24 | 𝓾ntil i die.

▁▁▁▁▁⋄▁▁▁▁▁

| CHAPITRE 24 |

i had to fight like hell and fighting
like hell has made me who i am.

▁▁▁▁▁▁▁▁▁▁









UNE QUINZAINE DE JOURS
s'était écoulée depuis l'anniversaire d'Allanah mais pourtant, pour diverses raisons, cette soirée restait gravée dans l'esprit de chacun. Il y avait Alphard qui se délectait les lèvres dès qu'il entrevoyait la silhouette de Martha Fawley.
Lyssa avait été morne, puis incommensurablement heureuse, tant cela devenait flagrant qu'elle mentait. Mais aucun ne lui disait rien, car le déni est une phase de la guérison.
Il y avait Abraxas qui, aux yeux étonnés de tous, montrait une parfaite et saine relation avec Anastasia Burgery, sa fiancée. Elle le supportait aux matchs et lui se donnait à cœur joie de passer des moments seul avec elle. Il se réparait intérieurement de la douleur qu'avait causé la fin de sa relation avec Lyssa.
Et puis, il y avait Allanah et Tom.

Les deux sorciers ne s'étaient pas adressés la parole depuis cette nuit dans la salle de classe. Allanah fuyait cet instant où elle devrait affronter à nouveau ses démons, car ils n'étaient jamais aussi remontés que cette nuit là. Elle se souvenait encore des lèvres de Tom, de la fièvre de cet instant et du chaos qui s'était fait ressentir en elle après cela. Relâcher son désir lui avait fait perdre le contrôle, trop peu pour blesser quelqu'un mais bien trop pour ne pas la blesser elle. Elle cherchait alors à effacer la bouche du serpentard de son esprit, comme si cela était véritablement possible. Elle cherchait pas tous les moyens à échapper à ses cauchemars, mais le jeune homme n'était pas présent que la nuit, il hantait également ses journées.

Elle espérait alors secrètement qu'il oublie toute cette scène, qu'il oublie ses lèvres et son corps, tant elle, était incapable de le faire. Elle n'était pas étonnée qu'il est fait disparaître les centres du sol de cette pièce, effaçant leurs preuves, il se garantissait comme seul détenteur de ce secret. Il avait réparé les fenêtres et quittait cette salle comme si l'enfer n'en avait jamais pris possession. Ils gardèrent tout deux le secret sur cet affrontement spécial qui avait eu lieu la nuit de son anniversaire, se noyant entre les rumeurs de Poudlard, personne ne savait l'étendu du chaos qui s'infiltrait entre les jeunes sorciers.

L'année scolaire venait de démarrer la dernière semaine de Mars tandis que les examens se rapprochaient dangereusement d'eux. C'est pourquoi à l'instar de réviser comme le ferait des élèves normaux à l'approche de la fin de l'année. Le groupe d'amis de Serpentard se retrouvèrent après les cours dans leur salle commune comme ils le faisaient habituellement. L'angélique silhouette d'Allanah était étalée sur un canapé, ne laissant la chance à aucun autre de s'installer à ses côtés.

Tandis que les discussions voguaient autour d'elle, la jeune fille s'amusait à cracher au plus loin la fumée de sa cigarette. Cela devait bien être la cinquième qu'elle fumait en l'espace d'une heure mais elle n'en voyait aucune différence. Le jeune Malfoy sur le fauteuil à ses côtés devait en être au double d'elle donc cela la rassurait un peu. Elle s'amusait alors à faire prendre différentes formes à la toxicité qui s'échappait de sa bouche. Prenant un malin plaisir à ensuite le détruire avec une nouvelle expiration.

Cet instant à fixer le plafond à travers la fumée lui plaisait beaucoup. La blonde avait cette impression constante d'être figée dans le temps comme cela. Que peu importe le mal qui lui arriverait le lendemain ou dans quelques mois, elle était là pour l'instant. C'était rassurant, de paraître réussir à contrôler ce qui échappe le plus aux êtres humains. Le temps, inéluctablement inarrêtable.

Car les mois défilaient dans une course splendide que sans aucun doute, elle perdrait. Sa cinquième et première année à Poudlard prendrait fin et avec celle-ci son quotidien qu'il lui devenait essentiel. Au loin et pourtant si proche, les voix de ses amis s'accrochaient à elle. Et un jour si proche, la salle commune ne serait plus habitée par celles-ci. Elle serait seule de présence masculine. Sa scolarité s'annonçait d'or et déjà d'un ennuie mortel.

  - Et toi, Allanah, t'as déjà essayé d'en faire ?

La voix de Marcus surprit la jeune fille dans l'entre de son esprit. Elle tourna la tête vers lui tout en fronçant les sourcils, ne savait-il pas qu'elle ne les écoutait pas du tout. Elle s'apprêtait à directement lui demander de répéter mais une vile voix prit l'ascendant sur le silence.

  - Tu crois qu'elle nous écoutait, elle est bien trop occupée à s'exalter du souvenir de son amoureux secret pour faire attention à nous, ricana Abraxas en ajoutant à sa remarque des mouvements de têtes obscènes qu'elle ne put pourtant pas voir.

Sous les rires de ses camarades, Allanah contrôla du mieux possible sa rage, elle ne voulait leur donner plus de recompenses à leur stupides remarques. Ils s'étaient tous mis dans la tête que si elle n'était pas revenue à sa fête d'anniversaire, c'était pour passer la nuit avec un homme. Elle ne pouvait pas accepter que c'était un mensonge, mais c'était loin d'être la complète vérité. Elle ne résista pourtant que trop peu de temps à la revanche.

Comme vengeance, elle se redressa et écrasa sur la jolie et imposante main du batteur sa cigarette. Un râle de douleur s'échappa de sa bouche ce qui confirma le bien fait de cette action. Après cela, elle se rallongea, cette fois-ci face à son ennemi qui se guérissait à l'aide de sa baguette. Il observait l'américaine avec une véritable rancoeur qu'elle répondait d'un sourire arrogant.

  - Tu devrais faire attention à qui tu as en face de toi, Malfoy, suggéra-t-elle en se rallumant une énième cigarette, surtout quand celle-ci est plus forte pour la vengeance.

Il grommela par la suite des paroles incompréhensibles qui confirmèrent sa victoire. Elle tourna ensuite sa tête vers ses autres camarades en les interrogeant du regard, à présent qu'elle était à nouveau dans leur monde, ils ne semblaient plus rien avoir à lui dire. Elle haussa un sourcil, l'impatiente gagnant ses yeux, tout en attrapant une énième cigarette puisque son ancienne avait été gâché pour la bonne cause.

  - Tu sais que tu ressembles à un monstre parfois ? avoua Alphard en expirant simultanément la fumée de sa bouche.
- Si ce n'est que parfois, ce n'est que partiellement dérangeant alors.

Sa remarque attira les ricanements des personnes autour d'elle si ce n'est le jeune Malfoy qui continuait d'être un boudeur né. Et soudain, Marcus sembla sortir de sa trans et se rappela le sujet de son conversation précédente.

  - Du Quidditch, t'en as déjà fait ?

Allanah réfléchit. Bien sûr, elle avait déjà voler sur un balai à Ilvermorny. Son école était même réputée pour avoir une incroyable équipe de Quidditch chaque année. Mais à vrai dire, elle ne se souvenait pas avoir déjà fait de ce sport sérieusement. A de nombreuses occasions à travers ses années d'études, elle avait gâché des matchs et voler de nuit à travers tout son château. Jamais elle n'avait fait parti d'une équipe de ce sport et cela l'aurait de toute manière étonnée de ses parent acceptent.

- Nan, jamais, avoua-t-elle avant de prendre une nouvelle bouffée qu'elle recracha en même temps qu'elle s'exprima, mais que veux-tu, moi je suis une lady, d'un ton ironique, elle brandit sa cigarette en l'air.

- Bien entendu, quelle magnifique grande dame tu fais avec cette cigarette dans la bouche, rétorqua ironiquement le jeune Bulstrode.

Comme foudroyée par cette insolente remarque, la jeune fille se redressa tout à coup. Elle pointa du doigt les jeunes hommes autour d'elle avant de cracher son venin comme la parfaite serpentarde qu'elle était :

- Peu importe que vos petits esprits étriqués ne trouvent pas « séduisants » que je fume, ça m'est totalement égal, assura-t-elle avec véhémence, je ne fume pas pour plaire, je fume parce que j'en ai envie.

Comme supplément de sa réponse, elle réorienta sa cigarette jusqu'à l'enfermer entre ses lèvres. Elle soupira ensuite mais son ami d'enfance ne semblait pas avoir fini de torturer la jolie jeune fille.

- Parce que quelqu'un trouve ça séduisant dans ce monde ? Une femme qui fume ressemble à un homme qui se maquille, un déguisement inapproprié.

La bouche d'Allanah forma un rond parfait que beaucoup aurait pu trouvé indécent avec une cigarette aussi proches de ses lèvres. Elle laissa échapper un ricanement qui ne montrait aucunement de la joie mais bien plus de l'indignation.

  - Mais qu'est-ce que vous avez avec l'idée qu'une action appartienne à un genre, sérieusement ? Désolé de vous dire que fumer ne vous appartient pas, autant que le combat, la politique ou le sport. Je pensais que vous étiez plus élevés intellectuellement que ça, s'écria-t-elle dans une colère contrôlée jusque là, bordel !

Elle se contrôla encore quelques secondes avant de rajouter par le simple but de calmer la colère en elle :

  - Alors, non, chers hommes primates, une femme n'est pas uniquement douceur et délicatesse, et si vous osez encore reporter mes actes à ce que qu'un homme peut penser de moi, je vous jure que je vous broie en quelques secondes.
  - Heureusement que ta sœur n'est pas comme ça, avoua Vector, un air rieur collé au visage.

Allanah soupira, quelle idée de n'avoir majoritairement que des hommes comme amis.

- Allez tous vous faire foutre, ce n'est pas avec vous que je vais défendre la cause des femmes, clama-t-elle en soupirant par la suite, espèces d'êtres inférieurs.

Sa dernière remarque fit doucement ricaner le groupe de serpentards qui oublia bien vite leur querelle. Alphard ne put pourtant pas s'empêcher de rajouter, dans un ricanement profond :

- Je vous avais dis qu'elle était démoniaque...

Les rires reprirent doucement, laissant ces camarades profiter enfin du calme de leur salle commune. Allanah était encore bouillonnante de rage mais elle tenait à garder son calme, la vie apprendrait bien à ses garçons à se tenir plus respectueux envers les femmes, et si elle ne le faisait pas, Allanah s'en chargerait avec plaisir.

Pourtant, alors qu'elle croyait que tout était terminé, elle remarqua que les regards de ses camarades n'étaient plus orientés vers elle, mais derrière. De là où venait les arrivants de sa salle commune. Sans le vouloir réellement,  son esprit associa directement cette ombre à une personne et elle se sentait soudain prise au piège par cette situation.

- Puis-je savoir pourquoi on vous entend depuis l'extérieur de la salle commune ?

La voix jeta un froid dans toute l'étendue de la pièce, et même ceux qui n'étaient pas concernés semblaient feindre la disparition de cet endroit. Allanah sentit instinctivement l'air lui manquait, comme si elle se privait de respirer en sa présence. Son odeur lui rappelait bien trop de souvenirs qu'elle voulait fuir.

Observant toujours devant elle, Allanah put voir distinctement Le'o venir se placer aux cotés de Marcus et Vector dans le canapé qu'ils partageaient. Et dans un espoir vain, elle se vit imaginé qu'un nouveau fauteuil prenne place dans leur salle commune. Pour que la place vaquante sur son canapé ne soit pas la seule possibilité du jeune Jedusor.
Mais elle sentit tout de même celui-ci s'asseoir avec nonchalance à côté d'elle. Prenant sa haine et la transformant en un incroyable tourment. Elle tourna pourtant son regard vers lui car elle sentait le sien s'impatienter sur son profil droit.

Lorsqu'elle croisa ses yeux, elle put y déceler instantanément de l'amusement. Car cette situation faisait bien entendu rire chaque personne ici mis à part Allanah. Et le jeune Avery également qui pourtant cachait cela derrière un sourire amusé. Le sourcil de Tom se haussa et il laissa ses lèvres s'étirées doucement. Il affichait à présent l'air innocent de quelqu'un posant une simple question.

- Alors ?
- Pour rien, répondit-elle rapidement, avec la même colère sourde qu'elle affichait en apparence contre l'héritier.

Et elle détourna son regard pour cette fois-ci fuir le manque qui assénait son cœur dès qu'elle posait son regard sur Tom. Car en lui donnait les instants terribles de la nuit de son anniversaire, il lui avait également offert une constante envie de connaître cette apothéose. Elle regarda autour d'elle, voulant fuir aussi loin que possible. Lyssa était introuvable, elle devait se trouver à la bibliothèque. Mais cet endroit était bien trop marqué de la présence de Tom pour qu'elle pense pouvoir y réchapper. 

Elle se releva alors soudainement, comme si elle savait exactement où aller alors qu'elle ne faisait que feindre cela. Elle commença à s'éloigner de son groupe d'amis en s'orientant vers la sortie de leur salle commune, avant d'être sans surprise interpellée pour savoir où est-ce qu'elle se rendait. Elle se retourna alors à nouveau et la confiance que Tom lui tourne le dos déferla en elle.

  - Je vais me balader dans le château en me demandant ce qui est mieux entre un saut de la tour d'astronomie ou une noyade dans le lac.

Elle savait qu'elle ne pourrait pas éternellement évité le préfet en chef, mais elle aimait essayer encore un peu. Après une léger geste de la main, Allanah quitta le regard des serpentards de sa salle commune pour malheureusement pour elle se confronter à ceux des élèves de Poudlard dans les couloirs. L'américaine donna un grand coup dans ses longs cheveux et inconsciemment cela la rassura.
Ce fut comme lors de sa répartition, les regards confrontaient une barrière qu'elle s'était forgée avec les années. Elle avançait à travers les corridors du grand château écossais en découvrant un peu plus de tableaux à chaque instant. C'était une chose qui lui faisait implacablement penser à son père, la peinture omniprésente dans son école. Elle était sûre que son paternel tuerait pour les observer un par un. Cette pensée la rassura, comme si dans un instant de souvenirs, son père était avec elle. L'héritière Green se sentit soudainement coupable, des années après, à nouveau, de ce qu'elle avait violemment craché au visage de son père. Elle reconnaissait les fautes de ses parents, de sa mère. Son coeur se serra brutalement, elle ne devait plus y penser, c'était du passé.

Elle passa ensuite dans un couloir donnant un excès immédiat au parc de Poudlard qu'elle appréciait particulièrement. Mais alors qu'elle s'était attendue au calme pour pouvoir profiter des éclats de couleurs qui se transformaient peu à peu dans le ciel, des rires et des cris la surprirent. Sa curiosité la poussa directement à s'approcher de l'effervescence qui habitait les lieux pourtant souvent laisser vide. Elle découvrit un petit groupe de gryffondor qui riaient aux chats devant un de leur camarade penché vers l'eau du lac.
Elle se rapprocha de la scène avec un air interrogateur. Lorsque les rouges et ors remarquèrent sa présence, les rires s'arrêtèrent soudainement. Elle se dit que pourtant elle n'avait pas l'air d'une grande silhouette avec une faucille. Elle interrogea du regard l'unique personne qu'elle connaissait de nom dans ce groupe, Septimus Weasley. Elle ne lui avait jamais parlé mais tout le monde connaissait le poursuiveur de l'équipe des lions. Elle avait entendu à de nombreuses reprises ses camarades de l'équipe cracher sur ses talents avec une certaine haine lorsqu'ils perdaient contre les rouges et ors.

- Charlus a vu une guêpe qui était tombée dans l'eau donc il s'est mis en tête de la sauver, soupira-t-il en donnant l'explication de la vision de son ami dans une position stupide. Je suis tenté de le pousser à la rejoindre mais pour l'instant, son imbécilité me fait rire.
- Nan mais quel idiot ! s'exclama-t-elle en ne retenant pas son rire, pourquoi vouloir sauver une guêpe ?

Au lieu, le jeune Charlus se retourna, le visage brillant sous le soleil, il s'écria à l'égard de cette nouvelle arrivante :

- Pourquoi pas ? On sauve bien des humains qui ne le méritent pas, pourquoi ne pas sauver une bestiole qui n'a rien fait !

Elle soupira, pourquoi avait-il autant une énergie de poufsouffle avec le comportement irraisonnable d'un gryffondor. Elle orienta sa tête lentement de gauche à droite tout en se disant qu'il n'y avait réellement que les attrapeurs pour remarquer des choses comme cela. Elle s'approcha alors du lac en remarquant finalement les cheveux désordonnés du jeune Potter.

Cela faisait plusieurs mois qu'elle n'avait pas discuté avec le gryffondor. Il n'avait jamais été un de ces amis mais son éternel sourire charmeur avait fini par plaire à la blonde à un moment donnée. Elle trouvait en Charlus une espièglerie qui lui rappelait indéniablement Andrew, son meilleur ami. Il n'y avait pas de mauvais en lui, simplement des envies de parfois déranger le court calme et ennuyant du monde. Soudainement alors, comme pour matérialiser ses pensées, la voix de l'américaine s'éleva dans l'air :

- Ce n'est pas en agitant un bâton devant elle que tu vas l'inciter à monter dessus, Potter.

Le pauvre capitaine de Quidditch manqua de tomber à l'eau à l'entente soudaine d'une voix aussi proche de lui. Mais il se ressaisit vite et orienta son regard vers la nouvelle venue. De son point de vue, le soleil frappait tendrement les traits de la serpentarde, il passait entre ses cheveux de sorte à les sublimer. Il put alors apercevoir les tâches de rousseurs sortir de sa peau de porcelaine, ses fossettes dessinées autour d'un sourire mesquin. Il l'a trouva très jolie comme cela, bien plus qu'elle ne devait l'être dans l'obscurité de sa salle commune.
Il arbora alors une mine amusée par les événements en rétorquant :

- Et tu y connais quelque chose toi en « agitage » de bâton ?
- Mieux que toi, ta seule expérience étant ce qui se trouve entre tes jambes, avoua-t-elle avant d'arborer un sourire narquois et précisa, et on ne peut pas dire que ce soit très fameux.

Sous le ricanement étouffé de son camarade, elle s'accroupit également comme il l'avait fait pour lui prouver qu'il ne faisait sincèrement rien comme il le fallait. Allanah le poussa légèrement comme pour balayer par la même occasion ses propos idiots. Elle se pencha un peu plus, faisant s'élever au loin une vague d'inquiétude. Si Allanah Green mourrait près d'un groupe de gryffondor, il n'y a avait aucun doute que tous ses amis serpentards les tueraient un par un sans aucune hesitation et pitié.

Mais la sorcière n'avait pas prévu de mourir de si tôt, elle enfonça de quelques centimètres son doigt dans l'eau avant de se rapprocher peu à peu du pauvre insecte. Elle n'aimait pas véritablement les guêpes, elle les trouvait même un peu effrayantes. Mais, elle était une araignée, elle ne pouvait décemment pas avoir peur de cela.

Avec douceur alors, elle la laissa remonter le long de son doigt. Dans de gestes sûrs et tendres, la jeune fille ramena ensuite sa main au dessus de la terre ferme. Fière d'avoir réussie où son camarade avait échoué, elle se pencha vers une fleur éclairée par le soleil où la petite chose pourrait se sécher avant de reprendre son existence. Concentrée sur ses lents mouvements, elle ne fit pas attention au regard que portait Charlus sur son corps. Il détaillait sous le soleil la forme que prenait sa silhouette, l'astre donnait à sa taille un air ridiculement trop fin et le reste paraissait au contraire d'une luxure ahurissante.
Elle ne sentit pas son regard mais elle ne put que sentir et entendre ce même jeune homme se retrouvait dans la même position hasardeuse que la guêpe quelques instants plus tôt. Elle soupira et se retourna à nouveau vers lui. Pourquoi était-il tombé ?

Le gryffondor venait de sortir la tête de l'eau sous les rires lointains de ses camarades. Il remettait alors avec facilité ses cheveux en l'arrière dans un geste qui lui était habituel. Il souriait jusqu'aux oreilles alors que l'eau dans lequel il était devait être glaciale, ne trouvant rien d'autre à faire que rire de sa situation. Elle trouva cela aussi ridicule que profondément amusant.

- Au moins, on peut dire que ça a refroidit mes ardeurs.

Ne contrôlant momentanément pas son esprit, Allanah ria sincèrement à la remarque de son camarade ce qui fit redoubler son sourire. Elle s'approcha ensuite du bord du lac pour espérer en voir sortir de le jeune homme, elle s'inquiétait de la température de cette eau sur la santé du garçon.

- Si quelqu'un te voit comme ça, tu peux être sûr de perdre des points ! s'exclama la serpentarde, persuadée que cela ferait enfin s'affoler le septième année. Allez, sors de là, Potter !
- Alors, aide-moi à sortir !

Inconsciemment et dans une réelle envie de l'aider à sortir, la jolie blonde attrapa la main que lui tendait Charlus. Mais dès qu'elle sentait le contact de leur peau, elle sut qu'elle venait de faire une terrible erreur. Si Grindelwald était endormi là où il se trouvait, il se réveillerait en sursaut de sentir la si grande bêtise de son ancienne élève. Elle voulut se retirer de la prise de la paume du jeune Potter mais la fermeté qu'il mettait dans ses doigts lui laissait comprendre que c'était impossible.

- Tu vas me faire tomber, c'est ça ?
- À peine, répondit le jeune homme avant de tirer violemment sur son bras et la faire chuter dans l'eau avec lui.

Pour les élèves de sa maison non loin, si quelqu'un d'autre venait à apprendre cela, Charlus était définitivement mort. Mais aucun des deux sorciers à l'eau ne pensait actuellement à la possessivité qui pouvait se déclencher de cet acte chez le démon peuplant ce château. Allanah était bien plus occupée à rabattre sa longue chevelure trempée derrière ses épaules. La jeune fille avait toujours eu horreur de l'eau lorsqu'elle ne souhaitait pas être mouillée. Mais devant le regard rieur du gryffondor, cet aspect de son existence se tut pour la laisser rire avec lui. Bougeant légèrement ses bras dans l'eau effectivement glacée du lac, l'américaine s'éloigna un peu du garçon. Elle voulait sortir au plus vite, elle sentait déjà la glace s'insinuant en elle.

Comme cela, battant tendrement des pieds et mouvant son corps comme une sirène, Allanah paraissait pourtant dans son complet élément. Et tandis qu'au feu, Tom en voyait une représentation de la jeune fille. Aux yeux du jeune Potter, l'eau se confondait avec la creature devant lui. Les deux éléments contraires se combattaient à nouveau en l'ignorant tout bonnement.

- Allanah, s'exclama soudainement le jeune gryffondor.

Leurs regards se reconnectèrent brutalement. La froideur arrogante habitant naturellement les yeux de la jeune fille rencontrèrent une étrange douceur qu'elle ne connaissait pas dans ceux de Charlus. Il poursuivit sa pensée, sans attendre de réponse.

- Je sais peu de choses sur toi ou sur ta relation avec tous tes amis, y compris Tom, précisa-t-il en orientant son regard vers la berge pour être sûr que leur conversation n'était pas épiée. Mais, j'ai déjà trop vu l'influence qu'ils ont sur les autres.

Elle s'était apprêtée à l'ignorer dès le debut de sa tirade mais la sorcière comprit rapidement qu'il ne songeait pas simplement à dire qu'il n'aimait pas ses amis. Charlus avait le regard de ceux qui ont trop lourdement gardé un secret. Il avait simplement besoin de lui dire quelque chose, et Allanah avait peut être besoin de l'écouter parler sans le savoir.

- Je te demande simplement de faire attention à toi, je quitte Poudlard à la fin de l'année, nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de nous fréquenter, fit-il dans un ricanement gêné, j'imagine que je n'avais pas envie de me frotter à Tom Jedusor, bien qu'en vérité, ça ne m'aurait que trop démangé durant sept ans !

Allanah ria une nouvelle fois, projetant un peu plus de bonheur dans cet environnement glacé. Charlus pencha quelque peu sa tête sur le côté, il se sentait pressé par le temps, comme si dans quelques secondes, le monde s'arrêterait d'exister.

- Je ne veux simplement pas que ce soit la dernière fois que je te vois.

À la fin de ses paroles, le jeune homme s'était tourné vers la terre entourant le lac et se redressait à present pour quitter l'eau dans lequel il avait eu le courage de dire la vérité. Il avait au cours de ses années d'études vu certains jeunes sorciers changés violemment au contact de Tom, comme Abraxas, comme Walburga. Car ils y avaient inévitablement des personnes qui avaient vu tout cela, qui avait vu dans l'œil de Tom autre chose que ce qu'il montrait. Mais la plupart ne songeait au mal qu'il pouvait véritablement faire.
Charlus y songeait, et voulait même dans sa plus faible contribution essayer de l'amoindrir.

Tandis qu'il se séchait à l'aide la magie, Allanah avait ses bras posés sur le sol et sa tête reposait dessus comme si elle ne parvenait plus à soulever les pensées qui l'assiégeaient. Elle orienta son regard vers le ciel, aperçut la guêpe sauvée il y a peu s'envolait loin d'eux. Est-ce que comme cette petite chose, elle avait besoin d'être sauvée ? Elle se sentait pourtant si maître d'elle même à cet instant.

- Je ne compte pas mourir, Charlus, tu n'as pas à t'inquiéter pour cela, ce n'est jamais le moment de mourir, répéta-t-elle les paroles de son ancien mentor, se rassurant par la même occasion.

Il soupira, se retourna une derniers fois vers elle avant de partir.

- Il y a d'autre manière de mourir que de perdre la vie.

Il la laissa ensuite seule, ne répondant à aucune de ses questions. Songeant que les seules réponses qu'elle trouverait n'était pas en lui. Allanah était restée entre un peu aux bords du lac de Poudlard. Ne sentant ni le froid gagnant ses muscles, ni les regards des différentes personnes passant près d'elle. Elle restait assise sur la terre, ses pieds fouettant le courant du lac avec douceur. Rendant flou son reflet, elle se posait mille questions, ne cherchait pas les réponses. Elle tentait simplement de comprendre ce que sa vie était devenue depuis ses derniers mois.

Elle n'avait pas eu le sentiment de changer puis brusquement tout semblait avoir disparu et s'être matérialiser en quelque chose de si différent. Allanah Green se demanda si elle assistait uniquement à sa destruction ou si elle parviendrait à renaître de cela.















Le repas passé sans qu'elle ne parle à personne si ce n'est Lyssa du nombres de devoirs important en ce moment, elle ne parvenait à regarder dans les yeux ses amis. Trouvant en eux tout le mal que Tom habitait. Allanah se retrouva vite seule dans sa chambre, elle était assise sur son lit, ses jambes rabattues contre sa poitrine. Elle réfléchissait vainement à des choses qu'elle ne comprenait pas. Pourquoi ne pouvait-Elle tout simplement pas annihiler tout ce qui touchait Tom ? Le rendre néant, et pouvoir par cela espérer se sauver de ses propres démons, sans les siens.
Elle entendait Martha et Imene rire doucement dans un des lits du dortoir. Elle savait qu'elle n'était pas seule, et pourtant, elle se sentait inéluctablement abandonnée.
Elle porta à sa bouche la cigarette qu'elle venait d'allumer, elle jouait à présent avec le briquet argenté que le jeune Malfoy lui avait offert à Noël. Est-ce qu'Abraxas aussi deviendrait son ennemi un jour ? Le'o également ?

Son coeur se serra soudainement et bien plus fort qu'elle ne put le supporter. Les larmes montèrent rapidement aux creux de ses yeux, elle avait le sentiment abrupte de trahir la confiance de tous. Comme s'ils étaient liés depuis toujours et qu'elle menaçait de les poignarder dans le dos. Elle orienta sa main libre à son coeur. Et elle ? Était-elle même sa propre alliée ?

Car son coeur avait inévitablement penché vers le mal la nuit de son anniversaire. Elle avait laissé le jeune Jedusor la toucher, l'embrasser à nouveau. Elle s'était laissé tenté par le relâchement jusqu'à ne même plus se contrôler. Si sa relation continuait comme cela, Allanah Green frôlerait bien vite la folie.

Et si elle avait perdu le contrôle à un baiser de Tom, comment croire que ses camarades étaient en sécurité près d'elle ? Comment penser qu'elle-même était en sécurité ?

Elle renforça son emprise sur ses jambes, se contractant un peu plus à chaque instant. Les larmes coulées silencieusement sous ses joues, à l'intérieur, tout se détruisant violemment.

Elle écrasa sa cigarette qui ne lui apportait aucun réconfort et se releva de son lit, elle ne voulait pas perdre le temps d'essuyer ses larmes, d'autres apparaîtraient pour sûr. Fuyant le feu crépitant dans la cheminée de sa salle commune, Allanah traversa l'espace la séparant de la sortie. Elle ignorait que c'était des tourments plus grands qui l'attendaient dehors, elle sortit tout de même.

Elle ne put que faire quelques pas avant de le voir, il était avec Marcus. Il aurait pu ne pas la voir, mais il l'avait bien sûr remarqué instantanément. Son regard s'était braqué dans le sien avec force, comme pour signifier qu'elle ne pourrait pas s'échapper cette fois-ci. Pourtant, lorsque son corps passa à côté du sien sans qu'il ne l'arrête, elle crut s'être sauvée de sa paranoïa. Elle crut pourvoir gravir les marches quittant les cachots pour pénétrer la partie supérieur du chateau, mais son pied ne franchit jamais cette barrière de hauteur. Le couloir était sombre, ses yeux larmoyants le rendaient d'autant plus flou qu'il ne l'était dans la pénombre. Elle marchait doucement depuis qu'elle avait vu les yeux de Tom se posaient sur elle, elle aurait voulu courir pourtant. Mais elle n'y parvenait pas, son corps refusait de se mouver plus vite, comme si des chaînes la maintenaient sur place, la condamnant à attendre son jugement.

Allanah s'arrêta subitement, son coeur se serrait si fort dans sa poitrine qu'elle ne parvenait à avancer plus. Peut être cet acte la mènerait-Elle à plus de tourments encore mais elle n'y arrivait plus. Pourquoi fallait-il que la vie l'ait choisie elle pour être celle qui se battrait toujours ? Pourquoi devait-elle subir la démence de chaque homme et soutenir la sienne ?

Elle serra un peu plus sa main sur le tissu rejoignant sa poitrine, elle serrait les dents avec la même férocité. Elle avait mal, elle avait envie de s'écrouler et de laisser sortir tout le mal qu'elle avait bien trop longtemps retenu. Cela semblait si facile, mais s'était-Elle déjà permit cela sans se punir de honte à la seconde suivante. Allanah était aussi dure avec elle-même que la vie l'était, elle ne se laissait que trop peu l'occasion d'accepter la douleur, elle la refoulait, la transformait en rage mais elle ne parvenait jamais à l'amoindrir.
Elle se sentit soudain baignée dans un torrent de larmes incommensurables. Elle se fit rattraper par les années et par le démon. La jeune Green voyait les pleurs qu'elle n'avait pas assez verser pour la trahison de Gellert, elle voyait ceux qu'elle n'avait pas pris le temps d'avoir pour ses parents. Et elle ressentait au plus profond de son coeur les gouttes salées qu'elle s'était promis de dévoiler, pour elle, pour son combat et pour toute sa force.

Car plus que pour cette faiblesse passagère, Allanah pleurait pour toute la force qu'elle avait eu et qu'elle ne semblait à cet instant plus capable d'avoir.

- Il me semble que tu n'as même plus besoin de moi pour te détruire à petit feu, petite guerrière, murmura doucereusement le diable derrière elle, se mouvant en silence dans l'ombre.

Elle ne se retourna pas à sa remarque, laissant simplement la main qui enserrait sa poitrine retomber le long de son corps. Pourquoi fallait-il qu'il existe dans ce monde un être comme Tom, qui la poussait à se dire qu'elle était faible, malgré tout ce qu'elle avait vécu ?

Tragiquement, le jeune Jedusor se plaça devant elle, juste à quelques centimètres des larmes qui coulaient sur son visage. Comme la caresse d'un ange ayant chuté, la main du sorcier releva avec violence son visage. Ancrant à nouveau ses doigts dont les phalanges blanchissaient déjà dans le creux de ses joues, il dévoila lui-même toute sa souffrance à ses yeux. Ses larmes continuaient de couler et inondaient même la main du jeune homme.

Leurs regards s'ancrèrent l'un dans l'autre. Celui d'Allanah dévoilait toute la fatigue qu'elle ressentait, elle ne possédait plus le maquillage qui camouflait ses pores détruits. Son visage dévoilait de profondes cernes, les plaques rouges s'accumulaient même dans son cou. Le stress avait toujours détruis le joli teint de l'américaine. Aujourd'hui, rongée par ses démons intérieurs, elle affrontait ce même visage chaque nuit. celui de la folie qui s'abattait en elle.

Elle regarda distinctement l'expression qu'affichait les traits de Tom et cela semblait être le reflet de ce qu'elle songeait de sa propre personne. Elle croyait voir la déception tirés ses traits, comme un relent de dégoût envers ses gouttes salées qui envahissaient sa main. Il la regardait comme elle ne pouvait pas le faire, avec dédain et supériorité.

Et c'était ce qui prenait place dans l'esprit de Tom. Il voyait cette petite battante toute larmoyante près de lui, elle ressemblait à une poupée abandonnée par la beauté. Elle ne laissait transparaître que sa douleur, était-ce cela d'être faible au point de se laisser gouverner par ses sentiments ? Tom trouvait cela ridicule, il la trouvait ridicule.

Elle murmura pourtant, elle clama plutôt, mais son peu de force transforma ses dires en légères fluctuations de l'air :

  - Laisse-moi...

Et Tom ricana de cet instant qu'il trouvait sordide, il força un peu plus sur le frêle cou de la jeune fille pour qu'elle relève bien plus la tête. À présent, comme cela, on percevait toute la domination qu'il exerçait sur elle et c'était si grisant pour lui de la voir défaillante et si détruite.

  - Oh, tu souhaites que je te laisse ? Ironisa-t-il en transformant son rictus ironique en rire froid et sans émotion, voudrais-tu également que j'appelle Potter pour qu'il te borde et sèche tes larmes ?

La mention de Charlus créa instantanément une panique chez elle qu'elle ne put controlée.  Comment pouvait-il être au courant ? Elle ancra un peu plus ses yeux dans les siens, elle cherchait à savoir au combien le gryffondor était en danger. La rage criait dans les iris de Tom et elle ne pouvait que penser que cette rage sourde menaçait la santé de son camarade.

  - Tu es tellement pathétique, Allanah.

Ses mots frappèrent la jeune fille à l'estomac avec une puissance démentielle. Elle ne sut si c'étaient ces paroles ou c'était sa voix qui détruit le plus le coeur de la sorcière, mais elle avait mal, terriblement mal. 

  - Tu penses toujours à t'inquiéter pour les autres et tu ne vois pas à quel point tu croules, seule, précisa-t-il dans un ton qui faisait frémir la blonde, et abandonnée. Si j'étais toi, je songerais à abandonner, ton combat est vain et ne te mènera qu'à ta chute.

Il renforça un peu plus la pression sur sa joue, donnant l'air de chercher ses mots, il savait pourtant exactement ce qu'il comptait dire.

  - On ne se bat que parce que tu t'entêtes à ne pas abandonner, murmura-t-il, tu construis seule la prison dans laquelle tu te trouves.

Les yeux d'Allanah s'écarquillèrent soudainement, la cruauté de Tom se reflétait dans ses yeux. Elle y avait toujours été, mais à cet instant, dans la noirceur, elle y était reine. Elle avait mal, elle avait du mal à respirer, soudainement. Sa gorge réduisait l'air qu'elle possédait et ses poumons se remplissaient irrégulièrement.
L'empreinte éternelle du diable enserrait son menton avec force. Elle se détacha violemment de lui, repoussait son étreinte, repoussait toutes ses paroles viles. Elle voulait les éloigner d'elle, les éloigner de son crane dans lequel elles tambourinaient leur vérité.

Elle s'arma d'un peu plus de force, pas encore assez pour vaincre, mais assez pour se battre contre lui.

  - Tu ne me feras jamais croire que c'est de ma faute, Tom ! s'écria-t-elle soudainement comme inondée par cette rage qu'elle avait fait taire. C'est toi ! Uniquement toi qui est fautif de tout ce que je ressens !!

Elle marqua une pause, elle l'observa, il gardait ce sourire détestable à ses lèvres, cet air qui lui faisait penser qu'il pouvait posséder le monde entier, y compris elle. Elle secoua la tête.

  - Tu es cruel, égoïste, monstrueux, détestable ! tout en balançant ses mains avec violence dans l'air, elle poursuivit. Tu es le mal incarné, Tom, je te hais pour ça !! Je te hais tellement, tu me fais me sentir tellement faible, tellement mal, ses cris perçaient la noirceur, il ne lui semblait qu'elle n'en avait jamais eu autant besoin. Tu joues avec moi puis me détruis et me fait renaître pour recommencer, je ne peux plus subir ça, Tom, j'y arrive plus...

Un humain normal aurait été touché mais la banalité n'avait jamais eu l'audace d'approcher Tom.

  - Je te fais simplement sentir comme ce que tu es véritablement, une petite fille détruite, faible et qui cherche incommensurablement quelque chose auquel se raccrocher. Je p-
  - Ferme-là, prononça-t-elle avec véhémence. 

Elle reprit son souffle, il arqua un sourcil avant qu'elle ne reprenne son assaillante tirade sur lui.

  - Je n'aurais jamais besoin de quiconque auquel me raccrocher, est-ce que c'est clair ? Je n'ai besoin que de moi, peut être que je tomberais, encore, mais je me relèverais, encore, répéta-t-elle en articulant, parce que je le veux, parce que je dois toujours me relever.
- Cela, jusqu'à ce que tu chutes plus bas encore, Allanah, ne sois pas stupide, la voix de Tom était calme mais elle électrisait l'air, tu vas perdre cette guerre. 

D'un revers amer de la main, elle effaça les larmes qui demeuraient encore sur ses joues, elle se sentait bouillir au plus profond d'elle, elle ne devait vite partir. 

  - Si j'abandonne un jour, Tom, c'est parce que je serais devenue une autre personne, parce que j'aurais oublié ce qui me faisait me battre à l'origine, c'est parce que j'aurais tout perdu, clama-t-elle avec force, sa vue devenant plus limpide maintenant que ses larmes ne l'entravaient plus. Et même à cet instant, je continuerai de me battre, parce que je préfère mourir en sachant que je me suis battue.

Tom soupira, les paroles d'Allanah semblaient toutes se ressembler. C'était si amusant de la voir se débattre. Il ne bougea, observant simplement le petit papillon battre des ailes pour s'envoler loin, la partie était finie pour l'instant.

  - Alors tu mourras insatisfaite, inassouvie et pleine de remords, car il n'y a que moi qui peut t'accorder la puissance que tu désires tant, tu mourras devant ce que tu aurais pu avoir, ce qui aurait pu te contenter. Tu auras été idiote mais courageuse jusqu'au bout, Allanah.

Son nom roula une dernière fois dans son esprit, la voix du diable ne quitta pas sa tête mais elle franchit le couloir, sans se retourner vers Tom. Elle ne le devait pas, malgré la douleur des paroles qu'il venait de prononcer, elle sentait qu'elle perdait peu à peu pied avec la réalité, qu'on ne lui laissait pas le choix cette fois-ci. Si elle restait, elle blesserait quelqu'un.

Elle serra les poings si forts à pensée qu'elle rouvrit les plaies de sa paume, faisant perler le sang entre ses phalanges. Elle courait à présent, aussi loin qu'elle put. Les dalles s'étaient dessinées sous ses pieds, puis avaient disparus, laissant à la terre l'empreinte de sa course.

Elle ressentait à nouveau cette rage en elle, cette haine qu'elle s'était promis de ne plus laisser la contrôler il y a tant d'années. Pourquoi cela semblait si compliqué de maintenir ce serment lorsqu'il était proche.

Soudain, Allanah tomba à genoux, elle ignorait où elle était, les arbres l'entourant lui conférer l'intimité. Elle se permit de pleurer à nouveau. Elle se permit de crier, son cri libéra un peu plus de larmes qui vinrent s'écraser sur le sol.

Mais cela ne changea rien, elle se sentait toujours aussi mal. Tout refit surface, tout ce qui l'avait fait devenir ce qu'elle était, tout ce que Tom balayait à chaque instant en présence d'elle.
Elle perdit le contrôle, une nouvelle fois.

La forêt interdite vit cette nuit là le démon qui sommeillait en l'héritière se matérialiser dans le ciel.  Le même voile noir quitta son corps, enveloppa les arbres l'entourant, les condamnant au néant, et elle, à la folie. Il fut plus grad encore que dans ses souvenirs, plus sombre, plus épais. Prenait-il source en sa rage, ou en sa propre vitalité ?

Elle se retrouva à genoux devant les cendres de ses arbres, sa magie tournoyant comme la mort autour d'elle. Caressant le chaos qu'elle était désormais, qu'elle avait toujours été.
Allanah resta là plusieurs heures, à se demander ce que cela faisait de vivre sans l'enfer comme demeure, de vivre simplement, ne plus survivre. Elle espérait connaître cette réponse un jour, elle priait cela.









Bonjour, bonsoir à tous !
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Il est bien plus calme que le précédent mais la dernière scène restait spéciale !

Alors, avez-vous aimé ce chapitre ?
Que pensez-vous de l'inquiétude de Charlus ?
Ainsi que de cette dernière scène ?

Merci d'avoir lu, à plus tard !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top