XII. Explications entre amis ou Récit d'une vie Maudite

𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗦𝗶𝗿𝗶𝘂𝘀 𝗕𝗹𝗮𝗰𝗸.


Il éclata une nouvelle fois en sanglots et s'agrippa à mes épaules de manière désespérée, m'étreignant avec force. Je lançai aussitôt un regard sévère à James et Peter, qui semblaient sur le point de faire un arrêt cardiaque. Pettigrow était blême et James était rouge, se retenant de presser Remus d'un millier de questions explosives au bas mot. Il se passa de longues minutes durant lesquelles Remus sanglotait contre mon épaule, tandis que je lui caressais doucement les cheveux pour le calmer. Quand il s'aperçut que je ne le repoussais pas, il se détendit légèrement. Et au prix de nombreux efforts, il se dégagea lentement de mes bras et se rassit sur son matelas. Il n'osait pas lever la tête pour affronter notre regard, et je le comprenais bien. Même s'il n'avait aucune raison d'agir ainsi. Je ne ressentais aucune once de jugement en moi... Seulement de la pitié.

⸺ Désolé... je n'aurais jamais dû vous dire cela. Jamais. Jamais. Jamais. Je vous ai mis en danger et...

Je repris aussitôt mes esprits en entendant le son de sa voix peinée et rauque, et m'agenouillai devant lui pour le regarder dans les yeux. Il hoquetait.

⸺ Ne dis jamais cela, Remus, tu m'entends ? Tu as déjà dû subir tellement d'horreurs... Ne t'en excuse pas !

Il ne me répondit pas, et, plus loin, dans le château, j'entendis un bruit de porcelaine brisé, un vase très certainement. À moins que ce ne soit mon cœur explosé en quelques milliards de morceaux devant son air brisé. Même si ce genre de tirade mélodramatique était ridicule, Remus était mon ami. Je m'en voulais de ne pas avoir pu l'aider avant.

Finalement, ne tenant plus, James lâcha en rafale :

⸺ Depuis quand ? Pourquoi ? À cause de qui ? Ou alors c'est de naissance ? Pourquoi ne nous en as-tu rien dit ? Où allais-tu durant tes transformations ?

Je sentis Remus trembler, et je passai une main autour de ses épaules pour le rassurer, sans grand succès. Quand il éclata une nouvelle fois en sanglots affolés, je fusillai James du regard. Mais Remus finit quand même par nous répondre d'une voix saccadée :

⸺ Je... je vais tout vous raconter. Mais laissez-moi d'abord quelques minutes.

Je retins toutes mes interrogations, essayant d'ordonner le nuage en bazar de mots dans mon esprit. Sans parvenir à y arriver. Les questions se formaient tellement vite dans ma tête que ça m'en donnait la migraine.

⸺ Oui, si tu veux. Mais nous restons là en attendant.

Il y eut un silence lourd, et je ne pris conscience que c'était ma voix qui avait formulé ces phrases qu'à partir du moment où je remarquai les regards perquisiteurs de James et Peter m'interroger silencieusement.

Remus sécha ses larmes d'un revers de manche, et prit plusieurs inspirations profondes et paniquées. Puis il grimaça, avant de lâcher :

⸺ Bon... cela ne sert à rien de repousser l'échéance, je suppose ? Vous ne me laisserez pas tranquille tant que je ne vous aurai pas tout révélé dans les détails ?

Je secouai la tête en même temps que mes deux autres amis sur le lit d'en face.

⸺ Non. Je ne veux pas te mettre la pression, mais nous sommes tes amis et nous sommes en droit de savoir. Nous ne voulons que t'aider, Rem', mets-toi ça dans le crâne.

Il releva lentement la tête :

⸺ Vous... vous êtes encore mes amis ? Je veux dire... Je suis un monstre...

⸺ Ne dis pas ça ! cria furieusement James. Tu n'es pas un monstre !

⸺ C'est vrai, renchérit Peter, un peu stressé. Tu restes le même Remus que l'on connaît, après tout !

Je lui lançai un grand sourire.

⸺ Ils ont raison. Nous resterons amis, Remus. Ce n'est pas de ta faute si tu es un loup-garou, pourquoi devrais-tu le payer ? Surtout par un prix aussi dur qu'une absence complète de vie sociale.

Il me serra brièvement dans ses bras puis reprit sa place sur le matelas, l'air un peu gêné.

⸺ Je... je vous en suis très reconnaissant...

⸺ Tu n'as pas à l'être. C'est normal.

⸺ Oh, tais-toi ! rit-il au travers de ses larmes. Laisse-moi parler s'il te plaît, d'accord ? Je vais tout vous dire.

Il s'assit en tailleur sur son lit, et l'étincelle reconnaissante et émue étant passée brièvement dans ses yeux s'effaça pour faire place à une gravité sans nom. Il commença d'une voix mal assurée :

⸺ Je... C'est compliqué pour moi de vous raconter tout cela. Vous êtes les premières personnes à qui je le dis...

Il marqua une pause.

⸺ C'était un soir comme les autres. J'avais quatre ans. Dans quelques jours, ce serait mon cinquième anniversaire. J'étais un petit garçon comme les autres, joyeux et innocent. Je manifestais déjà de légers signes de magie, pour la plus grande fierté de mes parents. Malheureusement, mon père avait eu une grosse querelle avec un lycanthrope nommé Fenrir Greyback...

Le nom me donna des frissons. Je serrai les poings. Si je le retrouvais, celui-là, je n'hésiterais pas une seule seconde à le tuer ! Comment avait-il pu faire cela ? À un enfant innocent qui plus est !

⸺ Mon père avait qualifié les loups-garous de « Créature dépourvues d'âme, diaboliques, ne méritant que la mort. ». Greyback n'a pas du tout apprécié. Ce monstre avait l'habitude de punir ceux qui se dressaient en travers de sa route en maudissant leurs enfants à jamais. En les mordant. J'en ai fait les frais.

J'émis un grognement sourd tandis que Remus déglutissait bruyamment pour s'empêcher de paniquer. Je voyais ses mains trembler.

⸺ Ce soir-là, je jouais tranquillement dans ma chambre, juste avant d'aller dormir... Il a défoncé ma fenêtre et s'est jeté sur moi. Il m'a mordu. C'était horrible. J'ai tout naturellement hurlé. Mes parents sont aussitôt accourus, et mon père a fait fuir Greyback à l'aide de puissants sortilèges. Il a essayé de me soigner, mais c'était trop tard. Greyback m'avait mordu. J'étais condamné à être un loup-garou.

Il reprit doucement sa respiration, puis continua d'une voix enserrée par l'émotion :

⸺ Mes parents ont fait tout leur possible pour trouver un remède. Ils n'ont rien trouvé, simplement parce que cela n'existe pas ! Je suis condamné à vivre toute ma vie comme ça ! Moi qui auparavant était si joyeux et amical avec tous les autres enfants, j'ai vite compris que plus rien ne serait comme avant. Auparavant, j'étais toute la journée dehors, à courir dans les champs. Fini ! Auparavant, je jouais toujours avec les autres enfants. Fini aussi ! Mes parents avaient trop peur que je révèle mon état. Et dès que quelqu'un avait ne serait-ce qu'un infime soupçon, nous partions. Oh, je pourrais vous en citer des lieux où nous avons vécu puis déménagé ! Au début, c'était simple : on m'enfermait dans une pièce qu'on insonorisait et qu'on verrouillait, tout se passait bien. Seulement, comme je vous l'ai déjà dit, je manifestais déjà des signes de magie très précoces. Ce qui faisait que j'étais effroyablement puissant. Au bout de quelques années, il fallait utiliser de très puissants sortilèges pour me maintenir, qui ne marchaient presque pas. Je ne suis pas conscient de ce que je fais quand je me transforme. Et vu le peu qu'on m'en a rapporté... Je ne souhaite pas le savoir. À dix ans, je pouvais déjà défoncer des portes en fer et des fenêtres.

Il avait l'air peiné et furieux. Je fus sur le point de lui proposer de faire une pause dans son récit mais il continua de plus belle :

⸺ Mes parents savaient que la société ne pourrait jamais m'accepter. Mon père savait que je ne pourrais jamais aller à Poudlard. Il a voulu m'éduquer à la maison.

Des larmes coulaient sur ses joues, et il semblait à deux doigts d'imploser.

⸺ Je n'avais jamais eu d'amis et Poudlard était une chance inespérée ! J'étais dévasté. Mais alors, quelques jours avant la rentrée, j'ai reçu la visite de Dumbledore. Il a discuté avec moi, joué, puis a fini par annoncer à mon père qu'il était au courant pour ma lycanthropie, grâce à des espions qui surveillaient Greyback qui se vantait de m'avoir mordu. Il a déclaré que Poudlard pouvait prendre des mesures de sécurité pour mes transformations et que je pouvais donc m'y rendre sans crainte. D'abord réticent, mon père a fini par accepter face à ma crise d'hystérie et de bonheur face à l'entente d'une si belle annonce. J'allais enfin pouvoir me faire des amis, après avoir grandi entre quatre murs changeant sans cesse et à m'entendre répéter que je ne devais pas sortir.

Il sourit.

⸺ Mes amis, c'est vous. Et je ne pourrai jamais vous remercier assez de l'être.

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