XXIV. La Magie de Noël
𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗦𝗶𝗿𝗶𝘂𝘀 𝗕𝗹𝗮𝗰𝗸.
Pour une raison que j'ignorais, les insultes que Lord Ver de Terre avait proférées envers nous avaient profondément heurté Remus. Il était devenu très timide, bien plus timide qu'avant. Avec moi, j'avais l'habitude, mais même avec les autres élèves, il hésitait toujours avant de prendre la parole. J'avais bien entendu tenté de le rassurer, en lui expliquant qu'il ne fallait pas prêter attention aux paroles de ce Serpentard à la tête de bouse de dragon, mais mon copain semblait malgré tout soucieux.
Ce matin-là, nous étions tous les quatre dans notre dortoir, quelques jours après notre virée à Pré-Au-Lard. James avait accompagné Remus acheter nos cadeaux, et j'avais finalement passé la matinée en compagnie de ce cher Peter. Bien qu'empoté et assez simplet, il pouvait également se révéler très sympathique.
Nous parlions tous ensemble, pour savoir avec qui nous allions passer la journée. C'était une tradition, à Poudlard, même quand il n'y avait pas de bal : Les élèves passaient la journée en couple, afin de « vivre pleinement la Magie de Noël », comme disaient les septième année. Bien entendu, Remus et moi allions passer la journée tous les deux. Peter disait qu'il projetait de demander avec une fille de Poufsouffle de venir avec lui, et James, bien entendu, nous baratinait avec des paragraphes à n'en plus finir de discours sur Lily Evans.
⸺ Pourquoi refuserait-elle de passer la journée avec moi ? finit-il après six – (inter)minables – strophes d'Ode à la Perfection de la Grande Lily.
Je fis mine de réfléchir tout en continuant de passer ma main dans la chevelure de Remus.
⸺ Mmh... voyons... peut-être parce qu'elle te déteste ?
⸺ Mais moi je suis complètement fou amoureux d'elle ! Qu'est-ce qu'elle trouve de plus à son cher Servilus ?
⸺ Le fait qu'il la respecte, intervint Remus avec un sourire. À ce que je sache, je n'ai jamais vu Rogue avoir de gestes ou de paroles déplacées envers elle, ni insister à mort pour qu'elle passe du temps avec lui alors qu'elle n'en a pas envie.
⸺ C'est un Serpentard. Et donne-moi un seul exemple de fois où je n'ai pas été correct avec elle, s'insurgea James, sans écouter le jeune Lupin.
⸺ Voyons... toutes les fois où tu as eu un contact avec elle ? Oui, je crois bien que c'est cela.
⸺ Merci beaucoup, Peter. Quelle solidarité amicale, je n'en reviens pas !
On riait, tous les quatre. Loin de toute la bêtise du monde.
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⸺ Mmh... joyeux Noël mon cher, articula une voix faible tandis que j'ouvrais les yeux. Mon regard croisa immédiatement celui de Remus, et je déposai rapidement mes lèvres sur les siennes pour le saluer.
⸺ Joyeux Noël, Remus. Je te souhaite une journée pleine de magie ! Enfin, encore plus pleine de magie que d'habitude.
⸺ Pas besoin de magie, puisque tu es là, sourit le lycanthrope en me prenant dans ses bras.
Je me blottis contre lui, à moitié endormi.
⸺ C'est incroyablement niais, ce que tu viens de dire là. Mais enfin bon, ça ne change pas de d'habitude. Quelle heure est-il ?
⸺ Sept heures du matin.
⸺ Bon sang, 'mus ! On est restés tous les quatre à Poudlard pour ces vacances de Noël... Les vacances, 'mus. Je suis trop beau pour devoir me lever à sept heures du matin le jour de Noël !
⸺ Oui, il est tôt. Mais l'avantage, c'est qu'on pourra passer plus de temps ensemble ! Parce que c'est la journée des couples, parce que nous en sommes un, parce que je suis heureux de pouvoir passer cette journée avec toi. Parce que je t'aime.
Ces mots me firent littéralement fondre. Je sentais mon cœur tambouriner dans ma poitrine, et, le temps d'un instant, j'oubliai le reste du monde : Je me retournai pour embrasser Remus. Pas un de ces baisers timides que nous échangions chaque jour, non. Un baiser bien plus passionné. Contrairement aux craintes dont il avait pu me faire part et à ce qu'il pensait, Remus embrassait plutôt bien. Vraiment bien, même.
Sirius, reprends-toi. Arrête de penser aux baisers à chaque fois que tu te trouves en la présence de Remus.
Cela devait faire une bonne demi-minute que nous nous embrassions, un idiot sourire plaqué sur les lèvres, quand j'entendis les rideaux s'ouvrir.
⸺ AH, AH ! PRIS SUR LE FAIT ! cria une voix rieuse.
Je me retournai pour tomber face aux deux silhouettes de James et Peter qui riaient à s'en faire mal au ventre.
⸺ Vous êtes sérieux, les garçons ? grognai-je sans retenir un ricanement.
⸺ On est passé au stade des baisers à ce que je vois, rit le jeune Potter avant de mimer de manière exagérée deux personnes qui s'embrassaient à grands renforts de bruits gutturaux atroces pour la bonne santé des tympans humains.
Il rit encore un moment avant de se rapprocher de nous deux qui étions rouges de honte devant la réaction enfantine de nos amis.
⸺ Ne te moque pas, James. On dirait un gamin de cinq ans, dis-je.
⸺ C'est peut-être ce qu'il est, suggéra Remus d'une voix forte en éclatant de rire.
⸺ Non, mais vous ne vous rendez pas compte ! Vous vous êtes déjà embrassés plusieurs fois et vous ne nous en avez rien dit ? Mais pourquoi donc ?
⸺ Peut-être parce que nous savions que vous réagiriez comme des enfants curieux ? répondit Remus tandis que je me rallongeais à ses côtés.
⸺ Comment voulais-tu que nous réagissions ? ricana le jeune Potter en ébouriffant les cheveux blonds de Peter qui n'arrivait plus à s'arrêter de rire.
⸺ Je ne sais pas. Connais-tu le mot « sérieux » ? Comme dans l'expression « avec sérieux » ?
James fit semblant de frotter une barbe imaginaire.
⸺ Sérieux ? Tu viens de m'apprendre un nouveau mot, là. Je vais tâcher de l'oublier très vite, il est bien ennuyeux.
⸺ C'est bien ce que je pensais.
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⸺ Joyeux Noël, et bon repas à tous ! N'oubliez pas de goûter les tartes au citron, ce sont les meilleures ! tonna Dumbledore tandis que les quatre tables, où tous les élèves s'étaient mélangés, discutaient joyeusement.
⸺ Ah, ce Dumbledore, toujours le mot juste pour finir ses discours, apprécia Peter en se précipitant sur les plats qui apparaissaient sur les tables.
La fille de Poufsouffle avec qui il comptait passer la journée l'avait repoussé (avec quelques jurons à l'intention de « tous les garçons stupides qui lui demandaient de sortir avec elle sans la connaître réellement »), et il en avait été réduit à faire cavalier seul avec James, que (sans grande surprise) Lily avait refusé avec véhémence.
⸺ Comment s'est passé votre journée ? demandai-je entre deux regards amoureux avec Remus.
⸺ Nous avons intercepté quelques cartes d'amour entre les élèves pour les rediriger vers de mauvais destinataires. Beaucoup d'élèves se sont disputés et c'était très drôle à voir !
⸺ J'en étais sûr, rit Remus en mâchant un bout de viande.
Le repas était succulent, mais très vite, l'ambiance tourna à l'ennui. Comme on pouvait s'y attendre, James proposa de relever des défis. Peter dut faire tenir un verre d'eau au bout de deux de ses doigts durant trente secondes (le verre tomba sur la table au bout d'une demi-dizaine de secondes et éclaboussa la chemise de James ainsi que les habits d'une Serdaigle indignée), et Remus et moi dûmes essayer de nous embrasser en mangeant la même tagliatelle (et je le dis clairement : ce défi est impossible. Les pâtes sont trop molles et se cassent trop facilement. Les films moldus nous mentent effrontément.), et James voulut faire le malin et faisant exploser un mini feu d'artifice à la table des Serpentard.
En somme, tout allait bien.
Tout était bien.
Tout était bien mieux qu'avant. Je savais que Poudlard était magique... mais il n'y avait pas que de la Magie en dessous de ça. L'amitié avait grandement amélioré ma vie. James, Peter et Remus étaient de vrais amis. Pas ceux avec qui ont échange trois mots le matin pour se saluer, non, pas du tout. C'étaient de véritables amis, ceux avec qui je passerais toute ma vie. Ceux à qui je pouvais faire confiance.
James était mon meilleur ami. Compagnon de farces, confident prioritaire pour mes secrets, je savais que je pouvais lui faire confiance. Il était sympathique et, comme moi, un peu rebelle. Comme le disait si bien Remus, c'était ce qui faisait notre charme ! Enfin, surtout à moi.
Peter était aussi un véritable ami. Au début, nous avions eu un peu de mal à l'accepter dans notre groupe. Il était un peu simplet, pas forcément très futé. Mais, finalement, Pettigrow était un garçon très gentil, souriant, toujours prêt à rendre service.
Et Remus... eh bien, c'était Remus.
Mon amour. Pour l'éternité. Les Moldus disent « Jusqu'à ce que la mort nous sépare ». Mais non. Même mort, je continuerai à l'aimer.
Remus, tu as à jamais gravé les mots « Je t'aime » dans mon cœur. Je sais que tu as horreur de ce genre de phrase de Drama Queen, mais tu ne me les enlèveras pas de la bouche : je les pense.
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