35 | 𝓷ew americana.
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| CHAPITRE 35 |
un geste, une inflexion de voix, tôt ou tard,
trahissent les amants les plus prudents.
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LA NEIGE S'ÉCOULANT
sur les grattes ciels de New York avait toujours charmé le cœur d'Allanah. Elle se sentait enfant et à la fois si adulte lorsqu'elle observait le haut lointain de ces bâtisses. Cette ville l'avait toujours impressionnée, tant elle se sentait proche d'elle et si lointaine. Cela faisait bien des années qu'elle n'avait pas rendu visite à sa famille dans sa maison familiale maternelle. En vérité, elle se souvenait parfaitement de cette soirée et de la première fois qu'elle avait libéré son obscurius. Cette fois où elle avait blessé Julian alors qu'ils n'étaient tout deux que des enfants. Allanah se perdit dans ses pensées, revoyant brutalement toutes les scènes d'horreur qu'elle avait provoqué des années auparavant. La jeune fille était paralysée par les souvenirs, comme elle l'était si souvent ces derniers temps.
- Allanah ! Dis-moi que tu as de l'argent sur toi, je meurs de faim, s'écria Alphard devant elle, qui n'avait pas remarqué l'état de son amie.
La puissante voix du jeune Black la ramena pour son plus grand bonheur à la réalité. Le sorcier se trouvait près d'un stand vendant des hot-dog, elle dut s'avouer que l'odeur l'attira immédiatement. Elle sourit à son ancien camarade et sortit quelques dollars de la poche de son manteau afin d'en acheter deux. Elle était profondément heureuse de se trouver dans son pays avec Alphard, tout respirait un aspect de nouveauté qui la protégeait plus ou moins du passé. Ils n'étaient sur sa terre natale que pour la journée mais c'était suffisant pour la rendre heureuse.
Ils marchaient côte à côte, l'un des bras du jeune homme venait enlacé les épaules d'Allanah afin de la garder au plus près de lui.
- Je dois avouer que cette ville n'est pas si mal, s'exclama le jeune anglais en regardant autour de lui comme pour jauger les bâtiments, je croyais pourtant qu'il faisait bien plus chaud à New-York à cette période de l'année !
- Généralement, la fin du mois est bien plus agréable mais cela doit être une exception, c'est plutôt une chance, c'est rare qu'il neige lors du réveillon de Noël !
Un grand sourire égaillait joyeusement le visage de l'américaine. Elle était heureuse de pouvoir montrer le plus bel aspect de la ville à son meilleur ami. Son regard se posait sur les toits des buildings enneigés et toutes ses familles réunies dans les rues new-yorkaises. Elle avait hâte de rejoindre sa famille maternelle. Bien entendu, elle les avait revu pou l'enterrement de son frère, mais ce jour-ci était un jour de fête, et non de drame.
- Si tu veux passer Nöel ici, tu sais, on pourrait rester cette nuit ? lui proposa Alphard avant de prendre un énième croc dans son hot-dog.
- Nan, je préfère rester seule avec toi.
Alphard jeta un regard discret sur la jeune sorcière qui observait uniquement devant elle. Il était déjà infiniment fière qu'elle est acceptée l'invitation de sa tante à venir pour le réveillon, il ne souhaitait pas la brusquer. Il continua de la scruter avec attention et d'une délicatesse infinie, de nombreux flocons avaient pris place dans ses cheveux déjà si claires, certains s'amusaient à se coincer dans ses longs cils. Elle resserra son écharpe autour de son frêle cou et tourna finalement son regard vers celui du jeune Black.
Elle lui sourit et de son pouce, enleva une miette qui restait sur le coin de sa bouche.
- Regarde, Alphard ! Annonça soudainement Allanah, alors que le noiraud suivit le regard émerveillé de la jeune fille.
La jolie blonde se détacha de l'emprise de son bras et sautilla légèrement jusqu'à la destination de son regard. Sous la protection d'un restaurant, se tenaient plusieurs peintres et dessinateurs, reproduisant le paysage new-yorkais dans sa plus belle splendeur. Allanah se plaça près d'eux et observa leurs œuvres prendre formes sous leurs différents styles et talents, elle attendit que son ami l'eut rejoint et expliqua :
- Lorsqu'on était bien plus jeune, Allison et moi aimions nous faire dessiner et peindre par des artistes de rues, c'était toujours plus authentique, plus réel et fort que toutes les peintures que nous avions dans notre manoir, elle sourit tendrement en repensant à tous ces instants, c'est comme cela qu'elle s'est mis à aimer la peinture !
Le regard d'Allanah scintillait devant cette scène du passé qui revenait à elle, elle aurait tant aimé que sa sœur soit avec elle à cet instant. Le bras d'Alphard entoura sa talle tendrement, il était quelque peu en arrière par rapport à elle et restait silencieux, il ne voulait pas heurter le souvenir heureux de la jeune fille.
- Je...je crois qu'une part de nous enfants existe encore dans cette ville, une part de nous...qui est encore heureux, comme s'il était encore là.
Très rapidement, Allanah secoua la tête pour feindre un sourire et effacer cette pensée destructrice. Elle ignorait pourquoi en parler avec Alphard lui arracher toujours l'esquisse d'un sanglot, il était bien plus dur pour elle de rester forte au côté du jeune Black.
- On devrait se faire peindre par l'un d'entre eux, assura le noiraud, et avant même d'entendre une quelque compte réponse, il s'avança vers les peintres, pardonnez-moi, est-ce que l'un d'entre vous pourriez nous peindre, mon amie et moi, on ne demande pas un Monet ou un Picasso, mais cela lui tient très à coeur.
L'un des peintres hocha la tête avec entrain, en commençant à les observer comme pour en chercher l'inspiration et les sentiments à dégager dans sa peinture. Discrètement, Allanah avança jusqu'à se placer sous la neige et devant ce peintre, elle regarda son meilleur ami discuter joyeusement avec cet artiste, lui promettant d'exposer sa peinture dans un musée si elle était à la hauteur. Elle ria doucement, et la tendresse qu'elle ressentait à son égard vint balayer la mélancolie qu'elle avait ressentie il y a peu. Alphard avait une habilité déconcertante à savoir ce qu'elle désirait, et comment lui décrocher un sourire même dans les pires moments.
Quelques minutes passèrent, et le sorcier fini par la rejoindre sous la neige, il lui avoua qu'il ne savait pas réellement comment se tenir.
- Tiens-toi comme tu veux, de toute manière, s'il n'aime pas, il changera ta posture, ria-t-elle en voyant se dessiner une moue sur son visage.
Finalement, il se tourna complètement vers Allanah et enlaça sa taille et ses deux bras, leurs bustes n'étaient pas collés et ils s'observaient profondément. Ils se sourirent en sachant tout deux qu'ils finiraient par souffrir d'un torticolis par cette posture.
- Tu sais que cette peinture ne bougera pas comme les nôtres, lui murmura-t-elle en entreposant à son tour ses bras autour du jeune homme.
- C'est peut être mieux comme ça, nan ?
Elle fronça le sourcils et laissa la pensée d'Alpgard s'aiguiller à la suite de ses paroles.
- Nos émotions seront statiques dans ses coups de pinceaux, ça sera comme si on était heureux pour toujours, au moins dans cette peinture.
Il lui sourit tandis que les lèvres d'Allanah s'étaient légèrement entrouvertes. Il n'avait sûrement pas tord, Allanah n'était jamais aussi heureuse et épanouie que lorsqu'elle se trouvait dans les bras du jeune Black, cette peinture représenterait un instant qui sera peut être un jour révolu. Elle lui sourit à son tour et se laissa bercée par ses douces respirations et l'éclat de bonheur dans ses yeux.
Elle regardait Alphard et secrètement, elle le remerciait profondément d'être toujours là pour elle, malgré la vie chaotique qu'il devait sauver de sa seule présence. Elle savait à quel point il était dur de porter à bout de bras une personne instable, elle l'avait fait avec elle-même, durant tant d'années.
- Tu sais, je suis fier de toi, intima-t-il soudainement.
Le coeur d'Allanah loupa un battement, comme lorsqu'on entend des mots qu'on espère percevoir depuis toujours. Alphard affichait un sourire léger et resserra quelque peu ses bras autour d'elle. Il ignorait sûrement à quel point ses mots avaient un impact sur cette petite fille délaissée par le sentiment de fierté de ses parents. Bien sûr, ils avaient été fiers d'elle, tant de fois et ils lui avaient dis. Mais jamais ils ne lui avait avoués être fiers d'elle pour quelque chose qui lui tenait à cœur, ce n'était qu'envers l'enseignement destructeur que Grindelwald avait entreprit durant son enfance. À son entrée à Ilvermorny, tout cela avait disparu, comme beaucoup de choses.
Elle avait choisi son chemin, et ils étaient restés persuadés du leurs.
Aujourd'hui, ses mots lui faisaient plus de biens qu'ils ne devraient.
- Pourquoi, prononça-t-elle finalement, craignant tout de même de ne pas mériter ces paroles.
- Parce que tu es là, avec moi, que tu souris et que tu arrives à poursuivre ta vie, il laissa son pouce effectuer une caresse sur la taille de la jeune fille, il faut un courage immense pour rester forte comme tu l'es.
Malgré qu'elle eut voulut se dire qu'elle ne méritait effectivement pas cette fierté de la part de son ami, elle se retenue, et sourit simplement. Elle avait tant de mal à accepter le bonheur comme on peine à ressentir la chaleur après un hiver glacial. L'emprise chaleureuse qu'Alphard effectuait autour d'elle la défendait de rejeter cette tendresse. Elle n'avait pas le droit de le repousser, pas lui et pas après tout ce qu'elle avait vécu.
Elle continua d'observer l'être devant elle tandis que le peintre enfermait cet instant dans les couches de coloris. Leurs sourires se figeaient sur la toile et s'étendaient pourtant dans la réalité. Alphard regardait son amie avec une douceur qui dissimulait son immense crainte, sa peur de la perdre, mais plus encore, sa peur qu'elle ne se perde elle-même.
Il n'ignorait pas que Tom était parti, son meilleur ami lui en avait fait part, mais il se demandait ce que cela changeait véritablement pour Allanah. Même si Jedusor n'était plus là, il restait présent dans son esprit, dans ses cauchemars et elle l'aimait continuellement de cet attachement tordu et malsain. L'obsession qu'ils se nourrissaient mutuellement était un poison commun que la jeune fille aimait à en souffrir. La raison n'avait sa place dans leur relation, ils s'étaient tout deux plus encore pervertit depuis leur rencontre. Alphard avait peur, il se demandait jusqu'où tout cela irait, ils ressemblaient à deux jeunes dieux, clamant que le monde était à eux et se donnaient le droit de le détruire.
Une de ses mains quitta le contour fin de sa taille pour délicatement venir se poser sur sa joue. Il caressa de son pouce la blancheur de sa peau, à cette proximité, il pouvait presque voir une pointe de marron se perdre dans l'émeraude de ses yeux. Une couleur chaleureuse qu'il n'avait jamais pris le temps de remarquer, elle souriait et son regard changeait alors du tout au tout. Alphard pourrait le clamer haut et fort, il n'y avait pas de plus beau spectacle que de la voir sourire comme cela et savoir qu'il était la source de son bonheur, et que jamais il ne partirait.
- Tu as réfléchi, alors, qu'est-ce que tu fais après Poudlard ? La questionna soudainement le jeune adulte.
Elle soupira, en laissant sa tête quelque peu tomber en arrière.
- Je suis encore moins sûre de ce que je devrais faire, s'exclama-t-elle, plongeant à nouveau ses yeux dans les siens, ici, j'ai une famille à soutenir, et en Angleterre, je t'ai toi, et je pourrais tout reconstruire.
- Tu sais, sa main quitta sa joue pour gratter l'arrière de son crâne, je te suivrais, peu importe où tu choisis d'aller !
Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement sous le choc, elle ne s'était pas attendue à une déclaration de la sorte à cet instant. Pourtant, malgré qu'elle songe que ce n'était qu'une blague, Alphard avait l'air plus que sérieux. Il gardait son regard dans le sien et combattait sa gêne avec un immense sourire.
- C'est une mauvaise idée, Alphard. J'ai une famille horrible, et puisque j'en fais partie, moi aussi je suis horrible à vivre !
Elle était tout à fait sérieuse mais cela n'empêcha pas leurs rires de s'étendre dans cette rue new-yorkaise.
- Je suis sûr de pouvoir m'y habituer ! Et puis, t'auras besoin de quelqu'un qui ne fait absolument rien chez toi pour rentrer du boulot et passer tous tes nerfs sur lui, clamât-il comme si son idée en était divine.
- C'est vrai, capitula Allanah en souriant, tu pourrais faire un bon bouc-émissaire !
Le visage d'Alphard s'illumina et il conclut qu'il avait gagné cette manche.
- On a toujours pas décidé d'où on vivrait, lui rappela-t-elle en condamnant violemment la joie naissante du jeune Black.
- C'est joli New-York, il y a pleins de bars !
Leurs regards entendus les firent une énième fois éclater de rire malgré le sérieux de cette discussion. Elle refusa d'un signe de tête de droite à gauche en expliquant que cette ville la ramenait trop au passé. Il proposa de nombreuses villes dont Allanah trouvait toujours des mauvais côtés, encore et encore. Alphard soupira et avoua :
- Allanah, allons directement au but et dis-moi que tu ne veux plus vivre aux États-Unis !
Il sut qu'il avait été un peu trop brusque lorsque le visage de la jeune fille se décomposa. Elle semblait presque honteuse et elle jeta un regard discret autour d'elle comme si elle avait peur qu'on l'entende.
- Je ne sais pas, c'est juste que..., derrière le dos d'Alphard, les mains jointes, elle tritura ses doigts, c'est ma maison, ici, il y a ma famille, les jumeaux.
- Allanah, arrête de mentir, les jumeaux pourront te rejoindre en Angleterre dès la fin de leurs études, mais avoue une bonne fois pour toutes que la seule chose qui te retient ici, c'est la mort de ton frère.
À nouveau, le manque de tact du jeune homme avait paralysé la sorcière. Son regard s'était braqué dans le vide et on pouvait lire dans ses yeux son plein envie de fuir cette conversation. Elle savait qu'il avait raison, elle le savait depuis bien longtemps. Cette terre avait vu mourir Isaac et l'abandonner serait certainement l'abandonner à son tour. Elle se répétait cela en boucle depuis des mois, qu'elle l'avait laissé mourir et qu'à présent, elle ne pouvait le laisser affronter le trépas sans fouler la terre qui l'accompagnait au delà des limbes.
Elle se résigna, sentant toujours le regard perçant de son ami :
- Mais le ministère anglais me hait, qu'on ait gagné le procès n'a rien changé, s'indigna-t-elle, se remémorant les journaux de la gazette, ils pensent toujours qu'on est à la solde de Grindelwald !
- Je t'assure, c'est encore mieux s'ils te détestent, rassura étrangement le jeune noiraud.
Elle fronça les sourcils tout en se disant que la neige devait refroidir son cerveau au fil du temps.
- Ça veut dire qu'ils reconnaissent ta puissance, ils voudront te garder au plus près possible, un peu comme Dumbledore ! Tu te trouveras rapidement un poste au ministère !
Elle ne sut si à ce moment donné, il était préférable de ressembler un temps soit peu à son professeur de métamorphose. Elle soupira, elle ignorait ce qu'elle pouvait redire au jeune homme, il avait raison sur toute la ligne.
- J'ai encore deux ans devant moi, ne nous précipitons pas...
À nouveau, Alphard plaça sa main sur la joue de la jeune fille, son envie n'était pas de la brusquer, simplement de la faire avancer vers une vie qu'elle méritait d'avoir. Plus de tourments, une existence où son passé ne la poursuivrait pas à chaque coin de rue. Il espérait trouver cela ailleurs, quelque part. Il allait à nouveau entrouvrir les lèvres pour lui intimer de ne pas s'inquiéter, mais une autre voix survint :
- J'espère que cela vous satisfera ! S'exclama le jeune peintre en se grattant l'arrière du crâne, j'ai fais au plus vite, j'imagine que vous devez vouloir rentrer pour les fêtes !
Les deux sorciers tournèrent leur tête vers le jeune homme et découvrirent le portrait fait d'eux sous la neige. Sous l'admiration, Allanah se détacha de l'étreinte d'Alphard et s'avança vers la peinture. Elle était tout simplement magnifique, tout était épuré et la clarté des couleurs semblait pourchasser toute noirceur en dehors du tableau. Leurs silhouettes étaient représentées au centre de tout, et la neige même voulait rejoindre l'îlot de paix qu'ils paraissaient formés. Un léger sourire s'étalait sur les deux visages, et tout autour d'eux, la peinture était plus étincelante encore. Si l'art pouvait être vrai, elle aurait souhaité que ce tableau soit son existence.
Elle le tendit à Alphard doucement, se reconnectant peu à peu avec la réalité. Elle se tourna vers le peintre qui était rougi par la gêne, alors qu'elle lui donnait bien plus d'argent qu'accoutumé pour ce genre de tableau, elle lui répétait à quel point son talent dépassait de loin tout ce qu'elle avait put espérer.
- On pourra l'accrocher dans notre appartement ? Suggéra Alphard tout en s'approchant des deux américains.
Alors que le jeune artiste souriait face à ce qu'il croyait être un couple, Allanah fit volte face vers son ancien camarade et lui donna un violent coup dans l'épaule.
- Ce n'est pas en insistant comme ça que je vais accepter, imbécile !
- Et ça méritait que tu me frappes peut-être, s'indigna-t-il en frottant son bras endoloris, des fois j'ai du mal à croire que tu m'apprécies !
Elle leva les yeux au ciel et tout en saluant poliment les jeunes femmes et hommes autour d'eux, continua d'avancer avec son meilleur ami en argumentant sur toutes les preuves qu'elle possédait de son attache pour lui. Cela fut comme cela tout le long de la route jusqu'à chez sa tante. Leurs ridicules disputes attendrissaient toutes les personnes qu'ils croisaient, mais lorsqu'ils arrivèrent juste devant sa maison familiale, elle se tut subitement.
Cela lui faisait une étrange sensation de revenir après tant d'années, elle se sentait bien plus touchée qu'elle ne l'aurait voulu. Elle avait la bouche entrouverte et aucun mot ne passait la barrière de ses lèvres. Elle se demandait tant de choses à cet instant, si c'était une bonne idée ou si elle aurait plutôt du rester en Angleterre avec Alphard toute la journée. Elle se questionnait sur le mal que cela pouvait entraînée à sa mère de savoir sa présence ici sans qu'elle n'ait pris la peine de lui rendre visite. Elle se demanda principalement si elle était encore acceptée dans une maison qu'elle avait tant rejetée, comme elle avait rejetée toute sa famille.
Elle soupira violemment, et inspira ensuite lentement pour remplir ses poumons. Après cela, elle se tourna vers Alphard. Le jeune homme haussait les sourcils et semblait attendre les ordres de la sorcière. Mais en vérité, elle même ne savait pas quoi dire.
- Pour que tout soit bien clair, nous sommes pas en couple, Alphard, et nous ne comptons pas l'être, commença-t-elle en hochant la tête suite au même geste de son ami, et surtout, je t'en supplie, aucune évocation même minime de Tom.
- Un mage noir mais pas deux ?
Alphard avait ricané et son air mesquin trônait en maître sur son visage tandis qu'Allanah s'était figée, elle marmonna rapidement :
- Tom n'est pas un mage noir.
Son meilleur ami avait distinctement vu l'air de la jeune Green changée du tout au tout à la simple évocation du Jedusor, il se demandait ce qu'elle pouvait bien encore lui cacher, et pourquoi son déni était si grand.
- Allanah, je...
- Pas d'évocation de Jedusor, plus jamais.
Les traits de la jolie blonde étaient fermés, comme si elle contenait toutes ses émotions jusqu'à les annihiler avec violence. Sa voix avait été tonnante et avait même surpris le jeune Black à ses côtés. Il s'inquiétait réellement pour son amie, il se demandait si cette idée était véritablement bien pour elle, il était évident qu'elle ne l'était pas.
Pourtant, elle ne lui laissa pas le choix ou l'occasion d'argumenter qu'elle avança vers la porte et fit se fracasser le heurtoir contre le bois de celle-ci. Son geste avait été incontrôlé et elle se mordit la lèvre inférieure d'avoir laissé échapper sa colère.
Alors qu'Alphard la rejoignait sur le perron, la porte s'ouvrit devant eux. Cassiopeia Mortensen se tenait à l'entrée de sa maison, une main élégamment posée sur la porte et l'autre ornant la finesse de sa taille. La tante maternelle d'Allanah était une femme magnifique, qui l'avait par ailleurs toujours impressionné. Ses longs cheveux blonds tombaient jusqu'à rejoindre ses côtes habituellement mais sous la société et sa mode, elle les avait rejoint en un chignon très sophistiqué. Elle paraissait toujours à son aise, même enfermée dans une robe sur mesure qui comprimait pour sûr ses respirations. Celle qu'elle avait choisi ce jour-ci était noir, orné son cou une parure de rubis qui était la plus belle chose que sa nièce n'avait jamais vu.
Après l'avoir détaillé, Allanah ancra son regard dans celui de sa tante, et décela toute la joie qu'elle avait de la recevoir pour les fêtes. La femme ouvrit les bras et comme le ferait un enfant trop longtemps éloigné de sa mère, elle se précipita pour obtenir cette étreinte. Elle fut plus chaleureuse encore que dans ses souvenirs, et avait ravivé tant de choses en elle. Elle ressenti à nouveau comme elle se sentait à sa place dans cette maison, dans cette famille où le poids des traditions se partageaient et se soulevaient ensemble.
- Oh, ma chérie, que tu es splendide, lui intima-t-elle dans son oreille comme une caresse à son coeur.
- J'essaie de te ressembler.
L'embrassade se finit avec autant de douceur et de tendresse qu'elle avait commencé, Cassiopeia repoussa doucement sa nièce et lui sourit. Elle porta ensuite son regard sur Alphard et Allanah leur fit se présenter. Très vite, ils quittèrent le hall d'entrée pour s'engouffrer dans la chaleureuse maison de sa famille. Cela la brusquait de revenir ici après tant d'années à n'avoir connu que son manoir et sa blancheur éclatante et aveuglante de mensonge. Ici, les murs resplendissaient de rouge et d'or et les fauteuils s'accordaient à ceux-ci, les couleurs étaient chaudes et s'ajoutaient à ce sentiment complet d'être chez elle, à la maison. Alors qu'elle s'avançait dans le salon, elle touchait délicatement les tableaux de famille, se cherchant joyeusement enfant et riant au côtes de ses cousins, la voix de sa tante retentit près d'elle :
- Les garçons, descendez tout de suite avant que je monte vous chercher !!
Les rires des deux jeunes sorciers s'étendirent dans le salon tandis qu'Allanah perçut des soupirs et des pas à l'étage. Elle attendit avec impatience, elle fixait l'entrée du salon et appréhendait l'arrivée de ses cousins. Le premier à se présenter à elle fut Thomas, l'ainé de toutes leurs fratries, âgé de vingt-trois ans. La vie avait pourtant fait qu'il paraisse bien plus âgé et marqué par les années. Lorsqu'il lui sourit et s'approcha d'elle avec entrain, ils n'eurent plus l'impression d'avoir grandi mais bien d'être redevenus ses enfants innocents. Elle serra fortement son cousin contre elle et huma à cet instant le sentiment d'être en sécurité entre ses bras. Elle dut pourtant rapidement se détacher de Thomas suite aux soupirs de son autre cousin.
- Jaloux, attaqua-t-elle en se tournant vers Julian qui se tenait contre l'embrasure de la porte.
- Moi, jaloux ? Ici, je suis celui qui te ressemble le plus, rétorqua-t-il tout en ricanant, il n'y aucune compétition à avoir.
Lorsqu'il passa à côté d'elle, elle lui ébouriffa les cheveux en se demandant comment un enfant de quatorze ans pouvait être aussi irrespectueux. Ils se présentèrent tout deux à Alphard en gardant un certain œil suspicieux sur celui-ci, malgré que Thomas s'était bien plus accordé à camoufler ses doutes.
Ils s'installèrent dans le salon, les deux sorciers venant d'Angleterre partagèrent un canapé, tout comme ses deux cousins, leur mère étant aller cherché de quoi commencer leur soirée.
Allanah avait délaissé le long manteau noir, cadeau de Vector d'un an auparavant et son épaisse écharpe, elle laissait refléter sous la lumière sa longue robe verte faite de satin doublée pour plus faire resplendir les courbes de son corps, celle-ci, coupée en fente le long de sa jambe droite, confrontait de plein fouet les couleurs gryffondor qui ornaient pourtant le salon des Mortensen.
- Veux-tu plus encore nous prouver que tu es à Serpentard ?
L'exclamation de son jeune cousin fut balayée par un gracieux doigt d'honneur vers lui, ce qui déclencha le rire traitre de son grand frère.
- C'est pour ça qu'elle m'a fait porté un mouchoir de poche vert, ricana Alphard en pointant son costume du doigt.
Cette remarque détruisit un peu plus le mur de méfiance qui s'était crée contre le jeune Black, ses deux cousins ayant ricané à cette parole. Ils n'eurent pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que la maîtresse de maison revenait déjà et entreposait sur la table basse de nombreux mets qui égaillèrent leur attention. Ils se penchèrent peu à peu tous pour commencer à se régaler des talents culinaires de Cassiopeia tandis qu'elle poursuivit la conversation qu'elle avait perçu :
- Je t'aurais bien plus vu à Gryffondor pour ma part !
Allanah finit d'avaler l'un des amuses-bouches cuisinés par sa tante et avoua suite à cela :
- J'aurais été bien à Gryffondor, c'est sûr, mais sûrement pas mieux que dans ma maison !
- T'es bien plus la vipère que la lionne de toute manière, lança Julian en souriant légèrement.
Tout en essuyant une miette sur sa lèvre supérieure, elle se tourna complètement vers son cousin.
- Ne me cherche pas trop ce soir sinon je ne serais rien de plus qu'une humaine et toi tu seras mort.
Alors que ses paroles provoquèrent les rires autour d'eux, Julian et Allanah se fixaient toujours, un éclat de défi dans leurs iris. Il avait raison, il était celui qui lui ressemblait le plus, et cela n'avait rien de bien. Alors qu'à présent, ils riaient tout deux et que leur relation se rebâtissaient avec bonheur, ils n'oubliaient pas ce qu'elle lui avait fait lorsqu'ils étaient enfants. Tout deux avaient été les premières victimes de son obscurial. Elle le savait pourtant, cette expérience avait changé du tout au tout son jeune cousin arrogant et misogyne, plus jamais il n'avait sous-estimé ou maltraité une femme, mais à quel prix ? Les cicatrices morales avaient quittés beaucoup de leurs esprits, mais ne s'étaient jamais amoindris des leurs. Ils se sourirent et retournèrent au présent.
- C'est une suite logique, finalement, intima Thomas, en captant l'attention de tous comme il le faisait toujours, tu as essayé de voler la baguette de Serpentard, tu te retrouves dans sa maison.
Cassiopeia incendia du regard son fils aîné de rappeler cet épisode de sa vie à sa nièce tandis que les jeunes sorciers affichaient tous un sourire amusé. Allanah claqua légèrement sa langue contre son palet et avoua :
- C'était sûrement pour contenter mon échec de ne pas avoir pu la prendre !
Thomas Mortensen fronça les sourcils et continuant de sourire, l'air de sa cousine semblait espiègle, comme si elle cachait quelque chose. Sans le savoir, la même idée germait dans l'esprit de son jeune frère.
- Ce n'est pas ton genre d'accepter l'échec comme ça ? répliqua Julian en attrapant un énième amuse-bouche.
- Encore moins de le clamer haut et fort !
Les deux frères Mortensen étaient rapidement opposés et cela entraînait parfois des discordes, pourtant ils étaient alliés sur plus de fronts qu'ils ne se plaçaient en ennemis. À cet instant, ils étaient côtes à côtes face à la jeune fille qui souriait doucement. Leur mère clama vivement pour cesser cela :
- Ce n'est pas son procès, ce soir, laissez la tranquille !
- C'est vraiment que c'est étrange, souligna soudainement le jeune Black jusqu'alors silencieux.
Allanah détourna ses yeux de ses deux cousins pour porter son regard sur son meilleur ami, la tête légèrement inclinée en arrière, même si chaque regard était porté sur elle et semblait l'épier, elle semblait contrôlée toute cette situation.
- Quelle réponse essayez-vous de me soutirer ? questionna la jeune blonde, laissant ses ongles tinter contre son verre.
- Est-ce que tu as réussi à voler cette fichue baguette ?
La voix de Julian était pressée, la réponse bordée les minutes de chaque instant. Ils étaient tous en haleine et même Cassiopeia se tendait à réellement vouloir savoir cette réponse. Allanah souria un peu plus et d'un air innocent, elle déclara :
- Mais, comment aurais-je pu ? Ils ont replacé cette baguette, j'ai été renvoyé, j'ai échoué, simplement.
- Mais, appuya Alphard en levant légèrement sa main pour émettre un argument, la baguette de Salazar Serpentard n'a plus jamais été vu par quiconque de vivant, ils auraient très bien pu replacé une baguette qui n'était pas la bonne et toi...
- Tu aurais gardé la vraie, murmura sa tante, les yeux légèrement écarquillés.
Allanah ne rétorqua rien et se contenta de regarder un à un les sorciers présents dans cette pièce. Elle se délectait de cet instant qu'elle avait rarement sentie ces derniers mois, elle avait le contrôle sur toutes les réponses, elle tenait entre ses mains la réponse et ne contait pas la livrer.
- Peut être.
- Peut être ?! s'exclama Julian, sérieusement, Allanah, dis-nous la vérité !
Elle ricana légèrement et ingurgita doucement une gorgée de son vin.
- Tu devrais te calmer, Julian, prononça-t-elle distinctement, voyant l'impatience gagner ses yeux, certaines choses sont mieux sans réponses.
Il contracta légèrement sa mâchoire, tandis que sa mère l'invita à la suivre dans la cuisine pour chercher la suite des entrées. Il ne resta que Thomas et Alphard et son cousin finit par demander :
- Tu comptes nous le dire un jour ?
- Si tu trouves quelqu'un qui parle fourchelangue, peut être que je te dirais la vérité.
Elle tourna la tête vers Alphard et sourit doucement, le mystère restait plein. Aucun ne savait réellement si elle mentait, bluffait et se jouait d'eux jusqu'au bout. Alphard haussa un sourcil et Allanah avala un peu plus du liquide rougeâtre contenu dans son verre, cette soirée s'annonçait plutôt bien.
Cette soirée se poursuivit comme cela, Alphard fut invité à déconstruire toute sorte d'écart entre lui et cette famille grâce à sa camarade et peu à peu, Allanah renouait avec le bonheur qu'elle avait délaissé si tôt étant enfant. Elle reprenait goût au plaisir si étrange pour elle d'être en famille. Alors que le ciel s'était noirci et que les coupes de vins s'étaient vidées et remplies à nouveau, Allanah rejoignit le perron pour fumer sous la lune. Bien qu'elle avait déclaré vouloir être seule, elle fut heureuse de voir sa tante la rejoindre et s'asseoir à ses côtés. Tendrement, elle plaça un plaid sur leurs épaules dévêtues et Allanah posa sa tête sur la sienne.
Alors qu'elle tira une première bouffée de sa cigarette, la voix de sa tante retentit près d'elle :
- Comment tu vas ?
À certains instants, cette question a l'effet de l'épée de Damoclés qui tranche tout notre contrôle, on fond en larmes et on regarde les autres, perplexes et incapables de réagir. Un autre jour, cela aurait pu être les émotions d'Allanah qui gisaient comme le sang sur le sol. Mais elle resta statique et ne sut véritablement pas quoi répondre, elle ne souhaitait pas mentir, pas à elle, pas après tant d'années à le faire.
- Mieux, je crois, commença-t-elle, sachant déjà que ses paroles seraient chaotiques et désordonnées, j'essaie d'aller mieux, Alphard m'aide, Poudlard aussi, mais j'ai du mal, c'est compliqué de chaque jour un peu plus se rendre compte qu'il ne reviendra jamais. Je cherche un fautif en vain, mais c'est compliqué lorsque...
Sa voix trembla légèrement, et sa main se portant vers ses lèvres également lorsqu'elle prononça ses mots :
- Qu'il n'y a que le reflet de son miroir.
Elle ressentit aussi tendre qu'un baiser qu'elle n'avait jamais reçu la main de sa tante caressant doucement ses cheveux. Sa respiration calme apaiser son coeur et condamner ses sanglots à rester finalement en elle. C'était Noël, elle ne souhaitait pas pleurer comme elle l'avait fait chaque année.
- Quand j'ai perdu mon mari, bien que tu étais trop jeune pour t'en rappeler, j'ai cru avoir perdu la vie avec lui. C'était comme une détonation, elle prit une inspiration, le monde m'avait prit ma plus grande source de bonheur et je ne cherchais qu'à reporter la faute sur moi, je me disais...que peut être, que j'aurais du voir qu'il était malade, qu'il avait besoin de bien plus d'aide qu'il n'en demandait. J'essayais de me blâmer de ne pas avoir su le sauver.
Cassiopeia Mortensen leva les yeux vers les étoiles flamboyantes dans le ciel et sourit.
- Mais j'avais tord, parfois certaines choses nous sont enlevés tandis que tant de choses nous sont données, resserrant la douce emprise que sa paume avait sur le crâne de la jeune fille, elle murmura, va à ton rythme, Allanah, pleure, hurle et sois rancunière envers le monde entier, mais sache qu'un jour, les choses passent.
Allanah ne croyait pas en deuil, mais elle avait l'espoir d'aller mieux, elle cala délicatement sa tête plus proche du coeur de sa tante et huma le parfum qui lui rappelait son enfance. Elle voulait rester comme cela à jamais, l'esprit enfermé dans le passé, et son corps emmitouflé dans l'amour maternelle de sa tante. Elle entendait non loin les rires des garçons, de ses cousins et d'Alphard qui sympathisaient autour d'une discussion sur le Quidditch.
- Tata ?
- Oui, mon trésor ?
Ce surnom fut une douce attaque au coeur de la jeune fille qui prit quelques instants pour se reprendre.
- Comment savoir si je dois rester vivre aux États-Unis ou alors m'installer définitivement en Angleterre ?
- Pose les pour et les contre, proposa directement sa tante ce qui activa le cerveau logique d'Allanah.
Elle prit quelques secondes et commença à énumérer les arguments de chacun. Les États-Unis étaient son pays natal, là où vivait toute sa famille, elle était sûre de faire carrière dans la politique avec la renommée de sa famille, mais d'un autre côté, toute sa famille vivait dans ce pays, et toute leur toxicité emplirait plus son corps, encore et encore jusqu'à la fin de sa vie. L'Angleterre avait le changement, il y avait Alphard, il y avait le projet de vivre ensemble quand elle aurait fini ses études à Poudlard. Elle rentrerait sûrement au ministère, peut être pourrait-elle être auror, elle en avait les capacités. Mais Alphard changerait de pays pour elle, elle est perdues et embrouillée par son propre raisonnement.
Alors qu'elle énumérait tout cela à sa tante, celle-ci lui coupa la parole d'un seul coup en ricanant de sa voix devenue toute paniquée.
- Dis-moi, ma chérie, fuis-tu les États-Unis ou l'Angleterre ?
Fuyait-elle son passé ou son futur ? Elle l'ignorait encore, Tom s'implantait dans son cerveau à chaque seconde, il embrouillait sa vie, et ses sentiments, comme il l'avait toujours fait.
- Il va y avoir une guerre, elle se prépare déjà, et je crois que...Allanah ferma ses yeux et trouva la force d'avouer ce qu'elle pensait, je crois que cela va ravager toute l'Angleterre, peut être le monde, je ne sais pas ce qui pourrait l'arrêter.
- Arrêter qui ? Allanah, Grindelwald finira par se faire emprisonner pour toute la souffrance qu'il a causé.
Elle gardait les yeux fermés et la cruauté sans limite du jeune Jedusor s'étendait devant elle. À perte de vue, les champs gorgés par les larmes et le ciel ravagés du sang des dieux qui seront tombés dans la bataille. Qui arrête le diable lorsqu'il se lève de son trône et remonte peu à peu les fleuves jusqu'au cieux ? Rien. Mais la lutte ne meurt pas avec les hommes, elle meurt avec l'espoir.
Allanah était née pour se battre, mais elle avait grandi pour choisir pour quoi elle se battrait.
- C'est pire que Grindelwald...
Elle ressentit Cassiopeia se tendre, elle semblait vouloir la serrer un peu plus encore, comme si elle avait sentie que le choix de la jeune Green était fait.
- Tu es bien plus courageuse et forte que tu ne le crois, lui intima-t-elle, en se remémorant la petite fille qu'était sa nièce, et la femme qu'elle avait à ses côtés.
- Je me bats simplement pour que les autres n'aient pas à le faire, et à souffrir.
Cette phrase était sortie d'entre ses lèvres comme si la douleur ne brulait pas sa gorge. Elle accumulait la fumée dans son organisme pour moins sentir les brûlure que lui avaient laissés toutes les étapes de sa vie. Et toutes ses tentatives étaient vaines lorsque la seule pensée de Tom consumait tout son corps. Elle savait pourquoi elle se battait aujourd'hui, mais se rappelait-elle seulement contre quel sentiment elle devrait combattre. L'obsession qu'ils les attiraient au sommet, à défier les instances même du monde humain; les deux jeunes dieux qu'ils étaient, ennemis et sa dévotion à son amour pour lui alimentait le mal. Comment oublier la morsure quand le venin s'infiltre dans chacune de nos veines ?
Elle soupira et laissa couler ce moment entre ses doigts comme le mégot de sa cigarette, Tom réussissait à condamner son quotidien sans même y être présent. Les deux femmes se relevèrent et rejoignirent l'intérieur de la maison, la soirée fut sous le joug de l'oubli du monde, et du profit de la chaleur du feu. Ils échangèrent des embrassades et des danses, quelques cadeaux. Le vin leur faisait sûrement oublié le mal, mais c'était beau comme le bonheur même mensonger fait s'étendre le sourire sur tous les visages. L'esprit d'Allanah n'oubliait pourtant pas la décision qu'elle avait prise et regardait Alphard comme sa seule issue dans ce monde, bientôt comme les bras dans lesquels elle se réfugierait chaque nuit.
Elle avait dansé et plus connu sa véritable famille qu'elle ne l'avait fait auprès de ses parents durant des années. Allanah se laissa tomber sur le canapé qui prenait place dans l'appartement du jeune Black. Ils n'étaient rentrés que depuis quelques minutes, l'euphorie ne quittait pas encore son corps, elle souriait toujours. Ses talons retentirent sur le sol en parquet du jeune homme et elle s'excusa mentalement aux habitants de l'appartement du bas. La jeune fille ferma les yeux et n'imagina pas la douleur qu'elle aurait au crâne à son réveil le lendemain.
- Tiens, met ça ! s'exclama l'anglais en lui balançant au visage un de ses pulls en cachemire.
Elle grogna légèrement et usa de toute sa force pour se redresser du canapé. Profitant de l'absence du Black dans la pièce à vivre, Allanah laissa glisser la robe jusqu'au sol et enfila rapidement le long pull de son ami. Bien qu'elle avait toujours aimé être apprêtée, elle ne négligeait pas le sentiment incroyable qu'était de se libérer de l'emprise d'une robe qui enserre son corps. Elle se sentait tout aussi belle comme cela, emmitouflée dans l'odeur d'Alphard.
Elle se laissa guidé par ses pas tout autour du salon. Il était vaste et pourtant peu de meubles ornaient l'espace. Un grand canapé noir n'était sans lui rappeler ceux qui se trouvaient dans sa salle commune, et un seul fauteuil à ses côtés. La cheminée près des fenêtres n'était surplombée par aucun tableau, elle songeait dès à présent à y placer le portrait des deux à New-York. Un tapis persan s'ajoutait à la chaste décoration de l'endroit, elle grimaça et interpella le sorcier :
- Dis-moi, Alphard, on t'a forcé à prendre ce tapis ?!
Elle perçut au loin le ricanement du noiraud et ne put s'empêcher de sourire à son tour.
- Il était dans la chambre de Walburga, elle l'a toujours détesté et m'a presque supplié de le prendre pour mon appartement !
Elle scruta les motifs qui galopaient le long des coutures de ce tapis et se dit intérieurement que personne ne lui en voudrait d'éteindre ses cigarettes sur cette horreur. Du coin de l'œil, elle put voir Alphard revenir dans la pièce principale, simplement vêtu d'un pantalon de pyjama et le torse nu. Elle détourna son regard et se concentra sur l'appartement.
- Tu ne te dis pas que cette horreur a pu gardé en mémoire des passages de ton cher cousin, dit-elle en arpentant les étagères qui occupaient des tonnes de bibelots, dans la chambre de ta sœur ?
- Tu es un monstre, Allanah, s'exclama-t-il soudainement, et je n'arrive pas à croire que ces obscénités sortent de ta bouche, ironisant, il leva les yeux au ciel.
Elle ne tenait pas à rétorquer que de pires choses étaient sorties de son esprit à certains instants. Elle s'installa finalement dans le canapé, s'affalant comme elle pouvait le faire à Poudlard chaque soir, un sourire se plaça sur son visage lorsqu'elle perçut le tintement de deux verres, et celle d'une bouteille. Elle leva le bras vers le plafond, la main prête à recevoir son du. Sa paume se referma sur le cristal qui renfermait le whisky pur-feu qu'elle méritait après tout ce froid. La baguette d'Alphard alimenta le feu dans la cheminée et les deux sorciers s'installèrent plus confortablement encore dans leurs sièges respectifs. Délicatement, elle porta à ses lèvres la liqueur et la laissa glisser dans sa gorge. Cette sensation lui provoqua la sûreté que cette soirée était enfin finie.
- Tu crois qu'on a un problème avec l'alcool ?
Oui, se dit-elle brusquement au fin fond de son cerveau, elle ricana et avoua :
- Je crois qu'on a une tonne de problèmes et qu'on croit les régler avec l'alcool.
Alphard hocha lentement la tête et ingéra une énième gorgée à cette pensée. Allanah tourna discrètement la tête vers lui alors qu'il scrutait le vide. Il ignorait sûrement à cet instant à quel point elle souhaiterait l'embrasser. Pour peut être se créer un autre problème et fuyant tous les autres. Alphard était son issue, mais il était aussi l'homme qu'elle voulait le plus protéger. Alors, poser ses lèvres sur les siennes serait le pousser à se battre avec elle. Inconsciemment, elle le forcerait à traverser une épreuve de plus. Il ne méritait pas cela. Elle ne voulait l'embrasser que pour réussir à faire taire ses sentiments pour Tom qui hurlaient en elle.
Il finit par orienter son visage vers sa direction et leurs iris se braquèrent sur l'autre. Il était beau de voir deux âmes sœurs se scrutaient innocemment, mais aussi destructeur puisque l'une des âmes n'étaient pas dévoués à celui à qui elle devrait. Dans une autre vie, Alphard et Allanah auraient été heureux, dans celle-ci, ils ne faisaient que rêver de l'être.
Elle finit son verre d'une traite et se leva brusquement. Elle fit un geste de la main au jeune homme pour qu'il enlève l'obstacle qu'était ses bras et elle grimpa sur le fauteuil. Elle se mit en boule contre son torse, son dos souffrant atrocement de l'accoudoir derrière lui mais elle s'en fichait. Elle se colla un peu plus à la chaleur naturel que dégageait son ami. Allanah ressemblait à une petite chose effrayée comme cela, mais elle se fichait bien de son aspect. Elle voulait juste un peu plus de chaleur.
- Je sais que tu n'aimes pas parler d'amour, mais Alphard, murmura-t-elle au creux de sa détresse, est-ce que tu as déjà été amoureux ?
Il prit le temps de réfléchir, mais la réponse semblait toujours la même.
- Nan, jamais, j'ai vu mes parents se haïr toutes leurs vies et préférer rester comme cela que risquer la renommée de notre famille, il ricana, on dit que les enfants ne doivent jamais souffrir des choix de leurs parents, mais on souffre, peu importe le regard de la société, on souffre et on répète le seul schéma qu'on connaît. J'ai jamais voulu ça, alors je reste seul.
Allanah voulut lui avouer qu'il avait tord, au final, il n'était pas aussi seul qu'il le pensait. Mais, au lieu de cela, elle le laissa poursuivre ses dires.
- C'est pour ça que je suis aussi heureux que Cygnus est trouvé Dru' ! Autant pour lui que pour elle, dans cette société, on ne peut pas faire face seul, pas sans en souffrir.
- Ça a été Abraxas pour toi ? demanda-t-elle, sachant très bien la réponse.
Sans qu'elle ne le sache, Alphard sourit légèrement, il hocha lentement la tête et précisa :
- Maintenant, t'es là.
Elle laissa glisser sa main sur son torse pour montrer la tendresse qu'elle ressentait à son égard. Elle soupira légèrement et prit le temps de respirer longuement avant de commencer à s'exprimer à son tour.
- Mes parents se sont mariés par amour, du moins au départ, mais je crois que le poids des traditions a été trop fort pour eux, narra-t-elle à son tour ce que le mariage de ses parents avait engendré, ils aimaient plus le pouvoir qu'ils ne s'aimaient l'un l'autre.
Elle soupira et accepta la vérité, elle n'échapperait pas au poids de sa famille, et des choix de sa mère.
- Ma mère me disait souvent qu'un jour, tout serait plus facile, lorsque je trouverai l'homme qui m'aiderait à me tenir droite, à affronter les choses, j'ai...j'ai tellement voulu croire, elle étouffa un sanglot dans le fond de sa gorge, j'ai juste voulu croire toute ma vie qu'il s'agissait de mon père.
Alphard était silencieux et laissait son amie se confier sur des choses qu'elle n'avait jamais osé avouer à voix haute, ni même à elle-même.
- Mon père a toujours voulu que je sois forte, que je représente au mieux ce qu'était notre famille, mais elle..., Allanah hoqueta, ma mère voulait juste que je sois forte pour lui. Elle m'a conditionné à obéir à Grindelwald, elle a participé jusqu'à dernier instant à ce que je sois une arme et un soldat parmi tant d'autres.
- Allanah, calme toi.
La voix posée et calme d'Alphrard permit à la jeune fille de se détendre. Elle prit plusieurs grandes respirations, puis une très lente qui fit passer un violent sanglot s'apprêtant à emplir l'espace autour d'eux.
- Aujourd'hui, j'ai à déconstruire chaque année de ma vie pour me la ré approprier, pour posséder pleinement mes pouvoirs, et ce que je souhaite en faire.
Elle se tut finalement, comme un point final à cette soirée, elle avait assez parlé de ses tourments.
Elle respira quelques minutes, en silence près des battements du cœur du jeune Black. Il caressait doucement sa tête comme l'avait fait sa tante quelques heures auparavant. Allanah avait toujours du mal à croire qu'il était aussi prévenant avec elle, aussi patient malgré ses sentiments changeants et sa qualité à détruire tous les instants de bonheur. Alphard avait radicalement changé au contact de cette jeune fille, cette relation lui avait fait remettre en cause tout ce qu'il avait prévu pour son existence. Il se souciait de quelqu'un, de son sort, plus encore qu'il ne se souciait du sien.
Doucement, sans qu'elle ne remarque quoi que ce soit, le bras d'Alphard agrippa sa baguette et d'un geste discret, une musique s'étendît dans l'air de son appartement. Elle provenait d'un tourne disque non loin et laissait s'étendre les notes françaises d'une douce musique. Allanah releva la tête, les sourcils froncés, tandis que son ancien camarade la poussait à se redresser de ce fauteuil. Il la devança une fois debout, attrapa son poignet pour l'entraîner au centre de la pièce.
- Nan, nan, nan...Alphard, je suis fatiguée, j'ai mal aux pieds, s'écria-t-elle en luttant contre la poigne de son ami, j'ai pleuré, je dois être affreuse à l'heure qui l'est !
- C'est vrai que..., grimaça-t-il en s'approchant doucement d'elle, il remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille, tu m'es apparue plus jolie que maintenant.
Elle sourit tristement et passa ses mains sur ses joues pour tenter d'effacer ses larmes. Il l'aide en passant délicatement son pouce juste sous son œil droit. Puis, il entoura sa taille de ses deux bras et par réflexe, elle passa ses mains derrière sa nuque et les joignit contre sa peau. Il les fit tourner dans la pièce, doucement, gardant la jeune fille contre lui, soutenant plus son corps qu'elle ne le faisait.
- Joyeux Noël, Allanah, murmura-t-il en souriant légèrement.
Elle releva les yeux vers lui alors qu'ils tournoyaient toujours sous la mélodie française, elle sourit et répondit :
- Joyeux Noël, Alphard, j'ai hâte de vivre avec toi dans notre appartement.
•
bonjour, bonsoir !
tout d'abord, je m'excuse pour le retard d'une semaine pour ce chapitre, avec le bac de français, j'ai pris un peu de retard !
alors, avez-vous aimé ce chapitre ?
qu'avez-vous pensé de la découverte des États-Unis avec la famille Mortensen ?
ainsi que le choix d'Allanah d'habiter avec Alphard après ses études ?
j'ai hâte que mon oral soit passé lundi pour me mettre complètement dans cette histoire !
merci d'avoir lu, à la semaine prochaine (je l'espère!) !
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