29 | 𝓵ast breath.

▁▁▁▁▁⋄▁▁▁▁▁

| CHAPITRE 29 |

angels playing disguised with devil's faces.
you're the real enemy.

▁▁▁▁▁▁▁▁▁▁










ALLANAH SOUPIRA
et laissa son front rejoindre le bois de la table. À ses côtés, la jeune Wilzem avait les sourcils froncés et avait à peine posé ses yeux sur son amie. Devant elles, des dizaines de livres étaient empilés, tous traitant d'une matière différente. Tous augmentant le mal de tête atroce de la jeune Green. Cela faisait trois jours que les deux sorcières révisaient assidûment chaque sujet de leurs examens. Cela faisait par conséquent trois faibles nuits qu'Allanah était retournée au château, ses vacances lui avaient violemment été arracher pour la replonger dans un quotidien qu'elle avait fuit avec joie.

- Lyssa, je t'en supplie, avoua-t-elle subitement la serpentarde, laisse-moi faire une pause, ça fait des heures qu'on révise...

La détresse d'Allanah pouvait presque être risible lorsqu'on connaissait sa persévérance, lorsqu'on savait que cette même jeune sorcière poussait Alphard à réviser de la même manière. Mais la blonde était fatiguée, son cerveau menaçait de surchauffer si elle apprenait une ligne de plus de ses cours de Métamorphose. Ce n'était que ses BUSES, elle ne jouait pas sa vie à ses examens, elle avait bien le droit de faire une pause.
Pourtant, ce n'était pas ce que se disait la rousse à ses côtés :

- Nan, Allanah, on est en mai, tu sais ce que ça veut dire ?! s'exclama-t-elle en réponse à la détresse exagérée de son amie.

La jeune serpentarde n'eut même pas la chance de voir les billes bleus de sa camarde se poser sur elle, Lyssa restait plongée dans tous ses parchemins qui l'entouraient, elle n'en démordait pas, la jeune cinquième année voulait à tout prix réussir ses examens.

- Qu'on est au cinquième mois de l'année ? ironisa-t-elle, en pouffant légèrement de rire à sa bêtise.

Comme une victoire, le regard électrique de l'allemande se posa sur elle, il était sombre mais elle trouvait que c'était déjà une réussite que durant quelques secondes elle est retenue l'attention de la sorcière. Elle soupira et souffla :

- T'aurais pu sourire au moins...

Allanah colla sa joue droite à la fraîcheur de la table de la bibliothèque. Elle voyait l'étendue de l'espace devant ses yeux et observait tous les élèves travaillés d'arrache pied à réussir à construire leur vie. Elle voyait bon nombres de septièmes années, les gouttes de sueur perlant sur leur front, les yeux fuyants la possibilité de profiter de cette fin d'année. Elle n'aimait pas les examens, elle ne les avait jamais aimé. À Ilvermorny, chaque fin d'année, cette ambiance pressente de fin de vie la poussait à rester de plus en plus ancrer dans son enfance. Chaque année qui l'approchait de ses examens la rendait malade. Comment pouvait-on baser toute la vie d'une personne sur quelques jours de pressions affreuses.

- Tout ça, c'est débile !

Elle avait peut être parlé un peu fort au vu des nombreux regards surpris qui se posaient sur elle, elle s'était redressée, donnant un coup brusque dans ses cheveux, elle envoya baladé le calme et la bienséance. Même Lyssa l'observait, incrédule. Elle continua de se confier, baissant le volume de ses paroles mais pas sa pensée ;

- Comment peut-on empêcher un sorcier de devenir auror ou ministre parce qu'il est mauvais en Potions, en Métamorphose ? s'exclama-t-elle, en balançant sa main droit en avant pour démontrer toute son indignation, c'est stupide, on pourrait pas tout simplement accentuer les points forts de certains dans des domaine de combats plus précis. On détruit la carrière et les chances de beaucoup en se basant sur des stupides notes.
- Allanah, calme toi...

Lyssa avait les dents serrés et essayait le plus possible de fuir le regard de toutes ses personnes les observant. La gêne et la supplication se lisait dans ses yeux comme un parfait mélange. À nouveau, un profond soupir quitta la barrière de ses lèvres, la blonde avait envie de tout faire, sauf se replonger dans ses révisions. Et dénoncer l'injustice de leur système scolaire semblait une activité passionnante. Mais pas avec Lyssa. Elle hocha donc la tête, laissant son amie se terrer aussi près de la table qu'elle le pouvait, se fondant dans ses parchemins. Son teint prenait la couleur de ses longs cheveux et Allanah s'en voulut presque de lui avoir fait subir cela. Elle ne s'excusa pourtant pas, cela lui avait fait un peu de bien, assez pour évacuer ses sentiments.

Soudainement, comme un miracle à son existence détruite par l'ennuie, des pas rejoignirent cet havre de révision. Alphard Black avait pénétré la bibliothèque de Poudlard avec le simple but de la quitter accompagné, il envoyait un sourire désolé à tous ses élèves restreints par le temps, il n'avait pas ce problème. Le jeune homme slaloma entre les tables emplis de savoir sans la moindre envie de se pencher sur ces parchemins, son cerveau n'était pas programmé pour réviser efficacement à une période si lointaine des examens. Un long mois s'étendait devant eux, et celui-ci ne concernait en aucun cas l'apprentissage de toutes ses années d'études.

Finalement, il pénétra dans la journée d'Allanah comme une bouffée d'air toxique qui la fit violemment sourire. Sous le regard effaré de son amie, elle rangea précipitamment ses affaires pour quitter au plus vite cet endroit maudit.

- Nan, nan, Allanah, tu as besoin de réviser ! assura-t-elle alors que la jeune Green hochait la tête en souriant.
- Certes, mais j'ai aussi besoin de fumer.

Le ricanement d'Alphard lui valut un regard noir de la part de la jeune cinquième année, il leva précipitamment ses mains en l'air, s'avouant coupable. Son attention se reporta directement sur sa camarade qui fuyait la table, ses yeux se teintaient d'inquiétude.

- Allanah, c'est pour ton bien, tu le sais, je veux juste que tu réussisses. Tu ne sais pas encore ce que tu veux alors tu dois mettre toutes les chances de ton côté pour...
- Je sais, Lyssa, lui assura la sorcière prête à partir, mais j'ai besoin de respirer.
- Respirer la bonne fumée toxique...

Allanah asséna un coup de coude dans le ventre de son ami à cette remarque ce qui les firent tout deux rigoler de cette situation. Devant eux, la plus jeune des trois soupira, prenant la place de la plus mature pour la première fois de sa vie. Elle détourna les yeux et se ré concentra sur ses révisions. D'un geste discret, elle incita le jeune Black à l'attendre devant la bibliothèque. Une fois le sorcier parti, elle se pencha sur la table où son amie résidait toujours. Se servant de ses avants-bras comme soutien, elle se penchant vers la jeune fille devant elle, incitant celle-ci à relever les yeux.

- Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, Lyssa, je réussi toujours ! argumenta-t-elle avec un sourire arrogant qui fit lever les yeux au ciel sa camarade.

Elle se reprit très vite et laissa tomber sa plume sur un parchemin presque complet, son regard se teintait toujours d'inquiétude et elle le plongea si profondément dans celui d'Allanah que celle-ci se demanda durant quelques seconde si elle n'avait pas raison. Mais à son tour, elle se reprit, elle avait certes besoin de réviser mais son désir de liberté cérébrale était bien plus fort.

- Comment peux-tu me dire de ne pas m'inquiéter pour toi ? Avec les amis que tu as, je dois bien être la seule à le faire !

Allanah aurait voulu lui prouver à quel point elle avait tord mais pourquoi dérangeait un esprit aussi éloigné de cette guerre, aussi paisible et en paix ? Elle se tut et acquiesça, perdant peu à peu son sourire. Lyssa se retrouva dans une situation bien trop commune, ses paroles avaient éveillé en son amie un ressentiment qu'elle ne comprenait pas. Cela lui prouvait une fois de plus qu'elle lui cachait bien trop de choses.

- Je te promet, je fume une cigarette et je reviens, jura-t-elle, brillant dans ses yeux l'éclat du mensonge que toutes deux savaient.

Et pourtant, cette promesse fit assez de bien au coeur de Lyssa pour la laisser partir avec moins d'appréhension. Avant que son amie ne disparaisse loin d'elle, elle s'exclama :

- À ce soir !

Allanah se redressa de cette table et se retourna brusquement pour quitter l'ambiance si stressante de cet espace. Lorsqu'elle marcha loin de sa table, elle put avec dégoût voir le regard d'un serdaigle se poser sur le déroulement de ses hanches. À la hauteur de la direction de son regard, elle plaça un arrogant doigt d'honneur, songeant que cette abomination avait du poser son regard sur elle lorsqu'elle était encore penché sur sa table. Lorsqu'elle passa devant lui, sa baguette enfermée entre ses doigts, d'un geste discret, une violente bourrasque asséna son espace de travail, renversant les chaises, y compris la sienne.

- Connard, cracha-t-elle à la petite chose à présent sur le sol.

D'une démarche innocente, elle quitta le vacarme de cette bibliothèque, fière d'elle.

Alphard était adossé contre le mur opposé et ne faisait rien si ce n'est fixer ses chaussures jusqu'à ce qu'il ne remarque sa présence.

- Qu'est-ce que c'était ce bruit ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Allanah haussa les épaules et commença à avancer dans les longs couloirs de Poudlard. Le simple fait de marcher sans zigzaguer entre les étagères lui faisait un bien fou. Pourtant, la jeune fille, au delà d'aimer lire, adorait passer des heures à arpenter des centaines de livres pour tous les dévorer. Mais elle haïssait autant chercher assidûment les vieux papiers qui constituaient ses cours de cette année.
La jeune fille laissa ses cheveux en arrière afin que le vent naturel du château vienne caresser son cou. Le temps se réchauffait très vite en Écosse et les températures devaient bien plus pesantes que plaisantes en cette fin de printemps. La jolie blonde avait délaissé sa cape depuis bien longtemps et arpentait le château avec sa chemise comme seul rempart. Les regards étaient devenues plus habituels qu'enrageants. Elle n'en démordrait pas, chaque yeux déplacé reprenait leur place avec violence.
Elle ne se levait pas chaque matin pour être l'objet visuel des hommes.

- Pourquoi s'inquiète-t-elle autant pour toi ? Il n'y a aucune raison que tu rates tes examens, s'écria soudainement Alphard, coupant la jeune fille dans ses pensées.

Elle haussa à nouveau les épaules, avant d'ajouter :

- Je n'aurais jamais du lui dire que je ne savais pas ce que je voulais faire...

D'un geste délicat et pourtant empli de fatigue, Allanah passa sa main sur son front. Elle effaça des gouttes de sueurs imaginaires, elle n'aurait jamais cru que marcher serait aussi pénible sous la chaleur ardente du soleil. À ses côtés, un sourire taquin se dessina sur les lèvres de son meilleur ami.

- Et tu lui as dis que tu ne savais même pas où aller ?

Elle pinça ses lèvres et se retrouva rapidement en fautive de ses mensonges. L'Angleterre n'était pas son pays, la raison et sa patrie la poussaient à retourner vivre en Amérique dès ses études terminées. Et pourtant, dans son esprit, tout s'embrumait de doute. Elle n'était plus sûre de rien. Là-bas, il y avait toute sa vie, mais ici, celle qu'elle s'était bâtie seule. Elle soupira.

- Tu as encore le temps, lui assura le noiraud alors que cette substance immatérielle semblait glisser des doigts de la jeune fille.
- Je suis plus si sûre de ça...fut la seule réponse qu'elle trouva pour clore cette discussion.

Pourtant Alphard ne semblait pas prêt à abandonner ce sujet, il avoua à son tour :

- Peu importe ce que tu décides, mon appartement te sera grandement ouvert.

Avant même de pouvoir froncer les sourcils d'incompréhension, le cerveau d'Allanah saisit vivement cette information.

  - Tu vas te prendre un appartement !

La main de la jeune fille avait rejoint sa bouche, derrière celle-ci un grand sourire se dessinait. Elle était bien plus heureuse de savoir cela, Alphard était malade au contact de cette famille. Elle le rendait si aigri et mauvais que cela en devenait rebutant. Ce déménagement signifiait tellement de liberté pour le jeune homme qu'elle ne pouvait qu'être fière de lui.

  - Alors, qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas bien travailler ? questionna-t-elle rapidement, savant pourtant que le sorcier détestait être bombardé de mots comme cela.

Alphard prit sur lui, elle était bien la première à se réjouir de cette nouvelle, il pouvait bien la laisser être aussi expressive.

  - Je ne sais pas encore, pour l'instant, je vais gentiment me servir de la seule chose positive que les Black m'ont donné, sourit-t-il en songeant que Cygnus et Walburga n'étaient pas si mal non plus, notre incroyable et inépuisable argent.

Comme seules réponses, elle secoua la tête et envoya son poing fermé dans l'épaule du sorcier. Bien qu'il n'avait pas tord, elle ne se voyait pas fuir sa famille pour continuer de dépenser leur argent sans vergogne. Mais Allanah et Alphard avaient des principes bien distincts, et des familles opposées. Après tout, malgré son sexe, le jeune homme n'avait jamais été considéré comme l'aîné, son comportement enfantin et arrogant donnait cette place à Walburga. La grande, forte et froide copie de sa mère et de son père lui faisant souvent faire des cauchemars. Alors, qu'au contraire, Allanah Green était l'héritière tant attendue de sa famille ancestrale. Elle était la force et portait chacun de leurs symboles sur ses épaules. Elle baissa durant quelques secondes les yeux, confrontant ses iris aux rayons du soleil sur le sol. Avait-elle véritablement le choix ? Sa famille avait besoin d'elle aux États-Unis. Mais le monde n'avait-il pas besoin de sa force ici, contre un mal immense.
Et, que voulait-elle réellement ?

  - Qui est au courant pour l'instant, demanda-t-elle afin de vite changer de sujet, fuyant ses pensées tortueuses.
  - Mis à part toi, ma famille, réfléchit-il rapidement avant que son visage ne se transfigure en une face désagréable, ça m'étonne même que ce connard d'Orion ne le sache pas déjà, Walburga n'a jamais su se taire !

La simple mention du cousin d'Alphard fit grincé les dents de la jeune fille, elle donna un énième coup dans ses cheveux qui, elle l'espérait, ferait partir la pensée de cet idiot de sa tête. Depuis leur rentrée, et cette discussion plutôt mouvementée avant les vacances, le quatrième n'avait cessé de poser ses yeux sur elle, arborant le même sourire goguenard qui lui était connu. Elle ne supportait pas de voir cet énergumène roder autour d'elle comme si elle était une proie.
Elle connaissait la chasse, elle en avait bien assez avec Tom.

Tom, son nom résonna comme un cri dans son coeur. Son amour se débattait déjà en elle à la seule mention du préfet en chef. Elle se sentait si faible et vulnérable contre ses propres pensées, contre le court hasardeux qu'elle prenait, qui la menait toujours à lui. Sans qu'Alphard ne le voit, elle serra les dents et d'un même mouvement, elle planta ses ongles dans la paume de sa main. cette sensation lui donna un peu plus le contrôle de son corps, elle soupira.
Allanah fuyait le jeune homme depuis leur retour à Poudlard. Il le savait, et il semblait que tous le savait à présent. Car la sorcière fuyait tout le monde. Leurs regards et leurs paroles, elle s'évadait loin dès que l'ombre des pions se dessinaient au fond d'un couloir, dans la noirceur de sa salle commune. Allanah vivait près des mines et chaque bombe lui arracherait la tête si elle leur laissait l'occasion. Violemment, et d'une manière si brusque, son quotidien s'était vu arrachée tout son groupe d'amis. Il n'y avait plus qu'Alphard.
Elle se souvenait distinctement de cette après-midi, entassés dans le parc de Poudlard, toutes celles emmitouflés dans les couvertures de leur salle commune.

- Allanah ?

Elle se tourna vers le regard inquiet du jeune Black. Sur le sien, rien ne laissait voir la détresse qui l'habitait, depuis ces derniers jours, Allanah avait reprit ce masque impassible qui la protégeait comme sept armées invaincues. Mais Alphard savait ce qui se déroulait véritablement dans sa tête, il savait bien plus de choses que beaucoup de ce monde.

- Tu ne leur as pas dit ?

Elle ignora les yeux d'Alphard, il était plein de crainte, elle ne voulait pas y faire face.

- Nan, à quoi bon ? rétorqua le sorcier, en mettant ses mains dans les poches de son pantalon gris. Disons qu'eux et moi ne nous parlons pas beaucoup.

L'air fut violemment projeté à travers les lèvres de la jeune fille, elle leva quelque peu sa tête pour observer le lointain du plafond de ses corridors. Elle savait bien qu'Alphard ignorait ses amis pour sa sécurité, mais elle ne pouvait que songer qu'il avait besoin d'eux. Bientôt, leurs places dans ce monde se dessineraient distinctement, ils ne pourraient plus faire marche arrière. Ils devaient profiter du temps où ils étaient encore là, entre les murs du château écossais.

Allanah se sentirait presque innocente comme cela, avançant simplement au côté de son meilleur ami, après avoir révisé. Elle semblait avoir la vie normale que tous fuient assidûment. Elle avait cette existence paisible durant quelques secondes, mais la seconde d'après l'Enfer lui rappela brutalement sa présence en elle. Au bout du couloir, se présentait un mur imprenable, un combat qu'elle n'était une nouvelle fois pas prête à affronter. Abraxas, Vector, Marcus et Le'o ne l'avaient pas vu, ne les avaient pas vu. Ils étaient concentrés à rire, confortant leur coeur en les loyaux pions qu'ils étaient pour le maître du jeu.

Qui, lui, au contraire, avait parfaitement vu la silhouette angélique de sa proie damnée, un sourire se dessina sur le visage de Tom. Cette vision fit perdre le contrôle de la jeune fille, son coeur loupa un battement. Elle ne sut pourquoi le rythme de son coeur s'était accéléré à cette simple vue. D'un geste discret, elle resserra ses ongles sur la paume de sa main, elle profita de la souffrance causée pour se concentrer sur autre chose, pour effacer son rythme cardiaque. pour annihiler tous les souvenirs tortueux qui refaisaient surface brusquement.

Elle eut soudainement l'impression d'avancer vers sa mort certaine, à ses côtés, le jeune Black agissait comme si rien ne pouvait changer le court de sa vie. Il était impassible à la vision de son meilleur ami, et ses meilleurs mais. Elle aurait aimé en être capable, mais il lui semblait que tous ses êtres voulaient sa mort, mais qu'elle souhaitait pourtant leur bonheur. Elle se sentit naïve, jusqu'au plus profond de son coeur, cela lui fit mal. Elle s'arrêta, ils étaient à présent à une dizaine de mètre d'eux.
Alphard se tourna vers elle et la questionna du regard, le sourcil relevé, sachant pourtant exactement ce qui dérangeait son amie.

    - On...je préfère passer par le parc, avoua-t-elle en plantant son regard dans celui du noiraud.

Il haussa ses deux sourcils à la fois et laissa échapper un léger ricanement. Alors qu'il allait poursuivre sa route sans tenir compte des désirs de la jeune fille, elle l'attrapa par la main, le gardant près d'elle. le coeur de la jeune fille commençait à battre bien trop fort, elle sentait qu'elle avait besoin d'air.
Elle fixa soudainement le contact de leurs corps, innocemment leurs deux mains enlacés comme deux enfants le feraient. Ce simple geste avait-il ouvert la porte au chaos, une nouvelle fois ?

Son regard permuta jusqu'à l'opposée du couloir. Son sourire avait disparu, et la rage planait dans ses traits. Cette subtile attention des deux sorciers avait crée chez le jeune Jedusor une déferlante de haine. Soudainement, le sol portait une âme vivante en trop. Il avança plus rapidement, laissant par ailleurs ses camarades s'abandonner aux questions derrière lui. Alphard avait esquissé un mouvement et la seconde d'après, ils se trouvaient loin du serpent prêt à leur arracher la jugulaire.

Les deux serpentards marchaient à travers la chaleur du parc de Poudlard. Alphard avançait en soupirant, il semblait sorti d'affaire. Et pourtant, derrière lui, le corps presque tremblotant d'Allanah ne parvenait pas à réagir. elle était comme paralysée.

Elle avait vu dans les yeux de Tom une horreur qu'elle voulait effacé de son esprit. Elle ignorait pourquoi, elle le sentait, comme si l'instinct l'avait poussé à fuir. Le coeur d'Alphard ne battrait plus s'ils étaient restés une seconde de plus. La folie de Tom avait-elle une limite ?
Mais pourquoi à présent cela semblait si limpide, pourquoi aujourd'hui ? Qu'était-il différent ?

Elle posa ses mains à plat sur une table en pierre présente dans le parc. Le contact froid de la structure refroidit quelque peu la température moite de ses paumes. Elle soupira, laissant la pierre portée tout le poids qu'elle n'avait plus la force de soulever.

- Tu ne vas pas les fuir indéfiniment non plus, tu le sais ça ? grommela le jeune homme en camouflant le soleil pour mieux voir sa camarade.
- Dixit celui qui ignore son meilleur ami...

Alphard marmonna à cette attaque tandis que le corps d'Allanah se retournai pour s'asseoir sur cette même table. Elle laissa le léger vent que l'Écosse leur accordait se balader sur ses jambes, refroidissant un peu plus son être. Par un automatisme qui tuerait sa mère, elle sortit son étui à cigarette, alors qu'elle l'allumait et la plaçait entre ses douces lèvres, elle garda l'objet vert émeraude dans sa main. Les initiales du jeune Malfoy y étaient toujours, elle avait idiotement pensé à les effacer, mais cela ne changerait rien. Son amitié avec Abraxas ne quitterait pas son coeur de ce simple acte.

- Ça devait bien arrivé un jour, la fin de notre amitié, soupira-t-il, en observant le sol sans pour autant vraiment le voir, c'était inévitable.
- Alors, c'est fini ? Juste parce que « c'est comme ça », tout en plaçant des guillemets autour de ses paroles, elle poursuivit, tu abandonneras tout parce que la vie l'a décidé ainsi, sans opposer de résistance ?

Le serpentard releva son regard vers l'américaine, elle prônait un air de véritable indignation. Il comprenait finalement ce qui pouvait attirer le jeune Jedusor vers elle. Un défi, un profond désir de gagner face à une fille qui n'a jamais eu le choix de vaincre. Détruire sa lutte. Allanah représentait à la fois une similitude effrayante avec le serpent, et un contraire qu'il ne pouvait pas supporter.

- On est pas tous né avec le combat comme principe, petite, dit-il, la voix perturbée par la cigarette qui avait pris place dans sa bouche, certains acceptent ce qu'on leur réserve, c'est une forme de lâcheté pour toi j'imagine, et moi, j'appellerais ça de la sûreté.

Allanah ne rétorqua rien, il ne devait pas avoir tord. Mais finalement, Alphard voulut préciser ses paroles :

- Les seules choses que je n'accepte pas sont celles qui touchent ce que j'aime, le reste, ça ne dépend pas de moi.

Elle hocha imperceptiblement la tête, se détachant subitement de cette conversation. Malgré l'éloignement, malgré le glacial contact de la pierre, la chaleur ardente du soleil, malgré la brûlure de la cigarette sur sa gorge, malgré tout, elle ne parvenait à effacer le regard de Tom de son esprit. C'était profondément ancré en elle, comme une marque indélébile de son appartenance. Elle était à lui, et il ne serait jamais que plus fort qu'elle. C'était ce que sa possession lui murmurait à l'oreille, encore et encore. Qu'elle n'était pas assez forte, pas prête, qu'elle ne le serait jamais. Sa tentation lui susurrait d'abandonner, qu'est véritablement le monde contre son corps, contre ses lèvres ? Son âme brûlait à son contact, mais s'incendier d'une manière si douce que cela semblait une belle façon de mourir.

- Allez, retourne avec Wilzem, avoua-t-il finalement en se détournant de sa camarade qui ne put rien rétorquer, t'as plus besoin d'elle que de moi.

Elle vit s'éloigner peu à peu la silhouette du jeune Black. Elle sentit à nouveau cette profonde solitude l'entourer, comme une douce caresse, elle lui murmurait tant d'atrocités. Elle était violente et frappait son cœur jusqu'à ce qu'il se brise. Tous ces murmures lui demandaient de fuir jusqu'à trouver le diable, dévaliser le monde en feu avec lui. Fluettes, le timbre de ses voix étaient pourtant démoniaques.
Elle secoua la tête, écrasa le reste de sa cigarette sur la table et quitta le parc. Elle retourna à la grande surprise de sa camarade à ses côtés dans la bibliothèque, pourtant elle ne se plongea pas dans ses révisions interminables. Elle lut, une nouvelle fois, Antigone. Le récit de cette femme forte qui avait su tenir tête à un tyran sanguinaire, qui était morte pour cela. Elle se plongea dans cette lecture qui, peu à peu, narrait le court de sa propre vie.

Elle ignorait combien de temps elle avait demeuré à cette place, enfermée entre les pages de son livre. Pestant de ne pas pouvoir annoter tout ce qu'elle pensait entre les lignes des dialogues. Allanah avait mis sur pause sa vie durant quelques heures, profitant du calme de son esprit lorsqu'elle lisait. Elle avait vu Lyssa quitter la place à ses côtés, n'en tenant pas compte, elle avait continuer à lire.
Soudainement, un bruit attira son attention. Ce fut brusque et fort, la symphonie du silence avait empli son environ. Elle semblait être la seule à demeurer en ses lieux. La jeune fille orienta sa tête quelque peu en arrière, elle avait tellement mal au cou qu'elle le massa pour espérer faire disparaître cette désagréable sensation. Elle se redressa finalement, émit un bâillement et abandonna ce livre sur la table. Quelqu'un le rangerait bien à sa place, elle ne voulait plus voir ses immenses étagères qui lui rappelaient bien trop de souvenirs.

Allanah se balada à nouveau dans les corridors du château écossais, cette fois-ci, l'ombre du soleil fuyait l'étendue du ciel. Les derniers rayons éclairaient inégalement les dalles grises, les transformant en des tâches hasardeuses de clarté et de noirceur. Un échiquier se dessinait sous l'astre incandescent, tendant entre la nuit et le jour. Entre la chaleur torrentielle et la glaciale sensation de givre. La sorcière s'était souvent demander comment elle voudrait mourir, finalement, son choix s'était tourné vers la glace. Une mort douce, tendre, comme lorsqu'on s'endorme après une longue nuit d'éveil. Son existence était cette longue nuit d'éveil et la glace condamnerait son corps au repos éternel.
Au final, avait-elle le choix de sa propre mort ?

Elle finit par quitter le couloir éclairé par le soleil, à présent, toutes les dalles étaient sombres et ses pas se plaçant sur chacune d'elles étaient sur le territoire ennemi. Au loin, elle pouvait percevoir l'effervescence que connaissait le dîner du soir à Poudlard. Les rires s'entrechoquaient avec les centaines de voix s'élevant de cet espace. Elle ne s'y rendit pourtant pas, elle continua son chemin pour s'éloigner de toute cette joie. Allanah songeait qu'elle n'en avait pas besoin, pourtant, elle ne s'était jamais autant trompée.
Ce soir-là, elle aurait eu besoin de ce trop plein de bonheur. Elle aurait eu besoin des rires de ses camarades, des regards prévenants de Lyssa, de la douceur habituelle d'Imene. Plus qu'une envie passagère qui aurait atteint son coeur, le soleil laissant maître la lune, Allanah Green aurait du se rendre dans la grande salle. Ses pieds frappaient la pierre, elle descendait vers les bas-fonds du château, rejoignant sa salle commune.

Lorsqu'elle poussa le mur la séparant de l'espace réservé à sa maison, le silence ne la surprit pas. Personne n'avait à être présent à cet instant donné. Elle avança alors de quelques pas avant de tourner la tête vers l'endroit où ses amis et elle avaient l'habitude de se tenir avant. Bien que son visage n'exprime rien, son coeur loupa un battement du au choc. Abraxas se tenait sur l'un des fauteuils de la salle commune et fumait comme à son habitude. Il était silencieux et lui-même son visage n'exprimait rien, il semblait presque lassé. Un détail attira tout de même son attention. Le mouvement incontrôlé de sa chaussure en cuir contre leur table basse, il était irréfléchi, rapide et puissant. Il ne devait même pas se rendre compte de cet acte, c'était son subconscient, la partie de lui qu'il souhaitait sûrement faire taire.

Elle resta quelques secondes à fixer cette représentation étrange de la solitude, devant elle, se tenait un homme seul. Et pourtant, elle eut l'impression qu'il était là dans chacun de ces gestes. Tom était omniprésent dans ses gestes, les respirations le délivrant de la toxicité de sa cigarette faisait apparaître le jeune démon, dans la fumée grisâtre, il était là.

- Qu'est-ce que tu fous là, Green ? s'exclama brusquement le blond, en orientant son regard vers la jeune fille.

Elle avança vers lui de quelques mètres, gardant une certaine distance. Pour sa sécurité, se disait-elle.

- Je te retourne la question, Malfoy, même un cerveau aussi faible que le tien a besoin d'être alimenté.

La mâchoire du jeune homme se contacta légèrement sous ce pic acerbe ce qui la fit sourire. Cela avait toujours été plutôt simple d'enrager le sorcier, il perdait facilement son sang-froid. Elle devait avouer que cela leur donnait un énième point commun.

  - T'es chiante, tu le sais ça, Green ?

Elle arqua un sourcil tout en laissant un sourire arrogant se dessiner sur son visage, elle s'accouda à l'une des tables de salle commune, elle fit un signe de tête au sorcier pour qu'il poursuivre sa thèse sur elle.

  - T'aurais du rester en Amérique, avec ta jolie petite famille, loin de tout ça ! S'écria-t-il, en balançant finalement sa cigarette sur le sol. T'aurais jamais du aller à Serpentard, aller chez Slug avec lui, t'aurais dû juste fermer ta gueule pour une fois.

Abraxas criait presque au monde entier ce que la jolie jeune fille aurait du faire. Ayant perdu son sourire, Allanah observait cette scène étrange dont elle semblait bien plus spectatrice qu'actrice. Les deux serpentards se faisaient face alors que le blond s'était redressé de son fauteuil. Un silence étrange planait dans cet espace. Même le lac avait émit de se taire, laissant parler leurs yeux.

Abraxas avait peur, terriblement peur. Il avait tout autant honte de cette peur, il était un Malfoy. Il était l'héritier. Pourquoi le sort de cette petite fille importait autant à sa vie ? Il savait pourtant pourquoi. Alphard avait besoin d'elle, il s'était laissé arracher loin de son meilleur ami sans lutter, il ne pouvait laisser la seule chance de bonheur du jeune Black lui être à nouveau prise. Et dans son coeur, brûlait une autre douleur, car leurs deux âmes semblaient si similaires, il lui paraissait se voir en elle, un lointain écho. Plus fort, plus bruyant, plus destructeur car tellement plus détruis. Ils étaient le miroir déformé de l'autre et les éclats de cristal menaçaient de scintiller tragiquement sur le sol. Il ne souhaitait pas cela, pas pour elle. 

Il aurait voulu lutter, mais les grelots de ses chaînes alerteraient le diable. Il était enfermé dans le silence, il ne pouvait qu'hurler mais quiconque l'écouterait ne répéterait pas son message. Ils étaient tous aveuglés, il l'était partiellement. Son coeur penchait, tanguait et s'éloignait puis se rapprochait inéluctablement de Tom.

Peut être que cet instant serait le dernier où il pourrait véritablement le faire. Il posa son regard sur elle, lui murmura :

  - Reste avec lui, s'il te plait. Il aura besoin de toi...

Jusqu'alors neutre, le regard de la sorcière se teintait d'une certaine colère. Elle regardait cet être devant elle abandonner Alphard sans même oser l'affronter.

- Parce que tu vas fuir, parce que tu es lâche.

Le jeune Black n'aurait sûrement pas aimé l'entendre dire cela même à celui avec qu'il avait construis sa vie.

- Oui.

Le choc se lut quelques instants sur son visage avant qu'elle ne reprenne son masque d'impassibilité. Elle s'était bien plus attendue à la rage venant du serpentard, au contraire, il semblait accepter promptement toutes les insultes qu'elle pourrait bien lui balancer au visage. Il fut à nouveau silencieux, donnant le droit à la nuit de prendre sa place de reine dans la salle commune. Le soleil avait quitté cette partie de la Terre et à présent la lune régnait sur ces deux jeunes êtres, sur tous les êtres de ce château. Mais c'était faux, la souveraineté de l'astre lunaire n'était qu'une affabulation, car en réalité le roi venait du tréfonds des enfers et côtoyait les mortels par plaisir de la destruction.

- Promets-moi une chose, Allanah, souffla-t-il en s'éloignant peu à peu d'ell pour rejoindre les dortoirs, deux choses finalement.

Il ne se tourna pas vers elle, ses yeux exprimeraient bien trop sa souffrance intérieure qu'il avait du mal à contenir.

- Prends soin de Lyssa, et, il marqua une pause, le coeur serré, viens me voir avant de mourir.

Il quitta l'espace qui avait donné lieu à ce qui semblait être des adieux. Pour beaucoup, cela ne l'était pas. Car à l'avenir, les deux sorciers seraient amenés à se côtoyer, à rire, à se prendre dans les bras. Leurs yeux se croiseraient de cette même amitié qui les liait. Mais plus rien ne serait pareil, car le monstre avait salit le coeur de bien d'entre eux et qu'à présent, une mer de sang se tenait entre eux, peu à peu, les places de l'échiquier se noyaient dans le liquide. Allanah n'entrevoyait plus Abraxas que comme une pièce à abattre, le jeune homme serait le pion qui avance, espérant survivre jusqu'à la fin de la partie.

La jeune Green était à nouveau seule dans cette longue journée, mais elle ne savait pas au combien celle-ci serait interminable. Son coeur loupa un battement lorsque l'entrée de sa salle commune émit un bruit grisant, détruisant le silence presque rassurant de sa solitude. À la vision si brusque de l'héritier, son coeur devint sec. Elle recula, frappant à nouveau cette table en bois qui l'avait soutenu il y a peu.
Tout était chronométré, comme une longue course contre la vie. On courrait après elle, tous. Abraxas avait servi à ce qu'elle reste dans la salle commune, Tom venait à présent réclamer un dut qu'il avait bien trop attendu.

Elle était prise au piège, on n'échappe pas au plan du démon.

- Tom...

Son ton sonnait comme une supplication aux oreilles du sorcier qui avançait vers elle. Il voulait presque entendre ses cordes vocales se tordre sous la peur, que vibre jusque dans l'air toute sa détresse. Qu'elle redevienne enfin ce qu'elle était véritablement, diablement soumise à lui. Uniquement lui, que de façon contrôler, elle laisse tomber les chaînes qui l'empêchaient de se fondre à sa possession. qui l'empêchait de devenir pleinement sienne. Ce soir-là, Tom voulait gagner. Il oubliait pourtant que devant lui ne se tenait pas une simple sorcière, mais une battante. Il avança encore un peu, alors qu'elle essayait en vain de reculer.

- Pourquoi as-tu peur, petite guerrière ?

Elle ne répondit rien, elle fixa simplement Tom, dont le sourire dépassait les portes de la folie avec simplicité. Ces yeux sombres se teintant de son contrôle sur elle, le reflet de cette scène dans ce même regard, elle fuyante et lui incroyablement grisant de pouvoir. Elle aurait souhaité inversé les rôles, mais en était-elle seulement capable ? La rage bouillonnait si loin en elle, bien moins que son désir, Elle avait peur, terriblement peur. Mais ce n'était pas ce qui empêchait ses jambes de s'articuler et fuir, c'était tout autre chose. C'était lui qui l'empêchait de quitter cet endroit maudit. C'était la puissance de son regard, le délice de ses lèvres, la veine combattant l'obscurité dans le creux de son cou. Son désir profond la gardait ici, près de lui, où il lui semblait qu'elle allait pourtant mourir.

- Tu ne m'as pas écouté, je le sais...laissa-t-il en suspens sa phase, et par la même occasion, la respiration de sa camarade, j'ai pensé à le tuer, à arracher sa jugulaire d'un simple geste de baguette, ou même peut être, de le battre à mort. J'ai songé à le brûler, à faire s'ébouillanter le sang de chacune de ses veines jusqu'à ce qu'il tente par tous les moyens de fuir de son corps.

À chaque mot, le mage noir avançait un peu plus vers elle, si bien que rapidement, il lui faisait face. Tragiquement, il fit un pas de plus, condamnant le corps d'Allanah à sentir bien trop près l'objet de ses désirs. L'attraction entre leurs deux corps était titanesque, une force surhumaine gardait la jeune fille statique, une force qui devait lui venir des dieux, pensait-elle, comme un présent pour survivre.
Les paroles du jeune homme gravitaient dans son esprit, elle savait cela. Mais entendre distinctement les pensées sombres du sorcier était terribles. Elle pouvait sentir le dégoût remonter le long de sa gorge tandis qu'une goutte de sueur condamnait son échine à la peur elle aussi.

Tom brûlait, il pouvait sentir son sang pulser contre sa peau. Le sourire qui traversait son visage annonçait le pire à l'humanité. Cette nuit serait grisante pour l'Enfer, un festin pour le roi.

- Je l'ai pourtant épargner, sa mort gênerait le contrôle que j'ai sur mes fidèles, et puis, quel merveilleux spectacle louperait-il que de ne pas pouvoir observer la chute de sa tendre amie dans les bas fonds de l'Enfer.

Les mots susurraient aux creux de son oreille, ils roulaient jusqu'à son cerveau, atteignait son coeur en des battements frénétiques de son amour. Elle était faible face à lui, tenait dans le creux de sa main et ne pouvait s'imaginer le vaincre de cette posture. Elle percevait toute la jalousie dans sa voix, rythmée par cette démence dont il avait l'apanage. Elle osait encore soutenir le regard du jeune homme, comme sa dernière force dans la bataille, ne sachant pas qu'il lui en faudrait bien plus.

Tom voyait devant lui un assemblage de peau où résidait tout le désir de ce monde. Il faisait face à un être dont l'exception le rendait si alléchant et plus tentation encore, si cela était possible. Sa bouche tremblotait légèrement, lassant l'ouverture de ses lèvres devenir le souhait fiévreux de son désir. De cette embouchure le condamnait le souffle haletant de la déesse, son air souffrait presque de ne pas rencontrer violemment le sien. Il y avait le conduit lumineux des bougies environnantes qui murmuraient aux deux ce qu'il souhaitaient.
La lueur des bougies formait un couloir distingué vers la luxure de leurs lèvres.

Tom aurait souhaité détruire l'air séparant leurs corps de s'enivrer l'un de l'autre, toujours plus violemment prendre possession de tout ce qu'elle était. Ne laissant rien au néant, tout devenant son ultime possession. Mais, il restreint ce désir malsain, encore un peu, se disait-il.

- On raconte que l'amour est pour les fous, et bien que ce sentiment m'exècre, je n'ai jamais été d'accord, commença-t-il, en replaçant diaboliquement ses cheveux derrière son oreille, plaçant par la même occasion sa forte main derrière sa nuque.

De ce contact, il força la jeune fille à lever un peu sa tête ce qui la fit grimacé, ce qui le fit sourire. Tom appréciait irraisonnablement ce contrôle qu'il possédait, lui seul. Lorsqu'il sentait détenir toute cette petite fille brisée entre ses doigts. Il soupira d'exaltations de voir la lutte s'amoindrir dans ses yeux. Car, elle savait au fond d'elle qu'elle ne gagnerait pas, qu'elle était amené à se battre pour rien. Elle le savait et se détruisait un peu plus à cette pensée. Cela le faisait presque frémir d'excitation, voir finalement chuter l'ange si combattant contre son corps, ne songeant plus à se relever. La hâte guidait la force qu'il mettait dans les doigts s'implantant dans sa chair, il aurait ce qu'il souhaitait ce soir.

- J'ai toujours pensé que l'amour était pour les gens biens, à la mention de ce terme, un ricanement pourfendit sa gorge, pour les faibles, pour ceux dont les valeurs et la justice ont encore un semblant d'importance, pour tout ce que nous ne sommes pas, Allanah...

Il laissa ses mots en suspens, comme il aimait le faire pour voir se dessiner les émotions sur son visage. Il ne fut pas déçu. Les yeux de sa proie émirent un léger écart, sa bouche s'entrouvrit un peu plus, assez pour apercevoir que ses dents claquaient légèrement entre elles. Elle n'avait pas froid, elle était terrorisée. Comme elle ne l'avait jamais été. Allanah avait cette fois-ci l'impression de courir à sa mort, à sa perte et à celle du monde entier. Les bras ballants le long de son corps, celui-ci menaçant de rejoindre le sol glacé de sa salle commune. Ses yeux étaient posés sur le visage du préfet en chef. sur ses lèvres, qui ne cessaient de bouger, encore et encore.

Ses paroles changeaient, mais elles murmuraient toutes les mêmes choses. Abandonne, Allanah, viens. La pomme avait le goût du délice, la tentation avait le plaisir comme récompense. Elle voyait se dessiner les milles plaisirs du mal comme les plaines du Paradis. Le soleil brillant sur sa peau, le pouvoir croulant sous ses mains. Elle voyait au combien c'était mal. Allanah s'était souvent imaginé comme elle allait mourir, la glace lui avait longtemps semblé être la plus belle manière. À cet instant, les flammes de l'Enfer lui paraissaient aussi alléchantes que les lèvres du diable.

- Nous ne sommes pas pareils, essaya la faible voix de la sorcière, se confrontant au sourire dément de l'Héritier.

Il arqua un sourcil, ne rétorquant pourtant rien, laissant simplement son pouce se balader sur la lisière de son visage, sur sa joue, appuyant un peu plus à chaque instant. Elle fut à nouveau silencieuse, il poursuivit :

- Nous, nous avons la passion, cette obsession incontrôlable qui nous pousse au pire, qui s'empare de nous, jusqu'à la folie pure et simple.

La phrase se répéta encore dans son esprit, assez pour faire s'affoler les battements de son coeur jusqu'à l'irradiation de toutes les pures pensées de son cerveau. Maintenant gouverné par la voix diabolique du jeune homme, elle était prise au piège.

- Je veux voir ce que tu caches au monde, Allanah, je veux voir ce monstre que tu condamnes au silence.

Brusquement, le rideau se leva, l'actrice principale quitta son rôle de poupée. Elle projeta son regard perdu dans les yeux sombres et désireux du monstre. Cela semblait être la fin de l'acte, elle n'eut pas la force de le repousser qu'il l'avait déjà entrainé à travers les couloirs du château. Il avançait vite, elle cherchait à se défaire de l'emprise violente de sa main, mais rien n'y faisait, il était bien plus fort qu'elle. Allanah cherchait à tâtons sa baguette, coincé dans sa jupe, les mains bloquées par celle du serpentard, elle ne pouvait pas imaginer l'atteindre.

La jeune sorcière avait été plongé dans un état de panique profonde en quelques secondes, les larmes perlées à chaque coin de ses faibles yeux. tout était flou et sa vison menaçait de s'affaiblir à chaque violent mètre qu'elle traversait bien trop rapidement. Tom frappait de sa puissance et de sa détermination les dalles du château. Poudlard était spectateur du déluge qui entraînait cette petite princesse dans une violente bataille. Il était incapable d'agir. Dumbledore était loin, Grindelwald également. Il n'y avait qu'elle et le diable, quittant l'enceinte du château, côte à côte.

Cette nuit était douce, pourtant, au loin, les nuages sombres annonçaient l'ascension du mal. Le voile de détresse couvrait les yeux d'Allanah Green. Entraînée dans la forêt interdite, elle faisait face au démon à présent. Tom lâcha ses poignets, brusquement, elle chuta sur le sol, ses genoux confrontant la terre sans douceur.
Il était devant elle, la lueur de la lune éclairant sa folie, dieu des limbes et des enfers, il murmura :

- Montre toi.

Il y aurait un combat cette nuit, le chaos et le diable. Deux forces instables qui s'affrontent, mordant l'échine de l'autre, brisant ses os, marquant leur territoire, ne faisant qu'être plus forte la passion qui les unissait. Tom et Allanah découvriraient les limites de la puissance humaine, les chaînes qui restreignent l'obsession. Ils briseront tout, détruisant par la même occasion l'espoir infime de la jeune fille de connaître un jour le fait d'être humaine.














Bonjour, bonsoir à tous !
Mon chapitre a un peu de retard mais j'espère sincèrement qu'il vous aura plu ! Bientôt, le premier tome de Verdure Argentée va se terminer, j'avoue que j'ai de plus en plus de crainte que la suite vous plaise moins puisque l'environnement ne sera plus du tout le même et les personnages bien plus vieux.

   Tout de même, avez-vous aimé ce chapitre ?
Qu'avez-vous pensé de cette discussion entre Alphard et Allanah ? Ou celle entre Allanah et Abraxas
Et plus précisément, de cette fin avec Tom ?

Merci d'avoir lu, à la semaine prochaine !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top