23 | 𝔂ou don't own me.
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| CHAPITRE 23 |
it's strange, isn't it ? how your heart burns...
and burns...and suddenly turns to ice.
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LA PREMIÈRE PENSÉE
qui égailla le réveil d'Allanah fut pleine de grâce.
- Ma tête, j'ai mal !
Sa main rejoignit la douleur intense qu'elle ressentait à son crâne, comme si une caresse à son front calmerait la tempête. Allanah gardait ses yeux fermés afin de s'imaginer que la souffrance n'était que dans sa tête. Mais se persuader d'un mensonge aussi grand était idiot. Et puis, peu à peu, la jeune fille recouvrait la possession de ses sens. Elle sentait revenir en elle un contrôle de son corps que la drogue lui avait pris et que le sommeil avait éteint.
La chaleur des couvertures l'entourant la réconforta et la lumière qu'elle entrevoyait entre ses paupières closes devait provenir des différentes bougies que la journée, qui s'était profilée sans elle, émettait. Mais son ouïe lui répondait rapidement qu'elle se trompait. Elle perçut peu à peu les échos de la fête qui signifiait que la nuit battait toujours autour d'elle.
Pourtant, cela n'eut plus d'importance quand elle ressentit le parfum qui planait tout autour d'elle. L'envoûtante odeur de la puissance qui émanait de Tom. Comme la senteur du feu la gardant en son sein.
Elle n'était pas son lit, elle n'était pas seule. Le corps de Tom couvrait bien la partie droit du lit du serpentard et la lumière à travers ses paupières était la lueur de sa baguette et celles de bougies entourant la chambre. Sa grande et fine main quitta son front pour se plaquer contre sa bouche. Mais qu'est-ce qu'elle foutait là ?
Elle ne sut pourtant pas quoi dire tandis qu'elle entendait le jeune homme à ses côtés tournait les pages d'un livre sans lui accorder la moindre importance. Elle se demanda si fuir sans crier garde était une bonne idée. Car la gêne qui étreignait la blonde était si grande qu'elle ne doutait que l'esprit de Tom l'ait perçu. Pourtant, une part d'elle se disait que c'était tout ce qu'elle attendait depuis une semaine.
Se retrouver à nouveau en contact avec lui, car il n'y avait que comme cela qu'elle pouvait sustenter l'appétit vorace qui la détruisait de l'intérieur. Est-ce que le manque devait la garder en haleine durant tout un long mois avant qu'il ne lui permettre à nouveau de connaître le goût du mal ?
En vérité, Allanah ignorait ce qu'elle devait préférer. Elle ne se sentait pas défaillir dans le mal à cet instant, elle se sentait simplement appréciée le jeu qu'elle avait choisi. Elle profita alors quelques secondes de calme, tout était si silencieux que la suite en serait risible.
Alors qu'elle esquissa un mouvement pour se défaire des couvertures, Tom se daigna finalement à émettre une attention à son égard.
- Tu ne devrais pas te lever, je pense que ce que t'as donné Black fait toujours effet, indiqua-t-il mêlant conseil et simple constatation dans son timbre de voix.
Ses pensées s'entrechoquèrent dans son esprit. Elle ignorait alors si elle devait haïr et maudire Alphard pour ce cadeau empoisonné qui l'avait fait atterrir dans le lit du préfet en chef. Ou au contraire, accepter que ce n'était aucunement de sa faute, lui aussi n'aurait pas aimé qu'elle soit dans cette situation. Elle soupira bruyamment comme pour montrer son désaccord à Tom. En vérité, elle espérait simplement pouvoir calmer les battements idiots de son cœur. Non sans se détacher du regard précautionneux du jeune homme dans son dos, Allanah se redressa et ses jambes vinrent rejoindre son abdomen pour y déposer sa tête.
Les rideaux qui entouraient le lit à baldaquin du serpentard ressemblaient au prison dorée de ses livres d'amours. L'américaine voyait en eux toute la métaphore de sa relation avec Tom. Il n'y avait qu'eux deux, indéfiniment, éloignant toute possibilité d'aide. C'était elle contre le démon et la douce chaleur qui émanait de sa cage lui faisait penser que cette dernière était bien trop alléchante.
Alors qu'elle s'apprêtait à élever la voix afin de lui demander enfin ce qu'elle faisait ici, un autre timbre tout aussi doux se détacha du vide pour affronter le silence des dortoirs :
- Qu'est-ce que ça veut dire ça, Abraxas ?
C'était Lyssa et son ton se confondant avec la peur elle-même. On aurait même douter qu'elle puisse aligné ses mots sans bégayer. Sans même la voir, Allanah savait que ses lèvres étaient pincées dans une tentative vaine d'enfermer la vérité. Le souffle de l'américaine se coupa, elle respira silencieusement après cela. Savaient-ils qu'elle était ici ? Elle espérait mille fois que non.
- Merci, Lyssa, ça veut dire ce que ça veut dire, s'exclama-t-il avec bien plus de force que sa camarde. Ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont.
- Mais pourquoi est-ce que tu me remercies ? Tu n'as jamais fait ça !
Quelques instants comme ceux où la guillotine se prépare à tomber sur notre nuque, on demande encore un miracle. Comme si cela pouvait encore arrivée. Aveugle de la scène qu'elle entendait pourtant, Allanah se demandait comment l'amour pouvait faire aussi mal à deux être pourtant si tendres.
- Car si des adieux ressemblaient à toutes les autres fois, ce ne serait qu'une fois de plus, rétorqua-t-il, en laissant la détresse de la jeune Wilzem envahir l'espace de faible sanglots.
- J'ai passé cinq ans de ma vie à t'aimer, Abraxas. Je n'ai rien d'autre que toi, tu ne peux pas me laisser définitivement comme cela.
Les paroles frappèrent la blonde sans qu'elle ne puisse s'en débattre. Elle se rendit alors compte du malheur qui émanait de la voix de son amie. Les larmes coulant sur ses joues sans qu'elle n'ait besoin de le voir déformait sa voix pour la laisser en pâture au désespoir. Était-elle comme cela depuis un mois ? N'avait-elle vu que ce que ses yeux pouvaient voir ?
Est-ce que la bibliothèque et Tom avaient eu raison de Lyssa ? Et sa liaison et Abraxas d'Allanah ?
- C'est ce que j'ai toujours voulu ancré dans ton esprit, que tu n'avais que moi. Mais c'est faux. Tu as Allanah, Le'o, même Alphard et tous tes stupides amis de Serdaigle, maugréa-t-il, une pointe de dernière jalousie dans sa voix. Tu t'es peut être construis autour de moi mais je ne pars pas en t'enlevant tout ce que je t'ai apporté. Tu garderas toujours une empreinte de moi et j'espère qu'elle t'aidera parfois à avancer.
Peut être est-ce un soupire d'acceptation qui avait traversé les lèvres de la jeune Wilzem quand Abraxas eut finit de parler. Mais, ce fut tout de même un sanglot qui accueillait les nouveaux mots de la jeune fille.
- Et toi, alors ? Tu as décidé de ne pas être heureux ? De toute ta vie te contentait de Tom et d'une femme que tu ne feras que semblant d'aimer ? s'exclama-t-elle alors que la rancoeur couvrait bien plus ses pleurs.
- Nan, j'ai décidé d'être heureux.
Durant ce long mois, le jeune Malfoy avait fréquenté Anastasia Burgery plus qu'il ne l'avait jamais fait au cours de toutes ses années à Poudlard. Il avait appris son goût pour la littérature française qu'il partageait de part ses origines. Son drôle d'attrait pour les natures mortes et son talent à le faire rire en manquant de tomber à chaque marche. Durant ses quelques semaines, Abraxas avait appris à connaître la femme avec qu'il allait passé sa vie.
Ce fut ce soir-là, lorsque sa présence manqua à la fête qu'il avait pris conscience de son attachement pour elle, et son devoir envers elle.
Il observait alors Lyssa sans pourtant parvenir à lui dire tout cela. Car ses propres larmes menaçaient de couler tant il voyait la faute qu'il avait commis envers le bonheur de la jeune fille. Il s'en voulait, terriblement. Il prononça tout de même une dernière chose à son égard, comme un point final à ce qu'avait été sa vie durant plusieurs années.
- Et j'espère que tu le seras aussi, mon amour.
Et il partit, tandis que quelques secondes plus tard, Lyssa quittait aussi la pièce.
Et la tête d'Allanah reposait toujours sur son genoux. Rien ni personne n'avait émis un geste durant cette scène. Pourtant, l'air en fut changé et il lui semblait que son cœur avait perdu de sa force. Les sentiments de Lyssa s'étaient reflétés dans l'esprit de son amie, sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Elle avait vu la détresse qui l'accablait et une envie irrépressible de la prendre dans ses bras était née simultanément.
Elle esquissa à nouveau un mouvement pour se défaire des couvertures et quitter le lit du préfet en chef mais ce fut cette fois-ci plus que sa parole qui l'empêcha de partir. Sa grande main se referma sur son poignet avec fermeté sans pourtant blesser la fragile peau de la sorcière.
- Ça ne sert à rien d'aller la voir, Wilzem n'a pas besoin de toi pour l'instant, affirma Tom, sans détacher son regard de l'arrière du crâne de la jeune fille.
Il se demandait s'il préférait l'avoir réveiller et contrariante avec lui ou si le sommeil, qui lui donnait au moins le silence, ne lui plaisait pas plus. Et il savait à present que la cinquième année trouverait toutes les raisons possibles pour partir. Mais il n'en avait pas fini avec elle, à vrai dire, il n'avait même pas encore commencé.
- Qu'est-ce que t'en sais exactement ? T'es devenu un spécialiste dans les sentiments amoureux, s'exclama la blonde en braquant soudainement son regard vert dans le sombre habitant ceux de Tom.
Ce n'était pas de la colère qui faisait briller les pupilles d'Allanah cette nuit, elle était belle et bien contrariée. Mais à l'instant même où son regard s'était posé sur Tom, peu de choses avaient d'importance. Le jeune homme ne portait plus de chemises, ni même de simple débardeur. Devant elle s'étendit un champs des possibles des plus indécents.
Et, elle perdit quelque secondes le fil de leur conversion quand le serpentard lui répondit enfin :
- J'ai simplement bien trop vu ces deux-là se déchirer très peu élégamment avant que ta chère amie n'aille finalement mieux avec le temps. On s'habitue au final.
La jolie blonde se concentra sur le visage du jeune homme qui la perturbait bien moins que son torse dévêtu.
- Il y a une grande différence entre une dispute et la fin d'une histoire, Tom.
- Pas quand chacune des disputes semblaient être la fin de leur histoire, Allanah, rétorqua-t-il en imitant avec brio l'intonation indignée de sa camarade. Les étapes de son stupide deuil seront les mêmes à défaut que cette fois-ci, ce sera la dernière fois.
Bien qu'elles se voulaient d'un naturel blessantes, les paroles de Tom agirent d'un manière diamétralement opposée à la douleur. Elle rassurèrent même un peu le cœur de la sorcière. Il avait raison, c'était la dernière fois que Lyssa serait sujet aux douleurs de sa relation avec Abraxas. Et peut être devait-elle alors agir comme si la vie n'en était pas changée, comme si à ses yeux, cette conversation n'avait pas eu lieu. Elle ignorait si elle en était véritablement capable, mais y croire un peu l'aidait à s'imaginer que oui.
- Pourquoi est-ce que je suis dans ton lit ? finit-elle par demander, souhaitant surtout changé de sujet avant que Tom ne devienne véritablement blessant.
- Parce que ton stupide copain ne s'est pas dit que tu supporterais mal l'effet de l'opium avec ton frêle corps.
La voix de Tom était tranchante, si Alphard avait été dans la piece, elle était sûre qu'il en aurait perdu deux bras et ce qui affirmait sa virilité. Et pourtant, aucune crainte ne naquit dans le cœur de la blonde. Elle se contenta de se dire que le jeune homme semblait véritablement en colère, pour elle. Mais elle ne lui apporta aucunement la satisfaction de voir ses lèvres s'étirer de cette prise de conscience.
- Et, pourquoi dans ton lit ?
Tom releva un sourcil. Il contrôla sa jalousie du mieux qu'il put mais le souvenir de ces stupides êtres inférieurs qui s'étaient précipités vers Allanah pour l'aider après sa chute l'énervait bien trop. Il savait pourtant avec l'expérience de sa relation avec la jeune fille qu'elle ne cherchait qu'à le provoquer.
- Aurais-tu voulu que quelqu'un d'autre te porte secours, chère demoiselle ? indiqua-t-il sans la moindre once d'humour dans sa voix.
La blonde ne put s'empêcher de se dire que s'il voulait faire le chevalier servant, il fallait qu'il se penche un peu plus sur les conditions de l'amour courtois car il était loin d'en saisir la moindre banalité.
- Et bien, cela peut dépendre de qui se présente à moi, répondit-elle dans un tac au tac insolent.
Sans qu'elle ne put le prévoir, le sang de Tom ne fit qu'un tour et sa main attrapa à nouveau le poignet de la jeune fille. Cette fois-ci, sans délicatesse ce qui arracha un gémissement plaintif à Allanah avant que son souffle ne soit coupé par la proximité de leurs corps. A present, la cinquième année était à califourchon sur son camarade et leurs visages partagés le même oxygène qui venait alors à manquer drastiquement dans le corps de la blonde.
La main de l'héritier se détacha de son poignet pour venir saisir avec force l'arrière de la nuque de sa prisonnière.
- Arrête ça.
- Arrêtez quoi, questionna la jeune fille, jouant agréablement avec le feu.
Elle frissonna soudainement, elle sentait la deuxième main de Tom gravir sa cuisse nue, sa robe étant bien trop remontée à son goût.
- Je t'assure, Allanah, que tu n'as pas envie de savoir tout ce que je pourrais faire à toute personne qui pose son regard sur ton corps, mentionna-t-il, une certaine rage brillant dans ses yeux.
Bien qu'elle ait une demande encore plus indécente dans son esprit, elle hocha ensuite péniblement la tête pour annoncer qu'il avait gagné. Sans étonnement, il ne lâcha pas tout de suite le corps de la jeune fille. Il prenait même un grand plaisir à la garder aussi près de lui alors que la rougeur gagnait ses joues. Et comme pour continuer de la torturer, il appuya brutalement sur sa nuque afin que son corps ne soit plus redressé mais complement allongé sur lui.
Allanah, assurée de ne pas être vu par son camarade, cligna plusieurs fois des yeux. Elle avait la tête posée sur le corps de Tom et leurs corps s'entremêlaient sous la couverture comme le ferait deux amants normaux. Mais ce n'était aucunement ce qu'ils étaient, normaux. Et alors qu'elle se demandait comment elle devait accueillir leur nouvelle proximité, le jeune homme ne lui laissa pas le temps de développer sa pensée. Sa grande et ferme main du garçon se posa dans le creux de ses reins, condamnant le désir de la jeune fille à renaître violemment. Elle secoua violemment la tête avant de se redresser, ne laissant pas le temps à l'héritier de réagir, elle quitta les couvertures émeraudes qui l'entouraient. Elle se releva de ce piège et s'éloignait du monstre.
- Qu'est-ce que tu fais, Allanah ? murmura-t-il comme lasse.
Il serait bien longtemps lasse, car elle ne comptait pas abandonnée de si tôt.
- Tu croyais que j'allais sagement rester dans tes bras ? Sérieusement, Tom ? s'étonna-t-elle, et dire que je croyais que c'était moi qui était sous drogue.
Il soupira, rabattant loin ses couvertures, lentement, il attrapa sa chemise, laissée comme morte au pied de son lit. Allanah était statique, comme paralysée. Elle avait réussi à s'échapper de ses bras, mais à présent, que devait-elle faire ? Fuir ? Son cerveau lui disait de le faire mais elle sentait sa baguette contre sa peau, comme un murmure, quelque chose d'insensé lui dit qu'elle pouvait encore se battre. Elle arma de ses yeux la force qu'elle possédait, confrontant Tom. Elle avait connu un anniversaire plus reposant. Mais son quotidien ne pouvait plus être le même à présent, le terrain sur lequel elle se profilait était celui du diable, elle devait être prudente, plus qu'elle ne l'avait jamais été.
- Je pensais que tu n'aurais pas aimé jouer le jour de ton anniversaire, je n'avais pas prévu cela aujourd'hui.
Elle ignora sa remarque, elle ignora les mouvements des mains du serpentard qui enfermaient son torse dans le tissu blanc, elle enfermait cette idée loin dans son esprit. La vision des larges épaules du sorcier s'effaça, celle de son torse également, elle les condamna au néant en elle. Elle ignorait si elle y parvenait véritablement, mais l'idée que non raffermit la rage qui montait en elle. Elle s'était laissée faire, quelques minutes auparavant, dans le jeu de désir qui s'était placé entre eux. Elle avait baissé la garde.
- Je crains de te décevoir, je ne perdrais pas le jour où je suis venue au monde, ironisa-t-elle, gardant comme objectif de survivre à cette nuit.
- Et moi, de ne jamais le faire, tu devras te soumettre, Allanah, on ne défie pas la grandeur.
Un rire s'éleva dans l'air de cette pièce, électrisant instantanément l'ambiance entre les deux sorciers. Il était dépourvu de joie, mais empli de rage.
- Tu devrais te souvenir, Tom, que mon nom n'a jamais été associé à autre chose qu'à la réussite, cela t'éviterai de te bercer d'erreurs.
C'était grisant pour le jeune Jedusor de voir une personne s'exprimer comme son égal mais en être si loin. Il ricana à son tour et arqua un pas vers sa camarade qui recula aussitôt. Une chasse prenait place dans l'entre du serpent, mais comment Allanah pouvait se penser maitre à cet instant, elle n'avait pas les règles du jeu.
- Et, tu devrais songer que le calme d'une nuit à discuter du bon choix pour toi sera mieux qu'une énième bataille que tu perdras.
- Il n'y aura ni discussion, ni bataille.
- Je ne te laisserai pas partir cette nuit, Allanah, prononça-t-il très distinctement.
Le coeur de la jeune fille s'arrêta un instant, assez pour laisser marquer sur son visage un air de surprise. Cette phrase sonnait dans ses oreilles jusqu'à détruire son ouïe, elle résonnait en ordre, en promesse, comme le glas de sa vie.
Elle vit le diable esquisser un mouvement et son instinct fut plus puissant que lui à cet instant. Elle traversa la piece qui la maintenait prisonnière et en sortit le plus rapidement possible. Mais que dirait-Elle à ses camarades lorsqu'elles la verraient ? Pourrait-elle soutenir les regards interrogateurs des autres élèves, si crédules ?
L'inconscience l'emporta lorsqu'elle entendit à nouveau l'héritier approcher d'elle, la jeune fille dévala les escaliers qui la conduisait à sa salle commune et comme une étrangère, elle quitta les lieux.
Le froid heurta l'adrénaline qui avait atteint son coeur. Elle n'y prit pas compte et continua de traverser les couloirs, le vent de l'hiver frappait ses jambes, elle se sentait dépourvue de repère dans la noirceur du grand château écossais. Plus elle s'éloignait, moins elle percevait les échos de la fête. Elle se retrouvait seule, fuyant le diable et ses murmures destructeurs. Allanah arpentait un édifice de pierre dont tous les bruits étaient accentués par son silence, ses talons frappaient le sol.
Elle avait peur, terriblement peur. Elle ne savait plus véritablement de quoi, sûrement de tout. Elle était pourtant tenue de rester calme, la panique engourdirait ses mouvements et la conduirait à se jeter seule dans la gueule du loup. La blonde allait de plus en plus vite, quittant rapidement les cachots, prenant les premiers chemins qu'elle trouvait. Elle ne savait où allait, tous les chemins semblaient conduire à lui. La course semblait tinter dans son esprit, régulièrement, dans un cliquetis sonore qui la laissait pensé qu'il était tout près. Qu'il était déjà là et qu'elle fuyait vers l'échec.
Allanah traversa Poudlard comme elle ne l'avait jamais fait. Tous les recoins qui pouvaient l'attirer disparaissaient à ses yeux, elle se sentait pourchassée par le diable, le feu crouler en elle. Elle voulait à nouveau faire de sa rage une force mais elle ne parvenait plus à réfléchir correctement. Elle avait simplement peur, personne n'était avec elle et elle était loin d'être cet enfant soldat à cet instant. Simplement une jeune fille qui croit pouvoir échapper au désir, au démon et à la damnation.
Tout semblait un peu plus idiot à chaque fois qu'elle y songeait. Échappe-t-on véritablement à l'enfer une fois qu'il s'est épris de vous ?
Soudain, la vie revint comme une idée au sein de la sorcière, elle pouvait percevoir des pas non loin d'elle, elle était poursuivie. Par Tom, ou par autre chose, peu importe. On ne devait pas la trouver.
La jolie blonde se concentra pour que ses talons fassent le moins de bruit possible, elle devait entendre chaque bruit qui l'entourait. Elle passa devant le parc, devant l'infirmerie, devant les grandes portes du château. Finalement, elle s'arrêta devant les toilettes du deuxième étage, un fantôme y résidait, Tom ne penserait pas à rendre visite à la petite fille qu'il avait lâchement tué.
Elle se plaça derrière le lavabo, sa main enfermant violemment son souffle saccadé dans le silence. Son coeur semblait battre trop fort, tous ses sens lui disaient qu'elle allait se faire prendre, c'était inévitable. Dans un lent mouvement de grâce, elle sortit sa baguette, la gardant fermement entre ses doigts. La dernière fois qu'elle avait affronté Tom, tout avait été si vite, elle n'avait eu que trop peu de temps pour réfléchir. Elle pouvait encore sentir son corps engourdi par l'alcool et la drogue, la dernière fois il avait retenu sa force, elle ignorait si elle aurait le droit à cette considération cette nuit.
Tragiquement, elle entendit les pas dans le couloir se rapprocher et elle pria, si fort, encore et encore. Comme elle n'avait jamais prier un dieu auquel elle avait arrêté de croire, elle espéra qu'on la sauve de cet instant, qu'on la ramène à l'innocence de cet homme, qu'elle ne connaisse plus son nom, ses pouvoirs, le goût de ses lèvres.
Allanah aurait aimé effacer tout ce qu'elle avait vécu en quelques mois, que tout redevienne plus simple.
Mais les pas s'arrêtèrent devant les toilettes, condamnant son espérance au néant, Tom avoua :
- J'aurais pensé que tu aurais couru encore un peu, mais peut être n'avais-tu plus envie de te battre vainement ?
Elle serra les dents, laissant la tonalité des paroles du jeune homme pénétrer en elle, pourquoi était-ce aussi compliqué ? Elle permit ensuite à son courage de gouverner ses sens, elle permit à l'anarchie de se faire reine en elle. Plus rien n'avait de sens, mais elle pouvait se battre, du moins, elle l'espérait.
- Va te faire foutre, Jedusor, cracha-t-elle, violemment et avec une rancoeur démesurée.
Elle se détourna de sa cachette qui était bien plus un point de repos, son souffle était toujours saccadé mais ce n'était plus du à la course. Elle ancra ses billes émeraudes dans celles de Tom, confrontant le vice avec une force admirable. Elle garda cette torpeur au fils des secondes de ce contact visuel, elle serrait de plus en plus le bois entre ses doigts. Concentrant tout son pouvoir dans la paume de sa main, Allanah se permettait de croire qu'elle était puissante, même face à lui.
- Tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je change de point de rendez-vous surtout, ça me rappelle un peu trop de souvenirs heureux.
Le sourire de Tom était fou, perturbé par toute la démence qui l'habitait. Il n'eut plus rien de séduisant, le diable se présentait à elle, dans sa véritable apparence. Elle fronça les sourcils momentanément avant de tourner la tête vers le lavabo qu'il scrutait à présent, un détail attira l'attention de cette jeune fille.
Elle eut un haut de coeur, une soudaine envie de vomir, de hurler, et de fuir. Un subtil serpent était gravé sur l'un des robinets, se tordant dans la sculpture qu'on avait faite de lui, le reptile semblait lui murmurer que c'était la fin. Elle se sentit attrapée sans qu'elle n'ait la chance de rétorquer et se débattre. La force de la main de Tom l'empêchait d'espérer s'échapper, elle pouvait presque sentir ses os se fracturer sous sa poigne. Elle grognait à chaque fois que son camarade accélérait, tirant de plus en plus pour vainement se sortir de là.
Soudainement, son corps se retrouva propulsé avec violence dans une salle de classe vide, elle n'eut pas le temps d'analyser un peu plus ce qui l'entourait, le jeune homme pénétra à son tour la pièce.
- Je crois qu'il est temps pour toi de retrouver un peu tes chaînes, Allanah.
Ces terribles mots résonnèrent dans son esprit comme le coup de glas de son existence, mais elle se retourna assez vite. Elle contra le sort qui visait une nouvelle fois à la maintenir prisonnière. Elle garda sa baguette face au démon, elle devait utilisée toute sa puissance mais elle devait gardée le contrôle de tout.
- Je ne sais pas ce que tu veux véritablement de moi mais tu ne l'auras jamais, vociféra-t-elle, une lueur de défi brillant dans ses yeux.
- Je veux savoir, répondit-il avec un calme enrageant, ce que Grindelwald a trouvé de si spécial en une petite fille pour vouloir lui apprendre tout ce qu'il savait, pour vouloir la considérer comme quelqu'un de puissant, avançant tragiquement vers elle, il ne laissait pas l'espoir à Allanah de partir sans lui donner de réponse.
Elle garda l'indifférence sur son visage, ne se laissa pas perturbée par la mention du mage noir. Elle ne dirait rien, elle-même l'ignorait véritablement.
- Je n'étais pas puissante, j'étais simplement une enfant, rétorqua-t-elle, sans sourciller devant les yeux tortueux de son camarade, elle n'avait pas le droit de craquer, une enfant qui voulait apprendre à faire de la magie.
- Ne crois pas que tes paroles aient le moindre sens, Grindelwald est un homme puissant, il n'endosserait pas l'apprentissage d'une gamine par simple gentillesse.
- Voilà ce qu'y vous différencie, toi et lui.
Un léger sourire planait sur son visage, démontrant l'insolence, Allanah se prêtait à aimer croire à sa supériorité dans cette conversation.
Elle ne laissa pas le temps au jeune homm de hausser un sourcil et continua vite sa pensée :
- Gell-...Grindelwald voit le pouvoir avant tout, mais il ne le voit pas comme un moyen et une finalité. Car avant le pouvoir, il y a la perversion, l'apprentissage, le désir de grandeur, de contrôle, il y a encore tant de choses que tu ignores dans le pouvoir, Jedusor.
Ses mots n'étaient pas blessants mais l'air supérieur que la jeune fille avait revêtu avait mit Tom dans une rage sourde. Il n'aimait pas être comparé, mais il n'aimait surtout pas la concurrence.
Dans un mouvement violent et imprévisible, le jeune Jedusor se retourna collé au corps de la serpentarde, enfermant sa mâchoire dans une sévère contraction de sa main sur son visage.
Il serrait ses joues avec force, faisant ressortir les lèvres pulpeuses de la jeune fille. Elle grimaçait de douleur et cela l'exaltait un peu plus à chaque seconde. Elle voulut reculé pour se défaire de cette emprise mais la fatalité d'une des tables la bloquant contre le diable. Tom forçait sur son cou pour maintenir leurs regards, elle voyait briller dans le sien le désir et la haine, comme depuis leur rencontre.
- Désolé de te dire que ton cher mage noir préféré n'est pas là cette nuit, tu devras te contenter de moi, ironisa-t-il, ses mots provoquant un peu plus sa possessivité, faisant se resserrer ses doigts.
Un gémissement plaintif vainquit la barrière des lèvres de la sorcière, elle ne prit pas le temps de savourer l'ironie du garçon, elle devait partir de ce piège au plus vite.
- Je t'ai bien trop prévenu à mon goût, Allanah, je ne suis pas patient, je ne suis pas Grindelwald, cracha-t-il avec un peu plus de force, je n'attendrai pas que naisse en toi l'envie de me suivre, s'il le faut, je le ferai moi-même naître.
- Je ne l'ai jamais suivi, je ne te suivrai jamais ! vociféra-t-elle avec une rage semblable à celle d'un fauve, je n'ai pas besoin d'un homme pour connaître mon chemin.
Le visage de Tom pencha quelque peu sur la gauche, se reflétant à la lueur de la lune, elle vit son regard se teinter de rouge. Elle aurait du prendre peur mais elle en fut bien plus intriguée.
- C'est bien pour cela que ce jeu est d'autant plus plaisant, car voir une guerrière comme toi crouler jusqu'en enfer sera grisant.
Les paroles de Tom raisonnèrent dans toute la salle, ou bien seulement dans l'esprit d'Allanah, elle ne savait plus réellement faire la difference entre la réalité et sa démence. Elle se reprit, elle dégagea ses bras qui la maintenaient à la table pour violemment repousser le septième année.
- Ne crois pas que je suis indifférente à l'enfer, Jedusor, je me bats aussi bien que toi sur le terrain du diable.
Tom sourit, il passa longuement ses mains le long de sa chemise pour la maintenir lisse.
Elle était brûlante comme cela, se tenant face à lui avec la fervente intention de lui résister, il trouvait cela plaisant, de voir le démon dans ses yeux. Tom et Allanah étaient similaires.
Ils détenaient le pouvoir. Dans la paume de leurs mains, se dessinait le sort de ce monde, mais les doigts de la jeune fille tremblaient, elle ne savait si elle serait capable de maintenir sa force pour le bien, contre Tom.
- Alors, pourquoi nous ne nous battons pas du même côté ? Tu veux le pouvoir, pas vrai, et je peux te l'accorder, je peux t'en accorder encore plus que tous les autres humains, précisa-t-il, balayant d'une main ferme les autres êtres de ce monde, nous sommes supérieurs à eux, nous pouvons asseoir notre supériorité sur ce monde, Allanah, nous en avons le droit, l'opportunité et l'envie.
Elle cligna des yeux, elle voulait que tout cela s'arrête. Elle réfléchissait trop, bien trop pour que tout finisse bien.
- Cesse de me voir comme Grindelwald, cesse de te voir comme ce qu'il a fait de toi. Avec moi, tu auras le choix de devenir ce que tu souhaites, si tu as le pouvoir, il n'y a rien d'autre qui importe. Arrête d'être ce que le monde t'a dicté d'être, sois un peu plus ce que tu as toujours souhaité.
Le souffle d'Allanah était à nouveau saccadé, elle peinait à trouver le calme dans son propre être. Tout semblait lui hurler d'abandonner, mais elle hurlait plus fort.
- Je sais ce que tu veux m'apporté, mais je sais d'autant plus ce que tu veux faire de ce monde, Jedusor, murmura-t-elle, comme une tragédie grecque, ne jouant pas le rôle principal. Je ne souhaites pas voir le monde flancher sous le feu. Ma place est bien trop importante pour me laisser avoir.
À la fin de ses paroles, le regard de Tom brilla d'un intérêt particulier, il trouva cette discussion aussi frustrante que passionnante.
- Je ne me trompais pas, tu es bien plus intéressante que tu le laisses paraître.
La jeune sorcière soupira, il n'entendait que ce qu'il souhaitait à travers ses paroles. Il ne tenait pas rigueur de ce qu'elle souhaitait secrètement, comment pouvait-il penser qu'elle se battrait à un seul instant pour sa cause irrationnelle ? Elle ne vaudrait pas mieux que ses ancêtres si elle se mettait à croire que son pouvoir magique valait bien mieux que celui des sang-mêlés ou des né-moldus. Elle avait été élevé sous cette idée, elle y avait longtemps cru et parfois elle demeurait fière de ses origines magiques constantes. Mais tant de choses lui avaient été apprises depuis, Ilvermorny lui avait ouvert les yeux sur le monde magique. Andrew et Freya en avaient fait de même.
Elle ne pouvait pas décemment croire à une hiérarchie du sang, à l'infériorité des moldus. Ce n'était pas les sorciers qui se battaient jour et nuit contre le racisme, le sexisme, ce n'était pas cette race soit disant pur qui défendait les droits des plus opprimés. À ses yeux, les sorciers demeuraient silencieux, ne combattaient pas leur mœurs disgracieuses et leurs esprits étriqués.
Elle voyait Grindelwald et Tom comme des hommes pleins de haine de ce qu'ils ne connaissent pas. Elle trouvait cela désolant, mais elle se battrait pour que cette infamie ne se répande pas dans le monde.
- Tu te trompes sûrement sur ce que tu crois connaître de moi, ce n'est pas ma magie qui fait de moi quelqu'un de puissant, assura Allanah, voulant vainement éloigner Tom d'elle.
Elle ne voulait pas songer en cette force bouillonnante en elle, elle ne pouvait pas considérer cela comme de la véritable puissance. C'était si instable, si grisant de douleur de devoir subvenir à cette magie. Elle éloigna d'elle l'image du voile noir, la vision de cet étrange être qui semblait habiter en elle comme un parasite.
- J'ai simplement l'envie de pouvoir, ce besoin de grandeur, je ne suis pas la meilleure sorcière de ma génération, je ne serais pas une sorcière illustre de ce siècle par mes pouvoirs, expliqua-t-elle en insinuant cette vérité en elle également, j'ai simplement cette rage qui bouille en moi, cette constante nature à me battre pour l'injustice.
Tom allait rétorquer mais elle ne le laissa pas s'exprimer pour le moment, le coupant une nouvelle fois dans sa pensée.
- Ne crois pas une seule seconde que je veuille te suivre dans cette anarchie que tu promets, je ne serais jamais des tiens !
Elle avait finalement élever sa voix à travers le silence, Allanah était fière, peu importe ce qui se passait par la suite, elle avait défendue ce qu'elle croyait juste.
- Et Avery, alors ? intima tragiquement le sorcier, et Abraxas, Vector, Marcus ? Que fais-tu de tes pauvres amis qui suivent autant que moi ces idéaux, les pardonnes-tu car ils ne sont pas moi ? d'un rictus amer, il patienta de sa réponse.
Les visages de ses amis s'invitèrent en elle comme une violente bourrasque. Il avait raison, comment pouvait-Elle blâmer Tom sans faire de même avec eux ? Les paroles d'Alphard gravitaient en elle, selon lui, ils n'y avaient plus d'espoirs pour ces jeunes hommes. Pour eux, Tom constituait un avenir des plus radieux et certains, elle n'était pas de cette avis, elle ne pouvait simplement pas laisser ses camarades flancher sans rien faire.
- Je me battrai pour eux, et si vint un jour où il n'y a plus d'espoir, je me ferais à l'idée, et je me battrai alors contre eux.
Tom sourit, elle était vraiment adorable comme cela.
- Je ne vois pas où doit nous mener cette discussion.
Il entrouvrit les lèvres mais rien ne sortit de vil de sa gorge, Allanah n'eut pas le temps d'imaginer les choses horribles qu'il songeait, il les réalisa. Des chaînes entourèrent les poignets de la jeune fille et son dos frappa avec force l'un des murs de la salle. Elle sentit ses omoplates craquer sous la puissance du sort, elle se murmura intérieurement que ses bleus n'étaient pas encore parti qu'il en bâtissait des nouveaux.
- J'imagine que cela doit te rappeler des choses, à mon goût, je te trouve bien plus agréable à regarder comme cela, s'approcha-t-il en enfonçant à nouveau ses doigts dans le creux de ses joues, soumise.
Entre la main ferme du serpentard, un grognement sourd sortit de la cage thoracique de la blonde. Elle détestait cette position, elle haïssait cet instant. Elle maudissait cette constante supériorité qu'avait Tom sur elle, à chaque fois qu'elle baissait la garde, il lui prouvait à quel point elle avait tord de le sous-estimer.
- Reprenons où le jeu s'était arrêté, veux-tu ? annonça-t-il avec un sourire carnassier, c'est bien mieux quand j'ai les mains libres pour toi...
La main qui tenait sa joue quitta tragiquement cet emplacement pour crouler le long de la clavicule de la jeune fille, il se détacha momentanément pour ne pas effleurer sa poitrine. Allanah mourrait sous cette main, elle renaissait à la fois, elle se sentait vive et livide, comme les deux faces d'une pièce, elle ne parvenait plus à contenir les battements de son coeur. Les doigts de Tom s'arrêtèrent au noeud de son corset qui enserrait le haut de sa taille. Celui-ci recréait la silhouette de désir de la sorcière. Il montrait à quel point sa taille était fine, à quel point ses hanches frôlaient la luxure et sa poitrine se confondait avec l'envie même.
Allanah gardait son regard dans celui de Tom tandis que lui observait la déesse de désir devant lui. Elle voyait ses iris brillé d'une lueur distincte sous l'éclat de la lune, elle ne sut si c'était son imagination, mais cet aspect de Tom lui parut le plus humain.
Tragiquement, ou bien cet acte était peut être béni par des dieux qu'elle ignorait, Tom tira sur le noeud de son corset, ses doigts se mouvaient pour défaire cette enfermement de sa taille, il agissait avec une facilité déconcertante, les fils semblaient vouloir toujours plus se défaire entre ses mains. Allanah ne bougeait pas, même si elle le souhaitait, elle n'y parviendrait pas.
Le corset glissa soudainement du corps de la jeune fille, rencontrant le sol où il n'aurait jamais du être.
D'un seul coup, Allanah eut à nouveau l'impression de sentir le tissu enserrer sa peau, mais c'était le puissant bras de Tom qui se plaçait tout autour de sa fine taille. La force qu'il mettait faisait se rencontrer leur peau dans un contact tortueux. Allanah ne parvenait pas à se souvenir de leur discussion, il n'y avait que ses lèvres.
La main sur sa taille, frôlant son ventre, faisant s'étaler le satin sur sa peau dans une caresse divine, Tom prenait le contrôle entier de l'esprit d'Allanah, ne laissant que la certitude du désir, plus aucun doute ne pouvait faire surface. Ses mains bougeaient violemment dans son dos, elle aussi voulait sentir le contact de la peau de Tom sous sa main, pouvoir faire frémir de désir le jeune homme.
La main libre de l'héritier semblait glacée tant le corps de l'américaine demeurait brûlant à son contact, elle gravissait le long de sa cuisse, dans un chemin hasardeux qui approchait l'enfer avec joie. Dans un besoin plus ardent de sentir le corps de Tom, les hanches de la sorcière ondulèrent pour se rapprocher, collant leur bassin, invitant à une danse terriblement attendue.
Le regard de Tom se braqua dans le sien, elle n'avait jamais connu un feu aussi brulant que celui qui tordait le bas de son ventre. Elle désirait Tom, aussi fort qu'elle le haïssait de toute cette force. Elle entrouvrit les lèvres, non pour parler, mais bien plus par désir de les voir dangereusement se rapprocher de celles de Tom.
Quittant sa cuisse déjà brûlante, la main du jeune homme rejoignit cette bouche tant abandonnée. Il entreposa sa main doucereusement sur le visage de sa proie, leurs visages se rapprochaient si lentement que cela rendait folle Allanah.
Son pouce passa tendrement sur les lèvres tremblantes de cette femme désirante. Il s'attarda quelques secondes sur sa lèvre inférieure, sentant le plaisir que cela serait de voir à nouveau le sang perlé de celle-ci. Cette idée renforça sa prise pourtant si douce sur le visage de la jeune fille, il rapprocha encore un peu leurs lèvres.
Il aurait voulu l'entendre supplier, mais ce silence lui plaisait tout autant.
Dans une recherche abrupte de l'apothéose, Tom projeta ses lèvres sur celles d'Allanah. La danse reprit comme elle ne s'était jamais arrêtée. Il la plaqua d'autant plus contre le mur, arrachant un cri plaintif qui mourut dans le fond de leurs gorges. On ne pouvait plus discerner leurs deux corps tant leurs êtres cherchaient encore plus à trouver l'autre en lui. Il semblait qu'ils n'étaient plus à Poudlard, il semblait même que la chaleur de l'enfer eut gravi les parois de Poudlard, jusqu'à eux.
Leurs lèvres s'entrelaçaient dans un serment de danger, c'était mauvais et Allanah se disait que le mal n'avait jamais autant eu le goût du divin.
Il mordit avec force cette lèvre inférieure qu'il désirait tant voir s'emplir de rouge, leurs lèvres se confondirent avec celles des démons. Sans eux, l'enfer était vide, avec eux, il semblait se trouver dans cette salle de classe.
Plus les secondes passaient, plus la main de Tom resserrait Allanah contre lui, ils en voulaient toujours plus. Ils étaient avides de connaître la limite de d'autre et de la franchir abruptement. Les tourments de l'enfer devenaient les chants des anges aux oreilles des oubliés de Dieu.
Ils auraient bien pu finir cette nuit à se découvrir d'autant plus sous les caresses ardentes de l'autre. Mais une chose se brisa, Allanah sentit qu'elle perdait le contrôle, brusquement, sous la force de son désir, sa magie se libéra.
Plusieurs fenêtres explosèrent dans la seconde, le vent pénétra la salle de classe, ramenant cette jeune fille à sa réalité. Elle n'avait rien vu, rien sentit. Le désir qu'elle ressentait avait éclipsé l'horreur. Tom se détacha d'elle à contre coeur, grognant et croulant toujours sous l'envie de ne goûter qu'à ses lèvres. Le monstre de pouvoir qu'elle possédait avait encore agit avec destruction, plusieurs des tables avaient disparus, ne laissant sur le sol qu'une trace noirâtre de son passage. Cette salle de classe voyait le passage du chapitre de sa vie qu'elle ne voulait narrer à quiconque.
Elle se sentit honteuse, elle voyait les yeux de Tom, brillé d'intérêt et d'étonnement. Elle eut peur, de quoi ? Elle l'ignorait, mais une peur terrible.
Sa magie détruisit le sort qui restreignait ses mouvements et elle s'en alla, elle courut à nouveau à travers Poudlard, loin de Tom, loin de ce qu'il savait à présent d'elle. Lui, resta quelques instants dans cette scène, il observait le sol où le corset sombre devait reposer, mais une unique tache sombre peignait cet endroit, laissant le doute à Tom de penser qu'elle n'était qu'une femme remplie de rage. Il huma dans l'air le goût de l'instant chaotique où il avait franchit l'enfer avec la jeune fille.
Allanah rejoignit vite sa salle commune mais elle n'alla pas dans son dortoir, elle détourna les yeux de celui-ci et s'invita dans celui d'une autre serpentarde. Elle n'avait jamais autant eu besoin de la douceur de son amie. Elle se hissa dans le lit de sa camarade et ne fut pas surprise de la trouver réveillée.
La blonde planta son regard dans celui encore larmoyant de Lyssa. Ses pupilles appelaient à une aide qu'elle ne pouvait pas donner. Une demande lancinante de lui redonner ce que l'amour lui avait enlevé. Elle apporta pourtant sa main à la douce joue de la blessée, lui donnant une caresse emplie d'une tendresse qu'elle ne s'était pas connue depuis plusieurs heures. Elles n'étaient toutes deux pas sûres de savoir ce que l'autre ressentait mais elle avaient besoin d'être ensembles.
Les deux jeunes filles s'allongèrent côte à côte et les sanglots de la rousse la bercèrent jusqu'au réconfort de la présence de la blonde. Elles restèrent là durant plusieurs heures, se laissant aller au sommeil, aux souvenirs et à l'amour. Allanah ne parvenait pas à enlever le goût du mal de ses lèvres, elles étaient encore tremblantes et gonflées par la force du baiser. Tout se bousculait en elle, tant le malheur comme l'apogée de la scène qu'elle avait partagé avec Tom.
Elle se souvenait, dans un moment lointain, d'une position similaire à celle-ci, où Lyssa pleurait doucement dans ses bras et où Allanah croyait encore en la douceur de l'amour.
À présent, Lyssa sanglotait pour la dernière fois pour le jeune Malfoy et elle se sentait prise au piège en enfer. Elle se sentait contrainte de se dire qu'elle n'obtiendrait jamais cette tendresse, cet amour que ses parents s'étaient toujours portés.
Allanah jouait avec le diable, elle était le chaos et il était le feu qui alimentait sa démence. Ils étaient destructeurs pour ce monde et terriblement bénéfiques pour lui.
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Bonjour, bonsoir à tous !
On se retrouve pour un nouveau chapitre assez mouvementé entre Allanah et Tom ! J'espère sincèrement qu'il vous a plu !
Tout d'abord, avez-vous aimé ce chapitre ?
Qu'avez-vous de ce moment entre Abraxas et Lyssa ?
Et surtout, de tout ce passage entre Tom et Allanah ?
Merci d'avoir lu, à la semaine prochaine !
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