Chapter 1


Valencia FOX

— Alors, on va prendre deux Martini... Euh, non chérie, tu veux quoi ? me demande Laureen en baissant la carte.

— Un cocktail... aux fruits... sans alcool. Je tiens à rester sobre, tante Laureen, surtout qu'il n'est que dix heures du matin.

— Oh, je t'en prie, ne me fais pas la morale. Vous savez quoi ? Deux Martini et son cocktail, merci, dit-elle à la serveuse.

— Je peux savoir ce que je fais ici et, surtout, pourquoi tu me proposes de l'alcool ? dis-je, le nez dans mon téléphone.

— Roh, tu vas lâcher ce portable, oui ? Vous, les jeunes, c'est fou à quel point vous êtes toujours dessus.

— Tu t'égares. Reviens au sujet principal ou je m'en vais, dis-je en éteignant mon téléphone et en relevant le visage vers elle.

— Bien, alors voilà... Je ne sais pas trop comment t'annoncer ça... Bon, j'ai été mutée à Londres. Je sais que j'ai toujours mis mon travail en priorité, mais maintenant que tu es là, je... je voulais savoir si tu voudrais venir avec moi. Je ne vais pas te forcer, bien sûr, tu as tes amis ici...

— C'est d'accord, dis-je en la coupant. Elle devenait trop sentimentale, et si je la laissais continuer, j'aurais droit à un discours interminable.

— C'est d'accord ? répète-t-elle, hésitante.

— Oui. Il n'y a rien qui nous retient ici, et je comptais de toute façon démissionner de mon boulot, dis-je en me redressant.

— Donc, ça ne te pose aucun problème ? Tu serais prête à déménager là-bas ?

— Oui. Après tout, c'est pour ton travail.

— Tu ne m'aides pas du tout, soupire-t-elle. Londres... Je vais devoir tout laisser derrière moi, et j'espérais que tu me dises non.

— Je ne comprends pas. Donc tu ne veux pas y aller ? dis-je, confuse.

— Si, bien sûr que si. C'est juste que... Londres ! dit-elle en éclatant de rire nerveusement.

La serveuse revient avec nos boissons. On la remercie, et je reprends.

— Donc, si je comprends bien, tu ne veux pas accepter l'offre ?

— Si, mais c'est...

— Alors quel est le problème, tante Laureen ? dis-je, fatiguée. Si tu n'en as pas envie, il suffit de dire non.

— J'en ai envie !

— Faux. Tu ne le montres pas.

— Bien sûr que si ! Londres, ça peut être génial ! Il y a Big Ben, Buckingham Palace, Times Square et... la pluie. Oh, la pluie...

— La pluie, oui... dis-je en la fixant, impassible.

Je me lève et donne une légère tape sur la table.

— Très bien. Je ne vais pas m'éterniser. À ce soir pour en reparler.

— Attends, Val !

— Quoi encore ? dis-je en remettant mes lunettes de soleil.

— Tu pourrais payer avant de partir ? J'ai oublié mon sac au bureau... euh... dit-elle avec une grimace.

— Tu te fiches de moi ? Finalement, je vais boire mon cocktail, tiens.

— Tu as vu le prix ? Pour un cocktail à ce tarif, on a intérêt à le boire !

Je repose mon verre, exaspérée, et lui tends des billets en levant les yeux au ciel.

— T'es la meilleure ! Tape m'en cinq, dit-elle en levant la main.

— Hors de question. À ce soir, tante Laureen.

— Méchante ! dit-elle alors que je m'éloigne déjà.

Retour à mon travail, que j'avais réussi à délaisser une trentaine de minutes. Je déteste mon boulot.

— Où étais-tu passée ? demande Hélène, ma voisine de bureau.

— Boire un verre avec ma tante. Oui, c'est ça, dis-je en hochant la tête.

— Et tu comptes expliquer ça comment à la boss ? Elle t'a appelée plusieurs fois, et j'ai dû te couvrir. D'ailleurs, je t'ai aussi appelée, mais tu ne répondais pas !

— Désolée, j'étais en pleine discussion sérieuse avec ma tante.

— Sérieuse ? Tu es toujours collée à ton téléphone ! La preuve, tu es dessus alors qu'on parle !

Je lui décroche un sourire, continuant de pianoter. Rien d'intéressant sur mon écran, mais ça m'évitait de travailler.

— Je n'avais pas remarqué, dis-je en posant mon téléphone.

— Plus sérieusement, tu es attendue dans son bureau. Prépare un discours, le big boss est avec elle.

— Parfait, c'est peut-être enfin le jour tant attendu.

Sur ces mots, je me dirige vers le bureau. Après quelques coups à la porte, j'entre sans attendre.

— C'est Valencia.

Je détourne le regard aussitôt. La boss criait, gênée, en ajustant ses vêtements. Son partenaire, un homme impressionnant, se redressait maladroitement.

— Valencia, qu'est-ce que vous faites ici ?!

— Désolée, la porte n'était pas verrouillée.

Je détourne les yeux en entendant des bruits de tissus froissés.

— C'est bon, vous pouvez vous retourner, dit-elle en gloussant.

Je me retourne enfin et croise le regard de l'homme à ses côtés. Grand, peau mate, cheveux impeccables... et des yeux d'un marron intense. Sexy. Terriblement sexy.

— Valencia, voici Carlos Lux, le PDG de l'entreprise.

Il tend la main. J'hésite.

— Désolée, mais je préfère éviter. On ne sait jamais ce qui a pu se passer cinq minutes avant, vous comprenez. Moi et les microbes...

Un léger malaise s'installe, que je tente de dissiper avec un sourire.

— Enchantée, Monsieur Lux. Un plaisir de vous rencontrer... en vrai.

— De même, dit-il avec une lueur de malice. Un peu flippant, ce type.

La boss reprend :

— Voici Valencia Fox, l'une de nos pires employées.

— Charmant, dis-je faussement choquée.

Carlos, lui, esquisse un sourire. Flippant, mais sexy.

— Disons que ce n'était pas très valorisant, répliquai-je en croisant les bras.

— Ce n'était pas le but, rétorqua ma boss, un sourire narquois aux lèvres. Bref, on réduit les effectifs dans les locaux suite à... euh...

— Suite à quoi ? demandai-je en plissant les yeux.

Carlos intervient, sa voix grave captant immédiatement mon attention :
— Suite à quelques... désagréments récents. La presse parle beaucoup de moi en ce moment, et cela commence à affecter nos partenaires.

Il était soudainement sérieux, et cette gravité rendait sa voix encore plus troublante. Sexy, mais flippant, décidément.

— Vous voulez parler des nombreuses femmes vues à vos côtés ce mois-ci ou plutôt du scandale sur vos supposées pratiques frauduleuses ? dis-je, innocemment.

La pièce sembla se figer. Un instant, je crus avoir poussé le bouchon trop loin. Mais il esquissa un sourire.

— Le premier, Mademoiselle Fox.

Son ton s'était fait plus sec, plus tranchant. Je reculai instinctivement d'un pas.

— Bien, dis-je en haussant les épaules. Je suppose que je suis ici pour être licenciée, n'est-ce pas ? Je dois avouer que... j'adore mon travail, alors...

Mensonge éhonté. Si je pouvais sortir d'ici avec un carton sous le bras, ce serait le meilleur jour de ma vie.

Ma boss leva un sourcil sceptique.
— Tu adores ton travail ? Toi, Valencia, l'employée la plus flemmarde de l'entreprise ? Ce n'était pas le cas au début. Pourquoi as-tu changé à ce point ?

— Sympa, boss, répondis-je avec une moue faussement vexée. Mais je vous assure, si mes dossiers arrivent parfois en retard, c'est parce que je tiens à ce qu'ils soient impeccables. Je vérifie tout trois fois, minimum.

Je lançai un sourire éclatant à Carlos, qui, pour une raison obscure, ne détachait pas ses yeux de moi.

— Je ne sais pas comment tu fais pour rester aussi calme, c'est agaçant, lâcha ma boss en croisant les bras.

— Donc... ça veut dire que je suis virée ? demandai-je, feignant la détresse.

Elle soupira, longuement, avant d'annoncer :
— Oui, Valencia. Je suis désolée, mais tu es renvoyée.

Un immense soulagement m'envahit. Mais, dans un élan de maladresse, je laissai échapper :
— Super !

Sa mâchoire se crispa. Merde. Rattrape-toi, Valencia.
— Je veux dire... Seigneur, quelle tragédie ! murmurai-je, la main sur le cœur.

Je m'apprêtais à filer quand Carlos intervint.
— Attendez une seconde.

Je me figeai. Qu'est-ce qu'il voulait encore ?

— Vous dites aimer ce job ? demanda-t-il, ses yeux perçants braqués sur moi.

— Oui... bien sûr, répondis-je, mal à l'aise.

— Pourtant, tout ce que vous faites semble indiquer le contraire.

Je pris une grande inspiration. Il avait percé mon jeu à jour. Génial.

— Non, pas du tout, dis-je en secouant la tête.

Il sourit, presque amusé.
— Alors, félicitations. Vous êtes réembauchée.

Mon cœur rata un battement.
— Pardon ?

— Vous avez bien entendu, dit-il, les mains dans les poches, l'air de se délecter de ma confusion.

— Carlos, intervient ma boss, hésitante.

— Cela devrait vous réjouir, non ? ajouta-t-il, ses yeux plissés dans une expression faussement innocente.

Je serrai les dents, refusant de lui donner la satisfaction d'une réaction.
— Absolument. Ravie d'être sauvée par vous, Monsieur Lux.

— Alors montrez-le, insista-t-il.

Je souris, le plus hypocritement possible.
— Je devrais peut-être coucher avec vous, comme ça vous le verriez mieux, lâchai-je, avant de réaliser l'énormité de mes mots.

Un silence glacial s'abattit dans la pièce. Carlos s'avança lentement, son regard devenant plus sombre.
— Vous êtes virée, dit-il sèchement.

— Non ! dis-je en feignant la panique, une main sur le cœur.

Un face-à-face tendu s'ensuivit. Je ne baissai pas les yeux, bien décidée à ne pas lui donner l'avantage. Finalement, ma boss toussa pour briser le malaise.

— Sur ce, je vais y aller, annonçai-je en me tournant vers la porte. Un plaisir, Monsieur Lux. Désolée de ne pas avoir été à la hauteur de votre entreprise. Boss.

Je posai la main sur la poignée, prête à m'éclipser, quand ma boss m'interpella une dernière fois.

— Valencia, rends-moi un service : ne parle à personne de ce que tu as vu ici aujourd'hui.

— Bien sûr, répondis-je avec un sourire en coin, refermant la porte derrière moi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top