31 | 𝓱im and I.
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| CHAPITRE 31 |
i am his, and he is mine
in the end, it's him and i.
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LE DOS D'ALLANAH
reposait tendrement sur la pierre froide d'un des murs de Poudlard. Fixant la grande porte en bois qui renfermait les septièmes années, la jeune fille profitait de l'ombre et de la fraîcheur du château pour ne pas mourir de chaud. Sa chemise collait légèrement à sa peau et ses manches étaient relevées jusqu'à ses coudes, quelques boutons dérangeants avaient sautés pour lui permettre de respirer plus convenablement. L'été en Écosse était bien plus dur et pesant que ceux qu'elle avait connu en Amérique.
La semaine des examens avait commencé depuis deux jours à présent. Jusque là, ses seules épreuves avaient été Sortilèges et Métamorphose. Elle ne pourrait pas s'assurer les meilleures notes mais elle était particulièrement fière de sa réussite lors de ces examens. Autant presque qu'elle était fière de Lyssa qui avait su impressionné tout le monde avec sa rapidité, son sérieux et sa détermination. Celle-ci était encore en serre de botanique alors que la jeune Green avait fini cet examen quelques minutes auparavant.
À présent, elle scrutait le vieux bois qui renfermait l'épreuve de Métamorphose de son ami. Elle espérait de tout coeur que tout se déroule bien pour lui, tant ils avaient passés d'heures la veille à le faire expressément réviser. Malgré son air constant de fierté, elle avait su entrevoir le léger stress emplir les paumes moites du jeune Black. Sa tête se balança quelque peu en arrière, se plaçant contre la pierre grise où reposait déjà son dos. Elle soupira et écouta le silence de la solitude.
Il était rare dans cette période d'apercevoir ces moments uniques où son âme se plaçait seule à un endroit. Tout le monde affluait de toute part, constamment. Des conseils, réviser, des discussions, réviser. Ces derniers jours avaient été très longs, elle apprécia l'absence de tout bruit autour d'elle et se concentra à nouveau sur sa respiration. Bientôt, elle quitterait Poudlard, comme l'adieu déchirant d'un amant, Alphard partirait dans la volet, la laissant à cette constante emprise d'elle-même. Elle était partagée, Tom ne sera plus là...Mais sera-t-il véritablement parti ? Certes, il ne serait plus à emprunter les couloirs pour des cours, mais sa demande pour être professeur pourrait très bien être acceptée. Pourquoi ne le serait-elle pas ? Il était brillant, Allanah serra les dents, il n'était qu'un stupide mensonge assez bien raconté pour paraître vrai.
Elle observa l'étendue lointaine du plafond et tenta de calmer la colère qui montait en elle. Malgré les jours qui s'étaient coulés, les souvenirs étaient intactes en elle, la texture du diable sur ses lèvres et du chaos dans ses paumes. Tom avait réveillé un instinct primitif en elle, celui du pouvoir et à présent, il ne cessait de rugir et de réclamer son du.
Il te faudra choisir ton camp.
Elle secoua finalement la tête, tout en passant sa douce main sur son visage. Elle ressassait toujours le passé, cela ne servait à rien. Ses paroles étaient mortes avec cette nuit, tout avait été emporté par le temps, loin d'elle. Il était inutile de se détruire pour le néant. Et pourtant, elle soupira à nouveau, toute sa vie, on avait appris à cette petite fille à aimer la victoire, à la chercher et la trouver peu importe les conséquences. Une guerre attendait le monde sorcier, elle devait prendre place, mais, une guerre était déjà en cours, un mage noir terrifiait déjà le monde. Il y avait deux conflits, deux places à prendre, et elle, la main en enfer, et l'autre tendue vers l'espérance.
Elle devrait bien plus se concentrer sur son épreuve de Défense Contres les Forces du Mal le lendemain, cela paraissait être plus important à cet instant.
Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir doucement, le grincement se tut momentanément pour laisser le diable quitter les lieux dont il avait une nouvelle fois prouver sa supériorité. Tom avait fini son épreuve, en premier, comme il en avait l'habitude. Lorsqu'il poussa cette vieille porte, une douce créature se présenta à lui.
Allanah avait toujours la tête en arrière, dévoilant la clarté de son cou au démon qui s'approchait d'elle. Elle n'entendait rien, plongée dans ses pensées. Le jeune Jedusor apprécia cet instant de contrôle sur sa proie, cette totale soumission qui lui était pourtant inconnue. Il contemplait à son insu la chute d'un ange sur son territoire. Il se mit à jouer une partie qu'il appréciait particulièrement. Sans faire un bruit, il s'approcha de la sorcière, le silence comme support, son ombre se glissa près d'elle.
Puis soudainement, sa présence ne fut plus camoufler par ses soins, son corps rencontra avec force celui de sa camarade. La main brusque contre ses lèvres l'empêcha de laisser ses cris pourfendre le silence. Allanah avait les yeux écarquillés et les mains tenues fermement dans une de son assaillant. Doucement, celle qui tenait son alerte au néant glissa sur son visage, sur son cou, sur sa nuque.
Sans une parole, Tom empoigna avec peu de force mais un contrôle immense le cou et l'esprit entier de la jeune fille. Ils étaient silencieux mais elle hurlait. Tout s'était passé si vite que le temps ne lui avait pas permis d'attraper sa baguette. Elle était restreinte au peu de mouvements que lui permettait la force physique du jeune homme, très peu de mouvement.
Elle se contentait de forcer pour se libérer, en vain, gonflant par ailleurs la colère sous-jacente de son camarade :
- Si tu ne veux pas que je te brise le cou, tu devrais arrêter.
- C'est étrange, je me débats pour faire exactement la même chose avec le tien, cracha la sorcière avec toute la hargne qu'il lui connaissait.
Un sourire se plaça doucereusement sur le visage du sorcier, raffermissant du même instant l'emprise sur les frêles mains de sa prisonnière.
- Ce n'est pas à ton tour de jouer, Allanah.
La façon dont son prénom s'écouler le long de sa langue la détruisait un peu plus à chaque instant. C'était un son tortueux qui faisait brûler la faible flamme de résistance en elle, la poussant au néant. Il fallait que les dieux aient pitié de son âme tant le roi des Enfers était délices. Allanah plongea ses yeux dans les siens, elle voulut que ses iris maintiennent la lutte. Ce combat entamé entre eux depuis leur rencontre, mais tout ce qu'elle put apercevoir dans le regard de Tom, fut le désir. C'est tout ce qu'il montrait à cet instant le même éclat de luxure que la lune lui avait permis d'observer la nuit dans la forêt. C'était ce qu'elle provoquait chez lui, ce qu'il entraînait chez elle. La passion destructrice qui les unissait.
- Je ne veux pas jouer, avoua-t-elle subitement, pour s'échapper de cette situation qu'elle connaissait bien trop, pas aujourd'hui.
Sa remarque le fit encore plus sourire. Ses lèvres s'allongèrent un peu plus pour lui montrer à quel point elle n'avait le choix de rien, pas avec lui. Cela n'avait jamais été le cas, il avait controlé toute cette année, et elle était naïve de croire que cela s'arrêterait.
- Tu es à moi, le jeu est constant, rien ne s'arrête jamais, annonça-t-il en laissant crouler ses doigts de son cou à l'essence de sa poitrine puis son ventre qui se tordait, et sa hanche, c'est toujours en toi, ça murmure, mais tu n'écoutes pas, tu ne parviens pas à accepter à quel point tu as besoin de moi, que tu me veux.
Ses pupilles étaient dilatées et ses iris suivaient le mouvement de ses lèvres avec cette même passion dévorante qui faisait bouillir sa peau au contact de sa main. Elle bafouilla pourtant :
- Tu as tord...je n'ai besoin que de moi, je me suffit...
Il ricana et raffermit sa prise sur sa hanche, la rapprochant un peu plus de lui.
- Tu mens très mal, aujourd'hui.
Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement sous la pression sur son corps, la panique la saisit soudain lorsqu'elle imagina être découverte comme cela par n'importe qui. Elle songea à ce que pourrait penser Poudlard de leur relation, de la profonde idée idiote qu'il pourrait faire de cela un couple langoureux. Elle souhaita repousser Tom, avec toute sa force, ce ne fut pas suffisant. Il bloquait bien trop ses mouvements pour espérer s'enfuir.
- Jusqu'à quand croiras-tu que tu te suffis ? murmura-t-il, rapprochant ses lèvres du creux de son oreille pour inscrire au plus profond ses paroles. Jusqu'à quand croiras-tu que tu peux te contrôler ?
La voix doucereuse du jeune homme n'effaçait pas l'effet destructeur que ses paroles avaient sur elle. Elle sentit le ciel lui tombait sur la tête, recouvrir tous ses espoirs vains avec une couche de suffisance dont l'homme devant elle faisait preuve. Elle était naïve et il paraissait être le gentil démon qui la libérait de ses chaînes.
- Suis ton instinct, Allanah, il te conduit à moi.
Sa main plaçait sur sa douce joue, il prenait la place du gentil de l'histoire, de celui dont elle avait besoin, comme si elle avait besoin de quiconque. Ses yeux se teintèrent de la colère que le désir avait fait taire. Elle donna un puissant coup dans la jambe du sorcier et le repoussa en n'ayant que faire de son grognement de douleur. Allanah recula, assez pour parvenir à brandir sa baguette face à son véritable ennemi.
- Une nouvelle fois, toi ou Grindelwald, qu'est-ce que ça change ?! s'écria-t-elle, en retenant ses émotions pour ne pas hurler sa détresse, tout ce que vous voulez, c'est contrôler encore et encore, et tout ce que vous voyiez, comme si vous compreniez quoi que ce soit...
Les derniers mots de sa phrase se mirent à devenir murmure jusqu'à mourir dans sa voix. Elle était épuisée. Tout était bien trop dur pour elle.
- Tu ne sais pas ce que c'est ! Ce n'est pas ma magie ! Ce n'est pas mon pouvoir...Cette chose n'est pas moi, mais elle est là...Constamment.
Il tenta un pas vers elle que le mouvement brusque de sa baguette arrêta. Tom tenait également la sienne le long de son corps, il fixait sa proie farouche avec intérêt. Il était rare que la jeune fille ne se confie, la rage dénouait ses émotions, et ses faiblesses. Allanah était bouleversée, ses yeux se teintaient légèrement de larmes qu'elle tentait d'essuyer rapidement. Il n'était pas le moment de pleurer pour elle.
- Tu n'as pas à accepter cette condition, tu peux la contrôler, tu peux contrôler ce qui te fait peur, et je peux t'aider à y parvenir, clama-t-il distinctement, passant au travers des barrières de colère de la jeune fille.
Le charme du jeune homme avait toujours eu cette puissante persuasion chez les autres, l'instinct palpable que tout allait mieux dans ses iris profondes. Mais c'était faux, et Allanah le savait. Rien ne serait bien aux côtés de Tom, mais elle voudrait tant que ce soit le cas.
- Je ne veux plus être une arme...
La détresse de l'enfant qu'on ne lui avait pas permis d'être remonta douloureusement le long de sa gorge, dans une plainte qui ne concernait pas l'homme qu'elle affrontait. Elle voulut que le monde sache, comme si la pitié lui était encore permis, comme si la vie lui permettrait la compassion des saints.
- La vie est un engrenage, petite fille, dit-il avec plus de force, moins de patience, un plateau d'échec, où chacun trouve sa place, fais les mauvais mouvements et tu perdras, mais sois utile, ingénieuse et tu seras victorieuse.
Il s'approcha sans qu'Allanah n'esquisse le moindre mouvement, baignée dans ses pensées et ces paroles.
- Et si la partie est trop rude, alors laisse le joueur principal prendre les reines et juste contrôler ce que tu ne peux plus encaisser.
La tentation est belle lorsque tout semble brûler autour de nous, mais le feu à l'intérieur d'elle était bien plus fort, elle ne pourrait vivre comme cela.
- Je ne serais jamais ce que tu veux, Tom, je...
- Mais tu le veux, s'exclama-t-il brutalement en attrapant l'arrière de sa nuque pour les rapprocher à nouveau, tu veux être à moi, avec moi, alors pourquoi ?! Tu seras dangereuse pour le reste du monde si jamais tu pars, alors qu'avec moi...Avec moi, tu contrôleras ce danger, il sera à toi, et jusqu'à la fin, ça sera toi et moi.
Pourquoi ? Se demanda-t-elle, sa vie avait été réservée au pouvoir, c'était cela son vrai désir. Alors pourquoi ? Pour voir une nouvelle fois le soleil disparaître derrière les montagnes et tenir la main de sa mère, peut être un jour.
Pour l'espoir. Le dernier, peut être, le plus fou et le plus important. Pour le dernier éclat d'humanité dans ses yeux.
Elle entrouvrit les lèvres et voulut les poser délicatement sur les lèvres du jeune homme comme si la douceur était permis entre leurs deux corps. Elle demeura silencieuse, devant l'hésitation et le doute. Devant la tentation. Allanah était encore humaine, tandis que l'âme de Tom ne brillait déjà plus. Elle voulait mourir en tant qu'humaine, et peut être un jour renaître près de ses montagnes.
- Jusqu'à la fin, ça sera toi et moi.
Un sourire se plaça sur le visage de Tom, qu'elle effaça lorsqu'elle prononça ses derniers mots.
- Mais pas au prix de la vie du reste du monde, au prix de la mienne.
Une lueur rouge éclaira la noirceur des iris du sorcier, la proie courrait loin dans la forêt, encore.
Avant même que le jeune Jedusor puisse prononcer le moindre mot, la porte de la grande salle d'examen s'ouvrit bruyamment. Les deux élèves se séparèrent de leurs étreintes haineuses et firent face au plus grand sorcier de tous les temps. Tom et Allanah affrontèrent le regard intrigué de Dumbledore, alors que la jeune fille tentait encore faire disparaître les traces de larmes sur ses joues.
- Jeunes gens, vous ne devriez pas être là, vous risquez de déranger la concentration de ceux qui en ont le plus besoin, clama-t-il avec un calme contrastant avec l'air ambiant à cet instant.
Son regard se posa sur Tom plus intensément et il prononça la suite de ses dires :
- Après cette épreuve épuisante, Tom, vous devriez rejoindre votre salle commune pour un peu de repos.
Le léger sourire sur les lèvres du professeur ne semblait en aucun cas être une marque d'attention de sa part, mais bien plus une demande lancinante de quitter au plus vite les lieux.
Tom accorda un dernier regard à sa camarade, une unique attention qui figea le sang de celle-ci. Il était plein de rancoeur. Elle ignorait quoi faire. Peut-être avait-elle fait une erreur. Elle venait de déclencher une guerre passionnelle.
Dans un mouvement de tête respectueux, la présence du jeune homme s'effaça peu à peu de l'air autour d'elle, lui permettant de bien mieux respirer. Pourtant, le professeur Dumbledore n'avait pas quitter les lieux et son regard scrutait toujours les yeux fuyants de détresse de son élève.
Il ne dit que ses légers mots à son égard avant de regagner la salle :
- Faites attention, Allanah, faites les bons choix.
Elle ignorait ce qu'elle venait véritablement de faire, ni ce que cela entraînerai à l'avenir, mais l'instant de la décision était une folie qu'elle connaissait bien à présent. Si cette vie était une partie d'échec, elle n'était pas le pion que Tom croyait qu'elle était, elle était l'adversaire.
[...]
Les rails sous l'avancée du train avaient toujours fait ce bruit qui agaçait Allanah, ce bruit constant de ferraille rouillée qui lui paraissait mourir à petit feu. Quitter Poudlard pour la dernière fois de cette année lui assurait partiellement un bonheur moindre.
Ce qui la combla fut bien plus d'entrevoir la ville au loin, ce qui signifiait que bientôt elle n'aurait plus à supporter ce bruit, et la présence agaçante de Malfoy près d'elle. En face d'elle, son plus grand bonheur reposait sur la mine radieuse de Lyssa. La jovialité de son amie lui apportait bien souvent la force dont elle avait le plus besoin. Bientôt, elle rejoindrait sa famille, elle ferait face à nouveau à ce malheur qui lui avait appris que la toxicité n'échappait pas aux vaines dont s'écoulaient le même sang. La jeune Wilzem, le sourire étendu au ciel, se ravissait à chaque instant et dévoilait à ses camarades son bonheur de retrouver l'Allemagne.
Cette pensée lui rappela sa propre terre natale qu'elle
foulerait bientôt. Elle ne sut si l'excitation était appropriée, mais l'idée de pouvoir à nouveau visiter New-York après tant d'années serra son ventre d'une attente insoupçonnée. Elle et ses frères et Allison, quittant ce manoir pour passer leurs peu de temps libres dans une ville ouverte au bonheur, une place maudite qu'elle voulait rebâtir comme son plus grand trésor. Elle ne souhaitait rester au manoir.
- Je vais m'installer dans mon appartement, enfin, souffla Alphard en observant le haut du train, un air presque jouissif de liberté sur le visage.
Cela détermina la joie brusque d'Allanah. Elle imaginait finalement toutes ses prochaines vacances à Poudlard dans l'appartement du jeune Black, dans son lit durant deux ans encore. Puis, elle aussi, enfin, pourrait quitter sa demeure familiale.
- Achète un peu de meubles avant de le remplir de bouteilles d'alcool, ironisa-t-elle en souriant pourtant de toutes ses dents au bonheur de son meilleur ami.
Discrètement, un ricanement du jeune Malfoy s'éleva dans un coin du compartiment, elle se tendit légèrement sous le regard amusé d'Alphard de sa remarque. Elle ignorait pourquoi, mais Abraxas était redevenu cette omniprésence de Tom dans sa vie. Un reflet du diable, un nouvel ange à la peau corrosif. Elle posa ensuite les yeux sur cet être qui était son ami, ou qui l'avait été, elle ne savait plus à vrai dire. Elle se souvenait de toutes ses soirées, de chacune d'entre elles, comme une version unique d'un autre pourtant identique. Chaque nuit, un éclat différent dans ses yeux, comme une autre part de lui. Ils s'étaient livrés, tard, lorsque la lune même quitte sa place solitaire, lorsqu'ils veillent sur le sommeil de tous, en détruisant le leur.
Abraxas et Allanah étaient étroitement liés envers des paroles dégoulinantes d'alcool et brûlées par leurs briquets. Quand tout était si simple, lorsqu'ils oubliaient qu'ils auraient à se battre le lendemain.
Leurs corps paraissaient livides, mais rarement il crurent vivre autant. Comme deux inconnus qui connaissent tout de l'autre. Cela semblait beau, mais c'était horrible.
Elle continua de sourire malgré cette pensée, malgré les paupières brûlantes dont elle feignait l'indifférence.
- Vous allez me manquer, murmura Lyssa, discrètement, comme un secret.
Leurs trois paires d'iris se tournèrent vers la jolie rousse qui rougissait déjà. L'allemande triturait légèrement les pans de sa robe verte. Le regard attendri qu'Abraxas posa sur elle lui sembla le plus beau du monde. Celui d'un ancien amant, dont l'amour porte encore les gestes, colore encore le plus profond de ses yeux.
- Tout ira bien pour toi, Wilzem, assura Alphard pour la rassurer, mais veille sur Allanah si tu ne veux pas qu'elle meurt de tristesse.
Après un léger coup dans ses côtes, et un geignement d'Alphard, l'ambiance trouva cet aspect d'adieu et de fin qui les peinait tous. Allanah détourna les yeux de ce spectacle de tendresse dont elle n'était pas habituée, elle confronta la ville de plein fouet, ils allaient quitter le train. C'était fini, pour de bon. Son regard inquiet se porta rapidement sur le noiraud assis à ses côtés. Alphard l'observait également, avec un léger sourire et le coeur toujours plein de leur unicité particulière. Ce contact visuel rassura la jeune fille, il était là, il serait toujours là malgré qu'ils ne soient plus camarades.
Elle posa sa main sur la sienne et la serra fortement, elle eut besoin de cet ultime instant de tendresse cachée, cela lui rappela ses vacances dont la détresse de son quotidien avait éloigné d'elle la féérie.
Le train commença son long ralentissement en s'approchant de la gare King's Cross, avec ce mécanisme bruyant, tous les souvenirs de cette année se confrontèrent à l'esprit de la jeune fille. Elle était contrainte de tous les revoir, de revoir chacun qu'elle ne voyait à présent plus pareil. Sa prise se resserra sur la paume du jeune Black, elle papillonna légèrement des yeux, elle ignorait pourquoi elle avait envie de pleurer.
C'était une étrange sensation que la nostalgie, elle sentait qu'elle sombrait peu à peu dans le déni de la fin. Elle voulait réentendre la voix de Vector comme le simple écho de son enfance, celle de Le'o comme son plus fidèle ami, Abraxas comme le jumeau qu'on lui aurait accordé dans une autre vie. Il n'y avait plus qu'elle face à eux, et Tom, inéluctablement entre eux.
Les souvenirs fusaient dans les iris teintés de douleur de la blonde, elle était aussi silencieuse qu'elle hurlait intérieurement. Cette année était finie, finalement, tout avait une fin, même le pire des cauchemars et les plus belles des rencontres.
Son regard se connecta à cette amie face à elle, la seule pointe de bonheur qu'elle retrouverait dans quelques mois. Lyssa lui souriait, elle était exceptionnelle et si forte comparé à elle. Elle avait fait le deuil de cette relation avec Abraxas, et continuait de l'observer avec cette attention maternelle qui frôlait l'admiration. La jeune Wilzem dont les douces lèvres s'étiraient légèrement donnait à sa camarade la sûreté d'être là pour elle, peu importe ce qui arriverait. Leurs liens étaient indicibles, un secret entre deux petites filles. Lyssa lui faisait penser à Allison. Cette petite sœur qui venait panser ses plaies et ses pleurs dans un coin sombre de sa tête. Il restait finalement des anges pour prendre soin de celle n'avait plus ses ailes.
Le train s'arrêta soudainement, dans un long bruit de fer, ils sortirent de la locomotive rouge, les larmes bordant chacun de leurs souvenirs.
Trois serpentard étaient dans un coin reculé de la gare, tous ensemble sans qu'aucun ne sachent quoi dire. Ils étaient regroupés dans un besoin de secret, dans un relent de fierté peut être de se sentir aussi affecté par cela. Alphard était contres les pierres froides des murs de cette gare, il fumait tendrement devant les deux jeunes filles. Abraxas était parti, il avait accordé un dernier regard à Lyssa et les avait quitté.
Ce dernier acte avait dessiné la rancoeur finale de la jeune Green, il avait choisi son camp, et elle aussi. Allanah observait les deux amis devant elle. Dans un triste sourire, elle réalisa à quel point elle les aimait. Elle avait reconstruit une part d'elle ici, et jamais plus sa vie ne serait pareille. Elle porta son regard étrangement brillant sur Alphard, il était statique et ses yeux ne semblaient contenir aucune émotion. Pourtant, elle réussissait à présent à voir à travers la noirceur qu'il démontrait au monde. Ils se regardaient silencieusement, se démontrant toute l'attache qu'ils se vouaient depuis quelques mois, ils ignorait ce que l'avenir leur préparait mais ils étaient sûrs d'une chose, ils seraient ensembles pour l'affronter.
- Dis aux autres qu'ils vont me manquer, assura soudainement la jeune Wilzem, brisant le silence de la fin. Que j'étais heureuse d'être avec eux toutes ses années, que...dis-lui que je l'aime, toujours.
Lentement, le jeune Alphard hocha la tête en direction de la rousse. Son regard clair était plongé sur le sol, cachant de profondes larmes d'adieu. Malgré tout, Lyssa demeurait attacher aux jeunes hommes qui avaient bercés ses après midi. Elle restait attachée à l'idée d'eux, ne plongeant pas dans la noirceur, dans un déni profond, elle releva la tête.
Son visage était partiellement éclairé par le doux sourire qu'elle voulait montrer au monde, et ses larmes traçant leur chemin tortueux sur ses joues. Allanah observa son amie, les yeux rougies et ouvrit ses bras pour qu'elle fonde dedans.
Elle se serrèrent fort l'une contre l'autre, non parce qu'elles s'aimaient cette fois-ci, mais parce qu'elles aimaient ces amis qu'elles avaient perdus, qu'elles les aimaient si fort que leurs cœurs se serraient. Allanah ferma les yeux, elle força sur ses paupières pour qu'aucune larmes ne franchissent la barrière de sa force. Elle se dit qu'elle n'avait pas à ressentir de la pitié jusqu'à ce qu'elle réalise que ce n'était pas cela. La jeune Green était profondément bouleversée, elle souffrait. Cela serrait son coeur, pas de trahison, mais de perte. Elle pouvait encore sentir l'odeur des plaids sous lesquels Le'o et elle se cachaient lorsque leurs rires étaient trop puissants, tous les trous faits par leurs cigarettes camouflés sous tous ses oreillers. Les éclats de bonheur qu'elle avait vécu à Poudlard avec ces amis n'existeraient plus jamais que dans son esprit. Ils se disperseraient dans l'univers, peu à peu, jusqu'à n'être que quelques secondes de l'an 1945. Quelques minutes de leurs vies, partagés avec un lointain étranger, rien, au final.
- Je pensais y arriver, murmura Lyssa au creux de son cou, noyant ses paroles dans ses larmes, je voulais y arriver mais..., mais j'ai échoué...
L'image d'Abraxas s'insinua en elle et contrôlait ses larmes se trouver de plus en plus difficile. Elle détruisit cette étreinte puissante pour connecter leurs regards larmoyants. Elle avoua, d'une voix forte, pour ancrer cela au plus profond d'elle :
- Ce n'est pas toi, et ce ne sera jamais toi qui a échoué, Lyssa, mais lui. Il a fait les mauvais choix, tu n'es responsable que d'avoir cru qu'il pourrait croire en l'amour.
Lentement, à son tour, elle hocha la tête, faisant danser ses belles boucles rousses, elle sourit un peu plus. Elle lui murmura de faibles remerciements et s'éloigna des deux serpentards, un air enfantin et un grand geste de la main. Allanah regarda Lyssa partir et retrouver ses parents avec entrain, elle observa tendrement le départ de la seule qu'elle retrouverait bientôt avec une certaine appréhension. Comme si finalement, tout lui était arraché.
Elle sentit une pression sur sa joue, reconnaissait immédiatement la paume d'Alphard. Elle posa enfin ses iris dans les siens. Ils se faisaient face, comme si l'un d'eux montait dans un train pour ne plus revenir, comme si c'était la fin. Mais c'était loin de l'être, se disait Allanah.
- Tout va bien, Allanah, je suis là.
- Je sais, Alphard.
Ils se faisaient face, et durant quelques minces secondes, le monde n'existait plus. Assez pour imaginer, lui prendre la main, courir loin, vivre, pleinement et ne jamais revenir. Assez pour imaginer, mais si peu de temps finalement. Trop peu pour le réaliser. Allanah détourna les yeux vers le sol et Alphard les leva jusqu'au ciel.
- Heureusement que tu t'es pas mise à pleurer.
Elle fronça les sourcils tout en le questionnant du regard.
- J'ai entendu dire qu'on utilisait dix-sept muscles lorsqu'on pleurait, avoua-t-il en ricanant, je sais bien que les américains n'aiment pas le sport, donc...
Tout en riant à son tour, Allanah frappa sur le torse du jeune homme alors qu'il exagérait sa douleur, il attrapa finalement son poignet pour le rendre statique. Ils arrêtèrent de bouger, se fixant à nouveau. Allanah sentit en elle quelque chose battre, une idée étrange, une pensée destructrice.
Elle ne devait pas embrasser Alphard, parce qu'elle l'aimait, de tout son coeur. Ils n'avaient pas le droit de détruire tout cet amour en le condamnant en cédant à leur pulsion. Elle ne le voulait pas, il ne l'avait jamais souhaité non plus.
Son poignet retomba doucement le long de son corps et tout en mettant ses mains dans ses poches, le jeune homme s'éloigna. Avant de disparaître au loin, il s'écria :
- Essaie de me revenir entière !
- J'essaierais plutôt de gagner quelques centimètres !
L'éclat de rire de son ami fut la dernière chose qu'elle perçut avant de quitter la gare. Elle était légère, ses pas la portait jusqu'à l'extérieur, vers son père qui l'attendait déjà. Alors que ses jolies bottines frappaient le sol anglais, elle avançait vers les adieux. Au loin, elle rencontra le regard de Tom.
Il l'observait, un sourire se dessinant sur le coin de ses lèvres. Il était une masse sinistre sur une place banale, une divinité ignorée de la plupart des âmes, car adorée par le mal. Ils se fixaient, elle avançait loin tandis que lui restait statique. Elle fuyait et il la regardait partir. Lorsqu'elle détourna les yeux de Tom, elle sut que cette guerre serait sûrement sa dernière. Elle jouait contre le diable, et son seul salut se trouvait entre ses bras.
Elle rejoignit l'Amérique, ne sachant rien de ce que la vie avait planifié pour elle.
[...]
Le soleil déclinait peu à peu derrière les montagnes de North Adams. Allanah descendait lentement les escaliers de son manoir, moins elle faisait de bruit, moins ses parents lui porteraient d'attention. Elle avait troqué ses vêtement originels contre un peignoir en soie rouge qui apaisait les chaleurs de l'été. Ses cheveux étaient relevés dans un parfum chignon dont sa sœur avait prit l'initiative de rendre impeccable durant plus de vingt minutes. Les plantes de ses frêles pieds rencontraient à chaque pas la fraîcheur du sol, elle aimait les sensations que lui donnaient encore sa maison.
C'était la seule chose qu'elle avait encore.
Alors qu'elle traversait le hall d'entrée en s'aventurant vers la cuisine discrètement, un air doux s'introduit sur ses fines chevilles. La blonde remarqua au loin la porte arrière entrouverte. Elle pouvait percevoir les éclats de rires des jumeaux à l'étage, ce ne pouvait qu'être son petit frère. Ses pensées furent confirmées à la vue d'Isaac assis sur le perron, observant l'étendue de verdure de leur domaine, il était seul et semblait réfléchir.
Elle réalisa brusquement à quel point son petit frère avait grandit durant cette année loin de lui, bientôt, il la dépasserait et deviendrait bien trop grand pour le frapper à l'arrière du crâne. Cela sera son coeur de peur, le temps était une substance si instable, une illusion qu'on croit contrôler, mais qui nous contrôle.
- Qu'est-ce que tu fais tout seul, Isaac ? murmura-t-elle doucement en s'approchant de son havre de paix.
Sans même sursauter, le jeune garçon posa ses yeux sur sa grande sœur, il lui souriait doucement, avec toute l'innocence qu'on accorde encore à l'enfance.
- Je voulais juste être seul, mais tu peux rester, dit-il précipitamment en voyant qu'elle arrêtait d'avancer, avec toi, j'ai jamais l'impression d'être avec quelqu'un d'autre.
Elle crut sentir son coeur bondir dans sa poitrine lorsqu'elle perçut ses mots. C'était comme lui prouver tout son amour dans de simples syllabes au crépuscule, elle ancra cet instant dans sa mémoire. Isaac était une part d'elle qui la rendait si vivante et humaine.
Elle s'assit donc à ses côtés, laissant ses pieds sentir le contact chaleureux de l'herbe et de la fraîcheur de cette soirée.
- Je n'ai pas beaucoup été là pour toi, cette année, je suis désolée et...
- Tu n'as pas à être désolée, je vais bien, tu sais, assura-t-il en lui souriant de toutes ses dents.
Elle ferma les yeux en ricanant légèrement, le même sang ne pouvait pas couler dans ses veines, il semblait si bon.
- J'aurais du être là, c'était ta première année à Ilvermorny.
Elle posa doucement sa main sur sa sienne et poursuivit :
- Tu as du te faire des amis ? Pleins, même.
- Quelques uns, oui, mais il y a quelqu'un en particulier...
Elle laissa un joli rond se former sur son visage à l'entente de cette phrase. Elle n'imaginait pas avoir à affronter les déboires amoureux de son frère si tôt, elle espérait de pas devoir sécher ses larmes car elle devrait commettre des meurtres pour lui.
- Tu l'aimes vraiment bien ? questionna-t-elle en laissant son entrain portée sa voix, comment est cette personne ?
- Je...je, enfin tu sais que ce n'est pas « elle » ?
Allanah fronça tout d'abord les sourcils en ne comprenant pas où voulait en venir le plus jeune de sa fratrie. Après un regard insistant, l'information monta à son cerveau et avec peu d'étonnement elle hocha la tête. Elle connaissait son petite frère mieux qu'elle ne se connaissait. Il pouvait aimer la personne qu'il souhaitait, à ses yeux, seul son bonheur comptait.
- Donc, comment est-il ?
Il rougit progressivement tout en pensant à ce qu'il souhaitait dire et elle put voir dans ses pupilles l'éclat de l'intérêt s'étendre. Cela fit palpiter son coeur de joie, elle voulait tellement son bonheur.
- Il s'appelle Daniel, il est blond, un peu plus grand que moi, il est juste...exceptionnel, avoua-t-il en s'emportant à peine à ses yeux. Il est drôle, gentil, maladroit, sûr de lui et il fait toujours ce froncement de sourcils quand il ne comprend pas quelque chose, et je...je sais pas, je le trouve si spécial.
L'émotion avait envahi le cœur de cette jeune fille face à l'amour que son petit frère portait à ce dénommé Daniel. Isaac avait cette capacité à aimer le monde plus que la plupart des humains. Elle n'imaginait pas au combien ce jeune garçon avait de la chance d'être aimer par son frère. Elle sourit longuement et caressa de son pouce la main de son cadet.
- Tu pourrais lui rendre visite pendant les vacances ?
À cette proposition, les yeux écarquillés du jeune Green la fit ricaner, il devenait un peu plus gêné à chaque instant. Isaac était si adorable avec les rougeurs dessinant son amour sur ses joues, le soleil fuyant au loin dévoiler sur ses cheveux la trace d'une auréole. Elle était admirative, autant envers lui qu'envers Allison. Ils possédaient cette force de rester bons malgré toute cette malfaisance qui les entourait. Ils possédaient encore le courage d'aimer sainement, de donner du bonheur autour d'eux.
Allanah, tout comme Aaron, n'avaient plus cette capacité de voir le monde avec ses yeux enfantins. Allanah était le problème, et Aaron était celui qu'on avait délaissé. Ils possédaient tout deux cette rancoeur envers leur famille qui les poussait à voir le monde tel qu'il était, un immense chaos. Pourtant dans cette horreur, demeurer la douceur des sourires de leurs frère et leur sœur. Elle était plus fière d'eux que de quiconque.
- Il habite plutôt loin, je suis pas sûr que papa et maman accepteraient...
- Ils ne sont pas obligés de savoir où tu iras, sourit-Elle en s'imaginant organiser cela avec Andrew et Freya. Tu ne vas quand même pas passé deux mois loin de lui ?
Isaac sembla imaginer le manque qui l'étreindrait si cela se produisait, il hocha lentement la tête en donnant son accord à sa grande sœur pour ses manigances dont elle avait le secret. Pourtant, il détourna les yeux de sa sœur et observa les rayons du soleil qui s'amoindrissaient au loin, derrière les montagnes qui bordaient leur domaine. Son regard exprimait une peine soudaine qui surprit son interlocutrice, Allanah resserra sa prise sur la petite main du jeune sorcier, l'invitant à se confier.
- Peut être qu'ils ne nous laisseront même pas quitter la maison, avoua le plus jeune, avec tristesse.
Elle fut surprise de voir encore l'un d'eux considérer cet endroit comme une maison, comme un chez soi. Ce n'était qu'un repère pour le mal et la guerre. Une porte qui avait été franchi par bien plus d'étrangers aux mains ensanglantées que par leurs amis. Une demeure où quatre enfants avaient appris à vivre en ignorant les fantômes qui erraient, en ignorant leurs propres parents.
- Ils n'auront pas leurs mots à dire, Isaac, assura-t-elle en songeant à New-York qu'elle souhaitait tant revoir cet été.
Elle serra quelque peu les dents avant d'ajouter :
- Ils nous ont privé de bien trop de choses lorsqu'on était plus jeunes, se remémorant tous ses étés en compagnie du mage noir à déconstruire l'enfant qu'elle aurait du être, je ne les laisserais pas détruire ta première histoire d'amour.
Doucement, il émit un coup adorable dans l'avant bras de sa sœur pour lui faire arrêter de parler de cela, elle ria encore plus à cet acte. Les deux enfants se regardèrent dans les yeux, pétillants de leur présence l'un près de l'autre. C'était reposant pour elle d'ancrer son regard dans les iris d'un être aussi pur, de quelqu'un en qui elle avait une entière confiance. Dans un mécanisme habituel, leurs mains se mouvèrent pour se serrer l'une contre l'autre, comme une protection secrète contre l'obscurité qui s'étendait devant eux. Allanah et Isaac observaient le silence de leur domaine, plus aucun pas d'enfants ne résonnaient depuis longtemps sur cette herbe, le manoir s'était fendu depuis bien des années et ne vivaient à présent que pour les souvenirs.
Tendrement, le jeune garçon posa sa tête sur l'épaule de sa grande sœur, ce geste d'amour raffermit la force de l'étreinte de leurs paumes. C'était un soir banal que leurs sentiments mutuels rendaient exceptionnels. Les souvenirs fusaient dans leurs esprits, Allanah revoyait ses frères et sa sœur courir alors que le puissant rire de son père les pourchassait joyeusement. Elle revoyait sa mère et elle face à ce spectacle, tout était ancré en elle, comme si cette scène pourrait se reproduire.
Les âmes de ce manoir n'avaient plus le choix, cette famille n'était plus sienne, ils étaient chacun enfermés dans leurs traumatismes et les douleurs causées par ses années de terreur. Ce jour-ci, Allanah prenait la place de sa mère, et Isaac était elle. Elle se rappelait de tout. De cette petite fille qui aurait souhaité courir avec sa famille, mais n'en avait pas le droit, les sentiments passent après le pouvoir. Elle était le pouvoir, elle passait avant les sentiments de cette famille. Mais elle aurait tant voulu que tout cela s'arrête, le temps d'un coucher de soleil.
- N'aies jamais peur d'aimer, Isaac, ne songe jamais à privilégier quoi que ce soit avant l'amour que tu peux donner aux autres, parce que...
Elle s'arrêta, pinçant violemment ses lèvres pour faire taire sa douleur, une nouvelle fois.
- Parce qu'une fois que tu oublies l'importance des sentiments, tu ne pourras te rappeler que trop tard d'à quel point cela compte, finit-Elle par déclarer en ravalant les sanglots qui se dessinaient dans sa gorge.
Ils replongèrent dans le silence lié à la réflexion. Allanah songeait au passé qu'elle avait délaissé et Isaac espérait un avenir où tous pourraient enfin s'en sortir. Il questionna alors sa grande sœur, la voix légèrement tremblante :
- Est-ce que tu penses qu'on réussira à échapper à tout cela ?
Elle prit une inspiration, et mentit :
- Oui, Isaac, on s'en sortira.
Après une dernière pression sur sa main, Allanah se redressa doucement, Isaac continua d'observer l'horizon malgré le départ de sa grande sœur. Avant qu'elle ne quitte cet endroit, il lui murmura :
- Je t'aime, Allanah.
Lui tournant le dos, elle laissa ses yeux se teintés de larmes sans honte, malgré qu'elle devait rester forte près de sa famille, c'était si dur. Elle aurait juste voulu les éloigner de tout cela.
- Je t'aime aussi, Isaac, déclara l'héritière en quittant son petit frère, le coeur serré.
Elle rejoignit à nouveau le hall d'entrée, cette discussion ayant coupée toute envie chez elle de manger. Elle s'apprêta à remonter les escaliers lorsqu'elle perçut les voix de ses parents s'élever depuis le salon. Elle se rapprocha discrètement pour mieux entendre, se rappelant pourtant que la curiosité était mal, elle se disait que c'était pour leur sécurité à tous.
- Quand est-ce que tu comprendras qu'ils n'ont pas à subir tout cela ?!
La voix de son père était forte et tranchante, malgré qu'elle ne connaisse pas le sujet initial de la conversation, elle ne pouvait qu'imaginer qu'il s'agissait à nouveau du mage noir. Gellert Grindelwald concentrait tous les problèmes qui détruisaient sa famille.
- C'est pour son bien, tu ne comprends pas, rétorqua tout aussi violemment sa mère, elle a besoin de lui !
Son coeur loupa un battement, elle savait à présent le réel désaccord qui rythmait cette discussion.
- Et pourquoi ? Comment tu peux dire cela, Daphné, la voix brisée et moins forte qu'à l'origine, tu ne crois pas qu'elle a bien assez souffert.
Durant quelques instants, plus aucune voix ne s'éleva du salon. Le dos d'Allanah rencontra doucement le mur adjacent, elle était livide. Son coeur battait la chamade, elle ignorait tout ce qui pouvait se passer et son imagination la faisait imaginer les pires scénarios. Elle n'aurait jamais du rentré, elle prit sa tête entre ses mains et serra fort la racine de ses cheveux.
Il lui semblait qu'elle faisait une crise, qu'elle allait explosé, et pourtant, elle se sentait au contraire si vide et impuissante. Comme si tous les sentiments qu'elle possédait la conduisait à ne plus rien ressentir. Le néant dans son coeur la bouleversait, mais pas plus que les paroles de sa mère.
- Allanah n'est pas comme les autres, elle...elle est différente, bafouilla-t-elle, de peur de dire des choses qui dépasseraient sa pensée. On ne sait pas de quoi elle est capable, mais lui si, il pourrait l'aider, je le sais.
- Ne la blâme pas pour ce qu'on a commis, c'est de notre faute si elle souffre !
La colère brusque de son père la fit sursauter, elle écarquilla les yeux et sentit inégalement des larmes couler sur ses joues de porcelaine. Elle était bouleversée, profondément incapable de réagir. Elle ressentait toute la peine de son père dans l'éclat de sa voix, et toute cette culpabilité qu'il lui avait pourtant caché. Il s'en voulait, et cela faisait un étrange bien à cette petite fille.
- Elle a besoin de lui, Magnus...finit par avouer cette femme perdue, sans qu'elle les sache en détournant les yeux de son mari.
Elle perçut un soupir, puis les dernières paroles de son père.
- Elle aurait eu besoin de ses parents, mais peut être...peut être que ce n'est pas elle qui a besoin de lui...
Son coeur se brisa au même subtil instant que celui de son paternel. Elle souhaita feindre la disparition à l'entente de ses pas se rapprochant de la porte mais elle ne put qu'atteindre les premières marches de leur escalier. La voix de Magnus Green parvint jusqu'à elle sans qu'elle n'ait la force de se retourner :
- Allanah ! Attends...
Elle resta statique, sa main tremblante sur la rampe de l'escalier. Elle avait besoin de fuir, mais il semblait avoir bien plus besoin qu'elle reste.
- Je suis désolé, pour tout ce que tu as vécu...
- Mais ? le coupa-t-elle, sachant très bien que cette phrase ne terminerait pas bien.
Elle put presque l'entendre ravaler sa salive et user de toute sa force pour poursuivre :
- Je suis aussi désolé pour tout ce que tu auras encore à vivre, j'aurais du empêché tout cela.
Elle ignorait pourquoi elle était autant partagée. Les excuses de son père ne changeaient rien et pourtant il lui semblait qu'elle en était si soulagée. Il connaissait sa souffrance, il la portait avec elle. Elle laissa les larmes coulées sur ses joues, soulageant la colère initiale qui brûlait en elle.
- J'aurais voulu que personne ne souffre, souffla-t-elle en s'imaginant malgré la rancoeur la douleur de sa mère.
Elle se tourna peu à peu vers son père, quelques mètres les séparaient mais leurs larmes les faisaient se sentir dans une profonde étreinte. Elle comprenait à présent que ce n'était la faute de quiconque, qu'elle ne devait en vouloir à personne. Tous souffraient sous ce toit et les lointains pleurs de sa mère confirmaient ses pensées. Elle avait une famille brisée, dont les enfants devenaient les mêmes fantômes détruits par le temps que leurs parents.
- J'aurais voulu aller à New York, cet été...
Leurs regards exprimaient bien plus que leurs paroles. Magnus Green aurait souhaité laisser partir sa fille, mais il ignorait qu'il échouerait encore. Sa première erreur avait dessiné le court des choses, il n'avait plus le choix, plus aucun ne l'avait. Il avait été lâche tandis qu'elle n'avait cessé de prouver sa force. Il tourna le dos, à nouveau, à cette petite fille qui rejoignit sa chambre, chancelante et un peu plus détruite.
Elle s'assit en boule, dans un coin obscur, elle laissa échappé sa douleur. Dans son silence, elle délaissait toute la détresse qu'elle avait accumulé toutes ses années. Elle aurait simplement voulu qu'il la prenne dans ses bras, qu'il lui dise à quel point il était fier qu'elle se tienne là, debout et entière. Mais jamais il ne serait véritablement fier. Elle savait à présent, elle le voyait dans son regard. Elle serra ses bras autour de son frêle corps, son obscurius virevoltait autour d'elle, électrisant l'air.
Elle aurait voulu avoir plus de temps pour être heureuse, juste un peu plus pour vivre. À présent, elle était seule.
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Bonjour, bonsoir à tous !
J'espère sincèrement que ce chapitre vous a plus, son rythme est très rapide puisque c'est le dernier présent à Poudlard du moins durant la dernière année des chevaliers de Walpurgis ! Le rythme va continuer de s'accélérer durant les deux dernières années d'Allanah à Poudlard et très vite on se retrouvera dans leur vie adulte !
Tout d'abord, avez-vous aimé ce chapitre ?
Qu'avez-vous pensé de la première scène entre Allanah et Tom, des au revoir mouvementés ?
Ainsi que ceux entre Alphard et Allanah ?
Et finalement, cette scène dans le manoir Green, des pensées sur son père ou son frère ?
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