𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ⁰⁴ : « Une belle voix. »
— Sérieusement, Martinus ? Tu n'aurais pas pu trouver mieux comme surnom ?! s'écria Anastasia, en montant rageusement les marches de l'escalier principal. Tigresa ?!
— Je trouve qu'il te va à merveille, sourit Martinus, en la suivant de très près.
— Il me va bien ?!
La jeune fille s'arrêta en pleine montée et se retourna brusquement vers son nouvel ami, prête à débattre sur le sujet avec lui si nécessaire. Ses longs cheveux virevoltèrent dans tous les sens lorsqu'elle pivota et plusieurs mèches brunes trouvèrent place sur son visage, dissimulant ses joues rouges. Perchée sur la marche au-dessus de celle de Tinus, elle ne s'était pas doutée que son arrêt en plein chemin aurait permis au blondinet de se rapprocher au maximum, laissant pour espace libre entre leur deux corps quelques millimètres qui lui paraissaient bien trop grands. Malgré leur légère différence de taille qui se résumait à deux centimètres, la brunette était suffisamment haute pour le regarder dans les yeux. Le souffle de l'autre s'abattaient sur leurs lèvres, et la distance entre ces dernières leur semblait interminable et pourtant si proche.
Le norvégien, hypnotisé par le magnifique regard de la portugaise, retint sa respiration. Il était si près que le simple fait de bouger son bras risquerait d'effleurer le corps de la demoiselle. Ses pupilles ne cessaient de faire des allers-retours sur les lèvres entrouvertes de sa colocataire qui, par moments, les mordait furieusement. Ce simple geste, pourtant banal sur les autres, attirait indéniablement le chanteur qui ne rêvait plus que d'une seule chose : lui sauter dessus, pour mordiller sauvagement sa lippe. Mais il aimait se faire désirer par la gente féminine, et aller donc tout mettre en œuvre pour rendre sa colocataire folle de lui, à tel point qu'elle ne pourra que se jeter sur lui pour l'embrasser. À commencer par toucher son beau visage angélique. Le cadet des jumeaux Gunnarsen replaça lentement une mèche de cheveux derrière son oreille, veillant à toucher chaque centimètre de sa peau soyeuse. Puis son pouce glissa, toujours avec cette horrible lenteur qui allait finir par rendre Ana cinglée, jusqu'à sa lèvre inférieure et la caressa du bout du doigt, avant de prendre son menton pour relever sa tête vers la sienne.
— Je... commença la demi-roumaine, essayant malgré elle de contrôler son souffle erratique. Je ne veux pas que... Que tu me donnes de surnom.
— Ah non ? demanda-t-il en approchant son visage comme s'il allait l'embrasser à tout moment et recula pour la pousser à se pencher vers lui. Pourtant, je suis certain qu'il te plaît, n'est-ce pas ?
Totalement ensorcelée par la situation, Flora ne prit que trop tard conscience de sa réponse.
— Oui... Euh... Non !
La brune se recula brusquement, reprenant le contrôle d'elle-même. Les battements sourds de son cœur reprirent un rythme normal et sa respiration de calma. Mais les frissons qui la parcouraient étaient interminables et la furieuse envie d'embrasser l'adolescent devenait insupportable.
— Non, je n'aime pas ce stupide surnom. Mets-toi ça dans le crâne.
Prête à remonter à l'étage, la fille de Jace et Katherine se stoppa et lâcha un « et puis... Il ne me va pas bien du tout » qui eut le mérite de faire rire Martinus. Puis elle disparue dans le couloir, laissant le jeune homme seul, planté en plein milieu de l'escalier, toujours perturbé par ce qu'il venait de se produire, mais fier de l'effet qu'il avait eu sur l'étudiante.
Sans se départir de son sourire en coin et son air malicieux, ce dernier monta les dernières marches qui le séparait du palier. Le blond traversa le long et lumineux corridor, cherchant parmi les nombreuses portes celle de sa tigresse. Quand il la trouva enfin, le fils de Erik et Anne s'accouda contre le chambranle de l'entrée, les bras croisés sur son torse que l'on devinait musclé sous son fin pull blanc.
— J'ai l'air d'une tigresse pour lui ? marmonna Anastasia pour elle-même, en fouillant méticuleusement dans son sac.
— Ton caractère sauvage m'a inspiré pour ce surnom.
Cette voix soudaine fit sursauter la jeune fille qui faillit lâcher un cri de surprise.
— Mon cara...
Flor ne trouva même plus la force de continuer cette discussion là, tellement elle lui paraissait absurde. D'un geste de la main et d'un soupire lasse, l'étudiante retourna à son occupation, veillant à éviter le regard intense de son idol.
— Niveau originalité, 0 !
— Moi, je le trouve plutôt original. Ça fait très... Sexy, dit-il, en insistant bien sur le dernier mot.
La brunette se figea, stoppant sa fouille dans sa sacoche, les yeux écarquillés de surprise. Elle se retourna lentement vers son colocataire, effectuant d'incompréhensibles gestes avec ses bras, comme si elle venait de recevoir une insulte indigne. Sa bouche s'ouvrit et se referma plusieurs fois à la suite, ne sachant plus quoi dire réellement à cette absurdité. Puis finalement, la demoiselle le questionna :
— Est-ce que... Est-ce que tu t'entends ? Es-tu seulement au courant que je parle portugais et que « tigresa » se dit exactement de la même manière qu'en espagnol ?
Martinus garda le silence un moment, histoire de faire durer le suspense du côté de la propriétaire du palace qui attendait une réponse concrète. Bien sûr qu'il le savait, il avait été assez intelligent pour faire une petite recherche, avant de lâcher la bombe. Et le norvégien s'était imaginé diverses réactions qu'elle aurait pu avoir, mais la scène qu'elle lui faisait était mille fois plus exaltante.
— Oups... souffla-t-il finalement, en haussant les épaules innocemment.
Mais la lueur d'amusement qui brillait dans ses pupilles le trahissait et cela, Ana l'avait bien remarqué. Cette dernière rejeta sa tête en arrière, les mains dans les cheveux, observant le plafond.
— Pourquoi ?! Pourquoi mon Dieu vous avez mis cet énergumène sur mon chemin et en plus dans ma maison ?!
— C'est pas à lui qu'il faut te plaindre, mais à ta mère. C'est elle qui a accepté qu'on reste. Faudrait d'ailleurs que je la remercie, grâce à elle j'ai fait une magnifique rencontre.
Oh, oui ! Une rencontre merveilleuse ! pensa la brune. Ma génitrice a commis une bonne action, fantastique !
— Super ! siffla la demi-roumaine.
— J'aime beaucoup te voir énervée, ça te donne un charme en plus, la complimenta le blondinet.
— Un charme en plus ? On va voir si mon genou entre tes jambes va m'apporter plus de charme !
— Oh, oui, j'aime quand tu sors tes griffes, bébé, grogna-t-il avec humour.
Exaspérée et embarrassée par cette situation, la fille unique de Jace attrapa rapidement un cousin rose bonbon sur son lit et le lança droit sur le chanteur qui l'évita à temps, en rigolant. La brune ne put s'empêcher de rire également, face à la stupidité du moment et à la gênée qu'elle ressentait.
— Tu es plus belle quand tu souris et tu as le rire d'une petite fille de quatre ans, mais c'est vachement adorable, sourit Tinus.
— Donc en gros, ce que tu me dis c'est que quand je suis sérieuse, je suis moche et que quand je rigole, j'ai ce rire hyper aiguë que les petites filles ont, résuma Anastasia.
— Les femmes comprennent toujours tout à l'envers, soupira le fils de Anne et Erik, en roulant des yeux.
— Ah, les hommes ! Ils ne savent pas faire de compliment aux femmes, dramatisa-t-elle sur le même ton que lui, ce qui eut l'effet de les faire rigoler tous les deux. Maintenant, excuse-moi, mais je vais aller me défouler un peu.
La demoiselle quitta la pièce, laissant son nouvel ami, si on pouvait le considérer comme tel, derrière elle. Ce dernier ne mit pas longtemps avant de prendre la décision de la suivre à nouveau. Il voulait passer du temps avec elle, et si pour cela, il devait la poursuivre comme un dégénéré, il le ferait.
— Mademoiselle a besoin de taper dans quelque chose...
— Oui, sinon je risque de mettre à profit ma menace sur ton entrejambe, sourit l'adolescente avec un air de malice dans le regard.
Les deux enfants redescendirent au rez-de-chaussée, là où Marcus s'amusait à hurler sur la télévision. Croyait-il que les footballeurs allait obéir à ses ordres ? Comme quoi un simple match pouvait mettre cet homme dans tous ses états.
Avec amusement, Ana posa une main compatissante sur l'épaule de Martinus et déclara d'une manière presque triste :
— Je te laisse le supporter. Oh, et bonne chance, il a l'air vachement révolté.
Sur ces quelques mots, la jeune fille quitta le salon. Elle emprunta l'escalier qui, cette fois-ci, menait au sous-sol. Certes l'idée de se retrouver là-bas, suite à l'horrible nuit qu'elle avait un jour passé enfermée dans une de ces pièces, n'était pas la plus réconfortante, mais son père avait opté, à l'époque, d'installer sa salle de musique à cet endroit-ci. Pour plus d'intimité, disait-il. Et elle devait avouer que c'était une excellente idée, car Katherine n'avait jamais osé poser les pieds dans ces longs et sombres couloirs. L'ancienne mannequin ne connaissait pas suffisamment cette partie de sa propre maison, à part, peut-être, cette salle de tortue, comme l'appelait Flora.
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— Jeanne ? appela le jeune homme, en pénétrant dans la cuisine.
— Oui, mon garçon ? lui sourit affectueusement la gouvernante.
— Où est Anastasia ? Elle a disparue depuis une heure.
Un sourire en coin naquit sur les lèvres de la femme qui s'empressa d'essuyer ses mains avec un linge.
— Si elle n'est pas dans sa chambre, elle est soit dans la salle de sport, soit dans le studio, répondit-elle. Il te suffit de prendre l'escalier menant au sous-sol. Ensuite, tu devrais facilement trouver la bonne porte.
Perplexe, Martinus la remercia, les sourcils froncés, et rejoignit l'entrée principale. Il emprunta donc les marches qui le conduisirent à l'étage désiré. Face à lui, un grand couloir plongé dans le noir prenait place. Les lumières s'allumèrent automatiquement à son arrivée, comme si elles avaient senti sa présence. Le jeune homme se mit en marche, lisant les plaques dorées accrochées aux portes, espérant tomber sur celle qu'il recherchait. « Buanderie », « Salle de sport », « Garage », « Studio ». Une seule pièce ne portait pas de nom, éveillant la curiosité de l'adolescent qui se retint fermement de ne pas poser ses mains sur la poignée pour l'ouvrir et découvrir les secrets de ce palace. Flora n'aurait pas été contente de savoir qu'il avait osé fouiner dans les affaires personnelles de sa famille.
Lorsqu'une légère et douce musique atteignit ses oreilles, Tinus sut directement vers où se diriger pour trouver sa tigresse. Dans sa tête, nombreux scénarios défilaient. Soit elle écoutait de la musique à un fort niveau, soit c'était bien elle qui l'a faisait.
La salle d'enregistrement était aussi luxueuse que le reste de la maison. Tout ici était fait avec le meilleur matériel possible et d'une qualité exceptionnelle. Il en était de même avec cette pièce. Des instruments de musique dernier cri, un coin détente, et une grande vitre qui donnait directement vue sur Ana. Cette dernière, les écouteurs sur les oreilles et face au micro, se laissait emporter par le rythme du rap français qui se diffusait autour d'elle.
Bien que le blondinet ne comprenait strictement rien des paroles françaises, il était ébloui par la magnifique voix qu'elle avait. En plus d'être jolie avec un corps à damner un saint et un caractère bien trempé, la brunette était en plus capable de chanter ! Décidément, cette femme avait été déposée sur Terre pour plaire à Martinus. Elle rentrait parfaitement, après nombreuses réflexions sur le sujet, dans son type idéal de future compagne. D'ailleurs, elle était la seule qui correspondait précisément à tous les critères.
Quand le morceau interprété prit fin, l'étudiante se retourna, fière de son travail. Son sourire retomba bien vite, lorsqu'elle remarqua la présence non désirée de son colocataire. Elle se précipita en dehors de la petite cage, comme prise en flagrant délit.
— Martinus... Qu'est-ce-que... Qu'est-ce-que tu fais ici ?
— Je te cherchais, répondit-il. Et je t'ai trouvé.
— Tu n'étais pas censé venir ici, mini-Gunnarsen, souffla-t-elle, les mains sur les hanches.
— Ah non ? Pourtant, je me sens très bien dans ce studio. Je crois que je vais emménager ici, juste pour avoir le privilège de t'entendre chanter à longueur de journée.
Flor roula des yeux, sans ajouter de commentaires. Lui, sourit, tout content d'avoir appris un détail de plus sur la portugaise.
Soudainement, la cloche sonna et aussitôt la fille de Jace se précipita à l'étage. Elle hurla fortement un « je m'en occupe », pour éviter à Jeanne le déplacement et d'interrompre sa tâche en cuisine. Suivie, encore une fois, de très près par son garde du corps - chanteur à ses heures perdues, la demi-roumaine ouvrit la porte d'entrée. Face à elle, un bel homme d'une trentaines années vêtu d'un uniforme policier à l'enseigne de Trofors patientait.
— Euh... Bonjour... salua-t-elle poliment.
— Bonjour. Est-ce que Katherine Olsen est ici ? demanda le visiteur.
— Non, mais à qui ai-je l'honneur ?
— Mario Thompson.
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𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
Claudia M.T.C
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