Chapter 4
— Il a rédigé un contrat de mariage, je n'y crois pas. Montre-moi ça.
Natasha lève son bras et attend que je lui remette le document fatidique. Je souffle, le sors de mon sac et le lui donne.
— Je n'y crois pas. Monsieur Lux se chercherait donc une femme ? Dit-elle, incrédule.
— Non, il fait ça pour améliorer sa popularité auprès de ses partenaires, réponds-je.
— Et toi, qu'en penses-tu ? Tu vas le signer ?
— Je n'ai aucun commentaire à faire là-dessus. Et je ne signerai pas ce document.
Natasha pousse un soupir et se recule dans sa chaise.
— Tout ça, c'est dingue, dit-elle en attrapant sa tasse de café.
— Je sais, dis-je en me mordillant la lèvre.
— Il se fiche de moi. Je veux dire, qui fait ça ? Il aurait pu demander ça à n'importe qui. Il couche avec des dizaines de femmes chaque semaine et ça tombe sur moi. Tout ça parce que je me suis retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Et aussi parce que, d'après lui, ma voix est calme... et posée, dis-je en grimaçant.
Natasha éclate de rire alors que je la regarde, complètement perdue.
— Quoi, tu trouves ça aussi ?
— C'est vrai que je ne t'ai jamais vue en colère. Maintenant que tu le dis, je ne t'ai jamais vue crier, ni même hausser la voix, dit-elle en se redressant.
— Alors c'est vrai ? Je n'avais jamais remarqué ça.
— Il n'a pas tort. Et pour ton voyage ?
— Je n'en ai pas encore parlé à ma tante, mais je ne vais pas le faire, tout simplement parce que je ne compte pas accepter...
— Val, je crois qu'il est là. Dit-elle en fixant un point derrière moi.
— Qui ça ? Je me retourne et vois Carlos près de l'entrée du café.
Il se rapproche de nous et se poste à ma droite, toujours vêtu de son costume.
— Bonjour Valencia, dit-il d'une voix suave.
— Monsieur Lux, intervient Natasha.
Il la salue, tandis que je reste silencieuse, figée sur ma chaise. Comment m'avait-il retrouvée ?
— Je vais vous laisser. Ce fut un plaisir de vous revoir, dit Natasha en se levant et me souriant.
Je pose ma main sur le contrat pour le ranger, mais Carlos le retient et s'installe sur la chaise en face de moi.
— Tu lui en as parlé ? Dit-il, feignant la contrariété.
— Vous m'avez fait suivre ! Constatais-je.
— C'est exact. As-tu réfléchi à ma proposition ?
— Je croyais avoir été claire hier soir. Je n'accepterai pas.
— Et qu'est-ce qui t'empêche d'accepter cette offre ? J'ai cru comprendre que tu n'étais engagée auprès de personne. Tu n'as aucune attache. J'ai étudié ton cas...
— Vous m'avez étudiée ? Dis-je en le coupant.
— Valencia... Il prend une grande inspiration avant de reprendre. Je ne coucherai pas avec toi, si c'est ce que tu veux.
— Tu ne me connais pas. Et franchement, je doute de tes paroles, dis-je amèrement.
— Je viens de te dire que j'ai fait des recherches sur toi.
— Alors c'est moi qui ne te connais pas. Je ne sais rien de toi, à part ce que racontent les journaux.
— On aura deux ans pour ça, réplique-t-il.
— Deux ans, c'est beaucoup trop long. Je ne veux pas me retrouver piégée dans tout ça.
— Alors on refera un autre contrat, de deux ans cette fois, et tu pourras changer ce que tu veux. Et si on commence par être amis ?
Je plisse des yeux, le scrutant pour savoir s'il rigole ou s'il est sérieux.
— Des amis ? Dis-je finalement.
— C'est exact.
— Et pour tout ce qui est démonstration publique de notre... comment dire, couple, dis-je.
— Seulement en cas de nécessité.
Est-ce que j'étais vraiment en train de reconsidérer son offre ? Il me fixait, attendant que je prenne la parole.
— Une sorte d'amitié-amour ? Je plisse des yeux et je reprends. Un mélange entre amitié et amour, dis-je.
— Si tu le dis.
— Un an, et ensuite je rejoins ma tante à Londres.
— Un an. Je dois en conclure que tu acceptes, dit-il.
— Je... vous... commençais-je en passant une main dans mes cheveux.
— Il serait temps de se tutoyer, je pense.
Je le regarde, il est confiant, sachant probablement déjà la décision que je vais prendre.
— Je ne veux pas signer de contrat, je ne veux pas de ton... enfin, de ton argent. Je suis indépendante, alors ton argent, je n'en veux pas. Je ne veux pas vivre avec toi, je suis une femme, je sais comment faire monter une rumeur. Tu veux qu'on soit amis ? Alors on va l'être, et on se verra fréquemment pour commencer. Les gens penseront ce qu'ils veulent. Pas de mariage, rien du tout, dis-je d'une traite.
— Pour que ça marche, il faut que ce soit officiel, Valencia. Alors on passera par la case fiançailles.
— D'accord, mais pas plus loin. Même si c'est un faux.
— D'accord. D'autres suggestions ?
— Pour l'instant, non, dis-je en secouant la tête.
— Alors je dois en conclure que...
— J'accepte, dis-je en le coupant.
Il me regarde un long moment, silencieux. Je pensais qu'il serait plus heureux, mais bon... Dans quoi est-ce que je venais de m'embarquer ? Il fallait que j'aie une discussion avec ma tante ce soir.
Carlos fait un signe de la main derrière moi, et je me retourne pour voir à qui il s'adresse. George s'avance, un magazine à la main, avant de me le tendre.
— C'est quoi ça ? Demandais-je en l'attrapant.
— Je t'en prie, feuillette les pages.
Je commence à feuilleter, puis, soudainement, je tombe sur des photos de moi et Carlos lors de la soirée de l'exposition. Mon cerveau met un moment à enregistrer les informations.
— Je n'y crois pas, dis-je en le regardant.
Il y avait une page entière avec des photos de moi et Carlos. On nous voyait discuter, puis lui me tenant par la main, puis me portant sur ses épaules, et enfin, il me faisait entrer dans sa voiture. Ça laissait place à confusion. On semblait trop proches.
Je fixe le titre et ferme les yeux quelques secondes.
— C'était rapide, dis-je en refermant le magazine.
— Je sais. Je sais qu'on a déjà brisé pas mal de règles, mais je voudrais que tu ne parles plus à personne de notre contrat.
— D'accord. Vous... tu aurais pu commencer par là, dis-je en me rectifiant, alors qu'il commence à me fusiller du regard.
— De toute façon, c'est fait. Ils sont très rapides au Balley News. Je n'ai rien pu y faire.
— J'ai des contacts là-bas, je connais la directrice Lana Austen. C'est une très bonne amie. Elle pourrait nous aider, dis-je.
Mon téléphone se met à sonner, je le prends et le mets en haut-parleur sans quitter Carlos du regard.
— Val, je dois y aller, on vient de m'appeler.
— Bien sûr, il n'y a pas de problème. On se revoit bientôt, dis-je calmement.
— Alors, est-ce que tu as accepté ?
— Oui.
— Je le savais, ça va te changer de ton quotidien ennuyeux et te rapporter un peu de piquant.
Je lève les yeux au ciel, regrettant déjà de l'avoir mis en haut-parleur, tandis que Carlos esquisse un léger sourire. Je lui souris faussement.
— Super, sympa, merci Natasha.
— Y a pas de quoi, ose-t-elle répliquer.
— Allez, bisous, je te laisse, dit-elle avant de raccrocher.
Je secoue la tête, puis attrape mon téléphone et pianote dessus. Je devais absolument parler à ma tante.
— Alors comme ça, tu as un quotidien ennuyeux ? Reprend Carlos.
— Je croyais que vous aviez fait des recherches sur moi ? Dis-je, ne relevant même pas la tête, l'ignorant totalement.
Je n'attends pas de réponse, mais voyant qu'il tarde à répondre, je relève la tête vers lui et remarque une lueur de colère dans ses yeux. Qu'est-ce que j'avais encore fait ?
Je plisse des yeux et me mords la lèvre.
— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Dis-je.
— Si on veut que ça marche, il faut absolument qu'on se tutoie, alors le vouvoiement, tu oublies, Valencia.
— D'accord, désolée. Ça viendra, je ne suis juste pas encore habituée, dis-je simplement en reprenant mon activité sur mon téléphone.
— Il va aussi falloir que tu lâches ton téléphone si tu veux qu'on ait une discussion.
J'entends une pointe d'impatience dans sa voix. Je soupire et éteins mon téléphone. Tout le monde est sur son téléphone de nos jours, mais quel âge avait-il, sérieux ? Maintenant que j'y pense, je n'en sais rien. Je devrais peut-être aussi faire des recherches sur lui de mon côté.
— J'ai... J'ai jamais été dans la norme. Petite, j'étais précoce, je ne me faisais pas vraiment d'amis comme les autres enfants. En d'autres termes, je n'ai pas eu une enfance facile. J'ai toujours fait les choses à ma façon et ma devise a toujours été la même : on est jamais mieux servi que par soi-même. Et ça s'est avéré vrai, car j'ai perdu ma mère dans un accident. Mais ça, j'imagine que tu le savais vu que tu avais fait tes soi-disant recherches sur moi. Pour revenir à ta remarque, oui, mon quotidien est plutôt ennuyeux, parce que je mène une vie simple. Et pour l'instant, elle me convient parfaitement. Est-ce que ça te va comme début de conversation ? Dis-je en engageant la conversation.
— Assez, oui. Mais j'avais plutôt une question en particulier, dit-il.
— Pourquoi tu voulais à tout prix te faire virer ? Beaucoup de personnes auraient voulu avoir ta place dans mon entreprise. Pourquoi ?
— Je commençais à m'ennuyer, j'ai eu l'impression d'avoir fait le tour. En deux ans de vie professionnelle, j'ai déjà fait trois boulots différents. Mais je pense que cette fois-ci, j'ai vraiment trouvé ce que je voulais faire, dis-je en haussant les sourcils.
— Je vois ça, tu m'intrigues, Valencia, et j'ai l'impression de te connaître depuis des années. J'apprécie ta compagnie.
— Si tu me connais, c'est sûrement à cause de tes recherches sur moi.
Il rit légèrement et je le regarde sans broncher. Bordel, même son rire est sexy.
— Je devrais sûrement en faire sur toi aussi. Remarque, je ne sais rien sur toi. Quel âge as-tu ?
— Vingt-neuf, dit-il en reprenant son sérieux.
— Oh, je vois, je crois m'en souvenir, dis-je simplement, commençant à calculer la différence d'âge dans ma tête.
— Est-ce que tu viens de calculer la différence dans ta tête ?
— Non, pas du tout. Remarque, ça fait quand même sept ans d'écart, dis-je finalement.
— Est-ce que la différence d'âge te pose un problème, Valencia ? Dit-il en se reprenant, il attend ma réponse avec impatience.
— Non... non, pas du tout, parce qu'on sera juste amis, alors non, ça ne change rien du tout, dis-je légèrement en guettant sa réaction, qui ne tarde pas à venir, puisqu'il se contente simplement de se lever et d'appeler son chauffeur.
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