VI. Entrevue avec Dumbledore
𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗲𝗺𝘂𝘀 𝗟𝘂𝗽𝗶𝗻.
⸺ Vous êtes bien en avance, messieurs ! s'exclama le professeur Flitwick alors que nous passions la porte de la salle de cours de sortilèges. J'espère que vous garderez ce rythme tout au long de votre scolarité, ça ne pourra être que bénéfique.
Je souris et fis signe aux garçons de me suivre pour aller s'asseoir. J'entendis James maugréer de sa voix encore à moitié endormie :
⸺ En avance ! Le premier jour de cours ! Mais dans quel monde fantastique vis-je ?
Sirius lui donna un coup de coude, l'air malicieux.
⸺ Dans le monde de Poudlard, andouille !
Nous rîmes aux éclats. Potter et Black aimaient beaucoup se charrier, j'avais pu le remarquer. J'espérais qu'il y avait autre chose, tout de même. Qu'il était possible de parler de sujets sérieux avec eux, et pas simplement rire à longueur de temps. Me coupant dans ma réflexion, le reste des élèves arriva peu. Quelques-uns eurent un sourire amusé lorsque le professeur Flitwick monta maladroitement sur sa pile de livres pour commencer son cours. Sa petite taille devait être parfois un peu handicapante.
⸺ Bien le bonjour, chers élèves ! Nous voilà arrivés au premier cours de sortilèges, les première année de Gryffondor et Serpentard en commun. Pour ce premier cours, je vous présenterai les bases de ma matière, vous parlerai de l'organisation dans ma classe. Ensuite, nous commencerons le programme ! Pour chaque sort étudié, nous débuterons par un cours théorique, et, le cours suivant, nous passerons à la pratique.
Il laissa traîner son regard sur l'assistance, le regard sans doute un peu plus sévère que ce qu'il était réellement.
⸺ Prenez vos plumes, un parchemin et notez la date : 2 septembre 1971...
Je relevai aussitôt la tête. Déjà le 2 septembre ? Et dire que la pleine lune était dans moins d'une semaine ! Trois jours, exactement. Je grimaçai puis relevai la tête, un peu dépité. La fatigue tirait mes traits. Sirius me donna un léger coup de coude en me désignant James du menton. Je vis le jeune Potter fixer un point devant lui : Lily et son ami, ce Severus ou Servilus, je ne savais plus. Ils riaient tous les deux pendant que la jeune Evans essayait de lui expliquer quelque chose sur le cours. James resta immobile, serrant les poings. Je l'entendis murmurer :
⸺ Celui-là, il ne perd rien pour attendre. J'en connais un qui se prendra quelque chose de bien gluant sur la tête en plein cours, comme de la bave de Scroutt à Pétard. Finalement, Remus me sera d'une grande aide en termes d'idées de blagues...
Je regardai Sirius et on éclata de rire. Pourquoi James prenait-il autant à cœur l'amitié entre ces deux élèves ? Il n'avait jamais adressé la parole à Lily, que je sache. Et puis même si ç'avait été le cas, cette fille n'était en aucun cas sa propriété !
Sirius attarda un peu son regard sur moi, une lueur d'une émotion joyeusement naïve brillait dans ses yeux. Je me replongeai dans mes notes sans trop y prêter attention. Je m'ennuyais pas mal, à vrai dire : les questions des élèves étaient nombreuses, et le temps infini que prenait Flitwick pour réexpliquer ce qu'il venait de dire à quelques enfants inattentifs traînait. Un peu avant la fin du cours, on entendit toquer à la porte, qui s'ouvrit sur le professeur McGonagall, visiblement nerveuse.
⸺ Oui, professeur, que puis-je faire pour vous ? chantonna Flitwick de son étonnante voix fluette.
⸺ Je m'excuse sincèrement de vous déranger en plein cours, professeur Flitwick, mais j'aurais besoin de vous emprunter un élève... Remus Lupin, veux-tu bien me suivre, s'il te plaît ? Le professeur Dumbledore souhaiterait te parler. Prends tes affaires.
Soulagé d'avoir des nouvelles de la promesse du directeur, je m'exécutai sans réfléchir sous les murmures spéculateurs de mes camarades. Je ne prêtai pas trop attention aux « C'est un rebelle dont il faut se méfier, s'il est convoqué chez le directeur dès le premier jour... » et je fis signe à mes trois amis aux regards interrogateurs que nous discuterions après de ce qui se passait. Je ramassai mon sac et me levai. Mais au dernier moment, Sirius, à ma droite, me retint par le bras en me demandant :
⸺ Pourquoi Dumbledore voudrait-il te parler ? Tu n'as rien fait de mal !
⸺ On en parlera après, d'accord ? lui murmurai-je, pressé de quitter la salle.
Il me lâcha et je sortis de la salle sous le regard des autres première année, frottant mon bras engourdi. Le professeur McGonagall marchait vite et à grandes enjambées pressées, si bien que je devais presque courir pour me maintenir à sa hauteur. Après avoir traversé plusieurs couloirs et monté plusieurs escaliers, la professeure de Métamorphose s'arrêta devant une gargouille, qui leva un œil endormi.
⸺ Le mot de passe ? demanda-t-elle d'une voix grincheuse.
⸺ Esquimaux glacés ! répondit McGonagall sans se départir de son sérieux.
Esquimaux glacés ? Qu'étaient donc encore ces sottises farfelues ? Je m'attendis à ce que la gargouille éclate de rire, mais, contre toute attente, elle hocha la tête.
⸺ Passez.
Le professeur me fit signe de grimper sur les étranges escaliers de la statue, et je sursautai quand celle-ci se mit à tourner, nous faisant grimper jusqu'au bureau du directeur. McGonagall poussa la porte en bois massif et m'entraîna dans l'intérieur de la pièce d'un air anxieux. Mon regard tomba presque immédiatement sur le professeur Dumbledore. Le vieil homme se retourna et me sourit largement, ce qui calma un peu le stress qui s'était emparé de moi. La professeure de métamorphose sortit de la pièce.
⸺ Installe-toi, Remus. Je suppose que tu sais pourquoi tu es ici ?
Je hochai la tête, appréhendant quelque peu ce qu'il allait me dire.
⸺ Bien. Nous avons enfin trouvé une solution pour toi. Nous te proposons qu'à chaque pleine lune Madame Pomfresh ou le professeur McGonagall t'accompagne jusqu'au Saule Cogneur. Il y a un passage débouchant sur une petite cabane en bois. Tu pourras y passer tes nuits de transformation sans risques. Pense à prendre des vêtements, également. Le lendemain matin, l'infirmière viendra t'y chercher et te ramènera dans l'enceinte du château, à l'infirmerie. As-tu des questions ?
⸺ Oui... Quel mensonge devrais-je annoncer aux autres élèves pour couvrir mes disparitions ? demandai-je d'une voix anxieuse, me concentrant plus sur mes nouvelles relations sociales que sur le protocole mis en place.
⸺ Nous nous sommes mis d'accord avec tes parents, Remus : tu diras à tes camarades que tu dois te rendre chez toi pour rendre visite à ta mère malade.
⸺ Une fois par mois ? Vous pensez sérieusement que cela est crédible ? Sans vous manquer de respect, bien sûr...
Dumbledore sourit.
⸺ Ne t'inquiète pas, tu as tous les droits de ne pas forcément être d'accord. Nous cherchons juste les solutions les plus simples de t'aider avec ta lycanthropie et le regard des autres... tu as le droit de ne pas être d'accord avec nous.
⸺ Non, ce n'est pas ça, c'est juste que cela me semble un peu trop facile... vous pensez sincèrement que mes camarades se laisseront berner ?
⸺ Allons, Remus, ne t'inquiètes pas pour rien. Tes camarades ne vont pas venir t'assaillir de questions, voyons. À être sceptique de tout, on ne peut plus vivre !
⸺ Ce n'est pas du scepticisme, juste la réalité, me défendis-je anxieusement. Et si mes camarades de classe se laissent berner, cela va être plus compliqué avec mes amis...
⸺ Je te laisse le choix, Remus. Tu es libre de le leur dire. C'est parce que tes parents m'ont annoncé que tu avais du mal avec le jugement des autres que je te propose ce mensonge. Mais tu fais ce que tu veux. Je ne t'obligerai pas à le leur annoncer, comme je ne t'obligerai pas à mentir si tu le souhaites. D'accord ?
⸺ Oui, monsieur, acquiesçai-je, les joues brûlantes de honte de m'être emporté aussi vite alors que Dumbledore ne cherchait qu'à me rendre la vie plus facile.
⸺ Bien. Je te laisse retourner en cours. N'hésite pas à revenir me voir si tu as encore des questions, d'accord ? Bien. Passe une bonne journée, Remus !
« La journée se passa en effet sans entraves, mais Remus évitait les questions de ses amis comme la peste... mais le soir venu, ses trois camarades de dortoir le bloquèrent, ne lui laissant plus le choix : il allait devoir leur mentir. Et cela le rendait mal...
Il repensa alors à Sirius, et à son regard plein de compassion lorsqu'il lui avait agrippé le bras. Il ne méritait pas que le jeune loup-garou lui mente, mais il en était bien obligé... Et cela le faisait souffrir, bien plus que ce qu'il n'aurait jamais pu penser... »
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