16° A Ses Côtés

Armin

/!\ Trigger Warning : mention d'attouchement sur mineurs dans la première partie /!\

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Le truc, c'est que quand le Caporal Livaï en personne vous convoque presque chaque soir dans son Bureau, ça ne passe pas inaperçu aux yeux de vos camarades.

Aussi, alors que l'escouade Livaï (à part Eren qui devait passer voir Hange pour vérifier deux trois choses au sujet de ses pouvoirs de titan - le veinard, comme dirait Jean) s'est vue attribuer la tâche très sympathique de nettoyer les écuries, beaucoup ont pu remarquer l'air absent qu'Armin arborait. En réalité, il repensait à ce qu'a dit leur supérieur, alors qu'il parlait de son enfance à Shiganshina.

Et t'oses dire que t'es faible...

En entendant cette phrase de la part de son Caporal, Armin ne savait pas quoi répondre. En lui confiant cela, il lui a fait comprendre à mots couverts qu'il le trouvait fort, à sa propre manière, mais également qu'il n'a pas à envier ses amis aux capacités physiques supérieures, et qu'il peut être fier du garçon intelligent et clairvoyant qu'il est.

Wow... un compliment de la part du Caporal Livaï. Et t'oses dire que t'es faible... Venant du soldat le plus puissant de l'Humanité, ce n'est pas un petit compliment. Et il l'a complimenté une seconde fois en plus... Armin en est tout remué de bonheur.

Mais aussi, quand il a quitté son Bureau, son supérieur lui a dit:

-Ne laisse jamais qui que ce soit te retirer ce que tu as, gamin. T'es trop estimable pour ça.

Cette dernière parole aurait pu ressembler à un simple constat si le regard du Caporal n'était pas aussi grave. On croirait qu'il tenait absolument à ce que le jeune blond ne perde pas ce qu'il a, ni ce qu'il est intrinsèquement. Armin en viendrait même à croire que son supérieur commençait à éprouver... de l'admiration pour lui. Non, c'est peut-être un peu fort, comme terme. "Respect" serait sans doute plus approprié. Et si quelqu'un qui paraît aussi désinvolte à première vue vous respecte, c'est qu'il vous voit effectivement comme quelqu'un de considérable. Mais il y avait également autre chose dans le regard de son supérieur - une expression qu'il n'a jamais vue chez lui.

Son visage était grave, mais en même temps doux et triste. Cet homme à la réputation de statue insensible et impitoyable avait l'air de faire tomber son masque l'espace d'un instant. Armin s'est interrogé : "Estimable"... mais pour qui? Pour le Bataillon d'Exploration? Pour l'Humanité en général? Ou alors pour le Caporal lui-même? Est-ce que son supérieur en serait venu à apprécier particulièrement le jeune Arlert? Et même à avoir quelque chose ressemblant à de l'affection pour lui? Si tel était le cas, ce serait complètement délirant.

En ce qui concerne Armin, il n'aurait jamais cru que les livres de son grand-père susciterait à ce point la curiosité de l'homme le plus respecté du Bataillon d'Exploration. Puis, en le voyant aussi impliqué en entendant les explications qu'il lui fournit quotidiennement, il a compris que l'intérêt qu'il porte à ces découvertes représente plus qu'un simple moyen de distraction pour s'échapper quelques instants de son boulot de Caporal. Armin le voit bien. Même s'il conserve toujours son visage impénétrable, les yeux de son supérieur contiennent toujours une sorte de tranquillité, comme s'il avait saisi ce qui passionne autant le petit blond sur le monde extérieur. Et ça, c'est un trait de caractère qui lui a définitivement valu la sympathie d'Armin, en plus de l'admiration qu'il avait déjà pour son supérieur.

Par contre, ce qu'il a failli dire au sujet de sa faible corpulence est pour lui une telle source d'embarras et de peine qu'il ne s'est pas senti capable d'en révéler davantage. Et puis, le garçon a jugé en fin de compte que ce n'est pas quelque chose qu'un soldat est supposé confier à son supérieur. Il n'y a aucune raison qu'il sache cela.

-Eh oh, Armin? Tu redescends, là?

Sortant de ses pensées, le jeune blond croise le regard de Jean en train de secouer la main à quelques centimètres de ses yeux.

-Oh... désolé Jean. J'étais un peu distrait.

-J'avais remarqué, merci. De quoi t'étais en train de rêvasser, au juste ? Je te rappelle qu'on doit se coltiner les écuries.

Près d'eux, la voix de Connie se fait entendre:

-De quoi tu te plains, Jean? On part voir tes cousins, ça devrait te faire plaisir, non?

-Je t'emmerde, Connie, réplique celui à qui on a attribué le sobriquet élégant de "Tête de Cheval".

Connie s'approche des deux garçons avec un balai à la main.

-D'ailleurs à ce propos Armin, ça se passe comment tes rendez-vous avec le Caporal? Il te convoque de plus en plus souvent, j'ai remarqué. J'espère qu'il n'y a rien de grave.

-Oh non, t'inquiète pas! On discute seulement du monde extérieur.

Jean fronce les sourcils, l'air de réfléchir.

-Vous parlez de... la mer? C'est bien ça, le mot?

-Oui, on parle de ça, mais d'autre chose aussi. En fait, il a réussi à retrouver les ouvrages de mon grand-père sur le monde extérieur, et on en discute.

En général, Armin n'aurait jamais parlé des livres interdits possédés par le dernier membre de sa famille. Mais cette fois, on est dans une situation où ce qui était caché à l'enceinte des Murs n'a, somme toute, plus tellement d'importance, puisque la menace provenant de l'extérieur est plus grande encore.

-Quand il fallait faire l'injection, à Shiganshina, continue Jean, Eren a parlé de votre rêve de voir la mer. Tu crois que c'est pour ça que le Caporal s'intéresse au monde extérieur et qu'il veut en parler avec toi?

Armin repense rapidement à toutes les choses que son supérieur lui a confiées. Tu as des espoirs et des aspirations que j'ai jamais rencontré chez qui que ce soit. Et que, je sais pas comment ni pourquoi, tu sembles y tenir plus que tout. Et ça, ça me turlupine. Voilà pourquoi j'aimerais voir ce qu'il en est, et comprendre ce qui te fascine autant sur le monde extérieur.

-Il m'a dit qu'il voulait essayer de comprendre mes rêves, répond Armin. Après, je peux pas m'empêcher de me demander s'il n'y pas autre chose, même si ça me regarde en rien.

-C'est parce qu'il doit te trouver exceptionnel, Armin, dit Mikasa qui s'est approchée du trio accompagnée de Sasha. Quelqu'un avec des rêves comme les tiens ne passe pas inaperçu.

La jeune Ackerman est tout de même étonnante. Autant elle respecte le Caporal en se méfiant un peu de lui, autant elle n'a aucun doute sur l'opinion que le puissant soldat se fait d'Armin.

-Ouais, c'est clair!, réplique Sasha. Bon, j'ai pas trop suivi la discussion vu que j'étais à moitié dans les pommes, mais je vois l'idée. Et puis quand on y pense, l'escouade Livaï a toujours compté des soldats exceptionnels qui sortent du lot. Ça prouve bien que tu y as ta place.

Le petit blond leur décoche un sourire reconnaissant. Il se sent vraiment chanceux d'avoir des amis qui le tirent vers le haut quand son propre cœur le tire vers le bas, et qui sont là pour lui. C'est aussi ça, l'escouade Livaï. Des jeunes soldats qui affrontent les périls de la guerre ensemble et qui veillent les uns sur les autres. Armin pense avec un sentiment de culpabilité à la peine qu'ils ont dû ressentir en le voyant presque mort suite à son sacrifice pour vaincre Bertholt. Il se rappelle de la douleur sans nom qu'ont causé ses nombreuses brûlures alors qu'il se livrait à l'ancien détenteur du Titan Colossal, comme si on appliquait plusieurs fers à repassés chauffés à blanc sur son corps, mais le fait que ses amis aient été dévastés par sa presque-mort lui procure une toute autre douleur, au niveau de la poitrine, cette fois.

-Espèce d'abruti, lui a dit Jean peu après que le Caporal Livaï, Hansi, Eren et Mikasa soient partis se rendre à la cave des Yeager. Tu crois que ça m'amuse de voir des amis clamser à cause des titans? D'abord Marco, et maintenant toi...

Il a fait de son mieux pour ne pas montrer son émotion grandissante.

-Mais ouais, carrément!, a lancé Connie les yeux pleins de larmes. Refais plus jamais un coup pareil...!

Une autre pensée vient troubler Armin, et ça concerne cette fois le Caporal Livaï. Il a vu son supérieur avoir autre chose qu'un visage froid lorsqu'il s'adresse à lui, bien que cela soit de manière furtive. Il se demande comment il doit supporter l'absence du défunt Major Erwin. Lui, Armin, a ses amis pour lui remonter le moral, et lorsque ces derniers se sentent mal, il est également là pour eux. Comment leur Caporal doit-il gérer la mort de son ami? Hansi est débordée de travail à cause de son nouveau poste de Major du Bataillon d'Exploration, en plus de son rôle de scientifique. Pour l'avoir vue travailler récemment, elle enchaîne plusieurs choses à la fois, et Armin se demande si elle arrive à s'arrêter un moment donné. Autrement dit, avec une Hansi travaillant comme une damnée qui doit certainement, elle aussi, supporter le poids de la disparition de son supérieur et ami, le Caporal Livaï a-t-il quelqu'un vers qui se tourner en cas de souci?

D'ailleurs, est-ce que leur Major a quelqu'un vers qui se tourner, aussi ? Peut-être le Caporal, puisqu'il la seconde quotidiennement. Mais le Caporal lui-même ? Ça, c'est une histoire.

Une voix dédaigneuse se fait alors entendre:

-Tu parles... ce sont que des foutaises, tout ça.

Les cinq compagnons tournent la tête en direction de celui qui vient de parler, Frock, qui a été réquisitionné pour leur prêter main forte. A la simple vue de ses sourcils froncés, Armin devine sans aucun mal qu'une pique désagréable ne va pas tarder à sortir de la bouche du jeune roux. Il n'a que le quart d'une seconde pour se demander à quelle sauce il va être mangé.

-Si le Caporal Livaï passe autant de temps avec toi, c'est seulement pour se donner bonne conscience. De toute évidence, il doit regretter son choix. Alors il se rachète en faisant semblant de s'intéresser à tes rêves.

Contrairement à ce à quoi s'attendait Armin, il n'y a aucune mal intention dans ses paroles. Il a réellement l'impression que Frock pense ce qu'il dit. Et, aussi curieusement que cela puisse paraître, il ne se sent pas le moins du monde blessé par ce qu'il vient d'entendre. Tout simplement parce qu'il a vu dans les yeux du Caporal qu'il était intéressé par tout ce qu'il lui racontait. Et il a également compris que cet intérêt a vu le jour quand son supérieur les a surpris, Eren, Mikasa et lui, en train de discuter dehors tard le soir - donc bien avant qu'il ait été question de faire l'injection.

Avant que ses amis ne répondent quoi que ce soit, Armin prend la parole d'une voix calme:

-Je crois que tu te trompes, Frock. Il y a bien plus que ça, à mon avis.

Le regard de son interlocuteur se fait plus moqueur.

-Évidemment qu'il y a bien plus que ça. T'es supposé être intelligent, non? T'as toujours pas percuté que vous vous ressemblez physiquement, Erwin et toi? Et que la seule raison pour laquelle le Caporal te convoque, c'est pour se servir de toi comme d'un bouche-trou?

-Un conseil Frock: ferme-la. Tu diras moins de connerie, fait Mikasa d'une voix calme mais qui laisse entendre qu'elle ne va pas tarder à sortir les griffes.

-Ouais, et on t'a déjà dit que ça servait à rien de remuer ce genre de choses, intervient Jean.

Loin de faire attention aux mises en garde de ses camarades, le jeune roux continue sur sa lancée avec un sourire narquois empreint de désillusion.

-En fait, vous savez quoi? On s'en fout. Ce corps d'armée est déjà corrompu jusqu'aux os alors je vois pas comment ça pourrait empirer... Car si les rumeurs sont vraies, alors le Caporal Livaï serait issu des Bas-Fonds, cet endroit où grouille la vermine, des racailles de toutes sortes et des gens au comportement louche. Et je suis sûr qu'il doit en rester quelque chose chez le Caporal. Alors si en plus il n'a choisi que des mineurs dans son escouade et qu'il s'entretient en plus celui qui a la gueule qui se rapproche le plus de celle d'un gosse... Vous avez déjà entendu parler de pédophilie ou d'attouchement sur mineurs? Bah voilà. C'est sans doute pour ça qu'il t'a choisi toi, Armin, au lieu d'Erwin, et que...

Sans que personne ne la voit venir, Mikasa assomme Frock sur la nuque d'un simple revers de la main, le faisant tomber, inconscient.

-Merci Mikasa, dit Connie. Il commençait à me saouler.

-Mais... tu l'as pas tué, dis-moi?, demande Sasha.

La jeune Ackerman lance un regard méprisant vers Frock.

-C'était tentant, mais je l'ai seulement paralysé. Il devrait reprendre connaissance d'ici quelques minutes.

-Okay... bah je vous propose de profiter de ce calme tant qu'il dure.

Armin, lui, perturbé par les propos du jeune roux, place ses bras autour de lui-même, comme s'il essayait de se protéger. Les paroles de Frock lui rappellent quelque chose qu'il aurait bien aimé oublier.

Et c'était quand il s'est fait passer pour Historia.

La sueur perle sur son front. Bon sang, il a encore l'impression de sentir les mains de cet homme explorer tout son torse... Il est sur le point de plonger dans ces souvenirs sordides lorsque la voix de Jean retentit près de lui.

-Armin! Hé, Armin!

Le jeune blond cligne des yeux avant de reporter son attention sur ses amis. Non, ce n'est pas le moment de se laisser aller à de telles pensées. D'autant plus qu'il a déjà plus que sa part de souci en ce moment. En effet, d'ici quelques jours aura lieu son premier test de transformation en Titan Colossal, et c'est un moment qu'il redoute véritablement. Il a compris qu'à l'avenir, il devra incarner ce que Betholt incarnait pour eux tous, à savoir un monstre de destruction. Eh, ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le Titan Colossal est surnommé "le dieu de la destruction". La simple idée d'être quelque chose dont il faut avoir peur lui fait faire d'interminables cauchemars, si bien qu'il ne trouve pas le sommeil. Ses amis lui ont pourtant affirmé que cela n'enlèvera en rien qui il est réellement. Ce n'est pas parce que tu passes pour un monstre que tu es un monstre, lui ont-ils dit récemment. Il aimerait tant avoir la même assurance qu'eux...

-Ça ira, Armin?, demande Mikasa.

Voyant le regard soucieux de ses amis, le cœur d'Armin se serre. Les voir s'inquiéter pour lui le touche beaucoup. Ça lui rappelle qu'il a de la valeur pour eux.

-Oui, désolé de vous inquiéter, répond-il. On devrait y retourner si on veut finir avant ce soir.

Il désigne les écuries d'un geste de la main. Ses amis se saisissent donc de leurs balais et autres ustensiles de nettoyage, et reprennent là où ils se sont arrêtés.

Je suis quand même chanceux de les avoir à mes côtés, songe Armin en repensant à ces camarades qui l'accompagnent depuis plusieurs années. On a de la chance de nous avoir les uns les autres.

***

-Dis donc Armin, qu'est-ce que tes camarades pensent de moi ? Tu peux me dire ?

Ce soir, comme tous les soirs désormais, Armin s'est rendu dans le Bureau du Caporal Livaï pour parler entre autres du monde extérieur. Il leur arrive aussi d'évoquer autre chose dans leurs discussions. Seulement, le jeune Arlert ne s'est pas attendu à ce que son supérieur lui pose une telle question.

Il repense alors à l'échange qu'ils ont eu avec Frock quelques heures plus tôt, et pense qu'il vaudrait mieux laisser cet épisode sous silence.

-Eh bien, je sais que la plupart d'entre eux vous admire pour votre force et pour votre courage. Vous êtes tellement redoutable que les gens vous respectent instantanément. Et vous inspirez de la crainte, aussi. Les gens ont peur de vous, quelque part.

Il y a quelques jours, Armin a pu dire à son supérieur ce qu'il a pu voir de lui. Il n'aurait jamais cru que la discussion se poursuivrait de la sorte en évoquant cette fois ses camarades.

Le Caporal ne répond rien et se contente de regarder droit devant lui. Armin reporte son attention sur le livre qu'il a entre les mains, attendant que son supérieur rebondisse sur ce qu'il vient de dire.

-Réponds-moi franchement gamin: est-ce que je te fais flipper, toi ?

Le petit hoquet de surprise poussé par le jeune blond n'est sûrement pas passé inaperçu. Il lève les yeux vers le Caporal, et il voit aussitôt que ce dernier a le regard lointain.

-Si c'est le cas et que tu veux arrêter ce qu'on fait, libre à toi de t'en aller, ajoute l'homme plus âgé.

L'incrédulité qui parcourt le jeune stratège est telle qu'il ouvre de grands yeux, alors qu'un millier de questions lui traverse le crâne. Pourquoi le Caporal Livaï lui pose-t-il cette question ? Pourquoi maintenant ? Pense-t-il qu'il l'oblige à parler du monde extérieur avec lui ?

-Quoi? Mais...non! J'adore ce qu'on fait, au contraire. Je vous l'ai déjà dit, c'est un honneur pour moi de vous faire part de mes rêves. En plus, vous avez l'air d'être réellement intéressé par ce que je vous raconte, alors ça me fait doublement plaisir.

-T'avais peur de moi au début, pourtant, réplique le Caporal.

-Oh... Oui, vous m'intimidiez, les premières fois. Puis vous avez commencé à apprécier ce que je vous lisais et c'est allé mieux. Et puis, vous avez beau être exceptionnellement fort, vous n'en demeurez pas moins attentif à nos besoins. Il y a votre force mentale, aussi, qui me fait vous admirer encore plus. Et... vous m'avez encouragé tellement de fois que je ne peux que vous être reconnaissant de veiller sur moi. Alors non, je n'ai plus aucune raison d'avoir peur de vous.

Armin est surpris par sa propre aisance. Il n'aurait jamais été capable de déballer tout ça à son Caporal quelques semaines plus tôt. Il trouve même l'audace d'ajouter, en baissant néanmoins le regard:

-Je crois... que je suis chanceux de vous avoir à mes côtés.

Après un moment, il entend son supérieur soupirer. En levant de nouveau la tête, le petit blond voit que ses sourcils sont froncés. Quant à ses yeux, Armin ne saurait dire ce qu'il y trouve. De la tristesse sans doute? A moins qu'il ne soit ému parce qu'il vient de dire. Non, il doit sûrement se faire des idées.

-Si tu le dis, finit par répondre l'homme plus âgé.

À la lueur des flammes, le visage du Caporal semble fatigué. Enfin, plus fatigué qu'en temps normal. Car Armin a bien remarqué sa posture lors de leurs entretiens, juste avant qu'ils ne commencent à parler du monde extérieur. Il a le dos légèrement voûté, tandis que sa mâchoire semble crispée, comme s'il essayait de ne pas faire exploser ses émotions. Cette fatigue accumulée au fil des jours est sans aucun doute due à l'absence d'Erwin.

Cette pensée fait naître en Armin un sentiment de compassion mêlée à une affection toute nouvelle pour son Caporal.

Et alors que les deux hommes retournent à leurs moutons, le jeune blond se dit qu'il aimerait faire quelque chose pour aider son supérieur. Parler avec lui du monde extérieur semble le détendre, mais Armin est conscient qu'il faudra plus que ça pour que le puissant soldat se sente mieux.

Une seule interrogation tourne dans sa tête, une interrogation qu'il aimerait poser au Caporal Livaï mais qu'une espèce de pudeur l'empêche de faire alors même qu'il n'a plus peur de lui:

Que voulez-vous que je fasse pour vous, Caporal Livaï ?

~~~

Je ne vais pas vous mentir, mais c'est la première fois que je mets un trigger warning dans une de mes histoires. Et pour être honnête, la partie où on voit ce qui arrive à Armin alors qu'il se fait passer pour Historia... je crois que c'est la scène dans tout SNK qui m'a le plus dérangée. Il y a des gens vraiment ignobles, ça me dégoûte...

C'est assez délicat de traiter de ce qui se passe après avoir vécu un tel traumatisme, d'autant plus que c'est un événement qu'on n'évoque pas tant que ça dans SNK. On met plutôt l'accent sur le fait qu'Armin a dû tuer quelqu'un pour la première fois. Ce qu'il a subi en revanche en se faisant passer pour Historia est à peine effleuré. Peut-être que c'est pour montrer à quel point Armin est fort mentalement ?... Vous en pensez quoi, vous ?

J'ai aussi voulu montrer l'équipe soudée que forme l'escouade Livaï. Ça me paraissait important parce que, bien que ce soit une fanfic basée sur la relation grandissante entre Armin et Livaï, il n'empêche qu'Armin a également de fortes amitiés de son côté, comme on a pu le voir avec Eren ou Mikasa, par exemple. Je ne me voyais pas occulter cet aspect important de la caractérisation des personnages à travers les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres. C'est d'ailleurs pour ça qu'on voit qu'Erwin manque à Livaï, et c'est aussi pour ça qu'on verra des interactions entre lui et Hansi dans les prochains chapitres.

Et en parlant de la caractérisation des personnages... je m'excuse d'avance auprès des potentiels fans de Frock. C'est vraiment un personnage avec lequel j'ai du mal, j'arrive tout simplement pas à m'attacher à lui... C'est donc sur lui qu'est tombé le rôle ingrat de l'enquiquineur de service. Mais je vous rassure, ces quelques interventions de sa part teasent quelques événements qui prendront place par la suite.

Je tease beaucoup trop de choses, n'empêche.

On voit également qu'Armin s'attache de plus en plus à Livaï, et il commence à voir l'aspect plus dissimulé de son supérieur. Et croyez-moi, ce n'est que le début.

Je vous dis à bientôt pour le prochain chapitre du point de vue de Livaï ! (Sans vous en dire plus, c'est un chapitre que j'apprécie particulièrement ^^)

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