37 | 𝓽he girl who lost things.
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| CHAPITRE 37 |
remember the time you thought
you never could survive? you did,
and you can do it again.
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LA VIE D'ADULTE EST
est une étape autant désirée et crainte par les plus jeunes que trop peu attendus par leurs parents. Il y a un an de cela, ses parents avaient lutté pour que leur fille aînée reste auprès d'eux aux Etats-Unis, mais elle avait choisit de partir, comme ses parents avaient fait leurs choix il y a des années de cela. Allanah avait longtemps hésité, mais sa vie n'était pas plus sur le continent américain depuis bien longtemps, elle appartenait à l'Angleterre.
Une fois ses études à Poudlard terminées et ses examens d'ASPIC hautement réussis, la jeune fille avait finalement décidé de prendre le chemin du ministère anglais. Son combat avec Grindelwald avait commencé à égayer un intérêt pour elle, on reconnaissait son courage, mais pas assez à ses yeux, elle voulait se construire par sa propre puissance, et non pour une vengeance qu'elle n'avait pas réellement obtenu.
Cela faisait désormais un an qu'elle avait entreprit de rejoindre les aurors anglais, étant à ses yeux, le moyen le plus direct de prouver sa valeur en tant que sorcière. Elle avait toute sa vie été confrontée au faite que les femmes étaient sous-estimées dans cette société, à Ilvermorny et à Poudlard, cela n'avait jamais cessé, et au ministère de la magie anglaise non plus.
Allanah avait du redoublé d'efforts, persévérer, rien que pour espérer être prise au sérieux par ses congénères qui pour beaucoup ne voient en une femme qu'un moyen de garder la maison propre et l'appétit comblé. Heureusement pour elle, la jeune Green n'avait pas été élevé pour courber l'échine devant le patriarcat, elle comptait bien broyer cette roue de la destinée qui voulait la faire s'asseoir. C'était une guerrière, et aujourd'hui, son dévouement à son élévation serait finalement récompensé.
Concentrée à lisser manuellement ses longs cheveux blonds, Allanah s'observait dans le miroir sur pied de son salon. Elle ignorait si le stress de ce jour altérait son jugement, mais elle avait la distincte impression que quelque chose manquait chez elle. Elle lissa lentement sa jupe crayon qui n'avait en aucun cas besoin de cela et épousseta sa chemise noire sur laquelle des potentielles impuretés pouvaient s'y être accroché.
Elle se regardait et ignorait si le reflet qui lui parvenait à la rétine lui plaisait. Elle semblait si proche de sa mère comme cela, et elle se souvenait distinctement de toutes ces journées avant Ilvermorny à l'observer se préparer pour le ministère, elle coiffait ses cheveux à la perfection, aucun pli n'emplissait ses tenues, aucune ride sur son doux visage malgré les années. Elle l'aimait, Allanah aimait sincèrement sa mère, mais l'idée de lui ressembler ne lui plaisait pas. Car l'accoutrement qui sciait son corps ne représentait aucunement ce qu'elle voulait retransmettre, elle semblait mentir, ce n'était pas elle.
Elle soupira et cracha :
- Bordel ! avant de rejoindre sa chambre en se débarrassant rageusement de cette jupe crayon.
Elle fixait son armoire à présent, en se demandant ce qu'elle pourrait bien mettre avant d'être définitivement en retard. Elle se tourna finalement vers le côté de l'armoire à Alphard et prit l'un de ses pantalons trop petit pour lui. Elle accorda celui-ci avec des talons noires à bout carré sur lequel le bout de son pantalon tombait légèrement, elle changea sa chemise et en prit une bien moins épaisse et en satin, ce qui épousait à merveille son buste. La ceinture agrémenta sa tenue en laissant ressortir ses formes voluptueuses. Elle prit la peine d'assortir sa tenue avec un french coat qui lui permettait une touche plus claire que le reste de sa tenue. À présent, elle se sentait plus elle-même.
- Tu es très belle, fit une voix derrière elle qui la fit sursauter.
- Apprends à prévenir de ta présence, rétorqua-t-elle en se retournant vers son colocataire qui était affalé sur leur lit, mais merci, j'avais en tête ma tenue toute la nuit mais, j'y arrivais pas, soufflant, elle s'approcha de son lit et s'assit au bord, j'avais plus l'impression de m'habiller pour leur plaire que pour simplement aller au ministère faire mon travail.
Alphard hocha lentement la tête, avant de passer longuement sa main sur son visage, le jeune homme était réveillé bien trop tôt à son goût, mais il était évident que son amie avait besoin de lui avant de quitter leur appartement. Il posa ses yeux sur elle, et retint son envie de lui dire à quel point il était fier d'elle puisque ce n'était pas ce qu'elle souhaitait entendre. Allanah, durant ces deux années écoulées, avait beaucoup changé, malgré qu'elle ne le réalise pas encore. Son visage respirait une certaine maturité qu'on obtient uniquement avec l'acceptation de certaines choses. Elle n'eut jamais fait le deuil de son frère, mais elle avait avancé, elle avait accepté qu'elle ne pouvait rien faire contre celle-ci. Elle avait pris sa vie en main, comme une adulte et cela dès sa sortie de Poudlard.
Elle était éblouissante et il n'y avait aucun doute qu'elle n'avait pas finie d'impressionner le monde.
- C'est le grand jour.
Ce fut au tour de la jeune Green d'hocher lentement la tête, elle regardait dans le vide mais Alphard décelait très clairement le stress dans ses yeux. Il ne la comprenait pas, elle était faite pour être auror, son courage, sa détermination et sa puissance la plaçaient directement en tête de liste. Le ministère anglais serait stupide de passer à côté de celle qui avait affronté Gellert Grindelwald à dix-sept ans seulement. Dans quelques heures en effet, Allanah saurait si toute sa formation d'auror se terminerait sur son recrutement officiel, si cette année à donner toute son énergie à cela avait valu le coup.
- Tout va bien se passer, Allanah, la rassura Alphard, tu sais que tu vaux bien plus que tous les autres, tu n'es pas une sorcière lambda, tu les surpasses tous.
Elle savait bien qu'il était mal de se valoriser de la sorte mais elle appréciait cela. Allanah n'était pas quelqu'un de bien, elle se souciait de la vie humaine et la défendait mais elle se plaçait bien au dessus d'eux. C'était pour cette raison qu'elle se donnait le devoir de les protéger, elle se sentait supérieure. Mais à cet instant, assaillit par le stress et l'attente, elle reprenait un peu plus sa condition humaine.
- Tu seras là quand je sortirais de la réunion ?
- Avec deux cafés, des pizzas ou comme Abraxas aime le rappeler, notre tendance à être à la fois des adultes et deux irresponsables.
Allanah ricana légèrement en passant sa fine main dans ses longs cheveux lisses; elle aimerait tant pouvoir s'allonger aux côtés du jeune Black à cet instant, plus qu'à tout autre, elle aimerait mettre sa vie sur pause. D'un geste anxieux, elle jeta deux coups d'œil très rapprochés à sa montre, celle-ci n'affichait toujours pas l'heure de son départ. Elle devrait encore attendre, coincé dans le présent sans savoir si le court de sa journée réduirait ses efforts en poussière ou les récompenserait.
- Je vais me laver, avoua soudainement Alphard en bondissant du lit, pour s'orienter vers son armoire, tu vas réussir à attendre toute seule sans mourir de stress ?
Elle hocha la tête en n'étant pas tout à fait sûre si sa réponse était véridique. Elle laissa tout de même le jeune homme se rendre vers la douche, une fois parti, Allanah se pencha vers son côté du lit et plus précisément vers sa table de nuit. Elle ouvrit le dernier tiroir fermé à clé et en sortit honteusement le journal de Tom. Une plume et de l'encre en main, elle était figée devant la page vierge, elle savait à quel point c'était mal, mais parfois cela lui faisait tellement du bien de simplement discuter.
Je vais bientôt partir au ministère.
Elle laissa ses mots disparaître sur le papier, mais très vite, l'écriture soignée de Tom fit son apparition.
La jolie soldate du bien part à la guerre ?
Cette chose avait beau ne pas être véritablement Tom, elle était un substitut agréable, une sorte de compensation à cet infini vide en elle. Cela faisait trois longues années qu'elle n'avait pas vu Tom, qu'il était parti sans évoquer la moindre chose sur sa destination, simplement, qu'il reviendrait...Allanah était à présent prisonnière de ce doute, voulait-elle seulement qu'il revienne, ses sentiments criaient que oui mais sa raison la poussait à la paix qui s'installait progressivement autour d'elle. Elle avait cessé les conflits avec sa famille, s'était installée en Angleterre. Elle avait reprit contact avec Abraxas, Le'o et Vector, son entourage était sain tant qu'on ne l'observait pas de plus près. Bientôt, Druella et Cygnus sortiraient de Poudlard, ainsi que les jumeaux et Julian, tous avaient prévus de la rejoindre en Grande-Bretagne.
Allanah ne se souvenait plus d'un instant dans son existence où elle s'était plus sentie encline au bonheur, elle était sauve, et le mal était loin.
Elle rangea dans un geste mécanique le journal de Tom, et se promit de ne le reprendre entre ses mains que pour tenter de le détruire.
Elle regarda une énième fois sa montre et n'eut que faire qu'elle soit en avance au ministère, elle avait besoin de quitter son appartement. Alors, elle prévenue Alphard en élevant légèrement la voix et transplana jusqu'à l'immense et sombre bâtisse qui contrastait profondément avec l'image qu'elle gardait du MACUSA. La jeune femme prit quelques secondes pour se remettre du voyage, tout autour d'elle, les employés du ministère s'activaient à rejoindre leur secteur de travail, comme des moutons bien entassés dans les bonnes cases. Elle avait fait son choix, si elle devait elle-même devenir l'animal bien dressé du ministère, elle préférait se représenter en celui qu'on envoie à l'abattoir car trop enragé pour être dressé.
Elle marchait sur les carreaux noirs du sol sur lequel se reflétait le si haut plafond, elle évitait aisément les autres sorciers, sachant exactement où elle devait aller.
Allanah paraissait infiniment plus jeune autour de tout ces gens, cela ne l'impressionnait pas, au contraire. Elle se sentait galvaniser d'un esprit de combativité, elle était une femme, et de plus, elle était bien plus jeune que la moyenne. La jolie blonde aimait les défis, bien que cela lui est amené à de nombreuses reprises trop de déboires, il lui paraissait que dans le monde du travail, elle allait apprécier jouer.
Elle prit le chemin d'un ascenseur et s'installa dans le fond sur la gauche afin de laisser d'autres qu'elle occupait le reste, de ce fait, avant que les portes mécaniques ne se referment, un autre américain pénétra dans la cabine. Thomas Mortensen avait une certaine aisance à marquer les gens qu'il rencontrait, un charisme avéré et sa hauteur ne permettait pas aux autres de l'ignorer. Comme sa cousine, le jeune sorcier avait choisit de se tourner vers l'Angleterre pour se construire un nom de ses propres capacités. Instinctivement, l'américain vint se placer auprès de sa cousine qui ne perdit pas de temps et lui intima :
- Ils vont croire qu'on les envahit à ce stade là !
- On leur ramène juste un peu de grabuge, ironisa-t-il, en s'appuya de l'épaule contre le mur, eux qui ont tant souffert de la guerre...
Allanah haussa légèrement un sourcil devant la colère sourde de son cousin, elle savait bien que c'était inconvenant d'en vouloir à ceux qui n'ont pas souffert de la guerre lorsqu'on doit tout reconstruire. Elle voudrait pourtant lui faire comprendre la crainte, la peur et même la terreur qui avait pu assaillir la Grande-Bretagne durant cette lutte contre Grindelwald, mais il ne comprendrait pas.
- Pas trop stressé ? demanda-t-elle afin de changer de sujet, et de se rassurer par la même occasion.
- Aucune raison de l'être, tu l'es ?
Elle aurait souhaité mentir à cet homme qu'elle estimait énormément mais ses yeux la trahissaient d'ores et déjà. Il sourit et plaça sa main sur son épaule pour obtenir toute son attention.
- Nos parents n'ont pas élevés des perdants, Allanah, affirma-t-il, sans possibilité de contradictions, ils ont élevés des guerriers.
Les portes de l'ascenseur émirent leur bruit significatif avant de s'ouvrir lentement, elle ne vit pourtant que la grande main ouverte de Thomas devant elle qui attendait la sienne. Elle fit sans s'attendre se rejoindre leurs paumes dans une poignet de main puissante qui lui fit, sans savoir pourquoi, un bien immense. Elle était finalement rassurée de l'avoir à ses côtés; c'était comme ne jamais être seule, c'était comme avoir une armée.
Ils marchaient côte à côte le long des couloirs du ministère, de la même jambe, ils tournaient vers un autre et ainsi de suite, les deux américains étaient profondément accordés dans chacun de leurs mouvements. Deux puissances nées, l'une d'elle transformée par le vice, la grâce américaine si peu considérée en ces terres britanniques était montrée avec violence en ces mêmes lieux. Ils s'approchaient du but, et la peur d'Allanah était camouflé par son habilité naturelle à mentir. Ils pénétrèrent dans une pièce circulaire et très large où étaient renfermés pas moins d'une trentaine de sorciers de tous âges, à nouveau, elle était la plus jeune de tous.
Leur marche s'arrêta d'un même instant, restant à l'écart de leurs potentiels coéquipiers, ou de potentiels sorciers lambdas. De nombreuses discussions venaient égaillés l'endroit, formant un brouhaha de mots informes et insupportables pour la jeune femme. Elle était incapable de déceler de qui venait certaines paroles, ou si la moindre de ses phrases avait un sens. Elle s'abandonna au répit, ne se concentrant que sur le silence autour de sa personne. Le calme et la sérénité que ne rien penser pouvait apporter, elle faisait le vide complet.
- Taisez-vous, clama une voix forte qui venait de pénétrer la pièce.
Il s'agissait d'Ernest Caraweall, un auror qu'elle avait pu croisé à de nombreuses reprises durant sa formation. Il était reconnu comme très puissant, et pouvait bien espérer devenir un jour chef du bureau des aurors si sa carrière se poursuivait avec la même allure. Allanah le trouvait très impressionnant, d'autant plus lorsqu'on savait qu'il était plus jeune de trois ans de Thomas et qu'il aspirait à une si grande renommée. Ses pensées furent perturbées par la suite de ses paroles :
- Comme vous le savez, Grindelwald a été arrêté il y a de cela deux ans, sentant plusieurs regards brûlaient sa peau, Allanah sut qu'on l'avait reconnu, mais ses sbires sont encore en libertés, c'est pourquoi nous avons besoin de sorciers très puissants pour les arrêter.
Le stress montait peu à peu le long de sa gorge pour s'y bloquer et compliquer le court de sa respiration. En extérieur, Allanah paraissait si sereine, assez pour se persuader qu'elle l'était.
- De vous tous présents ici, peu de noms ont été retenus, je vais les énumérer : Alice Finnigan, David McLaggen, Elizabeth Peterson, Virgil Cooper, et, George Mitchell.
Lorsqu'elle vit les sourires s'étalaient sur les visages de tout ceux énumérés, Allanah crut que le monde allait s'écrouler sur ses épaules. Cela, jusqu'à ce qu'une femme prenne place aux côtés de l'auror Caraweall et commence à s'exprimer :
- Ce n'est pas tout, précisa-t-elle, ravivant l'espoir chez beaucoup, comme l'a avancé Ernest, nous avons besoin de talents bien précis pour combattre les conséquences de l'arrestation de Grindelwald, c'est pourquoi j'ajoute à cette liste trois noms : Aleksander Almánzar, Thomas Mortensen, et, Allanah Green.
Le soulagement serait un sentiment trop faible pour décrire ce qu'elle ressentait, les deux aurors pousuivaient leurs discours en s'adressant à tout ceux qui n'avaient pas été choisis. Mais elle ne parvenait pas à les écouter, ni à sentir certains regards haineux sur elle. La jeune femme porta son attention sur son cousin, lui aussi possédé par l'effervescence. Il la prit dans ses bras, et chuchota à son oreille :
- Finalement, les traumatismes nous servent à quelque chose, ria-t-il en la serrant plus fort.
Peu à peu, la pièce fut vidé de toutes les personne n'ayant pas été retenues, ne gardant en son sein que dix personnes, dont les deux aurors aguerries, Anaidéia et Ernest Caraweall, jeune couple marié.
Le silence emplit la pièce, Thomas avait gardé son bras autour des épaules d'Allanah, comme pour la protéger d'un danger qui n'existait pas. Chacun se regardait mais beaucoup de regards étaient tournés vers Allanah, y compris celui de la femme juste en face d'elle. Anaidéia Caraweall était plus expérimentée que son mari, mais elle était tout naturellement plus impressionnante, le genre de femme qui marque profondément en un simple regard. Ses yeux sombres brusquaient la jeune femme, mais ils la confortaient également, elle était elle aussi une femme qui avait du se battre pour être au niveau où elle était à présent, c'était réconfortant.
- Pour commencer, prit la parole Ernest alors que tous les regards fondaient sur lui, nous allons vous diviser en deux équipes, l'une sous la responsabilité d'Anaidéia et l'autre, sous la mienne. Ce n'est qu'à titre d'information, mais ni l'une ni l'autre n'est supérieure, vous ne serez simplement pas confronter aux mêmes genres de missions.
Il fi une pause, histoire de voir chacun des futurs aurors hochés la tête et laissa sa femme poursuivre :
- Mon équipe sera composée d'Elizabeth Peterson, de Virgil Cooper, de Thomas Mortensen et d'Allanah Green, le reste rejoindra l'équipe d'Ernest.
- Vous serez probablement amenés à travailler ensemble avec chacun des rôles bien précis, expliqua Ernest, un air très sérieux sur le visage, souvenez-vous qu'on vous a tous choisis pour vos particularités et votre puissance, essayez de ne pas nous décevoir !
À cet instant, malgré la pression qui serait tout naturel après ces mots, Allanah ne parvenait pas à se sentir inquiète. Elle était libérée d'un poids immense, elle était enfin auror, après un an. Elle allait combattre les vestiges du chaos jusqu'à la dernière personne le propageant. Elle vit Ernest réunir ceux qu'il superviserait et dans un mouvement commun, ses nouveaux coéquipiers et elle se dirigèrent vers Anaidéia. Cette dernière donna un léger coup dans ses longs cheveux corbeaux et commença à s'exprimer :
- Je vous ai choisis pour de nombreuses raisons, en plus de vos talents magiques, vous êtes tous les quatre très habiles dans la dissimulation, l'espionnage, et l'infiltration, c'est essentiel pour découvrir ceux qui ont servit la cause du mage noir et qui essayent de disparaître sans être punis.
Allanah était pendue aux lèvres de cette femme, elle ne s'attendait pas à cela. Étant de nature impulsive, il était rare qu'on la catégorise comme étant bonne dans la dissimulation, elle jeta un regard discret à Thomas qui fronçait légèrement les sourcils, lui aussi étonné. Finalement, elle s'avoua à elle-même que ce n'était pas si étrange que cela paraissait. Ils avaient tout deux grandit dans la société aristocratique des sangs-purs, dans le racisme et le vice de celle-ci, ils en étaient ressortis avec un art du mensonge et de la tromperie inégalable.
Elle concentra à nouveau son attention sur sa responsable qui poursuivait ses explications :
-...vous serez principalement à l'étranger, dans les pays les plus touchés par les recrutements de Grindelwald, la France, l'Autriche, la Russie, l'Amérique, et ce ne sont que des exemples..., vos missions seront généralement de remonter les pistes que nous avons déjà jusqu'à l'arrestation des suspects.
- En faite, on est...des espions ? questionna en riant Virgil Cooper tout en remettant une des mèches de ses longs cheveux blonds derrière ses oreilles.
Anaidéia sourit légèrement tout en hochant la tête.
- Vous êtes effectivement ce qui se rapproche le plus d'espions.
Allanah ignorait si elle était véritablement déçue par cette annonce, mais une part d'elle n'arrivait véritablement pas à s'y faire.
- Un problème, auror Green ?
L'interpellation de sa responsable la surprît et elle sut du sourire qu'affichait Anaidéia que cela avait pour but de lui faire plaisir, elle lui rendit son sourire et exprima ses réelles craintes par la suite :
- J'ai beau être d'accord avec vos choix et ma place ici, je me dis que...que mon point fort reste mes capacités magiques, d'une voix ferme, elle subit le regard de tous sur elle comme une habitude.
- Vous mènerez des combats, alors que les autres se chargeront de contrattaquer lorsque les sbires de Grindelwald sortiront de leur trou, vous, vous les débusqueraient et les combattrez dans leur entre.
Les mots d'Anaidéia réussit à calmer les doutes et craintes de la jeune femme. De toute manière, Allanah s'était jurée de donner tout son possible peu importe ce à quoi elle était confrontée, depuis tant d'années, depuis qu'elle avait su que ses ennemis lors de la prochaine guerre seraient probablement ceux avec qui elle riaient le plus depuis son arrivée en Angleterre.
Allanah avait certes grandi et mûri, mais certaines choses ne changent jamais, l'esprit de guerrière n'avait jamais quitté son corps, elle était faite pour le combat et surtout pour la victoire. Thomas avait raison, leurs parents n'avaient pas élevés des perdants, mais plus encore que des guerriers, ils avaient mis au monde des conquérants. Thomas et elle prouveraient bien au monde entier s'il le fallait à quel point ils étaient puissants, et que rien ni quiconque ne les ferait s'arrêter.
Ils quittèrent le lien de rendez-vous ensemble, les huit nouveaux aurors marchaient tous dans les longs couloirs vers la sortie du ministère. Une atmosphère de fierté régnait dans l'air, une substance immatérielle mais que tous pouvaient sentir. Alors que Thomas faisait connaissance avec leurs deux autres coéquipiers, l'attention se porta sur elle.
- Tu dois être une des plus jeunes aurors depuis bien longtemps, interrompit la discussion actuelle une jeune femme qu'elle se rappelait comme étant une certaine Elizabeth, tu as quel âge exactement ?
- Je viens d'avoir dix-neuf ans !
Elle put entendre les réactions diverses et variées autour d'elle qui se tournait principalement vers l'admiration. Elle se sentit galvanisé par cette même puissance qui l'avait suivie toute sa vie, elle aimait être le centre de l'attention, mais elle souhaitait l'être pour ses talents magiques comme c'était le cas actuellement. Le poste d'auror à un si jeune âge lui conférait l'atout de l'attention de tous, elle pourrait briller avec d'autant plus de clarté. La pression sur ses épaules ne la dérangeaient plus à présent, c'était une force, elle se servait d'elle pour continuer d'avancer.
- Ça ne m'étonne pas de te retrouver là ! s'invita à son tour Virgil dans cette nouvelle conversation, tu en as impressionné plus d'un en allant te frotter à Grindelwald toute seule !
- Elle a surtout causé beaucoup de crises cardiaques, cette tête brûlée !
La remarque de Thomas les firent tous ricané, marchant à leur rythme et prenant le temps de tous apprendre à se connaître, les quatre sorciers avaient été largement devancés par l'autre équipe, celle d'Ernest. Les quatre autres nouveaux aurors venaient de pénétrer dans la cage d'ascenseur qu'eux approchés seulement.
Les deux groupes se faisant face, et se produit l'exact opposé de ce que le ministère souhaitait. Un conflit silencieux venait de se créer entre eux, comme opposés étaient les maisons de Poudlard, ils se jaugeaient en silence et avaient tous bien l'intention de dominer l'autre.
Le regard d'Allanah se posa sur l'un des quatre, qu'elle reconnut finalement après plusieurs minutes à l'avoir eu sous les yeux. Aleksander Almánzar avait été élève à Ilvermorny, tout comme elle, avec deux ans de plus, ils avaient pourtant partagés la même maison, celle de l'Oiseau-Tonnerre. La jeune femme sourit légèrement, bien moins de joie que de fierté. Elle se souvenait de l'avenir prometteur que tous lui réservaient durant ces études, les cartes avaient été battues, et ils étaient au même niveau, la partie féroce qui s'annonçait ne laisserait aucun des deux sain et sauf. Elle vit le jeune américain se lécher les lèvres alors que l'ascenseur l'emportait au loin, elle souffla légèrement et se dit que le court de sa vie lui réservait encore bien de désordre.
Elle salua son cousin qui prenait la route seule tandis qu'elle rejoignait Alphard avec un grand sourire qui le laissait entendre la finalité de cette matinée.
- C'est bon ? demanda-t-il comme une délivrance, c'est bon !
Il l'enlaça de toutes ses forces et la fit se soulever du sol durant quelques secondes tout en tournant. Les rires des deux sorciers égaillèrent cette journée encore plus qu'elle ne l'était. Allanah souriait, camouflée dans le cou de son plus fidèle ami, elle ressentait toute sa joie dans les battements accélérés de son organe creux.
- J'arrive pas à y croire, chuchota-t-il à son oreille, tu vas enfin arrêter de nous bassiner avec ton faux manque de confiance en toi !
Elle ria un peu plus alors qu'Alphard la reposait finement à terre, les deux sorciers face à face, ils ne parvenaient à s'arrêter de sourire. Elle eut l'impression d'avoir enfin gagner le coupe de Quidditch alors qu'il enserrait sa nuque de ses puissantes mains, il colla leur front et lui murmurait à quel point il était fier d'elle. Allanah ne savait quoi dire, mis à part sourire et apprécier ce moment, elle était dans l'incapacité de réaliser quoi que ce soit.
Il lui prit la main alors qu'ils quittaient le ministère par l'une des cheminées, lui promettant de fêter cela dignement.
Une fois dans leur appartement, Allanah se débarrassa de la ceinture qui enserrait sa taille et troqua ses vêtements contre un peignoir en soie rouge. Les deux jeunes adultes s'installèrent dans leur canapé, assis face à face, dégustant à la fois la chaleur de leur café et le bonheur gustatif des pizzas à leur côté. Ils discutaient du futur métier d'Allanah et des changements que tout cela apporteraient.
- Tu seras sûrement beaucoup plus absente ? s'inquiéta subitement le jeune Black, dans une démarche enfantine qui fit sourire sa colocataire.
- Ne t'inquiète pas pour ça ! Je demanderais à Abraxas de te garder quand je m'absenterai trop longtemps, se moqua-t-elle en retour ce qui provoqua la mine boudeuse du sorcier.
Elle finit d'ingurgiter son café, réchauffant peu à peu tout son corps dans une vague d'énergie brute, elle poursuivit :
- Mis à part lors de missions prolongées, je pense que je rentrerai chaque jour ! De toute manière, je ferais en sorte que tu saches toujours si je vais bien !
- Ne te mets pas en danger, Allanah, l'implora subitement son meilleur ami, la crainte de ses actes passés encore ancrés dans ses yeux.
Elle fuit quelques secondes son regard, la culpabilité s'immisçant bien trop dans son bonheur. Elle opta pour la plaisanterie afin de fuir complètement cette situation pesante.
- À quoi ça sert de se battre si ce n'est pas pour ressentir un peu d'adrénaline ?
Suite à cela, elle se leva de son canapé pour se diriger lentement vers leur cuisine ouverte, tournant le dos à son meilleur ami, elle s'autorisa un soupir. La jeune Green ferma quelques secondes les yeux et prit le temps de reprendre correctement sa respiration. Elle était constamment en danger, tout le monde l'était, bien plus alors que tous ignoraient ce qui rampait sous leurs pieds, le feu de l'enfer qui grignotait l'espoir, qui galvanisait la noirceur. Allanah savait que la malfaisance ne faisait que gagner du terrain dans le coeur de Tom, la rédemption n'était déjà plus possible lors de ses années à Poudlard, mais à présent, elle était impensable.
La jeune sorcière avait un monde à marquer de sa présence et des esprits à brusquer mais elle devait surtout arrêter le cataclysme que voulait déclencher l'héritier de Serpentard sur cette terre, elle devait le battre à tout prix. Et pour cela, elle devait commencer par détruire ce journal.
Cette pensée la tortura tout le long de sa journée, sans qu'elle ne sache que cela la poursuivrait durant des années. Elle prit pourtant l'initiative sous la pression d'Alphard de se préparer pour recevoir leurs amis dans moins d'une trentaine de minutes. Elle fouillait dans leur armoire alors qu'il était une nouvelle fois affalé sur leur lit, un retour à leur habitude matinale. Distraitement, n'écoutant même pas les plaintes d'Alphard sur le futur mariage de Walburga et Orion, elle balança une longue chemise blanche sur le lit et un corset noir à côté du sorcier.
- Toi qui ne voulais pas les voir, tu t'apprêtes plutôt bien, en prenant le corset entre ses mains, il sourit malicieusement à sa meilleure amie.
Allanah lui répondit d'un doigt d'honneur en défaisant le noeud de son peignoir pour remplacer la soie par la chemise blanche. Une fois boutonnée mais laissant apercevoir les clavicules et le cou désireux de la jeune fille, elle entreprit de nouer le corset noir juste en dessous de sa poitrine comme elle eut souvent l'habitude de le faire sur toutes ses robes en satin. Son regard était plongé dans le vide mais ses mouvements ne manquaient pas d'être parfait et de peu à peu faire se dessiner la fine taille de la jeune femme. La respiration perturbée par la force qu'effectuée le corset sur sa peau, elle ne semblait en réalité ne pas en être affectée. Elle prit deux cuissardes noires à talons haut dans son armoire et la ferma pour de bon.
Alors qu'elle les enfilait, Alphard se releva et se plaça juste devant elle, la sorcière finit d'ajuster ses chaussures et se redressa, rattrapant partiellement leur écart de taille avec des talons de cette sorte. Il sourit, et remit une de ses mèches derrière son oreille. Riant légèrement, elle repoussa le jeune homme qui bloquait son chemin vers leur salle de bain. Elle fut enfin enfermée entre les quatre murs de sa salle de bain, elle souffla à nouveau, plus lentement, essayant de canaliser son envie folle de s'enfuir de cet appartement.
Elle rabattu une part de ses longues mèches blondes dans son dos et les maintenu ensemble par une pince noire qui s'assortissait avec le reste de sa tenue. Deux mèches barraient de chaque côté son visage, elle se regardait longuement dans le miroir. Elle s'apprêtait à fêter son entrée en tant qu'auror au ministère avec ceux qui voulaient voir s'effondrer l'ordre et la paix. C'était ridicule, cette guerre silencieuse, ce prémisse d'un affrontement sans merci, elle était dans la cage des lions, bien qu'elle semblait être la lionne encerclée par les serpents. Ironique tandis qu'elle était fidèle à la maison Serpentard, elle se battait vigoureusement contre tout ceux qui la représentaient le mieux.
Elle entendit au loin les voix s'élevaient, signe de l'arrivée de ses anciens camarades. Elle prit sur elle, sortit et se présenta à eux, un grand sourire barrant la rage qui l'habitait encore. Elle prit instinctivement Walburga dans ses bras avant de se décider à s'installer aux côtés d'Alphard. Elle remarqua tristement qu'Abraxas n'avait pas invité sa jeune fiancée, Anastasia Burgery, laissée une nouvelle fois seule au manoir Malfoy. Il n'y avait qu'eux, les fidèles pions de Tom, face à elle, se souriant comme s'ils en avaient la permission, oubliant partiellement que le maître du jeu voit tout.
La soirée démarra sur son nouveau poste mais dévia rapidement sur des sujets variés, les bouteilles de whisky pur-feu vides s'empilaient dans un coin de la pièce et d'autres les remplaçaient. Les rires se faisaient beaucoup plus embrumés par l'alcool mais la fumée de leurs cigarettes camouflait tout cela, ils avaient l'air d'être de retour à Poudlard, une époque bénie où rien si ce n'est l'avenir ne les menaçait.
Un moment, éclipsée dans leur cuisine pour fumer plus tranquillement, Allanah fut rejoint par Walburga qui s'installa à ses côtés.
- Quelle bande d'hypocrites, cracha-t-elle en s'allumant à son tour une cigarette.
Allanah hocha la tête et posa son regard sur Abraxas qui riait bruyamment en se penchant vers son meilleur ami.
- Ils te jèteraient en pâture à Tom à un seul mot de sa part, précisa-t-elle, en crachant la fumée toxique d'entre ses lèvres, tu le sais ça ?
- Tu ferais pareil, Walburga, t'es tout aussi tordue qu'eux, contrattaqua la toute jeune auror.
Étonnée de l'audace et de l'assurance de la jeune Green, Walburga sourit légèrement, elle aimait de plus en plus cette enfant, transformée en guerrière si jeune.
- C'est difficile d'être une femme dans un monde d'hommes, tu le sais tout autant que moi, déclara la sorcière en tapotant le bout de sa cigarette au dessus de leur cendrier. Il faut savoir bien jouer ses cartes si on veut un bon avenir.
Allanah leva les yeux et ne trouvait qu'une chose à répondre à cette excuse insuffisante :
- Lâche.
La jeune Black fut d'autant plus surprise de cet affront que la sorcière lui faisait de plein fouet, sans sourciller, bien qu'elle ne le prenait pas mal, cela faisait longtemps qu'elle passait au dessus de toutes les remarques qu'on pouvait lui faire.
- Ils n'ont pas le choix, ils sont...
- Ils ont eu le choix ! la coupa-t-elle brutalement, Allanah reprit tout aussi rapidement, un jour, ils ont eu le choix d'écouter Tom ou de se construire eux-mêmes, ils ont fait le mauvais choix. Maintenant, ce sont des pantins, et c'est de leur entière faute.
Allanah avait un avis tranché sur les jeunes hommes qui lui faisaient face dans son propre appartement, elle se fichait bien des représailles sur ce qu'elle disait. C'était la stricte vérité, celle que beaucoup avait du mal à voir et encore plus à accepter. Elle voyait bien dans les yeux d'Alphard qu'il ne souhaitait pas abandonné la lueur qu'il voyait encore dans les yeux d'Abraxas, mais celle-ci était factice, et se désagrégerait au fil du temps, comme le soleil derrière les montagnes. La chute vers les ténèbres est aussi inévitable que la mort de chacun, et rien ne remet plus en cause tout cela qu'un diable à l'apparence d'un homme.
- On est pas tous comme toi, on est pas tous capable d'affronter ce qu'on a toujours connu, expliqua Walburga, bien plus calmement que son interlocutrice pouvait le faire, l'ordre, c'est la sûreté, la sécurité et l'assurance que tout reste pareil, et si l'ordre nous place en haut de l'échelle, qu'importe ce qui peut se trouver en dessous, du moment qu'on ne baisse pas les yeux.
- On a peut être grandi dans des pays différents, mais la société sorcière reste la même, en jetant le reste de sa cigarette dans le cendrier, Allanah se tourna complètement vers la Black, moi aussi j'ai grandi avec une cuillère en or dans la bouche et avec le principe que la puissance était liée au sang le moins brassé, mais c'est des conneries tout ça, Walburga !
Elle avait certes élevé la voix mais le timbre d'Allanah se perdait dans l'air entre tout ceux des jeunes sorciers.
- Ça veut rien dire, et j'ai pas eu à regarder ceux qui souffraient en bas de l'échelle comme tu le dis pour voir qu'on était tous débiles à se penser supérieurs alors que toutes les familles de sang-purs sont incestueuses ! Bordel ! On s'en fou de qui provient le sang qui coule dans tes veines, essaye un peu de te sortir ces pensées archaïques du crâne !
Elle soupira et passa longuement sa main sur son visage, tentant vainement de se calmer.
- La magie coule dans tes veines, concentre toi sur ça au lieu de dénigrer inutilement celles des autres ou ceux qui n'en ont pas, souffla la jeune sorcière en étant dépassée de devoir encore expliquer cela à leur âge, ouvre toi un peu au monde. Tu crois avoir du pouvoir, tu crois que le nom Black t'offre quelque chose ?! Regarde le monde et regarde surtout à quel point ton mariage incestueux ne changera absolument rien, mis à part te rendre malheureuse.
Allanah avait déblatéré un avalanche de paroles dures qu'elle pouvait voir peu à peu heurter la femme devant elle. Walburga était insensible à la plupart des choses et jusque là, cette discussion ne l'avait pas ébranlé, pourtant, elle avait mal désormais. La jolie blonde réalisa qu'elle avait été dure, bien plus violente qu'elle ne le voulait. Elle tourna Walburga dos au reste de leurs amis pour que personne ne puisse voir la douleur sur le visage de la Black.
- On ne défait pas des années d'abrutissement en une discussion, je le sais, murmura-t-elle, bien plus soucieuse de l'état de la sorcière, moi-même, je ne suis pas entièrement déconstruit de mon éducation, cela se fait longuement. Mais, tu dois grandir par toi-même, et apprendre à amasser tes propres connaissances.
Longuement, les yeux dans le vide, Walburga hocha la tête, elle ne sut pourquoi les paroles de l'américaine frôlaient les paroles divines à ses oreilles. Comme une lumière dans un monde éteint à l'astre solaire, c'était brûlant et si douloureux, mais cela s'atteignait peu à peu.
- Nos parents nous ont laissés des tonnes d'erreurs sur les épaules, à nous maintenant de décider si on veut les perpétuer ou peu à peu les réparer.
Les deux jeunes femmes se sourirent légèrement avant de retourner avec plus d'aplomb dans leurs soirées. Allanah espérait que cette discussion changerait quelque chose, même minime. Elle espérait que sa présence chamboulerait le monde malsain dans lequel ils s'étaient tous enfermés. Elle ignorait pourtant que tout ce qu'elle était sur le point d'accomplir chez chacun d'entre eux serait violemment balayés. Elle était le pilier sur lequel ils s'appuyaient pour se reconstruire. Le cataclysme qui l'emporterait bientôt reprendra sur son passage tout le bonheur de ces années.
Elle se laissa aller à l'illusion de joie que lui procurait cette soirée sans se soucier de ce qui allait arriver prochainement, et elle oublia la part la plus importante du départ de Tom, le fait qu'il reviendrait à elle, pour elle. Elle ria en regardant chaque pion de la guerre dans les yeux, la paix factice qui s'étirait à l'horizon lui plaisait, elle fut prête à mentir à tous et à se battre en secret.
Lorsque tous furent partis, le corps d'Allanah se balança en arrière jusqu'à s'allonger complètement sur son canapé, elle alluma une énième cigarette en crachant sa fumée jusqu'à son plafond. Elle était silencieuse, et très vite, Alphard vint la rejoindre sur le fauteuil à ses côtés.
L'alcool avait altéré la réalité, leurs yeux s'étaient eux aussi teintés du liquide brûlant. L'appartement plongé dans la noirceur de la nuit que seuls les éclats de la lune venaient détruire, Allanah eut soudain envie que ce jour ne s'arrête jamais, la drogue détruisant la raison et ses buts, elle voulait pour toujours reste allongée, si près d'Alphard qu'elle sentait son parfum la maintenant éveillée. La jeune sorcière si combative voulait rester à cet instant donné où le monde pouvait brulé sans qu'elle n'y accorde aucune importance. Le lendemain, cette pensée serait détruite par le manque d'alcool dans son sang, et par son esprit recouvrant toutes ses capacités mentales.
Non, à cet instant bien précis, elle donnerait tout pour ressentir Tom tout près d'elle, voir son regard se poser sur elle, son corps contre le sien. C'était grandissant, grisant et chaotique, elle perdait ses moyens et il lui semblait qu'elle pourrait retourner le monde pour le trouver et le garder près d'elle. Elle s'agenouillerait, lui demanderait mille pardons et lui promettrait toutes ses forces et tout ce qu'en tant qu'humaine elle était capable de ressentir, et tout ce qu'en tant que déesse, elle était capable de détruire. Son amour battait pour la faire hurler, la faisant souffrir le martyr, à l'intérieur, elle se tordait de douleur et les larmes coulant sur ses joues était la seule preuve de son calvaire.
Ce serait mentir au monde que de dire que l'amour est chose facile, mais c'était un affront que de penser que l'amour qu'elle nourrissait pour Tom était semblable aux autres. Elle mêlait la dévotion malsaine à une si grande obsession pour le mage noir, chaotique, dangereux et puissant, son amour était aussi inégalable que sa haine, elle pleurait de son absence et de sa présence dans son coeur.
Elle demeurait statique sous les coups répétitifs qu'effectuaient le manque sur son pauvre corps. Elle essayait de se souvenir de son odeur, de la manière dont il l'a touché et possédé. Lorsque son corps était sous ses doigts, l'infernal prenait l'ascendant sur le divin, il devenait le seul dieu auquel elle souhaitait croire, le seul pour qui elle ferait les plus terribles sacrifices. Il n'y avait pas de doute, le temps nous fait oublié au combien on a souffert et transforme les sévices d'un homme en nos plus beaux instants. Allanah fermait les yeux et ne voyait que lui; elle espérait que lorsqu'elle les ouvrirait un jour, elle pourrait le voir également, que lorsqu'elle serait sur le point de mourir, il serait là.
- Alphard..., murmura difficilement la jeune femme, la voix cassée par ses larmes.
Le sorcier réagit directement et vint se placer au côté de son amie, la mine inquiète, ne sachant quoi faire. Il bégaya et lui demanda tout simplement ce qu'elle avait, pourquoi elle pleurait, elle eut du mal à s'exprimer mais ne put que sortir des sanglots et ces quelques paroles :
- Je l'aime...tellement, si fort, elle respira difficilement, que ça me fait mal, chaque jour sans lui...chaque nuit, c'est plus difficile...
Alphard eut le regard teinté de colère lorsqu'il comprit la raison de la souffrance de sa meilleure amie, mais il ne sut en réalité contre qui était orienté cette rage. Il la prit simplement dans ses bras, la redressant et la calant contre son torse. Doucement, comme une petite fille après un cauchemar, Alphard la berça en se promettant de la sortir de là, de la tirer de cet enfer, comme s'il le pouvait réellement...
Ils restèrent longtemps comme cela, sans savoir combien d'heures à vrai dire, aucun des deux sorciers ne trouvaient le sommeil, ils se perdaient entre les démons de la nuit et s'apparentaient à eux, si déchus et détruits, si jeunes à la fois. D'une petite voix, Allanah demanda :
- Tu t'es déjà imaginé vieillir, Alphard ?
- Je serais canon à quarante ans, plaisanta le jeune homme, la voix enrouée par les pleurs qu'il essayait pourtant de cacher.
Elle prit une pause avant de répondre à sa propre question, difficilement.
- Moi, jamais.
Un air glacial s'infiltra entre eux, brisant quelque chose à jamais irréparable, Allanah venait de briser l'avenir qui avait encore un espoir de s'étaler à leurs yeux. Elle poursuivit :
- Je vais mourir..., si jeune, je le sais, pleura-t-elle en serrant si fort les dents après ses mots qu'elle crut pouvoir les briser, je vais mourir, mais...m-mais j'espère tellement, je prie, j-je..., je veux simplement qu'on se souvienne de moi, je t'en supplie, Alphard, ne laisse pas le monde m'oublier...
Alphard n'eut jamais perçu des mots plus durs que ceux-ci, il serra plus fort encore la jeune femme entre ses bras et pleura, laissa éclaté les sanglots si longtemps retenus. Ils étaient encore tout deux des enfants, et pleuraient de la mort qui les attendaient, comme des âmes aux bords de la perdition.
Le héros prend la mort comme une énième aventure, mais Allanah était-elle une héroïne ? Voulait-elle seulement rejoindre l'Olympe lorsqu'elle pouvait le faire s'écouler sur le monde des mortels dans un cataclysme que seule elle pouvait réaliser ? Le diable prend la mort comme sienne et distribue le malheur comme la pluie donne à foisons à l'humain. Allanah prenait la mort comme une finalité, comme la sienne et celle de tous, lorsque ses genoux flancheraient sous le poids du mal, elle espérait s'être tenue jusqu'au bout face à lui.
Héros, héroïne, dieu ou humains, qui est véritablement brave devant la mort, devant la disparition de soi, celui qui dit ne pas craindre la fin n'est que celui qui s'est assez battu pour mourir dignement. Allanah n'avait pas encore fini de se battre, mais un jour, elle partirait.
•
bonjour, bonsoir !
j'espère que le chapitre vous a plu, c'était officiellement le dernier du premier tome de VA. je posterais dans la journée le casting du second tome !
alors, avez-vous aimé ce chapitre ?
que pensez-vous de l'obtention du poste d'auror d'Allanah et du nouveau quotidien qu'elle va avoir ?
et donc, de cette fin ?
merci d'avoir lu, à la semaine prochaine !
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