26° Sentiments

Armin

Le bruit des pas d'Armin résonne dans le couloir désert. Au fur et à mesure qu'il avance vers son lieu de destination, il songe à tout ce qu'il dira à la personne qui occupe une place de choix dans ses pensées, tant elle l'intrigue autant qu'elle le fascine, mais qui en même temps l'intimide.

C'est fou comment une simple personne arrive à le chambouler... Malgré tout, il sait qu'il doit garder la tête froide.

Une fois arrivé dans cet endroit où Annie Leonhart, détentrice du Titan Féminin, est enfermée, le jeune Arlert, fidèle à ses habitudes, s'installe sur le tabouret en face de l'immense bloc de glace gardant en otage la jeune femme. Elle garde toujours les yeux fermés, cependant, Armin préfère l'imaginer en train de l'observer de son regard glacial, avec toutefois une pointe de curiosité. Comme elle le faisait quand elle s'adressait à lui.

-Salut Annie. Ça va faire une semaine que je ne suis pas revenu te voir.

Il sort de sa poche le coquillage qu'il a apporté de leur première venue au bord de la mer, comme à chaque fois qu'il s'apprête à raconter des choses personnelles.

-Quand je pense à toutes les choses qui se sont passées depuis que nous sommes partis voir la mer... C'est fou de voir comme tout va vite. Le gouvernement met tout en œuvre pour que les Eldiens de Paradis puissent espérer vivre dignement, et non plus avec la peur de servir de bétail pour les titans. Comme je te l'ai déjà dit, le clan Azumabito a fait savoir qu'il chercherait des renforts pour nous. Ça commence à faire un petit bout de temps, mais j'imagine qu'il faut moins ça pour convaincre du monde de nous aider, nous les démons insulaires.

Le jeune stratège soupire. Comme il a horreur de ce nom qu'on leur a attribué sans même prendre la peine d'essayer de comprendre ce qu'il en est réellement. Hélas, Armin s'est vite rendu compte à quel point les gens étaient prompts à juger et à faire des conclusions hâtives les uns sur les autres. On se forge toujours plus facilement une opinion en observant de loin.

-Il y a aussi d'autres soldats Mahr qui ont l'air de soutenir notre cause, Yelena et Onyankopon. C'est rassurant de voir que tous les Mahrs ne nous sont pas hostiles, même s'ils sont en infériorité numérique. Ça prouve qu'on n'est pas obligés de mettre tout le monde dans le même panier.

Il passe délicatement son pouce sur son coquillage.

-Il y a une chose qui m'a intrigué dans ce qu'a dit Onyankopon concernant la couleur de sa peau. Il a mentionné le fait que, selon ses croyances, c'est Dieu qui a choisi de diversifier la population, et qui a de fait choisi d'attribuer à nous, le peuple eldien, le pouvoir de se transformer en titan. Il a d'ailleurs appelé cela un don, alors que nos ennemis nous ostracisent justement à cause de ce pouvoir. C'est quand même curieux de voir la perception de chacun sur un sujet précis. Les avis sont divers. Ça voudrait également dire que, quelque part dans le monde, des gens partageraient l'avis d'Onyankopon sur l'existence d'un dieu supérieur aux autres.

Ça rejoindrait alors ce que le jeune blond a confié à Livaï il y a quelques temps sur les civilisations croyant à diverses divinités. Peut-être existe-t-il encore aujourd'hui des personnes avec de telles convictions, qui sait. Quand il y repense, ça fait un sacré long moment que son ami et lui ont tenu cette conversation.

Armin pince les lèvres face à ce qu'il s'apprête à dire, tant cela le mine.

-Tu sais, je sens que mon point de vue n'est pas partagé par tout le monde. A commencer par Eren qui aimerait trouver une solution rapide et radicale pour notre situation. Mais en faisant cela, je crains que l'on commette encore une fois les mêmes erreurs que nos prédécesseurs. Je suis bien conscient que mes convictions peuvent paraître naïves mais, je pense qu'il faut qu'on discute de tout ça avec ceux qui nous veulent du mal. Si nous choisissons constamment de passer à l'offensive, cela finirait à coup sûr en un bain de sang, et ce serait sans cesse le même schéma. On ne peut pas proposer le passé en guise d'avenir. Si nous voulons changer la donne, nous devons d'abord changer nos méthodes.

De cela, Armin en est convaincu. S'ils veulent changer le cours des choses, ils devraient d'abord remettre en question leur raisonnement habituel. Mais le problème, c'est que le temps joue contre eux. Le pouvoir que confère les Titans Primordiaux ne laisse à leur détenteur qu'une poignée d'années à vivre. Et si on part du principe qu'il faut collaborer avec Sieg Yeager, détenteur du Titan Bestial, il faut prendre en compte le fait qu'il lui reste, quoi ? Un an ou deux à vivre ?

-Il y a tellement de choses qui ont changé, Annie... Depuis quelque temps, j'ai l'impression de ne plus vraiment reconnaître Eren. Il a beaucoup changé depuis notre remise de médailles, je le vois bien. Il se fait plus distant, plus rentré en lui-même. Et ça, ça ne lui ressemble pas. Quand j'essaie d'en parler avec lui en lui demandant ce qui le tracasse, il me répond vaguement que toute cette histoire lui prend la tête. Mais je sens bien qu'il ne me dit pas tout.

Son cœur se serre face à ce constat. Eren et lui se sont toujours tout dit. Ils ne se sont jamais rien caché. Pourtant, un fossé a l'air de se creuser entre eux. Comment peut-il venir en aide à son meilleur ami si ce dernier ne veut rien lui faire savoir ?

-Ça m'inquiète beaucoup, tout ça... J'ai aussi parlé de Mikasa de l'attitude d'Eren. Elle m'a répondu de ne pas m'inquiéter car Eren était toujours notre ami et que, quoi qu'il arrive on sera toujours chers à son cœur. Elle m'a aussi dit que j'ai souvent tendance à beaucoup m'inquiéter du sort des autres, plus qu'à mon propre sort en tout cas.

Le jeune homme baisse à présent les yeux vers son coquillage.

-Elle a aussi ajouté... que j'avais un don pour libérer ce qu'il y a de plus doux chez les personnes qui me sont chères et qui m'aiment en retour. En fait, elle me l'a dit quand je lui ai parlé de Livaï. Je te l'ai déjà raconté, mais il y a des jours où j'ai du mal à réaliser que lui et moi soyons devenus si proches. Rien ne le laissait présager, et pourtant...

Un sourire léger flotte sur ses lèvres.

-C'est vraiment une personne extraordinaire, dit-il en relevant la tête. Je l'admire énormément. Il est très fort, mentalement comme physiquement. Mais en même temps, il sait se montrer attentif au besoin des autres. Je crois... qu'il est beaucoup plus sensible que ce que l'on peut penser. C'est une part de lui qu'il laisse rarement entrevoir.

Des larmes d'affection commencent à lui piquer les yeux. C'est incroyable la capacité qu'il a de s'émouvoir facilement.

-Il est très loyal, aussi. Ce n'est pas quelqu'un qui s'attache aussi personnellement aux autres mais quand c'est le cas, il est capable de se plier en quatre pour les personnes auxquelles il tient. Je pense qu'il fait passer le bien-être de beaucoup de personnes avant le sien.

Pour la deuxième fois depuis qu'il est entré dans cette pièce, Armin sent son cœur se serrer.

-Ça doit être pour ça qu'il a choisi de me faire vivre à la place d'Erwin... Il ne l'a pas dit explicitement, mais après qu'il m'ait ramené, il m'a dit que la raison pour laquelle il a choisi de laisser mourir Erwin, c'était parce qu'il avait jugé qu'il avait assez souffert dans le rôle qu'on lui a donné. Si ça ne tenait qu'à lui, c'est lui qu'il aurait choisi pour ne pas avoir à souffrir d'une autre perte d'une personne qui compte pour lui. Si quelqu'un d'autre avait été dans ma situation, je pense que le scénario aurait été le même.

Les larmes d'affection se changent en larmes de douleur et d'amertume. Le jeune blond tente tant bien que mal de les réprimer. Malgré cela, il choisit de vider son sac, même si son interlocutrice ne peut pas lui répondre. Il a besoin de se confier à quelqu'un, et avec tout le monde qui est au four et au moulin, il ne veut pas les déranger avec ses états d'âme de jeune homme complexé.

-Je me pose de plus en plus de questions, Annie. Est-ce qu'au fond de moi, finalement, je ne cherchais pas à bien m'entendre avec Livaï pour me racheter d'avoir pris la place d'Erwin ? C'est stupide, pas vrai ? D'autant plus que je n'y suis pour rien dans son choix de me ramener. C'est lui et lui seul qui a pris la décision de me faire revivre. Qu'est-ce qu'il a vu en moi, exactement, lorsqu'il fallait faire l'injection ? Même s'il a jugé qu'Erwin méritait de reposer en paix, il n'aurait pas pris le risque de confier l'humanité à un poids lourd.

La boule qui est apparue dans sa gorge ne fait que gagner en épaisseur, si bien qu'Armin se demande comment il arrive encore à respirer.

-Est-ce que c'est le désir inconscient de bien me faire voir de Livaï qui m'a poussé à me rapprocher de lui ? Pour lui prouver que je n'étais pas inutile ? Ce serait vraiment égoïste de ma part, tu ne trouves pas ?

Le jeune homme retient un rire jaune. Bien évidemment, la jeune Leonhart n'est pas en mesure de lui répondre. La question est purement rhétorique. Et puis, il faut reconnaître qu'Armin a pris la fâcheuse habitude de penser tout le mal du monde envers lui-même. Une habitude qui ne date pas d'hier, en vérité.

-Quoi qu'il en soit, j'espère ne pas devenir un fardeau pour lui. Je ne voudrais pas qu'il souffre d'une quelconque façon à cause de moi. Il ne mérite pas ça, après tout ce qu'il a vécu. Et en ce qui me concerne, si je devenais une source de peine pour lui, ça me blesserait beaucoup. Livaï m'est devenu précieux, j'ai beaucoup d'affection pour lui... Je ne supporterai pas de lui faire du mal.

Et c'est seulement une fois qu'il a prononcé cette phrase qu'il réalise à quel point Livaï est important pour lui. Tout comme pour ses amis d'enfance Eren et Mikasa, ou encore Jean, Connie et Sasha, Amin réalise combien il est prêt à sacrifier pour le puissant soldat. S'il fallait qu'il fasse don de sa propre vie pour lui, il le ferait sans hésitation. Il ne voulait en aucun cas qu'il éprouve de la douleur ou de la tristesse. Il aimerait tout simplement qu'il se sente bien, et s'il fallait qu'il passe par mille tribulations pour cela, alors qu'il en soit ainsi.

Au bout du compte, le jeune Arlert se lève de son tabouret avant de ranger son coquillage dans sa poche.

-Je vais devoir te laisser, Annie. Livaï s'est proposé pour me couper les cheveux, et il déteste attendre.

Annoncé ainsi, on pourrait croire que le Caporal Livaï s'est approché de son subordonné pour lui demander s'il aurait besoin d'aide pour se couper les cheveux. Mais ce serait se mettre le doigt dans l'œil que de penser cela. Et surtout, cela ne ressemblerait absolument pas au soldat le plus puissant de l'humanité de se comporter ainsi avec qui que ce soit.

En réalité, Livaï a profité du fait qu'Armin soit le dernier à sortir des écuries pour lui jeter un bref coup d'œil avant de lui dire sans ménagement:

-Demain, tu viens me voir pour que je m'occupe de ta tignasse. Je me demande comment t'arrives à te balader comme ça. A la longue, tu vas ressembler à une tête de balai à frange, et c'est franchement dégueu.

Ça, par contre, ça ressemblerait beaucoup plus au Caporal Livaï. Et pour être tout à fait honnête, Armin a bien songé à se couper les cheveux, mais il n'avait aucune idée de la façon dont il voulait les arranger. La coupe au bol, c'est bien lorsqu'on est encore un petit garçon qui ne connaît encore rien à la vie. Mais là, Armin est devenu un jeune homme. Il est plus que temps de faire une mise à jour.

Armin lance un dernier regard en direction d'Annie avant de quitter la pièce, l'esprit moins troublé mais qui n'en reste pas moins rempli de questionnements.

***

Heureusement pour lui, Armin arrive tout juste une minute avant l'heure à laquelle Livaï et lui se sont donné rendez-vous. Le premier depuis des mois.

-Je n'arrive toujours pas à croire que tu as réussi à te libérer de ton travail juste pour me couper les cheveux, lui avoue-t-il.

-Ça me saoulait d'avoir le nez dans cette maudite paperasse, répond son supérieur avec cette voix agacée qui est sa marque de fabrique. Et il est hors de question que je te voie encore avec cette coiffure.

Le jeune blond prend un moment pour observer la tenue de l'homme en face de lui. Il porte un espèce de foulard blanc qui recouvre ses cheveux. Un autre foulard blanc faisant office de masque lui recouvrant le bas du visage. Par-dessus ses chaussures, on peut y voir une sorte de plastique bleu les recouvrant. Il tient une paire de ciseaux dans sa main droite et un rasoir dans celle de gauche. Voir le soldat le plus puissant de l'Humanité sérieux et stoïque dans un tel accoutrement est si improbable qu'Armin se retient de rire avec effort.

Ce qui, apparemment, n'échappe pas à Livaï.

-Assied-toi au lieu de sourire bêtement.

-Désolé, c'est juste que c'est la première fois que je te vois dans cette tenue, répond le détenteur du Titan Colossal.

En disant cela, il se saisit d'une serviette de coiffure et la met autour de ses épaules. Il s'installe ensuite sur une chaise, juste en face de son ami plus âgé.

-J'ai aucune envie de choper des pellicules ou d'autres trucs de ce genre. D'ailleurs t'as intérêt à avoir lavé tes cheveux. Sinon je te préviens, je te fais la boule à Z sans te demander ton avis.

Le simple fait de s'imaginer avec le crâne aussi chauve que celui de Dot Pixis donne des renvois à Armin, qui sent qu'il pourrait en vomir ou en faire des cauchemars. Voire les deux. Quoi qu'il en soit, c'est bien le sentiment d'horreur qui monte en lui.

-Je préfère encore me faire disséquer par Hansi pour ses expérimentations sur les titans.

Livaï était en train de passer ses mains dans ses cheveux blonds pour en examiner la longueur. Il arrête son geste à l'entente de cette parole terrifiée.

Armin est presque surpris d'entendre un petit rire s'échapper de son Caporal. C'est un son très léger qu'il n'aurait pas entendu s'il n'avait pas prêté attention.

La vache... j'ai fait rire Livaï sans le faire exprès. Si c'est pas un exploit...

-Une dernière chose: c'est toi qui nettoies, dit le puissant soldat. Pas question que je sois le seul à me taper le sale boulot.

C'est au tour d'Armin de rire légèrement, content de voir que la complicité qui le lie à Livaï n'a pas été affectée par les mois d'absence de rendez-vous. Cependant, une pensée vient obscurcir son bien-être.

Depuis qu'il s'est rapproché de Livaï, Eren s'éloigne de plus en plus de lui. Se pourrait-il qu'il ait pris ombrage de sa nouvelle relation avec le Caporal ? Non, il a dit lui-même qu'il était fier que le soldat le plus puissant de l'Humanité s'intéresse à ses rêves. Mais alors pourquoi son meilleur ami agit-il ainsi ?

A chaque fois qu'Armin passe du bon temps, il faut toujours qu'un souvenir désagréable le perturbe.

-T'étais encore parti voir ta copine ?

La voix grave de Livaï, ainsi que les bruits de ciseaux, le font revenir à la réalité. Pris de court par cette question, il fait mine d'observer les mèches blondes reposant au sol.

-Je voulais parler à Annie, bredouille-t-il. Il fallait que je lui parle.

Son ami lui fait relever la tête, et laisse sa main posée sur le haut de son crâne de façon à ce qu'Armin ne bouge plus.

-Pourquoi tu tiens absolument à lui parler alors que tu sais qu'elle te répondra pas ?

Le cœur d'Armin se met à battre avec plus d'intensité, et il est conscient que ce n'est pas à cause d'un stress ou d'une peur quelconque. Ses joues prennent quant à elles la couleur d'un coquelicot.

Bon sang, je suis ridicule, pense-t-il.

-Je crois... que c'est parce que j'ai veux me sentir proche d'elle. Je sais pas comment l'expliquer, mais... je ne veux pas qu'elle se sente seule.. Je voulais d'abord avoir des réponses à mes questions concernant ses agissements, et j'ai mieux compris par la suite.

Il passe instinctivement la main sur la poche qui contient son coquillage.

-C'est... c'est pas un sentiment qui est apparu de nulle part. Annie m'intriguait déjà beaucoup quand on faisait encore partie de la 104ème brigade. Elle était déjà si forte et impassible, et en même temps... Elle avait quelque chose qui me la rendait sympathique. Il y avait chez elle une douceur qu'elle semblait ignorer elle-même.

Et c'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à avoir des sentiments pour elle, veut-il ajouter avant de s'abstenir. De toute façon, même son silence est éloquent. Derrière lui, Livaï continue de couper ses cheveux au ras du crâne avec une minutie qui l'impressionne. C'est incroyable. Cet homme est imperturbable même lorsqu'il coupe des cheveux. C'est à se demander s'il a encore des talents cachés de ce genre.

-Et j'imagine que t'as dû revenir sur tes impressions quand t'as découvert qu'elle était le Titan Féminin ?

Le jeune blond soupire.

-Au début je ne voulais pas y croire. Puis toutes les preuves présentes m'ont donné tort. Puis elle a été vaincue, et elle s'est enfermée dans un cristal. J'ai ensuite vécu avec le regret de ne pas avoir pu comprendre ce qui l'a poussée à agir ainsi. Puis j'ai hérité du Titan Colossal, et avec lui, j'ai récupéré les souvenirs de Bertholdt. Là, je l'ai vue sous un autre angle. Je l'ai vue par le biais de quelqu'un qui a grandi avec elle.

Et qui avait également des sentiments pour elle, se dit-il.

-En voyant et en comprenant ce par quoi elle est passée, ça n'a fait que confirmer ce que je savais depuis le début. Elle est tellement forte pour avoir supporté tout ça, et en même temps... Cette dualité avec laquelle elle a vécu toute sa vie l'a rendue si vulnérable, ces épreuves ont dû la briser à un tel point, même si ça n'excuse en rien les crimes qu'elle a commis... Je comprends qu'il y a une version de l'histoire que j'ignorais, et qui était tout aussi difficile à vivre pour eux. C'est pour ça... que je ne veux pas qu'elle supporte ça toute seule. J'aimerais tant être là pour elle, Livaï. Être là pour lui dire... enfin, pour lui dire...

Face à ce qu'il était sur le point d'avouer, il manque de se cacher derrière ses mains pour ne pas montrer sa gêne.

-Ouais... donc t'es complètement mordu.

En disant cela, Livaï s'avance devant Armin et commence à couper les bouts de sa frange, la main toujours posée sur son crâne.

-T'es pas fâché de savoir que je vais régulièrement voir Annie ?, demande le jeune stratège.

Son ami fronce légèrement les sourcils.

-C'est pas à moi de surveiller de qui tu tombes amoureux, Armin. Tu sais mieux que moi ce qui est bon pour toi. A toi de voir où tout ça t'emmène.

Une part de lui est soulagée d'apprendre que Livaï ne lui en veut pas d'essayer de comprendre quelqu'un qui a tué son escouade. Il lui est reconnaissant de ne pas lui reprocher d'être tordu pour éprouver de tels sentiments envers une personne qui est supposée être leur ennemie.

-Merci, lui dit-il finalement, rassuré. Merci de ne pas me juger.

L'homme plus âgé ne lui répond pas, mais Armin peut sentir une légère tape sur son crâne, là où Livaï a posé sa main. Il reprend ensuite sa tâche dans une grande concentration. Quelques minutes plus tard, il recule de quelques pas avant de dire:

-Fais voir un peu ton visage.

Armin relève la tête en direction de son Caporal, et l'expression qui passe furtivement dans ses yeux l'interpelle. Dans son regard, il y a comme de l'incrédulité et de la stupéfaction, mais également - Armin en est certain - comme une douleur qu'il tente de dissimuler. Inutile de dire qu'un très mauvais pressentiment s'est emparé du jeune blond.

Aucun des deux ne prend la parole. De toute façon, Armin redoute trop de comprendre ce qui traverse l'esprit de Livaï pour prononcer le moindre mot. Finalement, le puissant soldat se dirige vers la porte.

-Je vais aller me changer, dit-il. Tâche de faire en sorte qu'il n'y ait plus aucun cheveu par-terre.

-Entendu, Livaï, répond Armin qui fait tout pour maîtriser sa voix tendue.

L'homme plus âgé a déjà ouvert la porte pour sortir. Avant de la refermer derrière lui, il ajoute:

-On se voit plus tard Erw... Armin.

Le son de la porte qui se ferme fait écho au cœur d'Armin qui s'est brisé au même moment. Ça, c'est vraiment l'une des pires choses qui devaient arriver en ce moment. Entre le tournant que prend cette guerre, les nombreuses incertitudes liées aux choix qu'il faut effectuer pour ne plus se mettre le monde à dos, ainsi que l'attitude de son meilleur ami, la dernière chose dont le jeune blond a besoin, c'est qu'on le compare à celui dont beaucoup l'accusent d'avoir pris injustement la place.

Et tout cela l'accable au plus haut point. Livaï est le premier à lui avoir dit qu'il ne remplacerait jamais Erwin Smith, mais il n'empêche que le lapsus qu'il a commis est perturbant. Il a beau manquer énormément de confiance en lui, Armin ne souhaite pas devenir le substitut de l'ancien Major.

-Ce serait contradictoire, murmure-t-il tout seul. Il m'a dit que je ne remplacerais jamais Erwin. A quoi ça servirait si je sers de substitut, au final ?

Il se tourne vers le miroir, et ce qu'il renvoie le fait se figer sur place. Cette nouvelle coupe lui donne un air plus mature, et le fait davantage ressembler à un jeune homme qu'à un jeune garçon. Mais pourtant, en s'examinant de plus près, il comprend avec un pincement au cœur ce qui le fait ressembler à Erwin aux yeux de Livaï.

-Ça ne finira jamais, dit-il d'une voix malheureuse. Quoi que je fasse, je serai toujours comparé à Erwin...

~~~

Bon eh bah, autant dire que c'est pas la joie en ce moment...

Malgré ça, vous avez aimé ce chapitre ?

Le plus dur, c'était de tenter d'expliquer le raisonnement d'Armin sur le fait qu'il souhaite discuter avec leurs ennemis. Parce que j'avoue que je me suis posée la question: comment quelqu'un qui peut réfléchir à des plans complexes peut-il raisonner d'une façon aussi simple ? Et surtout, comment faire pour que ses raisonnements soient raccords avec le personnage tel qu'on nous l'a présenté ?

J'espère vraiment avoir réussi. Parce qu'expliquer le point de vue de quelqu'un qui a un QI supérieur à la moyenne, c'est assez chaud quand même.

Quant à la séance coiffure avec Livaï... J'avoue m'être inspirée d'un headcanon sur Tumblr qui disait que c'est Livaï qui est à l'origine de la coiffure d'Armin dans la quatrième saison. J'ai trouvé l'idée sympa et je me suis dit: pourquoi pas ?

Et comme j'aime les dramas, j'ai terminé ce chapitre sur une gaffe de Livaï suivie d'une remise en question chez Armin. Comment vont-ils pouvoir gérer tout ça ? C'est ce que nous verrons dans le prochain chapitre...







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