𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ²⁷ : « Tragique accident. »
Extrêmement furieux, le jeune homme quitta son véhicule luxueux. Il fit claquer fortement la portière derrière lui et détacha le bouton de son costume, ayant l'impression d'étouffer à l'intérieur. Rapidement, le nouvel arrivant se hâta de rejoindre un agent de sécurité qui vint également à sa rencontre. Tentant de contenir au mieux sa rage pour ne pas la décharger sur son employé qui n'avait strictement aucune faute dans cette histoire, le beau brun ténébreux se passa une main rageuse et tremblante d'inquiétude dans ses cheveux, désorganisant sa coiffure. Entre ses dents serrées, il demanda avec empressement :
- Est-ce que la stupide créature qui me sert de femme est ici ? J'ai à lui parler avec grande urgence, ça ne peut attendre plus longtemps.
- Malheureusement non, Monsieur Ioans, lui répondit le garde. Mademoiselle Olsen est sortie quelques heures avant votre arrivée et n'a donné aucune information sur son déplacement. Elle a même refusé d'être accompagnée par les hommes que vous avez engagé pour sa surveillance.
- Cette... Garce ! pesta-t-il dans un chuchotis, avant de revenir à sa conversation. Que s'est-il passé durant mon absence ?
- Mademoiselle Olsen a renvoyé José et Jeanne chez eux, prétextant qu'ils méritaient des vacances. Ils ont tenté de vous joindre pour demander une explication, car votre compagne prétendait que c'était vous qui en avez donné l'ordre, mais vous étiez en réunion. Elle voulait être seule pour un moment en famille avec la petite Anastasia. J'ignore ce qu'elles ont fait ensemble, mais les femmes de ménages, avant de partir à la fin de leur service, ont déclaré avoir entendu des bruits étranges depuis le sous-sol. Comme si quelqu'un se faisait torturer. Mais ont également affirmé que ce ne pouvait être votre épouse et votre fille, car ces dernières étaient déjà couchées. Je n'ai pas de réponse à vous fournir concernant cette situation, Monsieur Ioans. Et nous avons été interdit d'accès à l'intérieur de la maison.
Le poing fermé plaqué contre sa hanche droite, Jace glissa sa main contre le bas de son visage si séduisant. Il se mit à réfléchir profondément à cette maudite confusion que celle qu'il avait épousé venait de causer. Ses menaces à l'encontre de sa famille pour simple cause que le portugais voulait demander le divorce, ne lui plaisaient absolument pas. La blague devait cesser et le plus rapidement possible, au risque que sa princesse ne se retrouve mêlée à une guerre entre ses deux parents. Elle était encore trop jeune pour comprendre et l'adulte refusait qu'elle en paye le prix fort. Ana ne mériterait pas de découvrir ainsi le côté démoniaque de sa malade de génitrice. La préserver de tout cela était sa priorité numéro une. En repensant au doux sourire de son petit miracle, un détail crucial lui vint à l'esprit. Dans tout ce bordel à régler, le père avait failli passer au côté du plus important : la surveillance de son enfant d'à peine six ans. Si Jeanne et José, qui étaient comme de la famille pour eux, n'étaient pas là pour la garder, alors qui s'en était chargé ? Ses employés savaient très bien qu'il était hors de question de laisser cette gamine seule une unique minute.
- Ma fille ? demanda-t-il. Qui est resté avec elle ? J'espère fortement que ce soit le cas !
- Bien évidemment, Monsieur, déclara le garde. Daniela s'est proposée de surveiller la petite, après le départ de sa mère. Elle doit probablement être avec elle dans sa chambre.
- Parfait ! Appelez-moi si vous avez la moindre nouvelle de Katherine. Aussi insignifiant soit le détail, je veux être mis au courant. Cette femme ne doit pas rester seule dans la nature, elle est un véritable danger pour tout le monde. Je dois rejoindre ma fille, mais je serais joignable. Ah et s'il vous plaît, demander à ma secrétaire d'annuler tous les rendez-vous pour la semaine. Je ne suis pas d'humeur à prendre part à une réunion quelconque, tant que cette histoire ne serra pas réglée et que mon épouse ne serra pas enfermée dans un asile psychiatrique.
Après avoir remercié son agent pour son travail, Jace se dépêcha de traverser la cours illuminée par quelques lampes et pénétra finalement dans sa demeure. Le hall d'entrée était silencieux, peut-être trop à son goût. Lui qui avait l'habitude de rentrer et entendre les rires joyeux de sa petite, se retrouvait plongé dans un silence des plus pesant. De plus, Anastasia n'était pas venue le voir pour lui sauter dans les bras, heureuse du retour précipité de son paternel. Non, elle n'était pas là. À moins d'être endormie là-haut ou d'être trop concentrée sur son dessin-animé, malgré l'heure tardive, le vingtenaire ne trouvait pas de réponses plausibles à ses interrogations. En rejoignant le salon, il croisa la ménagère qui rangeait encore les jouets de la prunelle de ses yeux, signe évident qu'elle était passée par là il y a peu de temps. Pour signaler sa présence, l'homme l'appela par son prénom, espérant que la cinquantenaire l'entende du premier coup. Une idée qui porta ses fruits, car la femme de ménage délaissa sa tâche pour faire face à son employeur. Mais la mine triste que cette dernière portait ne réjouit pas le milliardaire. Au contraire, cela attisa encore plus son inquiétude.
- Daniela, que s'est-il passé pendant mon absence ?
- Mon Dieu, Monsieur, vous n'avez pas idée des scandales qui sont arrivés ici ! se plaignit la dame, la main posée au niveau de son cœur et jouant avec son chiffon bleu. Mademoiselle Katherine n'arrêtait pas de faire des crises pour des choses insignifiantes. Pardonnez-moi de vous le dire, mais elle était plus qu'insupportable ces derniers temps. Et ne parlons même pas du comportement de la petite.
Le contraire m'aurait étonné, pensa le brun. La norvégienne était du genre à tout vouloir dans la seconde et quand quelque chose n'allait pas ou ne convenait pas à Madame, les cris étaient au rendez-vous. Jusqu'à aujourd'hui, le portugais avait réussi à gérer cela avec des mots et des gestes attentionnés. Mais plus les jours avançaient, plus cela empirait et il ne savait plus quoi faire pour calmer le jeu. Et depuis la naissance de l'enfant, tout se dégradait aussi vite que leur mariage avait eu lieu.
- Qu'y a-t-il avec Anastasia ? se pressa le père, curieux de connaître les détails.
- Elle était si étrange. Renfermée sur elle-même, alors que d'habitude, c'est une vrai pile électrique. Cette petite ne va pas bien décidément. Croyez ce que je vous dis, Monsieur ! Elle ne parle même plus. Ces petits papotages que l'on partageait toutes les deux me manquent énormément.
Étrange, se dit-il mentalement. Anastasia n'avait jamais été comme cela. Elle était pleine de vie pour son jeune âge. Pourquoi ce soudain changement de comportement ? Avait-ce un rapport avec la sorcière qui habitait ici ? Jace espérait sincèrement que ce ne serait pas le cas, car tout était déjà suffisamment compliqué.
- Autre chose à me faire part, Daniela ?
- Je ne crois pas, non... Ah, oui ! Après le départ de Mademoiselle Katherine, Ana n'a cessé de pleurer à chaudes larmes et a refusé de voir qui que ce soit, tant que vous ne serez pas revenu de votre voyage d'affaires. Elle s'est enfermée dans votre bureau et personne n'a réussi à lui soutirer un seul mot depuis des heures. J'ai essayé plusieurs fois, mais rien.
- Bien, je vais m'en occuper, s'inquiéta-t-il. Rentrez chez vous, Daniela. Je vous remercie pour votre travail et pour avoir surveillé ma fille, même après les heures de votre service.
- C'est toujours un plaisir, Monsieur. Cette petite est un ange, presque comme une seconde fille pour moi.
Sans avoir la force de sourire, le jeune homme hocha simplement de la tête comme un remerciement à sa dévotion. Puis, il se hâta de monter à l'étage, pressé de revoir sa fille et de comprendre son soudain changement comportement. Il traversa le couloir vide presque au pas de course, réfléchissant à une manière suffisamment discrète pour quitter le pays sans se faire prendre par son épouse. Cette dernière, folle alliée, serait capable de tout pour mettre la main sur sa fortune et retirer la demande de divorce déposée auprès du tribunal, quitte à mettre en jeu la vie de son enfant. Bébé qu'elle haïssait plus que tout depuis sa venue au monde. Un fait que Jace n'avait jamais réussi à comprendre. Pourquoi et comment pouvait-elle détester à ce point ce petit être à qui avait grandi bien au chaud dans son ventre ? La réponse, seule Katherine l'avait et la garderait secrète probablement jusqu'à dans sa tombe, enterrée avec elle sous terre. Mais pour le moment, le plus important n'était pas de comprendre le fonctionnement de la norvégienne, mais de trouver un endroit sûr pour la petite. La propriété que ses parents possédaient au Portugal lui semblait être la destination idéale. En plus d'être le lieu de naissance de Flor, c'était également bien protégé et sous haute surveillance. Là-bas, elle serait en sécurité et également aux côtés de ses grands-parents adorés. Seulement, avant de partir, le brun devait convaincre une personne précieuse à ses yeux de se joindre à eux pour le voyage. Un autre moyen de la garder à l'oeil, mais aussi de la préserver de la sorcière.
Finalement, il arriva devant la porte de son bureau personnel. Avec empressement, l'homme d'affaires appuya sur la poignée, persuadé de trouver son enfant l'attendant de l'autre côté. Mais à sa grande surprise, c'était fermé de l'intérieur, signe évident que les paroles de Daniela n'étaient pas fausses et que tout cela était beaucoup plus complexe que prévu. Grâce au double de ses clés, le demi-roumaine pu pénétrer dans la pièce. Les lumières étaient toutes éteintes, à l'exception de la petite lampe torche qui gisait au sol. Les rideaux ouverts permettaient aux rayons lunaires d'illuminer un peu plus la salle plongée sous silence. Un calme qui était brisé par des sanglots enfantins et dont le tremblement de voix évacuait une peine sans nom. Le vingtenaire cliqua sur l'interrupteur et aussitôt les pleurs se turent comme si la personne avait prit peur à cette arrivée mystérieuse.
- Ana ? l'appela-t-il, espérant de tout cœur que sa fille lui réponde. Je suis là, petite fleur. Tu peux sortir de ta cachette sans avoir peur.
- E-est-ce q-que ma-maman e-est l-là ? bégaya cette dernière, prise de panique.
- Non, mon cœur, la rassura son père. Maman n'est plus là, tu peux venir sans problème.
La porte du placard bougea légèrement, dans un grincement insupportable. Difficilement, un petit corps s'extirpa de la dernière étagère et s'avança dans le bureau. Les mains fermement serrée autour de sa peluche préférée, meilleure amie de toujours, Anastasia marcha vers son paternel désormais accroupi au sol. Elle se laissa aller dans son étreinte musclée, reniflant bruyamment et tremblant de partout.
- Je suis là, maintenant, mon amour.
- Ça fait mal, papa... souffla tristement la petite de six ans seulement. Maman a été méchante avec moi, toute la nuit.
- Chuuuut... Elle n'est plus là pour te faire souffrir, d'accord ?
Un simple petit hochement de tête contre son épaule lui suffit comme réponse. De toute manière, sa princesse n'avait certainement plus la force de parler après l'enfer de la journée et peut-être même de la semaine. Délicatement, pour ne pas la brusquer ni la blesser encore plus qu'elle ne l'ait déjà, il caressa ses longs cheveux soyeux comme pour la réconforter et se persuader que malgré les évènements récents, il n'avait pas perdu son enfant. Jace avait beaucoup de mal à croire ce qu'il voyait et ce qu'il entendait. Pourtant, le chanteur savait très bien que Katherine détestait Ana, mais il n'avait jamais pensé que son rejet la mènerait à faire souffrir une mineur. Il ne l'avait jamais crue capable de battre sa fille jusqu'à ce que le sang ne sèche sur son uniforme scolaire et sa peau, que les bleus deviennent presque noirs, que son dos soit tellement meurtri qu'il lui serrait impossible de rester droite plus de deux heures d'affilées, que la peur prenne possession de son corps et lui retire le peu d'innocence restante. Jusqu'ici, la cruauté et la violence envers la petite n'avaient été que verbale. Mais maintenant, la génitrice avait passé la ligne rouge, celle où un retour en arrière et un pardon étaient totalement impossible à obtenir. C'est décidé, cette femme est à enfermer dans une cage et à garder recluse du monde extérieur pour le bien des habitants.
- Petite fleur, souffla-t-il, en entourant les joues rouges de sa descendante entre ses grandes paumes de mains. Je dois passer un appel urgent, avant que l'on parte tous les deux. Pendant ce temps, toi, tu vas chercher le sac que j'ai caché sous ton lit, d'accord ? Tu sais duquel il s'agit, n'est-ce pas ?
Un faible « oui » s'échappa de la fillette.
- Alors vas-y, maintenant, Anastasia.
Aussitôt demandé, aussitôt fait. La gamine quitta la pièce en courant, veillant à ce que le couloir soit complètement vide. Durant ce temps là, le père sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro de téléphone de son ancienne amante qui, au fond, n'avait jamais quitté son esprit, encore moins son cœur. Ça aurait dû être elle, la femme que j'aurais épousé et la mère de mes enfants, pensa-t-il.
- « Marisa, tu -
- Vous êtes bien sur le répondeur de Marisa Carson. Merci de me laisser un message en cas d'appel important et je vous rappellerais dans l'immédiat. Bien à vous. »
- Hé, merde ! jura le brun, avant de laisser un enregistrement que sa journaliste écoutera probablement plus tard. « Écoute, Ma, je dois passer chez toi de toute urgence. Je n'ai pas vraiment le choix et d'ailleurs, toi non plus, car tu vas devoir venir avec moi au Portugal. C'est pour ta sécurité. Ma fille en a déjà payé les conséquences de la folie de Katherine et je refuse que tu en fasses également les frais. Alors dès que tu vois ce message, texte-moi et prépare des affaires pour un temps indéterminé. Non, enfaite, ne prépare rien, je te trouverais le nécessaire là-bas. Ah et, une dernière chose, ma belle... Je t'aime. »
Puis il raccrocha hâtivement et se prépara rapidement à quitter sa maison. Cette demeure qui était la leur, celle qu'il avait aidé à bâtir et pour laquelle il avait mis tout l'amour du monde à préparer pour sa future famille. Jace récupéra Flora qui était encore perdue face à tant de changement, mais heureuse de partir de son lieu de cauchemar et prit une voiture, délaissant ses agents de sécurité. S'il avait su que ce serait une de ses erreurs, il les aurait emmené avec lui pour les protéger. Mais le destin est cruel avec certaines personnes. Et persuadé d'être discret et non suivi, il avait emprunté une route de forêt qui le ferait rejoindre l'immeuble de sa journaliste plus tôt. Une autre malheureuse faute commise. Sans compter sur la possibilité que la sorcière ait déjà un plan fraîchement préparé.
C'était un samedi soir.
Plus précisément un 26 juillet de 2008.
Il était vingt-deux heures de la soirée.
La lune pleine brillait haut dans le ciel obscure et les étoiles étaient scintillantes.
Une triste nuit qui aura énormément de répercussions sur le futur de cette famille brisée.
Tout cela à cause d'un tragique accident.
✧°•:**:•°✧
Quels autres secrets croyez-vous que Katherine cache ?
𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.
❤️
Claudia M.T.C
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