XV. Enfin ? Ou bien...
𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗲𝗺𝘂𝘀 𝗟𝘂𝗽𝗶𝗻.
⸺ MONSIEUR LUPIN ! hurla une voix désagréable et cassée, me faisant soudainement sursauter. JE NE VOUS DÉRANGE PAS ?
Je me retournai aussitôt, face à mon bureau, gêné de m'être fait réprimander devant la classe entière. Il fallait dire que cela arrivait rarement. Mais en ce moment, mes trois amis m'harcelaient presque en me répétant que je pouvais leur parler si j'avais besoin de me confier au sujet de ma lycanthropie, qu'ils m'écouteraient toujours d'une oreille attentive. Là, c'était Peter qui m'avait interpellé dans le courant du cours de Sortilèges, et, malheureusement, son petit couinement surpris quand je m'étais retourné vers lui pour lui donner une tape dans le dos avait attiré l'attention du professeur Flitwick qui nous toisait à présent, furieux.
⸺ Excusez-moi, professeur, dis-je, légèrement honteux de cette remontrance.
Après m'avoir lancé un regard noir, Flitwick reprit ses explications. Il semblait passionné par ce qu'il racontait, bien que je ne comprenne pas son engouement autour de la création de la loi Rappaport sur l'usage des Sortilèges de Temps, bien que ç'aurait pu être un sujet intéressant si j'avais dans d'autres circonstances mentales.
Je n'eus pas vraiment le temps de recommencer à prendre des notes que Sirius commença à me parler. Je ne savais pas vraiment de quoi, mais le professeur, méfiant, se retourna aussitôt d'un air furieux :
⸺ Messieurs Black et Lupin ! Je ne vous dérange pas ?
Sirius sourit. D'un sourire espiègle qui m'alarma aussitôt. Une réplique cinglante menaçait de franchir la barrière de ces lèvres dans les quelques secondes qui allaient suivre. Malheureusement, je n'eus pas le temps d'arrêter mon ami qu'il répondit d'une voix calme, aussi posée que s'il était en train de discuter du beau temps :
⸺ Un peu, je dois l'admettre, professeur.
Quelques ricanements se firent entendre tandis que le petit sorcier virait au rouge, comme prêt à exploser. Ce qui était bien sûr inévitable se produisit. Flitwick resserra le poing sur sa baguette et hurla d'une voix étonnamment puissante pour un si petit corps :
⸺ DEHORS ! TOUS LES DEUX ! Vous aurez des problèmes, jeune homme, je vous le promets !
Malgré ses cris, la classe continuait de rire, en particulier James, qui était écroulé sur son bureau. Lily, en face du groupe des quatre garçons, arborait un sourire dissimulant à coup sûr un fou rire – c'était étonnant, car elle méprisait d'habitude ce genre de répliques insolentes –, et Peter ricanait. Enfin couinait, on pouvait sans mal confondre les deux, il fallait l'avouer. Les autres élèves passaient du ricanement poli au fou rire incontrôlable. Le professeur de Sortilèges était rouge de colère, et moi rouge de honte. Quelle palette de couleurs pour tant d'émotions !
⸺ Sirius, là, tu abuses, lâchai-je avec colère alors qu'il recoiffait du bout des doigts ses longs cheveux noirs qui menaçaient de bientôt toucher ses épaules s'il ne les coupait pas.
Je pris son sac et suivis mon camarade de classe vers la sortie de la salle.
⸺ Rendez-vous dans votre dortoir en attendant le prochain cours ! Je ferai des retours à votre directrice de Maison – et ne vous avisez pas de faire un détour ! éructa le professeur.
Sirius referma la porte puis se mit à marcher dans le couloir en sifflotant, son sac sur les épaules. Il s'apprêta à tourner, mais je courus dans sa direction et le rattrapai.
⸺ Sirius, tu as dépassé les limites, là ! Tu es content du fait que l'on doive retourner au dortoir ?
Sans me prêter attention, il continua de marcher avec un idiot sourire sur son faciès.
⸺ Je préfère retourner au dortoir avec toi que devoir écouter un cours théorique sur des révisions de l'année précédente ! Pas toi ?
Je m'apprêtai à le réprimander encore une fois, énervé, mais je me ravisai finalement et soupirai.
⸺ Ce n'est pas parce qu'un cours ne t'intéresse pas qu'il est justifié de perturber la classe avec des remarques insolentes.
Il leva les yeux au ciel sans retenir un nouveau sourire timide.
⸺ Oui, maman.
⸺ Arrête de m'appeler comme ça ! grognai-je d'une voix morne. Je ne suis pas l'horrible personne qu'est ta mère – enfin, ce que tu nous en racontes.
⸺ Oh, mais c'est que mon 'mus est énervé ! rit mon ami en m'ébouriffant les cheveux, tel un enfant en bas-âge qui n'aurait pas compris pourquoi il avait été réprimandé.
Je grognai une nouvelle fois.
⸺ Sirius, je te préviens, je ne suis pas d'humeur. Alors ne commence pas à me charrier, cela m'énerve !
Je pressai le pas, vraiment furieux. Au bout de quelques secondes de voyage, le jeune Black me rattrapa, et nous entrâmes tous les deux dans la salle commune de Gryffondor sous le regard étonné de la Grosse Dame qui s'entraînait à chanter un air d'opéra. Je ne pouvais m'empêcher d'ignorer Sirius, pour lui faire comprendre que me faire réprimander devant la classe entière à cause de lui ne m'avait vraiment pas plu. Je montai les escaliers à ses côtés dans un silence de mort et me laissai tomber sur mon lit dans un soupir.
⸺ Tu m'en veux vraiment ? finit par demander timidement Sirius en s'approchant de moi. Je ne pensais pas que tu le prendrais comme ça, je plaisantais.
Il s'assit sur mon lit et s'allongea à mes côtés. Je tordis ma bouche dans un étrange rictus pour lui démontrer ma mauvaise humeur. Je n'avais pas l'habitude de faire des caprices, mais en moment, tout allait mal !
⸺ Veux-tu bien m'adresser la parole pour me répondre, 'mus ? Je ne parle pas l'ours grognon, désolé.
Je repliai brusquement mon bras pour lui donner une tape sur le visage, mais il fut plus rapide que moi : il m'attrapa le poignet et le serra en me lançant un regard courroucé.
⸺ Remus, calme-toi, ce n'est pas si grave ce qui s'est passé.
⸺ Excuse-moi, dis-je aussitôt, sans trop savoir pour quelle raison j'avais essayé de le frapper. Enfin, pas de le frapper, mais de lui faire du mal.
Le monstre reprenait le dessus... ce n'était pas bon, pas bon du tout.
Il ne fallait pas que je cède. Il ne fallait pas que je fasse du mal à mon ami.
⸺ Excuse-moi.
Je fermai les yeux pour m'éviter de pleurer. Mais quand je sentis Sirius effleurer ma main du bout de ses doigts, je ne pus retenir une larme.
⸺ Excuse-moi, je répétai pour la troisième fois.
⸺ Il n'y a pas de problème, m'assura-t-il avec un faible sourire. Ne commence pas à vivre des moments insignifiants avec autant d'intensité.
Je tournai ma tête vers lui.
⸺ Je... quand j'ai compris que j'avais voulu te frapper, j'ai cru un instant que j'avais cédé au monstre tapi en moi. Mais... je suis un monstre. Je suis vraiment désolé, Sirius.
Il fronça les sourcils, ce qui fit apparaître un pli entre ses deux sourcils. En d'autres termes, il aurait pu me paraître adorable, mais j'étais si éprouvé que je ne prêtai presque pas attention aux battements de mon cœur qui redoublaient de vitesse lorsque Sirius se hissa sur son coude. J'étais allongé, en train de pleurer, tandis qu'il m'observait, presque inquiet. Il finit par tendre sa main vers mon visage. Dans un accès d'idiotie, je mis mes mains devant mes yeux. Mais il se contenta de les écarter, et recueillit une de mes larmes dans le creux de son pouce, comme un père qui console son enfant.
⸺ Remus... calme-toi. Je... tu ne me fais pas confiance ?
Sa voix hésitante me brisa le cœur. Et dire que c'était de ma faute ! Je n'étais qu'un monstre. Un ignoble monstre.
⸺ Si... Excu...
⸺ Si tu dis encore une fois « excuse-moi », je te jure que je ne t'adresserai plus la parole.
⸺ Je... merci, Sirius.
Il s'arrêta et bégaya :
⸺ M... merci... merci pour quoi ?
⸺ Pour tout, finis-je par lâcher d'une voix reconnaissante. Merci pour tout. Pour être toujours mon ami. Pour me soutenir malgré le fait que les temps soient durs pour moi. Pour m'avoir toujours défendu. Et pour ne jamais m'en vouloir quand je me comporte comme un idiot.
Il me sourit.
⸺ De rien. Mais je persiste à penser que tu portes un jugement trop dur sur toi-même.
⸺ Que puis-je y faire ?
⸺ Crois-moi quand je te dis que tu es une personne formidable. Tu peux le faire, ça ?
Son sourire adorable me fit perdre toute contenance. Je suis sûr que je devais avoir l'air complètement idiot, rouge comme une tomate ! Et... pendant un instant, je crus... je crus que...
Qu'il me dévisageait... amoureusement ?
Mes rêves et mes espoirs m'emportèrent. Sirius, amoureux de moi ?
Pourtant, après un dernier sourire, et m'étreignit brièvement puis se releva.
J'entrouvris les lèvres pour reprendre mon souffle. Je ne comprenais plus rien. Mais coupant court à ma réflexion intérieure, la sonnerie parvint à mon oreille, m'enjoignant de me rendre en cours.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top