I. Matinée pénible, voie 9 3/4 et Poudlard Express

(petit avertissement : la scène du train décrite dans cette fanfiction n'est pas fidèle à celle des livres, je l'ai modifiée)

𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗦𝗶𝗿𝗶𝘂𝘀 𝗕𝗹𝗮𝗰𝗸.


Je n'étais pas heureux. Je n'étais pas triste non plus. J'avais peur. Je ne saurais pas comment décrire cette émotion avec exactitude : dans mon cas, c'était un mélange d'appréhension de l'inconnu et d'excitation palpable. Je n'étais encore qu'un enfant approchant à grands pas de l'adolescence, vous savez. Pourtant, j'étais déjà un rebelle affirmé, révolté contre tout et tout le monde, et d'aucuns diraient que ma perception du monde était bien plus mûre que n'importe quelle autre réflexion d'enfant de mon âge.

Ce matin-là, mes parents, Orion et Walburga Black, comme on les appelait communément au sein de leur secte de familles de Sang-Pur, m'avaient réveillé dès l'aube. N'ayant pas l'habitude d'être tiré du lit de manière si matinale, j'avais un instant oublié que nous étions le 1er septembre, et que je faisais ma rentrée à Poudlard, l'école de Sorcellerie de Grande-Bretagne. Ma mère avait tiré mes rideaux d'un geste aussi sec que son empathie, inondant ma trop grande chambre de la lumière apportée par les rayons du soleil. Je m'étais retourné dans mon lit en grognant, enfonçant mon magnifique faciès dans l'oreiller dans une tentative veine de me rendormir, sans beaucoup de succès. Ne me prêtant aucunement attention, elle était sortie en lançant à la volée :

⸺ Réveille-toi, Sirius, ne sois pas paresseux comme à ton habitude. Tu fais ta rentrée à Poudlard, et nous avons plusieurs choses à te dire. Quelques mises en garde et règles que du devras respecter dans l'enceinte du château, puisque nous savons que tu ne prêtes pas une grande attention aux règlements. Allez, debout ! Dépêche-toi !

Telle une tornade d'habits bourgeois et de manières ridicules, elle avait, après son sermon, quitté la pièce. Je m'étais levé avec difficulté – je préférais largement la chaleur douillette de mes draps au fait de devoir tenir debout, les yeux à demi fermés, sans écouter mes parents me réprimander pour une énième fois – et habillé en vitesse d'un pull noir avec l'emblème des Black, que je détestais de tout mon être. J'avais enfilé à la va-vite un jean noir soigneusement troué par mes soins, ainsi que de grosses bottes de cuir, puis je m'étais coiffé – enfin, ébouriffé les cheveux en faisant un grand sourire devant ma glace seraient des termes plus justes. J'avais alors pris le chemin de la salle à manger de notre immense manoir trop impersonnel à mon goût.

Je hais cette décoration aristocratiquement snob, avais-je pensé en longeant le mur d'un couloir où les photos de grands sorciers

⸺ Bonjour, fils, m'avait salué Orion Black, mon père, d'une voix pincée insupportable qui contrastait avec son épais visage rougeaud. Assieds-toi donc à table, mangeons et parlons.

J'avais obéi, non sans lever les yeux au ciel sans trop chercher à m'en cacher. J'ai par la suite attaqué mes tranches de bacon avec appétit, et mon père m'a fixé d'un air grave avant de poser une main sur mon épaule d'un geste froid.

⸺ Fils, aujourd'hui est un grand jour. Nous sommes très heureux que tu intègres Poudlard, mais nous te connaissons également. Nous savons que tu ne t'empêcheras pas de snober certaines des règles imposées au château. Pourtant, nous ne l'accepterons pas. Les règlements sont imposés aux élèves afin de faciliter leur vie en communauté, et seuls les rebelles souhaitant vivre une vie de misérables ne les respectent pas. Il en va aussi de l'honneur de la famille. Aucun Black, dans l'intégralité de l'histoire de notre illustre famille, n'a été indiscipliné. Nous ne voulons pas que tu fasses exception à la règle.

Je me suis retenu de protester à l'aide d'une réplique cinglante. L'honneur de la famille, voilà la seule expression que mes parents avaient à la bouche. Mon père a continué d'une voix encore plus pincée :

⸺ Tous les Black sont allés dans la noble Maison de Salazar Serpentard. Retrouve-toi dans une autre Maison que celle-ci, et tu jetteras la honte sur notre famille toute entière. Je sais que tu souhaites être un rebelle ; je compte sur cette Maison pour te faire ouvrir les yeux sur les bons principes à adopter. À savoir la suprématie des Sorciers de souche, des plus anciennes familles de sang sorcier. Tu n'es pas sans savoir que notre famille se doit de continuer à rester pure.

Je me suis levé brutalement, si brutalement que ma chaise a basculé, une lueur de défi dans mes yeux :

⸺ L'honneur de la famille, l'honneur de la famille, vous n'avez que cela à la bouche ! Les bons principes à adopter, ce sont des principes que ma raison me dictera, et tant pis, ou plutôt tant mieux, s'ils sont différents des vôtres ! Je me fiche bien de jeter la honte sur ma famille, je ne souhaite même pas en faire partie... Oui, je suis fier d'être rebelle, oui, je suis fier de ne pas vouloir suivre les valeurs de la famille Black, contrairement à Bellatrix, Narcissa ou même Regulus ! Oui, je suis fier d'être différent d'une famille qui ferme les yeux sur le rôle qu'elle aurait pu jouer dans le Monde Magique et de la manière dont elle aurait pu être meilleure !

J'ai pris les pieds de ma chaise pour la reposer sur le tapis tout en grondant d'une voix furieuse :

⸺ Je vais finir mes bagages ; partons vite ou bien nous serons en retard.

Je suis sorti de la cuisine d'un pas lourd et j'ai entendu mon père rassurer ma mère :

⸺ Il ne pensait pas ce qu'il disait. Serpentard lui fera ouvrir les yeux.

Je me suis gardé de protester et suis monté dans ma chambre. Sans me départir de la mauvaise humeur que mon géniteur avait réussi à me coller à la peau, j'ai claqué la porte avec colère puis j'ai donné un coup de pied dans mon bureau grinçant. J'ai ramassé les derniers habits à prendre, puis j'ai fermé ma valise d'un mouvement saccadé. Nous sommes partis sans dire un mot, sûrement en froid. J'avais l'habitude : j'étais sans cesse fâché contre eux.

Je les ai quittés sans dire au revoir puis suis rapidement monté dans le train bruyant et fumant. J'ai d'abord eu du mal à avancer dans l'unique couloir trop étroit du véhicule, tout en jetant des regards hésitants de tous les côtés pour trouver un compartiment libre. Le couloir a fini par se vider et je n'avais toujours rien trouvé. Allais-je passer mon premier trajet à bord du Poudlard Express seul, adossé à la porte des toilettes du train, sans personne à qui parler ? Le dernier garçon que j'avais aperçu était déjà rentré dans une des cabines. Soudain, quelque chose a attiré mon attention : un garçon aux cheveux bruns en bataille me faisait signe de venir depuis son compartiment, et, n'ayant nulle part où aller, j'y suis entré.

Et alors j'en étais là. Assis dans un compartiment avec un parfait inconnu, tentant de poser ma valise dans les filets à bagages. Je n'étais pas heureux, car je ne connaissais pas Poudlard et j'aurais bien voulu rester dans ma maison, cloîtré dans ma chambre à comploter un nouveau mauvais coup pour embêter mes parents et mon idiot de frère Regulus. Mais je n'étais pas triste non plus car mes parents m'embêtaient ; ils étaient tellement stricts et pénibles ! À Poudlard, j'étais sûr de ne pas les avoir sur le dos.

Non, l'émotion dominante dans mon esprit en ce moment même, c'était la peur. Une peur indescriptible. Je ne connaissais pas Poudlard, mes parents n'avaient pas voulu m'en parler. Ils trouvaient sans doute cela drôle de me donner un coup de stress. Peut-être était-ce en quelque sorte une vengeance de leur part.

⸺ Comment t'appelles-tu ? me demanda le garçon brun en me souriant d'un air fier.

⸺ Sirius, dis-je. Sirius Black, mais oublie mon nom de famille. Ma famille n'est pas honorable. Et toi, ton nom ?

⸺ Tu ne me connais donc pas ? J'étais pourtant très connu dans l'école Moldue où j'étais. Célèbre pour les mauvais coups incompréhensibles par les professeurs, tu as devant toi le talentueux et unique James Potter !

⸺ Le terriblement humble James Potter ? ris-je.

⸺ Certainement pas ; ou serait le plaisir de se faire adorer, sinon ? Mes mauvais coups m'ont rendu célèbre dans mon école Moldue, il est évident que je serai populaire à Poudlard ! Et ce n'est pas pour m'en déplaire.

Son air suffisant cachait un soupçon d'humour facilement percevable, et je compris que ce point pouvait nous rapprocher, sans vraiment y croire.

⸺ Tu as de la chance d'être allé dans une école Moldue. Moi, mes idiots de parents sont fidèles aux principes de ma famille : la suprématie des Sang-Purs. Ils haïssent les Moldus et les voient comme du bétail ou de la vermine à éliminer. Je te préviens tout de suite : si tu étais célèbre pour tes mauvais coups dans une école Moldue, c'est certainement car tu usais de la Magie, que tu ne contrôlais même pas. À Poudlard, tu ne seras pas le seul à savoir lancer quelques stupides tours, ne t'attends pas à une vie parfaitement identique à celle que tu menais avant.

⸺ Oh, tu m'ennuies, Sirius. On croirait entendre ma mère. Je suis bien plus ingénieux que ce que tu ne pourrais penser. Je t'assure.

⸺ Nous verrons cela. Je pourrai t'aider, si tu le souhaites. J'ai une grande expérience en mauvais coups, découlant de mon côté rebelle envers l'éducation stupide que j'ai reçue.

⸺ Oh, je savais bien que nous nous entendrions ! rit James.

J'espérais qu'il disait vrai : des amis, de véritables amis, c'était ce qui m'avait manqué pendant mon enfance.

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