore plus les dents, ce n'était plus le moment de se rappeler, tout ce qu'elle devait faire était vengé la mort de son frère. Coûte que coûte, cette journée devait apaiser son âme. Après cela, peut être pourrait-elle enfin vivre, et non seulement survivre ?

Elle courut encore plus vite, apercevant aux ombres des arbres les silhouettes des hommes qu'elle poursuivait. Sa baguette fendit l'air et un puissant jet rouge traversa l'espace qui les séparait. Aucun ne s'était écrasé violemment sur le sol, elle était encore trop loin. Elle avait pourtant le sentiment d'être si proche du but, elle se démenait, ne sentait presque plus la douleur dans ses jambes. Elle semblait être faite pour courir. Elle évita bon nombres d'obstacles, ce n'était pas le moment de s'écrouler. Si elle tombait, elle aurait perdu.
Elle percevait au loin leurs rires, les bruits de leur course se confondaient avec leur hilarité. La folie brillât devant elle, elle ignorait si c'était véritablement elle qui chassait.

Un sort fusa vers elle, son instinct la projeta vers la gauche pour l'éviter, son manteau ne le fit pas. Elle l'abandonna alors sur la terre battue. Vector lui pardonnerait. Elle sentit l'air frais emplir son corps, la propulsant plus encore en avant, rien ne semblait en capacité d'arrêter sa course.
À nouveau, elle fit s'élever un puissant sortilège de sa baguette, aussi sombre que la nuit, il traversa les airs et un gémissement de douleur lui confirma que cela avait atteint sa cible. Elle ne sut où mais cela ne l'a fit pas s'arrêter. Sa rage s'amoindrirait lorsque le dernier de ses hommes serait à taire, agonisants. Elle n'avait aucune notion du bien et du mal, seule la vengeance rythmait ses désirs. Elle pouvait se sentir crouler dans les ténèbres, cette sensation ne l'avait pas étreinte depuis bien longtemps. À cet instant, elle n'y voyait plus le mal et l'hécatombe sur la terre. Elle voyait simplement dans un avenir proche les corps ensanglantés de ses monstres sur le sol.

La rage déforme même les cœurs les plus purs, et l'organe creux d'Allanah n'avait jamais autant battu pour le mal.

Tout sembla s'arrêter brusquement, le silence emplit la forêt. Les pas de ses bourreaux ne résonnèrent plus dans son esprit, tout s'était stoppé. Depuis combien de temps, elle ne saurait le dire. Elle s'arrêta elle aussi, son souffle devint anormalement froid, elle sentait son corps tentait de reprendre un rythme normal, mais ne pas y parvenir. Elle observa tout autour d'elle, ils devaient encore être là. Pourtant, elle ne discernait rien. Et soudain, au loin, elle put voir trois silhouettes lui faisant face, le même sourire ancré sur leurs visages.

Le même homme prit la parole, condamnant la chasse à prendre un tout autre tournant :

- Croyais-tu sincèrement que c'était toi qui chassait, petite idiote, cracha-t-il sans ménagement, il est temps de te montrer la véritable souffrance. Cette fois-ci, tu ne sortiras pas de ce cauchemar.

Avec terreur, elle vit les trois hommes se propulser vers elle, à une vitesse ahurissante. Son instinct la poussa à courir, le plus loin possible. Elle se sentait idiote, elle s'était prise au piège. Allanah devait trouver un moyen de s'en sortir, elle l'avait toujours fait, elle devait le faire encore.
Ses pas s'enfonçaient dans la terre, la poussât à redoubler d'effort pour aller toujours aussi vite. C'était frustrant, et si grisant pour eux. La sorcière ne s'était jamais sentie aussi faible depuis longtemps. Poursuivie par les mêmes démons qui l'avaient pourchassé toute son enfance. Elle avait longtemps cru que tout avait une fin, elle avait tord, ce n'était jamais fini.

Elle voulut pousser un cri de rage, mais préféra concentrer toutes ses forces dans sa course, elle ignorait où étaient ses assaillants. Ils semblaient être mille, tout autour d'elle, ne lui laissant même plus la possibilité de croire qu'elle pourrait s'en sortir. Elle voulait pleurer, mais cela embrouillerait sa vue. Elle voulait tant de choses, mais rien autant que survivre à cette journée.

Un sort fut projeté juste à côté d'elle, l'état du sol après cela lui fit comprendre que si ça eut été elle, elle n'aurait pu se relever. La panique saisit tout son corps, elle courut encore plus vite, se murmurant intérieurement qu'elle ne devait pas mourir dans le coeur d'une forêt abandonnée. Surtout, qu'elle ne voulait pas mourir en fuyant.
Dans un fluide mouvement, le bras d'Allanah se tordit en arrière et pointa sa baguette en direction du sol. Une immense barrière de feu s'érigea entre elle et ses bourreaux. Si les flammes ne les stoppaient pas, elles pourraient au moins aider ses coéquipiers à la retrouver. Bien qu'elle eut le sentiment d'être seule à se battre, elle sentait pertinemment que les autres étaient partis à sa recherche. Mais ils n'étaient pas là pour le moment, c'était à elle seule de protéger sa vie.

Soudainement, sa hanche fut atteinte par une vive douleur. Elle eut l'impression que mille épées traversées sa peau et s'entrechoquées dans son organisme. Elle poussa un long râle de douleur. Ses mais s'agrippèrent à l'écorce d'un arbre afin de ne pas tomber. Une longue expiration traversa ses lèvres, elle avait si mal. Son visage restait crispé dans une constante souffrance. Sa survie la poussa tout de même à reprendre sa course, elle ne regarda pas l'étendue de sa blessure. Elle s'était pourtant son sang se rependre sur le chemisier noire, teintait le tissu de sa douleur, lui rappelant l'épisode de sa vie où elle avait frôlé la mort.
Elle serra encore plus les dents, elle souffrirait plus tard.

Un enchaînement de sort en suivi, Allanah murmurait les incantations dans son esprit et sa force magique les matérialisait sur ses bourreaux. De nombreuses explosions survinrent dans la forêt de Dean, pourtant si calme habituellement. Certains arbres se consumèrent, le sol se retrouva teintée de cendres. Et pourtant, Allanah ne parvenait pas à les atteindre, ils paraissaient intouchables.

Finalement, elle aperçut les abords de cette forêt débouchés sur une plaine vide. Elle courut plus rapidement si cela était possible. Elle devait avoir plus de visibilité, elle aurait voulu transplaner mais sa blessure lui prenait une trop grande partie de sa force pour espérer y parvenir. Elle déboucha finalement sur ce vaste endroit, sans arbres, sans explosion. Elle s'arrêta enfin, se sentant un peu plus maitre de sa situation. Elle voulut se détourner du vide pour conforter derrière elle ses assaillants mais le temps s'arrêta brusquement pour elle.

Elle regarda autour d'elle, tout lui revenait enfin, elle connaissait cette plaine vaste. Elle reconnaissait cette forêt, du lointain combat qu'elle avait un jour eu autour de ces arbres immenses. Cet endroit avait déjà été le témoin de son calvaire, de sa détermination et de son propre démon intérieur.
Elle avait combattu Grindelwald en ce lieu, elle avait manqué de mourir et il s'était fait arrêté ce même jour. Elle serra sa baguette entre ses mains lorsqu'elle vit ses hommes qu'elle affrontait aujourd'hui transplaner devant elle, comme si tout était prévu depuis longtemps. Elle n'avait aucun doute que c'était le cas. Le mal est toujours plus malin, et elle avait été aveuglée par sa rage.

Ses bourreaux souriants, les trois hommes maintenant à nouveau devant elle semblaient en parfaite forme. Comme si la course et le feu n'avait rien entaché, les gardant aussi fous qu'ils l'étaient auparavant. Allanah tenait fermement sa blessure, tentant vainement de contenir le plus de sang en elle. L'hémorragie était pourtant si forte. Elle grimaça en sentant affluer un peu plus de liquide rougeâtre hors de son corps.

  - Les années n'ont rien changés, les Green se débattent toujours de la même manière, s'amusa-t-il à énoncer, tout en s'approchant doucement de l'héritière de cette famille, ils croient être maîtres de la situation, ils se croient toujours aussi fort, en vérité, sourit l'homme en enfonçant l'épée de Damoclès dans sa nuque, ils sont tous morts, comme des lâches, avec ce faible petit garçon.
 
Tout au long de ses stupides paroles, Allanah put sentir le feu renaître en elle. Elle ne sut pourtant pas ce qui enragea le plus la sorcière. Lentement, elle fit tournoyer la bague de sa famille sur son index. Elle sentit l'araignée s'agripper à son doigt, elle sentit l'honneur se transmettre dans tout son corps. Elle était l'héritière d'une des familles les plus influentes et puissantes de l'Amérique sorcière. Elle ne laisserait pas un vulgaire homme dire que le feu était mort, alors que le chaos grondait en elle plus que jamais.

  - L'honneur des Green survit à tout, nous sommes plus puissants qu'aucun de vous ne le sera jamais, vociféra-t-elle à l'égard des trois sorciers présents devant elle. Nous avons combattu à travers les siècles des démons que vous n'oserez même pas imaginé ! J'ai vu le mal et le vice alors que je n'étais qu'une enfant ! J'ai rencontré le diable et j'ai survécu, finit-elle par clamer en avançant à son tour, sa baguette brulant d'envie de raser cette forêt de la carte, et vous osez clamer que nous sommes lâches ? Vivez les guerres que nous avons affrontés et survivez-y comme je l'ai fait !!

Le silence reprit possession de la vaste plaine anglaise, mais en Allanah, un torrent de sentiments la submergeait. Elle ne laissa pas les lèvres de l'homme s'entrouvrir à nouveau pour la provoquer. Sa baguette se redressa vivement et un éclair traversa l'espace qui la séparait d'un des trois hommes et la douleur prit possession de lui. Il fut projeté à plusieurs mètres, hurlant à l'agonie, il sentait son propre sang bouillir à l'intérieur de lui. Et pourtant, les deux autres hommes restèrent statiques, comme si cela ne leur faisait rien de voir la douleur d'un homme. L'humanité avait-elle quitté chaque part d'eux ?
Elle réorienta sa baguette vers les deux hommes restants, ils étaient silencieux, mais ne le restèrent pas assez longtemps à son goût.

- Bravo, ironisa l'un deux, en agrémentant cela de faux applaudissements, tu as survécu à la guerre, mais dis-moi ? Que reste-t-il de toi à présent ?

- Une vulgaire petite fille, héroïne d'une histoire qui périra comme elle, qui restera à jamais bloquée dans son cauchemar, poursuivit le second en souriant de plus bel, la victoire semblait assurée pour eux.

La rage bouillonnait en elle, elle ne parvenait presque plus à contenir sa colère. Son seul souhait était qu'ils arrêtent de parler, à jamais.

  - Tu ne sauras jamais te battre sans perdre un peu de toi, et tout ça car tu es trop faible, pauvre petite fil-

Le sort fusant de la baguette de l'héritière Green coupa l'homme dans sa parole, cela provoqua un puissant éclair qui se planta dans le sol, le scindant en son sein. La détonation ayant projetée les deux sorciers en arrière, elle profita de la fumée en découlant pour à nouveau lancé un puissant sortilege. Elle perçut à nouveau un cri strident, elle avait atteint sa cible. L'un d'eux souffrait enfin pour le mal qu'ils lui avaient fait. Elle ne s'arrêta pourtant pas à ça, elle voulait que tout cela cesse définitivement. Un violent jet de magie traversa une nouvelle fois cette plaine anglaise, la condamnant à être marqué à jamais de la rage d'Allanah Green.

Elle laissa éclatée toute sa haine envers ces deux hommes, mais en réalité, elle se battait contre quelque chose de bien plus lointain. Elle se battait contre tous les hommes qui l'avaient un jour sous-estimé, à travers cette journée où sa survie était une nouvelle fois mis à rude épreuve, elle se battait à nouveau contre Grindelwald.

Elle évita de justesse la violence d'un sort ressortissant de la fumée ardente qu'elle avait provoqué, elle garda une position de défense mais son regard était si hargneux qu'on ne doutait pas que c'était les hommes devant elle qui devraient se défendre ardemment. Elle était déterminée, plus qu'elle ne l'avait jamais été. Elle survivrait à cette journée, elle finirait par venir à bout des démons de son passé.

  - Tu vas nous tuer ? cracha l'un des sorciers, bravant l'épaisse fumée pour se placer à nouveau devant elle, cela ne changera rien, on t'emportera en enfer avec nous.

  - Mais qu'est-ce que vous me voulez, bordel ? hurla-t-elle, sans savoir si elle souhaitait une réponse de ces hommes ou du ciel.

Pourtant, devant elle, l'homme sourit, il se moquait encore d'elle alors qu'elle avait l'avantage complet sur eux.

- Tu n'échapperas jamais à ton passé, murmura-t-il, marquant ce moment à jamais dans l'éternité.

Allanah cligna plusieurs fois des yeux, elle aurait voulu tout faire disparaître avec cette action anodine. Mais rien n'y changea. Son bourreau lui faisait toujours face, fier et aussi fort qu'il l'avait toujours été. Le visage de cet inconnu se confondait avec celui de Gellert Grindelwald. Le passé et le présent se mêlât dans une tortueuse mélodie.

- Il est en toi, il gravite pour prendre possession de tout ton corps, et un jour, prononça-t-il longuement, ton propre esprit ne sera qu'un lointain souvenir et ton obscurius te détruira...

Le souffle haletant de la jeune femme lui répétait que si elle ne faisait rien, sa perte de sang la condamnerait inévitablement.

Sa main se leva et tout espoir de paix se détruisit sous le jet vert qui fondit sur cet homme. Fatalement, tout lui revint comme si ça n'était jamais partis. La bourrasque de vent qui prit appuie sur la rage de son coeur déferla dans sa réalité. Elle frappa de plein fouet le corps fou de cet être, l'abandonnant aux enfers, à garder à jamais le sourire de la folie.

Une longue respiration franchit la barrière de ses lèvres, comme la rage qu'elle expulsait enfin de son cœur. Mais, Allanah brûlait toujours, aussi fort, si ce n'est plus. Elle ressentait toujours cette envie incessante de détruire tout ce qui voulait la condamner. Elle se sentait prête à affronter le diable, plus que jamais. Mais dans un énième lancement de sa blessure à sa hanche, la jeune femme tomba à terre, elle avait épuisée toute sa force magique. Même respirer devenait difficile.
Le feu de l'enfer croulait en elle, mais elle se demanda si, véritablement, elle le contrôlait. Elle avait perdu le contrôle de tout, son coeur se sentait rythmé par le courant de la rage. Elle écarquilla soudainement les yeux, ses billes émeraudes détruisirent seules la dernière lueur d'espoir dans ses yeux. Elle l'avait tué, il était bien trop tard pour s'en rendre compte. Son corps avait agi sous la colère, sous les souvenirs revenant à elle.

Elle s'était enfin vengée, mais à quel prix ?

Elle perçut aux abords de la forêt les cris de détresse de ses coéquipiers, Ernest et Anaidéia hurlaient son prénom, Julian et David sur leurs talons, ils étaient finalement venus à bout des hommes de Grindelwald. Sentant le sol sous ses genoux, son corps semblait être fait pour rejoindre la douce verdure qu'elle entrevoyait près d'elle. Elle orienta son regard vers les Caraweall qui courraient vers elle. Mais elle ne put les discerner correctement. Pleurait-Elle ? Depuis combien de temps, elle l'ignorait mais à présent elle sentait les larmes sur ses joues.

Alors qu'elle attendait qu'ils soient assez proches d'elle pour s'écrouler sur le sol, le destin lui réserva un tout autre sort. Un énième sortilège la frappa de plein fouet. Allanah se sentit projetée à plusieurs mètres, le corps retombant lourdement sur le sol.

Elle sentit le goût du fer emplir sa gorge, le sang perlé au coin de ses lèvres. Sa vision se brouillait encore plus, elle ne percevait même plus correctement les cris des aurors. Il n'y avait que le rire de cet homme qui se reflétait dans son esprit. Les yeux d'Allanah se fermèrent sereinement, car elle savait qu'elle ne mourrait pas aujourd'hui. Encore une fois, elle avait survécu, elle murmura pour elle même avant de laisser sa conscience au repos, tu seras à jamais plus forte que cela, Allanah, tu survivras, encore et encore, ce n'est jamais le moment de mourir...


bonjour à tous !
j'espère sincèrement que ce premier chapitre du deuxième tome vous a plu ! j'ai décidé de ne pas repartir à un et de poursuivre le compte ! ce premier chapitre revient tout naturellement vers le passé d'Allanah qui ressurgit et déclenche le court de ce second tome !

alors, avez-vous aimé ce chapitre ?
que pensez-vous pour l'instant des nouveaux personnages qu'on a découvert ?
des pensées pour la suite des événements ?

merci d'avoir lu, à la semaine prochaine !

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