7 - Tumultieuses retrouvailles
Au contact de cette poigne étrangère, Ochako fit immédiatement volte-face, ayant conservé un effrayant souvenir de la dernière fois où avec sa classe ils s'étaient rendus ici. Le visage d'Izuku lui revint avant même qu'elle ne se retourne, terrorisé, tremblant, en prise aux mains destructives de Shigaraki, le meneur de l'Alliance des vilains.
La jeune fille affronta finalement un regard condescendant d'un garçon dont elle n'avait pas la connaissance. Son uniforme (pourquoi le porter un samedi?) l'informait qu'il était intégrant d'un lycée général des alentours, peu réputé pour sa branche héroïque mais qui possédait un nombre incalculable de grosses têtes.
- Ooh, mais c'est qu'il se fait plaisir, siffla le jeune garçon.
Ses cheveux étaient de jais, redressé en pics sur son crâne, sa silhouette laissait deviner une musculature assez frêle, et ses yeux étaient exorbités. L'odeur qui se dégageait de lui renvoyait à des substances certainement peu légales.
- Oï, Katsuki, tu viens pas dire bonjour à tes anciens potes?
Ce dernier n'avait pas percuté l'absence de sa camarade sur le champ, et c'est à la voix de son ancien "pote" de collège qu'il réalisa ce qui se déroulait, légèrement en arrière. Il remarqua instantanément la main sur l'épaule de la brunette qui ne se dégageait pas, même après sa venue.
- Ryo.
- Ryû ! lâcha le grand brun, agacé. Même après 4 ans dans le même collège, t'es pas fichu de retenir mon prénom, ricana-t-il.
- Hum..
C'est à peine s'il avait entendu parler de ce mec depuis son entrée à Yuei. Il lui avait bien proposé deux trois fois de se rendre à l'arcade au début du premier trimestre, mais Katsuki n'avait jamais répondu, lassé par ces petits toutous qui le suivaient avec insistance partout où il se rendait. Sans doute que lui et les autres le craignaient. Mais c'était quoi ça? Ce ton hautain qu'il employait? Le grand blond développa la furieuse envie de déchaîner ses paumes bouillantes contre sa face de drogué. Pour qui il se prenait, ce petit merdeux?
- Alors, la célébrité, qu'est-ce que tu deviens? plaisanta amèrement le nouveau venu.
- Ferme-là avec tes histoires de célébrité imbécile, j'suis occupé, lâcha Katsuki, dont le sang commençait à battre dans ses tempes plus violemment que d'habitude.
- Toujours aussi gentil..
- Lâche-moi, s'il te plaît.
Ochako avait articulé sa demande d'une voix ferme. L'explosif était parfaitement à même de constater que Ryû la serrait trop fort, depuis trop longtemps, mais l'expression de la jeune fille ne laissait pas transparaître la moindre trace de peur ou d'angoisse. Sans doute valait-il mieux pour lui qu'il obéisse, ria intérieurement et sadiquement Katsuki. Mais pourtant, sa poigne ne se rompait toujours pas.
- Bah alors? il se baissa au niveau du visage de la brunette, imperturbable. Puis il ramena son attention vers son ancien camarade. Tu te la tapes? C'est du lourd pour une première fois, dis moi.
La jeune fille émit un hoquet de surprise et de dégoût. Elle était décontenancée de la grossièreté du personnage.
- Je vais t'arracher la gueule si tu continues à déblatérer des conneries pareilles! menaça le grand blond, outré que ce type autrefois à sa botte ose lui parler de cette manière.
- Oh mais non, tu fera rien, il désigna les policier, qui faisaient leur rondes habituelles, disposés à chaque coin du centre commercial. A moins que tu aies envie d'être puni.
- Enfoiré de merde, tu crois que..
- Ohlala mais tu dois en profiter, il se lécha presque les lèvres d'excitation, reluquant la poitrine d'Ochako, c'est toutes des chaudasses à Yuei? Peut-être que c'est pas la première que tu te tape apr..
Katsuki ne disposa même pas du temps nécessaire pour agir ou pour davantage hurler de haine et d'animosité. Tout ce qu'il pu surprendre, c'est la vitesse des mouvements souples de la brunette, qui avait, en quelques instants, dégagé les doigts de Ryû et mit le garçon dos à elle, le bras dans le dos, sans qu'il ne puisse contre-attaquer. De toute manière, sous l'effet de son joint, il ne pouvait pas faire grand chose d'autre que d'être passif aux démonstrations de l'enseignement d'Ochako. Les deux jeunes hommes avaient retenu leur souffle sous cette scène, l'un effrayé, l'autre admiratif. Ce dernier n'en serait pas venu à imaginer que ce tout petit être, malgré de bonnes bases pendant les combats, possède de si bons réflexes en matière d'art martiaux.
Malgré tout, la fureur persistait à lui ronger les tripes. Incapable de s'en débarrasser, il arracha brusquement le bras prisonnier que la jeune fille détenait pour l'empoigner avec une force non contrôlée, et força cet abruti à le regarder en face.
- Je vais te foutre le cul dehors et on verra qui se tape qui, sale drogué de merde, gronda-t-il d'une voix qui peinait à se retenir d'envahir l'espace qui les entourait.
- Katsuki, arrête ! tenta de le calmer Ochako.
- C'est moi la merde? Emmène-moi dehors si tu veux, mais je serais jamais un mec aussi à chier que toi, répliqua le grand brun, lui aussi irrité par l'humiliation de s'être fait maîtriser par une pauvre fillette.
- Qu'est-ce que je suis censé comprendre? Tu veux mourir?!
- Si t'en es même pas conscient, t'es con en plus d'être une merde!
- Je vois, tu veux vraiment que je te tue! La main de Katsuki était parvenue jusqu'au col de Ryû, le serrant avec tellement de puissance que ce dernier en suffoqua.
Ochako ne parvenait pas à apaiser la situation. Dans l'état où Bakugou se trouvait, ce devait être peine perdue de chercher à modérer sa colère ou à le prier de lâcher prise. Mais les policiers n'allaient sans doute pas tarder à revenir dans le périmètre de la zone où ils entretenaient leur altercation, et le jeune homme pourrait s'accommoder d'ennuis qu'il n'avait pas cherché initialement. Comment devait-elle faire face? Les gens autour d'eux chuchotaient, mélangés entre effroi et dégoût devant ce spectacle de singes.
- T'es pas fais pour être un héro mec, t'es qu'un sale prétentieux qui passe sa vie à faire chier le monde !
- Je vais te..
- T'aurais dû rejoindre les vilains pendant que tu y étais! continua-t-il de déblatérer, sur le même ton hargneux.
- Toi je vais te faire rejoindre l'enfer !
- T'es qu'un pauvre minable qui a causé le retrait d'All Might! Voilà ce que t'es! cracha finalement Ryû.
Katsuki n'osa cette fois pas répliquer, choqué de cette remarque affreusement chargée d'accusations, il baissa le tête. Les yeux d'Ochako s'élargirent d'épouvante. Ce type allait trop loin. Elle ignorait le comportement que l'explosif avait autrefois employé envers lui, peut-être avait-il été ignoble, peut-être était-il aussi infect que celui qu'il réservait à Izuku, mais personne au monde ne méritait d'être accusé faussement de cette manière, d'une charge aussi grave.
Instinctivement, elle s'interposa entre les deux têtes brûlées, et avant que le grand blond n'eut le temps de la repousser, elle déposa ses paumes sur le torse du jeune homme. Celui-ci mit un moment avant de comprendre que le léger frémissement qui l'avait parcouru était dû à l'alter de la brunette, et avant qu'il ne s'en rende compte, il flottait déjà dans les airs, les pieds au dessus du sol, sans pouvoir redescendre. Le seul moyen pour le ramener sur terre fut de, pour le moment, lâcher la chemise froissée de Ryû, pour s'accrocher à l'épaule d'Ochako de tout son poids, pour ne pas se faire remarquer.
- Idiote ! hurla-t-il tandis que l'autre garçon reprenait son souffle, pâle. Fais moi redescendre, on va se faire prendre, et je dois le tuer !
- Non !
Celle-ci entraîna le grand blond par le bras à l'intérieur de la boutique, avant qu'un membre de la surveillance ne les surprenne, et désactiva son pouvoir dans le petit couloir menant à l'intérieur du magasin de sport, abandonnant le fauteur de troubles derrière eux.
- Qu'est-ce qui t'as pris imbécile?! On aurait pu se faire choper ! l'engueula-t-il, une fois à terre.
- Tu te moque de moi? On aurait eu des ennuis, l'un comme l'autre, si je t'avais laissé te battre avec lui, tu le sais très bien! rétorqua-t-elle.
- Ne te mêle plus jamais de mes affaires! lui ordonna-t-il, ses iris obnubilés par l'ébullition de tout son être.
- Je me fiche que tu me donne une permission ou pas Bakugou ! Ne te laisse pas distraire par la moindre provocation, ça pourrait te faire du tort!
- Tu insinues que j'aurai perdu face à cette petite merde?!
- Mais non enfin, je.. commença-t-elle avant de s'interrompre. Roh et puis zut !
Ce mec leur avait gâché le plaisir qu'elle s'était amusée à prendre durant leur sortie. Désormais, il n'y avait plus que l'animosité qui faisait perdurer sa loi dans le cœur du jeune homme, qui serait, elle en était persuadée, absolument capable de sortir à nouveau de la boutique pour retrouver Ryû. Elle lui tournait le dos, les bras croisés, tentant elle aussi de faire naître le calme dans son esprit. Personne ne pouvait les aviser ici, des espèces de rubans filandreux pendaient à l'entrée et à la sortie du petit couloir, et par miracle, les gens à l'intérieur ne semblaient pas avoir été avertis par les bruits de leur confrontation.
- Achetons le cadeau et rentrons, déclara-t-elle après quelques minutes de silence où chacun reposait sa haine envers l'autre.
Elle ne perçut pas le visage troublé de Katsuki, surprit par le ton dur de sa voix, qui ouvrit un instant la bouche pour débuter une phrase - il ignorait même ce qu'il aurait dû dire à ce moment là - avant de la refermer, et de ne lâcher qu'un méprisant:
- Tch..
Au fond, il savait qu'il était en tort, et qu'il s'était trop emporté, comme à ses habitudes, mais il ne le lui avouerait jamais, même sous la torture. Et elle devait être au courant, de toute façon.
Ils rentrèrent dans l'enceinte du magasin non sans que le grand blond ne percute de pleine face les filets de rubans. Il lâcha un " DÉCO DE MERDE ! " loin d'une discrétion sans faille, ce qui lui valu d'être distingué comme il se fallait à peine à l'intérieur où les vendeurs le toisèrent avec un jugement non dissimulé et de faire lever les yeux aux ciels à Ochako. Ils firent leurs achats sans échanger une toute autre parole que le sujet de leur sortie, ils s'emparèrent de ces fameuses baskets à la teinte similaire à la chevelure de Kirishima, et la jeune fille régla la somme avec l'argent récolté communément de la seconde A.
Le retour s'exécuta dans le plus tendu des silences - sans qu'ils ne recroisent Ryû - , parsemés de quelques grognements de Katsuki qui prit amèrement conscience par cette occasion que ce mutisme encré chez la jeune fille durant le trajet ne lui plaisait soudainement guère, elle qui était toujours là avec son éternel sourire agaçant, ses questions stupides, sa bonne humeur inexplicable et cet air d'enfant curieuse qu'elle arborait lorsqu'elle s'intéressait à lui et ses goûts. Si elle en avait eu la volonté, elle aurait très certainement été capable de se dés-importuner de cet enfoiré dès le contact créé, mais elle devait être trop lente du cerveau pour ça. Pendant qu'il s'adonnait à ses réflexions, la fatigue le rattrapa quelques peu, à son goût trop encombrante ces temps-ci. Il faillit s'assoupir dans le bus, mais Ochako avait pressé son épaule timidement pour empêcher cette action, l'alarmant qu'ils allaient bientôt être sur place.
- C'est bon je sais.. marmonna-t-il d'un ton nonchalant.
A sa surprise, le brunette lui adressa un maigre sourire sincère, qu'elle sembla ne pas contrôler, car elle se ravisa la seconde suivante en détournant les yeux. Il ne tint pas compte de ce dernier geste, presque rassuré. Elle n'allait pas être autant rancunière qu'il l'avait avisé, en fin de compte.
Il tiqua. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui foutre qu'elle soit en colère ou non? Elle n'avait qu'à faire la gueule pour le restant de ses jours si cela pouvait lui être agréable.
Ils descendirent à terme et parcoururent le chemin inverse, la tension ne régnant plus majoritairement dans l'air, les deux jeunes élèves de Yuei échangèrent un regard complice, comme s'ils se remémoraient cette mâtinée au même instant, et réalisaient à quel point leur "dispute" était futile et stupide. Ochako ria doucement lorsque Katsuki mit fin à cet échange, soulagée que le jeune homme se soit en fin de compte apaisé. Dans cette ambiance davantage détendue, ils arrivèrent à l'internat sans échanger un mot de plus. La jeune fille traversa des yeux toute l'étendue des lieux, soucieuse de croiser par mégarde Kirishima avant de parvenir jusqu'à l'endroit où se cachait Mina. Le grand blond la rassura à sa manière :
- Idiote, arrête de stresser. T'as même pas remarqué qu'il était jamais à l'internat les samedis après-midi?
- Maintenant que tu le dis.. avoua-t-elle. Je stresse pas..
- Arrête de froncer les sourcils alors, parce que ça te rend moche.
- Mais ! s'exclama-t-elle, offusquée. C'est l'hôpital qui se fout de la charité !
- Qu'est-ce que ça veut dire ça?! la menaça-t-il.
- T'as toujours l'air contrarié, et les sourcils froncés, c'est ta propriété! répliqua-t-elle.
- CON-NE-RIES !
- Mauvaise foi.
- Crève !
Dans les couloirs où ils s'étaient stoppés pour leurs chamailleries, Ochako, dont le chignon regorgeait de petites mèches rebelles dû à la brise de cette mâtinée, éclata ardemment de rire à cette menace si peu sincère. Un intense rire franc et adorable mettant en valeur ses pommettes rosâtres qui incorpora un étrange poids indiscernable sur la poitrine du grand blond, à la fois alourdissant et chaleureux. Lorsque la jeune fille, toujours éperdue à s'esclaffer, plongea son regard dans le sien, il ne fut pas à même de s'abstenir de lui sourire en retour, comme impuissant face à ce charme innocent.
- Uraraka? Kacchan?
Les yeux de Izuku les scrutaient avec perplexité et jalousie.
~~
Et voilà pour la partie 7 ! J'ai eu du mal à sortir la seconde partie, mais l'altercation était sympa à écrire ^^
Le prochain chapitre portera sur l'anniversaire de Kirishima. Est-ce que les deux jeunes gens vont établir un contact un tant soit plus intime? Comment Deku va-t-il régir face à la complicité de son rival et de sa bien-aimée ?
N'hésitez pas à me faire des remarques ou critiques, positives ou négatives, je prend tout et est attentive à tout ^^
Je vous embrasse !❤
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